Audrey BECUWE et Philippe PASQUET - rimhe

Recensement
Analyse des travaux récents sur le Risque
Audrey BECUWE 1 et Philippe PASQUET 2
Pour Cohen (2001, p. 321) : « le risque correspond à l’occurrence d’un fait
imprévisible (ou tout au moins incertain) susceptible d’affecter les membres,
le patrimoine, l’activité de l’entreprise et de modifier son patrimoine et
ses résultats ». Cette définition reprend la définition courante du risque, en
insistant néanmoins davantage sur les conséquences financières du risque
(Plot-Vicard, 2010, p.89).
Or, l’enjeu pour les gestionnaires réside dans la conciliation du risque et de
la performance de l’organisation (Plot-Vicard, 2010). Les risques auxquels
est confronté l’entreprise sont multiples : risque de procès dans un cas
de discrimination au travail, ou encore risques d’accident industriel liés
aux transports de matières dangereuses par exemple. Le titre de l’article -
« Management des risques de l’entreprise : ne prenez pas le risque de ne pas
le faire ! » - d’Ebondo Wa Mandzila et Zhégal (2009) prend alors tout son
sens.
Dans cette perspective, l’objet de cette rubrique est de recenser les travaux
francophones récents sur la question du risque. Dans une première partie,
nous recensons les publications récentes sur la question du risque. Puis, dans
une seconde partie, nous analysons la thèse d’Emmanuelle Plot-Vicard sur
l’information diffusée par l’exploitant sur le risque nucléaire.
1 - Analyse des publications récentes
Cette première partie a pour objet d’identifier les publications récentes
relatives à la question du risque, d’abord via les thèses de doctorat françaises
en sciences sociales déjà soutenues mais aussi en cours de finalisation, puis
ensuite via les publications dans trois revues académiques francophones des
sciences de gestion. Pour ce faire, nous réalisons une recherche par mots-clés
se rapportant au risque dans le titre des supports scientifiques analysés.
Nous avons retenu les thèses ou articles contenant l’un des mots suivants
dans leur titre : risque environnemental, global / risque professionnel, audit
1 - Maître de conférences IAE de Limoges - CREOP EA-4332 - audrey.becuwe@unilim.fr
2 - Maître de Conférences IAE de Limoges - CREOP EA-4332 - philippe.pasquet@unilim.fr
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n°2 - NE - mai-juin-juillet 2012 - VARIA
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social, risques sociaux / risque organisationnel, industriel / capital risque /
risque crédit, banque / risque financier, de change, comptable / prévision
du risque / perception du risque / risque client / communication du risque /
gestion du risque / risque technique, technologique / responsabilité.
Ajoutons que les travaux recensés se veulent illustratifs de quelques
productions, sans pour autant prétendre à une quelconque exhaustivité.
1.1. Thèses soutenues et en cours
L’analyse des thèses soutenues et en cours porte sur les thèses récentes
(entre 2000 et 2011) en lien avec le risque, dans leurs titres. Les thèses déjà
soutenues ont fait l’objet d’une recherche via le système universitaire de
documentation qu’est le SUDOC. Celles d’ores et déjà finalisées et qui
contienne le mot ‘risque’ et ‘responsabilité’ dans leurs titres sont au nombre
de 133 pour la décennie qui vient de s’écouler (voir tableau 1). 42% d’entre
elles ont été soutenues en économie, en particulier sur le risque crédit, banque
(28% d’entre elles) mais aussi financier et de change (27% d’entre elles).
Parmi l’ensemble des thèses soutenues, 37% ont été réalisées en sciences de
gestion. Les thèses soutenues traitant du risque environnemental ou global
(12% des thèses soutenues dont 62% en économie) s’intéressent à une mesure
financière du risque, au moyen notamment pour certaines de la value at risk.,
et visent principalement à une approche internationale pour les économistes
(Europe, Japon, monde) glissant vers l’usage des notions de risque pays ou
de risque systémique.
Les thèses sur le capital-risque (11% des thèses soutenues) questionnent le
rôle du capital-risqueur, et plus particulièrement dans la gouvernance, son
poids dans la structure de capital, l’impact sur la performance de l’entreprise
ainsi financée ou encore l’influence de ce financement sur la prise de décision.
Il se trouve par ailleurs un certain nombre de travaux doctoraux renouvelant
cette question quant à son évolution sur d’autres territoires : Maroc, Japon et
Chine par deux fois.
Les chercheurs ayant travaillé durant leur doctorat sur le risque crédit
(défaut de contrepartie) ou opérationnel - ce qui représente 23% des thèses
soutenues dont 35% en sciences de gestion - ont donc pris pour terrain les
instituions financières. En situation d’aversion au risque, les banques ont été
observées dans leur stratégie, leur attitude face à l’aléa moral notamment lors
d’informations cachées, leur modèle de rating ou encore la détermination,
par ce risque, d’une structure financière optimale.
On notera que cinq thèses se sont concentrées sur le contrôle de ce risque,
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appréciant l’efficacité du système de contrôle interne ou celui réglementaire
figurant dans les nouveaux accords de Bâle.
D’une manière générale, c’est sur ce risque bancaire que s’identifie le plus de
travaux doctoraux se rapportant au risque, en gestion comme en économie.
Autre catégorie importante, les thèses que nous avons regroupées sous les
mots-clefs d’assurance, financier, change, comptable et économique ont
privilégiée dans leur majorité une approche par les marchés financiers,
certains avec des modélisations (C-CAPM / MEDAFI). L’objet est alors
l’évaluation des titres en situation de risque de défaut, ici aussi avec un
regard international offert par certains travaux au niveau européen ou tourné
vers les marchés émergents.
Les docteurs qui se sont penchés sur la prévision, l’estimation ou
l’anticipation du risque se sont notamment intéressés à l’estimation par la
duration des fonds propres et l’anticipation en fonction de l’aversion au
risque des agents ou plus particulièrement comme moyen de diagnostic
par les parties prenantes. Les jeunes chercheurs ayant réalisé leurs travaux
doctoraux sur la perception du risque (presque 10% des thèses), en grande
majorité des gestionnaires (à 77%), l’ont fait au regard, soit du point de vue
des clients (comportement du consommateur, par exemple concrétisé par une
peur d’achat sur Internet ou une défiance à l’égard de la grande distribution,
l’influence sur la prise de décision en raison d’une cause culturelle), soit du
point de vue de l’entreprise (posture du directeur des ressources humaines
face au risque humain, perception en situation de création d’entreprise, ou
influence de cette perception sur la prise de décision en entreprise).
Le risque client, qui n’a fait l’objet que d’une seule thèse, concerne
la connaissance de ses clients, afin de ne pas les perdre, par les PME,
singulièrement industrielles.
Concernant la gestion du risque (5% des thèses), les interrogations soulevées
sont relatives à des méthodes même de gestion du risque, à la stratégie
d’implantation des firmes multinationales face au risque, à la conduite de
projets risqués ou à son application au secteur public (collectivités locales).
Le risque technique ou technologique (3% des thèses) a été retenu par des
thèses portant sur l’information via Internet (agressions numériques) et le
nucléaire (cette dernière faisant l’objet d’un résumé figurant en fin de cette
rubrique). Enfin les travaux sur la responsabilité (4% des thèses) s’intéressent
aux rôles particuliers pris par certains acteurs dans l’appréciation et la gestion
du risque, en l’occurrence les contrôleurs et les commissaires aux comptes
(en cas de pratiques comptables discrétionnaires).
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Tableau 1 : Recensement des thèses soutenues entre 2000 et 2010
(Source : SUDOC).
Mots-clés dans le titre de la
thèse
Sc. gestion
Economie
Sociologie
Droit privé
Info-com
Droit civil
Psychologie
Géographie
Histoire
philosophie
Mathématiques
risque environnemental /
global (16)
risque professionnel /audit
social / risques sociaux (8)
2 10 1 3
1 1 4 1 1
risque organisationnel / risque
industriel (1)
1
Capital risque (15) 7 8
risque crédit / banque
(opérationnel) (31)
assurance (couverture)
/ financier / de change /
comptable / économique (27)
Prévision (estimation) du
risque / anticipation risque /
préservation risque (4)
perception risque / risque
informationnel (13)
11 16 3 1
6 15 4 1 1
3 1
10 1 1 1
risque client (1) 1
communication du risque (1) 1
gestion du risque / stratégie
face au risque / projets risqués
/ risque et innovation (7)
- risque technique /
technologique (4)
5 2
2 1 1
responsabilité (5) 2 1 1 1
Effectif par discipline
(total = 133)
49 56 4 14 2 1 1 1 1 2 2
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Après avoir analysé les thèses soutenues sur le risque, nous pouvons
observer les tendances à venir en termes de problématiques privilégiées via
les titres des “nouvelles” thèses des étudiants doctoraux en sciences sociales
et présents dans la base theses.fr. Sur la décennie 2000-2011, on a recensé
145 inscriptions en thèses de doctorat en sciences sociales contenant le mot
“rubrique” ou “responsabilité” (voir tableau 2) dans leur titre dont 25% en
sciences de gestion, 25 % en économie et 17% en droit privé.
La discipline des sciences de gestion a enregistrée 8 inscriptions en thèse
en 2011. 17 % des doctorants s’interrogent sur le risque environnemental
et/ou global dont 32% en droit privé. Une étudiante (inscription en 2010)
s’intéresse ainsi aux risques environnementaux de l’entreprise tandis qu’une
autre (inscription en 2010) vise à expliciter le risque environnemental en
droit des contrats.
Les sciences de gestion ont un nombre élevé de projets doctoraux sur le
capital-risque. 53% des thèses sur le capital risque vont être traitées par
des gestionnaires, au travers de ses déterminants, ou du rôle des sociétés
de capital-risque dans les alliances stratégiques par exemple. 13% des
thèses concernent la gestion du risque, dont 26% en sciences de gestion, par
exemple sur la gestion du risque de liquidité et des risques systémiques dans
la banque : comment construire Bâle III
11% des inscriptions en thèses concernent la thématique du risque créditbanque,
dont 50% en sciences économiques et 31% en sciences de gestion.
En économie, une thèse récente (inscription en 2011) s’intéresse aux aspects
comportementaux et disciplinaires du risque crédit pendant qu’une autre,
ancrée en sciences de gestion (inscription en 2009), questionne le risque
de crédit des portefeuilles créances commerciales. 6% des inscription en
thèses ont pour projet l’étude du risque financier, de change, comptable ou
économique.
Parmi elles, 33% relèvent des sciences de gestion, 22% relèvent de la discipline
économique et 22% du droit public. Ainsi, en 2009, un jeune chercheur en
économie a choisi de traiter du mécanisme de change, de l’évaluation et de la
gestion du risque de change en prenant appui sur le cas de la Mauritanie.
Enfin, presque 10% des inscriptions en thèses se font au dans le cadre de la
sociologie sur le risque environnemental, organisationnel et la gestion du
risque notamment, et presque 7% en géographie sur le risque environnemental
et organisationnel en particulier.
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Tableau 2 : Recensement des inscriptions en thèses entre 2000 et 2010
Mots-clés dans le titre de
la thèse
Sc. gestion
Economie
Sociologie
Droit privé
Info-com
Droit public
Psychologie
Géographie
Histoire
Anthropologie
Science
politique
Ethnologie
risque environnemental /
global (25)
risque professionnel /audit
social / risques sociaux (18)
risque organisationnel /
risque industriel (16)
1 5 3 8 2 4 1 1
5 3 2 5 1 2
2 2 3 4 4 1
Capital risque (15) 8 6 1
risque crédit / banque
(opérationnel) (16)
assurance (couverture)
/ financier / de change /
comptable / économique (9)
Prévision (estimation) du
risque / anticipation risque /
préservation risque (3)
perception risque / risque
informationnel (16)
5 8 3
3 2 1 2 1
2 1
5 2 2 1 3 1 1 1
communication du risque (6) 1 1 2 2
gestion du risque / stratégie
face au risque / projets
risqués / risque et innovation
(19)
- risque technique /
technologique (1)
5 6 3 3 2
1
responsabilité (1) 1
Effectif par discipline
(total = 145)
36 36 14 25 3 7 5 10 2 1 5 1
1.2. Revue de trois revues francophones
Le repérage des articles académiques récents a été effectué sur les trois
revues suivantes : Management et Avenir, la Revue Française de Gestion
et la Revue des Sciences de Gestion. La recherche a été réalisée sur la base
de données CAIRN. Les articles recensés dans ces trois revues scientifiques
mettent en exergue l’institutionnalisation de la thématique du risque (articles
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publiés régulièrement, 50 à ce jour dans les trois revues citées) et le poids
croissant des travaux scientifiques sur le risque en France (voir tableau 3).
Ainsi, la revue Management et Avenir a publiée 64% de papiers sur le risque
en 2011 et 24% en 2009. La Revue Française de Gestion est la première
des trois revues analysées a avoir publié un article sur le risque, dès 2002.
Les Revues Management et Avenir, et la Revue des Sciences de Gestion, en
ont publiés à partir de 2006. C’est pas moins de 4 dossiers spéciaux sur la
thématique du risque qui ont fait l’objet de publications, entre 2009 et 2011,
dans la revue Management et Avenir (2011, n°48, Les multiples fronts de la
pensée - gestion du risque; 2011, n°42, Prévention des risques énergétiques;
2011, n°41, Mises en pratique de la gestion des risques - Rupture des
managements, management des ruptures; 2009, n°27, De la prévention des
risques à la haute fiabilité organisationnelle, regards croisés Inde / France)
et un numéro spécial en 2011 dans la Revue Française de Gestion (2011/6,
n°215, Le Management responsable : De la gestion des risques à l’innovation
stratégique).
Tableau 3 : Recensement des articles publiés entre 2000 et 2010 dans trois
revues
Mots-clés dans le titre de l’article
Management
& Avenir
Revue
Française de
Gestion
Revue des
Sciences de
Gestion
risque environnemental / global 7 1
risque professionnel /audit social / risques sociaux 2
risque organisationnel / risque industriel 2 2 6
Capital risque 1
risque crédit / banque (opérationnel) 4 3 1
assurance (couverture) / financier / de change / comptable /
économique
Prévision (estimation) du risque / anticipation risque /
préservation risque
1 2
1 1
perception risque / risque informationnel 2 1
risque client 1 1
gestion du risque / stratégie face au risque / projets risqués /
risque et innovation
Effectif par revues
Total = 50 articles
5 4 2
25 14 11
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Force est de constater que si le thème du risque a déjà fait l’objet de numéros
spéciaux - suite notamment à la récurrence du colloque francophone sur le
risque Oriane (qui a donné lieu à 3 ouvrages en 2007, 2008 et 2011; et à 8
numéros sur le risque dans des revues scientifiques entre 2007 et 2011), il
fait aujourd’hui l’objet d’un nombre régulier de colloques et journées de
recherche (cf. tableau 4).
Tableau 4 : Appels à papiers sur le risque pour congrès et revue.
* 10 ème colloque francophone sur le risque Oriane, Bayonne - soumission
des projets complets de communication pour le vendredi 22 juin 2012.
* Conférence annuelle du CARM (Cercle des Associés en Risk
Management), « Vers une gestion collaborative des risques - Méthodes
et outils pour le partage des connaissances en gestion des risques et des
crises » - Paris, soumission des résumés pour le 16 avril 2012.
* XVII ème colloque international du GRET (Groupement de Recherche
sur Espace et Territoires),
« Gouvernance des risques et des crises » - les 26 et 27 avril 2012,
Rabat.
* 2012 Enterprise Risk Management Symposium, 18-20 Avril à
Washington.
* 12 International Research Conference on Finance, Accounting, Risk
and Treasury Management in Times of VUCA (acronym for Volatility,
Uncertainty, Complexity and Ambiguity), papier complet pour le 30
Mai 2012, Conférence organisée en Autriche du 2 au 4 juillet 2012. .
* 2012 « The Human Factor in Risk » organisé par l’Union of Risk
Management for Preventive Medicine, London, résumé à envoyer pour
le 15 avril, déroulement du congrès le 8 & 9 septembre.
* Appel à papiers « Supply Chain Risk Management » pour
l’International Journal of Applied Management Science. Soumission du
manuscrit complet pour le 1er septembre 2012.
2 - La thèse d’Emmanuelle Plot-Vicard
Le travail doctoral d’Emmanuelle Plot-Vicard, soutenu fin 2010 et dirigé
par le professeur Jacques Richard, s’intitule : L’information diffusée par
l’exploitant sur le risque nucléaire : quelle réponse aux attentes des parties
prenantes Plus précisément, la question de recherche porte sur les éventuels
écarts susceptibles d’exister entre l’information diffusée par les organisations,
et les attentes de leurs parties prenantes en la matière. Concernant le cadre
théorique, l’auteur a donc fait le choix de s’appuyer sur le concept de
légitimité (justification organisationnelle) et plus particulièrement au regard
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des parties prenantes (retenant la théorie ad hoc). Dans une approche élargie
de la recherche en comptabilité financière, E. Plot-Vicard, se focalise sur
la comptabilité environnementale pour apprécier la pratique de diffusion
d’informations. En ce sens, le rapport annuel et le rapport de sûreté (imposé
aux exploitants depuis juin 2006 par la loi de transparence en matière de
sûreté nucléaire) s’avèrent des sources majeures d’information volontaire.
On trouvera essentiellement dans le premier des informations relatives aux
déchets et au démantèlement, tandis que le second informera, comme son
nom l’indique, sur la question de la sûreté. Bien qu’initialement destinés aux
actionnaires, ils bénéficient d’une diffusion ouverte aux autres parties prenantes
puisqu’il s’agit de documents à publication publique annuelle obligatoire.
Les travaux antérieurs font de plus clairement apparaître un enrichissement
de l’information tant en quantité que sur la forme (plus qualitative, plus de
thèmes abordés, etc.). Pour autant, soit par incompréhension, soit par volonté
de ne pas communiquer des informations défavorables (pouvant nuire à la
légitimité), des écarts entre cette diffusion et les attentes des parties prenantes
sont susceptibles d’apparaître. Ainsi, sont observées des pratiques imparfaites,
témoignant plus d’une philosophie de diffusion (des engagements généraux
par exemple) que d’une description précise. L’auteur constate également
des informations non exhaustives, non comparables, partiales (promouvant
les seuls aspects positifs) et privilégiant le qualitatif (le discours étant plus
facilement orientable et manipulable) qui compliquent l’interprétation pour le
lecteur externe. Paradoxalement, alors que le flux informationnel s’intensifie,
la qualité semble donc se dégrader. Sur le plan méthodologique, E. Plot-
Vicard a construit deux instruments visant à apprécier ce flux informationnel.
Le premier est une mesure quantitative (dénombrement d’occurrence) de la
diversité (qualitative, quantitative, thèmes et localisation dans les pages du
rapport) des pratiques de diffusion. Il est constaté que l’information diffusée
est non homogène (notamment 88% étant sous forme littéraire, donc peu
comparable). La seconde est une mesure de la qualité par l’établissement
d’une liste d’items (matérialité, neutralité, vérifiabilité, fiabilité, précision,
intelligibilité, accessibilité et clarté). Elle permet d’observer que moins
de 40% des items sont effectivement diffusés, qui plus est avec une clarté
variable selon les exploitants, traduisant une carence informationnelle.
Un point fort de cette thèse réside dans le choix d’un terrain original : les
exploitants nucléaires (sont retenues les organisations EDF, CEA, Areva et
ANDRA) et donc le risque de même nature. Ce choix a été fait en raison de
l’existence, en plus du volet obligatoire en matière de diffusion, d’un volet
non obligatoire (information diffusée plus large). Il a imposé un important
développement concernant, au-delà de sa définition (résultante de tous les
dysfonctionnements susceptibles de mettre des matières radioactives au
contact direct ou indirect de la population et de l’environnement), la précision
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de ce risque nucléaire : survenance certaine ou incertaine, dommages
élevés ou faibles, gestion des déchets, démantèlement, sûreté, prévention,
et sa traduction comptable (française : provisions, internationales : normes
IAS 37). En ce sens, la complexité (technicité) de l’information peut jouer
un rôle de frein à la diffusion, à tout le moins à sa compréhension par les
parties prenantes. E. Plot-Vicard conclue que, si les attentes de certaines
parties prenantes (régulatrices, financières, médiatiques et le public) sont
relativement bien remplies, celles des parties prenantes de la communauté
ne le sont pas, indiquant que le rapport annuel reste principalement adressé
aux seuls acteurs financiers.
Références
Cohen E., 2001, Dictionnaire de gestion, Repères, La Découverte, 415 p.
Ebondo Wa Mandzila et Zhégal D., 2009, « Management des risques de l’entreprise : ne
prenez pas le risque de ne pas le faire ! », La Revue des Sciences de Gestion,3-4, n°237-238.
Plot-Vicard E., 2010, L’information diffusée par l’exploitant sur le risque nucléaire : quelle
réponse aux attentes des parties prenantes , Thèse de doctorat en sciences de gestion,
Université Paris-Dauphine.
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