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Béton armé : la construction d'une image - CDH - EPFL

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SHS – Histoire sociale et culturelle des technologies<br />

<strong>Béton</strong> <strong>armé</strong> : <strong>la</strong> <strong>construction</strong> d’une <strong>image</strong><br />

S’il apparaît que le béton <strong>armé</strong> a eu comme première difficulté de devoir faire ses preuves sur le p<strong>la</strong>n<br />

technique, il a également en arrière p<strong>la</strong>n, suscité des questions difficiles concernant son expression. Le<br />

béton a <strong>la</strong> particu<strong>la</strong>rité d’être un matériau sans forme a priori (contrairement aux <strong>construction</strong>s en bois<br />

ou en acier, résultats de l’assemb<strong>la</strong>ge d’éléments). Les potentialités infinies du matériau l’ont desservi<br />

dans sa définition esthétique, parce que celui-ci ne dicte pas une manière unique d’être mis en œuvre,<br />

et par extension, ne correspond pas à « une expression toute trouvée ». Quelle expression donner aux<br />

réalisations en béton <strong>armé</strong> Et comment les objets auxquels il se substitue vont-il influencer notre<br />

représentation du béton <strong>armé</strong> <br />

4. L’ENTREE EN SCENE DU BETON ARME<br />

Avant d’être combiné à l’acier, le béton a fait l’objet d’expérimentations sur sa composition et ses<br />

propriétés. L’obtention de cette pâte sans forme procédait d’un dosage précis de ses différents<br />

composants que l’on cherchait à établir pour l’appliquer à <strong>la</strong> <strong>construction</strong>.<br />

Les premières expérimentations isolées sur l’assemb<strong>la</strong>ge du fer et du ciment ont lieu au long du<br />

XIX ème siècle notamment en France et en Angleterre, mais c’est à partir de 1850 que le béton <strong>armé</strong><br />

fait l’objet d’une série significative d’initiatives privées conduisant au dépôt de brevets. La barque en<br />

béton <strong>armé</strong> de Joseph-Louis Lambot, réalisée autour de 1855, a <strong>la</strong>issé une <strong>image</strong> marquante dans le<br />

monde de <strong>la</strong> <strong>construction</strong>. Mais l’un des brevets les plus décisifs est celui d’un jardinier français,<br />

Joseph Monier, qui publie en 1867 son « système de caisses-bassins mobiles en fer et ciment<br />

applicable à l’horticulture » 2 . D’autres exemples encore montrent bien le caractère « bricolé » du<br />

matériau à ses premiers balbutiements.<br />

Pendant près de quarante ans, les expériences empiriques se succèdent autour de ce nouveau procédé,<br />

en même temps que celui-ci soulève le scepticisme des théoriciens de <strong>la</strong> <strong>construction</strong>. En effet, les<br />

deux constituants du béton <strong>armé</strong>, le fer et le béton, sont antinomiques du point de vue de leurs<br />

propriétés physiques. Ils posent alors <strong>la</strong> question de leur dissociation sous <strong>la</strong> contrainte et de leur tenue<br />

dans le temps. De plus, les calculs connus à l’époque pour dessiner une ossature porteuse sont ceux<br />

déterminés par <strong>la</strong> statique des ouvrages métalliques. Ces calculs qui donnent scientifiquement <strong>la</strong> forme<br />

au fer, ne sont pas transposables aux ouvrages en béton.<br />

Face à ce<strong>la</strong>, le béton présente aussi des qualités qui le rendent intéressant dans son usage : on<br />

découvre qu’il est notamment résistant au feu, imputrescible, et qu’il correspond à un coût de mise en<br />

œuvre avantageux. Pour certains, ces atouts constituent des raisons suffisantes de persévérer pour<br />

l’inscrire parmi les techniques de <strong>construction</strong>.<br />

Autour des années 1890, un tournant s’opère en Allemagne avec le brevet déposé par Wayss et<br />

Freytag en 1886. Ces ingénieurs allemands, s’intéressant aux brevets déposés par Joseph Monier,<br />

décident de le réemployer pour é<strong>la</strong>borer le premier système appliqué à <strong>la</strong> <strong>construction</strong>. Il s’ensuit un<br />

premier ouvrage théorique sur le ciment <strong>armé</strong> publié par Wayss et Koenen en 1887, qui embraye une<br />

série de réalisations. Ce système se voit rapidement concurrencé par celui de l’ingénieur franco-belge<br />

François Hennebique 3 , dont l’entreprise s’imp<strong>la</strong>nte vite dans différents pays d’Europe. En Suisse, il<br />

s’impose également à travers une succursale à Lausanne, pilotée par l’ingénieur Samuel de Mollins.<br />

Par <strong>la</strong> suite de nouveaux « systèmes » continuent d’apparaître en Suisse : les systèmes Lossier,<br />

Siegwart, Koenen… Ces différents systèmes s’appliquent uniquement à des parties d’ouvrages<br />

spécifiques, c'est-à-dire les poutres ou les p<strong>la</strong>nchers.<br />

2 COLLINS Peter, Splendeur du béton. Les prédécesseurs et l’œuvre d’Auguste Perret, Paris, Editions Hazan, 1995.<br />

3 François Hennebique, ingénieur franco-belge, dépose le brevet du système Hennebique en Août 1892, soit six ans après<br />

celui du Système déposé par Wayss et Freytag en 1886 (Allemagne).<br />

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