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Panorama des biotechnologies au Royaume-Uni - France in the ...

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Ambassade de <strong>France</strong> <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong><br />

Service Science et Technologie<br />

N° 55<br />

Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong><br />

Science & Technologie Janvier-Février 2011<br />

<strong>Panorama</strong> <strong>des</strong><br />

<strong>biotechnologies</strong><br />

<strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong>


Sommaire<br />

Dossier 4<br />

<strong>Panorama</strong> <strong>des</strong> <strong>biotechnologies</strong> <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong><br />

Politique scientifique et technique<br />

Centres de technologie et d’<strong>in</strong>novation -<br />

où en est-on <br />

De lour<strong>des</strong> menaces planent sur le système<br />

alimentaire et agricole mondial<br />

Sciences physiques et de la matière<br />

Terres rares et enjeux économiques mondi<strong>au</strong>x<br />

Sciences de l’<strong>in</strong>génieur<br />

La croissance démographique, un enjeu pour les<br />

sciences de l’<strong>in</strong>génieur<br />

C<strong>in</strong>q nouve<strong>au</strong>x centres de formation de h<strong>au</strong>t<br />

nive<strong>au</strong> en sciences de l’<strong>in</strong>génieur<br />

24<br />

24<br />

26<br />

28<br />

28<br />

32<br />

32<br />

34<br />

Technologies de l’<strong>in</strong>formation et de la<br />

communication<br />

L’Écosse à la po<strong>in</strong>te de la recherche en Sciences<br />

de l’Information et de la Communication<br />

L’<strong>in</strong>génierie <strong>au</strong> service du BBC World Service pour<br />

traiter les « break<strong>in</strong>g news »<br />

Transformer l’<strong>in</strong>frastructure d’Internet :<br />

le Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> lance le projet «Photonic<br />

Hyperhighway»<br />

Science et Société<br />

Donner du sens à la science<br />

40<br />

40<br />

41<br />

42<br />

43<br />

43<br />

Énergie<br />

Symposium Algae for renewable energy à<br />

l’<strong>Uni</strong>versité de Bath<br />

Publication <strong>des</strong> statistiques <strong>des</strong> émissions<br />

de gaz à effet de serre du Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong><br />

pour l’année 2009<br />

Réforme à venir <strong>des</strong> Feed-<strong>in</strong>-Tariffs<br />

35<br />

35<br />

36<br />

39<br />

2<br />

Science et Technologie <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> ♦ Janvier-Février 2011<br />

www.ambascience.co.uk


Science & Technologie <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong><br />

Janvier-Février 2011<br />

Numéro 55<br />

ISSN 2042-7719<br />

Directeur de la publication<br />

et rédacteur en chef<br />

Serge Plattard<br />

Responsable de la publication<br />

Joël Constant<br />

Équipe rédactionnelle<br />

Dossier du mois<br />

Claire Mouchot<br />

Politique scientifique et technique<br />

Maggy He<strong>in</strong>tz<br />

Joël Constant<br />

Sciences physiques et de la matière<br />

Maggy He<strong>in</strong>tz<br />

Sciences de l’<strong>in</strong>génieur<br />

Joël Constant<br />

Énergie<br />

Joël Constant<br />

Technologies de l’<strong>in</strong>formation et de la<br />

communication<br />

Pierre Chrzanowski<br />

Science et société<br />

Maggy He<strong>in</strong>tz<br />

En couverture<br />

« Biotechnology Creative Corn »<br />

Crédits<br />

Shannon Calvert<br />

Www.hireimag<strong>in</strong>ation.com<br />

Service Science et Technologie<br />

Ambassade de <strong>France</strong> <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong><br />

6 Cromwell Place<br />

Londres<br />

SW7 2JN<br />

Téléphone : (44) 207 073 13 80<br />

Télécopie : (44) 207 073 13 90<br />

<strong>in</strong>fo@ambascience.co.uk<br />

T<strong>au</strong>x de change de la livre le 02/03/2011<br />

1 GBP ≈ 1,63 USD<br />

1 GBP ≈ 1,18 EUR<br />

Éditorial<br />

par Serge Plattard, Conseiller pour la science et la technologie<br />

De la m<strong>au</strong>vaise utilisation <strong>des</strong> résultats scientifiques<br />

À l'occasion de la 3 e réunion annuelle, en février, de l’association Government<br />

Science & Eng<strong>in</strong>eer<strong>in</strong>g qui regroupe 3 000 scientifiques et <strong>in</strong>génieurs fonctionnaires, Sir<br />

John Bedd<strong>in</strong>gton, le conseiller scientifique en chef du Premier M<strong>in</strong>istre, a dénoncé<br />

très sévèrement la m<strong>au</strong>vaise utilisation <strong>des</strong> résultats scientifiques faite par les groupes<br />

de pression et les journalistes, tendant à discréditer <strong>des</strong> conclusions fondées sur<br />

l’observation <strong>des</strong> faits.<br />

Se félicitant de l’<strong>in</strong>tolérance qui existe pour le racisme et l’homophobie, il s’est<br />

étonné de l’absence d’une telle <strong>in</strong>tolérance vis-à-vis de la pseudoscience. Comment se<br />

fait-il qu’impunément les médias, en s’appuyant sur <strong>des</strong> données choisies à bon escient,<br />

partielles, souvent sorties de leur contexte, puissent <strong>in</strong>duire de f<strong>au</strong>sses perceptions<br />

qui conduisent à ce qu’une fraction croissante de la population se méfie <strong>des</strong><br />

scientifiques, ou même veuille combattre leurs conclusions Il en appelle à ses collègues<br />

conseillers scientifiques <strong>des</strong> différents m<strong>in</strong>istères, qu’il réunit régulièrement, à<br />

reconnaître l’<strong>in</strong>fluence pernicieuse de ce phénomène et à voir comment cette question<br />

pourrait être traitée : « Je vous <strong>in</strong>vite à être extrêmement <strong>in</strong>tolérants… nous ne pouvons<br />

pas tolérer quelque chose qui pourrait sérieusement compromettre notre capacité<br />

à traiter <strong>des</strong> sujets importants… », a renchéri Sir John.<br />

Cette prise de position a plutôt été bien reçue par les milieux universitaires et notamment<br />

par la Campaign for Science & Eng<strong>in</strong>eer<strong>in</strong>g, très active pendant la dernière<br />

campagne électorale, qui comprennent cette croisade contre la manipulation de l'<strong>in</strong>formation<br />

à <strong>des</strong> f<strong>in</strong>s d’<strong>in</strong>térêts particuliers. Il reste que si le Pr. Bedd<strong>in</strong>gton estime<br />

avoir une mission à remplir (climato-sceptiques, OGM, nanotechnologies, pandémie<br />

H1N1,…), la tactique devrait être revue, selon le bimensuel d'actualité de politique<br />

scientifique Research Fortnight, <strong>au</strong> mo<strong>in</strong>s sur trois po<strong>in</strong>ts. Tout d'abord, demander <strong>au</strong>x<br />

Research Councils d'<strong>in</strong>tervenir sur cet aspect paraît difficile dans la mesure où une telle<br />

action ne relève pas d'agences de programmes chargées de la sélection et du f<strong>in</strong>ancement<br />

de projets. Deuxièmement, ces conseils ne sont pas exclusivement<br />

"scientifiques" puisqu'ils f<strong>in</strong>ancent <strong>au</strong>ssi <strong>des</strong> recherches dans les doma<strong>in</strong>es <strong>des</strong> arts,<br />

de la littérature, de la philosophie et de la théologie. Enf<strong>in</strong>, John Bedd<strong>in</strong>gton s'en<br />

prend à ceux qui n'utilisent pas la méthode scientifique alors qu'un débat existe sur<br />

cette méthode, un certa<strong>in</strong> nombre de chercheurs s'en écartant <strong>au</strong> sens couramment<br />

admis du terme. A<strong>in</strong>si, en cosmologie et en physique <strong>des</strong> h<strong>au</strong>tes énergies, il n'est pas<br />

possible de reproduire certa<strong>in</strong>es expériences pour <strong>des</strong> raisons de coût, ce qui peut<br />

poser un problème pour l'évaluation <strong>des</strong> résultats par les pairs puisqu'ils n'ont pas de<br />

moyens <strong>in</strong>dépendants pour vérifier ce qui a été publié. Ce qui ne veut pas dire pour<br />

<strong>au</strong>tant que les résultats sont de facto sujets à c<strong>au</strong>tion, mais, en l'espèce, le processus<br />

d'évaluation a une signification différente. En allant plus lo<strong>in</strong>, en philosophie notamment,<br />

il y a <strong>des</strong> chercheurs qui remettent en c<strong>au</strong>se la notion même de méthode scientifique…<br />

L'<strong>in</strong>tolérance est un mot lourd de sens qui va susciter <strong>des</strong> réactions fortes, et sans<br />

doute était-ce voulu par Sir John, mais il devra compter avec <strong>des</strong> groupes, toujours<br />

les mêmes, certes m<strong>in</strong>oritaires, mais très <strong>in</strong>fluents et bien organisés. Sur le fond, il a<br />

évidemment raison en souhaitant que plus de personnes soient respectueuses <strong>des</strong><br />

faits observés et mesurés, mais la guerre <strong>des</strong> mots est-elle le meilleur moyen pour<br />

changer les esprits<br />

Ne manquez pas de lire dans ce numéro de « Science & Technologie <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<br />

<strong>Uni</strong> », p. 43, l’article consacré à Sense about Science, une charity qui cherche plus de<br />

contacts avec la presse locale, les organisations et le public.<br />

www.ambascience.co.uk Science et Technologie <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> ♦ Janvier-Février 2011 3


Dossier<br />

<strong>Panorama</strong> <strong>des</strong> <strong>biotechnologies</strong> <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong><br />

Ayant bénéficié d’une stratégie gouvernementale forte en matière de R&D pendant<br />

les années Blair et de la confiance <strong>des</strong> marchés d’avant 2008, les entreprises<br />

de <strong>biotechnologies</strong> médicales se sont développées <strong>au</strong>tour <strong>des</strong> centres universitaires<br />

d’excellence qui leur fournissaient le combustible nécessaire à l’élaboration<br />

de produits <strong>in</strong>novants. Le gouvernement a su mettre en place de nombreuses<br />

mesures <strong>in</strong>citatives, notamment <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> fiscal, venant faciliter et accompagner<br />

l’essor de ce secteur économiquement très prometteur. Les régions du Sud-est et<br />

du Nord-ouest de l’Angleterre et l’Écosse se sont rapidement imposées comme<br />

les régions fortes du doma<strong>in</strong>e et ont dra<strong>in</strong>é la plupart <strong>des</strong> entreprises britanniques.<br />

Si les <strong>biotechnologies</strong> médicales ont été la priorité <strong>des</strong> gouvernements<br />

depuis les années 90 (2 ème place mondiale du marché derrière les États-<strong>Uni</strong>s), les<br />

<strong>biotechnologies</strong> <strong>in</strong>dustrielles ont longtemps délaissées (mo<strong>in</strong>s de 1 % du marché<br />

<strong>in</strong>ternational) et sont encore trop peu compétitive économiquement par rapport<br />

<strong>au</strong> pétrole. Le Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> se concentre donc sur quelques niches d’excellence<br />

à forte valeur ajoutée. Malgré la crise de 2008, le gouvernement britannique s’attèle<br />

à ma<strong>in</strong>tenir son rang en créant les mesures <strong>in</strong>citatrices les plus adaptées possibles<br />

<strong>au</strong>x nouve<strong>au</strong>x modèles économiques en tra<strong>in</strong> de naître dans le secteur <strong>des</strong><br />

<strong>biotechnologies</strong>.<br />

Introduction<br />

L’<strong>in</strong>dustrie <strong>des</strong> sciences du vivant est <strong>in</strong>dispensable<br />

à la prospérité économique et la croissance du Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong>.<br />

Ses caractéristiques de h<strong>au</strong>te technologie et<br />

d’<strong>in</strong>novation permettront notamment de répondre <strong>au</strong>x<br />

grands défis de notre temps tels que le vieillissement<br />

de la population, grâce <strong>au</strong> développement de tests de<br />

diagnostics avancés et de nouve<strong>au</strong>x médicaments plus<br />

adaptés. Le secteur pharmaceutique traditionnel est en<br />

mouvance et son utilisation <strong>des</strong> <strong>biotechnologies</strong> est en<br />

constante progression depuis plus de dix ans, toujours<br />

avec pour objectif d’accélérer les découvertes, les développements<br />

et les essais de nouve<strong>au</strong>x produits médicamenteux<br />

tels que ceux contenant <strong>des</strong> anticorps, de<br />

l’ADN ou encore les cellules souches. Ce dossier, qui<br />

cherche à établir un état de l’art du secteur <strong>des</strong> <strong>biotechnologies</strong><br />

<strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong>, <strong>in</strong>clut donc la partie de l’<strong>in</strong>dustrie<br />

pharmaceutique utilisant ces dernières. En<br />

quelques chiffres, ce secteur britannique compte 4 000<br />

sociétés totalisant un chiffre d’affaires de 19 Md£ et<br />

employant 93 500 personnes, comparé à <strong>des</strong> estimations<br />

mondiales comprises entre 200 et 220 Md£. Il a<br />

montré sa force <strong>au</strong> cours <strong>des</strong> deux dernières années de<br />

récession, avec une faible dim<strong>in</strong>ution du nombre de<br />

sociétés actives et un accroissement du nombre d’employés<br />

de près de 3 %, notamment dans les <strong>biotechnologies</strong><br />

<strong>in</strong>dustrielles.<br />

Vous trouverez dans ce dossier une brève déf<strong>in</strong>ition<br />

<strong>des</strong> différentes <strong>biotechnologies</strong> et leur place <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong>,<br />

l’identification <strong>des</strong> parties prenantes jouant un<br />

rôle <strong>in</strong>contournable dans ce secteur, la place de la R&D<br />

en biotechnologie <strong>au</strong> se<strong>in</strong> d’un secteur de R&D plus<br />

large, et les mesures et rouages publics mis en œuvre<br />

pour encourager et renforcer ce secteur a<strong>in</strong>si que les<br />

collaborations. Enf<strong>in</strong>, une discussion d’ordre général<br />

vient nuancer les discours parfois très optimistes <strong>des</strong><br />

pouvoirs publics britanniques.<br />

4<br />

Science et Technologie <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> ♦ Janvier-Février 2011<br />

www.ambascience.co.uk


1. Les <strong>biotechnologies</strong><br />

Les <strong>biotechnologies</strong> résultent du rapprochement<br />

entre la biologie et un ensemble de techniques récentes<br />

<strong>in</strong>cluant l'<strong>in</strong>formatique, la microbiologie, la biophysique,<br />

la génétique, etc. On retrouve la biotechnologie<br />

traditionnelle <strong>in</strong>cluant les processus de fermentation<br />

connus empiriquement depuis plusieurs milliers d’années<br />

(formation <strong>des</strong> alcools, du pa<strong>in</strong>, <strong>des</strong> laitages ou<br />

<strong>des</strong> v<strong>in</strong>aigres) et les <strong>biotechnologies</strong> contempora<strong>in</strong>es<br />

qui apparaissent à la f<strong>in</strong> du XX e siècle suite <strong>au</strong>x progrès<br />

effectués en microbiologie, nanotechnologies et bio<strong>in</strong>formatique,<br />

et sont fondées essentiellement sur la<br />

transgenèse.<br />

1.1 La classification <strong>des</strong> <strong>biotechnologies</strong><br />

Au Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong>, les <strong>biotechnologies</strong> sont généralement<br />

réparties en trois catégories pr<strong>in</strong>cipales, rouges,<br />

blanches et vertes, ces couleurs référant à <strong>des</strong><br />

technologies d’<strong>in</strong>térêts « médical ou biomédical »,<br />

« <strong>in</strong>dustriel », et « agricole ou agroalimentaire », respectivement.<br />

Cette classification reste toutefois un outil<br />

de travail d’<strong>au</strong>tant plus flexible que de nouvelles<br />

ramifications émergent : les <strong>biotechnologies</strong> bleues<br />

exploitent la matière première biologique mar<strong>in</strong>e et les<br />

<strong>biotechnologies</strong> j<strong>au</strong>nes présentent <strong>des</strong> applications<br />

environnementales. Notons une dist<strong>in</strong>ction importante<br />

entre les groupes rouge, blanc et vert qui se déf<strong>in</strong>issent<br />

par l’<strong>in</strong>térêt <strong>des</strong> produits f<strong>in</strong>als développés et les groupes<br />

bleu et j<strong>au</strong>ne, déf<strong>in</strong>is par l’orig<strong>in</strong>e de la matière<br />

première.<br />

Le secteur <strong>des</strong> <strong>biotechnologies</strong> montre cependant<br />

un visage transversal et les technologies et les services<br />

développés ou utilisés <strong>au</strong> se<strong>in</strong> de marchés spécifiques<br />

se recouvrent. Dans le reste du dossier, le terme de<br />

<strong>biotechnologies</strong> <strong>in</strong>dustrielles (<strong>in</strong>diquées comme telles<br />

ou sous l’appellation « IB ») <strong>in</strong>clura donc ces trois<br />

groupes de couleurs, et ces groupes pourront également<br />

être mentionnés de manière séparée.<br />

1.1.1 Les technologies d’<strong>in</strong>térêt médical ou biomédical<br />

(ou rouges)<br />

On dist<strong>in</strong>gue dans cette catégorie, les technologies<br />

médicales, dont les quatre segments de marché les<br />

plus forts correspondent <strong>au</strong>x technologies à usage unique,<br />

<strong>au</strong>x technologies de diagnostic <strong>in</strong>-vitro, <strong>au</strong>x appareils<br />

orthopédiques et à la gestion <strong>des</strong> so<strong>in</strong>s de blessures,<br />

<strong>des</strong> technologies biomédicales dont les produits<br />

s’annoncent comme les successeurs <strong>des</strong> produits chimiques<br />

mis sur le marché par l’<strong>in</strong>dustrie pharmaceutique<br />

malgré <strong>des</strong> pério<strong>des</strong> de développement supérieures<br />

(10-20 ans). Parmi les technologies biomédicales,<br />

citons par exemple l’utilisation <strong>des</strong> cellules souches<br />

pour le développement de produits médic<strong>in</strong><strong>au</strong>x ou de<br />

thérapies visant à combattre les maladies chroniques<br />

telles les cancers, les pathologies du système nerveux<br />

central ou encore <strong>des</strong> <strong>in</strong>fections. Le plus gros segment<br />

de marché parmi les technologies biomédicales est<br />

composé <strong>des</strong> sociétés de services spécialisés <strong>in</strong>cluant<br />

les Contract Research Organisations, les fabricants ou les<br />

approvisionneurs spécialisés par exemple en génomique<br />

ou protéomique. Parmi ces sociétés de soutien, on<br />

retrouve trois doma<strong>in</strong>es de po<strong>in</strong>te : traitements médicamenteux<br />

(dont les thérapies cellulaires et géniques),<br />

vacc<strong>in</strong>s et diagnostics.<br />

1.1.2 Les <strong>biotechnologies</strong> blanches<br />

Les <strong>biotechnologies</strong> blanches (ou génie biologique)<br />

« consistent à appliquer <strong>des</strong> procédés naturels à la production<br />

<strong>in</strong>dustrielle ». Leurs pr<strong>in</strong>cipales applications <strong>in</strong>cluent<br />

la biocatalyse, la fermentation, la valorisation de<br />

la biomasse, etc. et leur utilisation s’<strong>in</strong>sère dans les doma<strong>in</strong>es<br />

de l’agroalimentaire, de la chimie, ou de la<br />

bioénergie. Ce dernier secteur est le mo<strong>in</strong>s développé à<br />

l’échelle mondiale mais, tout comme ses vois<strong>in</strong>s européens,<br />

le Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> commence à s’<strong>in</strong>téresser de<br />

très près à ces technologies et à mettre en place <strong>des</strong><br />

mesures et <strong>des</strong> programmes de recherche <strong>in</strong>citatifs.<br />

Dans ce dossier, les entreprises spécialisées dans la<br />

prestation de services comme, par exemple, une expertise<br />

juridique ou en management, ont également été<br />

<strong>in</strong>clues.<br />

1.1.3 Les <strong>biotechnologies</strong> vertes<br />

La biotechnologie verte est à l’orig<strong>in</strong>e de la création<br />

d’organismes génétiquement modifiés (OGM) à vocation<br />

agricole. D’<strong>au</strong>tres applications <strong>in</strong>cluent la fabrication<br />

de vacc<strong>in</strong>s pour les anim<strong>au</strong>x, la sélection de plantes<br />

utilisables par l’<strong>in</strong>dustrie ou la lutte contre <strong>des</strong> parasites<br />

(stérilisation massive d’<strong>in</strong>sectes nuisibles pour<br />

les cultures via une modification de leur métabolisme).<br />

La biotechnologie verte est essentielle pour le développement<br />

de la biotechnologie blanche dont les procédés<br />

sont extrêmement proches.<br />

1.2 De l’<strong>in</strong>dustrie pharmaceutique <strong>au</strong> secteur <strong>des</strong><br />

<strong>biotechnologies</strong><br />

Le secteur <strong>des</strong> <strong>biotechnologies</strong> modernes cont<strong>in</strong>ue<br />

d’évoluer, les discipl<strong>in</strong>es sur lesquelles il s’appuie présentant<br />

chaque jour de nouvelles avancées technologiques<br />

et de connaissances. Si les politiques courantes<br />

fondent de grands espoirs sur l’avènement de ce secteur<br />

en ple<strong>in</strong>e expansion en termes économiques et<br />

d’<strong>in</strong>novation, la situation actuelle montre qu’il ne<br />

contribue que pour mo<strong>in</strong>s de 1 % du PIB dans les pays<br />

membres de l’OCDE. L'<strong>Uni</strong>on Européenne (UE), quant<br />

à elle, <strong>in</strong>vestit 1,9 Md€ dans la création d'une bioéconomie<br />

européenne <strong>au</strong> titre du thème « Alimentation,<br />

agriculture et pêche, et biotechnologie » <strong>in</strong>clus dans le<br />

7 ème programme cadre de recherche et développement<br />

européen (PCRD), soit 3,6 % du budget total.<br />

Historiquement, l’<strong>in</strong>dustrie pharmaceutique a généré<br />

<strong>des</strong> revenus importants grâce a quelques grands<br />

succès commerci<strong>au</strong>x (blockbusters), dont les brevets<br />

arrivent à expiration. La situation, connue sous le terme<br />

de « patent cliff » (littéralement « falaise <strong>des</strong> brevets<br />

»), explique les mouvances du marché actuel où<br />

l’on observe la mise en place de mécanismes de fusionacquisition<br />

et l’importance croissante <strong>des</strong> <strong>biotechnologies</strong>.<br />

Dossier<br />

www.ambascience.co.uk Science et Technologie <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> ♦ Janvier-Février 2011 5


Dossier<br />

L’émergence <strong>des</strong> IB, bien que différente, repose<br />

pr<strong>in</strong>cipalement sur la nécessité <strong>des</strong> États de s’affranchir<br />

<strong>des</strong> énergies fossiles, d’où un engouement récent<br />

vers la transformation de matières premières renouvelables<br />

come la biomasse.<br />

2. Les parties prenantes<br />

2.1 L’<strong>Uni</strong>on Européenne<br />

Au nive<strong>au</strong> européen, notons quatre directives: i)<br />

98/44/CE concerne la protection juridique <strong>des</strong> <strong>in</strong>ventions<br />

biotechnologiques ; ii) 98/81/EC déterm<strong>in</strong>e les<br />

conditions dans lesquelles <strong>des</strong> expériences en milieu<br />

conf<strong>in</strong>é sur <strong>des</strong> OGM peuvent être effectuées ; iii)<br />

2001/18/EC réglemente la dissém<strong>in</strong>ation volontaire<br />

d’organismes génétiquement modifiés, <strong>in</strong>cluant les<br />

cultures en ple<strong>in</strong> champs ; iv) 86/609/EEC, mise à jour<br />

en 2009, réglemente l’utilisation <strong>des</strong> anim<strong>au</strong>x pour la<br />

recherche. Une c<strong>in</strong>quième, proposant <strong>au</strong>x États Membres<br />

d’être souvera<strong>in</strong>s en termes de prise de décision<br />

eu égard à la culture d’OGM à <strong>des</strong> f<strong>in</strong>s <strong>in</strong>dustrielles ou<br />

alimentaires, parmi la liste <strong>des</strong> OGM <strong>au</strong>torisés par<br />

l’UE, est actuellement à l’étude.<br />

Au-delà <strong>des</strong> textes régulateurs, il existe deux organismes<br />

européens dont la tâche consiste à ma<strong>in</strong>tenir la<br />

sûreté et la sécurité <strong>des</strong> citoyens, que nous ne ferons<br />

que citer : la European Food Safety Authority (Autorité<br />

européenne de sécurité <strong>des</strong> aliments) et la European<br />

Medic<strong>in</strong>es Agency (Agence européenne <strong>des</strong> médicaments).<br />

Dans le doma<strong>in</strong>e <strong>des</strong> <strong>biotechnologies</strong>, la première<br />

feuille de route européenne s’étalait sur la période<br />

2002-10, et suivait une stratégie visant à faire de l’Europe<br />

le leader dans ce doma<strong>in</strong>e, et à atte<strong>in</strong>dre les objectifs<br />

de Lisbonne en termes d’emplois et de croissance.<br />

Enf<strong>in</strong>, l’étude Bio4eu, menée par l’European Jo<strong>in</strong>t Research<br />

Center (Centre européen commun de recherche),<br />

a pour objectif d’exam<strong>in</strong>er les conséquences économiques,<br />

sociales et environnementales <strong>des</strong> <strong>biotechnologies</strong>.<br />

2.2.1 Les m<strong>in</strong>istères<br />

• Le Department of Bus<strong>in</strong>ess Innovation and Skills<br />

(BIS, M<strong>in</strong>istère <strong>des</strong> entreprises, de l’<strong>in</strong>novation et <strong>des</strong><br />

compétences) f<strong>in</strong>ance la recherche publique <strong>au</strong> se<strong>in</strong><br />

<strong>des</strong> universités et centres de recherche d’une part, et<br />

une recherche effectuée plus en aval et davantage<br />

orientée vers le secteur privé, d’<strong>au</strong>tre part.<br />

• Le Department for Environment, Food and Rural<br />

Affairs (DEFRA, M<strong>in</strong>istère pour l’environnement,<br />

l’alimentation et les affaires rurales) est chargé de la<br />

politique nationale concernant les modifications génétiques,<br />

<strong>in</strong>cluant les OGM, et est impliqué dans la<br />

politique de m<strong>in</strong>imisation de l’empre<strong>in</strong>te carbone. Il<br />

est l’<strong>in</strong>terlocuteur britannique pour les questions de<br />

biotechnologie dans le cadre du 7 ème PCRD.<br />

• Le Department of Energy and Climate Change<br />

(DECC, M<strong>in</strong>istère de l’énergie et du changement climatique)<br />

a pour mission la lutte contre le changement<br />

climatique.<br />

2.2.2 Les organismes publics non gouvernement<strong>au</strong>x<br />

• Les conseils de recherche britanniques : le plus important<br />

dans le doma<strong>in</strong>e <strong>des</strong> <strong>biotechnologies</strong> est,<br />

comme son nom l’<strong>in</strong>dique, le Biotechnological and Biological<br />

Sciences Research Council (BBSRC, Conseil de<br />

recherche pour les sciences biologiques et biotechnologiques),<br />

qui a dépensé 108,5 M£ (35 % de son budget<br />

global) sur l’année fiscale 2008-09, pour la recherche<br />

dans le secteur <strong>des</strong> <strong>biotechnologies</strong>, dont 26 M£<br />

dans le développement <strong>des</strong> <strong>biotechnologies</strong> <strong>in</strong>dustrielles<br />

(en étroite collaboration avec l’Eng<strong>in</strong>eer<strong>in</strong>g<br />

and Physical Sciences Research Council (EPSRC, Conseil<br />

pour la recherche en sciences de l'<strong>in</strong>génieur et sciences<br />

physiques)) ; pour le Medical Research Council<br />

(MRC, Conseil de recherche pour les sciences médicales),<br />

équivalent britannique de l’Inserm, les <strong>biotechnologies</strong><br />

constituent un outil fréquent <strong>des</strong> recherches<br />

f<strong>in</strong>ancées. Les <strong>in</strong>vestissements effectués<br />

dans ce secteur ne constituent cependant pas une<br />

ligne budgétaire particulière et il n’a donc pas été<br />

2.2 Les pouvoirs publics britanniques<br />

Depuis 1997 et l’accession de Tony Blair <strong>au</strong> pouvoir,<br />

le soutien <strong>au</strong> développement <strong>des</strong> <strong>biotechnologies</strong><br />

est devenu un leitmotiv dans les discours <strong>des</strong> gouvernements<br />

(travailliste et de coalition) abordant l’avenir<br />

de l’<strong>in</strong>novation britannique.<br />

(a)<br />

6<br />

Science et Technologie <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> ♦ Janvier-Février 2011<br />

www.ambascience.co.uk


possible de chiffrer précisément son engagement<br />

dans ce doma<strong>in</strong>e. Enf<strong>in</strong>, le Natural Environment research<br />

Council (NERC, Conseil de recherche pour<br />

l’environnement naturel) f<strong>in</strong>ance, <strong>au</strong> se<strong>in</strong> de thématiques<br />

larges, <strong>des</strong> recherches en <strong>biotechnologies</strong> ayant<br />

trait à l’environnement.<br />

• Le Technology Strategy Board (TSB, Comité stratégique<br />

pour la technologie), dont la mission consiste à<br />

valoriser l’<strong>in</strong>novation, <strong>in</strong>vestit dans une large gamme<br />

de projets et programmes détaillés plus lo<strong>in</strong>.<br />

Dans le secteur <strong>des</strong> <strong>biotechnologies</strong>, notons l’existence<br />

<strong>des</strong> trois rése<strong>au</strong>x thématiques de transfert de<br />

connaissances (Knowledge Transfer Network, voir<br />

§5.2.3), HealthTech and Medic<strong>in</strong>es ; Biosciences: Agriculture,<br />

Food and Industrial Biosciences sectors ; et Chemistry<br />

Innovation.<br />

• Le UK Trade and Investment (UKTI, équivalent de<br />

Ubi<strong>France</strong> et Invest In <strong>France</strong>) est sous la double tutelle<br />

du BIS et du Foreign Commonwealth Office<br />

(M<strong>in</strong>istère <strong>des</strong> affaires étrangères). Ses actions visent<br />

à démontrer et faire connaître l’excellence britannique<br />

sur le territoire et à l’étranger.<br />

• Le National Endowment for Science, Technology and<br />

<strong>the</strong> Arts (NESTA, Fondation nationale pour la science,<br />

la technologie et les arts) promeut l’<strong>in</strong>novation en<br />

aidant les jeunes entreprises par <strong>des</strong> f<strong>in</strong>ancements<br />

lors <strong>des</strong> phases précoces de développement, en collaboration<br />

avec les associations britanniques de capital<br />

-risque (British Venture Capital Association) et de Bus<strong>in</strong>ess<br />

Angels. En 2008, le NESTA dépensait 50 M£ (soit<br />

12 % de son budget global) <strong>des</strong>t<strong>in</strong>és à <strong>des</strong> startups<br />

spécialisées en sciences du vivant, high-tech et biotechnologie.<br />

• La Health Protection Agency (HPA, Agence de protection<br />

de la santé) a pour mission de sensibiliser et<br />

d’<strong>in</strong>former les citoyens britanniques, les professionnels<br />

de la santé et les dirigeants politiques sur les<br />

maladies <strong>in</strong>fectieuses et les risques environnement<strong>au</strong>x.<br />

Elle f<strong>in</strong>ance par ailleurs <strong>des</strong> trav<strong>au</strong>x de recherche<br />

externes et effectue <strong>des</strong> trav<strong>au</strong>x de recherche en<br />

<strong>in</strong>terne. Notons par exemple que la HPA est à l’orig<strong>in</strong>e<br />

de la commercialisation de plusieurs produits<br />

comme Dysport® (produit similaire <strong>au</strong> Botox®) ou<br />

encore un vacc<strong>in</strong> contre la grippe pandémique.<br />

2.3 Les regions dévoluées<br />

Chaque région britannique (Angleterre, Écosse,<br />

Pays de Galle et Irlande du Nord) est souvera<strong>in</strong>e en<br />

termes de stratégies, <strong>in</strong>itiatives et réglementation dans<br />

un certa<strong>in</strong> nombre de secteurs, en particulier celui de<br />

l’enseignement supérieur et de la recherche. Chacune<br />

possède un organisme de valorisation chargé de promouvoir<br />

leurs entreprises à l’étranger et d’attirer les<br />

entreprises étrangères sur leur territoire.<br />

• L’Angleterre : les Regional Departmental Agencies<br />

(RDA, Agences régionales de développement), <strong>au</strong><br />

nombre de neuf, ont pour objectif de consolider l’économie<br />

locale en dynamisant le tissu <strong>in</strong>dustriel et<br />

Dossier<br />

(b)<br />

Fig. 1 : Répartition <strong>des</strong> universités et <strong>des</strong> centres de recherche<br />

en <strong>biotechnologies</strong> rouges (a), <strong>in</strong>dustrielles (b), et superposition<br />

<strong>des</strong> deux (c).<br />

Crédits : SST<br />

(c)<br />

www.ambascience.co.uk Science et Technologie <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> ♦ Janvier-Février 2011 7


Dossier<br />

les services. Elles travaillent pour cela en étroite collaboration<br />

avec l’ensemble <strong>des</strong> acteurs loc<strong>au</strong>x et sont<br />

donc impliquées dans de nombreux programmes et<br />

dans la création de clusters dans le secteur <strong>des</strong> <strong>biotechnologies</strong>.<br />

Les RDA <strong>des</strong> régions Nord de l’Angleterre<br />

s’<strong>in</strong>vestissent davantage dans la promotion <strong>des</strong><br />

<strong>biotechnologies</strong> <strong>in</strong>dustrielles que ne le sont <strong>des</strong> régions<br />

comme l’Écosse et le Sud de l’Angleterre, plus<br />

impliquées dans les <strong>biotechnologies</strong> rouges. Dans le<br />

cadre de la révision générale <strong>des</strong> politiques publiques,<br />

les RDA devraient être remplacées à l’horizon<br />

2012 par <strong>des</strong> Local Enterprise Partnerships (LEP, Partenariats<br />

d’entreprises locales), dont les contours sont<br />

encore très flous, ce qui <strong>in</strong>quiète de nombreux acteurs<br />

publics région<strong>au</strong>x et loc<strong>au</strong>x.<br />

• L’Écosse : l’adm<strong>in</strong>istration écossaise (Scottish Executive)<br />

f<strong>in</strong>ance de nombreux programmes <strong>au</strong> se<strong>in</strong> <strong>des</strong><br />

universités et <strong>des</strong> entreprises de <strong>biotechnologies</strong>, qui<br />

seront développés dans les chapitres suivants. L’Écosse<br />

est très dynamique en sciences du vivant et<br />

possède une forte concentration d’organismes opérateurs<br />

de recherche d’excellence sur son territoire.<br />

• Le Pays de Galles : l’adm<strong>in</strong>istration galloise (Welsh<br />

Assembly Government) a également mis en place <strong>des</strong><br />

dispositifs <strong>in</strong>citatifs pour stimuler l’économie locale<br />

et travaille en collaboration sur de nombreux programmes<br />

avec le DEFRA et le BIS. Région mo<strong>in</strong>s développée<br />

en termes de tissu <strong>in</strong>dustriel dans le secteur<br />

<strong>des</strong> sciences du vivant, il reste déterm<strong>in</strong>ant dans l’économie<br />

du pays.<br />

• L’Irlande du Nord : bien que le tissu <strong>in</strong>dustriel soit<br />

peu développé <strong>au</strong>jourd’hui dans cette région, le<br />

gouvernement nord-irlandais (Nor<strong>the</strong>rn Ireland Executive)<br />

a fait <strong>des</strong> sciences du vivant, <strong>in</strong>cluant les <strong>biotechnologies</strong><br />

médicales, une priorité.<br />

2.4 Les sociétés savantes<br />

La Royal Society (RS, Académie <strong>des</strong> sciences), la<br />

Royal Society of Chemistry (RSC, Académie de chimie) et<br />

l’Academy of Eng<strong>in</strong>eer<strong>in</strong>g (RAEng, Académie <strong>des</strong> Sciences<br />

de l’Ingénieur), sont les trois sociétés savantes britanniques<br />

impliquées dans le doma<strong>in</strong>e <strong>des</strong> <strong>biotechnologies</strong>.<br />

La RSC a notamment formé, en 1987, un groupe<br />

spécifique qui travaille <strong>au</strong> développement <strong>in</strong>dustriel et<br />

académique de la biotechnologie. L’implication de la<br />

RAEng est, quant à elle, mo<strong>in</strong>dre, mais elle suit de très<br />

près la biologie synthétique.<br />

2.5 Le secteur associatif<br />

Il existe <strong>des</strong> associations d’entreprises spécialisées<br />

en biotechnologie <strong>au</strong>x nive<strong>au</strong>x européen et national,<br />

dont les missions sont de représenter et de défendre<br />

les <strong>in</strong>térêts de leurs membres. Elles ont souvent un fort<br />

pouvoir de lobby<strong>in</strong>g. Les associations notables sont :<br />

• la European Association for Bio<strong>in</strong>dustries (EuropaBio,<br />

Association européenne <strong>des</strong> <strong>biotechnologies</strong>), qui<br />

accompagne 1 800 entreprises, organise <strong>des</strong> événements<br />

entre acteurs européens et accroît la communication<br />

du secteur <strong>au</strong>près <strong>des</strong> citoyens, <strong>des</strong> milieux<br />

f<strong>in</strong>anciers et <strong>des</strong> <strong>in</strong>stitutions européennes ;<br />

• la BioIndustry Association (BIA, Association pour les<br />

bio<strong>in</strong>dustries), regroupe les <strong>in</strong>dustriels du secteur à<br />

l’échelon national. Elle rassemble plus de 300 membres,<br />

tous, à une exception près, impliqués dans le<br />

secteur rouge. La pr<strong>in</strong>cipale action du BIA est l’organisation<br />

d’événements pour permettre <strong>au</strong>x membres<br />

de l’association de pouvoir se rencontrer ;<br />

• l’Association of <strong>the</strong> British Pharmaceutical Industry<br />

(ABPI, Association de l’<strong>in</strong>dustrie pharmaceutique<br />

britannique) représente plus de 75 entreprises <strong>au</strong><br />

Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> ;<br />

• la Chemical Industries Association (CIA, Association<br />

pour l’<strong>in</strong>dustrie chimique) représente les <strong>in</strong>dustriels<br />

du secteur et les encourage à développer <strong>des</strong> activités<br />

utilisant <strong>des</strong> produits végét<strong>au</strong>x ;<br />

• l’ABC<strong>in</strong>formation a un rôle <strong>in</strong>formatif <strong>au</strong>près du gouvernement<br />

et de la population britannique lors <strong>des</strong><br />

débats publics. Elle rassemble les acteurs du secteur<br />

privé sur le sujet <strong>des</strong> OGM.<br />

2.6 Le secteur <strong>des</strong> charities (fondations ou associations<br />

à but non lucratif)<br />

Très ancrées dans le paysage scientifique britannique<br />

et en particulier dans le secteur de la recherche<br />

médicale, les charities contribuent de manière significative<br />

<strong>au</strong> f<strong>in</strong>ancement de la recherche. Parmi les quelques<br />

125 charities, notons les deux plus importantes en<br />

termes de dépenses pour la recherche médicale :<br />

• le Wellcome Trust est largement impliqué dans de<br />

nombreux programmes et <strong>in</strong>itiatives mis en œuvre<br />

<strong>au</strong> nive<strong>au</strong> national. Son histoire, tout <strong>au</strong>tant que sa<br />

stratégie actuelle, en font un acteur déterm<strong>in</strong>ant dans<br />

le secteur <strong>des</strong> <strong>biotechnologies</strong>. À titre d’exemple, il a<br />

signé un accord avec le M<strong>in</strong>istère <strong>in</strong>dien <strong>des</strong> <strong>biotechnologies</strong><br />

où les deux acteurs se sont engagés à f<strong>in</strong>ancer<br />

la recherche en biotechnologie à h<strong>au</strong>teur de 22,5<br />

M£ chacun pour développer <strong>des</strong> médicaments à prix<br />

raisonnables ;<br />

• Cancer Research UK (CRUK), dont le budget de recherche<br />

annuel approche 350 M£ provenant de legs<br />

et dons privés, se focalise comme son nom l’<strong>in</strong>dique<br />

sur la recherche contre le cancer. À ce titre, il f<strong>in</strong>ance<br />

<strong>des</strong> projets de <strong>biotechnologies</strong>. Les dépenses spécifiques<br />

à ce secteur ne sont toutefois pas connues.<br />

2.7 Le secteur universitaire<br />

2.7.1 Une tradition d’excellence<br />

Malgré une légère baisse dans le classement de<br />

Shanghai 2010 par rapport à 2009, l’excellence <strong>des</strong> universités<br />

britanniques reste d’actualité : 11 <strong>in</strong>stitutions<br />

britanniques parmi les 100 meilleures mondiales (dont<br />

Cambridge et Oxford en 5 ème et 10 ème positions). À noter<br />

également que 51 scientifiques britanniques ou basés<br />

<strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> ont reçu un Prix Nobel.<br />

Le secteur de l’enseignement supérieur est l’un <strong>des</strong><br />

secteurs clefs de l’économie britannique avec <strong>des</strong> revenus<br />

s’élevant à 25,4 Md£ en 2008-09, et étant à l’orig<strong>in</strong>e<br />

de recettes de 59 Md£ par an. En particulier, le doma<strong>in</strong>e<br />

<strong>des</strong> sciences du vivant est le véritable fer de lance<br />

8<br />

Science et Technologie <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> ♦ Janvier-Février 2011<br />

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de l’<strong>in</strong>novation britannique, et les budgets, politiques<br />

et stratégies ont été la priorité britannique de cette dernière<br />

décennie.<br />

2.7.2 Répartition <strong>des</strong> pôles universitaires d’excellence<br />

en <strong>biotechnologies</strong><br />

En raison de la transversalité du doma<strong>in</strong>e <strong>des</strong> <strong>biotechnologies</strong>,<br />

l’écrasante majorité <strong>des</strong> universités britanniques<br />

enseignent et effectuent <strong>des</strong> recherches s’y<br />

rapportant. Leur répartition géographique varie cependant<br />

en fonction <strong>des</strong> types de <strong>biotechnologies</strong>, comme<br />

le montre les figures 1a et 1b, qui illustrent les centres<br />

d’excellence et les universités les plus actives en <strong>biotechnologies</strong><br />

rouges et <strong>in</strong>dustrielles, respectivement. À<br />

noter que la taille <strong>des</strong> po<strong>in</strong>ts représente les <strong>in</strong>stitutions<br />

les plus actives dans leurs doma<strong>in</strong>es respectifs, et n’est<br />

pas révélatrice <strong>des</strong> dépenses effectuées par celles-ci.<br />

2.8 Le secteur privé<br />

Dans un rapport commun publié en 2009, « Strength<br />

and Opportunity », le BIS, les RDA, UKTI et le Department<br />

of Heath (DH, M<strong>in</strong>istère de la santé) dressent le<br />

paysage <strong>des</strong> <strong>biotechnologies</strong> <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong>. Les<br />

gran<strong>des</strong> sociétés pharmaceutiques produisant <strong>des</strong> médicaments<br />

à partir de petites molécules n’y sont pas<br />

comptabilisées. Leurs divisions utilisant la biotechnologie<br />

pour leurs produits ont cependant été <strong>in</strong>clues.<br />

Comme l’illustre la figure 2a,b, il existe un fort déséquilibre<br />

économique et géographique <strong>au</strong> se<strong>in</strong> du secteur<br />

privé entre les <strong>biotechnologies</strong> rouges et les <strong>au</strong>tres<br />

catégories de <strong>biotechnologies</strong>.<br />

2.8.1 Les <strong>biotechnologies</strong> rouges<br />

Quelques chiffres illustrent l’important développement<br />

du secteur <strong>des</strong> <strong>biotechnologies</strong> rouges dans le<br />

monde : 50 % <strong>des</strong> médicaments nouvellement développés<br />

font appel <strong>au</strong>x <strong>biotechnologies</strong> et 40 % <strong>des</strong> produits<br />

brevetés sont <strong>des</strong> produits biotechnologiques.<br />

Par ailleurs, si le marché mondial <strong>des</strong> <strong>biotechnologies</strong><br />

ne s’élève <strong>au</strong>jourd’hui qu’à 45-48 Md£, une croissance<br />

de 20 % a été enregistrée entre 2002 et 2007 (soit le<br />

double de celle du marché pharmaceutique).<br />

Le Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> possède le deuxième marché<br />

mondial en termes de <strong>biotechnologies</strong> médicales (9 %<br />

en valeur), en deuxième position derrière les États-<br />

<strong>Uni</strong>s (65 % du marché), et la place de leader européen<br />

avec 30 % du chiffre d’affaires, 25 % <strong>des</strong> emplois et<br />

35 % <strong>des</strong> entreprises du secteur. On estime à plus de<br />

4 000 le nombre d’entreprises britanniques de <strong>biotechnologies</strong><br />

médicales, services <strong>in</strong>clus. Elles emploient<br />

environ 91 000 personnes et dégagent un chiffre d’affaires<br />

cumulé de 18,6 Md£. La plupart sont <strong>des</strong> jeunes<br />

PME, avec 60 % et 90 % d’entre elles ayant mo<strong>in</strong>s de 10<br />

et mo<strong>in</strong>s de 50 employés, respectivement. La prédom<strong>in</strong>ance<br />

<strong>des</strong> PME dans ce secteur s’explique en partie par<br />

la jeunesse du secteur (17 % et 59 % <strong>des</strong> entreprises ont<br />

mo<strong>in</strong>s de 3 et 10 ans, respectivement), mais <strong>au</strong>ssi du<br />

fait que la plupart <strong>des</strong> startups font appel à <strong>des</strong> entreprises<br />

extérieures pour développer leurs produits, limitant<br />

a<strong>in</strong>si le nombre d’employés. La figure 3 illustre<br />

la répartition régionale du chiffre d’affaires, du nombre<br />

d’entreprises et du nombre d’employés dans le<br />

secteur <strong>des</strong> <strong>biotechnologies</strong> rouges.<br />

Dossier<br />

(a)<br />

(b)<br />

Fig. 2 : Répartition <strong>des</strong> entreprises de biotechnologie rouges (a) et <strong>in</strong>dustrielles (b) <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong><br />

Crédits : SST<br />

www.ambascience.co.uk Science et Technologie <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> ♦ Janvier-Février 2011 9


Dossier<br />

Les po<strong>in</strong>ts forts <strong>des</strong> <strong>biotechnologies</strong> rouges<br />

Trois segments dom<strong>in</strong>ent le marché <strong>des</strong> <strong>biotechnologies</strong><br />

rouges <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong>, services spécialisés<br />

exclus. Il s’agit <strong>des</strong> petites molécules, <strong>des</strong> anticorps et<br />

<strong>des</strong> proté<strong>in</strong>es thérapeutiques, qui, à eux seuls, représentent<br />

53 % du chiffre d’affaire total et emploient<br />

44 % de la ma<strong>in</strong> d’œuvre. Le Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> est à l’orig<strong>in</strong>e<br />

de 20 % <strong>des</strong> produits médicamenteux sortant <strong>des</strong><br />

compagnies de <strong>biotechnologies</strong> à travers l’Europe.<br />

Les petites molécules, composés organiques dont le<br />

poids moléculaire ne dépasse pas 800 kDa et présentant<br />

<strong>des</strong> fonctions biologiques variées, peuvent être<br />

<strong>des</strong> molécules ayant une fonction dans la signalisation<br />

cellulaire, être utilisées comme outils de biologie moléculaire<br />

ou encore comme agent médicamenteux contre<br />

une pathologie donnée (par exemple les stat<strong>in</strong>es (anticholestérolémiques)<br />

ou les anti-<strong>in</strong>flammatoires). Le<br />

plus souvent, ces petites molécules se lient avec de<br />

h<strong>au</strong>tes aff<strong>in</strong>ités à <strong>des</strong> biopolymères tels que proté<strong>in</strong>es,<br />

aci<strong>des</strong> nucléiques ou polysacchari<strong>des</strong>, et par là-même<br />

modifient l’activité ou la fonction de ceux-ci. Leur petite<br />

taille leur permet de diffuser à travers les membranes<br />

et d’<strong>in</strong>filtrer rapidement les milieux <strong>in</strong>tracellulaires.<br />

Les proté<strong>in</strong>es thérapeutiques, par opposition, sont<br />

développées et fabriquées par les compagnies de <strong>biotechnologies</strong>,<br />

en utilisant la mach<strong>in</strong>erie cellulaire <strong>des</strong><br />

cellules vivantes avant d’être purifiées. Il en existe plus<br />

de 200 commercialisées, et plusieurs centa<strong>in</strong>es sont en<br />

cours d’essais cl<strong>in</strong>iques. Ces proté<strong>in</strong>es thérapeutiques<br />

ciblent directement les mécanismes de la maladie à<br />

traiter.<br />

Bien que le marché <strong>des</strong> petites molécules, souvent<br />

synthétisées par voies chimiques par l’<strong>in</strong>dustrie traditionnelle,<br />

prédom<strong>in</strong>e sur celui <strong>des</strong> proté<strong>in</strong>es thérapeutiques,<br />

ce dernier est le plus dynamique avec une<br />

h<strong>au</strong>sse de 17 % <strong>des</strong> ventes mondiales Par ailleurs, la<br />

majorité <strong>des</strong> <strong>in</strong>vestissements est dirigée vers le marché<br />

<strong>des</strong> petites molécules, celui où le nombre d’entreprises<br />

est le plus important.<br />

Les régions fortes <strong>des</strong> <strong>biotechnologies</strong> rouges<br />

Trois régions britanniques totalisent 79 % du chiffre<br />

d’affaires <strong>des</strong> entreprises de <strong>biotechnologies</strong> rouges, à<br />

savoir l’Écosse, le Sud-est (Cambridge, Oxford, Southampton)<br />

et le Nord-ouest (Manchester, Liverpool) de<br />

l’Angleterre. L’addition de la région de Londres fait<br />

atte<strong>in</strong>dre 87 % du chiffre d’affaires global britannique,<br />

73 % <strong>des</strong> emplois et 74 % <strong>des</strong> entreprises du secteur.<br />

L’Écosse se démarque particulièrement en se focalisant<br />

sur les cellules souches, les diagnostics médic<strong>au</strong>x<br />

et le développement de phases cl<strong>in</strong>iques. Une prévalence<br />

forte <strong>des</strong> maladies chroniques telles que le diabète,<br />

les cancers ou les maladies cardio-vasculaires, un<br />

suivi centralisé de l’historique de chaque patient et une<br />

population stable génétiquement en font une région<br />

particulièrement <strong>in</strong>téressante pour mener à bien <strong>des</strong><br />

essais cl<strong>in</strong>iques. Par ailleurs, si l’Écosse recense une<br />

importante proportion du nombre d’entreprises de<br />

<strong>biotechnologies</strong> <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong>, cette proportion<br />

n’est pas reflétée en termes de chiffre d’affaires car un<br />

certa<strong>in</strong> nombre de ces sociétés ont <strong>des</strong> difficultés à se<br />

développer. Enf<strong>in</strong>, les <strong>in</strong>vestissements privés sont relativement<br />

faibles dans la région, ce qui pourrait s’expliquer<br />

par la grande distance géographique avec les Venture<br />

Capitalists (VC, Capit<strong>au</strong>x risqueurs) et Bus<strong>in</strong>ess<br />

Angels, plus nombreux dans la région du Sud-est de<br />

l’Angleterre et l’absence de géants pharmaceutiques<br />

sur son territoire.<br />

2.8.2 Les <strong>biotechnologies</strong> <strong>in</strong>dustrielles<br />

Comme de nombreux <strong>au</strong>tres gouvernements à travers<br />

le monde, le gouvernement britannique cherche<br />

<strong>des</strong> alternatives <strong>au</strong>x énergies fossiles et le développement<br />

<strong>des</strong> agrocarburants est devenu une priorité. Avec<br />

un chiffre d’affaires de 308 M£, le Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> représente<br />

mo<strong>in</strong>s de 1 % du marché mondial.<br />

La grande proportion de sociétés de plus de 10 ans<br />

(41 %) s’explique en partie par une prise en considération<br />

du secteur assez tardive, malgré l’existence de<br />

certa<strong>in</strong>s procédés connus depuis longtemps dans l’<strong>in</strong>-<br />

Chiffre d’affaires<br />

Nombre d’employés<br />

Nombre de sociétés<br />

Fig. 3 : Répartition régionale du nombre d'employés, du chiffre d'affaires et du nombre d'entreprises en biotechnologie rouge<br />

Source : « Strength and opportunity »<br />

10<br />

Science et Technologie <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> ♦ Janvier-Février 2011<br />

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Dossier<br />

Chiffre d’affaires<br />

Nombre d’employés<br />

Nombre de sociétés<br />

Fig. 4 : Répartition régionale du chiffre d'affaires, du nombre d'employés et du nombre<br />

d'entreprises en <strong>biotechnologies</strong> blanches<br />

Source : « Strength and opportunity »<br />

dustrie pharmaceutique. C’est la nécessité de développer<br />

une économie p<strong>au</strong>vre en carbone qui a récemment<br />

encouragé le secteur <strong>des</strong> <strong>biotechnologies</strong> blanches à se<br />

développer, parmi lesquelles on compte également <strong>des</strong><br />

entreprises rouges ayant diversifié leur activité. Il existe<br />

actuellement 64 entreprises sur l’ensemble du territoire<br />

britannique, dont 63 PME, qui emploient 1 600<br />

personnes. Parmi elles, 43 ont <strong>des</strong> activités de R&D, et<br />

32 parmi ces dernières se chargent de l’ensemble <strong>des</strong><br />

étapes de fabrication. Les gran<strong>des</strong> entreprises, pr<strong>in</strong>cipalement<br />

<strong>des</strong> compagnies de chimie et d’agroalimentaire,<br />

qui ont une activité en rapport à la biotechnologie<br />

<strong>in</strong>dustrielle mais secondaire par rapport à leur<br />

fond de commerce, n’ont pas été comptabilisées. La<br />

figure 4 illustre la répartition régionale du chiffre d’affaires,<br />

du nombre d’entreprises et du nombre d’employés<br />

dans le secteur <strong>des</strong> <strong>biotechnologies</strong> rouges.<br />

Les entreprises de <strong>biotechnologies</strong> blanches<br />

Le secteur <strong>des</strong> <strong>biotechnologies</strong> blanches bénéficie<br />

<strong>des</strong> mêmes <strong>in</strong>frastructures que les <strong>biotechnologies</strong> médicales<br />

et l’<strong>in</strong>dustrie chimique, ce qui a longtemps été<br />

un obstacle à l’affirmation de sa s<strong>in</strong>gularité. En effet,<br />

les entreprises en <strong>biotechnologies</strong> blanches recherchent,<br />

développent et fournissent les procédés et les<br />

technologies pour les produits <strong>des</strong> compagnies pharmaceutiques<br />

et ceux de l’<strong>in</strong>dustrie chimique. Les trois<br />

segments de marché les plus importants sont : les produits<br />

pharmaceutiques <strong>in</strong>termédiaires, les agrocarburants<br />

et les f<strong>in</strong>e and speciality chimiques (en particulier<br />

les biomatéri<strong>au</strong>x, la fermentation et la biocatalyse).<br />

A<strong>in</strong>si, comme dans de nombreux <strong>au</strong>tres secteurs <strong>in</strong>dustriels,<br />

le Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> se concentre sur la production<br />

de produits à forte valeur ajoutée (f<strong>in</strong>e and speciality<br />

et <strong>in</strong>termédiaires pharmaceutiques), même si la production<br />

d’agrocarburants reste non négligeable.<br />

Ces trois segments rassemblent à eux seuls 77 % du<br />

chiffre d’affaires total et 71 % <strong>des</strong> emplois, répartis<br />

dans quatre régions fortes, à savoir le Pays de Galles,<br />

le Nord-est (Newcastle et Teesside), le Nord-ouest<br />

(Manchester et Liverpool) et le Sud-est (Cambridge) de<br />

l’Angleterre. La place prépondérante de Londres dans<br />

le chiffre d’affaires est due à quelques grosses entreprises<br />

mais ne traduit ni une spécialisation ni un dynamisme<br />

particulier.<br />

Les entreprises de <strong>biotechnologies</strong> bleues<br />

En 2005, les résultats d’une étude Foresight réalisée<br />

sur les <strong>biotechnologies</strong> mar<strong>in</strong>es ont sensibilisé l’<strong>in</strong>dustrie<br />

chimique sur les possibilités qu’elles offrent. Si le<br />

chiffre d’affaires de ce secteur <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> reste<br />

près de 20 fois mo<strong>in</strong>s important que celui <strong>des</strong> <strong>biotechnologies</strong><br />

médicales, ce secteur croît progressivement<br />

(5 % par an) <strong>au</strong> se<strong>in</strong> du marché mondial de détection<br />

<strong>des</strong> pollutions diverses et pèse près de 5 Md$. Les régions<br />

britanniques fortes dans ce secteur sont l’Écosse<br />

et le Sud-ouest de l’Angleterre.<br />

Les <strong>biotechnologies</strong> mar<strong>in</strong>es, n’étant pas déf<strong>in</strong>ies<br />

par le marché ou le type de technologie mais par l’orig<strong>in</strong>e<br />

de l’organisme utilisé, s’ancrent dans <strong>des</strong> marchés<br />

variés. Le Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> se concentre sur la mise <strong>au</strong><br />

po<strong>in</strong>t de médicaments issus de molécules d’organismes<br />

mar<strong>in</strong>s, l’amélioration de l’aquaculture ou encore<br />

la mise en place de processus de détection de la pollution.<br />

Les entreprises de <strong>biotechnologies</strong> vertes<br />

Les États-<strong>Uni</strong>s sont les plus grands producteurs<br />

d’OGM avec 65 millions d’hectares (MHa) par an, suivis<br />

de l’Argent<strong>in</strong>e (20,1 MHa) et du Brésil (15,8 MHa).<br />

Comme en <strong>France</strong>, la culture <strong>des</strong> OGM sur le territoire<br />

britannique va à l’encontre de l’op<strong>in</strong>ion publique, de la<br />

législation britannique, et <strong>des</strong> réglementations européennes<br />

contraignantes. De ce fait, les <strong>biotechnologies</strong><br />

vertes ne participent que très faiblement à l’économie<br />

britannique.<br />

www.ambascience.co.uk Science et Technologie <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> ♦ Janvier-Février 2011 11


Dossier<br />

Les grosses sociétés <strong>in</strong>ternationales, BASF, Monsanto,<br />

Syngenta et Bayer Crop Science, sont implantées sur<br />

le territoire britannique mais <strong>au</strong>cune n’effectue de recherches<br />

sur le territoire.<br />

3. La R&D britannique en <strong>biotechnologies</strong><br />

3.1 Quelques éléments de contexte de R&D britannique<br />

Si la recherche britannique est considérée comme<br />

l’une <strong>des</strong> plus productives <strong>au</strong> monde (7,9 % <strong>des</strong> articles<br />

scientifiques mondi<strong>au</strong>x, et 11,8 % <strong>des</strong> citations à travers<br />

le monde font référence à <strong>des</strong> trav<strong>au</strong>x britanniques), les<br />

dépenses en R&D <strong>des</strong> secteurs privé et public ne représentaient<br />

en 2008 que 1,1 % et 0,7 % du PIB, respectivement,<br />

la participation du secteur privé ayant chuté <strong>au</strong><br />

cours <strong>des</strong> dix dernières années (de 50 % à 47 %), endeçà<br />

de la moyenne <strong>des</strong> pays de l’OCDE (57 %). Par<br />

ailleurs, une caractéristique de la recherche privée britannique<br />

est que la part <strong>des</strong> f<strong>in</strong>ancements étrangers est<br />

forte et s’élève à 23 %. Le gel, en valeur, <strong>des</strong> crédits publics<br />

de la recherche civile durant les quatre procha<strong>in</strong>es<br />

années à leur nive<strong>au</strong> actuel de 4,6 Md£, l’annonce par<br />

le géant pharmaceutique Pfizer de fermer son site de<br />

R&D basé <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> et les difficultés économiques<br />

du pays ne poussent pas à un optimisme fort de la<br />

part <strong>des</strong> acteurs de la R&D britannique.<br />

3.2 Présentation du secteur de la R&D en <strong>biotechnologies</strong><br />

Les secteurs pharmaceutiques et biotechnologiques<br />

sont souvent rassemblés sous la même dénom<strong>in</strong>ation,<br />

pharma/biotech, leurs recherches et thématiques étant<br />

très similaires et leurs <strong>in</strong>teractions importantes.<br />

En 2008, les entreprises de pharma/biotech occupaient<br />

la première position en termes de dépenses de<br />

R&D <strong>des</strong> 1000 premières entreprises du Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong><br />

(UK1000) avec un montant de 9,5 Md£ (+8,4 % par rapport<br />

à 2007). GlaxoSmithKl<strong>in</strong>e et Astrazeneca étaient<br />

1 ère et 2 ème avec 3,7 et 3,5 Md£ dépensées, respectivement,<br />

devançant 134 <strong>au</strong>tres pharma/biotech classées<br />

dans le UK1000. Dans le G1000 en 2008, qui répertorie<br />

les 1000 premières entreprises mondiales en termes de<br />

dépenses de R&D, GlaxoSmithKl<strong>in</strong>e prenait la 21 ème<br />

place.<br />

Concernant les brevets, le Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> prenait en<br />

2007 la 4 ème place mondiale avec 4,2 % de brevets, devant<br />

la <strong>France</strong> (4 %). F<strong>in</strong>alement, la proportion <strong>des</strong> médicaments<br />

issus <strong>des</strong> <strong>biotechnologies</strong> a fortement <strong>au</strong>gmenté,<br />

passant de 10 % à 40 % en 10 ans.<br />

3.3 Le f<strong>in</strong>ancement de la R&D en biotechnologie<br />

Le Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong>, en 2008, levait 10 % <strong>des</strong> VC disponibles<br />

dans la zone OCDE, faisant de lui le 2 ème bénéficiaire<br />

derrière les États-<strong>Uni</strong>s (49 % à eux seuls). L’<strong>in</strong>fluence<br />

de Londres, 1 ère place boursière européenne, et<br />

le fort tissu d’entreprises de <strong>biotechnologies</strong> dans le<br />

Sud-est de l’Angleterre sont deux bonnes raisons pour<br />

expliquer la suprématie du Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong>. Les f<strong>in</strong>ancements<br />

<strong>des</strong> entreprises de <strong>biotechnologies</strong> <strong>au</strong> cours de<br />

leurs différentes étapes de développement proviennent<br />

également d’un fort tissu de Bus<strong>in</strong>ess Angels, de prêts<br />

bancaires ou encore d’ai<strong>des</strong> publiques. Les gran<strong>des</strong><br />

entreprises pharmaceutiques <strong>in</strong>vestissent également<br />

dans les <strong>biotechnologies</strong> par l’<strong>in</strong>termédiaire de fonds<br />

corporatifs, s’assurant une priorité sur les découvertes<br />

réalisées sous la forme de License <strong>in</strong>.<br />

Le secteur pharmaceutique britannique dom<strong>in</strong>e<br />

l’ensemble <strong>des</strong> secteurs <strong>in</strong>dustriels européens en termes<br />

d’<strong>in</strong>vestissements étrangers attirés sur le territoire.<br />

Suite à la crise f<strong>in</strong>ancière de 2008, 11 % <strong>des</strong> entreprises<br />

de <strong>biotechnologies</strong> dans le monde ont mis la clef sous<br />

la porte, et, en Europe, près de 60 % <strong>des</strong> entreprises de<br />

<strong>biotechnologies</strong> ont dim<strong>in</strong>ué leur budget de R&D de<br />

2 % en moyenne, et ont connu la plus difficile levée de<br />

VC en dix ans. Par ailleurs, les fonds levés ont également<br />

été très <strong>in</strong>également reçus : 20 % <strong>des</strong> sociétés<br />

ayant touché 80 % <strong>des</strong> fonds alors que 20 <strong>au</strong>tres pourcent<br />

n’ont touché que 0,6 % <strong>des</strong> fonds tot<strong>au</strong>x. Les parties<br />

prenantes du secteur estiment que le temps de<br />

l’« easy money » est ma<strong>in</strong>tenant révolu, et que nous<br />

sommes entrés dans celui du « new normal », où l’argent<br />

n’est pas plus rare mais est plus prudemment <strong>in</strong>vestit.<br />

3.4 Le cycle de f<strong>in</strong>ancement d’une entreprise de<br />

<strong>biotechnologies</strong><br />

Le f<strong>in</strong>ancement d’une entreprise de <strong>biotechnologies</strong><br />

<strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> comporte c<strong>in</strong>q étapes, décrites ci<strong>des</strong>sous<br />

et illustrées par la figure. 5.<br />

3.4.1 Pre Seed Fund<strong>in</strong>g (Fonds de pré-amorçage)<br />

Les fonds de pré-amorçage (entre 50 000 et<br />

100 000 £), déterm<strong>in</strong>ants dans le processus de création<br />

d’entreprise, proviennent le plus souvent de subventions<br />

publiques, de love money (dons faits par la famille<br />

ou les amis) ou de charities.<br />

3.4.2 Seed Fund<strong>in</strong>g (Fonds d’amorçage)<br />

Les fonds d’amorçage, compris entre 1 et 10 M£,<br />

proviennent de Bus<strong>in</strong>ess Angels, de love money, de subventions<br />

publiques, de charities ou encore de VC spécialisés.<br />

Ils permettent à l’entreprise de protéger sa propriété<br />

<strong>in</strong>tellectuelle, d’établir son bus<strong>in</strong>ess plan ou la<br />

preuve de concept.<br />

3.4.3 Early Stage (Phase précoce)<br />

Estimée à environ 10 M£, la phase précoce consiste à<br />

consolider les acquis obtenus : acquisition d’<strong>in</strong>frastructures<br />

propres, <strong>in</strong>tensification <strong>des</strong> recherches et élargissement<br />

de la propriété <strong>in</strong>tellectuelle. Les pr<strong>in</strong>cip<strong>au</strong>x<br />

f<strong>in</strong>anceurs sollicités sont les VC, les venture funds <strong>des</strong><br />

entreprises pharmaceutiques, les hedge funds, les banques,<br />

les juniors stocks markets et les Bus<strong>in</strong>ess Angels. Il<br />

s’agit d’une phase délicate car l’entreprise ne dégage<br />

toujours <strong>au</strong>cun revenu.<br />

3.4.4 Late Stage (Phase avancée)<br />

Dans la phase avancée, une entreprise possède un<br />

ou plusieurs produits dont le développement est proche<br />

de la commercialisation, cherche de nouve<strong>au</strong>x <strong>in</strong>-<br />

12<br />

Science et Technologie <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> ♦ Janvier-Février 2011<br />

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vestisseurs <strong>in</strong>téressés par ces produits presque matures,<br />

notamment en ouvrant son capital sur les marchés européen<br />

et mondial. Cette phase est également le témo<strong>in</strong><br />

<strong>des</strong> phénomènes d’alliances et de fusions, les droits<br />

d’exploitation <strong>des</strong> produits développés étant souvent<br />

vendus à <strong>des</strong> compagnies pharmaceutiques.<br />

3.4.5 Growth stage (Période de croissance)<br />

La période de croissance voit l’entreprise vivre de<br />

ses propres revenus et se diversifier. Une telle entreprise<br />

fait l’objet de fusion-acquisition si une <strong>au</strong>tre entreprise<br />

de même taille souhaite faire <strong>des</strong> économies d’échelle<br />

ou élim<strong>in</strong>er un concurrent, ou si une plus grosse entreprise<br />

simplement achète l’entreprise plus petite pour<br />

disposer de sa propriété <strong>in</strong>tellectuelle. À titre d’exemple,<br />

Cambridge Antibody Technology et Neutec Pharma<br />

ont été achetées respectivement par AstraZeneca et<br />

Novartis, qui voulaient acquérir la technologie <strong>des</strong> anticorps<br />

monoclon<strong>au</strong>x.<br />

3.5 Catalyseurs et barrières pour les entreprises de<br />

<strong>biotechnologies</strong> rouges<br />

Notons trois catalyseurs majeurs dans le secteur <strong>des</strong><br />

<strong>biotechnologies</strong> rouges :<br />

• le marché de la santé reste stable dans les pays développés,<br />

et est en ple<strong>in</strong>e expansion dans les pays émergents<br />

;<br />

• le marché britannique occupe une place <strong>in</strong>termédiaire<br />

et stratégique <strong>au</strong> carrefour <strong>des</strong> marchés européen et<br />

américa<strong>in</strong>, avec un biais pour une accréditation FDA<br />

(Food & Drug Adm<strong>in</strong>istration) plutôt que EMA ;<br />

• entre 20 et 40 % de la R&D <strong>des</strong> compagnies pharmaceutiques<br />

est sous-traitée par les entreprises de biotechnologie.<br />

À contrario, on recense deux contra<strong>in</strong>tes :<br />

• en raison <strong>des</strong> longues pério<strong>des</strong> de développement<br />

d’un produit avant retour sur <strong>in</strong>vestissement (entre 10<br />

et 20 ans) et <strong>des</strong> risques encourus pour les f<strong>in</strong>anceurs<br />

que le produit n’arrive jamais sur le marché, l’accès à<br />

<strong>des</strong> f<strong>in</strong>ancements reste un facteur crucial ;<br />

• pour entrer sur le marché britannique, un produit<br />

médicamenteux doit obtenir l’approbation de l’EMA,<br />

de la Medic<strong>in</strong>es and Healthcare products Regulatory<br />

Agency (MHRA, Agence britannique de réglementation<br />

<strong>des</strong> médicaments et <strong>des</strong> produits de santé) et du<br />

National Institute for Health and Cl<strong>in</strong>ical Excellence<br />

(NICE, Institut national pour la santé et l’excellence<br />

cl<strong>in</strong>ique).<br />

3.6 Catalyseurs et barrières pour les entreprises de<br />

<strong>biotechnologies</strong> <strong>in</strong>dustrielles<br />

Contrairement <strong>au</strong> secteur biomédical, l’équilibre<br />

entre catalyseurs et barrières est <strong>in</strong>versé dans le secteur<br />

<strong>des</strong> <strong>biotechnologies</strong> <strong>in</strong>dustrielles :<br />

• les entreprises spécialisées dans la biotechnologie <strong>in</strong>dustrielle<br />

se diversifient de manière plus naturelle et<br />

s’<strong>in</strong>scrivent de ce fait dans plusieurs marchés dist<strong>in</strong>cts,<br />

à l’<strong>in</strong>verse du secteur biomédical où les entreprises<br />

se diversifient pour contrecarrer les risques f<strong>in</strong>anciers<br />

liés à l’échec d’une de leurs technologies ;<br />

• les <strong>biotechnologies</strong> <strong>in</strong>dustrielles apparaissent comme<br />

une façon de participer à l’effort national de réduction<br />

Dossier<br />

Fig. 5 : Répartition <strong>des</strong> <strong>in</strong>vestisseurs <strong>au</strong>x sta<strong>des</strong> de développement d’une entreprise de biotechnologie<br />

Source : Rapport INNOVA Europe<br />

www.ambascience.co.uk Science et Technologie <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> ♦ Janvier-Février 2011 13


Dossier<br />

<strong>des</strong> émissions de CO2, en se présentant comme une<br />

alternative <strong>au</strong>x énergies fossiles.<br />

À contrario, on recense quatre contra<strong>in</strong>tes :<br />

• la prise en compte tardive <strong>des</strong> enjeux du secteur, en<br />

termes de bénéfices apportés par ces nouvelles technologies<br />

;<br />

• l’exploitation <strong>in</strong>dustrielle d’un nouve<strong>au</strong> procédé nécessite<br />

<strong>des</strong> <strong>in</strong>frastructures d’envergure, coûteuses,<br />

permettant d’obtenir la preuve de concept du procédé,<br />

ce qui ralentit fortement le développement <strong>des</strong><br />

procédés <strong>in</strong>dustriels. Ce problème semble s’atténuer<br />

<strong>au</strong>jourd’hui grâce <strong>au</strong> développement d’<strong>in</strong>frastructures<br />

à utilisation unique ;<br />

• la plupart <strong>des</strong> activités de <strong>biotechnologies</strong> <strong>in</strong>dustrielles<br />

se trouvent <strong>au</strong> Nord de l’Angleterre, éloignées de<br />

Londres. Ceci complique la recherche de f<strong>in</strong>ancement,<br />

les <strong>in</strong>vestisseurs préférant être proches physiquement<br />

<strong>des</strong> entreprises dans lesquelles ils <strong>in</strong>vestissent ;<br />

• par contraste avec la politique <strong>in</strong>citative européenne<br />

de renforcement <strong>des</strong> énergies alternatives, il n’existe<br />

pas de politique d’envergure <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> européen<br />

ayant pour objectif d’accroître la production de matéri<strong>au</strong>x<br />

fabriqués à partir de la biomasse.<br />

4. Les mesures d’aide à la consolidation<br />

<strong>des</strong> secteurs high-tech<br />

À notre connaissance, il n’existe <strong>au</strong>cune mesure ou<br />

<strong>in</strong>itiative visant à renforcer le secteur <strong>des</strong> <strong>biotechnologies</strong><br />

de manière spécifique, que ce soit <strong>au</strong> plan européen<br />

ou national. En revanche, l’ensemble <strong>des</strong> mesures<br />

mises en œuvre par les pouvoirs publics, qui visent les<br />

<strong>in</strong>dustries de h<strong>au</strong>te technologie et celles à forte valeur<br />

ajoutée, peuvent <strong>in</strong>clure <strong>des</strong> sections spécifiques <strong>au</strong>x<br />

entreprises de <strong>biotechnologies</strong>.<br />

4.1 Au plan européen<br />

L’<strong>Uni</strong>on Européenne, en 2007, exam<strong>in</strong>ait à miparcours<br />

un plan d’action mis en place 5 ans plus tôt et<br />

suggérait un renforcement du secteur, à savoir : i) promouvoir<br />

la R&D en biotechnologie et sa valorisation<br />

commerciale ; ii) faciliter l’accès <strong>au</strong> f<strong>in</strong>ancement et l’accroissement<br />

<strong>des</strong> relations entre entreprises et universités<br />

; iii) encourager les débats publics pour <strong>in</strong>former<br />

les citoyens du bien fondé de ces nouvelles technologies<br />

; iv) s’assurer de la sûreté et de la durabilité <strong>des</strong><br />

technologies liées à l’agriculture ; et v) s’assurer que le<br />

cadre législatif ne soit pas une barrière à l’essor de ce<br />

secteur d’avenir.<br />

4.1.1 Le 7 ème PCRD<br />

Le Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> est, à l’heure actuelle, l’État qui a<br />

reçu le plus de fonds du 7 ème PCRD. Les universités et<br />

centres de recherche publiques profitent le plus de ces<br />

fonds (60,8 %), contre seulement 15 % perçus par les<br />

PME. Les <strong>biotechnologies</strong> <strong>in</strong>dustrielles sont considérées<br />

<strong>au</strong> se<strong>in</strong> d’un seul volet du 7 ème PCRD,<br />

« Alimentation, agriculture, pêche et biotechnologie ».<br />

À noter que les <strong>biotechnologies</strong> médicales entrent dans<br />

le volet « Santé ».<br />

4.1.2 Les mesures de la Direction Générale <strong>des</strong> Entreprises<br />

et <strong>des</strong> Industries<br />

La DGEI encourage le développement <strong>des</strong> entreprises<br />

européennes qui essaient de dim<strong>in</strong>uer leur impact<br />

sur l’environnement. Pour cela, deux mesures ont été<br />

mises en place : i) le Small and Bus<strong>in</strong>ess Act (SBA) dont<br />

l’objectif est d’aider le développement <strong>des</strong> PME européennes,<br />

et ii) le plan d’action pour une production et<br />

une consommation durable, et la politique <strong>in</strong>dustrielle<br />

durable.<br />

4.2 Au plan national : les mesures fiscales<br />

Le Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> a mis en place un environnement<br />

fiscal favorable pour faciliter le développement de l’<strong>in</strong>novation<br />

et les <strong>in</strong>vestissements de R&D. Les pharma/<br />

biotech bénéficient donc ple<strong>in</strong>ement <strong>des</strong> mesures mises<br />

en œuvre.<br />

4.2.1 Le crédit impôt recherche<br />

La déduction d’impôts dont bénéficient les entreprises<br />

effectuant pour plus de 10 000 £ de R&D par an<br />

dépend de la taille de celles-ci et atte<strong>in</strong>t 175 % pour les<br />

PME et 130 % pour les <strong>au</strong>tres, dans la limite de 7,5 M£<br />

par projet de recherche.<br />

4.2.2 Les ai<strong>des</strong> fiscales <strong>au</strong> capital risque<br />

Trois dispositifs d’<strong>in</strong>citation fiscale <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<br />

<strong>Uni</strong> encouragent les <strong>in</strong>vestisseurs à f<strong>in</strong>ancer <strong>des</strong> PME<br />

non-cotées en bourse pour un total de 250 M£ par an et<br />

un plafond limité à 2 M£ par PME :<br />

• l’Enterprise Investment Scheme (Plan d’<strong>in</strong>vestissement<br />

pour les entreprises) a pour objectif de soutenir les<br />

<strong>in</strong>vestissements risqués dans les PME, en proposant<br />

un allègement fiscal pour l’<strong>in</strong>vestisseur possédant<br />

mo<strong>in</strong>s de 30 % de la société (l’impôt sur ses plusvalues<br />

sont réduits de 20 % du montant <strong>in</strong>vesti) ;<br />

• le Venture Capital Trust (Sociétés de capital risque)<br />

permet à <strong>des</strong> <strong>in</strong>dividus, depuis 1995, d’<strong>in</strong>vestir dans<br />

<strong>des</strong> PME à fort potentiel de croissance et de devenir<br />

actionnaire du Trust. En contrepartie, ils profitent<br />

d’avantages fisc<strong>au</strong>x sur les ga<strong>in</strong>s obtenus ;<br />

• le Corporate Ventur<strong>in</strong>g Scheme (Plan de coopération<br />

<strong>in</strong>ter-entreprises) implique le capital risque <strong>in</strong>dustriel<br />

par les gran<strong>des</strong> entreprises, qui leur permet en<br />

retour une réduction de 20 % sur les taxes issues de<br />

leurs <strong>in</strong>vestissements dans <strong>des</strong> startups <strong>in</strong>dépendantes.<br />

4.2.3 L’Enterprise Management Incentive<br />

Cette mesure donne l’option <strong>au</strong>x salariés d’acheter<br />

<strong>des</strong> actions de l’entreprise à h<strong>au</strong>teur annuelle de<br />

120 000 £ par an et dans la limite de 3 M£ pour l’ensemble<br />

<strong>des</strong> employés.<br />

4.2.4 La Patent Box<br />

Pour répondre à une compétition <strong>in</strong>ternationale<br />

toujours plus difficile eu égard <strong>au</strong>x régimes de taxation<br />

favorables sur les revenus dérivant de la propriété <strong>in</strong>tellectuelle<br />

et <strong>des</strong> brevets, la taxe corporative sera réduite<br />

à 10 % à partir d’avril 2013. Cette mesure vise à<br />

14<br />

Science et Technologie <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> ♦ Janvier-Février 2011<br />

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attirer davantage d’entreprises sur le territoire britannique.<br />

4.3 Au plan national : les ai<strong>des</strong> <strong>au</strong> f<strong>in</strong>ancement<br />

Les mesures et <strong>in</strong>itiatives suivantes s’<strong>in</strong>scrivent<br />

dans la cont<strong>in</strong>uité, la majorité d’entre elles ayant été<br />

mises en place par le gouvernement travailliste, et viennent<br />

s’ajouter <strong>au</strong>x mesures précédemment mentionnées.<br />

4.3.1 Le Capital for Enterprise Limited<br />

Le Capital for Enterprise Limited (Fonds de capital<br />

pour les entreprises) est un fonds d’<strong>in</strong>vestissement du<br />

BIS où <strong>des</strong> fonds publics côtoient <strong>des</strong> fonds privés pour<br />

f<strong>in</strong>ancer <strong>des</strong> PME, dans la limite de 2 M£. À ce jour, il a<br />

permis de f<strong>in</strong>ancer plus de 6 500 PME.<br />

4.3.2 Le UK Innovation Investment Fund<br />

Créé en 2009 pour une durée de 10 ans et cherchant<br />

à lever 1 Md£, le UK Innovation Investment Fund (UKIIF,<br />

Fonds d’<strong>in</strong>vestissement britannique pour l’<strong>in</strong>novation)<br />

facilite l’accès <strong>au</strong> f<strong>in</strong>ancement <strong>des</strong> entreprises de h<strong>au</strong>te<br />

technologie. Cette mesure vise à être l’amorce dégrippant<br />

le système f<strong>in</strong>ancier de l’<strong>in</strong>dustrie de h<strong>au</strong>te technologie<br />

<strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong>, enrayé depuis la crise de<br />

2008.<br />

4.3.3 L’Enterprise F<strong>in</strong>ance Guarantee Scheme<br />

Ce programme de garantie de f<strong>in</strong>ancement <strong>des</strong> entreprises,<br />

fort d’un budget de 700 M£, prémunit les <strong>in</strong>vestisseurs<br />

(majoritairement <strong>des</strong> banques) à h<strong>au</strong>teur de<br />

75 % <strong>des</strong> prêts octroyés <strong>au</strong>x PME (<strong>in</strong>férieurs à 1 M£),<br />

dans la limite d’un chiffre d’affaires de ces dernières de<br />

25 M£.<br />

4.3.4 Le Grant for Research and Development<br />

Le programme Grant for Research and Development<br />

(Subvention pour la recherche et le développement)<br />

remplace les Small Firms Merit Award for Research and<br />

Technology (Bourses <strong>au</strong> mérite pour les petites entreprises<br />

pour la recherche et la technologie), qui attribuaient<br />

entre 20 000 et 250 000 £ pour <strong>des</strong> projets de R&D.<br />

créé en 2009 pour soutenir l’<strong>in</strong>novation, en particulier<br />

dans <strong>des</strong> projets de h<strong>au</strong>tes technologies. Les <strong>biotechnologies</strong><br />

bénéficient de cette mesure à h<strong>au</strong>teur de 6 % :<br />

4 % pour les <strong>biotechnologies</strong> rouges et 2 % pour les<br />

<strong>biotechnologies</strong> <strong>in</strong>dustrielles.<br />

Les projets spécifiques <strong>au</strong>x <strong>biotechnologies</strong> <strong>in</strong>dustrielles<br />

En 2007, le BERR (précurseur du BIS) créait le groupe<br />

IB-IGT, chargé d’émettre <strong>des</strong> recommandations <strong>au</strong><br />

gouvernement pour stimuler ce secteur et identifier les<br />

défis <strong>au</strong>xquels il <strong>au</strong>ra à faire face dans l’avenir. Parmi<br />

les recommandations proposées dans un premier rapport,<br />

notons la construction du National Industrial Biotechnology<br />

Facilities (NIBF, Infrastructure nationale pour<br />

les <strong>biotechnologies</strong> <strong>in</strong>dustrielles) ou la création de l’Industrial<br />

Biotechnology Special Interest Group (IB-SIG,<br />

Groupe d’<strong>in</strong>térêt spécial dans le doma<strong>in</strong>e <strong>des</strong> IB), qui<br />

dépendent de deux KTN visant à favoriser l’<strong>in</strong>terdiscipl<strong>in</strong>arité<br />

<strong>des</strong> nouvelles technologies et à remédier <strong>au</strong><br />

manque de communication dans le doma<strong>in</strong>e.<br />

Les projets spécifiques <strong>au</strong>x <strong>biotechnologies</strong> médicales<br />

Créée en 2002, la Bioscience Innovation and Growth<br />

Team (B-IGT, Groupe d’étude sur l’<strong>in</strong>novation et la<br />

croissance <strong>des</strong> sciences du vivant) est chargée d’identifier<br />

les obstacles <strong>au</strong> développement du secteur britannique<br />

<strong>des</strong> sciences du vivant et de proposer <strong>des</strong> alternatives<br />

pour l’avenir. Parmi les recommandations proposées,<br />

notons par exemple l’<strong>au</strong>gmentation du nombre<br />

de cl<strong>in</strong>iciens formés à la recherche scientifique ou la<br />

création d’un centre d’excellence de recherche sur les<br />

cellules souches. Par ailleurs, un budget d’1 M£ était<br />

débloqué en 2010 pour f<strong>in</strong>ancer la promotion du secteur<br />

britannique et <strong>au</strong>gmenter sa visibilité <strong>au</strong> plus h<strong>au</strong>t<br />

nive<strong>au</strong> sur la scène <strong>in</strong>ternationale.<br />

Enf<strong>in</strong>, un nouve<strong>au</strong> parc scientifique en bioscience<br />

devrait voir le jour à Stevenage, Hertfordshire, dans un<br />

environnement d’open <strong>in</strong>novation, où tous les partenaires<br />

partageront les mêmes <strong>in</strong>frastructures. Le projet<br />

<strong>in</strong>itial, coûtant 37 M£, sera f<strong>in</strong>ancé par le SIF à h<strong>au</strong>teur<br />

de 11,7 M£. Selon les prévisions, ce parc scientifique<br />

pourrait accueillir 25 entreprises et coûter 170 M£.<br />

Dossier<br />

4.3.5 Le Higher Education Innovation Fund<br />

Le Higher Education Innovation Fund (Fonds de l’enseignement<br />

supérieur pour l’<strong>in</strong>novation), reconduit<br />

quatre fois depuis 2000, encourage le transfert de<br />

connaissances <strong>des</strong> universités anglaises vers le secteur<br />

privé selon <strong>des</strong> critères d’excellence fondés sur les résultats<br />

passés de la commercialisation de la recherche<br />

effectuée <strong>au</strong> se<strong>in</strong> de l’université d’une part, et de l’impact<br />

de l’université sur le tissu économique local d’<strong>au</strong>tre<br />

part. Le budget global, multiplié par c<strong>in</strong>q depuis la<br />

première édition, s’élève à près de 400 M£ pour la période<br />

2008-11. Le gouvernement de coalition reconduira<br />

cette <strong>in</strong>itiative après 2011.<br />

4.3.6 Le Strategic Investment Fund<br />

Le Strategic Investment Fund (SIF, Fonds d’<strong>in</strong>vestissement<br />

stratégique), fort de 750 M£ sur deux ans, a été<br />

4.4 Au plan régional : les mesures du Scottish Enterprise<br />

Le Scottish Enterprise a levé un total de 68 M£ (dont<br />

32 M£ de fonds publics) pour le f<strong>in</strong>ancement du secteur<br />

high tech en Écosse, dont 25 % sont dédiés <strong>au</strong> f<strong>in</strong>ancement<br />

<strong>des</strong> entreprises de <strong>biotechnologies</strong>, tout particulièrement<br />

pour les phases précoces de développement.<br />

4.5 L’Office for Life Science<br />

En 2009, le BIS créait l’Office for Life Science (OLS,<br />

Agence pour les sciences du vivant), une agence composée<br />

d’<strong>in</strong>dustriels, d’associations et de chercheurs,<br />

chargée de proposer <strong>des</strong> mesures pour soutenir les secteurs<br />

<strong>des</strong> sciences du vivant. Elle préconise notamment<br />

:<br />

• la création d’un « UK Super Cluster » en sciences du<br />

vivant pour accroître l’efficacité et la visibilité du sec-<br />

www.ambascience.co.uk Science et Technologie <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> ♦ Janvier-Février 2011 15


Dossier<br />

teur. Cette proposition a été suivie par la signature<br />

d’un mémorandum entre le MIT de Boston et le Golden<br />

Triangle (entité <strong>in</strong>formelle regroupant Oxford, Cambridge<br />

et Londres) ;<br />

• la création d’un forum chargé d’étudier les beso<strong>in</strong>s<br />

de l’<strong>in</strong>dustrie qui pourraient être <strong>in</strong>tégrés <strong>au</strong> se<strong>in</strong> <strong>des</strong><br />

cursus de l’enseignement supérieur;<br />

• la mise en œuvre du UK Innovation Investment Fund ;<br />

• la mise en place du RegenMed Programme, visant à<br />

ma<strong>in</strong>tenir l’excellence britannique dans le doma<strong>in</strong>e<br />

de la R&D commerciale en médec<strong>in</strong>e régénérative,<br />

est un programme fort de 21,5 M£ f<strong>in</strong>ancé par le TSB,<br />

le BBSRC, le MRC et l’EPSRC ;<br />

• la création du NHS Life Sciences Innovation Delivery<br />

Board (Commission pour l’avancement de l’<strong>in</strong>novation<br />

en sciences du vivant), mis en œuvre pour améliorer<br />

l’<strong>in</strong>novation <strong>au</strong> se<strong>in</strong> <strong>des</strong> services de santé britanniques.<br />

Cette <strong>in</strong>itiative <strong>in</strong>clut un budget de 25 M£<br />

<strong>des</strong>t<strong>in</strong>é à obtenir les données statistiques manquantes<br />

de médicaments nouvellement mis sur le marché<br />

mais ne ciblant qu’une faible proportion de la population.<br />

Ces données sont nécessaires pour que le NI-<br />

CE puisse évaluer la rentabilité de ces produits ;<br />

• la promotion <strong>des</strong> sciences du vivant britanniques à<br />

l’étranger (développé ci-<strong>des</strong>sous).<br />

4.6 La création de nouve<strong>au</strong>x centres de recherche<br />

La création de nouve<strong>au</strong>x centres d’excellence, listés<br />

de manière non exh<strong>au</strong>stive, répond à une impulsion<br />

politique visant à ma<strong>in</strong>tenir l’excellence du Roy<strong>au</strong>me-<br />

<strong>Uni</strong> dans les thématiques ciblées. La régionalisation est<br />

un caractère fort de cette politique, l’Écosse ayant une<br />

place prépondérante dans le secteur <strong>des</strong> cellules souches,<br />

et le triangle d’or conservant un avantage compétitif<br />

dans le secteur plus général <strong>des</strong> nouve<strong>au</strong>x traitement<br />

thérapeutiques.<br />

4.6.1 En biotechnologie rouges<br />

• Le UK Centre for Medical Research & Innovation<br />

(UKCMRI, Centre britannique pour la recherche et<br />

l’<strong>in</strong>novation médicale du Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong>) est un centre<br />

médical de recherche <strong>in</strong>terdiscipl<strong>in</strong>aire qui ouvrira<br />

ses portes en 2015. Véritable projet collaboratif, le<br />

UKCMRI est f<strong>in</strong>ancé à h<strong>au</strong>teur de 650 M£ par le<br />

MRC, le Wellcome Trust, CRUK et <strong>Uni</strong>versity College<br />

London et comptera près de 1 500 scientifiques.<br />

• L’Ed<strong>in</strong>burgh Bioquarter est un projet de 600 M£ qui<br />

rassemblera tous les acteurs du secteur biomédical<br />

sur un même site, représentant la plus grosse <strong>in</strong>frastructure<br />

de recherche sur les cellules souches <strong>au</strong><br />

Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong>.<br />

4.6.2 En biotechnologie <strong>in</strong>dustrielles<br />

Les projets d’avenir du Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> en matière de<br />

<strong>biotechnologies</strong> <strong>in</strong>dustrielles sont localisés <strong>au</strong> Nord de<br />

l’Angleterre et s’articulent <strong>au</strong>tour de niches thématiques<br />

(biocatalyse, biomatéri<strong>au</strong>x, agrocarburants).<br />

• Établi en 2005 à Manchester, le Centre of Excellence for<br />

Biocatalysis, Biotransformations and Biocatalytic Manufacture<br />

(CoEBio3, Centre d’excellence en biocatalyse,<br />

biotransformations et production biocatalytique), il<br />

développe <strong>des</strong> procédés qui répondent <strong>au</strong>x futures<br />

mutations de l’<strong>in</strong>dustrie chimique (limitation de l’empre<strong>in</strong>te<br />

carbone, dim<strong>in</strong>ution de sa dépendance en<br />

pétrole, etc.).<br />

• Le National Industrial Biotechnology Facilities : la construction<br />

du NIBF fournira <strong>au</strong>x entreprises du secteur<br />

la possibilité de tester leurs procédés à une échelle<br />

<strong>in</strong>dustrielle et d’accéder <strong>au</strong>x <strong>in</strong>frastructures leur permettant<br />

de mener à bien les preuves de concept de<br />

leurs technologies. Il s’agit d’un fermenteur de<br />

10 000 L dont le coût de 12 M£ provient d’un <strong>in</strong>vestissement<br />

public. Le TSB accordera <strong>des</strong> subventions de<br />

recherche et développement sur appels d’offres, d’un<br />

montant de 200 000 £.<br />

• Le BBSRC Susta<strong>in</strong>able Bioenergy Centre (Centre BBSRC<br />

pour une bioénergie durable), ouvert en 2009, est un<br />

centre virtuel impliquant 12 universités et<br />

14 partenaires <strong>in</strong>dustriels travaillant <strong>au</strong>tour de l’optimisation<br />

de la fermentation pour la production d’agrocarburants,<br />

de l’élargissement <strong>des</strong> matières premières<br />

utilisées et de l’exploitation <strong>des</strong> parois cellulaires<br />

(cellulose, hémicellulose, lign<strong>in</strong>e, etc.) pour le<br />

développement de nouve<strong>au</strong>x biomatéri<strong>au</strong>x. Le<br />

BBSRC a <strong>in</strong>vesti près de 20 M£, <strong>au</strong>xquels s’ajoutent<br />

6 M£ d’<strong>in</strong>vestissements privés.<br />

4.7 Les mesures du troisième secteur<br />

Le Wellcome Trust, qui <strong>in</strong>vestit plus de 600 M£ par<br />

an, est un acteur déterm<strong>in</strong>ant dans le paysage de la recherche<br />

biomédicale britannique. Il f<strong>in</strong>ance depuis de<br />

nombreuses années <strong>des</strong> centres du même nom <strong>in</strong>sérés<br />

<strong>au</strong> se<strong>in</strong> <strong>des</strong> départements d’universités, possède un<br />

centre de génétique et génomique de renommée <strong>in</strong>ternationale,<br />

qui était l’un <strong>des</strong> centres phares lors du projet<br />

Human Genome Project, et sa vision d’avenir est importante.<br />

Dans le doma<strong>in</strong>e <strong>des</strong> <strong>biotechnologies</strong> rouges,<br />

son implication est illustrée par la création d’un fonds<br />

d’<strong>in</strong>vestissement spécifique nommé Health Innovation<br />

Challenge Fund (Fonds pour répondre <strong>au</strong> défi de l’<strong>in</strong>novation<br />

du secteur de la santé), cof<strong>in</strong>ancé à égalité avec<br />

le DH. Ce fonds, d’une valeur de 100 M£, est <strong>des</strong>t<strong>in</strong>é <strong>au</strong><br />

développement de nouve<strong>au</strong>x médicaments et à l’amélioration<br />

<strong>des</strong> nouvelles technologies pour les patients.<br />

5. Les ai<strong>des</strong> à la consolidation <strong>des</strong> collaborations<br />

5.1 Au plan européen<br />

L’UE a renforcé les mesures pour palier l’absence<br />

d’un environnement propice à la stimulation de la recherche<br />

et à la fragmentation <strong>des</strong> activités et <strong>des</strong> ressources.<br />

5.1.1 Les European Technology Platforms<br />

Les European Technology Platforms (ETP, Platesformes<br />

technologiques européennes), menées par l’<strong>in</strong>dustrie,<br />

sont réparties dans neuf <strong>des</strong> dix thématiques<br />

du 7 ème PCRD. Elles proposent un cadre pour déf<strong>in</strong>ir les<br />

priorités de R&D, les calendriers et les plans d’action<br />

16<br />

Science et Technologie <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> ♦ Janvier-Février 2011<br />

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Dossier<br />

Fig. 6 : Schéma récapitulatif <strong>des</strong> mesures d'aide <strong>au</strong> f<strong>in</strong>ancement <strong>des</strong> entreprises de pharma/biotech<br />

Crédits : SST<br />

dans plusieurs thématiques d’importance stratégique<br />

ayant le potentiel d’accroître la croissance et la compétitivité<br />

de l’Europe. Parmi les 36 ETP actives, neuf s’<strong>in</strong>téressent<br />

à la bioéconomie et sont regroupées sous la<br />

tutelle BioEconomy Technology Platforms (Plate-forme<br />

technologique pour la bioéconomie). Par ailleurs, les<br />

thématiques trop larges pour être couvertes par les ETP<br />

sont traitées par les Jo<strong>in</strong>t Technologies Initiatives (JTI,<br />

Initiatives technologiques conjo<strong>in</strong>tes).<br />

5.1.2 La recherche collaborative européenne<br />

Dans le cadre d’une stratégie commune, les discipl<strong>in</strong>es<br />

de <strong>biotechnologies</strong> entrent dans les thématiques<br />

telles que l’amélioration <strong>des</strong> conditions de production<br />

et de la qualité de la nourriture ou la mise en place d’une<br />

production de denrées alimentaires plus durable.<br />

Une partie de cette recherche est effectuée par le EU<br />

Jo<strong>in</strong>t research Centre (JRC, Centre européen conjo<strong>in</strong>t de<br />

recherche) et ses sept <strong>in</strong>stituts à travers l’Europe. Une<br />

<strong>au</strong>tre partie, bien plus importante, est réalisée <strong>au</strong> se<strong>in</strong><br />

de programmes <strong>in</strong>ter-européens présentés ci-<strong>des</strong>sous<br />

(liste non exh<strong>au</strong>stive).<br />

• En <strong>biotechnologies</strong> rouges : i) l’Innovative Medic<strong>in</strong>e<br />

Initiatives (Initiatives pour une médec<strong>in</strong>e <strong>in</strong>novante) ;<br />

ii) quatre projets sur les cellules souches et leurs capacités<br />

thérapeutiques, qui rassemblent notamment<br />

les universités de Cambridge, d’Oxford, de Sheffield,<br />

d’Édimbourg, K<strong>in</strong>g’s College London a<strong>in</strong>si que le<br />

MRC, CRUK, l’ESRC genomics network et le UK Science<br />

and Discovery Centres.<br />

• En <strong>biotechnologies</strong> <strong>in</strong>dustrielles : Suprabio, Eurobioref,<br />

Biocore et Bio-Colibri sont <strong>des</strong> projets spécialisés<br />

dans le secteur de la bioraff<strong>in</strong>erie, et comportent<br />

<strong>des</strong> partenaires français.<br />

5.1.3 The European Research Area NETwork Scheme<br />

L’European Research Area NETwork Scheme (ERA-<br />

NET Scheme, Coord<strong>in</strong>ation entre les programmes de<br />

recherche nation<strong>au</strong>x) a pour objectif de tisser un rése<strong>au</strong><br />

sur lequel pourra s’appuyer une réelle recherche euro-<br />

www.ambascience.co.uk Science et Technologie <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> ♦ Janvier-Février 2011 17


Dossier<br />

péenne, de faire un compte-rendu <strong>des</strong> programmes<br />

nation<strong>au</strong>x de recherche en cours par thématique af<strong>in</strong> de<br />

créer une coopération entre les différentes <strong>in</strong>itiatives<br />

nationales et d’accroître l’efficacité de la recherche en<br />

permettant <strong>au</strong>x différents acteurs de mettre en commun<br />

leurs efforts.<br />

Soixante et onze actions ERA-NET <strong>in</strong>itiées durant le<br />

6 ème PCRD ont été reconduites, et complétées par neuf<br />

<strong>au</strong>tres dans le 7 ème PCRD. Ces différentes actions f<strong>in</strong>ancent<br />

uniquement les mesures pour la coord<strong>in</strong>ation <strong>in</strong>tergouvernementale.<br />

À noter c<strong>in</strong>q actions s’<strong>in</strong>téressant<br />

<strong>au</strong>x <strong>biotechnologies</strong>, à savoir : ERA IB (<strong>biotechnologies</strong><br />

<strong>in</strong>dustrielles) ; PathoGenoMics (maladies <strong>in</strong>fectieuses) ;<br />

ERA NET Bioenergy (énergies renouvelables, dont agrocarburants)<br />

; ETP-PRO (rése<strong>au</strong> de PME spécialisées en<br />

<strong>biotechnologies</strong>) ; ERASysBio+ (agences de recherche<br />

impliquées dans les <strong>biotechnologies</strong>).<br />

5.2 Au plan national<br />

Aux sept programmes et <strong>in</strong>itiatives décrits ci-après,<br />

s’ajoutent les Collaborative Awards <strong>in</strong> Science and Eng<strong>in</strong>eer<strong>in</strong>g<br />

(Subventions pour la collaboration en science et<br />

en <strong>in</strong>génierie) qui sont l’équivalent <strong>des</strong> bourses CIFRE<br />

françaises, les Industrial Partnership Awards (Subventions<br />

pour les partenariats <strong>in</strong>dustriels) qui correspondent à<br />

<strong>des</strong> bourses de recherche partiellement f<strong>in</strong>ancées par<br />

l’<strong>in</strong>dustrie et le Biotechnology Young Entrepreneur Sponsorship<br />

(Sponsor<strong>in</strong>g de jeunes entrepreneurs en biotechnologie),<br />

une <strong>in</strong>itiative lancée en 1995 par le BBSRC et<br />

qui consiste en un concours ouvert <strong>au</strong>x doctorants et<br />

post-doctorants, avec pour objectif d’accroître la prise<br />

de conscience de l’importance du transfert de connaissances<br />

et de la commercialisation <strong>des</strong> résultats de la recherche.<br />

5.2.1 Les clusters<br />

• Il existe <strong>au</strong> mo<strong>in</strong>s deux clusters en <strong>biotechnologies</strong><br />

rouges <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong>, Cambridge et Oxford. Vers<br />

la f<strong>in</strong> <strong>des</strong> années 90 et <strong>au</strong> cours de la dernière décennie,<br />

ce modèle a été imité par d’<strong>au</strong>tres régions <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong>,<br />

par exemple Bionow, créé en 2000 par la<br />

RDA du Nord-ouest de l’Angleterre, ou, à une échelle<br />

plus locale, BioDundee (Écosse, de la ville du même<br />

nom). Sans parler véritablement de cluster, les figures<br />

7 et 8 illustrent les centres d’excellence qui cumulent<br />

une forte présence d’entreprises spécialisées en sciences<br />

du vivant, <strong>des</strong> universités de renommée<br />

mondiale et <strong>des</strong> associations commerciales plus ou<br />

mo<strong>in</strong>s développées. Bien qu’il ne s’agisse pas <strong>des</strong> <strong>biotechnologies</strong><br />

per se, cette cartographie montre les trois<br />

gran<strong>des</strong> régions fortes déjà identifiées pour les <strong>biotechnologies</strong><br />

rouges. Sans surprise, le nombre d’entreprises<br />

est fortement corrélé à la présence d’universités<br />

excellant dans le même doma<strong>in</strong>e : Cambridge et Oxford<br />

pullulent de sociétés, tout comme Manchester et<br />

Édimbourg. Les laboratoires de trois mult<strong>in</strong>ationales<br />

pharmaceutiques (Pfizer, GSK et AstraZeneca) sont<br />

très présents dans la région du Sud-est et du Nordouest<br />

de l’Angleterre a<strong>in</strong>si qu’en Écosse, près <strong>des</strong> centres<br />

universitaires.<br />

• En <strong>biotechnologies</strong> <strong>in</strong>dustrielles, il est frappant de<br />

constater que la colocalisation <strong>des</strong> centres universitaires<br />

et de recherche d’une part, et <strong>des</strong> entreprises de<br />

<strong>biotechnologies</strong> blanches d’<strong>au</strong>tre part, n’est pas une<br />

caractéristique de ce secteur (comparaison figures 9a<br />

et 9b), contrairement à ce qui peut être observé dans le<br />

secteur <strong>des</strong> <strong>biotechnologies</strong> rouges. Ceci peut s’expliquer<br />

en partie par l’absence de cluster en IB. Par ailleurs,<br />

il n’a pas été possible d’identifier les entreprises<br />

spécialisées en <strong>biotechnologies</strong> vertes et bleues qui ne<br />

sont donc pas représentées.<br />

5.2.2 Les KTA<br />

Les Knowledge Transfer Accounts (KTA, Fonds de<br />

transfert de connaissances) sont <strong>des</strong> fonds réservés <strong>au</strong><br />

transfert de connaissances alloués par l’EPSRC et dont<br />

l’objectif est d’aider à la valorisation de la recherche en<br />

créant un environnement favorable.<br />

5.2.3 Les KTN<br />

Véritable <strong>in</strong>terface entre le secteur universitaire et<br />

l’<strong>in</strong>dustrie, les 16 KTN, f<strong>in</strong>ancés par le TSB à h<strong>au</strong>teur de<br />

13,5 M£ par an, ont pour objectif de favoriser le transfert<br />

de connaissances vers ces dernières et de valoriser la<br />

recherche effectuée sur le territoire. Ils ont pour vocation<br />

de répondre <strong>au</strong>x beso<strong>in</strong>s <strong>des</strong> entreprises<br />

(pr<strong>in</strong>cipalement les PME) et de les aider à être plus<br />

compétitives sur <strong>des</strong> segments de marché où le Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong><br />

excelle. Les KTN étant très génér<strong>au</strong>x dans leurs<br />

thématiques, ils ne ciblent pas spécifiquement les <strong>biotechnologies</strong>.<br />

Plusieurs SIG ont donc été créés ayant <strong>des</strong><br />

<strong>in</strong>térêts transvers<strong>au</strong>x. En plus du SIG relatif <strong>au</strong>x IB, notons<br />

le SIG From Renewable Platform Chemicals to Value<br />

Added Products (FROPTOP, d’une plate-forme de produits<br />

chimiques renouvelables à <strong>des</strong> produits à valeur<br />

ajoutée) dont l’objectif est de combler l’écart d’efficacité<br />

de production existant entre les produits traditionnels<br />

de la chimie et les produits issus de matière biologique.<br />

5.2.4 Les KTP<br />

Les Knowledge Transfer Partnerships (KTP, Partenariats<br />

de transfert de connaissances), <strong>au</strong> nombre de 1 000,<br />

visent à favoriser le transfert direct <strong>des</strong> recherches effectuées<br />

à l’université en permettant à un jeune diplômé de<br />

monter un projet novateur adapté à l’entreprise. Les<br />

KTP sont cof<strong>in</strong>ancés par l’État et l’entreprise.<br />

5.2.5 Les LINK programmes<br />

L’objectif prioritaire <strong>des</strong> programmes LINK était de<br />

promouvoir la collaboration de recherche précompétitive<br />

entre l’université et l’<strong>in</strong>dustrie. En 2006, parmi les<br />

programmes LINK abordant les biosciences, on recensait<br />

140 projets impliquant 180 entreprises et f<strong>in</strong>ancés à<br />

h<strong>au</strong>teur de 29 M£ par le gouvernement et quatre en biotechnologie<br />

: Applied Genomics (Génomique appliquée),<br />

Analytical Biotechnology (Biotechnologie analytique),<br />

Renewable materials (Matéri<strong>au</strong>x renouvelables) et Bioremediation.<br />

Les derniers appels d’offres ont eu lieu en<br />

2005.<br />

18<br />

Science et Technologie <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> ♦ Janvier-Février 2011<br />

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Dossier<br />

Fig. 7 : Exemples de collaborations en Sciences du vivant <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong><br />

Source : « Life sciences <strong>in</strong> <strong>the</strong> UK- Economic analysis and evidence for Life Sciences 2010: Deliver<strong>in</strong>g <strong>the</strong> Bluepr<strong>in</strong>t<br />

(a)<br />

Fig. 8 : Comparaison de la localisation <strong>des</strong> centres de recherche et universités (a) et <strong>des</strong><br />

entreprises (b) en biotechnologie rouge<br />

Crédits : SST<br />

(b)<br />

www.ambascience.co.uk Science et Technologie <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> ♦ Janvier-Février 2011 19


Dossier<br />

5.2.6 Les Strategic Partnerships et « Research and<br />

Technology Clubs »<br />

En prolongement <strong>des</strong> LINK Programmes, les organismes<br />

publics britanniques se sont alliés pour créer <strong>des</strong><br />

Research and Technology Clubs. Dans le doma<strong>in</strong>e <strong>des</strong> <strong>biotechnologies</strong>,<br />

le BBSRC et l’EPSRC sont membres de six<br />

de ces clubs qui visent à renforcer les collaborations<br />

entre les secteurs public et privé.<br />

• Bioprocess<strong>in</strong>g Research Industry Club : suite <strong>au</strong> succès<br />

de la première phase du programme (BRIC 1,<br />

Club <strong>in</strong>dustriel de recherche sur les bioprocédés) d’un<br />

montant total de 13 M£ et réparti sur 25 projets, une<br />

deuxième phase du programme (BRIC 2) sera f<strong>in</strong>ancée<br />

à h<strong>au</strong>teur de 10 M£ à partir de 2011-12.<br />

• Diet and Health Research Industry Club : en association<br />

avec <strong>des</strong> gran<strong>des</strong> mult<strong>in</strong>ationales de l’agroalimentaire,<br />

le BBSRC, l’EPSRC, le MRC et le KTN Biosciences<br />

ont formé le DRINC (Club <strong>in</strong>dustriel de recherche<br />

sur la santé et l’alimentation) en 2005 pour une<br />

durée de c<strong>in</strong>q ans et f<strong>in</strong>ancé à h<strong>au</strong>teur de plus de<br />

10 M£, dans l’objectif d’encourager le développement<br />

de produits alimentaires plus sa<strong>in</strong>s.<br />

• Healthy Age<strong>in</strong>g Research and Technology Club : le<br />

club de recherche et de technologie pour un vieillissement<br />

en bonne santé devrait être lancé par le<br />

BBSRC. Les discussions avec <strong>des</strong> acteurs clés du doma<strong>in</strong>e<br />

prennent place depuis le début de l’année<br />

2009, et sont encore en cours.<br />

• Integrative Mammalian Biology : ce partenariat <strong>in</strong>titulé<br />

biologie <strong>in</strong>tégrative <strong>des</strong> mammifères, f<strong>in</strong>ancé à<br />

h<strong>au</strong>teur de 12,3 M£, a pour objectif d’étudier l’<strong>in</strong>fluence<br />

du génotype, huma<strong>in</strong> ou animal, sur le phénotype<br />

af<strong>in</strong> de mieux comprendre les mécanismes de<br />

développement <strong>des</strong> pathologies.<br />

• Integrated Bioref<strong>in</strong><strong>in</strong>g Research and Technology<br />

Club : le club de recherche et de technologie sur la<br />

bioraff<strong>in</strong>erie <strong>in</strong>tégrée, d’un budget de 6 M£ sur c<strong>in</strong>q<br />

ans, vise à identifier <strong>des</strong> nouvelles technologies pour<br />

lutter contre la dépendance en énergies fossiles et à<br />

dim<strong>in</strong>uer l’empre<strong>in</strong>te carbone du Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong>.<br />

• Crop Improvement Research Club : le club de recherche<br />

pour l’amélioration <strong>des</strong> cultures, fort d’un budget<br />

de 6 M£ sur c<strong>in</strong>q ans, est dédié à la recherche sur<br />

l’amélioration de la productivité et la qualité <strong>des</strong><br />

cultures <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong>, en termes d’apports nutritionnels<br />

et d’<strong>au</strong>gmentation <strong>des</strong> rendements pour<br />

limiter l’exploitation <strong>des</strong> terres arables.<br />

5.2.7 Les Bio<strong>in</strong>cubateurs et les Science Parks<br />

Des étu<strong>des</strong> ont montré que les startups localisées <strong>au</strong><br />

se<strong>in</strong> d’un bio<strong>in</strong>cubateur ou d’un Science Park bénéficient<br />

d’<strong>in</strong>vestissements plus conséquents que celles<br />

n’appartenant pas à ces structures. C’est sans surprise<br />

que l’on constate, figure 11, une corrélation importante<br />

entre la localisation <strong>des</strong> universités et centres de recherche<br />

d’excellence (figure 1), les entreprises spécialisées<br />

(figure 2), les bioparcs et cio<strong>in</strong>cubateurs (figure.<br />

10) et les <strong>in</strong>vestissements tot<strong>au</strong>x alloués <strong>au</strong>x startups<br />

(figure 11). C’est sur ces données que la décision du<br />

Stevenage Research Park a pris forme.<br />

(a)<br />

(b)<br />

Fig. 9 : Comparaison de la localisation <strong>des</strong> centres de recherche et <strong>des</strong> universités (a) et <strong>des</strong><br />

entreprises (b) en <strong>biotechnologies</strong> <strong>in</strong>dustrielles<br />

Crédits : SST<br />

20<br />

Science et Technologie <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> ♦ Janvier-Février 2011<br />

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Dossier<br />

Fig. 10 : Régions fortes en termes de bioparks <strong>des</strong> sciences<br />

du vivant et de bio<strong>in</strong>cubateurs<br />

Source : Biocity Nott<strong>in</strong>gham Ltd<br />

Fig. 11 : Répartition <strong>des</strong> <strong>in</strong>vestissements tot<strong>au</strong>x pour les<br />

startups par région<br />

Source : BioCity Nott<strong>in</strong>gham Ltd<br />

6. Discussion<br />

6.1 La révolution manquée <strong>des</strong> <strong>biotechnologies</strong><br />

médicales<br />

Si l’étude effectuée a pu montrer les forces du<br />

Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> en matière de <strong>biotechnologies</strong>, <strong>des</strong><br />

scientifiques britanniques travaillant sur les aspects<br />

économiques, soci<strong>au</strong>x, f<strong>in</strong>anciers et scientifiques <strong>des</strong><br />

<strong>biotechnologies</strong> viennent nuancer ce paysage très positif.<br />

Selon l’un de leurs articles <strong>au</strong>cune révolution biotechnologique<br />

n’a réellement eu lieu, et les espoirs de<br />

médicaments révolutionnaires ne se sont pas réalisés.<br />

Selon eux, l’expansion du secteur <strong>au</strong>rait suivi un schéma<br />

de développement <strong>in</strong>crémental classique, et le<br />

transfert <strong>des</strong> découvertes vers une application <strong>in</strong>dustrielle<br />

s’est avéré plus ardu qu’<strong>in</strong>itialement imag<strong>in</strong>é.<br />

Parmi les données chiffrées soutenant cette op<strong>in</strong>ion,<br />

notons que l’<strong>au</strong>gmentation du nombre de brevets sur<br />

les nouvelles molécules depuis la f<strong>in</strong> <strong>des</strong> années 70 a<br />

largement été dépassée par celle <strong>des</strong> budgets de R&D,<br />

démontrant a<strong>in</strong>si une baisse de la productivité.<br />

Par ailleurs, le secteur <strong>des</strong> <strong>biotechnologies</strong> n’<strong>au</strong>ra<br />

f<strong>in</strong>alement pas été le sacré graal attendu par les géants<br />

pharmaceutiques, les produits développés ne générant<br />

que très rarement <strong>des</strong> revenus importants. Avec le recul<br />

et en raison de l’avancée <strong>des</strong> connaissances en génomique<br />

et métabolomique, ceci n’est qu’une demisurprise<br />

: les produits médicamenteux développés par<br />

les entreprises de <strong>biotechnologies</strong> sont de plus en plus<br />

spécifiques et touchent <strong>des</strong> tranches de populations<br />

restre<strong>in</strong>tes, qui ne peuvent être prescrits à tout le monde.<br />

Nous entrons dans l’ère de la médec<strong>in</strong>e stratifiée<br />

ou personnalisée. Selon les scientifiques de cette étude,<br />

il se pourrait également que la génomique ayant été la<br />

discipl<strong>in</strong>e phare de ces deux dernières années, elle nécessite<br />

<strong>au</strong>jourd’hui <strong>des</strong> discipl<strong>in</strong>es « sœurs », négligées<br />

jusque là, qui aident à l’essor du doma<strong>in</strong>e dans son<br />

ensemble.<br />

Au plan f<strong>in</strong>ancier, les <strong>biotechnologies</strong> rouges ont<br />

longtemps surfé sur la vague de leur important potentiel<br />

et démontré un fort pouvoir de persuasion sur les<br />

décideurs et <strong>in</strong>vestisseurs, malgré les risques encourus.<br />

Les <strong>au</strong>teurs de l’article critiquent l’optimisme démesuré<br />

<strong>des</strong> dirigeants concernant les répercussions sur<br />

l’économie britannique de ces <strong>in</strong>vestissements en R&D<br />

dans le secteur <strong>des</strong> <strong>biotechnologies</strong>. Il <strong>au</strong>ra fallu une<br />

crise f<strong>in</strong>ancière mondiale sans précédent pour que cet<br />

optimisme chute et que les <strong>in</strong>vestisseurs demandent<br />

davantage de garanties de succès <strong>au</strong>x entreprises en<br />

devenir. Malgré cela, et une année 2009 assez rassurante<br />

en matière de levée de fonds, l’environnement<br />

f<strong>in</strong>ancier reste la pr<strong>in</strong>cipale préoccupation <strong>des</strong> acteurs,<br />

<strong>au</strong>ssi bien privés que publics. Selon une étude de PricewaterhouseCoopers,<br />

près de 80 % <strong>des</strong> entreprises européennes<br />

de biotechnologie possédant <strong>des</strong> produits et<br />

<strong>des</strong> plates-formes technologiques en cours de développement<br />

(ou sur le marché) ont un beso<strong>in</strong> urgent de<br />

f<strong>in</strong>ancement qui s’élève à 2,95 Md£. Or seulement<br />

410 M£ ont été levés <strong>au</strong> cours du premier semestre<br />

2010.<br />

Enf<strong>in</strong>, il est devenu clair <strong>au</strong> cours <strong>des</strong> deux dernières<br />

décennies que le modèle économique pratiqué jusque<br />

là par les pharmas/biotech s’essouffle, la protection<br />

<strong>in</strong>tellectuelle étant l’aspect le plus critiqué en particulier<br />

en raison <strong>des</strong> sommes dépensées à cet effet.<br />

Pour pallier ces problèmes, notons : la création de fédérations<br />

de partage d’<strong>in</strong>formation sur la recherche<br />

précompétitive, qui rassembleraient <strong>des</strong> données provenant<br />

<strong>des</strong> secteurs privé et public ; la multiplication<br />

<strong>des</strong> partenariats entre pharmas ou entre biotechs pour<br />

partager les frais de développement (comme cela se<br />

fait déjà dans le doma<strong>in</strong>e <strong>au</strong>tomobile), tels AstraZeneca<br />

et Merck s’associant pour développer une thérapie<br />

commune contre le cancer. Des organismes comme The<br />

Human Proteome Organisation’s Proteomics Standards<br />

Initiative ou The Cl<strong>in</strong>ical Data Interchange Standards<br />

Consortium travaillent actuellement à la mise en œuvre<br />

de standards pour tous les acteurs du secteur, pour<br />

que les données soient exploitables par tous. De plus,<br />

les gran<strong>des</strong> sociétés d’<strong>in</strong>formatique (IBM, Hewlett-<br />

www.ambascience.co.uk Science et Technologie <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> ♦ Janvier-Février 2011 21


Dossier<br />

Packard) mettent en place <strong>des</strong> projets pour créer <strong>des</strong><br />

plateformes hôtes sur le modèle du cloud comput<strong>in</strong>g.<br />

6.2 L’essor <strong>des</strong> <strong>biotechnologies</strong> <strong>in</strong>dustrielles<br />

Le relatif succès <strong>des</strong> IB reflète notamment le retard<br />

du gouvernement à s’y impliquer (la IB-IGT créée c<strong>in</strong>q<br />

ans après la B-IGT), <strong>in</strong>sufflé <strong>au</strong> moment de la prise de<br />

conscience du changement climatique global et la nécessité<br />

pour le Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> de réduire son empre<strong>in</strong>te<br />

carbone. Ce retard s’explique également par le manque<br />

de communications et de connaissances du secteur de<br />

la part <strong>des</strong> <strong>in</strong>vestisseurs et la faiblesse du secteur <strong>in</strong>dustriel<br />

<strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> (23,6 % du PIB en 2008). Malgré<br />

cela, les <strong>biotechnologies</strong> <strong>in</strong>dustrielles bénéficient<br />

d’un engouement <strong>in</strong>ternational récent très fort et on<br />

promet l’émergence de marchés coloss<strong>au</strong>x dans les<br />

décennies à venir. Une révolution technologique majeure<br />

est annoncée, tout comme il y a 20 ans dans le cas<br />

<strong>des</strong> <strong>biotechnologies</strong> médicales. La nécessité mondiale<br />

de réduire la dépendance en énergies fossiles met les<br />

<strong>biotechnologies</strong> <strong>in</strong>dustrielles <strong>au</strong> premier plan pour<br />

substituer le carburant classique de nos moyens de<br />

transport par de l’hydrogène ou de l’électricité ou les<br />

agrocarburants. Ces derniers entraînent une compétition<br />

entre les cultures alimentaires et les cultures alternatives,<br />

soulèvant une question ép<strong>in</strong>euse en termes de<br />

sécurité alimentaire.<br />

Au Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong>, comme en Europe, le développement<br />

de ce secteur risque de rencontrer d’<strong>au</strong>tres difficultés<br />

telles que la raréfaction de la disponibilité en<br />

matières premières. Cette question importante pourrait<br />

fortement nuancer les discours les plus optimistes<br />

sur le secteur IB britannique. Deux aspects limitant son<br />

développement sont la dépendance de l’Europe pour<br />

l’importation de biomasse d’ici 2020 et la politique restrictive<br />

de l’Europe en matière d’OGM. Ceci pousse de<br />

nombreuses entreprises européennes à s’implanter<br />

dans les pays producteurs de biomasse, à exploiter<br />

celle-ci et à rapatrier en Europe un produit à forte valeur<br />

ajoutée.<br />

Les prévisions à l’horizon 2015 <strong>in</strong>diquent que les<br />

énergies fossiles occuperont encore 75 % du marché de<br />

l’énergie et de la chimie <strong>au</strong>x États-<strong>Uni</strong>s, suggérant que<br />

les <strong>biotechnologies</strong> <strong>in</strong>dustrielles ne supplanteront véritablement<br />

les matières premières traditionnelles que<br />

lorsque la rentabilité du pétrole sera <strong>in</strong>férieure à celle<br />

de la biomasse. Le Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong>, quant à lui, développe<br />

<strong>des</strong> niches <strong>au</strong> se<strong>in</strong> de ces niches (biocatalyse, biofermentation),<br />

et cherchera à exceller dans ces doma<strong>in</strong>es<br />

très spécifiques sur la scène <strong>in</strong>ternationale.<br />

6.3 Le transfert de connaissances sur la sellette<br />

Le cas du transfert de technologies fait débat <strong>au</strong><br />

Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> mais une chose est sûre, le gouvernement<br />

a mis en place <strong>des</strong> mesures pour encourager la<br />

science à endosser une dimension économique. Certa<strong>in</strong>s<br />

acteurs estiment que ces mesures ont permis de<br />

casser l’image de la recherche britannique qui est de<br />

produire <strong>des</strong> connaissances exploitées uniquement à<br />

l’étranger. Dans le doma<strong>in</strong>e de la biotechnologie, particulièrement<br />

dans les <strong>biotechnologies</strong> médicales, certa<strong>in</strong>es<br />

personnes critiquent le système actuel et dénoncent<br />

une confusion entre un transfert de connaissances<br />

réussi et un f<strong>in</strong>ancement massif de la recherche appliquée<br />

uniquement orienté vers les beso<strong>in</strong>s <strong>des</strong> entreprises.<br />

Selon certa<strong>in</strong>s acteurs de la R&D britannique, la<br />

formation scientifique a trop longtemps exclu la notion<br />

de commercialisation du produit de la recherche. Dans<br />

le doma<strong>in</strong>e <strong>des</strong> IB, les partenariats entre universités et<br />

entreprises sont récents, et davantage de temps est nécessaire<br />

pour évaluer l’efficacité du transfert de<br />

connaissances et de technologies émanant de la recherche.<br />

F<strong>in</strong>alement, le manque de moyens f<strong>in</strong>anciers est<br />

un problème européen et non britannique, les budgets<br />

alloués à l’<strong>in</strong>novation et <strong>au</strong> transfert de technologies<br />

étant relativement restre<strong>in</strong>ts (2 % dans le 7 ème PCRD).<br />

Pour d’<strong>au</strong>tres, les structures <strong>in</strong>ternes <strong>au</strong>x organismes<br />

de recherche et leur mission de renforcer le transfert<br />

de technologies accélèrent l’<strong>in</strong>novation dans les<br />

entreprises. Un débat est actuellement en tra<strong>in</strong> de naître,<br />

cependant, qui suggère que la multiplicité de ces<br />

organismes de valorisation n’est pas optimum et est<br />

très coûteux.<br />

Conclusion<br />

Le formidable essor <strong>des</strong> <strong>biotechnologies</strong> médicales<br />

<strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> depuis le début <strong>des</strong> années 90 est à<br />

mettre en parallèle avec la politique volontariste du<br />

gouvernement travailliste en termes de f<strong>in</strong>ancement de<br />

la recherche publique (+ 10 % du budget entre 1998 et<br />

2004). Bénéficiant de plus de la grande renommée de<br />

ses universités comptant parmi les plus prestigieuses<br />

<strong>au</strong> monde, les <strong>biotechnologies</strong> médicales britanniques<br />

ont réussi à produire une <strong>des</strong> meilleures recherches<br />

mondiales dans le doma<strong>in</strong>e. Même si la réussite de<br />

l’exploitation de la recherche divise encore, les trav<strong>au</strong>x<br />

scientifiques réalisés en biotechnologie ont su être valorisés<br />

sur le territoire britannique pour voir émerger<br />

un tissu <strong>in</strong>dustriel fort, pr<strong>in</strong>cipalement localisé <strong>au</strong>tour<br />

<strong>des</strong> pôles de connaissances (Cambridge, Oxford, Manchester,<br />

Edimbourg). À partir du début <strong>des</strong> années<br />

2000, le TSB était créé pour favoriser la construction<br />

d’un rése<strong>au</strong> professionnel fort dont la mission est d’accélérer<br />

la croissance de l’<strong>in</strong>novation. Aux associations<br />

nationales de mise en rése<strong>au</strong> <strong>des</strong> acteurs qui préexistait<br />

(comme le BIA) se sont ajoutées <strong>des</strong> structures d’<strong>in</strong>itiative<br />

régionale telles Bionow. C’est également dans ces<br />

années que les universités ont commencé à mettre <strong>des</strong><br />

places <strong>des</strong> structures de valorisation de la recherche<br />

effectuée sur le campus comme Isis Innovation<br />

(Oxford), Cambridge Enterprise Ltd (Cambridge) ou<br />

UCLBus<strong>in</strong>ess (UCL). Depuis les années 90, les sociétés<br />

pharmaceutiques ont progressivement dim<strong>in</strong>ué leurs<br />

<strong>in</strong>vestissements en R&D et racheté de petites entreprises<br />

de <strong>biotechnologies</strong> prometteuses af<strong>in</strong> de renouveler<br />

leur pipel<strong>in</strong>e qui dim<strong>in</strong>uait de façon alarmante. La<br />

frontière entre entreprises purement pharmaceutique<br />

et uniquement spécialisée dans la biotechnologie est<br />

22<br />

Science et Technologie <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> ♦ Janvier-Février 2011<br />

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devenue floue. Le bus<strong>in</strong>ess model de ce secteur est <strong>au</strong>jourd’hui<br />

en mouvance et si les contours du nouve<strong>au</strong><br />

modèle se mettent progressivement en place, ceux-ci<br />

sont encore lo<strong>in</strong> d’être déf<strong>in</strong>itifs. Les <strong>biotechnologies</strong><br />

rouges peuvent également souffrir du gel budgétaire<br />

de la recherche mais plusieurs grands projets sont en<br />

tra<strong>in</strong> d’être développés et elles restent portées par un<br />

marché de la santé en expansion. Il y a fort à parier que<br />

le Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> va fortement soutenir l’un <strong>des</strong> derniers<br />

bastions de l’<strong>in</strong>dustrie britannique, d’<strong>au</strong>tant plus<br />

qu’il sera, très bientôt, en concurrence avec les pays<br />

émergents comme la Ch<strong>in</strong>e et l’Inde.<br />

L’<strong>in</strong>térêt que le gouvernement porte les <strong>biotechnologies</strong><br />

<strong>in</strong>dustrielles est be<strong>au</strong>coup plus récent (2 ème<br />

moitié <strong>des</strong> années 2000) avant d’étudier les mesures<br />

envisageables pour développer les <strong>biotechnologies</strong><br />

<strong>in</strong>dustrielles. Elles se développent progressivement,<br />

particulièrement <strong>au</strong> nord de l’Angleterre et <strong>au</strong> Pays de<br />

Galles et quelques centres de recherche d’excellence<br />

mondiale se sont spécialisés dans <strong>des</strong> thématiques<br />

précises <strong>au</strong> se<strong>in</strong> <strong>des</strong> <strong>biotechnologies</strong> <strong>in</strong>dustrielles. Malgré<br />

cela, le tissu <strong>in</strong>dustriel <strong>des</strong> IB reste très diffus et le<br />

secteur n’a pas encore construit de rése<strong>au</strong> professionnel<br />

fort. La faible disponibilité en matière première du<br />

pays, la réactivité tardive <strong>des</strong> <strong>au</strong>torités, le gel du<br />

budget de la recherche jusqu’en 2015 et la réglementation<br />

européenne en matière d’OGM limite la croissance<br />

de ce secteur. Si <strong>au</strong>cune mesure forte n’est prise<br />

d’ici là, le Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> pourrait donc être condamné<br />

à concentrer ses efforts sur quelques niches comme la<br />

biocatalyse ou les procédés enzymatiques. Les <strong>biotechnologies</strong><br />

bleues restent encore un doma<strong>in</strong>e peu reconnu<br />

<strong>in</strong>ternationalement et il ne tient qu’<strong>au</strong> gouvernement<br />

britannique, compte tenu <strong>des</strong> ressources<br />

maritimes britanniques, de faire le pari de devenir une<br />

<strong>des</strong> nations fortes dans ce secteur très prometteur.<br />

- Rapport conjo<strong>in</strong>t RCUK et <strong>Uni</strong>versities UK, 2010, « Substantial<br />

Susta<strong>in</strong>ability and Efficiency <strong>in</strong> Full Economic Cost<strong>in</strong>g of Research<br />

<strong>in</strong> UK Higher Education Institutions », http://www.rcuk.ac.uk/<br />

documents/reviews/fec/fECReviewReport.pdf<br />

- Rapport conjo<strong>in</strong>t BIS, UKTI et DH, 2009, « Strength and Opportunity<br />

», http://www.berr.gov.uk/files/file53947.pdf<br />

- « Strength and Opportunity », 2010, http://www.bis.gov.uk/<br />

assets/biscore/bus<strong>in</strong>ess-sectors/docs/s/10-p90-strength-andopportunity-bioscience-and-health-technology-sectors.pdf<br />

- « Science et Technologie <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> », novembre-décembre<br />

2009, p. 4, http://www.ambafrance-uk.org/Le-panorama-<strong>des</strong>-OGM<br />

-<strong>au</strong>-Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong>.html<br />

- « The 2009 R&D Scoreboard », http://www.<strong>in</strong>novation.gov.uk/<br />

rd_scoreboard/downloads/2009_RD_Scoreboard_analysis.pdf<br />

- S&T <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong>, Novembre-Décembre 2010, p 24<br />

- Rapport INNOVA Europe, 2008, « Sectoral Innovation Systems<br />

<strong>in</strong> Europe: Monitor<strong>in</strong>g, Analys<strong>in</strong>g Trends and Identify<strong>in</strong>g Challenges<br />

<strong>in</strong> Biotechnology », http://archive.europe-<strong>in</strong>nova.eu/docs/<br />

SIW_SR_Biotechnology_20080508.pdf<br />

- « Actualités scientifiques eu Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> », mai-ju<strong>in</strong> 2008, p.<br />

12, http://www.ambafrance-uk.org/Rapport-du-Health-Committeede-la.html<br />

- « Science et Technologie <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> », juillet-Août 2009, p.<br />

4, http://www.ambafrance-uk.org/Les-politiques-de-soutienpublic.html<br />

- The UK Strategic Investment Funds, Interim Report, http://<br />

www.bis.gov.uk/files/file53157.pdf<br />

Dossier<br />

Dossier rédigé par Dr Claire Mouchot, à partir du<br />

rapport de Benjam<strong>in</strong> Raimb<strong>au</strong>lt, élève à Agro Paris-<br />

Tech—Institut <strong>des</strong> sciences et <strong>in</strong>dustries du vivant et<br />

de l’environnement<br />

Sources :<br />

- « OECD Science, 2009, « Technology and Industry Scoreboard:<br />

<strong>Uni</strong>ted K<strong>in</strong>gdom Highlights », http://www.oecd.org/<br />

document/58/0,3746,en_2649_34173_44260090_1_1_1_1,00.html<br />

- JRC, Commission Européenne, «Biotechnology study for Europe<br />

», http://bio4eu.jrc.ec.europa.eu/<br />

- The UK Centre for Medical Research and Innovation, http://<br />

www.ukcmri.ac.uk/<br />

- Michael M. Hopk<strong>in</strong>s et al., « The myth of <strong>the</strong> biotech revolution:<br />

An assessment of technological, cl<strong>in</strong>ical and organisational<br />

change », Research Policy, 2007, vol. 36 (4), pages 566-589<br />

- PricewaterhouseCoopers, 2010, « Global pharma looks to India:<br />

Prospects for growth », http://www.pwc.com/en_GX/gx/pharmalife-sciences/pdf/global-pharma-looks-to-<strong>in</strong>dia-f<strong>in</strong>al.pdf<br />

- World Bank, World Development Indicators, http://<br />

data.worldbank.org/data-catalog/world-development-<strong>in</strong>dicators<br />

cid=GPD_WDI<br />

- NESTA, Annual Report, 2008, http://www.nesta.org.uk/library/<br />

documents/annual-review-2008.pdf<br />

www.ambascience.co.uk Science et Technologie <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> ♦ Janvier-Février 2011 23


Politique scientifique et technique<br />

Centres de technologie et d’<strong>in</strong>novation - où en est-on <br />

Selon le Manuel d'Oslo, pr<strong>in</strong>cipale<br />

source <strong>in</strong>ternationale de pr<strong>in</strong>cipes<br />

directeurs en matière de collecte<br />

et d'utilisation d'<strong>in</strong>formations<br />

sur les activités d'<strong>in</strong>novation dans<br />

l'<strong>in</strong>dustrie publiée par l’OCDE,<br />

« les facteurs touchant directement<br />

l’<strong>in</strong>novation relèvent de trois gran<strong>des</strong><br />

catégories : le monde <strong>des</strong> affaires (« les<br />

entreprises »), les <strong>in</strong>stitutions scientifiques<br />

et technologiques, et les processus<br />

de transfert et d’assimilation de la<br />

technologie, du savoir et <strong>des</strong> compétences.<br />

De plus, la recherche sur l’<strong>in</strong>novation<br />

a permis de recenser un certa<strong>in</strong><br />

nombre de facteurs huma<strong>in</strong>s, soci<strong>au</strong>x<br />

et culturels qui sont d’une importance<br />

capitale pour le bon fonctionnement de<br />

l’<strong>in</strong>novation <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> de l’entreprise.<br />

La plupart de ces facteurs tournent<br />

<strong>au</strong>tour de la notion d’apprentissage.<br />

Ils concernent la facilité <strong>des</strong> communications<br />

à l’<strong>in</strong>térieur <strong>des</strong> organisations,<br />

les <strong>in</strong>teractions <strong>in</strong>formelles, la coopération<br />

et les voies de transmission de<br />

l’<strong>in</strong>formation et <strong>des</strong> compétences <strong>au</strong><br />

se<strong>in</strong> <strong>des</strong> organisations et entre elles<br />

[…] ». Il apparaît donc, selon cette<br />

déf<strong>in</strong>ition, que l’<strong>in</strong>novation est un<br />

véritable écosystème, complexe,<br />

reposant sur l’établissement de<br />

liens entre différents acteurs et sur<br />

un transfert efficace de technologies<br />

et de connaissances, par le<br />

biais de communication et de coopération.<br />

Le transfert de technologies et<br />

de connaissances entre le milieu<br />

académique et l’<strong>in</strong>dustrie, <strong>in</strong>itié de<br />

façon relativement lente à l’échelle<br />

mondiale, a été rapidement remplacé<br />

par une sorte de course entre<br />

différentes nations, chacune visant<br />

à exploiter <strong>au</strong> plus vite les nouvelles<br />

découvertes technologiques<br />

dans le but d’en retirer un bénéfice<br />

économique. Si la position privilégiée<br />

du Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> en termes de<br />

recherche scientifique n’est plus à<br />

démontrer, <strong>des</strong> mesures doivent<br />

cependant être prises pour parvenir<br />

à correctement transférer les<br />

connaissances académiques vers le<br />

milieu <strong>in</strong>dustriel, et les exploiter<br />

af<strong>in</strong> d’en retirer le bénéfice économique<br />

escompté.<br />

Les partis travailliste et conservateur<br />

britanniques ont tous deux<br />

bien compris ce dilemme entre excellence<br />

scientifique, d’une part, et<br />

aptitude à la transformer en succès<br />

<strong>in</strong>dustriel et économique, d’<strong>au</strong>tre<br />

part. C’est pourquoi Lord Mandelson<br />

et David Cameron, courant<br />

2009, ont tous deux commissionné<br />

respectivement Hermann H<strong>au</strong>ser,<br />

entrepreneur basé à Cambridge, et<br />

James Dyson, <strong>in</strong>venteur et <strong>des</strong>igner<br />

britannique, pour produire <strong>des</strong> rapports<br />

présentant l’état <strong>des</strong> lieux de<br />

l’écosystème de l’<strong>in</strong>novation britannique<br />

et les recommandations à<br />

adresser <strong>au</strong> gouvernement concernant<br />

les mesures à mettre en place<br />

pour permettre l’établissement d’un<br />

système efficace de transfert de<br />

connaissances et de technologies<br />

entre le monde académique et le<br />

monde <strong>in</strong>dustriel. Dans leurs rapports<br />

publiés <strong>au</strong> premier trimestre<br />

2010 et respectivement <strong>in</strong>titulés<br />

« The current and future role of Technology<br />

and Innovation Centres <strong>in</strong> <strong>the</strong><br />

UK » et « Ingenious Brita<strong>in</strong> », Hermann<br />

H<strong>au</strong>ser et James Dyson ont<br />

a<strong>in</strong>si présenté une série de recommandations<br />

<strong>au</strong> gouvernement, qui<br />

s’est engagé à développer un rése<strong>au</strong><br />

de centres de technologie et d’<strong>in</strong>novation<br />

(TIC, Technology and Innovation<br />

Centres), <strong>in</strong>spirés du modèle<br />

allemand <strong>des</strong> Instituts Fr<strong>au</strong>nhofer.<br />

À la suite <strong>des</strong> élections du mois<br />

de mai 2010, le nouve<strong>au</strong> gouvernement<br />

de coalition de David Cameron<br />

s’est engagé à mettre en application<br />

les recommandations <strong>des</strong><br />

rapports H<strong>au</strong>ser et Dyson et à faire<br />

du Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> un leader en matière<br />

d’exportation de produits de<br />

h<strong>au</strong>te technologie <strong>au</strong> se<strong>in</strong> de l’Europe<br />

et de refocaliser le crédit impôt<br />

recherche sur les entreprises de<br />

h<strong>au</strong>te technologie, les petites entreprises<br />

et les start-ups. En octobre<br />

2010, David Cameron a également<br />

renforcé la volonté du gouvernement<br />

de soutenir le développement<br />

<strong>des</strong> TIC en annonçant un <strong>in</strong>vestissement<br />

de plus de 200 M£ sur quatre<br />

ans, dans le cadre d’un programme<br />

de grande envergure d’<strong>in</strong>vestissement<br />

pour l’<strong>in</strong>novation.<br />

Suite à cette annonce, le conseil<br />

stratégique pour la technologie<br />

(TSB, Technology Strategy Board),<br />

l’agence nationale britannique de<br />

l’<strong>in</strong>novation, s’est attelé à la réalisation<br />

d’une brochure, publiée le 6<br />

janvier 2011 1 . Le but de cette brochure<br />

est de présenter les <strong>in</strong>tentions<br />

du TSB en termes d’objectifs, de<br />

rôle, de gouvernance et de f<strong>in</strong>ancement<br />

pour chaque TIC. Cette <strong>in</strong>itiative<br />

s’effectue en parallèle d’une<br />

enquête du House of Commons Science<br />

and Technology Committee, dont<br />

les recommandations seront également<br />

ultérieurement prises en<br />

compte.<br />

Six doma<strong>in</strong>es d’<strong>in</strong>térêt technologique<br />

particulier ont été identifiés<br />

pour la première phase de trois à<br />

quatre TIC qui vont être développés<br />

d’ici à 2012 :<br />

• activités manufacturières à forte<br />

valeur ajoutée ;<br />

• énergie et ressources ;<br />

• transport ;<br />

• services de santé ;<br />

• <strong>in</strong>formation et communication ;<br />

• électronique, photonique et systèmes<br />

électriques.<br />

Le TSB demandait, par l’<strong>in</strong>termédiaire<br />

de cette brochure et à tous<br />

les acteurs concernés, de faire part<br />

de leurs remarques et de leurs commentaires<br />

avant le 18 février 2011.<br />

Le premier TIC qui sera développé<br />

<strong>au</strong>ra pour thématique les activités<br />

manufacturières à forte valeur ajoutée,<br />

et le TSB <strong>in</strong>vitait tous les organismes<br />

<strong>in</strong>téressés par la formation<br />

d’un tel centre à se manifester avant<br />

le 31 janvier 2011.<br />

La brochure réalisée par le TSB<br />

présente le cadre et la politique<br />

adoptée pour l’établissement <strong>des</strong><br />

TIC, <strong>au</strong> travers de trois po<strong>in</strong>ts majeurs<br />

:<br />

• mode de f<strong>in</strong>ancement ;<br />

• gouvernance ;<br />

• doma<strong>in</strong>es technologiques considérés<br />

et implication.<br />

Déf<strong>in</strong>ition et mode de f<strong>in</strong>ancement<br />

Les TIC, orientés vers le bus<strong>in</strong>ess,<br />

représentent une passerelle<br />

24<br />

Science et Technologie <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> ♦ Janvier-Février 2011<br />

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entre le milieu académique et l’<strong>in</strong>dustrie,<br />

et complémentent le programme<br />

national britannique d’<strong>in</strong>vestissement<br />

dans le doma<strong>in</strong>e de<br />

l’<strong>in</strong>novation (Innovation Platforms,<br />

Knowledge Transfer Networks, Knowledge<br />

Transfer Partnerships, Small<br />

Bus<strong>in</strong>ess Research Initiative…). L’<strong>in</strong>vestissement<br />

f<strong>in</strong>ancier substantiel<br />

que recevra chaque TIC permettra<br />

de l’établir en tant que centre de<br />

renommée mondiale avec un impact<br />

global à l’étape précommerciale<br />

du développement de<br />

produits. Chaque TIC permettra<br />

l’accès, pour les entreprises, <strong>au</strong>x<br />

meilleurs experts techniques, <strong>in</strong>frastructure,<br />

compétences et équipement<br />

qui seraient, en d’<strong>au</strong>tres<br />

circonstances, non accessibles <strong>au</strong>x<br />

entreprises <strong>in</strong>dividuelles.<br />

À l’image <strong>des</strong> <strong>in</strong>stituts Fr<strong>au</strong>nhofer,<br />

dont un tiers du budget provient<br />

du gouvernement, un tiers du<br />

secteur privé, et un tiers de projets<br />

de recherche octroyés sur <strong>des</strong> fonds<br />

publics de manière compétitive à<br />

l’échelle du pays, le f<strong>in</strong>ancement de<br />

chacun de ces TIC sera constitué<br />

d’un mélange de budget central<br />

<strong>in</strong>vesti par le TSB et de f<strong>in</strong>ancement<br />

<strong>in</strong>dustriel obtenu de façon<br />

compétitive. Une fois un centre<br />

établi, il sera attendu que son f<strong>in</strong>ancement<br />

soit généré équitablement à<br />

partir de trois sources :<br />

• contrats de R&D f<strong>in</strong>ancés par les<br />

entreprises et octroyés de façon<br />

compétitive ;<br />

• projets collaboratifs de R&D appliquée<br />

f<strong>in</strong>ancés par les secteurs<br />

public et privé, de façon compétitive<br />

;<br />

• f<strong>in</strong>ancement public central pour<br />

un <strong>in</strong>vestissement à long terme<br />

dans l’<strong>in</strong>frastructure, l’expertise<br />

et le développement de compétences.<br />

Chaque centre recevra un f<strong>in</strong>ancement<br />

central de 5 à 10 M£ par an<br />

pendant les c<strong>in</strong>q premières années,<br />

avec possibilité de renouvellement<br />

pendant les dix premières années<br />

dans la mesure où la performance<br />

du centre est en adéquation avec le<br />

bus<strong>in</strong>ess plan et la métrique déf<strong>in</strong>ie,<br />

le chiffre d’affaires annuel estimé<br />

sera de l’ordre de 20 à 30 M£, ce<br />

qui permettra l’emploi d’environ<br />

150 personnes h<strong>au</strong>tement qualifiées<br />

et le centre <strong>au</strong>ra pour obligation<br />

d’attirer 10 à 15 M£ d’<strong>in</strong>vestissement<br />

privé par an pour être viable.<br />

La mesure de la performance<br />

sera fondée, à long terme, sur<br />

l’<strong>au</strong>gmentation de la création de<br />

richesses pour le pays et l’efficacité<br />

de la commercialisation de nouvelles<br />

technologies. Sur le court terme,<br />

le nombre de nouve<strong>au</strong>x clients, le<br />

succès <strong>des</strong> projets entrepris, le développement<br />

de propriété <strong>in</strong>tellectuelle<br />

et la création de nouvelles<br />

entreprises seront <strong>au</strong>tant de critères<br />

pris en considération pour mesurer<br />

la performance, et donc le succès,<br />

<strong>des</strong> TIC.<br />

Gouvernance<br />

Une structure de gouvernance<br />

bien établie est nécessaire pour assurer<br />

la direction stratégique et la<br />

qualité <strong>des</strong> services fournis par<br />

chaque centre. La structure de gouvernance<br />

s’articulera <strong>au</strong>tour de<br />

trois éléments pr<strong>in</strong>cip<strong>au</strong>x :<br />

• un comité consultatif créé par le<br />

TSB, qui <strong>au</strong>ra pour objectif de<br />

superviser le rése<strong>au</strong> national de<br />

TIC et de rendre compte de l’évolution<br />

<strong>au</strong> conseil d’adm<strong>in</strong>istration<br />

du TSB ;<br />

• un comité de direction <strong>au</strong>tonome,<br />

<strong>au</strong> se<strong>in</strong> de chaque centre, qui supervisera<br />

les programmes d’activité<br />

et fournira les conseils requis<br />

sur tout aspect du travail ;<br />

• une petite équipe <strong>au</strong> se<strong>in</strong> du TSB<br />

ayant vocation de soutien <strong>au</strong> comité<br />

de supervision et qui assurera<br />

le respect du programme de<br />

f<strong>in</strong>ancement central <strong>au</strong> jour le<br />

jour.<br />

À l’échelle de chaque centre,<br />

une grande <strong>au</strong>tonomie opérationnelle<br />

sera respectée, mais un comité<br />

de direction devra être établi et<br />

composé d’utilisateurs et d’experts<br />

de la technologie propre <strong>au</strong> centre.<br />

Chaque centre sera une entité légale<br />

<strong>in</strong>dépendante, à but non lucratif,<br />

séparée de tout organisme hôte ou<br />

<strong>au</strong>tres partenaires majeurs. Chaque<br />

centre sera responsable de l’établissement<br />

de son bus<strong>in</strong>ess plan, du respect<br />

<strong>des</strong> objectifs centr<strong>au</strong>x, de la<br />

gestion <strong>des</strong> équipements et de la<br />

propriété <strong>in</strong>tellectuelle. Le comité<br />

directeur de chaque centre devra<br />

être représentatif du mélange de<br />

l’esprit enthousiaste entrepreneurial,<br />

de l’expérience <strong>in</strong>dustrielle et<br />

<strong>des</strong> connaissances académiques.<br />

Doma<strong>in</strong>es technologiques<br />

considérés<br />

L’établissement <strong>des</strong> centres se<br />

fera selon deux phases de développement<br />

: trois ou quatre centres<br />

seront mis en œuvre en 2011-2012<br />

et trois ou quatre <strong>au</strong>tres en 2012-<br />

2013. Pour s’assurer que les centres<br />

pressentis parviennent à sécuriser<br />

le f<strong>in</strong>ancement nécessaire à leur<br />

établissement et à leur développement,<br />

le TSB s’est <strong>in</strong>spiré <strong>des</strong> rapports<br />

de Hermann H<strong>au</strong>ser et James<br />

Dyson pour suggérer une liste de<br />

critères à adopter dans la déf<strong>in</strong>ition<br />

<strong>des</strong> thématiques à privilégier :<br />

• les marchés glob<strong>au</strong>x accessibles<br />

via le centre en question doivent<br />

être de l’ordre de plusieurs milliards<br />

de livres sterl<strong>in</strong>g par an ;<br />

• le Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> doit se positionner<br />

en tant que leader mondial en<br />

termes de recherche dans le doma<strong>in</strong>e<br />

considéré ;<br />

• les entreprises britanniques doivent<br />

avoir les compétences requises<br />

pour exploiter la technologie<br />

développée ;<br />

• les centres d’<strong>in</strong>novation et de<br />

technologie doivent permettre <strong>au</strong><br />

Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> d’attirer et d’ancrer<br />

les activités de recherche de<br />

gran<strong>des</strong> entreprises mobiles et<br />

sécuriser durablement la création<br />

de richesses pour le pays ;<br />

• les priorités propres à chaque<br />

centre doivent être étroitement<br />

alignées avec les priorités stratégiques<br />

nationales.<br />

Ces c<strong>in</strong>q critères seront utilisés<br />

pour évaluer la pert<strong>in</strong>ence <strong>des</strong> centres<br />

proposés. Lors de la première<br />

phase de développement <strong>des</strong> TIC,<br />

trois ou quatre doma<strong>in</strong>es technologiques<br />

seront sélectionnés dans la<br />

liste <strong>des</strong> six thèmes <strong>in</strong>diqués plus<br />

h<strong>au</strong>t.<br />

Ces doma<strong>in</strong>es sont très vastes et<br />

il est bien entendu que la majorité<br />

<strong>des</strong> centres <strong>au</strong>ront un objectif technologique<br />

plus spécialisé. Certa<strong>in</strong>s<br />

doma<strong>in</strong>es pourront nécessiter l’établissement<br />

de plusieurs centres et il<br />

n’y <strong>au</strong>ra par conséquent pas néces-<br />

Politique scientifique et technique<br />

Science et Technologie <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> ♦ Janvier-Février 2011<br />

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Politique scientifique et technique<br />

sairement un seul et unique centre<br />

par doma<strong>in</strong>e technologique.<br />

Le centre dédié <strong>au</strong>x activités<br />

manufacturières à forte valeur<br />

ajoutée sera le premier établi, le<br />

Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> se positionnant en<br />

tant que sixième plus grand fabricant<br />

mondial en termes de valeur<br />

ajoutée brute et les activités manufacturières<br />

à forte valeur ajoutée<br />

représentant un doma<strong>in</strong>e clé pour<br />

le TSB. Il est escompté que ce centre<br />

soit formé à partir d’un consortium<br />

englobant toute sorte de procédés<br />

de fabrication, <strong>des</strong> mét<strong>au</strong>x<br />

<strong>au</strong>x composites en passant par la<br />

biologie.■<br />

Maggy He<strong>in</strong>tz<br />

Pour de plus amples <strong>in</strong>formations<br />

concernant l’approche du TSB sur les activités<br />

manufacturières à forte valeur ajoutée et<br />

sa stratégie, se rapporter à<br />

www.<strong>in</strong>novateuk.org.<br />

1. http://www.<strong>in</strong>novateuk.org/_assets/<br />

pdf/corporate-publications/prospectus%<br />

20v10f<strong>in</strong>al.pdf<br />

De lour<strong>des</strong> menaces planent sur le système<br />

alimentaire et agricole mondial<br />

Le 24 janvier 2011, alors que l’<strong>in</strong>dice<br />

<strong>des</strong> prix <strong>des</strong> denrées alimentaires<br />

fourni par la Food and Agriculture<br />

Organization (FAO, organisation <strong>des</strong><br />

Nations <strong>Uni</strong>es pour l’alimentation et<br />

l’agriculture) atteignait un nouve<strong>au</strong><br />

sommet, un rapport consacré à l’avenir<br />

du système alimentaire et<br />

agricole mondial et son évolution<br />

jusqu’en 2050 a été publié <strong>au</strong> milieu<br />

d’un engouement médiatique remarqué.<br />

Ce document, réalisé à la<br />

demande du gouvernement britannique,<br />

est le fruit d’un projet de<br />

deux années mené par l’organisme<br />

Foresight avec le concours de 400<br />

experts venant de 35 pays différents.<br />

Foresight fait partie du Government<br />

Office for Science (le bure<strong>au</strong> pour les<br />

sciences du gouvernement) dont le<br />

rôle est de fournir <strong>au</strong>x décideurs<br />

politiques une prestation de conseil<br />

sur les sujets à caractère scientifique<br />

et technique.<br />

L’étude du fonctionnement du<br />

système alimentaire mondial actuel<br />

conduit à conclure qu’il n’est ni performant<br />

(puisque 925 millions de<br />

personnes souffrent de malnutrition),<br />

ni durable (puisqu’il consomme<br />

les ressources naturelles plus<br />

rapidement qu’elles ne se reconstituent).<br />

En outre, la situation est susceptible<br />

de se dégrader dans les procha<strong>in</strong>es<br />

années sous l’effet conjugué<br />

du changement climatique, de la<br />

compétition pour les ressources et<br />

surtout de la croissance démographique<br />

qui pourrait amener la population<br />

mondiale à compter 9 milliards<br />

d’êtres huma<strong>in</strong>s en 2050. Pour<br />

répondre à l’<strong>au</strong>gmentation de la<br />

demande, une projection de la FAO<br />

réalisée en 2009 prévoyait la nécessité<br />

d’une h<strong>au</strong>sse de 70 % de la production<br />

alimentaire sur la période<br />

2000-2050. A<strong>in</strong>si, l’épuisement <strong>des</strong><br />

ressources, l’<strong>au</strong>gmentation <strong>des</strong> prix<br />

de la nourriture, l’aggravation du<br />

problème de la faim, <strong>des</strong> tensions<br />

sociales et <strong>des</strong> flux migratoires accrus<br />

voire <strong>des</strong> conflits font partie<br />

<strong>des</strong> risques encourus, s<strong>au</strong>f à modifier<br />

en profondeur le système alimentaire<br />

et agricole mondial.<br />

Af<strong>in</strong> de prévenir de tels risques,<br />

et d’assurer la sécurité alimentaire<br />

<strong>des</strong> populations, <strong>des</strong> actions immédiates<br />

sont nécessaires sur de nombreux<br />

fronts. En particulier, les décideurs<br />

politiques du monde entier<br />

doivent prendre conscience que les<br />

thématiques de l’alimentation et de<br />

l’agriculture sont reliées à celles de<br />

l’énergie, de l’e<strong>au</strong>, de la biodiversité<br />

et du changement climatique. La<br />

déf<strong>in</strong>ition de mesures touchant à<br />

l’agriculture doit donc bénéficier<br />

d’une approche <strong>in</strong>tégrant cette<br />

complexité. Les rédacteurs du rapport<br />

dégagent de grands axes de<br />

travail : i) équilibrage de l’approvisionnement<br />

et de la demande en<br />

nourriture, ii) réduction <strong>des</strong> gaspillages,<br />

iii) meilleure gouvernance<br />

du système alimentaire mondial<br />

(qui passerait par la réduction <strong>des</strong><br />

barrières douanières et <strong>des</strong> subventions<br />

qui désavantagent les producteurs<br />

<strong>des</strong> pays du Sud). Enf<strong>in</strong>,<br />

les experts appellent de leurs vœux<br />

à l’implication de toutes les composantes<br />

de la société, <strong>des</strong> politiques<br />

<strong>au</strong>x entreprises, en passant par le<br />

public et les scientifiques, pour que<br />

soit possible une radicale modification<br />

du système alimentaire et agricole<br />

mondial. Malgré un constat<br />

relativement alarmant, la conclusion<br />

de l’étude ménage une note<br />

d’optimisme, fondée notamment<br />

sur la conscience grandissante de la<br />

nécessité de traiter le problème de<br />

la faim <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> mondial, et sur<br />

les progrès de la connaissance issue<br />

de la recherche.<br />

En effet, le rapport met en avant<br />

l’importance que revêt la poursuite<br />

<strong>des</strong> <strong>in</strong>vestissements dans la recherche<br />

et le développement dans les<br />

doma<strong>in</strong>es <strong>des</strong> sciences naturelles<br />

mais <strong>au</strong>ssi <strong>des</strong> sciences sociales. La<br />

contribution <strong>des</strong> scientifiques a<br />

pr<strong>in</strong>cipalement vocation à :<br />

• produire plus de nourriture, avec<br />

<strong>des</strong> coûts environnement<strong>au</strong>x plus<br />

faibles ;<br />

• réagir à <strong>des</strong> menaces qui évoluent,<br />

tels les parasites ou les maladies<br />

affectant les cultures ;<br />

26<br />

Science et Technologie <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> ♦ Janvier-Février 2011<br />

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• développer de nouvelles variétés<br />

de plantes capables de résister<br />

notamment <strong>au</strong>x pério<strong>des</strong> de sécheresse<br />

a<strong>in</strong>si qu’<strong>au</strong>x <strong>in</strong>ondations<br />

occasionnées par le changement<br />

climatique ;<br />

• être mieux à même de répondre<br />

<strong>au</strong>x beso<strong>in</strong>s <strong>des</strong> populations les<br />

plus p<strong>au</strong>vres.<br />

Pour cela, les scientifiques sont,<br />

en premier lieu, encouragés à<br />

considérer en permanence la viabilité<br />

économique <strong>des</strong> solutions qu’ils<br />

développent dans l’optique d’un<br />

déploiement à grande échelle ultérieur.<br />

Par ailleurs, vue l’ampleur<br />

<strong>des</strong> défis à relever, le rapport recommande<br />

de n’exclure <strong>au</strong>cune<br />

technologie a priori, pour <strong>des</strong> raisons<br />

morales ou éthiques, laissant<br />

la porte ouverte à l’utilisation d’organismes<br />

génétiquement modifiés,<br />

de techniques de clonage et <strong>des</strong><br />

nanotechnologies. L’accent doit<br />

être mis également sur la manière<br />

dont les résultats de la recherche se<br />

transforment en avancées concrètes<br />

pour les populations concernées<br />

par la malnutrition. En ce sens, les<br />

trav<strong>au</strong>x sur les semences très répandues<br />

dans les pays du Sud<br />

(sorgho, millet) constituent <strong>des</strong><br />

priorités.<br />

Le professeur Sir John Bedd<strong>in</strong>gton,<br />

conseiller scientifique du Premier<br />

M<strong>in</strong>istre, ayant déjà évoqué<br />

par le passé les risques engendrés<br />

par le « perfect storm », soit la comb<strong>in</strong>aison<br />

de la croissance démographique,<br />

de la dim<strong>in</strong>ution <strong>des</strong> ressources<br />

pour la production alimentaire<br />

et du changement climatique,<br />

considère que cette étude avance<br />

<strong>des</strong> arguments conva<strong>in</strong>cants pour<br />

<strong>in</strong>citer les gouvernements et tous<br />

les acteurs concernés à agir dès<br />

ma<strong>in</strong>tenant. Accompagné du professeur<br />

Charles Godfray, qui a présidé<br />

le groupe responsable du projet,<br />

Sir John Bedd<strong>in</strong>gton s’est exprimé<br />

lors de la présentation du rapport<br />

<strong>au</strong> parlement, organisée le<br />

9 février 2011 par le Parliamentary<br />

Office of Science & Technology (office<br />

parlementaire pour la science et la<br />

technologie). Ils ont a<strong>in</strong>si pu présenter<br />

devant un large public issu<br />

d’horizons divers (parlementaires,<br />

membres d’ONG, universitaires,<br />

Récolte céréalière en Ouzbékistan<br />

Crédits : World Bank Photo Collection, Creative Commons by-nc-nd 2.0<br />

etc.) les conclusions de l’étude et<br />

les grands enjeux qu’elle soulève.<br />

À la suite de sa publication, ce<br />

rapport sera présenté et discuté<br />

avec d’<strong>au</strong>tres gouvernements, la<br />

Commission Européenne et de<br />

gran<strong>des</strong> organisations <strong>in</strong>ternationales.<br />

L’objectif est avant tout d’amener<br />

le problème du système alimentaire<br />

et agricole mondial dans<br />

les premières lignes <strong>des</strong> ordres du<br />

jour <strong>in</strong>ternation<strong>au</strong>x.<br />

Quelques <strong>in</strong>terrogations subsistent<br />

cependant, <strong>au</strong> premier rang<br />

<strong>des</strong>quelles le po<strong>in</strong>t de vue global<br />

adopté par le projet de l’organisme<br />

Foresight, à contrepied de certa<strong>in</strong>s<br />

pays, comme le Kenya, qui cherchent<br />

d’ores et déjà à développer<br />

de nouvelles technologies adaptées<br />

<strong>au</strong>x spécificités géographiques <strong>des</strong><br />

cultures et surtout <strong>au</strong>x capacités de<br />

modernisation <strong>des</strong> fermiers : combien<br />

seront-ils, dans les pays du<br />

Sud, à pouvoir adopter de coûteuses<br />

métho<strong>des</strong> agricoles issues <strong>des</strong><br />

<strong>biotechnologies</strong> En outre, à la lumière<br />

<strong>des</strong> récentes évolutions <strong>des</strong><br />

négociations <strong>in</strong>ternationales sur le<br />

changement climatique, il est légitime<br />

de s’<strong>in</strong>terroger sur les mo<strong>des</strong> de<br />

prise de décisions et les cadres de<br />

négociation (le G20 et l’Organisation<br />

Mondiale du Commerce étant<br />

suggérés dans le rapport) à adopter<br />

pour que l’ensemble <strong>des</strong> acteurs<br />

dans le monde entier se mobilise<br />

<strong>au</strong>tour d’objectifs concrets. Malgré<br />

ces nuances, cette étude s’<strong>in</strong>téressant<br />

<strong>au</strong>x questions de l’agriculture,<br />

de l’alimentation et de la faim à<br />

l’échelle mondiale arrive à po<strong>in</strong>t<br />

nommé, dans la mesure où ces thèmes<br />

semblent souvent masqués par<br />

<strong>des</strong> réflexions à dimension économique<br />

ou par <strong>des</strong> thèmes plus en<br />

vogue comme le changement climatique.<br />

Elle constitue <strong>in</strong>déniablement<br />

un appel à l’action, dans lequel<br />

le rôle crucial du travail <strong>des</strong><br />

scientifiques dans la résolution <strong>des</strong><br />

grands défis de dema<strong>in</strong> se trouve,<br />

une nouvelle fois, réaffirmé. ■<br />

Joël Constant.<br />

Source :<br />

Rapport Foresight Global Food and Farm<strong>in</strong>g<br />

Futures, http://www.bis.gov.uk/<br />

foresight/our-work/projects/currentprojects/global-food-and-farm<strong>in</strong>g-futures/<br />

reports-and-publications<br />

Politique scientifique et technique<br />

Science et Technologie <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> ♦ Janvier-Février 2011<br />

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Sciences physiques et de la matière<br />

Terres rares et enjeux économiques mondi<strong>au</strong>x<br />

Les terres rares constituent un<br />

groupe d’éléments du table<strong>au</strong> périodique<br />

de Mendeleev ayant <strong>des</strong><br />

propriétés chimiques vois<strong>in</strong>es, et<br />

comprenant les qu<strong>in</strong>ze lanthani<strong>des</strong>,<br />

le scandium et l’yttrium. Largement<br />

utilisées dans les produits de<br />

h<strong>au</strong>te technologie et dans l’<strong>in</strong>dustrie<br />

bas carbone, les terres rares<br />

représentent un enjeu économique<br />

d’<strong>au</strong>tant plus considérable que la<br />

production mondiale actuelle est<br />

totalement contrôlée par la Ch<strong>in</strong>e.<br />

La Ch<strong>in</strong>e possède en effet 37 % <strong>des</strong><br />

réserves globales connues, contrôle<br />

60 % <strong>des</strong> ressources mondiales en<br />

terres rares et répond à plus de<br />

96 % de la demande mondiale en<br />

termes de production.<br />

Au-delà de la prise de conscience<br />

du monopole ch<strong>in</strong>ois, le paradoxe<br />

que représente l’exploitation<br />

néfaste pour l’environnement <strong>des</strong><br />

terres rares, souvent associées à <strong>des</strong><br />

composés radioactifs, af<strong>in</strong> d’extraire<br />

<strong>des</strong> éléments à même de permettre<br />

le développement de technologies<br />

vertes, est également un sujet<br />

de préoccupation actuel.<br />

Le Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> est un importateur<br />

relativement m<strong>in</strong>eur de terres<br />

rares. Les deux secteurs de l’<strong>in</strong>dustrie<br />

britannique en consommant<br />

sont les éoliennes et les véhicules<br />

électriques, et ne semblent pas, à<br />

l’heure actuelle, être affectés par les<br />

mesures restrictives ch<strong>in</strong>oises. Le<br />

gouvernement n’en surveille pas<br />

mo<strong>in</strong>s la situation et <strong>in</strong>cite très fortement<br />

les <strong>in</strong>dustriels à considérer<br />

les activités de récupération, de<br />

réutilisation et de recyclage. Une<br />

note de quatre pages 1 publiée en<br />

janvier 2011 par l’office parlementaire<br />

pour la science et la technologie<br />

(POST, Parliamentary Office of<br />

Science and Technology) est entièrement<br />

consacrée <strong>au</strong>x terres rares, et<br />

une enquête du Science and Technology<br />

Select Committee de la House of<br />

Commons (équivalent de l’OPECST,<br />

Office parlementaire <strong>des</strong> choix<br />

scientifiques et technologiques) a<br />

débuté le 10 novembre 2010 concernant<br />

les mét<strong>au</strong>x stratégiquement<br />

importants, dont les terres rares<br />

font partie. Dans le cadre de cette<br />

enquête, et dans l’attente de ses<br />

conclusions, vraisemblablement<br />

courant 2011, nous avons jugé utile<br />

de dresser un panorama <strong>des</strong> enjeux<br />

économiques mondi<strong>au</strong>x que représente<br />

le marché <strong>des</strong> terres rares à<br />

l’heure actuelle.<br />

Déf<strong>in</strong>ition<br />

Les terres rares sont un groupe<br />

de 17 éléments métalliques, chimiquement<br />

similaires, <strong>in</strong>cluant les<br />

qu<strong>in</strong>ze lanthani<strong>des</strong>, le scandium et<br />

l’yttrium. Il s’agit d’éléments naturels<br />

qui, du fait de leur similarité<br />

chimique, peuvent aisément se<br />

substituer l’un à l’<strong>au</strong>tre, rendant<br />

a<strong>in</strong>si les procédés de séparation<br />

difficiles et coûteux.<br />

Les terres rares sont <strong>des</strong> éléments<br />

relativement répandus dans<br />

la croûte terrestre, certa<strong>in</strong>s étant<br />

présents en plus grande abondance<br />

que l’argent, et les terres rares les<br />

plus abondantes le sont en quantités<br />

équivalentes <strong>au</strong> cuivre et <strong>au</strong><br />

plomb. Il f<strong>au</strong>t cependant noter que<br />

la quantité varie grandement d’un<br />

élément à l’<strong>au</strong>tre, le cérium ayant<br />

par exemple une concentration de<br />

33 ppm pour seulement 0,3 ppm<br />

pour le lutécium. Les terres rares<br />

sont communément subdivisées en<br />

terres rares légères et en terres rares<br />

lour<strong>des</strong>, ces dernières étantmo<strong>in</strong>s<br />

abondantes et par conséquent<br />

plus coûteuses.<br />

Exploitation et implications<br />

environnementales<br />

Les terres rares sont présentes à<br />

l’état naturel dans un large éventail<br />

d’environnements géologiques,<br />

<strong>au</strong>ssi bien dans <strong>des</strong> roches sédimentaires<br />

qu’ignées ou métamorphiques.<br />

Souvent associés à <strong>des</strong><br />

éléments radioactifs, l’extraction de<br />

ces éléments représente un problème<br />

écologique important. Des dépôts<br />

en Malaisie, par exemple,<br />

contenant typiquement 2 % d’uranium<br />

et 0,7 % de thorium, ont résulté<br />

en une fermeture <strong>des</strong> us<strong>in</strong>es<br />

d’exploitation et un échec de l’<strong>in</strong>dustrie<br />

malaise <strong>des</strong> terres rares.<br />

En Ch<strong>in</strong>e, <strong>des</strong> dépôts argileux à<br />

forte capacité d’adsorption<br />

(fixation d'une substance sur une<br />

surface) présentent une faible teneur<br />

en éléments radioactifs et sont<br />

par conséquent très attractifs. Leur<br />

exploitation n’en présente cependant<br />

pas mo<strong>in</strong>s un souci écologique<br />

d’importance, notamment à c<strong>au</strong>se<br />

du manque d’adhésion <strong>au</strong>x régulations<br />

environnementales. Les produits<br />

chimiques utilisés dans les<br />

étapes de raff<strong>in</strong>age du m<strong>in</strong>erai ont<br />

en effet été responsables de maladies,<br />

d’<strong>in</strong>toxications, de pollution<br />

de rivières et de <strong>des</strong>truction de terra<strong>in</strong>s<br />

agricoles. Il a par exemple été<br />

signalé que le raff<strong>in</strong>age d’une tonne<br />

d’oxyde de terre rare pouvait<br />

potentiellement produire 60 000 m 3<br />

de déchet gazeux contenant de l’acide<br />

sulfurique et fluorhydrique,<br />

200 m 3 d’e<strong>au</strong> acide et 1,4 t de déchets<br />

radioactifs.<br />

De plus, comme dans toute opération<br />

d’extraction, la production<br />

de terres rares nécessite une quantité<br />

considérable d’énergie qui, en<br />

Ch<strong>in</strong>e, provient pr<strong>in</strong>cipalement de<br />

centrales <strong>au</strong> charbon, ajoutant a<strong>in</strong>si<br />

à la liste <strong>des</strong> effets néfastes pour<br />

l’environnement que représente<br />

l’exploitation <strong>des</strong> terres rares.<br />

Applications<br />

Les terres rares sont <strong>des</strong> mét<strong>au</strong>x<br />

particulièrement convoités, car <strong>in</strong>dispensables<br />

à la fabrication de<br />

nombreux objets de consommation<br />

courante (téléphones portables,<br />

écrans plats LCD…) mais <strong>au</strong>ssi<br />

dans les technologies vertes<br />

(cellules photovoltaïques, batteries<br />

de véhicules électriques, éclairage<br />

basse consommation…). Les terres<br />

rares sont <strong>in</strong>dispensables dans <strong>des</strong><br />

applications électroniques, optiques,<br />

magnétiques et catalytiques,<br />

dans lesquelles elles jouent un rôle<br />

crucial en termes d’amélioration du<br />

rendement énergétique et de facilitation<br />

<strong>des</strong> technologies numériques.<br />

La véritable révolution engendrée<br />

par les terres rares <strong>au</strong>ra été la<br />

m<strong>in</strong>iaturisation. Le néodyme et le<br />

28 Science et Technologie <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> ♦ Janvier-Février 2011<br />

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Figure 1 : Applications possibles <strong>des</strong> terres rares dans la conception d’un véhicule hybride<br />

Crédits : © Molycorp Inc. 2010<br />

dysprosium sont utilisés pour fabriquer<br />

<strong>des</strong> aimants de petite taille,<br />

légers (de très petites quantités de<br />

dysprosium permettent de construire<br />

<strong>des</strong> aimants jusqu’à 90 %<br />

plus légers) et <strong>in</strong>croyablement soli<strong>des</strong>,<br />

utilisés dans de l’appareillage<br />

militaire de h<strong>au</strong>te technologie <strong>au</strong>ssi<br />

bien que dans <strong>des</strong> écouteurs, <strong>des</strong><br />

jouets ou encore en bijouterie.<br />

Be<strong>au</strong>coup de technologies vertes<br />

ont également été rendues possibles<br />

grâce <strong>au</strong>x terres rares, et les<br />

éoliennes et les véhicules hybri<strong>des</strong><br />

sont fortement dépendants de leur<br />

approvisionnement. L’alliage de<br />

néodyme avec du terbium et du<br />

dysprosium permet de conserver<br />

les propriétés magnétiques <strong>au</strong>x<br />

h<strong>au</strong>tes températures <strong>au</strong>xquelles<br />

sont soumis les moteurs <strong>des</strong> véhicules<br />

hybri<strong>des</strong> et les éoliennes.<br />

Chaque moteur de Toyota Prius<br />

hybride contient par exemple 1 kg<br />

de néodyme, et chaque batterie, 10<br />

à 15 kg de lanthane. La figure 1<br />

représente toutes les applications<br />

possibles <strong>des</strong> terres rares dans la<br />

conception d’un véhicule hybride.<br />

Ressources mondiales et<br />

pays producteurs<br />

La quantité globale de ressources<br />

en terres rares n’est pas connue<br />

précisément. L’USGS (<strong>Uni</strong>ted States<br />

Geological Survey, Institut géologique<br />

américa<strong>in</strong>) estime cependant<br />

que les réserves mondiales en oxy<strong>des</strong><br />

de terres rares sont de l’ordre<br />

de 99 Mt. La Ch<strong>in</strong>e possède 37 %<br />

de ces réserves, suivi par la Commun<strong>au</strong>té<br />

<strong>des</strong> États Indépendants<br />

avec 19 %, les États-<strong>Uni</strong>s, 13 %, et<br />

l’Australie, 6 %. Les 22 % restants<br />

sont répartis entre le Canada, la Malaisie,<br />

le Brésil, l’Inde, le Groenland,<br />

l’Afrique du Sud, la Namibie, la<br />

M<strong>au</strong>ritanie, le Burundi, le Malawi,<br />

le Vietnam, la Thaïlande et l’Indonésie.<br />

Production historique<br />

Historiquement, l’Inde et le Brésil<br />

furent les premiers pays à produire<br />

<strong>des</strong> terres rares jusque dans<br />

les années 1940, lorsque l’Australie<br />

et la Malaisie ont commencé leurs<br />

productions. Entre 1960 et 1980, <strong>des</strong><br />

dépôts ont été exploités <strong>au</strong>x États-<br />

<strong>Uni</strong>s, qui sont alors devenus les premiers<br />

producteurs mondi<strong>au</strong>x devant<br />

l’Australie. Pendant les années<br />

1980, la Ch<strong>in</strong>e s’est lancée dans la<br />

production, supplantant les États-<br />

<strong>Uni</strong>s pour devenir le premier producteur<br />

mondial en 1988.<br />

Actuellement<br />

La Ch<strong>in</strong>e dom<strong>in</strong>e ma<strong>in</strong>tenant le<br />

marché mondial <strong>des</strong> terres rares,<br />

répondant à 96,8 % <strong>des</strong> deman<strong>des</strong><br />

d’approvisionnement, les producteurs<br />

dans d’<strong>au</strong>tres pays n’arrivant<br />

pas à rivaliser avec les coûts faibles<br />

<strong>des</strong> exportations ch<strong>in</strong>oises. La m<strong>in</strong>e<br />

de Mouta<strong>in</strong> Pass (Californie), est restée<br />

active jusqu’en 2002, mais a dû<br />

fermer suite à <strong>des</strong> problèmes environnement<strong>au</strong>x.<br />

Il en résulte qu’à<br />

l’heure actuelle, il n’y a virtuellement<br />

pas de chantiers d’extraction<br />

de terres rares en dehors de la Ch<strong>in</strong>e,<br />

mis à part en Inde, <strong>au</strong> Brésil et<br />

en Malaisie. S’il est estimé que <strong>des</strong><br />

terres rares sont également produites<br />

en Indonésie, <strong>au</strong> Kazakhstan, en<br />

Corée du Nord et du Sud, <strong>au</strong> Kyrgyzstan,<br />

<strong>au</strong> Mozambique, <strong>au</strong> Nigéria,<br />

en Russie et <strong>au</strong> Vietnam, la production<br />

de l’ensemble de ces pays<br />

ne représente qu’une très faible<br />

proportion <strong>des</strong> 126 000 t d’oxy<strong>des</strong><br />

de terres rares produites mondialement<br />

en 2008 (4 % d’<strong>au</strong>gmentation<br />

par rapport à 2007), représentant<br />

un marché global, avant traitement<br />

<strong>des</strong> produits, de l’ordre de<br />

1,25 Md$. La production mondiale<br />

a plus que doublé <strong>au</strong> cours <strong>des</strong><br />

15 dernières années. Pour comparaison,<br />

11,1 Mt de z<strong>in</strong>c sont produites<br />

annuellement.<br />

Futur<br />

Si la Ch<strong>in</strong>e subvient à 96,8 % de<br />

la demande mondiale, ce n’est cependant<br />

pas par manque de ressources<br />

en d’<strong>au</strong>tres endroits du<br />

globe. De nombreux dépôts/<br />

gisements sont connus, mais non<br />

seulement les ch<strong>in</strong>ois ont développé<br />

<strong>des</strong> techniques efficaces d’extraction<br />

et d’exploitation, mais <strong>au</strong>ssi<br />

et surtout, le relatif manque de<br />

contrôles environnement<strong>au</strong>x lui a<br />

permis de ma<strong>in</strong>tenir <strong>des</strong> prix relativement<br />

bas et de s’assurer le monopole.<br />

Les pays occident<strong>au</strong>x peuvent<br />

donc se procurer ces éléments si<br />

convoités sans affecter leur propre<br />

environnement, et ce, à <strong>des</strong> prix<br />

très compétitifs. Si Deng Xiaop<strong>in</strong>g<br />

affirmait que les terres rares étaient<br />

à la Ch<strong>in</strong>e ce que le pétrole est <strong>au</strong><br />

Moyen Orient, Chao N<strong>in</strong>g, chef de<br />

section pour le commerce avec<br />

l'étranger <strong>au</strong> m<strong>in</strong>istère du commerce,<br />

affirme quant à lui que le pays<br />

ne peut plus cont<strong>in</strong>uer à porter le<br />

farde<strong>au</strong> de la demande mondiale.<br />

Les réserves s’épuisent, et pour <strong>des</strong><br />

considérations stratégiques, environnementales<br />

et économiques, le<br />

pays ne va plus pouvoir se permettre<br />

d’assumer seul la tâche d'approvisionner<br />

le monde entier. Depuis<br />

quelques années déjà, la Ch<strong>in</strong>e<br />

cherche à effectuer <strong>des</strong> acquisitions<br />

en dehors de son territoire. Les tentatives<br />

d’acquisition de Unocal, une<br />

compagnie pétrolifère californienne<br />

Sciences physiques et de la matière<br />

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Science et Technologie <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> ♦ Janvier-Février 2011 29


Sciences physiques et de la matière<br />

dont une filiale, Molycorp M<strong>in</strong>erals<br />

possède la seule exploitation de<br />

terres rares <strong>au</strong>x États-<strong>Uni</strong>s, ou de<br />

51 % <strong>des</strong> parts de Lynas Corporation,<br />

possèdant un site m<strong>in</strong>ier en Australie<br />

du Sud-ouest, ont échoué. En<br />

2009 cependant, Jiangsu Eastern<br />

Ch<strong>in</strong>a Non-Ferrous Metals a acquis<br />

25 % de Arafura Resources, une <strong>au</strong>tre<br />

compagnie <strong>au</strong>stralienne dont les<br />

opérations vont débuter en 2013<br />

avec une production annuelle de<br />

terres rares estimée à 20 000 t. Il<br />

semblerait également que la Ch<strong>in</strong>e<br />

cherche à entrer sur le marché en<br />

Afrique de l’Ouest, et il en résulte<br />

qu’environ 60 % <strong>des</strong> réserves globales<br />

sont sous le monopole ch<strong>in</strong>ois.<br />

Problèmes et mesures<br />

adoptées<br />

Épuisement <strong>des</strong> ressources et<br />

contrebande<br />

Quatre pour cent <strong>des</strong> éoliennes<br />

utilisent un système magnétique<br />

faisant appel à <strong>des</strong> terres rares. Il<br />

est anticipé que ce chiffre soit de<br />

l’ordre de 15 à 25 % d’ici 2015. La<br />

demande en véhicules électriques,<br />

consommateurs de terres rares, est<br />

également en forte <strong>au</strong>gmentation. Il<br />

est prévu que la demande globale<br />

en terres rares <strong>au</strong>gmente à un t<strong>au</strong>x<br />

de 8 à 11 % par an entre 2011 et<br />

2014. Si certa<strong>in</strong>s pays, comme les<br />

États-<strong>Uni</strong>s, qui à eux seuls détiennent<br />

15 % <strong>des</strong> réserves mondiales,<br />

ont depuis longtemps cessé toute<br />

production locale parce que l'importation<br />

est plus rentable, les ch<strong>in</strong>ois<br />

pensent qu’<strong>au</strong> t<strong>au</strong>x de<br />

consommation actuelle, ils vont<br />

rapidement épuiser leurs propres<br />

réserves en terres rares, notamment<br />

en dysprosium et terbium. Si la<br />

Ch<strong>in</strong>e produit 900 t de dysprosium<br />

par an, par exemple, il est estimé<br />

qu’il ne lui reste plus que 13 500 t à<br />

extraire, ce qui représente un approvisionnement<br />

de 15 ans maximum.<br />

Or il est attendu que la demande<br />

globale en terres rares surpasse<br />

l’offre, du mo<strong>in</strong>s en ce qui<br />

concerne les terres rares dites lour<strong>des</strong>,<br />

telles le dysprosium et le terbium,<br />

dans environ 10 ans. De plus,<br />

il est prédit que la consommation<br />

domestique ch<strong>in</strong>oise sera égale à sa<br />

production d’ici 2014.<br />

Une <strong>au</strong>tre source d’<strong>in</strong>quiétude<br />

est l’ampleur prise <strong>au</strong> cours <strong>des</strong><br />

dernières années par la contrebande<br />

de terres rares. Il a été rapporté<br />

en 2009 que 20 000 t, soit un tiers<br />

du volume total de terres rares<br />

ayant quitté le sol ch<strong>in</strong>ois en 2008,<br />

avaient été l’objet de contrebande<br />

résultant <strong>des</strong> prix élevés pratiqués<br />

sur le marché. Devant ce constat,<br />

les <strong>au</strong>torités ch<strong>in</strong>oises ont décidé<br />

de prendre un certa<strong>in</strong> nombre de<br />

mesures, qui ont eu <strong>des</strong> répercussions<br />

conséquentes sur les pays les<br />

plus demandeurs, notamment le<br />

Japon, les États-<strong>Uni</strong>s et l’Allemagne.<br />

Mesures adoptées<br />

Depuis 2004, la Ch<strong>in</strong>e a <strong>in</strong>troduit<br />

<strong>des</strong> quotas annuels d’exportation.<br />

Une dim<strong>in</strong>ution de 40 % <strong>des</strong><br />

exportations a a<strong>in</strong>si été observée en<br />

2010 et les approvisionnements<br />

vers l’étranger ont également été<br />

retardés par les douaniers ch<strong>in</strong>ois.<br />

Le 28 décembre 2010, le m<strong>in</strong>istre<br />

ch<strong>in</strong>ois du commerce a annoncé<br />

que la première livraison de terres<br />

rares pour 2011 serait de 14 446 t,<br />

soit 35 % en-<strong>des</strong>sous <strong>des</strong> quotas<br />

<strong>au</strong>torisés <strong>au</strong> cours du premier semestre<br />

2010. Des baisses subséquentes<br />

sont également en considération.<br />

Il en résulte une <strong>au</strong>gmentation<br />

du prix <strong>des</strong> terres rares qui,<br />

dans certa<strong>in</strong> cas, a été multiplié par<br />

dix.<br />

Devant l’urgence de la situation,<br />

l’Australie et les États-<strong>Uni</strong>s, entre<br />

<strong>au</strong>tres, ont décidé de redémarrer<br />

l’exploitation. Les États-<strong>Uni</strong>s ont<br />

a<strong>in</strong>si décidé de ré-ouvrir la m<strong>in</strong>e de<br />

Mounta<strong>in</strong> Pass et de redémarrer la<br />

production en 2012, tout en construisant<br />

<strong>des</strong> <strong>in</strong>frastructures supplémentaires<br />

pour l’exploitation <strong>des</strong><br />

terres rares sur sol américa<strong>in</strong>. La<br />

société Sumitomo Corporation,<br />

Tokyo, a établi un protocole d’entente<br />

avec Molycorp, stipulant une<br />

aide f<strong>in</strong>ancière de 130 M$ pour la<br />

réouverture <strong>des</strong> exploitations en<br />

échange d’approvisionnement en<br />

terres rares. Dans le même ordre<br />

d’idée, un protocole d’entente a été<br />

signé entre Toshiba Corporation,<br />

Tokyo, et la Mongolie.<br />

Position britannique<br />

Tel que mentionné en <strong>in</strong>troduction,<br />

le Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> est un importateur<br />

relativement m<strong>in</strong>eur de terres<br />

rares, et l’<strong>in</strong>dustrie britannique<br />

dans son ensemble n’a par conséquent<br />

été que relativement peu <strong>in</strong>quiétée<br />

par les mesures ch<strong>in</strong>oises<br />

récentes. Quelques <strong>in</strong>dustries ont<br />

toutefois exprimé leur préoccupation<br />

concernant les activités de production<br />

d’alliages et de catalyseurs.<br />

Less Common Metals par exemple,<br />

filiale britannique de Canadian<br />

Great Western M<strong>in</strong>erals Group, est<br />

actuellement en tra<strong>in</strong> de sécuriser<br />

une source d’approvisionnement<br />

alternative, en planifiant la réouverture<br />

d’une ancienne m<strong>in</strong>e en<br />

Afrique du Sud en 2013.<br />

Les deux secteurs de l’<strong>in</strong>dustrie<br />

britannique consommateurs de<br />

terres rares sont les éoliennes et les<br />

véhicules électriques, et ne semblent<br />

pas, à l’heure actuelle, être<br />

affectés par les mesures restrictives<br />

ch<strong>in</strong>oises. Le gouvernement n’en<br />

surveille pas mo<strong>in</strong>s la situation. Le<br />

m<strong>in</strong>istère de l’environnement, de<br />

l’alimentation et <strong>des</strong> affaires rurales<br />

(Defra, Department for Environment,<br />

Food and Rural Affairs), dans<br />

le cadre de sa politique d’optimisation<br />

<strong>des</strong> ressources, est impliqué<br />

dans l’analyse <strong>des</strong> risques que<br />

pourraient éventuellement représenter<br />

les limitations d’exportations<br />

de terres rares. Si <strong>au</strong>cune politique<br />

propre <strong>au</strong>x terres rares n’est en<br />

considération, le gouvernement<br />

<strong>in</strong>cite très fortement les <strong>in</strong>dustries<br />

britanniques à considérer les activités<br />

de récupération, de réutilisation<br />

et de recyclage.<br />

Be<strong>au</strong>coup de doma<strong>in</strong>es d’applications<br />

utilisant <strong>des</strong> terres rares<br />

produisent <strong>des</strong> ‘déchets’ contenant<br />

relativement peu de terres rares et<br />

rendant par conséquent le recyclage<br />

difficile et onéreux. Le potentiel<br />

de recyclage est plus important<br />

dans <strong>des</strong> dispositifs utilisant <strong>des</strong><br />

quantités importantes de terres<br />

rares, tels les aimants. Si les <strong>in</strong>dustriels<br />

n’ont que peu d’encouragement<br />

pour considérer les activités<br />

de recyclage, le gouvernement britannique<br />

entend bien remettre ce<br />

problème à l’ordre du jour. Au<br />

30 Science et Technologie <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> ♦ Janvier-Février 2011<br />

www.ambascience.co.uk


cours de l’enquête par le Science and<br />

Technology Select Committee, la première<br />

<strong>au</strong>dition a notamment permis<br />

d’aborder les notions suivantes<br />

:<br />

• quels sont les critères utilisés<br />

pour déf<strong>in</strong>ir un métal stratégiquement<br />

important <br />

• quels sont les secteurs de l’économie<br />

britannique qui seraient les<br />

plus affectés par une pénurie <br />

• quels sont les efforts à fournir<br />

pour développer <strong>des</strong> produits de<br />

substitution <br />

• quelles sont les possibilités d’exploitation<br />

de ressources <strong>au</strong><br />

Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> <br />

• quels sont les effets de l’extraction<br />

<strong>des</strong> terres rares sur la population<br />

ch<strong>in</strong>oise <br />

N’étant encore qu’<strong>au</strong>x prémices<br />

de cette enquête, <strong>au</strong>cune conclusion<br />

ou recommandation ne peut<br />

être échaf<strong>au</strong>dée ou rapportée à ce<br />

stade. Les problèmes de recyclage<br />

et de réutilisation, notamment de<br />

terres rares, ont cependant été à<br />

l’ordre du jour et il a été mentionné<br />

que si l’aptitude à recycler existe,<br />

les volumes de matière ne sont pas<br />

présents, et il n’existe pas à l’heure<br />

actuelle de marché pour <strong>des</strong> terres<br />

rares de seconde ma<strong>in</strong>.<br />

Enf<strong>in</strong>, la substitution et l’<strong>in</strong>novation<br />

sont à l’ordre du jour. Devant<br />

la pénurie à venir et les problèmes<br />

posés par le recyclage et la<br />

réutilisation, une solution pourrait<br />

être de trouver <strong>des</strong> produits de<br />

substitution ou de concevoir les<br />

produits différemment, af<strong>in</strong> qu’ils<br />

soient mo<strong>in</strong>s demandeurs en terres<br />

rares.<br />

Pour f<strong>in</strong>ir, si les terres rares sont<br />

<strong>au</strong> premier rang <strong>des</strong> préoccupations,<br />

il n’en demeure pas mo<strong>in</strong>s<br />

que nous commençons également à<br />

perdre prise sur l’approvisionnement<br />

en bien d’<strong>au</strong>tres éléments tels<br />

l’hélium, le phosphore ou le cuivre.<br />

L'<strong>Uni</strong>on Européenne est très dépendante<br />

de l'importation de mét<strong>au</strong>x<br />

tels le cobalt, le plat<strong>in</strong>e, les<br />

terres rares et le titane, qui jouent<br />

un rôle essentiel dans le développement<br />

d'écotechnologies <strong>in</strong>novantes<br />

permettant d’améliorer l'efficacité<br />

énergétique et de réduire les émissions<br />

de gaz à effet de serre.<br />

Figure 2 : Table<strong>au</strong> périodique <strong>des</strong> éléments ‘en danger’<br />

Source : Chemistry Innovation Knowledge Transfer Network<br />

Une matière première peut être<br />

considérée comme critique, à partir<br />

du moment où :<br />

• son importance économique est<br />

majeure pour <strong>des</strong> secteurs-clés ;<br />

• le risque d'approvisionnement est<br />

élevé ;<br />

• elle ne peut être remplacée par<br />

<strong>au</strong>cun <strong>au</strong>tre produit de substitution.<br />

La Commission Européenne a<br />

donc débuté en 2008 l'Initiative<br />

« Matières premières », permettant<br />

l'élaboration d'une liste commune<br />

de matières premières critiques, en<br />

coopération étroite avec les États<br />

Membres et les parties prenantes.<br />

Mike Pitts, de UK Chemistry Innovation<br />

Knowledge Transfer Network, et<br />

ses collègues ont compilé un table<strong>au</strong><br />

périodique <strong>des</strong> éléments ‘en danger’,<br />

dans lequel les éléments en<br />

rouge sont sous menace sérieuse,<br />

signifiant qu’il y a de fortes chances<br />

pour que leur approvisionnement<br />

ne soit plus possible d’ici mo<strong>in</strong>s<br />

d’un siècle. ■<br />

M. H.<br />

1. http://www.parliament.uk/documents/<br />

post/postpn368rare_earth_metals.pdf<br />

Sources :<br />

- Rare Earth Elements, rapport du British<br />

Geological Survey, 2010,<br />

www.M<strong>in</strong>eralsUK.com<br />

- Rare Earth Metals, POST Note, numéro<br />

368, janvier 2011, http://<br />

www.parliament.uk/documents/post/<br />

postpn368rare_earth_metals.pdf<br />

- http://www.ch<strong>in</strong>adaily.com.cn/fr/<br />

ch<strong>in</strong>e/2010-10/19/content_11430756.htm<br />

- Critical Th<strong>in</strong>k<strong>in</strong>g, Chemistry World,<br />

janvier 2011, p 50<br />

- Mét<strong>au</strong>x rares, la pénurie menace-t-elle<br />

l’<strong>in</strong>novation , Rencontres du Café <strong>des</strong><br />

techniques, Musée <strong>des</strong> Arts et Métiers,<br />

http://www.arts-et-metiers.net/musee.php<br />

P=221&cycle=15&id=421<br />

- New Year, new rare earth fear, The Great<br />

Beyond, nature.com, 07 janvier 2011<br />

- Seven days, <strong>the</strong> news <strong>in</strong> brief, Nature,<br />

vol. 469, 6 janvier 2011<br />

- Smuggl<strong>in</strong>g key factor <strong>in</strong> rare earths’ scarcity,<br />

Chemistry World, décembre 2010, p 6<br />

Rare earth partnership, Materials World,<br />

janvier 2011, p 8<br />

- Strategically important metals, <strong>au</strong>dition<br />

du Science and Technology Select Committee<br />

de la House of Commons, 26 janvier<br />

2011<br />

- http://ec.europa.eu/enterprise/policies/raw<br />

-materials/<strong>in</strong>dex_fr.htm<br />

Sciences physiques et de la matière<br />

www.ambascience.co.uk<br />

Science et Technologie <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> ♦ Janvier-Février 2011 31


Sciences de l’<strong>in</strong>génieur<br />

La croissance démographique, un enjeu pour les sciences de l’<strong>in</strong>génieur<br />

L’Institution of Mechanical Eng<strong>in</strong>eers<br />

1 présente, dans un rapport<br />

publié le 12 janvier 2011, la croissance<br />

démographique comme l’un<br />

<strong>des</strong> grands défis du XXI e siècle.<br />

Cette association britannique de<br />

professionnels y décrit, par ailleurs,<br />

le rôle que les <strong>in</strong>génieurs et<br />

leur savoir-faire peuvent avoir à<br />

jouer pour que les sociétés huma<strong>in</strong>es<br />

puissent s’adapter à une population<br />

plus nombreuse.<br />

La population mondiale a<br />

connu <strong>au</strong> cours <strong>des</strong> deux derniers<br />

siècles une croissance sans précédent<br />

: d’environ un milliard d’<strong>in</strong>dividus<br />

en 1800, elle est passée à<br />

2,5 milliards en 1950, pour atte<strong>in</strong>dre<br />

6,9 milliards en 2010. Selon les<br />

modèles démographiques sur lesquels<br />

repose le travail de l’Institution<br />

of Mechanical Eng<strong>in</strong>eers, cette<br />

tendance devrait se poursuivre <strong>au</strong><br />

cours du XXI e siècle jusqu’à une<br />

stabilisation à 9,5 milliards d’êtres<br />

huma<strong>in</strong>s sur la Terre. Conjuguée à<br />

d’<strong>au</strong>tres facteurs, comme l’ampleur<br />

<strong>des</strong> déplacements de population<br />

vers les villes, les éventuels<br />

réfugiés climatiques et l’amélioration<br />

du nive<strong>au</strong> de vie dans les<br />

pays en développement, la croissance<br />

démographique exercera un<br />

poids et <strong>des</strong> contra<strong>in</strong>tes de plus en<br />

plus importants sur la planète et<br />

les ressources naturelles qu’elle<br />

fournit. Dès lors, les risques sont<br />

grands de voir <strong>des</strong> populations<br />

souffrir de la faim, de la soif, voire<br />

de conflits c<strong>au</strong>sés par <strong>des</strong> utilisations<br />

concurrentes <strong>des</strong> ressources.<br />

Le rapport préparé par cette<br />

société d’<strong>in</strong>génieurs propose donc<br />

de montrer dans quelle mesure<br />

l’expertise et les compétences de<br />

cette corporation seront utiles à<br />

travers le monde pour prévenir les<br />

risques <strong>in</strong>duits par la croissance<br />

démographique. Quatre défis fondament<strong>au</strong>x<br />

sont identifiés par les<br />

<strong>au</strong>teurs du rapport comme ceux<br />

où les sciences de l’<strong>in</strong>génieur ont<br />

un rôle important à jouer : l’alimentation,<br />

l’e<strong>au</strong>, l’urbanisation et<br />

l’énergie.<br />

1. L’alimentation<br />

Sous l’impulsion de la croissance<br />

démographique et d’un changement<br />

<strong>des</strong> habitu<strong>des</strong> alimentaires<br />

dans les pays en voie de développement,<br />

le problème posé par l’accès<br />

à la nourriture deviendra encore<br />

plus prononcé qu’<strong>au</strong>jourd’hui,<br />

où plus d’1 milliard de personnes<br />

souffrent de malnutrition. Les<br />

sciences de l’<strong>in</strong>génieur, et la science<br />

en général, ont contribué par le<br />

passé à de conséquentes améliorations<br />

de la qualité et de la quantité<br />

de nourriture disponible. Il sera de<br />

nouve<strong>au</strong> nécessaire de se tourner<br />

vers elles pour satisfaire la demande<br />

en produits agricoles, qui devrait<br />

doubler d’ici à 2050, mais<br />

surtout pour faire en sorte d’améliorer<br />

l’accès à cette production<br />

pour les populations <strong>des</strong> pays du<br />

Sud.<br />

A<strong>in</strong>si, l’utilisation de <strong>biotechnologies</strong>,<br />

la mécanisation et l’<strong>au</strong>tomatisation<br />

<strong>des</strong> cultures entraîneront<br />

l’<strong>au</strong>gmentation <strong>des</strong> rendements<br />

agricoles. Une meilleure<br />

gestion logistique permettra d’améliorer<br />

l’efficacité <strong>des</strong> systèmes<br />

de distribution de nourriture, qu’il<br />

s’agisse de réduire les pertes lors<br />

du transport dans les pays du Sud,<br />

ou le gaspillage de denrées dans<br />

les pays du Nord. De plus, <strong>des</strong><br />

espaces de cultures pourront être<br />

ménagés dans les villes grâce à un<br />

développement urba<strong>in</strong> raisonné,<br />

réduisant de cette manière <strong>au</strong>tant<br />

que possible les problèmes liés <strong>au</strong><br />

transport de la nourriture.<br />

2. L’e<strong>au</strong><br />

Centrale <strong>the</strong>rmo-solaire de A<strong>in</strong> Beni Mathar (Maroc)<br />

Credits : World Bank Photo Collection, Creative Commons by-nc-nd 2.0<br />

La majorité de la consommation<br />

mondiale d’e<strong>au</strong> est<br />

le fait de l’agriculture<br />

(70 %) et de l’<strong>in</strong>dustrie<br />

(20 %). C’est pourquoi, de<br />

par le développement <strong>des</strong><br />

cultures alimentaires évoqué<br />

plus h<strong>au</strong>t et celui <strong>des</strong><br />

<strong>in</strong>dustries <strong>des</strong> pays émergents,<br />

les beso<strong>in</strong>s en e<strong>au</strong><br />

seront amenés à <strong>au</strong>gmenter<br />

fortement. Bien qu’il ne<br />

représente quantitativement<br />

qu’un faible volume,<br />

le défi le plus important<br />

reste bien sûr la satisfaction<br />

<strong>des</strong> beso<strong>in</strong>s domestiques<br />

en e<strong>au</strong> (boisson, hygiène,<br />

etc.) pour tous les<br />

habitants de la planète. La<br />

demande globale en e<strong>au</strong>,<br />

tirée par ces trois mo<strong>des</strong><br />

32<br />

Science et Technologie <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> ♦ Janvier-Février 2011<br />

www.ambascience.co.uk


de consommation, devrait <strong>au</strong>gmenter<br />

de 30 % d’ici à 2030. À l’échelle<br />

du monde, ce n’est pas le<br />

volume d’e<strong>au</strong> disponible qui pose<br />

problème, mais bien le fait que les<br />

ressources sont très <strong>in</strong>également<br />

réparties et qu’elles sont limitées<br />

dans certa<strong>in</strong>es régions où la population<br />

devrait fortement <strong>au</strong>gmenter.<br />

Les <strong>au</strong>tres motifs de préoccupation<br />

sont la dim<strong>in</strong>ution <strong>des</strong> réserves<br />

d’e<strong>au</strong>x souterra<strong>in</strong>es ou bien<br />

la pollution.<br />

Les solutions technologiques<br />

que les <strong>in</strong>génieurs peuvent apporter<br />

sont diverses. En règle générale,<br />

il s’agit de mettre en œuvre <strong>des</strong><br />

solutions adaptées <strong>au</strong>x conditions<br />

locales pour améliorer et étendre<br />

les <strong>in</strong>frastructures de gestion <strong>des</strong><br />

e<strong>au</strong>x. Parmi les projets concrets<br />

évoqués par les <strong>au</strong>teurs du rapport,<br />

se trouvent l’<strong>in</strong>stallation de<br />

moyens de stockage <strong>des</strong> e<strong>au</strong>x issues<br />

<strong>des</strong> précipitations et le développement<br />

de rése<strong>au</strong>x d’e<strong>au</strong> non<br />

potable (e<strong>au</strong> de mer ou de pluie)<br />

pour <strong>des</strong> applications domestiques<br />

<strong>au</strong>tres que la boisson. L’<strong>in</strong>stallation<br />

d’us<strong>in</strong>es de <strong>des</strong>salement d’e<strong>au</strong><br />

de mer mo<strong>in</strong>s énergivores qu’<strong>au</strong>jourd’hui<br />

est également une <strong>des</strong><br />

solutions que le savoir faire <strong>des</strong><br />

<strong>in</strong>génieurs servira à développer.<br />

3. L’urbanisation<br />

Selon les projections, les troisquarts<br />

<strong>des</strong> 9,5 milliards d’êtres<br />

huma<strong>in</strong>s qui devraient peupler la<br />

Terre avant la f<strong>in</strong> du XXI e siècle<br />

vivront en zone urba<strong>in</strong>e. Cela <strong>in</strong>duit,<br />

en particulier dans les pays<br />

en développement, <strong>des</strong> défis d’envergure<br />

à résoudre af<strong>in</strong> de loger,<br />

de manière durable, ces populations<br />

dans de bonnes conditions :<br />

les systèmes sanitaires, la gestion<br />

<strong>des</strong> déchets et <strong>des</strong> transports, a<strong>in</strong>si<br />

que les rése<strong>au</strong>x de distribution<br />

d’énergie et de nourriture s’ajoutent<br />

<strong>au</strong>x problèmes de la ma<strong>in</strong>tenance<br />

et de la construction <strong>des</strong><br />

bâtiments. Le changement climatique<br />

et les risques qu’il fait peser<br />

sur les villes exposées à la montée<br />

du nive<strong>au</strong> de la mer est également<br />

l’un <strong>des</strong> aspects à prendre en<br />

compte dans les développements<br />

urba<strong>in</strong>s futurs.<br />

Vu le peu de barrières technologiques<br />

existant dans ces doma<strong>in</strong>es,<br />

le rôle <strong>des</strong> <strong>in</strong>génieurs sera ici<br />

d’<strong>in</strong>tervenir dans les processus de<br />

décisions et d’apporter leurs compétences<br />

dès les premières étapes<br />

<strong>des</strong> projets urba<strong>in</strong>s pour que l’ensemble<br />

<strong>des</strong> technologies disponibles<br />

soient utilisées efficacement. Il<br />

leur f<strong>au</strong>dra également être capable<br />

de fournir <strong>des</strong> solutions adaptées à<br />

la géographie locale et <strong>au</strong>x enjeux<br />

sociét<strong>au</strong>x <strong>des</strong> gran<strong>des</strong> villes en<br />

développement.<br />

4. L’énergie<br />

Dans le doma<strong>in</strong>e de l’énergie,<br />

la croissance démographique mondiale<br />

pourrait entraîner une <strong>au</strong>gmentation<br />

de la demande d’environ<br />

46 % d’ici à 2030. Les enjeux<br />

sont donc bien évidemment de<br />

générer assez d’énergie pour satisfaire<br />

cette demande et d’assurer la<br />

sécurité de l’approvisionnement,<br />

mais <strong>au</strong>ssi de le faire de manière à<br />

prendre en compte <strong>au</strong> maximum<br />

le paramètre de la lutte contre le<br />

changement climatique.<br />

Les thématiques techniques<br />

associées sur lesquelles les sciences<br />

de l’<strong>in</strong>génieur seront utiles<br />

sont la génération, la transmission,<br />

la distribution et le stockage de<br />

l’énergie. De nombreuses technologies<br />

déjà existantes pourront être<br />

utilisées à ces f<strong>in</strong>s et d’<strong>au</strong>tres devront<br />

cont<strong>in</strong>uer leur développement<br />

(centrales solaires à concentration,<br />

réacteurs nucléaires de<br />

quatrième génération, câbles de<br />

transmission à h<strong>au</strong>te tension en<br />

courant cont<strong>in</strong>u occasionnant<br />

mo<strong>in</strong>s de pertes énergétiques,<br />

etc.). Dans certa<strong>in</strong>s cas, comme<br />

pour les commun<strong>au</strong>tés rurales <strong>des</strong><br />

pays du Sud, où les coûts de raccordement<br />

à un rése<strong>au</strong> de distribution<br />

moderne seraient trop élevés,<br />

<strong>des</strong> <strong>in</strong>stallations de production<br />

d’énergie à échelle locale devront<br />

être envisagées. Par ailleurs, un<br />

aspect non négligeable sera d’œuvrer<br />

à dim<strong>in</strong>uer la demande en<br />

énergie à travers <strong>des</strong> solutions<br />

technologiques (isolation, techniques<br />

de gestion de l’énergie, etc.)<br />

et un changement du comportement<br />

<strong>des</strong> consommateurs.<br />

En s’appuyant sur l’étude de<br />

ces quatre doma<strong>in</strong>es clés, les <strong>au</strong>teurs<br />

du rapport constatent que<br />

faire vivre 9,5 milliards d’êtres<br />

huma<strong>in</strong>s sur la Terre en satisfaisant<br />

leurs beso<strong>in</strong>s fondament<strong>au</strong>x<br />

n’engendre pas d’obstacle technique<br />

<strong>in</strong>surmontable. Leurs pr<strong>in</strong>cipales<br />

conclusions se résument à<br />

trois recommandations :<br />

• l’adoption par la commun<strong>au</strong>té<br />

<strong>in</strong>ternationale d’objectifs de développements<br />

liés <strong>au</strong>x sciences<br />

de l’<strong>in</strong>génieur (« Eng<strong>in</strong>eer<strong>in</strong>g Development<br />

Goals ») pour faire suite<br />

<strong>au</strong>x objectifs du millénaire 2 ;<br />

• la mise à disposition pour tous<br />

les pays et de leurs dirigeants de<br />

l’expertise <strong>des</strong> <strong>in</strong>génieurs ;<br />

• une aide <strong>au</strong>x pays du Sud pour<br />

soutenir leur développement<br />

tout en évitant les phases les<br />

plus consommatrices de ressources<br />

de l’<strong>in</strong>dustrialisation.<br />

D’après le rapport de l’Institution<br />

of Mechanical Eng<strong>in</strong>eers, les<br />

sciences de l’<strong>in</strong>génieur et ceux qui<br />

en font usage ont un rôle prépondérant<br />

à jouer dans le défi consistant<br />

à faire face à la croissance démographique<br />

sans précédent <strong>des</strong><br />

années à venir. Il f<strong>au</strong>dra cependant<br />

qu’une réelle volonté politique<br />

d’aider les pays en développement<br />

se manifeste, dans un monde<br />

où l’<strong>au</strong>gmentation de la population<br />

et les contra<strong>in</strong>tes résultantes<br />

sur les ressources naturelles affecteront<br />

tous les pays et leurs habitants.<br />

■<br />

J. C.<br />

1. Voir S&T <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong>, Novembre-Décembre<br />

2010, p. 39<br />

2. Les objectifs du millénaire pour le<br />

développement (« Millenium Development<br />

Goals ») sont huit objectifs adoptés par 189<br />

états en 2000, censés être remplis en 2015. Ils<br />

concernent la p<strong>au</strong>vreté, la faim, l’éducation,<br />

la santé, etc.<br />

Source : Rapport de l’Institution of Mechanical<br />

Eng<strong>in</strong>eers, 12/01/11, Population :<br />

One planet – too many people , http://<br />

w w w . i m e c h e . o r g /<br />

Libraries/2011_Press_Releases/<br />

Population_report.sflb.ashx<br />

Sciences de l’<strong>in</strong>génieur<br />

www.ambascience.co.uk Science et Technologie <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> ♦ Janvier-Février 2011 33


Sciences de l’<strong>in</strong>génieur<br />

C<strong>in</strong>q nouve<strong>au</strong>x centres de formation de h<strong>au</strong>t<br />

nive<strong>au</strong> en sciences de l’<strong>in</strong>génieur<br />

Le secrétaire d’État à la science<br />

et <strong>au</strong>x universités, David Willets, a<br />

<strong>in</strong><strong>au</strong>guré c<strong>in</strong>q nouve<strong>au</strong>x centres de<br />

formation <strong>des</strong>t<strong>in</strong>és à délivrer <strong>des</strong><br />

EngDs (Eng<strong>in</strong>eer<strong>in</strong>g Doctorates, doctorats<br />

en sciences de l’<strong>in</strong>génieur).<br />

Ce type de diplôme, jouissant déjà<br />

d’une réelle reconnaissance, prépare<br />

en quatre ans <strong>des</strong> chercheurs qui<br />

se <strong>des</strong>t<strong>in</strong>ent à embrasser une carrière<br />

<strong>in</strong>dustrielle. Dans ce cursus, les<br />

étudiants effectuent <strong>des</strong> trav<strong>au</strong>x de<br />

recherche en partenariat avec l’<strong>in</strong>dustrie,<br />

<strong>au</strong> se<strong>in</strong> de laquelle se déroule<br />

une part significative de leur<br />

formation. Ils ont a<strong>in</strong>si la possibilité<br />

de développer leurs compétences<br />

en économie et gestion d’entreprise,<br />

tout en recevant un enseignement<br />

de h<strong>au</strong>t nive<strong>au</strong> sur les technologies<br />

<strong>in</strong>novantes utilisées dans le<br />

doma<strong>in</strong>e de la production <strong>in</strong>dustrielle.<br />

Chacun de ces centres accueillera<br />

de six à dix étudiants par an.<br />

Installés <strong>au</strong> se<strong>in</strong> d’universités ayant<br />

une solide culture de partenariat<br />

avec l’<strong>in</strong>dustrie, ils seront f<strong>in</strong>ancés<br />

par l’EPSRC (Eng<strong>in</strong>eer<strong>in</strong>g and Physical<br />

Sciences Research Coucil, conseil<br />

de recherche pour les sciences de<br />

l’<strong>in</strong>génieur et les sciences physiques)<br />

à h<strong>au</strong>teur de 1,25 M£ par centre,<br />

par les universités hôtes, et par<br />

<strong>des</strong> entreprises privées qui apporteront<br />

plus de la moitié <strong>des</strong> f<strong>in</strong>ancements.<br />

Parmi ces partenaires <strong>in</strong>dustriels<br />

se trouvent par exemple<br />

Jaguar Land Rover, Airbus, Boe<strong>in</strong>g,<br />

Rolls-Royce. Ces nouvelles structures<br />

s’ajoutent <strong>au</strong>x 19 Industrial Doctorate<br />

Centres (écoles doctorales <strong>in</strong>dustrielles)<br />

déjà soutenus par l’EP-<br />

SRC.<br />

Les thématiques étudiées par les<br />

c<strong>in</strong>q nouve<strong>au</strong>x centres et leurs universités<br />

d’accueil sont les suivantes<br />

:<br />

• amélioration de la performance<br />

<strong>des</strong> technologies de fabrication<br />

rapide, <strong>au</strong>x universités de Nott<strong>in</strong>gham,<br />

Birm<strong>in</strong>gham et Loughborough<br />

;<br />

• dim<strong>in</strong>ution de la quantité de déchets<br />

<strong>in</strong>duits par le travail du métal,<br />

à l’<strong>Uni</strong>versité de Strathclyde ;<br />

• développement de nouvelles technologies<br />

pour les mach<strong>in</strong>es outils<br />

pour <strong>des</strong> économies de temps et<br />

d’argent, à l’<strong>Uni</strong>versité de Sheffield<br />

;<br />

• production <strong>in</strong>dustrielle à h<strong>au</strong>te<br />

valeur ajoutée et faible impact<br />

environnemental, à l’<strong>Uni</strong>versité<br />

de Warwick ;<br />

• mise en œuvre de nouvelles techniques<br />

pour améliorer les procédés<br />

de fabrication, à l’<strong>Uni</strong>versité<br />

de Swansea.<br />

Pour le secrétaire d’État à la<br />

science et <strong>au</strong>x universités, les c<strong>in</strong>q<br />

centres de recherche permettront de<br />

Fabrication d’un ouvre bouteille<br />

à partir d’un brut en alum<strong>in</strong>ium<br />

Crédits : AMagill, Creative Commons<br />

by 2.0<br />

soutenir la croissance économique<br />

britannique, en formant <strong>des</strong> personnels<br />

h<strong>au</strong>tement qualifiés dont les<br />

compétences sont adaptées <strong>au</strong>x<br />

grands doma<strong>in</strong>es de l’<strong>in</strong>dustrie du<br />

Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> comme l’<strong>au</strong>tomobile<br />

et l’aéron<strong>au</strong>tique. ■<br />

J. C.<br />

Sources :<br />

- News EPSRC, 13/01/11, http://<br />

www.epsrc.ac.uk/newsevents/news/2011/<br />

Pages/growth<strong>in</strong>manufactur<strong>in</strong>g.aspx<br />

- Science Bus<strong>in</strong>ess, 13/01/11, http://<br />

bullet<strong>in</strong>.sciencebus<strong>in</strong>ess.net/<br />

NewsArticle.aspxArticleId=74670<br />

34<br />

Science et Technologie <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> ♦ Janvier-Février 2011<br />

www.ambascience.co.uk


Symposium Algae for renewable energy à l’<strong>Uni</strong>versité de Bath<br />

Le 12 janvier 2011 s’est tenu à<br />

l’<strong>Uni</strong>versité de Bath, un symposium<br />

<strong>au</strong>tour de la culture <strong>des</strong> algues<br />

<strong>in</strong>titulé Algae for renewable<br />

energy (utilisation <strong>des</strong> algues comme<br />

source d’énergie renouvelable).<br />

À cette occasion, <strong>des</strong> chercheurs<br />

issus de diverses universités britanniques<br />

(Bath, Cambridge, Newcastle,<br />

Exeter, <strong>Uni</strong>versity College London,<br />

Imperial College London, <strong>Uni</strong>versity<br />

of Surrey, <strong>Uni</strong>versity of <strong>the</strong> West<br />

of England) et du Plymouth Mar<strong>in</strong>e<br />

Laboratory ont présenté leurs trav<strong>au</strong>x<br />

et l’état de l’art de la recherche<br />

dans ce doma<strong>in</strong>e, a<strong>in</strong>si que les<br />

raisons qui les poussent à s’<strong>in</strong>téresser<br />

à cette thématique.<br />

La culture d’algues fait partie<br />

<strong>des</strong> voies envisageables pour la<br />

production de biocarburants. De<br />

manière générale, l’utilisation de<br />

ces biocarburants permet de faire<br />

face à un ensemble de défis <strong>au</strong>xquels<br />

le secteur de l’énergie est<br />

confronté. Il est en effet bien connu<br />

que les réserves de gaz et de pétrole<br />

mondiales sont f<strong>in</strong>ies et qu’il<br />

convient de trouver <strong>des</strong> solutions<br />

alternatives <strong>au</strong>x carburants fossiles<br />

qui en sont issus, d’<strong>au</strong>tant plus que<br />

la demande mondiale en énergie<br />

est vouée à <strong>au</strong>gmenter <strong>au</strong> cours <strong>des</strong><br />

procha<strong>in</strong>es années. Par ailleurs, la<br />

place ménagée <strong>au</strong>x énergies renouvelables<br />

dans le mix énergétique<br />

doit <strong>au</strong>gmenter af<strong>in</strong> de contribuer à<br />

la lutte contre le changement climatique.<br />

Dans ce contexte, il est <strong>in</strong>dispensable<br />

de disposer de carburants<br />

liqui<strong>des</strong> issus de sources renouvelables<br />

pour certa<strong>in</strong>es applications<br />

particulières fortement consommatrices<br />

d’énergie <strong>au</strong> premier rang<br />

<strong>des</strong>quelles l’aviation.<br />

Partant de ce constat sur la nécessité<br />

de se doter d’une capacité<br />

de production de biocarburant<br />

conséquente, quels seraient les<br />

avantages que présenteraient les<br />

algues par rapport <strong>au</strong>x cultures<br />

oléag<strong>in</strong>euses conventionnelles <br />

Elles répondent tout d’abord <strong>au</strong><br />

pr<strong>in</strong>cipal problème soulevé par<br />

l’utilisation de gran<strong>des</strong> surfaces de<br />

terres arables pour produire <strong>des</strong><br />

biocarburants, à savoir la compétition<br />

avec les cultures alimentaires,<br />

puisque leur culture ne se fait pas<br />

sur <strong>des</strong> parcelles agricoles classiques.<br />

De surcroît, grâce à un t<strong>au</strong>x<br />

de croissance bien plus rapide, à la<br />

forte teneur en huile de certa<strong>in</strong>es<br />

variétés, et à la possibilité de réaliser<br />

plusieurs récoltes par an, la production<br />

de biocarburants à partir<br />

d’algues requiert <strong>des</strong> surfaces<br />

be<strong>au</strong>coup plus faibles que l’alternative<br />

exploitant <strong>des</strong> cultures oléag<strong>in</strong>euses.<br />

A<strong>in</strong>si, selon certa<strong>in</strong>s chercheurs,<br />

les 27 milliards de litres de<br />

biodiesel qui couvriraient la<br />

consommation annuelle du Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong><br />

pourraient être produits à<br />

partir de 0,8 Mha de culture d’algues,<br />

soit be<strong>au</strong>coup mo<strong>in</strong>s que les<br />

17,5 Mha de cultures nécessaires<br />

<strong>au</strong>trement (valeur considérable<br />

lorsqu’elle est mise en perspective<br />

avec les 24 Mha de terres dédiées à<br />

l’agriculture disponible sur le sol<br />

britannique) ! Enf<strong>in</strong>, un <strong>au</strong>tre élément<br />

favorable <strong>au</strong>x algues réside<br />

dans la possibilité d’obtenir différents<br />

carburants (hydrogène, méthane,<br />

bioéthanol ou biodiesel) en<br />

utilisant différents procédés d’extraction.<br />

Si la culture <strong>des</strong> algues <strong>des</strong>t<strong>in</strong>ée<br />

à produire <strong>des</strong> biocarburants semble<br />

donc une possibilité quasiment<br />

<strong>in</strong>contournable, de nombreux défis<br />

et axes de développements attendent<br />

les chercheurs qui se consacrent<br />

à ce sujet à l’heure actuelle.<br />

L’objectif est bien évidemment de<br />

rendre cette culture économiquement<br />

viable, notamment en améliorant<br />

la productivité et en réduisant<br />

les coûts d’<strong>in</strong>vestissement associés<br />

<strong>au</strong>x <strong>in</strong>stallations. Les pistes sur lesquelles<br />

travaillent les universitaires<br />

présents à Bath lors de ce symposium<br />

sont diverses, et témoignent<br />

<strong>des</strong> <strong>in</strong>teractions entre biologie, génie<br />

biologique et génie chimique<br />

existant sur la thématique <strong>des</strong> algues<br />

:<br />

• l’identification de nouvelles variétés<br />

d’algues af<strong>in</strong> de mettre en<br />

culture <strong>des</strong> spécimens plus robustes,<br />

présentant de meilleurs<br />

t<strong>au</strong>x de croissance, supportant<br />

une amplitude <strong>the</strong>rmique plus<br />

importante, fournissant de l’huile<br />

plus facile à exploiter ;<br />

• l’adaptation de techniques d’une<br />

variété d’algue à une <strong>au</strong>tre, rendue<br />

complexe par l’extrême diversité<br />

<strong>des</strong> espèces d’algues ;<br />

• une meilleure compréhension<br />

<strong>des</strong> phénomènes biologiques<br />

ayant lieu dans les cultures, comme<br />

par exemple la façon dont les<br />

organismes absorbent la lumière ;<br />

• la conception de nouve<strong>au</strong>x réacteurs,<br />

visant à accélérer la croissance<br />

<strong>des</strong> algues a<strong>in</strong>si qu’à permettre<br />

le passage à une production<br />

à l’échelle <strong>in</strong>dustrielle et<br />

mettant en jeu de nombreux paramètres<br />

(géométrie, matéri<strong>au</strong>x<br />

utilisés, choix entre <strong>des</strong> photobioréacteurs<br />

fermés ou <strong>des</strong> cultures<br />

en bass<strong>in</strong>s ouverts, exposition à la<br />

lumière, etc.) ;<br />

• les procédés de traitement après<br />

récolte comme le développement<br />

de nouvelles techniques de catalyse<br />

pour accélérer l’extraction du<br />

solvant et l’obtention du biocarburant<br />

;<br />

• l’utilisation de techniques de modifications<br />

génétiques qui permettraient,<br />

par exemple, d’obtenir<br />

directement un biocarburant<br />

sans traitement après récolte ou<br />

bien d’élim<strong>in</strong>er les comportements<br />

<strong>des</strong> algues consommateurs<br />

d’énergie comme la mobilité.<br />

Même si l’utilisation <strong>des</strong> biocarburants<br />

représente un débouché<br />

futur important pour les cultures<br />

d’algues, d’<strong>au</strong>tres utilisations sont<br />

possibles dont les applications sont<br />

actuellement plus proches de la<br />

maturité technologique que la production<br />

de biocarburants. A<strong>in</strong>si<br />

l’obtention de produits à caractère<br />

pharmaceutique, à plus h<strong>au</strong>te valeur<br />

ajoutée, fait l’objet d’un développement<br />

plus rapide, car les obstacles<br />

économiques sont plus aisés<br />

à surmonter. En outre, les algues<br />

peuvent être utilisées pour traiter<br />

<strong>des</strong> e<strong>au</strong>x usées ou pour fixer le CO2<br />

à la sortie <strong>des</strong> us<strong>in</strong>es.<br />

Le symposium s’est conclu par<br />

la présentation du travail de l’entreprise<br />

japonaise DENSO, qui<br />

cherche à mettre à profit l’ensemble<br />

Énergie<br />

www.ambascience.co.uk Science et Technologie <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> ♦ Janvier-Février 2011 35


Énergie<br />

<strong>des</strong> utilisations possibles <strong>des</strong> cultures<br />

d’algues. Cet équipementier<br />

<strong>au</strong>tomobile a a<strong>in</strong>si mis en place à la<br />

sortie d’une centrale de cogénération,<br />

qui fournit de l’énergie à l’une<br />

de ses us<strong>in</strong>es, un système de démonstration<br />

constitué de bass<strong>in</strong>s<br />

d’algues <strong>des</strong>t<strong>in</strong>és à la fois à fixer le<br />

CO2 émis par la centrale, à utiliser<br />

l’e<strong>au</strong> et la chaleur issues de cette<br />

centrale pour favoriser la croissance<br />

<strong>des</strong> algues, et à produire du biocarburant<br />

a<strong>in</strong>si que <strong>des</strong> sousproduits<br />

à h<strong>au</strong>te valeur ajoutée.<br />

L’entreprise est donc amenée à travailler<br />

sur plusieurs projets de recherche<br />

sur les algues en collaboration<br />

avec le MAFF (M<strong>in</strong>istry of Agriculture,<br />

Forestry and Fisheries, m<strong>in</strong>istère<br />

de l’agriculture, <strong>des</strong> forêts et<br />

<strong>des</strong> pêches) japonais, avec <strong>des</strong> universités<br />

(Bath, Keio, etc.) ou avec<br />

d’<strong>au</strong>tres entreprises (Toyota).<br />

Cette rencontre a montré que la<br />

recherche sur les biocarburants à<br />

base d’algues est bel et bien à l’ordre<br />

du jour et qu’il s’agit véritablement<br />

d’une source d’énergie renouvelable<br />

sur laquelle il serait extrêmement<br />

<strong>in</strong>téressant (voire <strong>in</strong>dispensable)<br />

de pouvoir compter à<br />

l’avenir. Cependant, selon certa<strong>in</strong>s<br />

<strong>in</strong>tervenants, il semble que dix à<br />

qu<strong>in</strong>ze années soient nécessaires<br />

avant de voir émerger une utilisation<br />

à grande échelle <strong>des</strong> algues en<br />

tant que source d’énergie renouvelable.<br />

■<br />

J. C.<br />

Publication <strong>des</strong> statistiques <strong>des</strong> émissions de gaz à effet de serre du<br />

Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> pour l’année 2009<br />

Le Department of Energy and Climate<br />

Change (DECC, m<strong>in</strong>istère de<br />

l’énergie et du changement climatique)<br />

a dévoilé le 1 er février les statistiques<br />

relatives <strong>au</strong>x émissions de<br />

gaz à effet de serre (GES) par le<br />

Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> <strong>au</strong> cours de l’année<br />

2009. Les chiffres révèlent une baisse<br />

significative de 8,7 % par rapport<br />

à 2008, s’établissant à 566,3 MtCO2e<br />

de GES rejetées dans l’atmosphère.<br />

Les gaz comptabilisés dans ces<br />

statistiques sont les six composantes<br />

du panier de GES déf<strong>in</strong>i par le<br />

protocole de Kyoto : le dioxyde de<br />

carbone (CO2), le méthane (CH4), le<br />

protoxyde d’azote (N2O), les hydrofluorocarbures<br />

(HFC), les perfluorocarbures<br />

(PFC), et l’hexafluorure<br />

de soufre (SF6). Les émissions de<br />

chacun de ces composés sont<br />

converties en équivalent CO2 en les<br />

pondérant par leur potentiel de<br />

réch<strong>au</strong>ffement global 1 . Le périmètre<br />

géographique pris en compte pour<br />

l’élaboration de ces statistiques correspond<br />

<strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> et <strong>au</strong>x<br />

Dépendances de la Couronne (île<br />

Figure 1 : Émissions de gaz à effet de serre par source, 1990-2009<br />

Source : AEA<br />

de Man et îles Anglo-Norman<strong>des</strong>).<br />

Il ne s’agit donc pas de la même aire<br />

que celle utilisée pour déf<strong>in</strong>ir les<br />

budgets carbone (qui se limite <strong>au</strong><br />

seul Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong>).<br />

Les chiffres fournis représentent<br />

<strong>des</strong> émissions « nettes », c’est-à-dire<br />

que <strong>des</strong> émissions négatives <strong>in</strong>duites<br />

par <strong>des</strong> puits de carbone sont<br />

également comptabilisées. Répondant<br />

à <strong>des</strong> critères fixés par la<br />

Convention Cadre <strong>des</strong> Nations<br />

<strong>Uni</strong>es sur les Changements Climatiques<br />

(CCNUCC), la nature de ces<br />

puits relève pr<strong>in</strong>cipalement de la<br />

gestion <strong>des</strong> forêts. Par ailleurs, les<br />

rejets de GES sont imputés à leur<br />

source et non pas à l’utilisateur fi-<br />

Part dans les émissions Évolution par rapport<br />

Émissions en 2009<br />

de GES<br />

à 2008<br />

CO2 473,7 Mt 84 % -9,8 %<br />

CH4 43,6 MtCO2e 8 % -2,0 %<br />

N2O 34,6 MtCO2e 6 % -4,9 %<br />

Table<strong>au</strong> 1 : Évolution <strong>des</strong> émissions de trois GES par le Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> en 2009<br />

Source : DECC<br />

36<br />

Science et Technologie <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> ♦ Janvier-Février 2011<br />

www.ambascience.co.uk


Figure 2 : Émissions de dioxyde de carbone par source, 1990-2009<br />

Source : AEA<br />

Figure 3 : Émissions de méthane par source, 1990-2009<br />

Source : AEA<br />

Figure 4 : Émissions de protoxyde d’azote par source, 1990-2009<br />

Source : AEA<br />

nal : ceux occasionnés par une centrale<br />

électrique seront, par exemple,<br />

attribués à la production d’énergie<br />

et non <strong>au</strong> consommateur. Enf<strong>in</strong>, il<br />

convient de remarquer que les<br />

émissions dues <strong>au</strong> trafic aérien et<br />

maritime <strong>in</strong>ternational sont comptabilisées<br />

à part et n’entrent pas<br />

dans cette mesure <strong>des</strong> rejets du<br />

Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong>.<br />

En ce qui concerne les émissions<br />

totales de GES par le pays, elles ont<br />

décru dans tous les secteurs entre<br />

2008 et 2009, comme le montre la<br />

figure 1. Cette dim<strong>in</strong>ution est le<br />

résultat de deux facteurs pr<strong>in</strong>cip<strong>au</strong>x<br />

:<br />

• la crise économique (contraction<br />

du PIB de 5 % <strong>au</strong> cours de l’année<br />

2009) qui a entraîné une réduction<br />

de la demande en énergie<br />

de la part <strong>des</strong> entreprises, et<br />

une dim<strong>in</strong>ution <strong>des</strong> émissions<br />

dues <strong>au</strong> transport terrestre de<br />

marchandises ;<br />

• l’<strong>au</strong>gmentation de la part du nucléaire<br />

dans la production d’électricité,<br />

<strong>au</strong> détriment du gaz naturel<br />

et du charbon.<br />

Les postes d’émissions de GES<br />

les plus importants <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<br />

<strong>Uni</strong> en 2009 sont la production d’énergie<br />

(35 %), les transports (22 %),<br />

l’activité <strong>des</strong> entreprises (15 %) et le<br />

secteur résidentiel (14 %).<br />

Les statistiques publiées par le<br />

DECC décl<strong>in</strong>ent également l’évolution<br />

<strong>des</strong> émissions anthropogéniques<br />

<strong>des</strong> pr<strong>in</strong>cip<strong>au</strong>x GES du panier<br />

de Kyoto dont est responsable le<br />

Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong>. Celles-ci sont résumées<br />

dans le table<strong>au</strong> 1.<br />

Les figures 2, 3 et 4 représentent<br />

respectivement les évolutions, sur<br />

la période 1990-2009 <strong>des</strong> émissions<br />

par le Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> de CO2, de<br />

CH4 et de N2O, a<strong>in</strong>si que les sources<br />

qui en sont responsables. Le<br />

CO2 étant très majoritaire dans les<br />

rejets du pays, il n’est pas surprenant<br />

que l’allure de la figure 2 soit<br />

similaire à celle de la figure 1, avec<br />

<strong>des</strong> contributeurs <strong>au</strong>x rejets de GES<br />

quasiment identiques. En ce qui<br />

concerne les deux <strong>au</strong>tres gaz, il est<br />

<strong>in</strong>téressant de noter le rôle majeur,<br />

et relativement constant, de l’agriculture<br />

en tant que secteur émetteur<br />

de CH4 et de N2O.<br />

Énergie<br />

www.ambascience.co.uk Science et Technologie <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> ♦ Janvier-Février 2011 37


Énergie<br />

Émissions en 2009 Évolution par rapport à 2008<br />

Transport aérien 33,0 MtCO2e -4,3 %<br />

Transport maritime 10,6 MtCO2e -7,1 %<br />

Table<strong>au</strong> 2 : Émissions de GES imputables <strong>au</strong> transport <strong>in</strong>ternational aérien et maritime<br />

Source : DECC<br />

Comme stipulé dans une directive<br />

de la CCNUCC, les émissions<br />

provenant du transport <strong>in</strong>ternational<br />

aérien et maritime ne sont pas<br />

prises en compte dans les statistiques<br />

nationales britanniques. Ce<br />

n’est pas <strong>in</strong>dividuellement, mais à<br />

travers l’Organisation de l’Aviation<br />

Civile Internationale et l’Organisation<br />

Maritime Internationale que<br />

les pays faisant partie de la<br />

CCNUCC œuvrent pour leur dim<strong>in</strong>ution.<br />

Cependant, une estimation<br />

de la valeur est tout de même fournie<br />

à partir <strong>des</strong> quantités de fuel<br />

fournies <strong>au</strong>x avions et navires dans<br />

les aéroports et les ports britanniques.<br />

Celle-ci est donnée dans le<br />

table<strong>au</strong> 2.<br />

La publication par le DECC de<br />

ces statistiques entraîne forcément<br />

une question : où en est le Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong><br />

par rapport à ses objectifs<br />

environnement<strong>au</strong>x Dans le texte<br />

de loi Climate Change Act, le pays<br />

s’engage, entre <strong>au</strong>tres, à dim<strong>in</strong>uer<br />

ses émissions de GES d’<strong>au</strong> mo<strong>in</strong>s<br />

34 % entre 1990 et 2020. Force est<br />

de constater qu’avec une baisse de<br />

26,4 % entre 1990 et 2009, l’objectif<br />

semble réalisable si les efforts se<br />

poursuivent. Toutefois, la conjoncture<br />

économique particulière de<br />

l’année 2009 a joué un rôle important<br />

dans les résultats de l’année<br />

sur le front <strong>des</strong> émissions de GES.<br />

Il reste donc à constater à quel<br />

po<strong>in</strong>t le retour de la croissance en<br />

2010 <strong>au</strong>ra eu un impact sur les rejets<br />

atmosphériques du pays. Quoi<br />

qu’il en soit, il semble impératif de<br />

cont<strong>in</strong>uer à faire une place de plus<br />

en plus importante <strong>au</strong>x sources<br />

renouvelables dans le mix énergétique,<br />

à chercher à dim<strong>in</strong>uer la demande<br />

en énergie (notamment via<br />

l’isolation <strong>des</strong> bâtiments) pour que<br />

croissance économique ne rime pas<br />

avec <strong>au</strong>gmentation <strong>des</strong> émissions.<br />

A<strong>in</strong>si que le souligne Chris Huhne,<br />

le m<strong>in</strong>istre du DECC, la politique<br />

du gouvernement semble bel et<br />

bien aller dans ce sens avec la réforme<br />

en cours du marché de l’électricité,<br />

la mise en place d’un fonds<br />

d’<strong>in</strong>vestissement vert et du Green<br />

Deal 3 . ■<br />

J. C.<br />

1. Potentiel de réch<strong>au</strong>ffement global :<br />

mesure de la contribution d’un gaz <strong>au</strong> réch<strong>au</strong>ffement<br />

climatique relativement à celle<br />

du CO2. Cette grandeur dépend notamment<br />

de l’absorption <strong>des</strong> rayonnements <strong>in</strong>frarouges<br />

par le gaz considéré et de sa durée de<br />

vie dans l’atmosphère.<br />

2. Fuites de méthane : elles correspondent<br />

à <strong>des</strong> rejets dans l’atmosphère tout <strong>au</strong><br />

long du cycle d’exploitation du gaz : extraction,<br />

transport, traitement et distribution.<br />

3. Green Deal : mesures <strong>des</strong>t<strong>in</strong>ées à améliorer<br />

l’efficacité énergétique <strong>des</strong> habitations,<br />

<strong>des</strong> bâtiments publics ou d’entreprises<br />

sans que le consommateur paye les coûts<br />

<strong>in</strong>iti<strong>au</strong>x <strong>des</strong> <strong>in</strong>stallations. Les fonds nécessaires<br />

proviendront d’une <strong>in</strong>stallation charge sur<br />

les factures.<br />

Sources :<br />

- DECC News, 01/02/2011, http://<br />

www.decc.gov.uk/en/content/cms/news/<br />

stat_09_ghg/stat_09_ghg.aspx<br />

- DECC, 01/02/2011, « UK climate change<br />

susta<strong>in</strong>able development <strong>in</strong>dicator: 2009<br />

greenhouse gas emissions, f<strong>in</strong>al figures »,<br />

http://www.decc.gov.uk/assets/decc/<br />

Statistics/climate_change/1214-stat-rel-ukghg-emissions-2009-f<strong>in</strong>al.pdf<br />

- UN Statistics Division, National Accounts<br />

Ma<strong>in</strong> Aggregates Database, http://<br />

unstats.un.org/unsd/snaama/<br />

<strong>in</strong>troduction.asp<br />

38<br />

Science et Technologie <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> ♦ Janvier-Février 2011<br />

www.ambascience.co.uk


Réforme à venir <strong>des</strong> Feed-<strong>in</strong>-Tariffs<br />

Depuis leur mise en place le<br />

1 er avril 2010, les Feed-<strong>in</strong>-Tariffs<br />

(FiTs) ont rencontré un succès <strong>in</strong>déniable<br />

et ont parfaitement rempli<br />

le rôle qui leur était assigné, à<br />

savoir stimuler la croissance verte,<br />

créer une dynamique d’<strong>in</strong>novation<br />

et d’emploi, et dim<strong>in</strong>uer les émissions<br />

de gaz à effet de serre. En<br />

effet, en date du 26 janvier 2011,<br />

plus de 21 000 <strong>in</strong>stallations, représentant<br />

une capacité de 76,66 MW,<br />

bénéficient de ces tarifs de rachat<br />

majorés de l’électricité générée à<br />

partir de sources renouvelables<br />

puis redirigée vers le rése<strong>au</strong>. Les<br />

<strong>in</strong>stallations domestiques, et les<br />

panne<strong>au</strong>x photovoltaïques en particulier,<br />

représentent une vaste<br />

majorité de cette capacité de production<br />

nouvelle. Bien qu’encourageants,<br />

ces chiffres masquent un<br />

problème de taille, que n’avaient<br />

pas prévu ceux qui ont déf<strong>in</strong>i ces<br />

mesures : l’attractivité forte <strong>des</strong><br />

FiTs pour <strong>des</strong> centrales solaires de<br />

grande taille (jusqu’à une capacité<br />

de 5 MW pour la ferme solaire de<br />

Lanhydrock dans les Cornouailles).<br />

Alors que le budget dévolu <strong>au</strong>x<br />

FiTs a été revu à la baisse par rapport<br />

<strong>au</strong>x prévisions <strong>in</strong>itiales à l’issue<br />

de la revue générale <strong>des</strong> dépenses<br />

publiques (360 M£ à l’horizon<br />

2014-15, soit une baisse d’environ<br />

10 %), ces gran<strong>des</strong> fermes solaires<br />

représentent un risque réel<br />

d’attirer une grande partie <strong>des</strong> subventions<br />

gouvernementales, <strong>des</strong>t<strong>in</strong>ées<br />

à l’orig<strong>in</strong>e <strong>au</strong>x particuliers,<br />

<strong>au</strong>torités locales et petites entreprises,<br />

vers de gran<strong>des</strong> entreprises<br />

capables de mobiliser <strong>des</strong> capit<strong>au</strong>x<br />

importants pour la construction et<br />

l’exploitation commerciale de ces<br />

<strong>in</strong>stallations. Plusieurs ont déjà<br />

obtenu les <strong>au</strong>torisations nécessaires<br />

à leur construction, et de nombreux<br />

projets seraient prêts à leur<br />

emboîter le pas.<br />

À l’opposé du succès <strong>des</strong> centrales<br />

solaires, les <strong>in</strong>stallations de<br />

production d’électricité à partir de<br />

la biomasse par digestion anaérobie<br />

font figure de parent p<strong>au</strong>vre<br />

<strong>des</strong> FiTs avec seulement deux <strong>in</strong>stallations<br />

recensées depuis la mise<br />

en œuvre de ces mesures <strong>in</strong>citatives.<br />

Une évaluation <strong>des</strong> FiTs <strong>au</strong>-delà<br />

d’une simple mesure de la capacité<br />

<strong>in</strong>stallée grâce à ce dispositif gouvernemental<br />

fait donc apparaître<br />

<strong>des</strong> résultats contrastés. Jusqu’à<br />

présent, les dispositifs photovoltaïques<br />

ont été favorisés <strong>au</strong> détriment<br />

d’<strong>au</strong>tres technologies. De surcroît,<br />

selon le secrétaire d’État à l’énergie,<br />

Charles Hendry, l’émergence<br />

de gran<strong>des</strong> fermes solaires à vocation<br />

commerciale, profitant de fait<br />

de subventions publiques, apparaît<br />

contraire à l’esprit même de la loi,<br />

qui vise avant tout à favoriser la<br />

micro-génération d’électricité.<br />

Af<strong>in</strong> de remédier <strong>au</strong>x deux problèmes<br />

évoqués, et d’<strong>in</strong>st<strong>au</strong>rer la<br />

confiance dans la pérennité et l’efficacité<br />

<strong>des</strong> FiTs pour les particuliers,<br />

les <strong>au</strong>torités locales et les petites<br />

entreprises, le gouvernement<br />

a décidé de lancer une procédure<br />

de révision. Celle-ci a été annoncée<br />

par le m<strong>in</strong>istre de l’énergie et du<br />

changement climatique, Chris<br />

Huhne, le 7 février 2011. Les po<strong>in</strong>ts<br />

suivants seront considérés :<br />

• les différents tarifs <strong>au</strong>xquels l’électricité<br />

est rachetée selon les<br />

sources ;<br />

• les diverses technologies éligibles<br />

<strong>au</strong>x FiTs ;<br />

• une attention particulière sera<br />

portée <strong>au</strong>x projets faisant <strong>in</strong>tervenir<br />

la conversion photovoltaïque<br />

pour une capacité supérieure<br />

à 50 kW ;<br />

• les tarifs de rachat de l’électricité<br />

obtenue par digestion anaérobie<br />

de biomasse, af<strong>in</strong> de vérifier<br />

qu’ils permettent d’assurer la<br />

rentabilité de telles <strong>in</strong>stallations.<br />

Les modifications apportées<br />

<strong>au</strong>x FiTs à l’issue de la révision,<br />

qui devrait être term<strong>in</strong>ée à la f<strong>in</strong> de<br />

l’année pour une modification <strong>des</strong><br />

tarifs de rachat en avril 2012, n’<strong>au</strong>ront<br />

pas d’effet rétroactif.<br />

Cette réforme à venir semble<br />

nécessaire pour ne pas dénaturer la<br />

vocation première <strong>des</strong> FiTs et<br />

poursuivre la dynamique d’<strong>in</strong>stallation<br />

de dispositifs de microgénération.<br />

Elle pourrait toutefois<br />

compromettre le développement<br />

de l’<strong>in</strong>dustrie photovoltaïque britannique,<br />

en empêchant celle-ci<br />

d’attirer les <strong>in</strong>vestisseurs et d’atte<strong>in</strong>dre<br />

la masse critique nécessaire<br />

à son développement futur. ■<br />

J. C.<br />

Sources :<br />

- DECC, 07/02/2011, http://<br />

www.decc.gov.uk/en/content/cms/news/<br />

fits_rev_wms/fits_rev_wms.aspx<br />

- The Guardian, 06/02/2011, http://<br />

www.guardian.co.uk/environment/2011/<br />

feb/06/solar-farms-threaten-green-subsidy<br />

- The Guardian, 07/02/2011, http://<br />

www.guardian.co.uk/environment/2011/<br />

feb/07/solar-energy-feed-<strong>in</strong>-tariff<br />

INTCMP=SRCH<br />

Éolienne sur un toit, Neasden<br />

(Londres)<br />

Crédits : Cathy Cox, Creative Commons<br />

by-sa 2.0<br />

Énergie<br />

www.ambascience.co.uk Science et Technologie <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> ♦ Janvier-Février 2011 39


Technologies de l’<strong>in</strong>formation et de la communication<br />

L’Écosse à la po<strong>in</strong>te de la recherche en sciences de l’<strong>in</strong>formation<br />

et de la communication<br />

L’Écosse tient une place de<br />

choix dans le doma<strong>in</strong>e <strong>des</strong> Sciences<br />

de l’Information et de la Communication<br />

tant <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> que<br />

dans le monde. Une position portée<br />

en premier lieu par les universités<br />

d’Édimbourg (3 ème du Roy<strong>au</strong>me-<br />

<strong>Uni</strong> selon le classement RAE 1 ) et de<br />

Glasgow (8 ème ). Af<strong>in</strong> de valoriser<br />

cette excellence en <strong>in</strong>formatique et<br />

ma<strong>in</strong>tenir son rang parmi les meilleurs<br />

pôles de recherche mondi<strong>au</strong>x,<br />

l’Écosse a créé en décembre 2008 la<br />

Scottish Informatics and Computer<br />

Science Alliance (SICSA, Alliance<br />

écossaise pour les sciences de l’<strong>in</strong>formation<br />

et de la communication).<br />

Deux ans après, le bilan est plus<br />

que concluant.<br />

SICSA a été créée pour fédérer<br />

les laboratoires de recherche en<br />

<strong>in</strong>formatique écossais et faciliter les<br />

collaborations. Elle <strong>in</strong>tervient pour<br />

f<strong>in</strong>ancer <strong>des</strong> thèses et <strong>des</strong> conférences<br />

ou organiser <strong>des</strong> programmes<br />

de formation. Elle sert également à<br />

favoriser les transferts de connaissances<br />

en facilitant les contacts avec<br />

les <strong>in</strong>dustries. L’alliance encourage<br />

les projets <strong>in</strong>terdiscipl<strong>in</strong>aires avec<br />

<strong>des</strong> chercheurs en mathématiques,<br />

en <strong>in</strong>génierie, en psychologie ou en<br />

sciences sociales. Enf<strong>in</strong> SICSA a<br />

élaboré une stratégie de recherche<br />

en déf<strong>in</strong>issant quatre thèmes pr<strong>in</strong>cip<strong>au</strong>x<br />

<strong>au</strong> se<strong>in</strong> <strong>des</strong>quels s’<strong>in</strong>scrivent<br />

les projets <strong>des</strong> laboratoires. Quels<br />

en sont <strong>au</strong>jourd’hui les projets phares<br />

<br />

Thème 1 : Next Generation<br />

Internet (L’Internet future<br />

génération)<br />

Au cœur de ce thème de recherche,<br />

le Pr Saleem Bhatti, de l’<strong>Uni</strong>versité<br />

de St Andrews travaille sur<br />

une nouvelle architecture pour Internet.<br />

Aujourd’hui Internet fonctionne<br />

sur le protocole d’adressage<br />

IPv4. Celui-ci devrait arriver procha<strong>in</strong>ement<br />

à saturation car toutes<br />

ses adresses <strong>au</strong>ront été utilisées. Il<br />

sera alors progressivement remplacé<br />

par le protocole IPv6. M. Bhatti,<br />

comme d’<strong>au</strong>tres chercheurs, pense<br />

que l’utilisation future du protocole<br />

IP est un m<strong>au</strong>vais choix car il est<br />

<strong>in</strong>adapté à l’évolution d’Internet<br />

vers plus de mobilité. Il a donc mis<br />

<strong>au</strong> po<strong>in</strong>t avec son équipe le protocole<br />

ILNP (Identifier-Locator Network<br />

Protocol), censé répondre <strong>au</strong>x exigences<br />

du futur Internet. Pour résumer,<br />

le protocole ILNP possède<br />

deux semi-adresses, l’une pour localiser<br />

et l’<strong>au</strong>tre pour identifier un<br />

nœud du rése<strong>au</strong>. D’<strong>au</strong>tres protocoles<br />

ont été mis <strong>au</strong> po<strong>in</strong>t sur le même<br />

pr<strong>in</strong>cipe comme le LISP (Locator<br />

-Identifier Separation Protocol) de la<br />

société CISCO. Pour M. Bhatti, la<br />

pr<strong>in</strong>cipale question est de savoir<br />

qui paiera et fera le premier pas<br />

pour opérer ce changement de<br />

structure radicale mais nécessaire<br />

pour sécuriser le développement<br />

du rése<strong>au</strong>.<br />

Thème 2 : Multimodel Interaction<br />

(Interaction multimodèles)<br />

On étudie ici les <strong>in</strong>teractions<br />

hommes-mach<strong>in</strong>es. Pr Stephen<br />

Brewster, de l’<strong>Uni</strong>versité de Glasgow,<br />

est le responsable de ce thème<br />

de recherche. Il est également<br />

membre du Glasgow Interactive System<br />

Group, un <strong>des</strong> plus importants<br />

groupes de recherche de ce type en<br />

Europe. Un <strong>des</strong> projets les plus orig<strong>in</strong><strong>au</strong>x<br />

issus de ce thème étudie la<br />

perception <strong>des</strong> gestes en fonction<br />

<strong>des</strong> cultures. Quel sont les gestes<br />

embarrassant à réaliser en public<br />

<strong>au</strong> se<strong>in</strong> d’une société Quelles sont<br />

leurs significations Les résultats<br />

devront permettre de concevoir <strong>des</strong><br />

<strong>in</strong>terfaces adaptées à différentes<br />

cultures et donc plus universelles.<br />

D’<strong>au</strong>tres chercheurs travaillent sur<br />

l’ubiquitous comput<strong>in</strong>g<br />

(Informatique ubiquitaire ou <strong>in</strong>formatique<br />

omniprésente) qui équipera<br />

nos maisons du futur 2 . Enf<strong>in</strong> <strong>des</strong><br />

trav<strong>au</strong>x sur <strong>des</strong> systèmes capables<br />

d’<strong>in</strong>teragir en fonction <strong>des</strong> odeurs<br />

ou de l’activité cérébrale d’une personne<br />

laissent entrevoir de nouve<strong>au</strong>x<br />

types d’<strong>in</strong>terfaces toujours<br />

plus <strong>in</strong>tégrées.<br />

Thème 3 : Modell<strong>in</strong>g and<br />

Abstraction (Modélisation et<br />

abstraction)<br />

Pour le Pr Jane Hillston, de l’<strong>Uni</strong>versité<br />

d'Édimbourg, l’un <strong>des</strong><br />

défis de l’<strong>in</strong>formatique <strong>au</strong>jourd’hui<br />

est de donner sens à la masse de<br />

données générées par les chercheurs<br />

dans l’ensemble <strong>des</strong> champs<br />

d’activités, de la biologie à la sociologie.<br />

Ce sont ici les mathématiques<br />

qui, alliées à la puissance <strong>des</strong> ord<strong>in</strong>ateurs,<br />

permettent de résoudre<br />

<strong>des</strong> problèmes complexes. A<strong>in</strong>si,<br />

Lars Kotthoff de l’<strong>Uni</strong>versité de St<br />

Andrews, travaille sur un logiciel<br />

de résolution de problème capable<br />

de s’adapter lui-même <strong>au</strong> problème<br />

qu’il résout. Le système expert évalue<br />

le champ <strong>des</strong> possibilités pour<br />

trouver une solution et utilise ses<br />

connaissances sur <strong>des</strong> problèmes<br />

similaires pour choisir la méthode<br />

de résolution la plus rapide. Le logiciel<br />

peut dans certa<strong>in</strong>s types de<br />

problèmes réduire le traitement<br />

<strong>in</strong>formatique de plusieurs jours à<br />

quelques secon<strong>des</strong>.<br />

Thème 4 : Complex Systems<br />

Eng<strong>in</strong>eer<strong>in</strong>g (Ingénierie<br />

<strong>des</strong> systèmes complexes)<br />

Ce thème de recherche a pour<br />

pr<strong>in</strong>cipale vocation de répondre<br />

<strong>au</strong>x attentes <strong>des</strong> <strong>in</strong>dustriels et <strong>des</strong><br />

adm<strong>in</strong>istrations. L’économie, les<br />

gouvernements et notre <strong>in</strong>frastructure<br />

sociale reposent et dépendent<br />

de systèmes complexes qui nécessitent<br />

<strong>des</strong> logiciels eux-mêmes de<br />

plus en plus complexes et <strong>in</strong>tégrés.<br />

Le Pr Greg Michaelson, de l’<strong>Uni</strong>versité<br />

Heriot-Watt et responsable<br />

de ce thème de recherche, préconise<br />

une approche holistique du problème<br />

et parle du « système de systèmes<br />

de systèmes ». Son équipe travaille<br />

par exemple sur <strong>des</strong> programmes<br />

capables d’optimiser les<br />

ressources <strong>au</strong> se<strong>in</strong> de rése<strong>au</strong>x dis-<br />

40<br />

Science et Technologie <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> ♦ Janvier-Février 2011<br />

www.ambascience.co.uk


Les <strong>Uni</strong>versités membres du SICSA :<br />

- Aberdeen <strong>Uni</strong>versity - Comput<strong>in</strong>g Science : http://www.csd.abdn.ac.uk/<br />

- Abertay Dundee <strong>Uni</strong>versity - School of Comput<strong>in</strong>g and Eng<strong>in</strong>eer<strong>in</strong>g Systems : http://www.abertay.ac.uk/<br />

study<strong>in</strong>g/schools/ces/<br />

- Abertay Dundee <strong>Uni</strong>versity - Institute of Arts, Media and Computer Games : http://www.abertay.ac.uk/study<strong>in</strong>g/<br />

schools/amg/<br />

- Dundee <strong>Uni</strong>versity - School of Comput<strong>in</strong>g : http://www.comput<strong>in</strong>g.dundee.ac.uk/<br />

- <strong>Uni</strong>versity of Ed<strong>in</strong>burgh - School of Informatics : http://www.<strong>in</strong>f.ed.ac.uk/<br />

- Ed<strong>in</strong>burgh Napier <strong>Uni</strong>versity - Centre for Informatics Research : http://www.cir.soc.napier.ac.uk/<br />

- Glasgow <strong>Uni</strong>versity - School of Comput<strong>in</strong>g Science : http://www.dcs.gla.ac.uk/<br />

- Heriot-Watt <strong>Uni</strong>versity - School of Ma<strong>the</strong>matical and Computer Sciences : http://www.macs.hw.ac.uk/cs/<br />

- Robert Gordon <strong>Uni</strong>versity - School of Comput<strong>in</strong>g : http://www.rgu.ac.uk/comput<strong>in</strong>g/<br />

- St Andrews <strong>Uni</strong>versity - School of Computer Science : http://www.cs.st-andrews.ac.uk/<br />

- Stirl<strong>in</strong>g <strong>Uni</strong>versity - Department of Comput<strong>in</strong>g Science and Ma<strong>the</strong>matics : http://www.cs.stir.ac.uk/<br />

- Strathclyde <strong>Uni</strong>versity - Department of Computer and Information Sciences : http://www.strath.ac.uk/cis/<br />

tribués. Pour M. Michaelson, les<br />

challenges de l’<strong>in</strong>génierie <strong>des</strong> systèmes<br />

complexes se situent, d’une<br />

part dans les technologies capables<br />

de gérer l’hétérogénéité <strong>des</strong> systèmes<br />

<strong>in</strong>terconnectés, leurs utilisateurs<br />

voulant pouvoir travailler sur<br />

le même environnement de travail<br />

n’importe où, et, d’<strong>au</strong>tre part, dans<br />

les organisations (entreprises, adm<strong>in</strong>istrations)<br />

en constantes transformations.<br />

■<br />

Pierre Chrzanowski<br />

1. Le RAE (Research Assessment Exercise)<br />

évalue tout les 5 ans la qualité <strong>des</strong> départements<br />

de recherche <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong>. Depuis<br />

le dernier RAE 2008 une note de 1 à 4 est attribuée<br />

à chaque chercheur du laboratoire dont<br />

les trav<strong>au</strong>x de recherche ont été soumis à<br />

évaluation..<br />

2. Sur l’ubiquitous comput<strong>in</strong>g, voir le dossier<br />

réalisé par l’Ambassade de <strong>France</strong> <strong>au</strong><br />

Japon : http://bit.ly/e2le5i<br />

L’<strong>in</strong>génierie <strong>au</strong> service du BBC World Service<br />

pour traiter les « break<strong>in</strong>g news »<br />

Le BBC World Service, plus important<br />

rése<strong>au</strong> d’<strong>in</strong>formation radio<br />

dans le monde, s’est équipé il y a<br />

un peu plus d’un an d’un nouve<strong>au</strong><br />

système de diffusion de l’<strong>in</strong>formation<br />

: le Network Operations Center<br />

(NOC, Centre opérationnel de télécommunication).<br />

Ce système, véritable<br />

tour de contrôle du BBC<br />

World Service a été mis <strong>au</strong> po<strong>in</strong>t par<br />

la société d’<strong>in</strong>génierie britannique<br />

Babcock. Il a été crucial pour la<br />

couverture du tremblement de terre<br />

en Haïti en janvier 2010, alors<br />

que les <strong>in</strong>formations changeaient<br />

de m<strong>in</strong>ute en m<strong>in</strong>ute et que la BBC<br />

était l’un <strong>des</strong> seuls médias présents<br />

sur place. Dans son dernier numéro,<br />

le magaz<strong>in</strong>e The Eng<strong>in</strong>eer revient<br />

sur le fonctionnement du<br />

NOC et sur les défis technologiques<br />

<strong>au</strong>xquels les grands médias sont désormais<br />

confrontés.<br />

Gérer le multi-rése<strong>au</strong><br />

Le BBC World Service diffuse ses<br />

programmes grâce <strong>au</strong> Satellite Media<br />

Distribution Service (SMDS, Service<br />

de distribution <strong>des</strong> médias par satellite)<br />

de British Telecom. C<strong>in</strong>quante-six<br />

rése<strong>au</strong>x de satellites sont utilisés<br />

pour lui permettre d’émettre son<br />

contenu <strong>au</strong>dio en on<strong>des</strong> courtes et<br />

moyennes mais également en FM<br />

grâce <strong>au</strong>x partenaires loc<strong>au</strong>x. Des<br />

récepteurs satellites <strong>in</strong>stallés dans<br />

plus de 150 pays sont configurés à<br />

distance pour recevoir et décoder les<br />

différents flux et fournir le contenu<br />

Sources :<br />

- SICSA : www.sicsa.ac.uk<br />

- Science Scotland Issue : http://<br />

www.sciencescotland.org/feature.php<br />

id=121<br />

- Classement RAE 2008 , The Guardian,<br />

18/12/2008 : http://bit.ly/5oDY9<br />

adapté à la région. La gestion de<br />

l’ensemble de cette programmation<br />

est assurée <strong>au</strong> se<strong>in</strong> du NOC, qui<br />

gère également les flux numériques<br />

vers les plates-formes Internet et<br />

mobiles.<br />

Gérer<br />

temps réel<br />

l’<strong>in</strong>formation<br />

Environ 20 % du contenu diffusé<br />

par le BBC World Service est préprogrammé<br />

dans le système NOC,<br />

ce qui signifie que 80 % <strong>des</strong> actualités<br />

sont <strong>des</strong> <strong>in</strong>formations traitées<br />

en fonction <strong>des</strong> événements de la<br />

journée. En moyenne le système<br />

traite 800 bullet<strong>in</strong>s d’<strong>in</strong>formation<br />

par mois (les flux enregistrés et les<br />

directs), avec <strong>des</strong> pics à plus de<br />

1 400 lors d’événements majeurs<br />

imprévus. Le NOC permet une<br />

gestion et une redistribution be<strong>au</strong>coup<br />

plus rapide <strong>des</strong> contenus sur<br />

les différents can<strong>au</strong>x de diffusion.<br />

Technologies de l’<strong>in</strong>formation et de la communication<br />

www.ambascience.co.uk Science et Technologie <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> ♦ Janvier-Février 2011 41


Technologies de l’<strong>in</strong>formation et de la communication<br />

Gérer le multil<strong>in</strong>guisme<br />

Le BBC Word Service est le seul<br />

média à proposer ses programmes<br />

dans <strong>au</strong>tant de langues différentes.<br />

La traduction du contenu dans toutes<br />

les langues n’est pas systématique<br />

et pas nécessairement <strong>in</strong>stantanée.<br />

La plate-forme permet de gérer<br />

les langues proposées pour chaque<br />

programme et de les ajouter dès leur<br />

disponibilité sur les can<strong>au</strong>x de diffusion<br />

permettant une sélection multil<strong>in</strong>gue<br />

: radio par réception DVB<br />

(digital video broadcast<strong>in</strong>g), podcasts<br />

ou stream<strong>in</strong>g sur Internet et platesformes<br />

mobiles.<br />

Infrastructures IP et diffusion<br />

par on<strong>des</strong> courtes et<br />

moyennes doivent coexister<br />

Pour Jonathan Robertshaw, responsable<br />

<strong>des</strong> technologies à la BBC,<br />

les <strong>in</strong>frastructures rése<strong>au</strong>x IP sont<br />

plus vulnérables <strong>au</strong>x catastrophes<br />

naturelles et <strong>au</strong>x crises politiques –<br />

nous venons de le voir en Égypte -<br />

que les anciennes <strong>in</strong>frastructures<br />

analogiques (diffusion radio par<br />

on<strong>des</strong>). C’est pourquoi les médias<br />

doivent s’appuyer à la fois sur les<br />

<strong>in</strong>frastructures classiques et sur les<br />

rése<strong>au</strong>x numériques et pouvoir utiliser<br />

la technologie la plus adéquate,<br />

<strong>au</strong> bon moment, <strong>au</strong> bon endroit.<br />

Babcock fournit également<br />

une solution de « backup »<br />

pour la BBC<br />

La société Babcock a également<br />

construit à Londres un centre de<br />

support, le Media Management Centre<br />

(MMC, Centre de gestion <strong>des</strong> médias),<br />

pour prendre le relais en cas<br />

de défaillance du rése<strong>au</strong> SMDS. Le<br />

MMC s’appuie sur le Babcock’s Global<br />

Media Network (GMN, Rése<strong>au</strong> de<br />

diffusion de Babcock) qui fonctionne<br />

sur un rése<strong>au</strong> Internet IP. ■<br />

P.C.<br />

Sources :<br />

- The Eng<strong>in</strong>eer, 17/01/2011, http://bit.ly/<br />

e7bJmO<br />

- Babcock, http://www.babcock-onl<strong>in</strong>e.co.uk/<br />

- BBC World Service, http://www.bbc.co.uk/<br />

worldservice/<br />

Transformer l’<strong>in</strong>frastructure d’Internet :<br />

le Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> lance le projet «Photonic<br />

Hyperhighway»<br />

Dans un récent article paru dans<br />

la revue Science, le professeur David<br />

Richardson de l’<strong>Uni</strong>versité de Southampton<br />

nous alertait sur les limites<br />

de capacité <strong>des</strong> technologies de<br />

fibre optique utilisées actuellement<br />

dans nos rése<strong>au</strong>x 1 . En réponse, David<br />

Willetts, secrétaire d’État à la<br />

science et à l’université, a annoncé le<br />

29 janvier un <strong>in</strong>vestissement de 7,2<br />

M£ dans un projet baptisé « Photonic<br />

Hyperhighway » (les <strong>au</strong>toroutes photoniques).<br />

Le projet sera conduit par le Centre<br />

de recherche en optoélectronique<br />

de l’<strong>Uni</strong>versité de Southampton. Son<br />

objectif : développer de nouve<strong>au</strong>x<br />

commutateurs photoniques plus<br />

performants pour remplacer les<br />

commutateurs actuels qui convertissent<br />

les sign<strong>au</strong>x électroniques<br />

(rése<strong>au</strong>x câblés traditionnels) en sign<strong>au</strong>x<br />

lum<strong>in</strong>eux (rése<strong>au</strong>x de fibre<br />

optique). L’équipe de Southampton<br />

travaillera également sur l’amélioration<br />

<strong>des</strong> technologies de fibre optique<br />

en testant de nouve<strong>au</strong>x matéri<strong>au</strong>x<br />

potentiellement plus fiables<br />

que les fils de verre actuellement<br />

utilisés.<br />

Selon le professeur David Payne,<br />

responsable du projet, les composants<br />

photoniques pourraient <strong>au</strong>gmenter<br />

les performances de l’<strong>in</strong>frastructure<br />

d’Internet de 1 000 %. Le<br />

projet vise également à réduire la<br />

consommation énergétique du rése<strong>au</strong>.<br />

Le projet est f<strong>in</strong>ancé via le Eng<strong>in</strong>eer<strong>in</strong>g<br />

and Physical Sciences Research<br />

Council (EPSRC, Conseil de<br />

recherche pour l’<strong>in</strong>génierie et la<br />

science physique). Les partenaires<br />

du projet sont le BBC Research and<br />

Development (Centre de R&D de la<br />

BBC) a<strong>in</strong>si que les entreprises Fianium<br />

Ltd et Oclaro.<br />

Des milliards de dollars sont<br />

dépensés dans la recherche en photonique<br />

dans le monde, <strong>in</strong>cluant<br />

<strong>des</strong> projets chez les géants tels que<br />

IBM et Intel. Les chercheurs de ces<br />

deux entreprises espèrent pouvoir,<br />

à terme, utiliser la lumière pour<br />

remplacer les fils de cuivre entrant<br />

dans la composition <strong>des</strong> puces<br />

électroniques et de leurs<br />

connexions. ■<br />

P.C.<br />

1. Voir « Science et Technologie <strong>au</strong><br />

Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> », Septembre-Octobre 2010,<br />

p. 34<br />

Sources et contacts :<br />

- The Telegraph, 29/01/2011, http://t.co/<br />

iBWOrJ1<br />

- Le projet Photonic Hyperhighway sur le<br />

site du EPSRC, http://bit.ly/fZslpn<br />

- Centre de Recherche en Optoélectronique<br />

de Southampton, http://<br />

www.orc.soton.ac.uk/<br />

Trajectoire d’un rayon laser à travers une fibre optique<br />

Crédits : Humuku, Creative Commons by-nc-nd2.0<br />

42<br />

Science et Technologie <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> ♦ Janvier-Février 2011<br />

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Donner du sens à la science<br />

Énergie nucléaire, organismes<br />

génétiquement modifiés, changement<br />

climatique, nanotechnologies,<br />

expérimentation animale<br />

pour la recherche biomédicale…<br />

voilà quelques uns <strong>des</strong> doma<strong>in</strong>es<br />

de la recherche scientifique qui ne<br />

sont dorénavant plus uniquement<br />

l’apanage <strong>des</strong> scientifiques. Au<br />

cours <strong>des</strong> dernières décennies, que<br />

ce soit en <strong>France</strong>, <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong><br />

ou ailleurs, le public a commencé à<br />

questionner certa<strong>in</strong>es avancées<br />

scientifiques, tant pour <strong>des</strong> problèmes<br />

d’éthique associés soit à la<br />

santé huma<strong>in</strong>e soit à la protection<br />

de notre environnement, qu’à c<strong>au</strong>se<br />

d’un certa<strong>in</strong> nombre de scandales<br />

qui ont remis en question la<br />

confiance que le public accorde<br />

<strong>au</strong>x recherches scientifiques (nous<br />

mentionnerons ici, et purement à<br />

titre d’exemple, l’affaire britannique<br />

du Climategate, qui a défrayé la<br />

chronique en 2010 suite à la diffusion,<br />

deux sema<strong>in</strong>es avant le sommet<br />

de Copenhague, d’un ensemble<br />

de courriels et fichiers <strong>in</strong>formatiques<br />

en provenance du centre de<br />

recherche climatique de l’<strong>Uni</strong>versité<br />

d’East Anglia, remettant en c<strong>au</strong>se<br />

de la déontologie professionnelle<br />

de certa<strong>in</strong>s membres du centre).<br />

L’approbation du public n’est par<br />

conséquent plus un fait acquis d’avance,<br />

et il y a une véritable prise<br />

de conscience de l’<strong>in</strong>fluence que le<br />

public peut avoir sur certa<strong>in</strong>es décisions<br />

politiques.<br />

L’<strong>in</strong>térêt et l’importance pour<br />

les gouvernements d’engager le<br />

public avec les avancées scientifiques,<br />

de communiquer, de vulgariser<br />

la recherche et d’améliorer les<br />

programmes de dialogue, n’est<br />

plus à démontrer. Les gouvernements<br />

britanniques successifs l’ont<br />

bien compris, et le Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> a<br />

une politique de diffusion de la<br />

culture scientifique assez remarquable.<br />

Que ce soit par le biais <strong>des</strong><br />

nombreuses sociétés savantes britanniques<br />

(Royal Society, Royal Institution,<br />

Royal Academy of Eng<strong>in</strong>eer<strong>in</strong>g,<br />

Foundation for Science and<br />

Technology…), <strong>des</strong> conseils pour la<br />

recherche (<strong>au</strong> nombre de sept et<br />

englobant l’ensemble <strong>des</strong> activités<br />

de recherche scientifique, sociale,<br />

huma<strong>in</strong>e a<strong>in</strong>si que les arts), du Parliamentary<br />

Office for Science and<br />

Technology (Office parlementaire<br />

pour la science et la technologie)<br />

ou encore, tout simplement, de la<br />

profusion de documentaires diffusés<br />

sur les chaînes de télévision<br />

publique, les britanniques disposent<br />

d’un large éventail d’outils<br />

mis à leur disposition pour développer<br />

leur culture scientifique et<br />

avoir une approche plus critique et<br />

<strong>in</strong>formée de la recherche publique.<br />

Nous avons récemment rencontré<br />

<strong>des</strong> membres d’une organisation<br />

caritative, Sense About Science,<br />

qui, comme son nom l’<strong>in</strong>dique,<br />

a pour vocation de « donner du<br />

sens à la science ». Alors qu’en<br />

2001, les téléphones portables<br />

« grillant » nos cerve<strong>au</strong>x, les dangers<br />

du clonage et les expérimentations<br />

animales faisaient communément<br />

la une <strong>des</strong> journ<strong>au</strong>x, il est<br />

apparu primordial que la place <strong>des</strong><br />

scientifiques et surtout <strong>des</strong> preuves<br />

scientifiques, alors en marge <strong>des</strong><br />

débats, soit réévaluée et recentrée<br />

<strong>au</strong> cœur <strong>des</strong> discussions. Lord<br />

Dick Taverne, membre de la House<br />

of Lords’ Animals <strong>in</strong> Scientific Procedures<br />

Committee (Comité pour l’application<br />

de procédures strictes<br />

dans le cadre de l’utilisation d’anim<strong>au</strong>x<br />

dans la recherche scientifique)<br />

a décidé qu’il était temps de<br />

passer à l’action, et deux organisations<br />

caritatives ont vu le jour en<br />

2002 : le Science Media Centre et<br />

Sense About Science.<br />

Mission<br />

Si le Science Media Centre a pour<br />

vocation de mettre en relation les<br />

scientifiques avec la presse nationale,<br />

la vocation de Sense About<br />

Science est de les mettre en contact<br />

avec la presse locale, les organisations,<br />

et surtout, le grand public.<br />

En travaillant de concert avec les<br />

scientifiques, Sense About Science a<br />

pour objectif de :<br />

• répondre <strong>au</strong>x <strong>in</strong>exactitu<strong>des</strong> <strong>des</strong><br />

revendications publiques concernant<br />

la science, la médec<strong>in</strong>e et la<br />

technologie ;<br />

• promouvoir les bénéfices de la<br />

recherche scientifique <strong>au</strong>près du<br />

public ;<br />

• aider les personnes nécessitant<br />

une aide d’experts à contacter les<br />

scientifiques appropriés ;<br />

• <strong>in</strong>former les non-spécialistes <strong>au</strong><br />

sujet <strong>des</strong> développements et pratiques<br />

scientifiques.<br />

Sense About Science a développé<br />

un certa<strong>in</strong> nombre d’outils, sous<br />

forme de publications et d’ateliers<br />

de travail, permettant d’équiper le<br />

grand public et de lui permettre de<br />

juger, en connaissance de c<strong>au</strong>se, de<br />

la validité <strong>des</strong> <strong>in</strong>formations scientifiques<br />

qui <strong>in</strong>ondent les médias,<br />

que ce soit par le biais <strong>des</strong> journ<strong>au</strong>x,<br />

de la radio ou de l’Internet,<br />

et dont le bien fondé n’est pas toujours<br />

bien établi. Nous développons<br />

ci-<strong>des</strong>sous certa<strong>in</strong>es actions<br />

entreprises en ce sens par Sense<br />

About Science.<br />

Organisation<br />

Sense About Science est gouvernée<br />

par un conseil d’adm<strong>in</strong>istration<br />

composé de 11 personnalités,<br />

pr<strong>in</strong>cipalement scientifiques, ayant<br />

<strong>des</strong> doma<strong>in</strong>es d’expertise allant de<br />

la bioéthique à la génétique en passant<br />

par les risques naturels. Un<br />

comité consultatif de 36 personnes<br />

(scientifiques, consultants, avocats,<br />

éditeurs…) et plus de 2 000 scientifiques,<br />

de prix Nobel à chercheurs<br />

post-doctorants, enregistrés sur la<br />

base de données Evidence Base, soutiennent<br />

les sept membres permanents<br />

de Sense About Science.<br />

F<strong>in</strong>ancement<br />

Sense About Science est une organisation<br />

caritative <strong>in</strong>dépendante<br />

f<strong>in</strong>ancée majoritairement par <strong>des</strong><br />

dons, <strong>in</strong>dividuels ou de fondations,<br />

<strong>des</strong> organisations scientifiques,<br />

<strong>des</strong> maisons d’édition, et l’<strong>in</strong>dustrie,<br />

les conseils de recherche<br />

(notamment l’Eng<strong>in</strong>eer<strong>in</strong>g and Physical<br />

Sciences Research Council et le<br />

Medical Research Council, respecti-<br />

Science et Société<br />

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Science et Société<br />

Figure 1 : Sources de f<strong>in</strong>ancement de Sense About Science<br />

Source : Sense About Science website<br />

vement les conseils de recherche<br />

pour l’<strong>in</strong>génierie et les sciences<br />

physiques et celui pour la recherche<br />

médicale). Le budget pour l’année<br />

f<strong>in</strong>ancière 2010 s’élevait à<br />

278 554 £ et se répartissait comme<br />

<strong>in</strong>diqué sur la figure 1.<br />

Actions<br />

Figure 2 : Couverture de la publication<br />

« I don’t know what to believe…. »<br />

Crédit : Sense About Science website<br />

Publications<br />

Sense About Science a publié <strong>au</strong><br />

fil <strong>des</strong> années plusieurs rapports 1 ,<br />

écrits en collaboration avec un comité<br />

d’experts scientifiques, expliquant<br />

<strong>au</strong> grand public <strong>des</strong> doma<strong>in</strong>es<br />

de recherche <strong>au</strong>ssi divers et<br />

variés que les organismes génétiquement<br />

modifiés, les médec<strong>in</strong>es<br />

alternatives, le changement climatique,<br />

la malaria ou les statistiques.<br />

Le rapport « Mak<strong>in</strong>g sense of GM<br />

(genetically modified organisms) » a<br />

par exemple été élaboré grâce à un<br />

groupe de travail composé de plus<br />

de 40 chercheurs, de représentants<br />

du conseil de recherche pour les<br />

<strong>biotechnologies</strong> et les sciences biologiques<br />

(BBSRC, Biotechnology and<br />

Biological Sciences Research Council),<br />

<strong>des</strong> <strong>in</strong>stituts de recherche et <strong>des</strong><br />

membres du public, sans <strong>in</strong>térêt<br />

particulier pour la thématique, mais<br />

dont l’aide a été très précieuse pour<br />

rendre le rapport accessible <strong>au</strong> plus<br />

grand nombre.<br />

Une publication qui a eu un<br />

grand succès et qui a nécessité une<br />

réédition, est celle <strong>in</strong>titulée « I don’t<br />

know what to believe… », expliquant<br />

le système d’évaluation de la recherche<br />

scientifique avant publication,<br />

ou peer review (révision par <strong>des</strong><br />

pairs). Cette brochure, réalisée en<br />

partenariat avec et grâce <strong>au</strong> soutien<br />

de plusieurs organisations caritatives,<br />

sociétés savantes et maisons<br />

d’édition scientifique, explique <strong>au</strong><br />

grand public comment faire la différence<br />

entre une <strong>in</strong>formation diffusée<br />

par un journal, une chaîne télévisée,<br />

ou sur Internet, et qui n’a pas<br />

forcément une source valable, et la<br />

recherche qui est publiée dans <strong>des</strong><br />

journ<strong>au</strong>x scientifiques à comité de<br />

lecture.<br />

Ateliers de travail<br />

Grâce <strong>au</strong> soutien f<strong>in</strong>ancier de<br />

sociétés savantes et de maisons d’édition,<br />

Sense About Science organise<br />

une diza<strong>in</strong>e d’ateliers de travail par<br />

an, sur deux thématiques particulières<br />

:<br />

• « Stand<strong>in</strong>g up for science » s’adresse<br />

<strong>au</strong>x scientifiques en début de<br />

carrière (<strong>in</strong>génieurs, thèsards,<br />

post-doctorants) et a pour but de<br />

les familiariser avec les médias,<br />

de leur donner la confiance nécessaire<br />

pour qu’ils <strong>in</strong>teragissent<br />

avec les médias et qu’ils ne laissent<br />

pas ce privilège <strong>au</strong>x seuls<br />

chercheurs expérimentés, et qu’ils<br />

s’impliquent activement dans <strong>des</strong><br />

débats publics sur <strong>des</strong> sujets<br />

scientifiques, <strong>des</strong> sujets controversés<br />

particulièrement;<br />

• « Peer review », fondé sur la publication<br />

mentionnée précédemment,<br />

est sponsorisé par une maison<br />

d’édition et Sense About Science<br />

travaille actuellement à l’exportation<br />

de cet atelier de travail à<br />

l’étranger et en particulier <strong>au</strong>x<br />

États-<strong>Uni</strong>s, demandeurs de telles<br />

<strong>in</strong>itiatives.<br />

La participation à ces ateliers de<br />

travail est gratuite.<br />

Mobilisation<br />

Sense About Science est également<br />

depuis quelques temps très<br />

engagée dans certa<strong>in</strong>es actions stra-<br />

44<br />

Science et Technologie <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-<strong>Uni</strong> ♦ Janvier-Février 2011<br />

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tégiques visant à assurer le droit<br />

d’expression et la liberté académique<br />

<strong>des</strong> scientifiques. Cette action<br />

fait suite à « l’affaire Simon<br />

S<strong>in</strong>gh », poursuivi pour diffamation<br />

par l'association de chiropractie<br />

britannique suite à un article<br />

qu’il a publié dans le Guardian,<br />

dans lequel il affirmait que les chiropracteurs,<br />

estimant que 99 % de<br />

toutes les maladies sont c<strong>au</strong>sées<br />

par <strong>des</strong> vertèbres déplacées et que<br />

la chiropractie était à même de soigner<br />

<strong>des</strong> maladies telles que l’asthme,<br />

faisaient la promotion de<br />

thérapies fr<strong>au</strong>duleuses. Dans le<br />

cadre de cette affaire, Sense About<br />

Science s’est mobilisé, de concert<br />

avec nombre d’associations, organisations<br />

caritatives et scientifiques,<br />

pour demander une réforme de la<br />

loi britannique qui est actuellement<br />

en cours.<br />

De telles organisations, dédiées<br />

à la promotion de la culture scientifique<br />

<strong>au</strong>près d’un public non averti,<br />

existent-elles en <strong>France</strong> Nous<br />

relevons, notamment, depuis plusieurs<br />

années, une politique de dialogue<br />

mise en place <strong>au</strong> se<strong>in</strong> de l’Inserm,<br />

s’articulant sur quatre grands<br />

axes :<br />

• la participation <strong>des</strong> associations<br />

dans la gouvernance <strong>des</strong> programmes<br />

de recherche ;<br />

• la collaboration en amont <strong>des</strong><br />

associations à la recherche cl<strong>in</strong>ique<br />

;<br />

• la formation dans le but de renforcer<br />

les capacités de dialogue et<br />

de participation <strong>des</strong> associations ;<br />

• l’animation du rése<strong>au</strong> <strong>des</strong> associations<br />

pour favoriser les échanges<br />

entre la commun<strong>au</strong>té scientifique<br />

et le monde associatif.<br />

Il n’existe cependant pas, à notre<br />

connaissance, d’organisations<br />

similaires à Sense About Science,<br />

avec la même mission et la même<br />

visibilité, en <strong>France</strong>. Si ce modèle<br />

est prêt à s’exporter vers les États-<br />

<strong>Uni</strong>s, ne pourrait-on pas considérer<br />

de lui faire traverser la Manche et<br />

l’importer en <strong>France</strong> ■<br />

M. H.<br />

1. Disponibles gratuitement <strong>au</strong> format<br />

pdf sur le site de Sense About Science http://<br />

www.senseaboutscience.org.uk<br />

Sources :<br />

- http://www.senseaboutscience.org.uk/<br />

- The Guardian, http://<br />

www.guardian.co.uk/commentisfree/2008/<br />

apr/19/controversies<strong>in</strong>science-health<br />

- HealthWatch Newsletter 56, 2004, http://<br />

www.healthwatch-uk.org/<br />

newsletterarchive/nlett56.htm#Sense<br />

- Inserm, http://www.<strong>in</strong>serm.fr/<br />

partenaires/les-associations-de-mala<strong>des</strong><br />

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