Annexion et nazi¾cation en Europe - Le Mémorial de l'Alsace-Moselle

�� 

�� 

�� 

�� 

�� 

�� 

�� 

��

�� 

�� 

�� 

�� 

�� 

�� 

�� 

��

5 

ANNEXION, NAZIFICATION ET MEMOIRE DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE 

INTRODUCTION 

François COCHET * 

Dans le beau thème de colloque qui nous réunit aujourd’hui, il est difficile, et 

scientifiquement douteux, de penser le terme « d’Annexion » de manière séparée de celui 

de « Nazification ». Les deux doivent sans doute être tenus à l’esprit ensemble dans une 

relation dialectique. 

Plusieurs espaces géographiques sont concernés par les études qui vont être menées 

durant ces deux journées. L’espace belgo-luxembourgeois, l’espace polonais, l’espace 

slovène, l’espace alsacien-mosellan et enfin l’espace limousin. Bien sûr, ces entités 

culturelles ne présentent ni les mêmes caractéristiques ni les mêmes dimensions 

géographiques, et il faudra en tenir compte dans nos débats. Sans doute aurait-il été 

possible d’élargir encore la palette des régions concernées par la nazification, aux Pays- 

Bas ou aux Etats scandinaves. Mais, nous disposons cependant là d’une bonne base de 

données pour étudier les comportements tant des « nazifiants » que des « nazifiés ». 

Si les deux termes d’annexion et de nazification peuvent être pensés ensemble, ils 

n’en demeurent pas moins différents et complémentaires, notamment au plan 

chronologique. L’annexion précède les tentatives de nazification. 

Au cœur des débats qui vont nous occuper se trouve le concept de gradation des 

comportements nazis. Au regard des dirigeants du IIIe Reich, il y a sans doute des 

annexions « naturelles », qui relèvent de comportements anciens, de revendications 

d’appartenance à la germanité, ancrées dans des pratiques mémorables. L’annexion du 

Luxembourg, de la Belgique, de l’Alsace et de la Moselle, relève, sans doute, de ce 

premier type de comportements. Il faudrait peut-être, d’ailleurs, y ajouter le cas des 

Ardennes françaises, si l’on en croit les travaux, déjà anciens, de Jacques Mièvre sur la 

W.O.L. 1 et ceux que j’ai pu faire mener sur les pratiques d’occupation de 1914-1918 2 . Des 

débornages de propriétés ont alors déjà été effectués, préfigurant peut-être, une volonté 

d’annexion. 

Les comportements à l’égard de la Slovaquie ou de la Croatie des nazis relèvent 

plutôt d’un second type d’approche. Les attitudes semblent assez similaires à celles des 

puissances coloniales installant des « protectorats » au XIXe siècle. 

Avec l’exemple polonais, l’annexion franchit un nouveau seuil, puisqu’elle 

s’accompagne incontestablement d’une volonté de « purification ethnique » brutale. 

Tous ces comportements procèdent-ils d’une pensée définitivement élaborée ou 

bien répondent-ils à une démarche pragmatique ? C’est une des grandes questions posées 

par ce colloque. 

Sans vouloir purement et simplement transposer le débat qui a opposé, en 

Allemagne, les « intentionnalistes » et les « fonctionnalistes », à l’égard de la solution 

finale, une partie de leurs interrogations peut être reprise en ce qui concerne les 

* Professeur à l’Université de Metz. 

1 Voir sa thèse de 3 ème cycle, « L’Ostland » en France durant la Seconde Guerre mondiale. Une tentative de 

colonisation agraire allemande en zone interdite, Nancy, Annales de l’Est, 1973. 

2 François COCHET (dir.), Les occupations en Champagne-Ardenne, 1814-1944, Centre Arpège, Presses 

universitaires de Reims, 1996.

6 

François Cochet 

problématiques d’annexion et de nazification. Quels sont les cercles d’ondes de choc de 

moyen ou de court termes sur les attitudes nazies ? Les annexions/nazifications 

s’inscrivent-elles dans des évolutions de totalisation des conflits et depuis quand ? 

A ceux qui voient la guerre de 1914-1918 comme la « matrice » du XXe siècle, 

inventant toutes les « brutalisations » ultérieures, il est loisible de rappeler les pratiques de 

la guerre des Boers (1899-1901), de la guerre d’indépendance de Cuba (1895-1898) et 

antérieurement encore du siège d’Atlanta et des comportements de la « Civil War » aux 

Etats-Unis (1861-1865). 

Un point est certain. Les populations civiles sont dorénavant au cœur même des 

conflits et en deviennent des enjeux essentiels. 

Si des antériorités peuvent être identifiées, la chronologie de la Seconde Guerre 

mondiale ne saurait être négligée pour autant, pas plus que les spécificités de l’idéologie 

nazie. La coupure chronologique fondamentale tient dans le déclenchement de l’opération 

« Barbarossa » du 22 juin 1941. Cette césure se retrouve partiellement dans les pratiques 

d’annexion, dans les stratégies de nazification. Il existe bel et bien des projets d’édification 

d’une Europe nazifiée avant le 22 juin 1941, qu’il devient interdit d’évoquer au sein même 

du régime nazi après l’échec de la Wehrmacht à l’Est à la fin de 1942 3 . Chez les partisans 

de la nazification, même s’ils sont quantitativement à la marge dans les espaces concernés 

par les annexions, l’hypothèque de la collusion gênante entre le régime communiste de 

l’URSS et leur régime favori est levé. Leur engagement s’en trouve simplifié, voire 

amplifié. 

La question est donc bien de savoir si les comportements d’annexion et de 

nazification du régime d’Adolf Hitler sont improvisés ou pas. S’intègrent-ils dans la 

théorie nazie de « L’espace vital » ? En termes de comportements du régime nazi, il faut 

s’interroger sur les moyens mis en action dans l’optique de la nazification. Quel langage 

est employé ? Va-t-on d’une sémantique protectrice à un vocabulaire d’humiliation et de 

menace ? Y’a-t-il des comportements spécifiques auprès de certaines catégories socioprofessionnelles 

? Et surtout, quelles sont les formes de coercition et de contraintes ? A qui 

s’appliquent-elles ? Pouvoirs locaux, pouvoirs économiques, citoyens lambda ? 

Ces questions doivent nous amener naturellement au deuxième grand pan de 

réflexion de ce colloque. Outre les regards des dirigeants nazis (le « nazicentrisme »), il 

convient d’évoquer les comportements des populations annexées et nazifiées. Dans quelle 

mesure peut-on parler de rejet ou d’éventuelles appropriations des thématiques de 

l’occupant ? 

Une fois de plus, comme dans toutes les phases d’occupation étrangère, mais relues 

au prisme des radicalisations nazies, se pose la question des gradations comportementales 

des populations. Nous entrons là dans une activité sans archives qu’il est extrêmement 

délicat de quantifier. Quelle est la part des comportements de rejet de l’annexion ou de la 

nazification ? Quels sont les formes et les seuils des activités résistantes ? Les forces 

d’inertie suffisent-elles à caractériser des activités hostiles à la nazification ? 

S’ouvrent alors à nous des champs complexes et multiples qu’il conviendrait sans 

doute d’explorer dans plusieurs colloques à venir, sur les refus tacites, la « résistance 

grise » ou les « micro-résistances ». 

3 Il est possible d’évoquer les projets de Karl Ritter de juin 1940 d’une organisation européenne centrée sur le 

« Grand Reich » ou encore les projets du groupe industriel chimique IG Farben, d’août 1940 qui rêvent d’une 

entité économique unique sous la direction allemande de Gibraltar à l’Oural et du cap Nord à Chypre.

Introduction 7 

Les formes d’accommodation et les poids de la quotidienneté doivent 

impérativement être gardées à l’esprit. Par delà les prises de positions élitaires, on aura 

garde de sous-estimer le poids des comportements quotidiens qui, bien souvent, surdéterminent 

les attitudes du plus grand nombre. 

Reste le cas des formes de consentement. L’historien se doit d’évoquer toutes les 

pistes d’explication possibles. Au même titre que les formes de résistance, il existe sans 

doute, dans ce domaine, des gradations nécessaires. Le consentement à l’annexion n’est 

pas forcément l’adhésion active. Des formes de « micro-collaboration » sont peut-être 

mesurables. « Grises » ou ouvertes, les morphologies collaborationnistes sont aussi 

complexes que celles des formes de refus et de résistances. 

Avec la mémoire de ces comportements face aux annexions et à la nazification, 

nous changeons radicalement de registre. Nous quittons l’événementiel historique et ses 

interprétations, pour l’univers des représentations, des reconstructions et celui des 

revendications de mémoires identitaires blessées. 

Dans une société française qui laisse volontiers se déliter ses liens à la chronologie, 

le « devoir de mémoire » a pris le relais de la connaissance historique. Il est intéressant de 

constater qu’il fascine surtout les hommes politiques et les journalistes, qui partagent 

souvent une ignorance des travaux historiques. 

L’historien de métier sait, pour sa part, que la mémoire collective a une capacité 

limitée et qu’elle trie ses informations en fonction des convictions de la société actuelle. La 

mémoire collective a pour fonction de décerner des bons points et des bonnets d’âne, parce 

qu’elle se projette, par définition, dans la sphère de la morale d’aujourd’hui. L’historien, 

pour sa part, revendique, fort immodestement, de rendre intelligible au présent une période 

passée, c’est-à-dire d’expliquer des comportements. Ce faisant, le « devoir d’histoire » est 

fait de désacralisation alors que celui de mémoire sacralise des événements stéréotypiques. 

Si la mémoire collective, en tant que telle, n’est pas forcément un allié de l’historien, elle 

constitue en revanche un objet historiographique extrêmement important. Les historiens du 

temps présent ont appris à appréhender les manifestations mémorielles comme autant de 

champs de recherches scientifiques. 

A ce titre, je suis ravi de retrouver ici un de mes anciens étudiants de l’Université 

de Limoges, qui vient de produire un remarquable travail de maîtrise sur le procès de 

Bordeaux de 1953. Avec lui, nous sommes au cœur des problématiques mémorielles en 

même temps que nous sommes à l’interface des mémoires limousine et alsaciennemosellane. 

Il est temps maintenant de laisser la parole aux différents communicants de ce 

colloque afin qu’ils puissent développer leur argumentaire.

8 

François Cochet

9 

EUPEN-MALMEDY (LES « CANTONS DE L’EST » BELGES) : LA QUESTION 

DE LA NATIONALITE ; LES CONSEQUENCES 

Jacques WYNANTS * 

Comme dans tous les territoires frontaliers, la question des limites et de leurs 

changements est complexe. Dans le langage courant, ce que nous envisageons ici est une 

région assez indistincte mais uniforme dans laquelle l’initié voit immédiatement d’énormes 

différences. 

Les Cantons de l’Est, cantons d’Eupen-Malmedy, anciennement (avant les années 

1970) souvent appelés « les cantons rédimés », voilà vraiment notre sujet (voir carte 

annexe 1). Ces cantons comportent une région purement germanophone et une autre, la 

Wallonie malmédienne, largement francophone. 

Un petit bout de terre, au nord de ce domaine, a connu un sort différent : à partir de 

1815, il y eut une bizarrerie avec un Moresnet belge, un Moresnet neutre et un Moresnet 

prussien. Les deux derniers peuvent être adjoints à la région d’Eupen-Malmedy, le premier 

ayant été belge depuis la fondation de la Belgique en 1830. 

Enfin, en dehors des Cantons de l’Est, une dizaine de communes qui avaient 

toujours été belges, connues sous l’expression consacrée de « Dix Commune » ont été 

incluses dans l’annexion nazie de 1940, sans l’ombre d’un début de justification, sauf des 

considérations ethno-linguistiques discutables. Le statut des habitants autant que la 

mentalité en font un groupe à part dont nous ne parlerons pas, malgré ses caractéristiques 

très intéressantes. 

L’ANCIEN REGIME 

Les territoires envisagés constituent trois entités différentes, même si leur sort se 

rejoint parfois. A Versailles en 1919, on parlera des cantons d’Eupen et Malmedy, parce 

que le Kreis de Saint-Vith, qui existait au moment de la paix de Vienne en 1815, avait été 

supprimé quelques années plus tard. 

La région d’Eupen, Néau en français à l’époque, appartient dès 1061 au duché de 

Limbourg qui, lui-même lié au Brabant (1288), partage le sort des Pays-Bas jusqu’à la fin 

de l’Ancien Régime. Les localités principales sont Eupen (métallurgie et draperie), Raeren 

(poterie) et Kelmis/La Calamine (extraction de calamine, silicate de zinc). La région, 

essentiellement agricole comme le pays de Herve voisin, appartient au diocèse de Liège. 

Le pays de Saint-Vith appartient quant à lui au duché de Luxembourg et, après des 

unions personnelles successives avec le comté de Namur, le duché de Limbourg et le 

duché de Brabant, devient possession de la Bourgogne en 1443 et rejoint ainsi les Pays- 

Bas. Le duché de Luxembourg était deux fois plus étendu que le Grand Duché actuel. Les 

localités importantes sont Butgenbach, Saint-Vith et Amel. Signalons le cas particulier de 

Manderfeld/Büllingen qui ressortissent à la principauté ecclésiastique de Trèves. Dans 

cette région de Saint-Vith, uniquement agricole, des paroisses dépendent de l’archevêché 

de Cologne, d’autres du diocèse de Liège. 

Jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, tant le duché de Limbourg que celui de 

Luxembourg, tout en partageant le sort des Pays-Bas, conservent leurs propres institutions. 

* Centre d’Études et de Documentation Guerre et Sociétés contemporaines, Université de Bruxelles.

10 

Jacques Wynants 

Le pays de Malmedy fait partie de la principauté abbatiale de Stavelot-Malmedy et 

appartient directement à l’Empire. Il relève de l’archevêché de Cologne. Les localités 

marquantes sont Malmedy et Waimes. L’agriculture, les tanneries, les papeteries et les 

draperies occupent la population. C’est une contrée assez hétérogène tant sur le plan 

linguistique qu’économique. 

LE REGIME FRANÇAIS 

En 1794, après la guerre qui oppose la France aux troupes austro-prussienne de la 

Première Coalition, guerre où le Limbourg et le Luxembourg constituent un des théâtres 

des opérations militaires, la victoire française de Fleurus amène le régime d’occupation. 

Le 1 er octobre 1795, 9 vendémiaire an IV, sont exécutés les décrets de 1793, par 

lesquels les territoires qui nous intéressent, ainsi que tous les Pays-Bas et le pays de Liège, 

sont annexés par la France. Comme les populations n’ont pas été consultées, il n’est pas 

possible d’estimer combien d’habitants souhaitaient cette réunion à la France. 

Les communes qui nous concernent sont englobées dans la même circonscription 

administrative, le département de l’Ourthe qui, dans l’arrondissement de Malmedy, 

comporte parmi ses onze cantons ceux d’Eupen, de Malmedy, de Saint-Vith, mais aussi de 

Schleiden et de Cronenburg. 

Dans la première phase du régime français, de 1795 à 1799, la conscription est très 

mal vécue, comme la politique religieuse (prêtres réfractaires) mais, sous le Consulat et 

l’Empire, la situation s’améliore cependant quelque peu. 

ENTRE VIENNE ET VERSAILLES : LE REGIME ALLEMAND 

En 1815, le traité de Vienne entérine l’établissement du régime hollandais que 

subissaient depuis l’année précédente les territoires des anciens Pays-Bas et de la 

principauté de Liège. Il cède à la Prusse notamment les cantons de Saint-Vith, Eupen et 

Malmedy (avec 10 000 Wallons). 

Au nord-est, le traité des Limites d’Aix-la-Chapelle crée, le 26 juin 1816, le 

territoire neutre de Moresnet, dit aussi, avec raison, territoire contesté (aujourd’hui Kelmis- 

La Calamine, en Belgique) ainsi qu’un Moresnet prussien et un Moresnet « Pays-Bas », 

tout cela à la suite du flou et des erreurs du traité de Vienne. 

De plus, celui-ci a scindé l’ancienne principauté de Stavelot-Malmedy et a établi 

des limites territoriales complètement artificielles, ne tenant aucun compte du passé. 

Les populations n’ont été consultées ni dans les trois cantons, ni dans la 

« Belgique » amalgamée aux Pays-Bas, ni dans les trois Moresnet. 

Voilà donc les cantons d’Eupen, Malmedy et Saint-Vith devenus des Kreise, des 

cercles du gouvernement d’Aix-la-Chapelle, dans la Rheinprovinz dont le chef-lieu est 

Coblence (Cologne sur le plan ecclésiastique). 

Leur sort est désormais celui de la Prusse et le Kulturkampf de Bismarck 

provoquera une grave crise de confiance dans une population profondément catholique. 

Crise qui se dissipera par la suite, puisque ces lois seront révisées en 1886-1887. 

Cependant, dans la région de Malmedy où la germanisation à outrance s’instaure dès 1874, 

le malaise persistera durablement. Dans cette région précise, germanisation signifie 

bannissement du français, et surtout du wallon, langue véhiculaire et même langue de 

culture, de souche romane. S’il y a un malaise identitaire et un certain penchant pour la 

Belgique voisine dans la région des trois cantons, c’est à Malmedy, à partir de ce momentlà 

et pour cette raison-là qu’ils sont maladroitement suscités.

Eupen-Malmedy (les « Cantons de l’Est » belges) : la question de la nationalité … 11 

Au cours du XIXe siècle, la Belgique n’émet guère de prétentions sur ces terres. 

D’ailleurs, le respect de la neutralité imposée par le traité des XXIV articles l’interdirait. 

Quelques notes internes d’Émile Banning (1836-1898), fonctionnaire et diplomate 

belge, soulèvent bien en 1886 la question d’une rectification des frontières, mais ces notes 

restent destinées uniquement à l’administration des Affaires Etrangères. 

Par ailleurs, à Malmedy, ce qui mécontente les habitants, c’est qu’on cherche à en 

extirper la culture française et wallonne. Bref, là-bas comme à Eupen ou Saint-Vith, la 

nationalité allemande est un fait globalement accepté. 

Arrive la Première Guerre mondiale, avec la mobilisation de beaucoup d’habitants 

dans l’armée allemande. Le viol par l’Allemagne des traités assurant la neutralité de la 

Belgique créa une situation nouvelle aux yeux des Belges peu nombreux qui pensaient à 

des rectifications de frontières. L’agression choqua aussi dans les cantons où d’aucuns, en 

particulier des Malmédiens, se mettent à penser à un déplacement des frontières qui leur 

donnerait la nationalité belge. 

L’exacerbation par la guerre du nationalisme belge, les déclarations, très tôt dans le 

déroulement du conflit, des « publicistes de l’annexion », comme les qualifie Collinet, 

préparaient les esprits et singulièrement ceux de certains hommes politiques belges. 

L’avocat bruxellois Zwendelaar avec sa brochure « La Belgique jusqu’au Rhin » (1915), 

Pierre Nothomb avec « La Barrière belge » (1916), Eugène Baie, avec « La Belgique de 

demain » (1916), Maurice des Ombiaux, avec « Les Revendications territoriales de la 

Belgique » (1916) étaient largement de la partie. 

Démarches diplomatiques plus ou moins discrètes (car il ne fallait pas s’aliéner la 

sympathie des neutres) de nos Affaires Etrangères, déclarations compréhensives de 

certains porte-parole des Alliés, rappels nostalgiques de la « plus grande Belgique » 

d’avant 1839, demandes de protection de Malmédiens vivant à l’étranger, tout cela fortifie 

l’idée d’une « annexion » ou « réunion » comme disent certains, même si, dans le monde 

politique belge, des voix influentes s’élèvent pour exiger l’accord des populations. De plus, 

à peine les hostilités terminées, en décembre 1918, le Comité de Politique Nationale, fondé 

par Nothomb, prend le relais et suscite une importante vague d’adhésions à l’idée d’une 

révision des frontières. 

VERSAILLES ET LE CHANGEMENT DE REGIME 

Sans insister sur les négociations qui ont précédé son adoption, disons que les 

Alliés furent sensibles aux arguments stratégiques et économiques invoqués par la 

Belgique et que le traité de Versailles du 28 juin 1919 céda à la Belgique les anciennes 

communes allemandes des trois cantons (art. 34) et l’ancien territoire neutre de Moresnet 

(art. 32 et 33 pour l’ancien Moresnet prussien). 

Cette décision sera reconnue à titre définitif par le Conseil de la SDN le 20 

septembre 1920 après le dépouillement de la consultation des habitants qui avait été 

prescrite (art. 34). 

Cette consultation, de fin janvier à fin juillet 1920, a été diversement jugée. Sur 

63 940 habitants, 33 726 de plus de 21 ans avaient le droit de prendre part aux opérations 

pour lesquelles il fallait se rendre à Eupen ou à Malmedy. 

271 personnes seulement (dont 117 étaient nées dans les Kreise) se présentèrent 

pour exprimer leur désir que tout ou partie des cercles reste sous la souveraineté 

allemande. L’éloignement de certains villages par rapport aux deux villes, des excès de 

zèle d’un commissaire, la formulation même de la question, formulation inscrite dans l’art. 

34 du traité et qui n’a donc pas été inventée par les Belges, tout cela fit que d’aucuns ont 

considéré cette consultation comme une mascarade.

12 


En fait, ce sont les Alliés qui ont voulu cette « comédie ». Désireux de respecter la 

doctrine Wilson et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes (dont les populations 

n’avaient pu se prévaloir ni en 1795 ni à Vienne) mais en même temps soucieux d’octroyer 

une compensation à la Belgique assez négligée par les grandes puissances lors des 

discussions préliminaires au traité, ils se sont accordés sur cette formule ambiguë de 

consultation. 

Une lecture comparative attentive des articles 34 (Cantons d’Eupen-Malmedy), 50 

(Bassin de la Sarre), 88 (Haute-Silésie), 94 (Prusse avec Allenstein, Marienburg et 

Marienwerde), 109 (Schleswig) montre que, dans tous les cas, sauf celui de l’art. 34, il est 

explicitement fait mention de plébiscite, avec engagement de la SDN de tenir compte du 

résultat. Pour notre région, « les résultats de cette expression publique d’opinion seront 

communiqués par le gouvernement belge à la Société des Nations et la Belgique s’engage à 

accepter la décision de la Société (art. 34, traduction libre d’après le texte anglais) ». Texte 

beaucoup plus vague et moins contraignant face à une population dont on n’est pas sûr du 

tout qu’elle soit acquise au projet. 

Voilà donc les anciens Kreise d’Eupen et Malmedy devenus belges, en trois 

cantons d’Eupen, Malmedy et Saint-Vith, et sous le vocable bien ambigu de cantons 

rédimés. Ce dernier adjectif signifie « rachetés ». On rejoint ainsi la conception des milieux 

nationalistes belges et même de nombreux auteurs, historiens, polémistes ou folkloristes : 

les habitants sont des frères séparés enfin retrouvés, les territoires sont récupérés, la région 

est restituée, rétrocédée, voire même désannexée… 

L’Etat belge date de 1830, ce qui exclut pour lui tout droit de récupérer quelque 

chose qui ne lui a jamais appartenu. Bien sûr, ces régions ont connu, sous l’Ancien Régime 

et sous la domination française un sort commun, mais commun à des territoires aujourd’hui 

belges, allemands, hollandais ou luxembourgeois. C’est pourtant ce passé commun qui 

reste la seule justification possible des prétentions belges. 

Ce n’est pas le lieu de parler des motivations profondes des milieux belges. Les 

considérations économiques autant que stratégiques ont pesé de tout leur poids : citons à 

titre d’exemples l’hydrographie, les fortes, la concurrence industrielle entre Verviers et 

Eupen, le contrôle des têtes de lignes de chemin de fer du camp militaire d’Elsenborn… 

Le lieutenant général Herman Baltia, catholique qui maniait aisément la langue 

allemande et même le patois de Saint-Vith, fut nommé par le gouvernement belge Haut 

Commissaire du Roi et prit ses fonctions le 10 janvier 1920. 

Ainsi commençait une période de cinq années durant lesquelles l’objectif serait 

d’assurer la transition entre le régime allemand et le régime belge qui deviendrait définitif 

en 1925. 

Lourde tâche qui englobait tous les domaines : l’administration, la justice, la vie 

religieuse, l’économie et les finances, les pensions et lois sociales avec le respect des droits 

acquis, les voies de communication aussi bien que l’enseignement, etc. 

On peut dire que le « gouvernement Baltia » accomplit sa mission avec sérieux, 

partagé entre une fermeté toute militaire et la bienveillance un peu paternaliste pour cette 

population au destin si particulier. 

Bref autoritarisme mais correction. 

Une loi du 6 mars 1925 agrégeait définitivement à la communauté nationale belge 

la population de ces cantons qui furent réunis à l’arrondissement de Verviers. Les pouvoirs 

extraordinaires du Haut Commissaire Gouverneur prirent fin le 1 er juin de la même année. 

Les cantons partagent désormais le sort commun de la Belgique.


LA QUESTION DE LA NATIONALITE EN 1920 

Les ressortissants allemands établis dans la région avant le 1 er août 1914 reçurent 

d’office la nationalité belge. S’ils s’étaient installés là après la date fatidique, ils pouvaient 

obtenir cette même nationalité mais après autorisation du gouvernement belge. Tels sont 

les termes de l’art. 36 du traité de Versailles. 

L’article suivant prévoyait que les habitants établis avant le 1 er août 1914 avaient 

toutefois la possibilité pendant deux ans d’opter pour la nationalité allemande. Ils devraient 

ensuite déménager en Allemagne mais en pouvant emporter sans taxe ni autre droit leurs 

biens meubles et en conservant la propriété de leurs biens immeubles. 

Cette perspective de déménagement a dû, on le devine, refroidir quelque peu les 

ardeurs pro-allemandes de certains. Cette disposition et les conditions discutables de la 

consultation restent des points négatifs sur lesquels les opposants n’ont pas manqué 

d’appuyer leur augmentation, et on les comprend. 

LES ELECTIONS JUSQU’EN 1940 

Un tableau (annexe 2) reprend les résultats des élections législatives qui ont eu lieu 

entre 1925 et 1940. 

Il est clair que les maladresses d’une bureaucratie bruxelloise centralisatrice peu au 

fait de la situation particulière de la région ne favorisèrent pas une réelle assimilation. 

Pas plus que les préventions anti-allemandes des populations francophones 

voisines, encore sous le choc des cruels excès commis par les troupes du Kaiser en août 

1914 : Dolhain, Francorchamps, Battice et Herve, par exemple, sont des localités fort 

éprouvées et très proches de la nouvelle frontière… Et les Wallons de Verviers, 

méprisants, nomment leurs nouveaux compatriotes, et généralement, tous les 

germanophones des environs, des « Hin è Han », onomatopée évoquant un jargon 

incompréhensible. 

Sans compter les rumeurs de tractations officieuses en vue d’un retour à 

l’Allemagne, en 1926 et 1929. Ainsi, s’installent le malaise et le mécontentement, encore 

attisés, comme l’expliquera Bruno Kartheuser, par les subtiles manœuvres en sous-main de 

Thedieck et des services allemands. 

Osons un bref commentaire des résultats électoraux. 

Les nouveaux Belges sont très majoritairement catholiques et, en 1925, ils le 

marquent par vote massif (66,4 %) en faveur du parti catholique belge. Le parti ouvrier est 

crédité de 25,2 % des suffrages, acquis dans les zones un peu plus industrialisées. 

Le nouveau régime amène son lot de déceptions. Tout d’abord, les gens ne se 

sentent ni écoutés ni considérés. De 1925 à 1929, plusieurs rumeurs font état d’un retour 

possible de la région à l’Allemagne, via des discussions, réelles mais loin d’être officielles 

et concluantes. La système électoral belge, inconnu des nouveaux arrivants, n’a pas permis 

de doter le parti vainqueur d’un représentant des cantons, alors que les socialistes, moins 

bien placés en termes de voix, bénéficient d’un siège, par les mystères de l’apparentement 

ou art d’accommoder les restes électoraux. Tout cela amènera un rejet par beaucoup du 

parti catholique et l’apparition du Christliche Volkspartei, le CVP, un parti régional à 

connotation irrédentiste soutenu par le Zentrum allemand. Cette nouvelle formation obtient 

immédiatement 52,1 % des voix, au détriment principalement du parti catholique 

« national-belge ». 

1932 voit un recul socialiste, un raffermissement des catholiques et une perte pour 

le CVP qui garde cependant 45,8 % des suffrages.

14 


En 1936, le CVP, dont le grand frère allemand a disparu sous les coups du nazisme, 

ne se présente plus. Le Heimattreuefront, qui se situe ouvertement dans la ligne du 

nouveau régime d’outre-Rhin, va prendre le relais mais n’ose pas encore apparaître 

ouvertement aux élections. Il interviendra en recommandant le vote blanc et sera suivi par 

beaucoup d’électeurs : 48,8 % des votes seront non valables (nuls ou blancs) contre 8 à 10 

% dans les élections précédentes. Le nouveau parti, germanophile ou pronazi, participe aux 

élections suivantes, en 1939, et obtient 45 %, tandis que les partis pro-belges totalisent 55 

% des voix. Les votes non valables ne se montent plus qu’à 5,8 %. 

En résumé donc, depuis le début des années 30, la situation semble s’être stabilisée 

à environ 50 % de pro-belges et 50 % de pro-allemands. 

L’historien belge germanophone Alfred Minke insiste bien, et à juste titre, sur les 

distinctions à faire dans une réalité complexe : un pro-allemand n’est pas toujours pro-nazi, 

s’il l’est quelquefois ; un pro-belge l’est parfois devenu par un anti-hitlérisme plus que par 

attachement à la Belgique. Enfin, le Heimattreuefront n’a pas remporté moins de succès à 

Malmedy, terre wallonne, que dans les zones germanophones. 

LA SECONDE GUERRE MONDIALE : NATIONALITE ET SERVICE MILITAIRE 

Au moment où se déclenche la Seconde Guerre mondiale, les positions semblent 

donc bien tranchées. 

Eupen-Malmedy ist wieder frei dès le 10 mai 1940. On n’a pas le temps ici 

d’évoquer la joie des uns et la découverte des autres, l’installation du régime nazi et 

l’attitude des populations. Très vite vont se succéder les mesures aux conséquences 

dramatiques pour les habitants. Le 18 mai déjà, les territoires d’Eupen-Malmedy-Sankt- 

Vith et Moresnet furent annexés au Reich et rattachés à la province rhénane. 

D’après les termes de ce décret, il s’agissait des régions qui avaient été enlevées à 

l’Allemagne par le Diktat de Versailles. Pourtant, un arrêté d’exécution du 23 mai 

spécifiait que, par Moresnet, il fallait entendre Moresnet-Neutre. Extension tout à fait 

arbitraire et sans fondement, accompagnées d’un autre coup de force par lequel des 

portions de territoires contiguës étaient également annexés (les « Dix Communes »). 

Le point sensible était évidemment la question de la nationalité, puisqu’elle allait 

impliquer diverses conséquences, dont le service militaire. Une vague réponse globale était 

apportée par l’arrêté du 23 mai 1940 qui transformait les habitants en Allemands, sans 

nuances. L’exode des Belges de naissance fut possible jusqu’au 1 er septembre 1940 sans 

démarche spéciale. Ensuite, ils durent demander une autorisation, de plus en plus difficile à 

obtenir, pour pouvoir quitter la région annexée.


Fig.1 : Défilé dans la Neustrasse à Eupen. L’embrigadement est total (doc. Privé). 

C’est le décret du 23 septembre 1941 qui développera la question de la nationalité 

et établit une série de distinction. 

Fig. 2 : L’enfant est déjà pris en mains. On comprend qu’après la guerre, il faudra veiller à une 

certaine désintoxication (doc. Privé). 

Ainsi, les habitants devenus belges par l’automaticité des dispositions du traité de 

Versailles étaient censés n’avoir jamais perdu la nationalité allemande. Quant aux Belges 

de naissance et à ceux qui étaient devenus belges par une démarche personnelle (option…), 

ils étaient considérés comme Allemands mais avec possibilité de se désister eux-mêmes ou 

d’être déchus par le président de la Régence d’Aix-la-Chapelle ou le ministre de 

l’Intérieur : Allemands auf Widerruf, avec rétractation. Faculté qui pouvait durer jusqu’à

16 


dix ans. Aux yeux de la population, la nouvelle situation, entérinée par les autorités 

administratives belges restées au pays, pouvait sembler définitive, d’autant que le 

gouvernement belge de Londres n’adressa pas une seule parole à ces annexés durant toute 

l’occupation, bien qu’on ait longtemps cru le contraire (wishful thinking, disent les 

Anglais). 

Le recrutement pour l’armée allemande commença en septembre 1941, quand la 

question de la nationalité fut éclaircie. Certes, depuis juin 1940, des bureaux de 

recrutement pour volontaires avaient été ouverts, s’adressant aux classes nées entre 1894 et 

1921. Pour toute la durée de l’annexion, il y eut environ 700 volontaires. 

La région compta quelques 8 700 enrôlés, dont un nombre important ne revinrent 

pas (3 400 tués ou disparus). Plus de 1 600 revinrent invalides. 

La plupart des enrôlés furent envoyés sur le front de l’Est et il est clair qu’au fur et 

à mesure de l’annonce des décès, la confiance dans le Reich fut ébranlée, même parmi les 

chauds partisans du début. 

Le nombre des réfractaires n’est pas énorme même si, surtout dans les communes 

wallonnes comme Waines ou Malmedy, il est plus significatif, en raison de l’influence des 

milieux pro-belges et du clergé. 

L’abbé Joseph Peters, professeur à Malmedy, arrêté le 1 er octobre 1942, sera 

décapité à Berlin-Plötsensee, quelques mois plus tard, pour ses menées anti-allemandes 

incluant le soutien aux jeunes qui veulent éviter de servir dans la Wehrmacht. Je tiens à le 

saluer parce que c’est une figure emblématique de la Résistance des Cantons et, oserais-je 

le dire, parce qu’il est originaire de ma propre paroisse Saint-Remacle à Verviers.


Fig. 3 : L’abbé Jean Arnolds, originaire de Baelen, dans les « Dix Communes », fils d’un volontaire de 

guerre belge de 1914-18, était vicaire et aumônier des jeunes à Eupen où il exerçait une influence qui 

déplaisait aux pro-nazis. Démobilisé comme ressortissant de la région annexée mais indésirable à 

Eupen, il fut muté à Montzen, commune annexée, anciennement belge. Il fut arrêté en mai 1943 

comme membre d’une filière d’évasion et décapité à Brandenburg-Görden l’année suivante. C’est un 

des nombreux prêtres de la région qui adoptèrent une attitude ferme face au nazisme. Plusieurs l’ont 

payé de leur vie. (Doc. privé). 

Qu’il y ait eu peu de réfractaires s’explique. Une majorité d’appelés ne parlent que 

l’allemand, d’où difficulté de se cacher en « ancienne Belgique ». Par ailleurs, la crainte de 

représailles contre les familles est bien réelle. Enfin l’encadrement national-socialiste de la 

vie quotidienne dans un milieu où le climat général est plutôt pro-allemand rend périlleuse 

toute rébellion. La situation est tout autre dans la « Montzener Gebiet », les « Dix 

Communes », qui n’avaient pas de traditions nationales allemandes c’est évident. 

Normalement, le processus d’incorporation s’opère en trois phases : d’abord une 

phase lointaine qui est l’inscription sur les listes (Erfassung für die Wehrstammrolle), 

ensuite, deux étapes, parfois très proches l’une de l’autre, la visite médicale à 

Monschau/Monjoie (Musterung) et l’appel sous les armes (Einberufung). Successivement 

seront appelés les classes 1922, 1914 à 1921, 1923, 1900 à 1913, 1924, 1925, 1896 à 1899, 

1926 (avec six mois d’Arbeitsdienst d’abord), 1895, 1890 à 1894, 1927 (encore à 

l’Arbeitsdienst au moment de la Libération), 1884 à 1889. La Musterung eut lieu de 

décembre 1941 à avril 1944 et l’Einberufung de février 1942 à juin 1944.

18 


A partir de juin 1943, la Musterung démarra dans les « Dix Communes » mais c’est 

une autre histoire… 

Fig. 4 : Les jeunes hitlériens des cantons de l’Est sont fiers de venir parader à Verviers, ville belge 

voisine (doc. privé). 

Il y aurait beaucoup à dire sur les volontaires SS, sur les anciens Brandenburger, 

sur les jeunes bilingues facilement devenus Sonderführer dans toutes sortes d’organismes 

militaires ou paramilitaires, y compris la Sipo-SD. Par exemple, les polices allemandes du 

ressort de l’Oberfeldkommandantur de Liège comptent 10 membres ou auxiliaires issus 

des Cantons de l’Est, deux de Moresnet-neutre, un de « Moresnet prussien », et deux des 

« Dix Communes », selon les annexes encore confidentielles d’un mémoire universitaire 

défendu brillamment à Liège en 1995. 

Mais, il y aurait d’abord beaucoup à dire, et en lettres de sang et de larmes, sur ces 

centaines et milliers d’incorporés de force, déracinés et propulsés dans un environnement 

inconnu, voire hostiles. C’est aussi une autre histoire. 

LA LIBERATION, LES MALENTENDUS, L’EPURATION 

Dans cette région, la libération par les troupes américaines en septembre 1944 n’eut 

rien de bien joyeux. De nombreux enfants du pays étaient morts en Russie, estropiés ou 

encore sur le front. 

Dans ses fourgons, le libérateur amenait des cohortes de résistants, parfois de la 

onzième heure, qui ne comprenaient goutte à la situation spéciale de ces cantons et se 

comportaient en soudards tout-puissants régnant sur une terre conquise. Non sans peine, on 

s’efforça de les ramener vers l’intérieur du pays, mais le mal était fait : la libération avait 

déjà un goût amer. La Bataille d’Ardenne, communément appelée Offensive des Ardennes, 

qui ravagea la région à partir du 16 décembre et dura là-bas jusqu’au 2 février, ramena 

l’instabilité et provoqua de terribles souffrances pour les habitants chassés de leurs 

villages, jetés sur les routes hivernales, pris entre deux feux, bombardés par l’aviation 

alliée, canonnés tantôt par les uns, tantôt par les autres. 

En même temps qu’avancent les libérateurs et que des administrations locales 

belges se remettent péniblement en place, l’épuration démarre, avec son cortège de


suspicions et de dénonciations. Les internements sont monnaie courante, les arrestations 

nombreuses, les dossiers ouverts aussi. 

Fig. 5 : L’avance américaine précipite le départ des amis du NSDAP d’Eupen. Quand ceux d’entre eux 

qui ne restent pas en Allemagne reviennent, après la capitulation allemande, l’accueil de leur pitoyable 

cortège sera chaud, comme avait été chaude pour les pro-belges la parade victorieuse des nazis en mai 

1940 (doc. privé). 

En octobre, un conseil de guerre fonctionne à Verviers, compétent aussi pour les 

Cantons de l’Est, mais voilà déjà un mois que les résistants font une chasse incontrôlée aux 

collaborateurs réels ou imaginaires. 

Au tribunal militaire sont adjoints un parquet militaire (l’auditorat militaire, avec 

un auditeur et des substituts qui remplissent à la fois les fonctions de juge d’instruction et 

de ministère public) et une instance exécutive, la Sûreté de l’Etat. Cette dernière installe 

ses délégués, parfois un peu improvisés, dans diverses localités. 

Ultérieurement, une chambre du conseil de guerre, avec un auditorat, sera créée à 

Eupen et une autre à Malmedy, afin d’accélérer les procédures. 

La justice militaire, peu sensible à la situation de la région, même quand on aura 

créé les chambres d’Eupen et Malmedy, appliquera en terre anciennement annexée des lois 

faites pour un pays occupé. De cette incompréhension naîtra un profond malaise qui 

persistera longtemps. 

Comme l’affiliation à des groupements organisés par le Parti ou le Reich avait été 

quasiment obligatoire, comme les fonctionnaires restés à leur poste alors que les autorités 

belges les y avaient encouragés en 1940 avaient nécessairement travaillé pour l’ennemi, on 

en arriva à ouvrir un dossier d’instruction pratiquement pour une personne sur quatre 

(15 623 dossiers ouverts entre 1945 et 1947 pour 62 389 âmes). A la répression judiciaire, 

il faut ajouter l’épuration administrative dans les services publics, souvent trop sévère et 

rigide, comme à la SNCB par exemple. 

Nous donnons en annexe (annexe 3) les statistiques de la répression, basées sur 

l’étude incontournable de John Gilissen, alors (1951) substitut de l’auditeur général. Elles 

méritent quelques commentaires.

20 


Il est vrai que le nombre de dossiers ouverts est très important mais, en définitive, il 

n’y aura de poursuites que dans 10 % des cas, ce qui est peu, soit 2,54 % de la population, 

ce qui est considérable. Au total, 1 503 inculpés seront condamnés, soit 2,41 % des 

habitants : quatre à cinq fois plus que dans le reste du pays. 

Après les procédures d’appel, voire de cassation, aucun condamné à mort ne sera 

exécuté, alors que le nombre total des exécutions, en Belgique, sera de 241, dont 5 à 

Verviers. 

Fig. 6 : Le cas de ce jeune homme est assez typique de la situation de beaucoup d’habitants. Né Belge 

en 1925, devenu Allemand en 1940, embrigadé dans la Jeunesse Hitlérienne, mobilisé dans la 

Wehrmacht, prisonnier des Américains, renvoyé en Belgique où il est incarcéré, comment n’aurait-il 

pas le sentiment d’une immense injustice ? (doc. privé). 

Les faits reprochés, qui sont parfois cumulés pour la même personne, sont d’avoir 

porté l’uniforme ennemi (1 143 cas, y compris les volontaires qui ont devancé l’appel), 

d’avoir collaboré politiquement (2 250 cas), économiquement (48 cas) ou d’avoir dénoncé 

(188 cas). A côté des condamnations pénales et des sanctions administratives exista aussi


une épuration civique qui se manifestait, après une sorte de transaction, par l’inscription 

sur les listes de l’auditeur militaire. Cette mesure qui paraissait banale et moins effrayante 

qu’une condamnation en justice, s’assortissait cependant de conséquences durables que les 

personnes n’avaient pas imaginées. Dans les Cantons de l’Est, en 1950, il restait 1 531 

personnes inscrites sur les listes tandis que 1 825 autres, au terme d’une procédure, avaient 

obtenu leur radiation de ces listes. Il n’y eut donc pas moins de 3 356 habitants atteints par 

cette disposition. 

Les Alliés ont obtenu 3 658 POW (prisonniers de guerre) de la région, dont 2 435 

furent libérés, ce qui signifie que les 1 223 autres quittèrent les camps alliés pour se 

retrouver au moins un temps dans une prison belge. 

Tambow, nom évocateur pour tant d’Alsaciens, reste aussi un souvenir cruellement 

inoubliable pour des centaines d’habitants d’Eupen-Malmedy. 

CONCLUSION 

Sur le plan du sentiment national, la situation des Cantons de l’Est devenus belges 

ne peut être comparée à celle de l’Alsace, appartenant au Saint-Empire jusqu’en 1648, 

française jusqu’en 1870, allemande jusqu’en 1918, et l’on connaît la suite. Cette région 

avait vécu assez longtemps dans le giron de la France pour devenir un mythe. L’histoire 

nationale française a doté son évocation d’une charge symbolique forte. 

Au contraire, dans l’histoire nationale belge et dans le sentiment national belge, la 

région d’Eupen-Malmedy occupe une place totalement périphérique. 

Ce qu’il y a de commun entre les Cantons de l’Est et l’Alsace, ce sont les 

enracinements et déracinements successifs dus aux changements de nationalité lors du 

XXe siècle. Ce qu’il y a de commun aussi, ce sont les traumatismes qui s’ensuivirent, et les 

incompréhensions. Donc, au plan psychologique, la comparaison tient vraiment. 

Dans les deux cas, on imagine facilement l’état d’esprit d’une population qui avait 

dû faire face à tant de vicissitudes. Le traumatisme était profond et il fallut du temps pour 

s’en remettre. 

Pour ce qui concerne la région d’Eupen-Malmedy, l’évolution politique interne de 

la Belgique vers le fédéralisme et l’autonomie culturelle à partir des années 1970 amena un 

heureux changement dans les mentalités et contribua à apaiser les rancoeurs, tandis que le 

temps lui aussi faisait son œuvre.

22 


Orientation bibliographique 

Klaus PABST, Eupen-Malmedy in der belgischen Regierungs-und Parteienpolitik 1914- 

1940, Aachen, 1964 

Alain COLIGNON, Ostkantone, Jours de Guerre, t. 2, Bruxelles, 1990 

Roger COLLINET, L’Annexion d’Eupen et Malmedy à la Belgique en 1920, Verviers, 1986 

Lucien COLSON, Malmedy et les territoires rétrocédés, Liège, 1920 

Heinz DOEPGEN, Die Abtretung des Gebietes von Eupen-Malmedy an Belgien im Jahre 

1920, Bonn, 1966 

Kurt FAGNOUL, Aspects de la Seconde Guerre mondiale au pays de Saint-Vith, Cahiers 

d’histoire de la Seconde Guerre mondiale, n°7, Bruxelles, 1982 

Léopold GENICOT (dir.), Histoire de la Wallonie, 1 ère éd., Toulouse, 1973 

Hervé HASQUIN (dir.), La Wallonie. Le pays et les hommes. Histoire-économies-sociétés, t. 

II, Bruxelles, 1976 

Georges JARBINET, Pays de Malmedy, La Vie Wallonne, t. XXI, n° 3, nouvelle série 

(n°329), Liège, 3 e trimestre 1947 

Bruno KARTHEUSER, Les Années 30 à Eupen-Malmedy. Regard sur le réseau de la 

subversion allemande, Saint-Vith-Bruxelles, 2001 

Bruno KARTHEUSER, Walter, agent du SD à Tulle. La France occupée. 1940-1943, Saint- 

Vith, 2002 

Maurice LANG, Une expression impropre qui a la vie dure : les « Cantons rédimés », 

Folklore Stavelot-Malmedy-Saint-Vith, t. XXXIV-XXXVI, Malmedy, 1970-1972 

Elisée LEGROS, Malmedy et les Cantons de l’Est. Histoire et linguistique, La Vie Wallonne, 

t. XXI, n°3, nouvelle série (n° 329), Liège, 3 e trimestre 1947 

Jochen LENTZ, Das Wahlverhalten in den Kantonen Eupen, Malmedy und St Vith bei den 

Parlamentswahlen von 1925 bis 1939, 2 banden, Eupen, 2000 

Pierre MAXENCE, Les atouts gaspillés ou le drame des Cantons de l’Est, Saint-Nicolas, 

1951 

Alfred MINKE, Entre deux mondes : les « Cantons de l’Est », La Revue Générale, n°10, 

Bruxelles, 1995 

Georges-Gilbert NONNENMACHER, La Grande Honte, Colmarn 2 e éd., 1966 

Firmin PAUQUET, Le territoire contesté de Moresnet dit Moresnet neutre, Bulletin de la 

Société verviétoise d’Archéologie et d’Histoire, t. 47, Verviers, 1960 

Jacques-Henri PIRENNE, L’Évolution des relations internationales de la Belgique de 1914 à 

nos jours, Histoire de la Belgique contemporaine 1914-1970, Bruxelles, 1974 

Martin R. SCHÄRER, Deutsche Annexionspolitik im Westen. Die Wiedereingliederung 

Eupen-Malmedy im zweiten Weltkrieg, Berne-Francfort/Main, 1975 

J. TOUBON, Un épisode méconnu de l’histoire de Beho et de Petit-Thier : la deuxième 

Guerre mondiale et le rattachement de certaines portions de leur territoire au grand Reich 

allemand, Glain et Salm. Haute Ardenne, n°41, Vielsalm, octobre 1994 

J. P. D. van BANNING, Gebiedsovergang en zijn gevolgen getoetst aan de praktijk van de 

inlijving van Eupen-Malmedy door België, Schaesberg, 1949 

Pierre van WERVEKE, La Vérité sur Eupen-Malmedy-Saint-Vith, Bruxelles, 1947 

Pierre XHONNEUX, L’Annexion, en 1940, des communes du Nord-Est de la province de 

Liège, Verviers, 1950


ANNEXE 1 

Situation d’Eupen-Malmedy-Saint-Vith en Belgique 

Les régions annexées par le Reich en 1940 (in Martin R. Schärer, Deutsche 

Annexonspolitik im Westen. Die Wiederreingliederung Eupen-Malmedys im zweiten 

Weltkrieg, Berne-Francfort/Main, 1975, p. 78)

24 

ANNEXE 2 


(Pierre Maxence, Les Atouts gaspillés ou le drame des Cantons de l’Est, Saint- 

Nicolas, 1951, pp. 28-29). Quelques divergences mineures par rapport aux chiffres publiés 

par la presse ou par R. de Smet, R. Evalenko, W. Fraeys, Atlas des élections belges 1919- 

1954 et une annexe statistique, 2 vol., Bruxelles, 1958. 

Résultats des Elections législatives 

(Chambre des Représentants) 

Légion 

Votes Catholiques Libéraux Socialistes Communistes Agriculteurs 

Cantons 

Nation. 

valables 

Votes % Votes % Votes % Votes % Votes % Votes % 

1925 

Eupen 

Malmedy 

St-Vith 

Totaux 

1929 


Malmedy 

St-Vith 

Totaux 

1932 


Malmedy 

St-Vith 

Totaux 

1936 


Malmedy 

St-Vuth 

Totaux 

1939 


Malmedy 

St-Vith 

Totaux 

1946 


Malmedy 

St-Vith 

Totaux 

1949 


Malmedy 

St-Vith 

Totaux 

5 079 

4 356 

3 755 

13 190 

5 894 

5 005 

3 944 

14 843 

6 409 

5 374 

4 479 

16 262 

3 227 

3 482 

2 566 

9 275 

6 614 

5 665 

4 634 

16 913 

4 052 

3 196 

2 671 

9 919 

11 385 

9 584 

7 628 

28 597 

2 933 

2 733 

3 101 

8 767 

1 047 

1 205 

627 

2 879 

1 494 

2 046 

1 514 

5 054 

1 613 

1 812 

1 564 

4 989 

2 526 

2 056 

1 948 

6 530 

3 401 

2 426 

2 488 

8 315 

8 881 

7 398 

6 947 

23 226 

57,7 

62,7 

82,6 

66,4 

17,8 

24,1 

15,9 

19,4 

23,3 

38,1 

33,8 

31 

50 

52 

61 

54,2 

38,1 

36,3 

42 

38,6 

83,9 

75,9 

93,2 

84 

78 

77 

91,3 

81,5 

285 

100 

38 

423 

343 

285 

59 

687 

236 

193 

45 

474 

133 

145 

21 

299 

221 

378 

23 

621 

72 

131 

44 

247 

701 

467 

201 

1 369 

5,6 

2,3 

& 

3,2 

5,8 

5,7 

1,5 

4,5 

3,7 

3,6 

1 

2,9 

4,1 

4,2 

0,8 

3,2 

3,3 

6,7 

0,5 

3,6 

1,8 

4,1 

1,6 

2,5 

6 

4,7 

2,5 

4,8 

1 720 

1 109 

507 

3 336 

1 515 

1 329 

617 

3 461 

1 329 

1 044 

529 

2 902 

526 

332 

317 

1 175 

265 

288 

140 

693 

318 

351 

96 

765 

1 248 

1 266 

300 

2 814 

33,9 

25,5 

13,5 

25,2 

25,7 

26,5 

15,9 

23,3 

20,7 

19,4 

11,8 

17,8 

16,3 

9,5 

12,4 

12,6 

4 

5,08 

3 

4 

7,8 

11 

3,6 

7,7 

11 

13,2 

4 

9,8 

26 

10 

4 

40 

30 

30 

16 

76 

165 

177 

30 

372 

169 

92 

39 

300 

107 

64 

11 

182 

222 

71 

27 

320 

300 

213 

107 

620 

0,5 

0,2 

0,1 

0,3 

0,5 

0,6 

0,4 

0,5 

2,6 

3,3 

0,7 

2,3 

96 

367 

63 

526 

1,9 

8,4 

1,7 

3,9 

P.Pop. Chrét. 

2 959 

2 157 

2 624 

7 740 

3 185 

1 914 

2 361 

7 460 

50,2 

43,1 

66,5 

52,1 

49,7 

35,6 

52,7 

45,8 

18 

37 

42 

97 

0,4 

0,9 

1,1 

0,7 

5,2 23 0,7 

REX 

763 23,7 

2,7 18 0,5 1 083 31,1 

1,5 19 0,7 606 23,6 

3,2 60 0,6 2 452 26,6 

Heimattreuefront REX 

1,6 3 219 51,3 276 4,1 

1,1 2 441 43 438 7,7 

0,2 2 073 44,7 439 9,4 

1 7 633 

UDB 

45,2 1 153 6,7 

5,5 39 1 

2,2 217 6,8 

1 16 0,6 

3,2 272 2,7 

2,6 

2 01 

1,4 

2,1 

Cl. moyennes 

200 1,7 

222 2,2 

66 0,9 

488 1,7 

Un. Wallon. 

34 0,3 

18 0,2 

7 0,09 

59 0,2


ANNEXE 3 

La répression dans les Cantons de l’Est (62 389 hab.) 

(Document privé) 

(Chiffres tirés de John Gilissen, Etude statistique de la répression de l’incivisme, 

Revue de Droit pénal et de Criminologie, Bruxelles, février 1951. 

DOSSIERS CONSTITUES PAYS EUPEN MALMEDY ENSEMBLE CANTONS 

346 283 

(Flandres : 4,4%) 

(Wallonie : 3,38%) 

(Bruxelles : 4,01%) 

7 406 (28%) 8 217 (22,9%) 15 623 (25,04%) 

Classés sans suite 230 472 (66,56%) 5 855 (79,1%) 6 751 (82,1%) 12 606 (80,7%) 

Non lieu 58 566 (16,91%) 736 (9,9%) 719 (8,8%) 1 455 (9,3%) 

Poursuites 57 052 (16,48 %) 815 (11%) 747 (9,1%) 1 562 (10%° 

Poursuite en % 6,85 30 20,8 25,4 

Population Province : 5,5 

Anvers : 8,7 

Flandres : 7,81 

Wallonie : 5,51 

Bruxelles : 5,73 

Le pourcentage des poursuites par rapport au total des dossiers est le plus bas dans les Cantons. Par contre, il est cinq fois 

plus élevé par rapport à la population. 

Condamnés 

772 

731 

1 503 

(en % population) 0,64 

Flandres : 0,73 

Wallonie : 0,52 

Bruxelles : 0,56 

2, 92 

2,03 

2,41 

Condamnés à mort et exécutés 241 

Flandres : 105 

Wallonie : 122 

Bruxelles : 14 

0 0 0

26 

Jacques Wynants

SUBVERSION NAZIE ET ACTION SECRETE 

L’ENCADREMENT NAZI ET ALLEMAND DES CANTONS DE L’EST DE LA BELGIQUE 

EPISODES, APERÇUS, CONSTAT 

27 

Bruno KARTHEUSER 

La nazification des Cantons de l’Est a tout d’abord reçu ses fondations solides 

AVANT l’attaque allemande du 10 mai 1940. À partir de l’annexion du 18 mai 1940, le 

nouveau régime a fait fonctionner comme de routine les structures allemandes sur un fond de 

mentalité déjà acquis parce travaillé et préparé depuis 7 ans au moins, si on prend 

l’avènement du régime hitlérien en 1933. 

Je distinguerai donc deux périodes, celle des années vingt et trente et ensuite le temps 

de l’annexion, en y ajoutant des considérations sur l’après-guerre. 

Les différentiations et nuances du titre complet - SUBVERSION NAZIE ET ACTION 

SECRETE. L’encadrement nazi et allemand des Cantons de l’Est de la Belgique - sont 

importantes parce que le sujet les exige. C’est une vérité incontournable que le jeu et les 

reflets du sentiment « national » (entre l’appartenance culturelle et l’appartenance politique) 

sont toujours chatoyants entre 1920 et 1945 et presque jamais évidents. 

LA SUBVERSION NAZIE AVANT 1940 

Le travail systématique du Regierungsrat Thedieck 

Le nazisme est parvenu à s’enraciner dans les Cantons de l’Est bien avant 1940. La 

subversion allemande d’avant-guerre (nazie depuis 1933) était l’exécution d’une planification 

systématique, minutieuse et tenace. Elle s’exerçait dans tous les secteurs de la vie publique et 

s’efforçait en même temps de se déguiser. Tous ses acteurs obéirent ainsi à des réflexes 

d’action secrète. Pour reconstituer la subversion nazie, il faut donc analyser deux niveaux : 

l’action visible (surtout la culture populaire en milieu rural et agricole) et les mécanismes de 

fonctionnement (acteurs secrets et finances non-avouées). Ce travail en profondeur mena - à 

l’approche de l’entrée en guerre - à des engagements politiques et militaires et se solda en fin 

de compte par l’annexion pure et simple des Cantons de l’Est. Ceci à nouveau eut pour suite 

l’enrôlement de tous les hommes aptes au service par les Allemands et l’implication dans leur 

machine de guerre et de répression. 

En 1920, les deux cercles d’Eupen-Malmedy (60 000 habitants, dont 45 000 

exclusivement d'expression allemande) furent par la volonté du traité de Versailles intégrés à 

la Belgique. La consultation populaire précédant l’intégration prête le flanc à la critique, et les 

milieux nationalistes allemands s’en sont amplement servis pour faire du mécontentement 

suscité avec raison par la manière de procéder (« farce, comédie, caricature ») un levier 

formidable pour attiser le mécontentement d’une partie de la population et pour réclamer la 

« révision » du traité de Versailles, en accord avec l’Allemagne - tant républicaine que 

hitlérienne. L’intégration en Belgique fut validée par la Société des Nations en septembre 

1920. La période de transition sous le gouvernement du lieutenant-général Henri Baltia 

(1863-1937) dura jusqu'en 1925. Un bon moment encore, les Allemands se sont efforcés au 

plan officiel - par leur ministre Stresemann - de corriger le tracé des frontières imposé, que ce 

soit du côté de Danzig, du corridor polonais, de la Haute-Silésie ou de l'Autriche. La 

récupération d'Eupen-Malmedy faisait également partie de ces visées, en tant que « signal et

28 

Bruno Kartheuser 

précédent » pour d'autres corrections de frontières de plus grande envergure. Ces efforts 

persistèrent même après le traité de Locarno (et particulièrement les traités rhénans) en 1925 

(sauf qu’alors on parla plutôt d’un « rachat » de la région). Même après l’échec de toutes ces 

tentatives, l’Allemagne ne renonça pas à vouloir recouvrer un jour ces territoires perdus. 

Toute son action de propagande et son engagement financier au plus haut niveau le 

démontrent. Les milieux germanophiles de leur côté firent tout pour maintenir vivace cette 

perspective d’un retour au Reich (« Heim ins Reich »). 

Le Regierungsrat Franz Thedieck fut chargé d’orchestrer toutes les initiatives 

allemandes visant à œuvrer pour le retour des Cantons de l’Est à l’Allemagne. Ce 

fonctionnaire qui, de 1923 à 1930, avait dirigé le Bureau de contre-espionnage (Abwehr) pour 

combattre le séparatisme rhénan, devint en 1931 Regierungsrat auprès du gouvernement de 

Cologne. Il fut l'adresse centrale pour tout ce qui avait trait aux intérêts allemands dans les 

Cantons de l'Est et il coopérait - selon son propre aveu – « étroitement avec les divers services 

et les diverses personnalités du NSDAP ». Un rapport interne révèle qu’en tout, il y avait 38 

instances de l'État, du parti NSDAP et du secteur privé, pour s’occuper des Cantons de l’Est. 

On y retrouve cinq ministères, les instances du Parti et de nombreuses associations 

« intermédiaires ». Parmi ces dernières, il faut avant tout citer le VDA, le Volksbund für das 

Deutschtum im Ausland (« Association nationale pour le germanisme à l'étranger ») avec son 

président le Dr. Steinacher. Dans un premier temps, on fournit des livres de chants et de 

prières, puis, on en vint à élargir considérablement les interventions, au nez et à la barbe des 

instances belges apparemment dépassées ou indifférentes. 

Si Thedieck était le premier exécutant de la politique allemande vis-à-vis des Cantons 

de l’Est, il y avait aussi un groupe de travail sous le nom de « Abteilung G » chargé d’élaborer 

des concepts théoriques et idéologiques, mais intégrant déjà les SS et préparant le terrain pour 

« la prise en charge » des territoires situés au-delà de la frontière. Cela sa faisait sous l’intitulé 

Westforschung ou Grenzlandarbeit, autour des villes de Düsseldorf, Cologne et Aix-la- 

Chapelle, sous la tutelle de Heinz Haake, à la fois Reichsinspekteur du parti NSDAP et 

Landeshauptmann de la Rheinprovinz (c’est-à-dire chef de l'exécutif). La première tâche visà-vis 

de ces territoires perdus consistait à les germaniser au maximum. Sur base d’études 

raciales, scientifiques et pseudo-scientifiques, on visait à parvenir à un nouvel ordre territorial 

en Europe (Raumordnung comme espace vital). A l’élaboration des ces « concepts » 

participaient outre les instances du parti nazi le Ministère des Affaires Étrangères et sa section 

de politique culturelle, le Ministère de l'Intérieur et le Ministère de l'Agriculture. Finalement, 

ces visées futures concernant la germanisation comprenaient aussi la détection et la 

persécution des adversaires politiques ou appartenant à d'autres races, ce domaine étant 

l’apanage particulier des SS et du SD, également représentés dans ce groupe de travail. 

Voilà pour le côté allemand. Voyons quelles forces, structures et personnes assumaient 

ces objectifs de l’autre côté de la frontière, dans les Cantons de l’Est. 

Au plan régional nous rencontrons la succession des formations politiques et partis, 

évoluant de manière sûre vers le nazisme. Cela débute en 1929 avec la dissidence du parti 

catholique : la Christliche Volkspartei (CVP) (Parti populaire chrétien) et se positionnant aux 

élections de 1929 avec un total de 52% des suffrages. Le CVP ne manqua pas de se 

transformer en 1936 en Heimattreue Front (« Front de fidélité à la patrie »), placé directement 

sous obédience nazie (la Gauleitung de Cologne-Aix-la-Chapelle). D’ailleurs ce nouveau 

parti fut constitué à Aix-la-Chapelle dans une réunion secrète comprenant des Allemands et 

des Belges. À ce moment au plus tard, les Cantons de l’Est partent tête baissée dans la dérive 

nazie pour se réveiller en majorité assez désillusionnés en 1945. Le nouveau parti est porté à 

bout de bras par un « noyau dur » d’hommes qui s’entendent comme nazis à part entière, tout 

en devant camoufler cette appartenance sous des dehors de folklore ou d’activité sportive. Ce

Subversion Nazie et action secrète … 29 

sont à Eupen les « Segelflieger » (vol à voile), à Malmedy le « Saalschutz » (protection des 

salles) et à St-Vith les « Bogenschützen » (tireurs à l’arc). Certaines de ces personnes reçurent 

des salaires ou appointements mensuels de Thedieck. L’un d’eux déclara en septembre 1938 

au célèbre journaliste socialiste Nico Rost (qui avait approché le milieu sous une fausse 

identité) : « Nous sommes une organisation national-socialiste. Nous sommes des fascistes à 

100 %. Pour des Juifs, il n'y a pas de place dans notre association, seulement pour des aryens 

sûrs. Et pour des marxistes non plus! » Et le journaliste d’observer avec perspicacité : « Au 

début il y a la propagande pour la patrie et cela se termine par la trahison du pays, d’autant 

plus que tous ces « folkloristes » sont payés par Goebbels ». 

De manière générale, l'État belge semble s'être contenté d'observer le terrain et 

d'enregistrer ce qui était perceptible. Il n’y eut pas d’engagement ou de combat actif contre 

l'ingérence et l'infiltration allemande. Tout au plus, on promulgua une loi d'expulsion en 

juillet 1934 visant spécialement les Cantons de l’Est. Le Dr. Dohmen, nazi à Eupen, fut 

expulsé au printemps 1935, suivi en octobre 1935 par les meneurs « Heimattreu » Josef 

Dehottay, Pierre Dehottay (son fils), Henri Dehottay (son frère) et Paul Foxius (secrétaire de 

Dehottay). 

La Cour d’appel de Liège notait dans ses attendus : « Attendu qu'il est établi par l'aveu 

même des assignés, que les Landwirtschaftliche Verband, Zentralkasse, Kreisbauernschaft 

d'Eupen, Heimatbund, Christliche Volkspartei et Landbote sont des instruments destinés à 

mettre en échec l'assimilation politique que la Belgique réalise légitimement et sagement dans 

les Cantons rédimés et à poursuivre le retour de ceux-ci à l'Allemagne; qu'en conséquence 

tous ces organismes et associations doivent être considérés comme illicites et contraires à 

l'ordre public ... » Toutefois, on en restait là, et l’auteur Pierre Maxence observait : « Après 

cela on peut s'étonner que le gouvernement, poussant la logique jusqu'au bout, n'ait pas 

décrété la dissolution de tous ces organismes subversifs et la déchéance de tous les 

propagandistes ». Encore aux élections de 1939, la HF restait le premier parti de la région. 

Le succès politique des nazis dans les Cantons serait incompréhensible sans l’action 

en profondeur de l’Association agricole « Landwirtschaftlicher Verband », véritable cheval de 

Troie pour la subversion allemande. Ce fut le facteur le plus performant pour l’avènement du 

nazisme dans les Cantons de l’Est. L’association regroupait, autour d’une Caisse centrale, 27 

caisses locales ; son union des laiteries comprenait 34 stations. En 1926 déjà, l’association 

agricole avait consommé la rupture avec le « Boerenbond » belge et avait rallié le 

« Rheinischer Bauernverband » (Association agricole rhénane) (sur le fond d’une dette de 14 

millions de francs). Depuis lors, le LV fut soutenu et financé par l'Allemagne. De l’aveu 

même de ses dirigeants, il avait un but essentiellement politique et travaillait au rattachement 

de la région au Reich. Il entretenait un journal et une école financée pour les 4/5 par des 

subsides allemands. Le budget du LV de l'année 1937 révèle que les 90 % du financement du 

LV provenaient de source allemande. Après l’invasion allemande du 10 mai 1940, le premier 

fonctionnaire du LV, le Dr. Meuderscheid résuma : « Quand le 10 mai, les troupes allemandes 

franchirent nos frontières et ramenèrent notre patrie dans le grand Reich allemand, le travail 

du LV était accompli ». 

La culture était un autre terrain d’engagement allemand. L’Allemagne soutenait et 

finançait les bibliothèques, les manifestations folkloriques et sportives, les mouvements de 

jeunesse et une presse étonnamment abondante pour une petite région. Dans ce domaine, les 

Allemands pouvaient, à la différence de la vie politique, jouer leur jeu ouvertement. Ici 

encore, le LV avait un rôle déterminant, par l’organisation de conférences, de soirées 

villageoises ou des projections de films allemands. Le fonctionnaire Meudersceid écrivait : 

« Ces « assemblées générales » ne sont pas des réunions dans le sens coutumier du terme, 

mais ce sont de vraies communautés villageoises. S'y présente la petite écolière accompagnée 

de sa mère et même de sa grand-mère. Surtout la jeunesse rurale entière est présente. Ce sont

30 


des Allemands qui leur parlent, ils entendent des conférences allemandes, voient des films 

allemands et entendent de la musique allemande. Ainsi la population entière est saisie d'une 

manière apolitique et subit quand même une influence politique ». 

Par le biais du sentiment : la patrie, la communauté, l'ambiance, la chanson - les gens 

étaient embrigadés pour la cause pangermanique. Autre organisation d’embrigadement : le 

Heimatbund qui devint rapidement le « ramassis du révisionnisme politique allemand » dans 

les Cantons de l'Est. Son programme offrait des conférences, des représentations de théâtre, 

on distribuait des livres dans les écoles, organisait des présentations de films dans les villages, 

équipait les bibliothèques villageoises. 

En outre, le Heimatbund organisait depuis 1928 les séjours de vacances pour enfants à 

la mer Baltique ou dans les Alpes. Les enfants vivaient des semaines inoubliables dans les 

camps de jeunesse et, en même temps, on leur faisait passer par les chansons et les jeux les 

« valeurs » national-socialistes. En moyenne, 200 jeunes participaient annuellement à ce 

voyage. A partir de 1936, l'organisation était centralisée aux mains du dirigeant de la 

« Heimattreue Front » à Eupen, Stefan Gierets. Un rapport dit : 

« Déjà lors du voyage du 6 et 7 août 1934, lorsque nous nous rendions à Ahlbeck, la 

mentalité profondément allemande des enfants me surprit. Ils répétaient plusieurs fois la 

chanson « Horst Wessel » et d'autres chansons des jeunesses hitlériennes. Quand ils 

apercevaient un membre de la HJ, SA ou PO, ils s'écriaient pleins d’enthousiasme « Heil 

Hitler ». Aussi bien pendant l'aller que sur la route du retour on me demandait souvent s'ils ne 

pouvaient pas voir également le Führer. (...) On apprenait de nombreuses chansons des 

jeunesses hitlériennes avec eux ». 

Dans les bibliothèques paroissiales, progressivement équipées par le VDA via 

Thedieck, on retrouva des titres comme : ANACKER, Nous devenons partie du Reich - 

Eupen-Malmdey-St-Vith - FRIEHE, Ce que le national-socialiste doit connaître de l’hérédité 

- GROOTE, Die Fahne hoch - GRITZBACH, Göring - GÜNTHER, Petit traité des races - 

JÖRNS-SCHWAB, Manuel de politique raciale - MÖLLER, Les frontières bougent - 

NEESSE, Bréviaire d'un jeune national-socialiste - ROSENBERG, La trace du Juif - 

ROSENBERG, Le mythe du 20 ème siècle - ROSENBERG, Sang et honneur - ROSENBERG, 

La formation d'une idée - ROSENBERG, La lutte pour le pouvoir - SCHWARZ, Attaques 

contre l'idéologie national-socialiste - ZÖBERLEIN, La foi en l'Allemagne - et j’en passe. 

Les Allemands, eux, commentaient de manière bienveillante cet engagement, par 

exemple en 1930 par la voix du vice-président du Reichstag, le Dr.Thomas Esser : 

« La voix du sang est plus forte que tous les arguments scientifiques. Le sang 

allemand veut retourner au sang allemand ... Nous n'oublierons jamais Eupen-Malmedy. Nous 

savons que c'est de la chair de notre chair et nous savons que le sang allemand est plus opaque 

que l'eau des stipulations contractuelles établies sous contrainte ». 

Ajoutons encore à ces efforts l’encadrement de la jeunesse, la génération la plus facile 

à fanatiser, et celle qui fut effectivement la plus fanatisée. A partir d’Aix-la-Chapelle, le 

greffier de tribunal le Dr. Karl Pütz, un nazi fanatique, fonda 21 groupements de jeunesse 

national-socialistes entre 1934 et 1936 dans les Cantons de l’Est. Les enfants étaient ainsi très 

tôt mis dans l’obligation du déguisement et de la complicité avec le nazisme. A St-Vith, la 

jeunesse national-socialiste était déclarée société de gymnastique (Turnverein). Dans leur 

fonctionnement interne, ces groupements imitaient la Hitlerjugend. On fit participer les jeunes 

aux fêtes sportives dans le Reich, par exemple à Breslau en juillet 1938, où 180 participants 

originaires des Cantons de l'Est firent le déplacement. 

Finalement, les étudiants également profitaient du soutien du Reich. Dans les 

conditions figurait le critère que l'étudiant et sa famille manifestent un attachement à 

l'Allemagne et soient dépourvus de moyens. L'étudiant devait faire preuve d'une 

« descendance aryenne pure ». La finalité était claire : « Ces gens doivent être saisis et


intégrés à notre travail » (Scherdin, SD à Aachen). Dans les années 1933-1936, Thedieck 

soutenait annuellement en moyenne 14-19 étudiants. Le fonctionnaire de la RS 

(Reichstudentenschaft) formula : « Nous avons pu constituer au fil des années un réseau de 

gens de confiance dans la région entière, qui nous garantit une information sûre ». 

Résumons : pour Thedieck, le premier impératif restait le caractère secret de 

l’ingérence : « Il faudra accorder une attention particulière à la question du déguisement 

parfait de tout l'engagement ethnique allemand et des diverses liaisons avec le Reich ». Il va 

plus loin, en ajoutant l’argument militaire : « Ce montant (de 12 000 RM par mois) ne 

représente pas grand-chose si on prend également en considération la signification militaire de 

la région ». 

Il est évident qu’avec toute cette mobilisation des forces vives, les divers milieux 

allemands intéressés : les Volkskundler, les militaires, les économes, les SS et SD disposaient 

en abondance d’indicateurs et d’informateurs. A la Hitlerjugend par exemple, les dirigeants 

s’enquirent des conversations dans les familles, des sentiments politiques de certaines 

personnes, on y dressa les listes des pro-belges etc. On aurait dit que la population avait une 

propension à cette tâche secrète d’espionnage et de renseignement. Mais je n’ai jusqu’à ce 

jour pu découvrir aucune preuve formelle d’un service de renseignement organisé au service 

de l’Abwehr ou du SD. Le fait cependant me paraît indubitable. 

Parmi les plus engagés en ce sens, il faut compter les dirigeants du parti nazi 

clandestin mais, aussi certains soldats, notamment parmi ceux qui désertèrent de l’armée 

belge en 1939 et qui furent reçus en Allemagne, soit pour y trouver du travail, soit pour subir 

une formation militaire spéciale auprès du Baulehr-Regiment 800 Brandenburger zbV en vue 

de l’invasion en 1940. 

En 1940 finalement, tout l’engagement pro-allemand et pro-nazi trouva son 

couronnement lorsque, le 10 mai, les troupes hitlériennes envahirent la Belgique. L’agitateur 

SS Scherdin formulait : « Les vingt ans de lutte d'Eupen-Malmedy pour son appartenance 

ethnique allemande viennent de trouver leur aboutissement. Le 10 mai, les troupes allemandes 

sont entrées dans les villes et les villages pour les délivrer du cauchemar de la domination 

belge qui était d'autant plus insupportable que derrière le chauvinisme des gendarmes et des 

instances hostiles à l'Allemagne et derrière l’assemblage contre nature de l'état belge qui 

couvrait leur comportement provoquant, se dressait l'impérialisme français. La libération est 

un cadeau que le Führer a fait apporter par ses troupes aux Allemands d'Eupen, Malmedy et 

St-Vith, mais ils l'ont vaillamment mérité, ce cadeau ».

32 


FINANCES : BUDGET DU REGIERUNGSRAT THEDIECK POUR L'ENGAGEMENT 

ALLEMAND À EUPEN-MALMEDY EN 1939/1940 

Le budget de Franz Thedieck (« Haushalts- und Arbeitsplan für Eupen-Malmedy für 

1939/1940 ») comprend quatre pages. Les dépenses sont réparties en huit chapitres. 

I. Heimattreue Front, Heimatbund et presse: 43.200,- RM = 38,1% (ce montant 

comprend des dépenses de personnel en salaires et fournitures de bureau, avec, comme 

exemples de salaires: Horter: 4.500,- RM, Springer 4.900,- RM, un certain "xx" 3.000,- RM). 

Horter est le pseudonyme, adopté par Thedieck et le VDA, de Kerres; Springer celui de 

Kriescher. Une deuxième partie (b. dépenses matérielles) concerne la presse écrite, les films, 

les conférences, le théâtre et la musique. 

II. Organisations agricoles: 15.360,- RM = 13,5%, qui profitent en majeure partie au 

Landwirtschaftlicher Verband (dirigé par von Frühbuß et Meuderscheid). 

III. Bibliothèques et presse périodique: 7.300,- RM = 0,64%. La majeure partie va aux 

„Volksbüchereien“ („bibliothèques populaires“). 

IV. Enseignement: 20.050,- RM = 17,7%. L’essentiel est destiné à l'école agricole de 

St-Vith (directeur Cnyrim). 

V. Encadrement des étudiants et bourses d'étude: 6.900,- RM = 0,61 % (dont 3.000,- 

RM pour le « Landdiensteinsatz » de la Reichsstudentenführung (les étudiants allemands 

engagés dans le travail rural), 1.500,- RM pour les bourses d'études universitaires et 1.000,- 

RM pour l'Eumavia). 

VI. Encadrement de la jeunesse: 7.600,- RM = 0,67% (dépenses, entre autres, en 

faveur des voyages de vacances pour enfants avec 4.000,- RM). 

VII. Théâtre et vie associative: 6.700,- RM = 0,59% (comprenant également les 

dépenses pour la visite du « Reichsparteitag » à Nürnberg). 

VIII. Divers: 6.000,- RM = 0,53% 

LA PROVENANCE DES MOYENS FINANCIERS 

Des listes antérieures de la répartition des ressources financières mentionnent dans le 

détail les bénéficiaires de ces montants ou leur affectation. Ces renseignements lèvent toute 

équivoque concernant le noyautage politique pratiqué par le Reich et les nombreuses 

ramifications du réseau. (Cf. les extraits reproduits ci-contre du budget pour 1937-1938). 

Le budget requis de 113.110,- RM provient de 5 sources différentes. Il s'agit en 

particulier des instances suivantes: 

le VDA 40.000 RM (35,3 %) 

le Ministre de l'Intérieur et Ministre de la Propagande 35.110 RM (31,0 %) 

le Ministre des Affaires Etrangères 34.000 RM (30,0 %) 

la Diète allemande des Communes 3.000 RM (2,6 %) 

le Fondation Allemande 1.000 RM (0,88 %)


Les trois premières fournissent à elles seules un pourcentage considérable des 

subsides: 96,3 %, versés à parts quasiment égales par le VDA, le ministère de l’Intérieur et de 

la Propagande, et le ministère des Affaires étrangères. 

D’autres budgets établis dans les années précédentes font ressortir avec encore plus de 

détails à qui profitèrent ces dépenses et prouvent l’étendue du réseau de subversion. Nous 

publions quelques extraits ci-dessous (budget de 1937/1938). 

La sollicitude allemande pour la petite région des Cantons de l'Est (qui comprenait à 

l'époque environ 45.000 germanophones dans les 3 Cantons) fonctionnait sans interruption 

depuis 1920. Il ne faut pas oublier que d’autres territoires séparés ou régions germanophones 

n’appartenant pas à l’Allemagne bénéficiaient d’une aide financière comparable. En 

contrepartie, le Reich escomptait - et tablait sur - un ralliement « fanatique » et inconditionnel 

à la croix gammée.

34 


ECLAIRAGES : DE 1940 A L’APRES-GUERRE 

Durant l’annexion, les Allemands installèrent dans les Cantons de l’Est toutes les 

structures normales du régime nazi. A commencer par les instances du parti (rattachement au 

Gau de Köln-Aachen sous le Gauleiter Grohé, qui avait déjà en charge les sections du parti 

existant sous forme clandestine depuis de nombreuses années). Le parti NSDAP avec ses 

organisations différenciées (6.000-7.000 affiliés) devenait l’instance centrale et exclusive 

pour régler tous les domaines de la vie. Le seul régional accédant à une fonction fut le chef de 

la Heimattreue Front Stefan Gierets, qui devenait Kreisleiter à Eupen, tandis que Gabriel Saal 

de Monjoie assumait cette fonction pour le Kreis de Malmedy. Une SA-Standarte Eupen- 

Malmedy fut constituée et regroupa bientôt 1240 membres. Le nombre des volontaires SS 

n’est pas connu, mais il paraît avoir été plutôt réduit. 

De manière générale, il apparaît que les instances dirigeantes à Berlin gardaient assez 

de méfiance vis-à-vis de la population nouvelle pour ne pas lui donner des postes de 

confiance (sans doute à cause de l’attachement confessionnel prononcé de la région). 

Il est impossible (et superflu) de dresser ici le tableau d’ensemble de tous les 

changements de la vie quotidienne apportés par le nouveau régime. L’analyse en a été faite 

par Martin Schärer. Bornons-nous à relever quelques aspects particuliers du service armé (les 

faits et épisodes qui suivent sont basés sur des recherches d’archives notamment à Bruxelles, 

Fribourg, Ludwigsburg). 

La question de la mobilisation militaire fut réglée dès septembre 1941. Ceux qui se 

portèrent volontaires auparavant, durent constater après la guerre que c’était là une faute 

capitale. 

Les Brandenburger - troupe spéciale de l’Abwehr - avait déjà intégré avant 1940 un 

bon nombre de déserteurs pour leur donner une formation spéciale en vue de l’invasion du 10 

mai. En effet, 6 commandos (publication Bierganz-Heeren) composés surtout de régionaux 

d’Eupen-Malmedy (environ 80) et de Sudètes, avaient dans la nuit du 10 mai précédé les 

troupes pour empêcher le dynamitage des ponts et des routes. Des ressortissants d'Eupen- 

Malmedy participèrent également à la prise du fort d’Eben-Emael qui avait toujours été 

considéré comme imprenable. 

Peu après, en juin 1940, nous rencontrons un commando de Brandenburger 

comprenant des volontaires des Cantons de l’Est en Haute Savoie occupé à dynamiter une 

ligne de chemin de fer près d’Annecy. Un gendarme français est abattu (opération 

Wespennest). Plus tard, on retrouve des compagnies de cette troupe - surtout des pionniers à la 

formation multiple - à travers toute la France, mais surtout au Sud, employées à l’espionnage, 

à la détection de filières de passage des frontières dans les Pyrénées et à la persécution des 

maquis et résistants pour entraver leurs actions de sabotage. Quelques centaines de 

Brandenburger des Cantons de l’Est sont engagés à l’Est. Dans leur ensemble, les 

Brandenburger acquièrent la réputation d’une troupe de choc fiable et efficace, surtout dans la 

lutte contre les partisans. A tel point que le Haut-commandement de la Wehrmacht envisage 

au printemps 1944 de faire venir la division des Brandenburger en France pour mater le 

maquis. 

C’est encore l’Abwehr qui dès juin 1940 avait engagé un certain nombre de jeunes des 

Cantons de l’Est en fonction de Sonderführer pour être engagés à Paris. Ils travaillaient 

comme interprètes ou chauffeurs, mais très tôt, ils furent employés au-delà de la simple 

fonction passive de traducteur dans les services de police, soit dans l’Abwehr, soit au SD. 

Ce sera le cas de Walter Schmald de St. Vith, qui à Tulle le 9 juin 1944 fit le tri des 99 

Tullistes destinés à la pendaison par les SS de la Das Reich. Ce qui paraît stupéfiant, c’est le 

fait que Schmald justement n’avait subi aucun endoctrinement de longue date mais avait


rattrapé en deux/trois ans de pratique la même routine meurtrière que d’autres à ses côtés qui 

eux étaient au service de la police depuis plus de 10 ans. 

L’image que ces Brandenburger ont laissée dans l’opinion publique est celle d’une 

troupe d’élite mais sans connotation idéologique nazie prononcée. Profitant de la mésaventure 

de l’amiral Canaris destitué puis strangulé, la troupe a même voulu se faire une image de 

résistance intérieure au nazisme. Pour ceux des Cantons de l’Est engagés dans les 

Brandenburger, cette affectation continuait la mentalité d’acteurs secrets cultivée pour 

beaucoup d’eux auparavant déjà dans le « Volkstumskampf » à Eupen-Malmedy. 

La mobilisation générale dans la région annexée fit endosser l’uniforme à 8 700 

hommes. On ne connaît que peu de désertions. Dans la bordure de communes wallonnes 

(Welkenraedt, Membach, Montzen etc – « les dix communes ») par contre qui avaient été 

annexées également, les réfractaires étaient nombreux. En général, les soldats des contrées 

germanophones ont accompli leur « devoir » national-socialiste sur tous les fronts et dans tous 

les engagements conformément au serment prêté au Führer. Un éveil de conscience auprès 

des soldats et de la population ne s’est produit que suite aux défaites et au déclin de la chance 

militaire. Des 8 700 mobilisés, 3.400 sont morts, ce qui constitue la part considérable de 39%. 

Il est légitime de penser que ces morts sont partiellement à inscrire au compte de 

l’agitation pro-allemande d’avant-guerre. Une position de distance ou d’aversion de la région 

face à l’hitlérisme aurait engendré probablement un autre statut que celui de région annexée. 

Or, les régions occupées n’étaient pas soumises à une mobilisation générale, tout au plus y 

pratiquait-on le volontariat pour les engagements militaires. 

L’année 1944 apporta quelques éléments importants pour apprécier la situation des 

Cantons de l’Est dans l’Allemagne hitlérienne. 

La période entre l’automne 1944 et la fin de la guerre fut mouvementée et trouble pour 

la région. La petite ville de St-Vith connut dès septembre 1944 une évacuation partielle. La 

direction du parti et les responsables militaires avaient enjoint à la population de faire route 

vers l’Allemagne pour garantir la sécurité et protéger la population. Beaucoup, profitant de la 

situation trouble et de l’incapacité des Allemands d’imposer l’évacuation (le temps pressait), 

refusèrent de partir. Les troupes allemandes s’installèrent dans la partie allemande de l’Eifel, 

et on vit se développer un jeu très intense d’observation mutuelle, d’espionnage, de courriers 

secrets. Il y eut des soldats allemands qui venaient en congé dans une région occupée par les 

Alliés et qui retournaient ensuite à leur unité. 

Pour l’Abwehr, un changement important s’était produit dès février 1944 quand ce 

service, sauf un nombre restreint d’effectifs, fut incorporé au SD. La WH constitua alors des 

Frontaufklärungstrupps et -kommandos, petites unités de reconnaissance, de sabotage et de 

missions spéciales, encore une fois dans la ligne de tout ce qui a déjà été évoqué à propos des 

Brandenburger. A travers la France il y eut des unités spéciales de FAT changeant souvent de 

nom. Pour une même troupe, on relève successivement les appellations suivantes : Streifkorps 

Südfrankreich, puis Streifkorps West, Jagdverband Süd-West, Jagdeinsatz Süd, Kampfschule, 

Armee-Nachschub. Leurs occupations consistaient entre autres à constituer des dépôts 

d’armes cachés, à infiltrer le territoire occupé par l’ennemi ou à se laisser dépasser par le front 

pour des actions de déstabilisation à l’arrière des lignes. 

Les FAT regroupaient aussi des ressortissants des Cantons de l’Est qui cette fois 

avaient à jouer leur rôle dans la zone entre les fronts allemand et allié sur les hauteurs de 

l’Eifel. Leur engagement le plus secret se joua durant l’offensive von Rundstedt ou de 

nombreux indices confirment leur présence. Outre les FAT, il y eut à cette période d’autres 

commandos secrets, composés de membres du SD et d’autres policiers sous obédience SS et 

exécutant de basses besognes ou pratiquant une justice expéditive - comme ce fut le cas du 

policier st-vithois Lucien Hennes qui fut liquidé en janvier 1945 par un de ces commandos 

avec son fils et un autre jeune homme dans les Ardennes belges, près de Wibrin.

36 

RESUME ET CONSTAT 


J’ai voulu donner un aperçu de la subversion allemande et nazie dans les Cantons de 

l’Est qui s’est jouée essentiellement avant la guerre. Sa conséquence a été l’annexion directe 

de la région en 1940 ce qui a rendu possible la mobilisation générale dès 1941. Le régime 

d’une région annexée ne différait en rien de la vie quotidienne de l’Allemagne hitlérienne. 

Les hommes, assermentés à Hitler, participèrent à une guerre d’anéantissement à l’Est, 

comportant de nombreuses situations avilissantes portant l’empreinte du fanatisme nazi (lutte 

contre les partisans, rafles, destruction de villages et de leurs populations, persécution et 

anéantissement des Juifs et opposants). 

Après la guerre, il y a eu une épuration belge et de nombreuses voix se sont élevées 

pour protester contre le caractère excessif voire arbitraire de cette épuration. Il faut savoir 

toutefois qu’elle n’a guère porté sur les faits criminels accomplis au service armé dans les 

pays traversés. Ces faits sont restés sans réparation. 

Lorsque la Belgique célèbre la Libération, les Cantons de l’Est participent pour la 

forme et non avec le cœur. Une immense chape de silence recouvre l’engagement nationaliste 

et nazi des années évoquées ci-devant. L’historiographie régionale commence avec beaucoup 

de peine à mettre à jour la participation au nazisme. Il n’est pas sûr que la population soit 

prête à aller à la rencontre du passé de la région et à vraiment assumer ce passé. Il faudra 

encore une bonne dose de courage. 

Un sujet d’étude intéressant pourrait porter sur l’analyse du cadre légal et de 

l’adaptation contrainte ou consentie des citoyens à ce cadre. Qu’est-ce que le soldat de la 

Wehrmacht ressentait comme légal en 1941 - ou en 1944 ? Jusqu’où suivait-il les consignes 

nazies ? Où se situait la contrainte ? Quel espace entre la contrainte disciplinaire et morale ? 

Was war Recht ? (Où se trouvait le droit?) 

Un tel examen cernerait peut-être le malaise auquel les adultes d’alors restaient sujets 

jusqu’à la fin de leurs jours, malaise que j’affronte tout au long de mes recherches dans la 

région.

SOURCES PRINCIPALES 

Archives 


Archiv der Landwirtschaftskammer Rheinland, Bonn. 

Landesarchiv Rheinland, Brauweiler-Pulheim (LVR). 

Auditorat général et Auditorat militaire Bruxelles 

Bundesarchiv - Militärarchiv Freiburg 

Bundesarchiv - Zentrale Stelle Ludwigsburg 

Ouvrages fondamentaux 

Klaus PABST, Eupen-Malmedy in der belgischen Regierungs- und Parteienpolitik 1914-1940. 

Sonderdruck aus: Zeitschrift des Aachener Geschichtsvereins, Band 76, Aachen 1964. 514 p. 

Martin SCHÄRER, Deutsche Annexionspolitik im Westen. Die Wiedereingliederung Eupen- 

Malmedys im zweiten Weltkrieg. Europäische Hochschulschriften Reihe III Band 38. Herbert 

Lang Bern - Peter Lang Frankfurt/M., 1975, 355 p. 

Burkhard DIETZ, Helmut GABEL, Ulrich TIEDAU (Hrsg.), Griff nach dem Westen. Die 

„Westforschung“ der völkisch-nationalen Wissenschaften zum nordwesteuropäischen Raum 

(1919-1960). 2 Bde. Waxmann, 2003. 

Autres 

Heidi CHRISTMANN, Presse und gesellschaftliche Kommunikation in Eupen-Malmedy 

zwischen den beiden Weltkriegen. Freie wissenschaftliche Arbeit (Dr. phil.), München, 1974, 

729 p. 

Comité alsacien d’études et d’informations - section de l’étranger - n° 241 - Note sur la 

situation à Eupen et Malmedy. Document strictement confidentiel. Le 15 avril 1935, 65 S. 

(Archives du Ministère des Affaires Extérieures - Archives diplomatiques, série Z EU 18-40, 

sous-série Belgique, numéro 193). 

Freddy CREMER, Werner MIEßEN (Hrsg), Spuren. Materialien zur Geschichte der 

Deutschsprachigen Gemeinschaft Belgiens. Publié à l’occasion de la commémoration de la 

Libération, Eupen, 1995, 3 fardes: 1933-1939. 1939-1944. 1944-1956. 

Manfred J. ENSSLE, Stresemann’s territorial revisionism. Germany, Belgium and the Eupen- 

Malmedy Question 1919-1929, Franz Steiner Verlag, Wiesbaden, 1980, 229 p. 

Hans-Adolf JACOBSEN (Hrsg.), Hans Steinacher, Bundesleiter des VDA 1933-1937. 

Erinnerungen und Dokumente. Schriften des Bundesarchivs 19. Harald Bold Verlag, Boppard 

am Rhein, 1970, 623 p. 

Pierre MAXENCE, Les atouts gaspillés - ou Le drame des Cantons de l’Est. St.-Nicolas, 1950. 

Thomas MÜLLER, « Zwischen Maas und Rhein ». Ein nationalsozialistisches Medienprojekt 

im deutsch-belgischen-niederländischen Grenzgebiet. RWTH Aachen - Schriftliche 

Hausarbeit zur Magisterprüfung - Institut für Politische Wisschenschaft, Aachen, 1999, 158 p.

38 


Cyrill NUNN, Belgien zwischen Deutschland und Frankreich 1925-1934. Inaugural- 

Dissertation (Dr. Phil.), München, 1985, 294 p. 

Katja SCHENK, Les mouvements de jeunesse germanophiles dans le canton d’Eupen pendant 

l’Entre-deux-guerres, Université de Liège, Mémoire - Histoire, Année académique. 1996-97, 

363 p. + XXVI Annexes (Abschlußarbeit - Lizenz in Geschichte Universität Lüttich). 

Pierre van WERVEKE, La Belgique et Eupen-Malmedy. Où en sommes-nous? Les Éditions du 

Pays Belge, Bruxelles, 1937, 76 p. 

Die Rheinprovinz. Amtliches Organ des Landeshauptmanns, Düsseldorf. Schriftleitung: Max 

Peters-Knothe, Landeshaus Düsseldorf. Années diverses entre 1935 et 1942 (la publication 

cessa en 1942). 

Vooruit. Orgaan der Belgische Werklieden (quotidien du Parti Belge des Travailleurs Belges, 

Gent, année 1938.


Bruno KARTHEUSER 

Né en 1947 à Liège. Etudes de philologie classique et de philosophie à Louvain. 

Auteur et éditeur. Poésie, prose, essai, recherche historique, traduction. Redacteur de la revue 

littéraire KRAUTGARTEN (depuis 1982). Recueils: „Ein Schweigen voller Bäume“, 

„Sonnensplitter“. Narration: „Die letzten Dinge“. Journalisme: „Ostbelgische Autoren im 

Portrait.“ Publications bilingues allemand-français: „Crime de guerre Stavelot décembre 

1944“ (documentation historique); „Atemlängen - respirations“ (aphorismes, miniatures). 

Membre du PEN belge. Prix Hasenclever Förderpreis Aix-la-Chapelle 1996. Chargé de 

mission (littérature et recherche historique) du Ministre de la culture du gouvernement de la 

Communauté germanophone. 

Recherche historique : Walter Schmald, SD à Tulle (4 volumes). 

Tome 1: Les années trente à Eupen-Malmedy. Regard sur le réseau de la subversion 

allemande. (2001) 

Tome 2 : La France occupée 1940-1943. (2002) 

En préparation : 

Tome 3 : Tulle en 1944. Le crime du 9 juin. 

Tome 4 : L’après-guerre. Gestion des événements de Tulle par la politique et la justice 

en France et en Allemagne.

40 

Bruno Kartheuser

Subversion Nazie et action secrète … 41

42 

Heinz HAAKE Josef GROHE 

Franz THEDIECK 

Karl PÜTZ Georg 

SCHERDIN 

Josef DEHOTTAY Stefan 

GIERETS 


Oskar MEUDERSCHEID Josef 

KERRES 

Max von FRÜHBUSS Peter 

BOHLEN 

Wilhelm BUHRKE 

Hans STEINACHER


44 

Bruno Kartheuser


46 

Bruno Kartheuser

LE LUXEMBOURG SOUS L’OCCUPATION ALLEMANDE 1940-1945 : 

COLLABORATION ET RESISTANCE 

L'INVASION ET LES PREMIERES REACTIONS SPONTANEES POPULAIRES 

47 

Paul DOSTERT * 

Lorsque au petit matin du 10 mai 1940 les troupes allemandes envahirent le Grand- 

Duché de Luxembourg en violation flagrante de sa neutralité désarmée, les 

Luxembourgeois subirent une double déception. La première était d'ordre militaire, car 

l'armée française que les Luxembourgeois avaient crue supérieure à l'armée allemande, se 

montra rapidement incapable d'arrêter l'attaque allemande. La seconde déception était 

d’ordre politique. En effet, la Grande-Duchesse Charlotte et le gouvernement avaient quitté 

le pays pour se réfugier en France, sans que les Luxembourgeois n'en eussent été informés 

préalablement. Le communiqué du gouvernement luxembourgeois diffusé à la radio 

française dès le 12 mai ne semble pas avoir eu d’effet rassurant sur la population. De 

même, le discours du Premier Ministre, Pierre Dupong, diffusé le 17 mai 1 , n’atteignait pas 

ses compatriotes. Ils durent attendre le 5 septembre 1940 pour entendre la voix de la 

Grande-Duchesse Charlotte lorsqu’elle adressa son premier discours à son peuple sur les 

ondes de la BBC 2 . 

Près de 100 000 personnes du bassin minier furent évacuées à partir du 11 mai, 

tantôt vers la France, tantôt vers le centre et le nord du Luxembourg, car on craignait que 

des combats n'éclatent en face de la Ligne Maginot. Face à cette situation les 

Luxembourgeois se sentirent abandonnés par ceux en qui ils avaient eu confiance jusque 

là, les Français d’une part, les hommes politiques luxembourgeois d’autre part 3 . 

Néanmoins, dès les premiers jours leur attitude vis-à-vis de l'armée allemande était 

foncièrement hostile 4 . S'il n'y eut pas de résistance armée contre l’armée de l’envahisseur, 

on constate malgré tout des réactions individuelles. Ça et là des lignes téléphoniques 

étaient coupées et dans maints villages des discussions avec des soldats allemands 

dégénéraient en rixes où ces derniers durent souvent battre en retraite. Les conséquences de 

ces actes se firent bientôt sentir. Dès la fin du mois de mai les premiers Luxembourgeois 

étaient jugés par des tribunaux militaires pour coups et blessures ou encore pour offense à 

l'armée ou son chef suprême Hitler 5 . 

* 

Directeur du Centre National de la Résistance – Luxembourg. 

1 

Émile HAAG, Émile KRIER, La grande-duchesse et son gouvernement pendant la Deuxième Guerre 

mondiale. 1940 L’année du dilemme, Luxembourg, 1987, p.73. 

2 

André LINDEN : « Léif Lëtzeburger, … dir dohém a mir hei baussen… » Les allocutions radiophoniques de 

la grande-duchesse Charlotte de l’exil (1940-1944) in : « …et wor alles net esou einfach » Questions sur le 

Luxembourg et la Deuxième Guerre mondiale. Fragen an die Geschichte Luxemburgs im Zweiten Weltkrieg, 

Publications du Musée d’Histoire de la Ville de Luxembourg, tome X, Luxembourg, 2002, pp. 208-240. 

3 

Dans plusieurs communes la population était abandonnée à un sort incertain par les autorités communales, 

qui s’étaient mises à l’abri les premières. 

4 

Archives nationales, Luxembourg (AnLux) : Fonds CdZ: SD-Suppl. 5: Rapport du 20 mai 1940. 

5 

Luxemburger Wort (LW), 3.6.1940: Publication du jugement du Tribunal militaire du 27 mai 1940 : « Die 

Angeklagte wird wegen eines Vergehens der Beleidigung der deutschen Wehrmacht in Tateinheit mit einer 

persönlichen Beleidigung eines deutschen Offiziers zu der Gefängnisstrafe von drei Monaten verurteilt ». 

Aus einer Urteilsbegründung des Sondergerichts vom 11.7.1941 : « Nach dem Einmarsch der deutschen 

Truppen in Luxemburg ist er durch Urteil des Gerichts der Stadtkommandantur in Luxemburg vom 

20.6.1940 wegen Beschimpfung der deutschen Wehrmacht zu 6 Wochen Gefängnis verurteilt worden ».

48 

Paul Dostert 

Comme la commission administrative luxembourgeoise 6 chargée des affaires 

courantes, était reconnue par les militaires allemands et mandatée par la Chambre des 

Députés, de nombreux Luxembourgeois avaient l'impression qu'un arrangement avec 

l'occupant était possible comme lors de la Première Guerre mondiale. Cependant, parmi les 

jeunes l'esprit d'opposition était vivace et quand le commandant de la ville annula un 

concert de la musique militaire de la Compagnie des volontaires plusieurs centaines de 

personnes se rassemblèrent néanmoins à la Place d'Armes. Des étudiants entonnèrent alors 

des chants patriotiques entraînant la foule qui chanta de plein cœur au nez et à la barbe des 

soldats allemands l’hymne national luxembourgeois. 

Par décision du commandant militaire la presse écrite et la radio avaient été mises 

sous contrôle allemand. Dès l’installation du chef de l’administration civile (Chef der 

Zivilverwaltung, CdZ) la liberté d'expression était abolie. Tout débat politique était 

considéré comme une manifestation anti-allemande. Néanmoins, les Luxembourgeois 

étaient décidés à manifester leur volonté de rester indépendants et à refuser toute 

manifestation en faveur d'une annexion à l'Allemagne. A partir du 14 août 1940, ils 

arborèrent fièrement des insignes nationalistes avec le lion rouge qu'ils avaient portés en 

1939 pour les fêtes du centenaire de l'indépendance du Grand Duché. Ce furent encore les 

étudiants, mais également les fonctionnaires, qui exprimaient ainsi leur opposition à toute 

annexion. Des collaborateurs activistes du mouvement pro-allemand, le « Volksdeutsche 

Bewegung », essayèrent de leur arracher les insignes, des bagarres s'en suivirent. Lorsque 

la Gestapo intervint contre les patriotes « provocateurs » 7 , il apparut clairement qui étaient 

les plus forts désormais. 

Une manifestation publique assez importante de protestation contre la politique 

allemande se déroula pendant plusieurs jours en octobre 1940, lors de la démolition de la 

« Gëlle Fra », le monument érigé en mémoire des Luxembourgeois volontaires dans 

l'armée française pendant la Première Guerre mondiale. Une fois de plus, les organisateurs 

des protestations étaient des étudiants de l'Athénée tout proche. Comme en août, la 

Gestapo intervint et étouffa les protestations en arrêtant une cinquantaine de jeunes 8 . Ainsi 

le patriotisme s'exprima ouvertement dans la rue, mais rapidement les patriotes 

luxembourgeois comprirent que face à la force brutale policière allemande ils devaient 

accepter la loi du plus fort et se taire. D'autre part, l'interdiction des partis politiques ainsi 

que la dissolution de la Chambre des Députés et du Conseil d'État 9 ne suscitèrent guère de 

protestations publiques. 

Dès l’avènement au pouvoir de Hitler un petit nombre de Luxembourgeois avaient 

bien essayé de lutter contre le nazisme montant 10 . Au début, ils avaient été peu nombreux, 

mais au fur et à mesure que la politique annexionniste de l’Allemagne hitlérienne menaçait 

également l’indépendance du Luxembourg, leur nombre s’était accru. Après les fêtes du 

centenaire de l’indépendance, interrompues par la guerre le 1er septembre 1939, le 

patriotisme était bien ancré chez les Luxembourgeois et surtout chez les jeunes 11 . C’est sur 

ce patriotisme que les résistants et leurs mouvements pouvaient compter à l’avenir. 

6 

Paul DOSTERT, Luxemburg zwischen Selbstbehauptung und nationaler Selbstaufgabe, Diss. Freiburg/Br., 

Luxembourg, 1985, p. 45ss. Composée de hauts fonctionnaires, la commission administrative était présidée 

par le secrétaire du Gouvernement. 

7 

LW, 17./18.8.1940: « Ruhe und Ordnung ». 

8 

Paul DOSTERT, Die Zerstörung der “Gëlle Fra” am 21.Oktober 1940. in : Ons Stad, 1999, N°60, pp. 16-18. 

9 

Verordnungsblatt des Chefs der Zivilverwaltung in Luxemburg (VOBl.Lux), 1940, Nr. 1, p. 3 et Nr. 52, p. 

278. 

10 

Henri KOCH-KENT, Vu et entendu. Souvenirs d’une époque controversée 1912-1940, Luxembourg, 1983. 

11 

Daniel SPIZZO, La nation luxembourgeoise. Genèse et structure d’une identité, Paris, 1995, pp. 293-310.

Le Luxembourg sous l’occupation allemande 1940-1945 : collaboration et résistance 49 

LA POLITIQUE DE GERMANISATION ET DE NAZIFICATION 

La nomination du Gauleiter Gustav Simon en tant que chef de l’administration 

civile mit un terme aux espoirs de ceux qui avaient estimé que le Luxembourg pourrait 

bénéficier d’un statut d’occupation militaire provisoire qui respecterait l’indépendance du 

pays. Dès le premier jour de son arrivée à Luxembourg, Gustav Simon mit en œuvre une 

politique de germanisation et d’annexion. Comme il dépendait uniquement de Hitler, il 

avait les mains libres pour autant qu’il poursuivît le but recherché, l’annexion à 

l’Allemagne. Il devait « gagner les cœurs des Luxembourgeois » afin de les ramener 

« Heim ins Reich 12 ». Pour le Luxembourg cette politique signifiait bien d’abord l’abolition 

de l’indépendance, la dissolution de l’État et son intégration dans l’Allemagne nazie, mais 

encore la germanisation et la nazification de tous les domaines de la vie. Le parti nationalsocialiste 

avait ainsi été chargé d’une mission bien particulière. Estimant que le 

Luxembourg n’était que le produit du hasard de l’histoire et que son indépendance 

n’existait que parce que le gouvernement et la Grande-Duchesse l’avaient voulue, le 

Gauleiter était convaincu qu’après leur « fuite », il suffisait d’expliquer aux 

Luxembourgeois qu’ils étaient des Allemands de souche pour voir disparaître l’État 

luxembourgeois tel un fantôme. L’existence d’un patriotisme enraciné dans le cœur des 

Luxembourgeois que l’ambassadeur d’Allemagne avait décrit dans ses rapports sur les 

festivités du centenaire de l’indépendance, fut ignorée par Simon. De même, il considérait 

l’influence culturelle française comme un simple vernis qu’il aurait vite fait de décaper 13 . 

Toutes les mesures qu’il imposa dès le 6 août 1940 partirent de cette vue erronée de 

la réalité. Ainsi, en tout premier lieu il décréta que dorénavant l’allemand serait la seule 

langue tolérée au Luxembourg. Lorsque des fonctionnaires, des juges et les membres de la 

commission administrative protestèrent contre ce décret, il dut se rendre à l’évidence que 

sa tâche ne serait pas de tout repos. Dans un discours prononcé une semaine après son 

décret sur l’emploi de la langue allemande 14 , Simon exigea des fonctionnaires 

luxembourgeois loyauté et fidélité vis-à-vis du CdZ. Il menaça ceux qui s’y refuseraient de 

déportation vers le sud de la France. Par la suite, il démantela toute l’administration 

luxembourgeoise et l’adapta selon le modèle allemand, ayant bien soin de mettre à la tête 

de chaque administration et service un responsable allemand, de préférence membre du 

parti national-socialiste. Afin de se donner les moyens « légaux » pour éliminer ceux qui 

s’opposeraient à sa politique, il instaura une cour de justice spéciale (Sondergericht) qui 

devait juger les récalcitrants. Parallèlement aux mesures qui faisaient disparaître peu à peu 

les structures de l’État luxembourgeois, des mesures de destruction de monuments qui 

témoignaient de l’indépendance luxembourgeoise furent prises. Les drapeaux nationaux 

luxembourgeois furent confisqués et le drapeau à croix gammée dut être hissé lors des 

manifestations publiques nazies. Les portraits de la Grande-Duchesse Charlotte durent 

céder la place aux portraits de Hitler et de Simon. Ainsi, en public l’image du Luxembourg 

fut germanisée et nazifiée, mais on ne réussit pas à contrôler le domaine privé. 

La rééducation culturelle imposée aux Luxembourgeois s’attaqua en premier lieu à 

la présence et à l’utilisation de la langue française. Comme la propagande affirmait que les 

Luxembourgeois étaient des Allemands, la langue qu’ils parlaient et qu’ils écrivaient 

12 Retour à l’empire. Slogan programmatique du VdB. 

13 « Lassen Sie sich daher nicht täuschen von dem äußeren französischen Firnis, der nur künstlich 

aufgetragen ist. Ich kann Ihnen versprechen, dieser französische Firnis, diese jämmerliche Tünche, wird in 

wenigen Wochen spurlos verschwunden sein ». Premier discours public du Gauleiter fait le 6 août 1940 à 

Luxembourg. In : Luxemburger Wort (LW), 7.8.1940. 

14 VOBl. Lux., Nr 1, p.1 : Verordnung über den Gebrauch der deutschen Sprache im Lande Luxemburg vom 

6.8.1940.

50 

Paul Dostert 

devait être l’allemand. Tous les noms de rues et de localités, toutes les inscriptions de 

sociétés commerciales devaient être germanisées. Ainsi, l’avenue de la Liberté fut 

transformée en « Adolf-Hitler-Straße », le village de Lasauvage fut rebaptisé en 

« Rohrbach » et l’Hôtel Brasseur dut s’afficher comme « Hotel Brauer ». Si le Gauleiter 

put imposer assez facilement la germanisation de l’aspect extérieur des villes et villages, il 

eut plus de problèmes quand il voulut imposer à chaque Luxembourgeois un prénom et un 

nom de famille allemand. Par décret du 31 janvier 1941 15 , il exigeait que chaque 

Luxembourgeois portant un nom à consonance française fasse une demande pour se voir 

attribuer un prénom et/ou un nom de famille germanisés. Comme la grande majorité des 

gens ne firent pas de demande, l’administration imposa des noms nouveaux aux 

récalcitrants, oubliant cependant de coordonner leurs efforts. Ainsi les trois frères 

« Delvaux » se virent affubler l’un du nom de « Dellmann », le second du nom de « Delff » 

et le troisième du nom de « Därental ». Même dans le domaine des prénoms l’esprit 

d’opposition se manifesta dans la mesure où l’on choisissait souvent des prénoms comme 

« Charlotte » ou « Jean » rappelant la Grande-Duchesse et le Grand-Duc héritier ou encore 

« Marie » faisant référence à la Vierge Marie, vénérée tout particulièrement à 

Luxembourg. Un seul cas est connu où un nouveau-né, baptisé « Tom » dut être rebaptisé 

en « Baldur » parce qu’il avait « offensé ses aïeuls ». Lorsque l’administration allemande 

exigea un nom allemand pour un cheval appelé « Napoléon », elle devenait la risée de la 

population. 

La germanisation et la nazification ne s’arrêtèrent pas devant les bibliothèques et 

autres institutions culturelles qui furent épurées ou fermées. L’interdiction du port du béret 

basque constituait le point culminant de ce « nettoyage » culturel imposé par le Gauleiter. 

Peu à peu, le Luxembourg était ainsi voué à être complètement germanisé et 

nazifié. Mais aux yeux des nazis il était fondamental d’amener les Luxembourgeois à une 

collaboration volontaire dans tous les domaines. 

Cette politique connut cependant des échecs successifs. Ainsi, non seulement les 

Luxembourgeois refusaient de devenir membres du VdB de leur propre initiative, et quand 

ils cédaient aux pressions, ils s’avéraient être des membres très peu fiables. En été 1942 on 

atteignit bien le chiffre de 83 000 membres sur une population de 290 000 personnes, mais 

dans la suite de nombreux membres furent à nouveau exclus pour désintérêt flagrant ou 

opposition. En été 1941, le Gauleiter fit admettre les premiers collaborateurs zélés au parti 

nazi, le NSDAP. Jusqu’en été 1944 quelque 4000 Luxembourgeois devinrent membres du 

NSDAP, estimant qu’ils formaient la nouvelle élite du pays et qu’ils avaient donné la 

preuve de leur engagement politique pour l’ordre nouveau 16 . 

Cependant, la grande majorité de la population se tenait à l’écart, attendant d’abord 

passivement pour voir comment les choses allaient évoluer. Au moment où les armées 

allemandes commençaient à connaître les premiers revers, le gros de la population rejoignit 

les rangs de la résistance, sans toutefois trop s’exposer. 

Quand au printemps 1941 les jeunes gens furent appelés pour se présenter comme 

volontaires au « Service de travail » (Reichsarbeitsdienst ), rares furent ceux qui se 

présentaient aux bureaux de recrutement. Quelques mois plus tard, des classes d’âge 

entières durent se présenter, forcés maintenant par un décret du Gauleiter. A ce moment, 

les premiers jeunes commençaient à quitter le pays pour échapper à la mainmise 

allemande. De nombreuses jeunes filles se mariaient pour échapper ainsi au RAD. 

15 VOBL. Lux., 1941, p. 146. 

16 Benoît MAJERUS, Faiblesse, opportunisme, conviction … les degrés de l’implication dans la collaboration 

avec l’Allemagne national-socialiste à travers l’exemple des Ortsgruppenleiter luxembourgeois, Mémoire 

non publié présenté à l’Université Libre de Bruxelles, Bruxelles, 1999.


Dès janvier 1942 une campagne de propagande fit encore appel aux jeunes gens 

cette fois-ci pour être volontaires pour la Wehrmacht ou les Waffen-SS. En regardant les 

chiffres des volontaires (1500-2000), on peut avoir l’impression que le Gauleiter connut un 

véritable succès. Cependant, de nombreux cas montrent que beaucoup de volontaires 

avaient cédé à la pression ou s’étaient engagés pour échapper à la prison ou au camp de 

concentration. Beaucoup de « volontaires » avaient des origines allemandes. Se pliant aux 

exigences de la Wehrmacht, Simon dut finalement proclamer le service militaire 

obligatoire pour les classes d’âge 1920 à 1927. Le 30 août 1942, devant une assemblée 

triée sur le volet, il annonça l’attribution de la nationalité allemande aux membres du 

NSDAP et à tous ceux qui seraient enrôlés dans la Wehrmacht. Ceci déclencha de 

nombreuses grèves dans tout le pays. C’est par l’emploi de la terreur que les grèves furent 

brisées. 20 personnes furent condamnées à mort et fusillées au camp de Hinzert. 125 

personnes furent confiées à la Gestapo et disparurent dans les camps de concentration. 

Dès le 9 septembre une action de déportation (Umsiedlung) pour ceux qui 

constituaient un danger à la frontière du Reich fut annoncée. 1140 familles comptant 

quelque 4200 personnes furent déplacées vers l’Est, au pays des Sudètes et en Haute 

Silésie. Ce sort frappa également les familles des jeunes gens qui refusaient de servir dans 

l’armée allemande. 

En fait, le Gauleiter traita les Luxembourgeois comme si le Luxembourg avait été 

annexé à l’Allemagne. C’est cette politique annexionniste qui provoqua la résistance des 

Luxembourgeois. 

LA RESISTANCE CONTRE L’ANNEXION 17 

Dès l’automne 1940, de petits groupes de résistants s’étaient formés. Jusqu’en été 

1941 le pays était couvert de nombreux groupes et mouvements de résistants. Les jeunes 

gens avaient joué un rôle décisif dans la formation de ces groupes. Dans les milieux 

scolaires, mais également parmi les jeunes ouvriers le patriotisme et l’antifascisme étaient 

relativement bien enracinés. L’argument patriotique unissait tous les résistants. Avec le 

temps un certain nombre de groupes fusionnèrent, d’autres furent infiltrés par la Gestapo et 

démantelés. Finalement, quatre grands mouvements dominaient la résistance. 

Le seul parti politique qui continua ses activités dans la clandestinité fut le Parti 

communiste luxembourgeois. 

Suite à des arrestations de plus en plus nombreuses, trois mouvements s’unirent le 

23 mars 1944 pour former l’Union des mouvements de la résistance luxembourgeoise. 

Cette « Union » tenta de jouer un rôle déterminant lors de la libération du pays en 

septembre 1944, mais dut finalement se ranger aux ordres du gouvernement revenu de 

l’exil. 

Si tous les mouvements étaient d’accord dans la poursuite du but commun de la 

libération du pays et du rétablissement de l’indépendance nationale, de nombreuses 

différences existaient quant à l’organisation interne des mouvements, leur façon de 

travailler et leurs programmes politiques pour l’après-guerre. 

En général, au début l’activité de la résistance consistait dans la lutte contre le 

monopole de l’information des Allemands. Des nouvelles furent collectées grâce à l’écoute 

clandestine de la BBC. Par des tracts et journaux clandestins ces informations furent 

disséminées à travers le pays. Des passeurs établirent des réseaux pour aider des 

17 Paul DOSTERT, La Résistance luxembourgeoise pendant la seconde guerre mondiale et la reprise politique 

de 1944/45, in : Les Années Trente base de l’évolution économique, politique et sociale du Luxembourg 

d’après-guerre ? Actes du colloque de l’ALEH du 27-28 octobre 1995, Beiheft zu Hémecht 1996, 

Luxembourg, 1996, pp.25-50.

52 

Paul Dostert 

prisonniers de guerre alliés ou des pilotes abattus à gagner la France et la Belgique. Ces 

passeurs aidèrent également des Luxembourgeois et quelques Juifs à quitter le pays. À 

partir de 1943, de nombreux réfractaires et déserteurs gagnèrent ainsi des cachettes en 

France et en Belgique. L’aide matérielle apportée dans une première phase principalement 

aux familles en détresse à la suite de l’arrestation du père de famille connut à partir de 

1943 un développement très important quand il fallut non seulement cacher deux mille 

réfractaires et déserteurs, mais également les nourrir. La collecte de renseignements 

d’ordre militaire, politique et économique en faveur des Alliés devenait une tâche de plus 

en plus importante à partir du moment où l’acheminement du courrier était assuré. Les 

actes de sabotage et la résistance armée furent très limités dans un petit pays qui n’avait 

guère de passé militaire, ni de régions difficilement contrôlables par l’occupant. Le contact 

avec le gouvernement en exil s’établit peu à peu et tous les mouvements de résistance 

entretenaient des contacts avec des résistants français et belges. 

LA SHOAH AU LUXEMBOURG 18 

Sans pouvoir entrer dans les détails ici, nous ne pouvons passer sous silence les 

mesures antisémites prises par les Allemands et leurs conséquences terribles. 

Au 10 mai 1940 vivaient à Luxembourg quelque 4000 Juifs, dont plus de 3000 

réfugiés allemands et autrichiens. Environ 1200 furent déportés vers les camps 

d’extermination. Seuls, une cinquantaine sont rentrés à la fin de la guerre. Au moment de 

l’invasion du 10 mai 1940 quelque 1650 personnes avaient réussi à quitter le pays. Jusque 

vers le 15 octobre 1941 1600 autres avaient été chassées du Luxembourg par la Gestapo, 

un certain nombre d’entre elles étant munies de visas américains. Les 750 Juifs restés au 

Luxembourg, souvent des vieux et des malades, furent concentrés dans un couvent 

désaffecté à Cinqfontaines dans le nord du pays sur une ligne de chemin de fer. De là ils 

furent déportés vers Litzmannstadt, Theresienstadt, Izbica et Auschwitz et assassinés. Le 

dernier convoi quittait Luxembourg le 17 juin 1943. 

En France et en Belgique quelque 400 à 450 juifs venus de Luxembourg furent 

arrêtés et déportés à leur tour vers Auschwitz. 

BILAN 

Pendant la seconde guerre mondiale s’est posée pour la dernière fois pour les 

Luxembourgeois la question de leur indépendance. Pour la première fois depuis la création 

du Grand-Duché en 1815 de nombreux Luxembourgeois se sont déclarés prêts à lutter pour 

l’indépendance et la liberté de leur patrie. Pour la première fois ils ont accepté de mourir 

pour leur patrie. 4400 d’entre eux ont été honorés du titre « mort pour la patrie ». 

3963 hommes et femmes ont été envoyés en prison ou dans un camp de 

concentration. 791 ne sont pas revenus. 10 211 jeunes gens ont été enrôlés de force. 1378 

sont tombés et 1084 sont portés disparus. Au moins 163 furent exécutés pour désertion ou 

défaitisme. 3510 ont refusé de porter l’uniforme allemand. 584 ont pris les armes contre les 

Allemands en rejoignant les maquis en France et en Belgique, les partisans en Italie et en 

Russie ou ont réussi à rejoindre la Grande-Bretagne pour se porter volontaires dans les 

armées alliées. 57 d’entre eux sont tombés pour la libération de l’Europe. 

18 Paul CERF, L’étoile juive au Luxembourg, Luxembourg, 1986. 

Marc SCHOENTGEN, Luxemburger und Juden im Zweiten Weltkrieg. Zwischen Solidarität und Schweigen, in 

: « …et wor alles net esou einfach » Questions sur le Luxembourg et la Deuxième Guerre mondiale. Fragen 

an die Geschichte Luxemburgs im Zweiten Weltkrieg, Publications du Musée d’Histoire de la Ville de 

Luxembourg, tome X, Luxembourg, 2002, pp. 150-163.


Les pertes humaines luxembourgeoises sont parmi les plus élevées en Europe 

occidentale, près de 2% de la population totale. 

Après la libération les collaborateurs ont été jugés et 12 ont été condamnés à mort. 

8 sentences furent exécutées. Près de 9500 dossiers étaient instruits, 5600 personnes furent 

finalement jugées et condamnées 19 . 

En 1954, une amnistie mit un terme à l’épuration. 

19 Paul CERF, De l’épuration au Grand-Duché de Luxembourg après la seconde guerre mondiale, 

Luxembourg, 1980.

54 

Paul Dostert

LES EXTRÊME-DROITES LUXEMBOURGEOISES 

DANS L'ENTRE-DEUX-GUERRES ET LES ANNÉES 40 

55 

Lucien BLAU 

Une certaine historiographie, volontairement épousée et instrumentalisée par un 

courant politique conservateur, désireuse d’offrir aux gouvernés une image d'Épinal d’un petit 

peuple uni et homogène, non traversée par des clivages idéologiques, a réussi, au fil des 

temps, à peindre un tableau idyllique de l’histoire luxembourgeoise, où les seuls moments de 

rupture sont ceux qui opposèrent le peuple luxembourgeois aux voisins hégémoniques. 

La commémoration des événements de 1940-1945 qui obéit à cette logique en 

opposant la nation luxembourgeoise unie à l’occupation nazie, célèbre avant tout une unité 

mythique devant servir de modèle de fonctionnement à la société actuelle que l‘on veut 

consensuelle. 

Évoquez donc au Grand-Duché de Luxembourg le terme d’extrême-droite et on vous 

répond immédiatement « national-socialiste » L’explication en est simple : l’occupation 

national-socialiste constitue l’époque la plus douloureuse de l’histoire luxembourgeoise. Dans 

la mémoire collective, extrémisme de droite et national-socialisme sont irrémédiablement 

associés et confondus. Des extrémistes de droite luxembourgeois, s’il y en eut dans le passé, 

on en trouverait exclusivement dans la galaxie des groupuscules nazis des années trente et 

parmi les « Gielemännecher », collaborateurs du régime nazi de 1940 à 1945. 

Mon exposé va montrer que l‘engagement dans la Résistance d’une partie de 

l’extrême-droite prouve que la simple opposition, collaborateurs d’extrême-droite - Résistance 

démocratique est inefficace et inopérante et ne correspond à aucune réalité historique. Elle 

conduit en tout cas l’historien à formuler l’hypothèse que si l’extrême-droite fut présente des 

deux côtés de la barrière en 1940-1945, il dut y avoir au moins deux courants d’extrême-droite 

dans la période de l’entre-deux-guerres. 

L’EXTRÊME-DROITE DANS LES ANNÉES 40 

Pendant les années 40, deux courants d'extrême-droite vont s’affronter. L’un 

collaborera avec l’occupant national-socialiste tandis que l’autre luttera pour la sauvegarde de 

l’indépendance nationale. 

La question se posait donc de savoir comment les membres des différents courants de 

l'extrême-droite luxembourgeoise se positionneront après le 10 mai 1940 ? On assiste à un 

véritable chassé croisé des figures emblématiques de l'extrême-droite d’avant-guerre et les 

choix sont autant dictés par les convictions que par l’opportunisme. 

L’extrême-droite des collaborateurs 

En septembre 1940, Léon Müller, créateur du seul mouvement d'extrême-droite qui 

s’était inscrit dans la durée, député depuis 1937, rédacteur en chef du quotidien « Volksblatt »

56 

Lucien Blau 

qu’il avait lancé en 1933, après avoir quitté le « Luxemburger Wort », écrivait dans les 

colonnes de son journal : « Même si le conflit n’est pas encore arrivé à son terme, nous 

n’hésitons pas un seul moment à déclarer que nous attendons le salut des peuples d’une 

direction forte…. Tout notre espoir et notre ferveur sont dirigés vers le nouveau qui a entrepris 

sa marche triomphale à travers le monde et qui aura aussi son entrée auprès de ces peuples 

dont les dirigeants restent encore aujourd’hui sur la réserve ». 

Influencé par un étrange mélange d’idées d'extrême-droite, qui lui étaient venues de 

France (Croix de Feu), d’Autriche (l’austrofascisme), de Belgique (le rexisme) et 

d’Allemagne, le nationalisme affiché par Müller pendant les années trente ne l'empêchera 

point de verser dans la collaboration avec le national-socialisme. 

Celui qui s’était voulu le champion du nationalisme luxembourgeois et qui n’avait eu 

de cesse de mettre en doute le patriotisme de ses adversaires, particulièrement celui de la 

gauche, qui avait orné la manchette de son journal du mot d’ordre « Heimattreue » va plier 

sous le choc et remplacer ce mot d’ordre par « Heim ins Reich ». 

Quant à son proche collaborateur au « Volksblatt », Eugène Ewert, membre de la 

« Gesellschaft für deutsche Literatur » (GEDELIT) déjà avant 1940, il devient membre 

fondateur du « Volksdeutsche Bewegung » (VDB), travailla comme collaborateur de l’office de 

presse institué par les Allemands. Il fut membre du NSDAP et « Presseleiter » auprès du 

« Nationalblatt ». 

En 1940 nous assistons aussi à la réorganisation du « Luxemburger Nationale 

Volkspartei » (LNVP). Le programme de ce mouvement préconise la mobilisation de toutes les 

forces nationales pour réorganiser l’État et la communauté du peuple sur une base corporatiste. 

Le premier principe du parti est la «défense de l’intégrité territoriale et l’indépendance 

politique » et l'annexion économique à l’Allemagne. Le deuxième principe souligne que « le 

Luxembourg est la patrie des Luxembourgeois ». Cela signifie concrètement que l’on 

procédera à une « révision des lois régissant la nationalité luxembourgeoise » dans le sens 

« qu'aucun Juif ne peut être ou devenir Luxembourgeois ». Le LNVP est « contre le 

pullulement des Juifs et des non-Luxembourgeois » et préconise « l’exclusion de ces derniers 

de tous les postes de la vie publique et l’arrêt de leur émigration » vers le Luxembourg. 

Pour le LNVP, « au sein de l’État corporatiste, il n’y aura plus de place pour les partis 

et pour un parlementarisme corrompu ». 

Les animateurs de ce mouvement font partie de ces extrémistes de droite qui caressent 

dans un premier temps l’illusion de jouer un rôle de premier plan sur un échiquier politique 

luxembourgeois indépendant, voire autonome. Ils seront vite déçus. Les nationaux-socialistes 

allemands ne feront même pas appel à eux lors de la fondation du « Volksdeutsche 

Bewegung ». De plus, ils leur imposeront la dissolution de leur parti et leur enjoignent de 

rejoindre le VDB. 

En 1940, le mouvement de la « Luxemburger Volksjugend », fondé après le 

« Reichsparteitag » de 1936, par 17 jeunes Luxembourgeois reprend son activité au grand 

jour. Depuis 1939, la VJ organisa un « Dienst » qui prit modèle sur celui de la HJ. Au 

programme figuraient avant tout des marches et des soirées communes « Heimabende ». Tous 

les membres de la VJ se retrouvèrent après le 10 mai sous la direction de Ferdinand Colling,

Les extrêmes-droites luxembourgeoises dans l’entre-deux-guerres et les années 40 57 

membre depuis le début. La « Wehrmacht » allemande mit à leur disposition un local. Le VDB 

prit dès sa fondation contact avec la VJ en lui donnant comme mission de gagner, en tant que 

structure du VDB, la jeunesse luxembourgeoise à l’idée du retour au « Reich ». Dans le 

matériel de propagande distribué alors on peut lire : « La jeunesse luxembourgeoise est 

consciente que l’histoire, le Volkstum et la langue de sa patrie sont celles d’une tribu 

(« Volksstamm ») allemande ». 

Le 1er juin 1941, lors d’une grande manifestation le Reichsjugendführer Artur 

Axmann assurera le passage de la « Luxemburger Volksjugend » dans les rangs de la HJ. 

Charles Ketter, « Führer » de la HJ, décrivait en 1947, l’ambiance intellectuelle dans 

laquelle il baignait dans les années trente de la façon suivante : « …Mes lectures en ces temps 

étaient « Mein Kampf » d’Adolphe Hitler et « Le Mythe du 20ième siècle » de 

Rosenberg…..Ce qui m’enthousiasma avant tout ce fut le dynamisme d’une conduite de l’État 

brutale qui face à l’image faible et décadente de la démocratie occidentale, telle que je l’ai 

connue par la presse française, possédait la capacité de maîtriser avec succès les difficultés 

économiques dont souffrait alors le monde entier ». 

L’instrument principal de la politique de germanisation des nationaux-socialistes fut 

sans doute le « Volksdeutsche Bewegung » dont l’animateur principal et le guide sera le 

professeur luxembourgeois Kratzenberg. Dans les jours qui suivirent l’invasion allemande du 

10 mai 1940, les premières réunions informelles visant à fonder un mouvement pro-allemand 

eurent lieu sous le contrôle étroit des autorités allemandes, soucieuses de réunir les différents 

groupes concurrents : la Volksjugend avec A. Kreins et Albert Colling, un groupe constitué par 

E. Cariers, qui édita le journal antisémite « Luxemburger Freiheit » en 1939, le groupe animé 

par le professeur Kratzenberg de la mouvance de la GEDELIT. S’y ajouteront plus tard les 

membres de la mouvance LNVP autour de Terrens et Schmit. Le premier grand meeting public 

du VDB a lieu le 17 août 1940 et réunit 1000 personnes. 

Très vite des dissensions éclatent entre les différents groupes d'extrême-droite 

luxembourgeois quant à l’orientation du mouvement. Les affrontements font réagir les 

Allemands. La direction de la propagande fut ainsi confiée à un Allemand du Reich, ce qui 

témoigne de la volonté des nationaux-socialistes allemands de ne plus laisser un 

Luxembourgeois occuper ce poste hautement stratégique et sensible. Les « Distriktleiter » 

furent placés sous la surveillance de commissaires politiques allemands. On était donc loin de 

la volonté affichée au début de 1940 de confier les reines du VDB à des seuls Luxembourgeois 

acquis aux idées national-socialistes. Le « Landesleiter » du VDB Damian Kratzenberg, le 

« Leiter der Kanzlei » Eugène Ewert, et « l’Organisationsleiter » Albert Kreins, le « Führer 

der Volksjugend », sont placés sous la haute surveillance du Reich. Le SD devait en outre 

constater amèrement que « la chasse aux postes a pris des dimensions extraordinaires » et 

insiste sur le fait que des motivations exclusivement matérielles pousseraient à adhérer au 

VDB. Sous le couvert de l’idéalisme se cacherait la quête d’avantages. 

La résistance d’extrême-droite 

Le mouvement de résistance LVL est issu de la fusion de trois organisations, la LL 

(Lëtzebuerger Legioun), les LS (Lëtzebuerger Scouten) et les TLS (Trei Lëtzebuerger 

Studenten). Elle véhicule un discours empreint de xénophobie et d'un antisémitisme virulent.

58 


Ainsi une circulaire datée au 1 er avril 1941 pose aux membres de l’organisation de 

résistance LL la question : « Quelle est votre attitude par rapport aux Juifs ? » pour y 

répondre : « Nous ne rappellerons aucun de ceux qui partent. Nous ne tolérons que ceux des 

Juifs qui sont nés Luxembourgeois ou qui habitent plus de 25 ans au pays. Par une législation 

juste l’on devra les empêcher de vendre à moindre prix que les commerçants luxembourgeois. 

De toute façon l’on devra empêcher l’immigration des étrangers. Dans le futur aucun Juif ne 

pourra plus acquérir la nationalité luxembourgeoise ». 

Le programme de la LVL après la libération (« Programm vun der LVL no der 

Befreiung »), daté au 1 er août 1941, exige que le pourcentage des étrangers devra être ramené à 

0,5% après la guerre, que toutes les naturalisations après 1919 devront être révisées et que l’on 

procédera à la « liquidation des entreprises juives après la libération ». 

Pour ce qui est de la future forme de l’État et de gouvernement, la LVL a des idées très 

précises. En 1941, la LVL se prononce, pour un « renforcement des pouvoirs du souverain 

légitime, une répression de la lutte malencontreuse des partis, une éducation et une législation 

sociale sur la base des principes catholiques ». Le programme de la LVL après la libération, 

prévoit « l’introduction du souverain légitime et la formation d’un gouvernement provisoire, la 

convocation d’une Assemblée Nationale, qui aura pour tâche d’élaborer dans un délai de six 

mois une nouvelle constitution et une nouvelle forme de gouvernement. Pendant ce temps les 

partis seront exclus du débat politique. La nouvelle forme de gouvernement devra être 

monarchique et s’inspirer de principes catholiques-sociaux. Si la LVL se prononce pour la 

liberté religieuse, «la religion catholique devra être religion d'État ». 

En 1942, l'organisation de résistance LPL-Rodesch revendique ouvertement un régime 

corporatiste pour l'après-guerre : « Le peuple luxembourgeois tient toujours à l’idéal 

démocratique. Mais il a fait l’expérience que cet idéal, particulièrement dans un petit pays 

comme le Luxembourg, ne peut être atteint par le biais de la politique des partis, de la 

politique politicienne. Une chambre où ne seraient pas représentés des partis, mais les 

différents corps du pays, du peuple, serait pour notre petit pays l’idéal démocratique (…) Une 

telle chambre exclurait les querelles politiques. Pour réaliser cette réforme, l’on devrait 

dissoudre par décret la Chambre et le Conseil d'État et nommer une commission d’études qui 

comprendrait des représentants de tous les corps, et qui devrait étudier la nouvelle organisation 

avec le nouveau mode d’élection ». 

En 1943, le programme de la LVL revendique : « Notre nouvel État devra connaître un 

régime monarchique-démocratique. La vieille querelle malencontreuse des partis devra être 

étouffée et le peuple sera soudé dans un grand bloc national. Un État du peuple sur base 

corporatiste ». 

Dans le « programme pour après le renversement», l’on sent que la LVL entend jouer 

un rôle de premier plan : « D’après nos statuts, nous intervenons dans la vie politique. Nous ne 

visons pas à faire un putsch, mais exigeons de pouvoir user de notre droit d’aider à la 

construction du nouveau Luxembourg (...) Nous exigeons : 1. – des négociations avec le 

souverain légitime et le gouvernement d’exil sur le remaniement du gouvernement sur la base 

de notre programme et sur l’élaboration d’une nouvelle constitution et d’une nouvelle forme 

de gouvernement d’après des principes chrétiens-sociaux. 2. - Comme forme d'État, une 

monarchie démocratique avec un Conseil d'État sous la présidence du monarque, avec un


gouvernement nommé par le monarque, avec un parlement qui - au lieu d’être composé de 

partis - est issu des corporations ». 

La religion catholique est considérée comme « religion du peuple ». On envisage un 

concordat avec le pape. La reconnaissance de tous les droits de l'Église est exigée, tout comme 

l’exclusion de la religion de la politique. 

D’autres revendications ont trait à l’usage de la langue luxembourgeoise en tant que 

langue administrative et l’établissement de relations intimes avec les Luxembourgeois 

résidants à l’étranger et particulièrement aux États-Unis. Est également reprise la vieille 

revendication du courant nationaliste de l’entre-deux-guerres, la réunification culturelle, 

économique et politique avec le Luxembourg d’autrefois, jusqu’à la frontière linguistique. 

Le programme de la LVL est repris partiellement par l’UNION qui réunit des 

mouvements de résistance en septembre 1944. Il est publié en première page du numéro 1 du 

journal « D’Union ». L’UNION se prononce pour la « liberté religieuse, mais reconnaissance 

de la religion catholique comme religion d’État. Reconnaissance de tous les droits de 

l’Église ». Elle revendique un « parlement qui au lieu d’être composé de partis est élu par les 

corps professionnels ». 

La lutte qui oppose les résistants de la LVL à l’occupant nazi ne véhicule-t-elle pas les 

mêmes caractéristiques que celle qui opposa les « austrofascistes » aux nazis allemands ? Ne 

serait-ce donc qu’une lutte entre deux conceptions d’extrême-droite dont l’une a l’avantage de 

pouvoir revendiquer sa légitimité nationale. L’austrofascisme avec son exécutif fort, sa mise 

en veilleuse de la démocratie libérale, le corporatisme, ces traits font penser au Vichy des 

penseurs de la Révolution nationale qui avait aussi pour fondement le même antisémitisme 

catholique. Rober O. Paxton dit à ce propos : « Livré à lui-même, Vichy se serait contenté 

d’une discrimination professionnelle et des mesures destinées à hâter le départ des israélites 

étrangers. Sa xénophobie culturelle et nationale plutôt que raciale procédait de la tradition 

française de l’assimilation (…) Tant que Vichy a les mains libres, c’est un antisémitisme 

catholique et national qui inspire sa politique (...) ». Vichy, tout comme le voulaient les 

légionnaires de la LVL, revient aussi sur le processus de naturalisations. 

L’on pourrait poser la question : Mais pourquoi les membres de la LVL n’ont-ils pas 

collaboré, tout comme les traditionalistes français avec l’occupant nazi ? La réponse est toute 

simple : l’occupant nazi n’a jamais nié l’identité nationale française (à l’exception de celle des 

Lorrains et des Alsaciens), comme il a nié l’identité nationale luxembourgeoise. Or beaucoup 

de membres de la LVL sont issus du courant nationaliste et catholique d’avant-guerre. Ces 

« National-Katholiken », comme les appelaient les nazis, s'ils défendaient des solutions 

autoritaires pendant les années trente (les scouts catholiques n’avaient-ils pas milité pour le 

« oui » lors de la campagne autour de la « loi muselière ») et pour l’après-guerre ne pouvaient 

accepter la perte de l’identité, de l’indépendance luxembourgeoise. Identité qu’ils voyaient 

menacée dans l’entre-deux-guerres par le Juif, l’Étranger et pendant la guerre par l’occupant 

national-socialiste et le Juif. 

Les programmes de la Résistance d‘extrême-droite puisent à différentes sources de 

l‘entre-deux-guerres qui sont : 

- le courant des catholiques intégristes qui est abrité par le Parti de la droite,

60 


- le nationalisme intégral de la Nationalunion, 

- le national-populisme de Léon Müller. 

L'EXTRÊME-DROITE DANS LES ANNÉES TRENTE 

Le modèle de Jean-Baptiste Esch 

En novembre 1937, Jean-Baptiste Esch et Pierre Grégoire se voient chargés par Jean 

Origer, président de la fraction parlementaire du « parti de la droite » d’élaborer un nouveau 

programme politique. 

Dans le préambule du programme rédigé par l'abbé Esch, il est question d’une réforme 

en profondeur de tous les domaines de la vie sociale, d’un renouveau spiritualiste du peuple 

entier. Le cadre de la réforme étant tracé, Jean-Baptiste Esch précisera jusque dans les 

moindres détails les rouages du futur État chrétien et corporatiste. 

Pour ce qui est des relations entre le gouvernement et la Chambre, le programme 

prévoit un renforcement du pouvoir exécutif, la création d'une seule circonscription électorale. 

Les partis présenteront au Gouvernement et au Conseil d’État 3 listes de 48 candidats, au sein 

desquelles ces instances choisiront les candidats définitifs. Les partis avec un programme nonchrétien 

ne seront pas admis. 

Sur les relations entre l'État et l'Eglise, Esch considère que l'État n’est pas areligieux, 

mais qu'il est catholique. Il doit promouvoir l’influence et le développement de l'Église 

catholique. Si les autres croyances sont tolérées, il leur est défendu de faire de la propagande. 

L’enseignement doit être chrétien et les instituteurs et professeurs sont soumis à un contrôle 

étroit. Les mœurs publiques seront surveillées par une commission permanente formée par des 

représentants de l'Église, de l'État et des parents chrétiens. Elle aura un pouvoir juridictionnel 

pour tout ce qui touche au cinéma, au sport, au théâtre, à la publication de livres, à la presse et 

aux établissements de bains. 

Les autres révisions constitutionnelles précisent que les modalités d’acquisition de la 

naturalisation doivent être rendues plus difficiles et que la possibilité de la censure doit être 

envisagée 

Le corporatisme occupe une place centrale dans ce programme qui envisage 

l'organisation corporatiste de toutes les professions et la formation d’un parlement 

économique. 

Quels sont les fondement idéologiques d’un tel programme ? Ce programme se nourrit 

des enseignements de l’Encyclique « Quadragesimo Anno » publiée en 1931 et de 

l’expérience pratique de l'État corporatif et chrétien autrichien. 

Tout comme « Rerum novarum », « Quadragesimo Anno » oppose à une société 

fondée sur l’individualisme et déchirée par la lutte de classes, la reconstitution des « corps 

professionnels ». Elle invite à substituer aux classes opposées des « ordres » ou des 

«professions» qui groupent les hommes « non d’après la positon qu’ils occupent sur le marché


du travail, mais d’après les différentes branches de l’activité sociale auxquelles ils se 

rattachent ». 

La mise en pratique conséquente du principe de subsidiarité formulé par Pie XI dans 

« QA » relativise l’autorité de l'État, affaiblit l'État au bénéfice de l'Église qui ne s’est jamais 

accommodée avec la démocratie libérale, héritage de la Révolution de 1789. Idéologiquement 

elle se reconnaît dans les sociétés pré-révolutionnaires organisées de façon corporatiste et 

autoritaire. 

Pour Jean-Baptiste Esch, il s’agit de pratiquer un retour aux sources de « rompre avec 

la philosophie des lumières et leurs produits que sont le libéralisme et le socialisme » : « Das 

alte und morsche Gebälk eines Staatswesens das längst wankt und stürzt, wird durch keine 

Reformen mehr gestützt werden und im Neubau des kommenden Oesterreich wird kein 

wurmstichiger Balken Verwendung finden...Mit der Ideenwelt des Zeitalters der sogenannten 

Aufklärung und der französischen Revolution, aus der ganz Europa sich langsam zu lösen 

beginnt und mit der energisch zu brechen Oesterreich nach den Erfahrungen und Taten seiner 

jetztigen Führer gewillt ist, fallen auch die Produkte dieser Ideenwelt ». 

Il veut renouer avec le thomisme. L’esprit de la Renaissance et la philosophie moderne 

auraient conduit à un individualisme excessif pour aboutir à une dissolution, à un viol de la 

personnalité. Ce viol remonte pour J-B Esch à l’après thomisme et s’est achevé sur le plan 

théorique dans la philosophie allemande du 19e siècle et dans le marxisme sur le plan 

politique. 

Passionné par les événements en Autriche et « Quadragesimo Anno » il écrivit une 

multitude d'articles ayant trait au corporatisme autrichien et des possibilités de l'adapter à la 

situation concrète du Luxembourg. 

En 1934, constatant l’échec du parlementarisme luxembourgeois il réfléchit déjà à une 

autre représentation populaire : « Wie soll das Parlament zusammengesetzt werden. Durch 

allgemeines Stimmrecht wie bisher, durch bloße Ernennunmg von der Regierung. Durch 

Delegation anderer Organisationen, aber auch durch Verbindung dieser Methoden. Man 

empfindet nämlich allgemein höchstens mit Ausnahme der extremen Linksparteien, dass das 

absolute und allgemeine Wahlrecht in der bisherigen Form nicht die Fähigkeiten des Volkes 

ins Parlament brachte….Auch bei uns findet man unter denen, die überhaupt dem Problem 

nachgehen und die Entwicklung im Ausland verfolgen, solche, die als Lösung den Ständestaat 

vorschlagen. Und Vorteile sind sicher vorhanden und wäre es nur die Garantie für grössere 

Kompetenz, für größere Unabhängigkeit der Abgeordneten, für Beschränkung des 

Demagogentums und des Parteiunwesens ». 

La « loi d'ordre » (« loi muselière »), visant en 1937 à interdire le parti communiste et 

toute autre organisation menaçant l’ordre public, doit être vue dans le contexte de la tentative 

du parti de la droite à instaurer un État corporatiste chrétien prenant comme modèle 

l’Autriche. Les syndicats libres et les autres forces démocratiques avaient bien compris que le 

« Rechtspartei » ne s’arrêterait pas à l’interdiction du PC, mais que sous l’impulsion du 

courant intégriste de J.-B. Esch, il conduirait le pays tout droit à un régime autoritaire où les 

partis non-chrétiens n’auraient plus leur place.

62 


La pensée politique de la jeunesse catholique reflète en son sein les courants de pensée 

autoritaires, corporatistes qui agitent la société des années trente. 

Dans « ACADEMIA », qui est le mensuel de « l’AKADEMIKER-VEREIN », qui réunit 

à la fois jeunes et anciens universitaires catholiques et « JUNG LUXEMBURG », 

hebdomadaire du « Verband Katholischer Jugendvereine », maints jeunes expriment leur 

aversion pour la démocratie libérale et le matérialisme, s’identifient avec le maurassisme et le 

groupe des philosophes politiques français « d’ORDRE NOUVEAU » autour de Aron et 

Dandieu. Bertrand de Jouvenel, fondateur de la revue « Lutte des jeunes » est présenté comme 

un authentique représentant de la jeunesse française. 

L'antisémitisme 

Présents déjà dans les colonnes du quotidien catholique « Luxemburger Wort » à la fin 

du XIXe siècle dans deux articles, « Le danger qui émane des Juifs » (04.01.88) et « Les Juifs 

les rois de notre temps » (05.01.88), il resurgit dans la période de crise des années 20. 

L’article du LW du 15 juillet 1921, intitulé « Zur Judenfrage » prend position sur ce 

que l’on appelle « Les Protocoles des Sages de Sion ». Si l’auteur de l’article ne prend pas 

clairement position sur la véracité ou non-véracité des « Protocoles », il laisse néanmoins 

entendre qu’il y a concordance entre le contenu des « Protocoles » et les événements 

politiques, sociaux et financiers de la dernière décade. Selon le LW la réalité économique et 

sociale est dominée par la « haute finance juive » et « l’on doit avouer que la juiverie est 

entrain de conquérir le monde ». 

L’article du LW, « Der Vormarsch des Judentums », paru le 17 août 1922, justifie 

pleinement l’antisémitisme politico-économique. L’on y identifie les Juifs au capitalisme et au 

libéralisme. Toute lutte contre le capitalisme et le libéralisme est nécessairement de 

l’antisémitisme politico-économique pleinement justifiable et légitime, puisqu’il s’agirait là de 

« légitime défense », d’une réaction nécessaire contre une domination écrasante des Juifs. La 

prise de pouvoir juive s’accompagnerait de l’appauvrissement des classes moyennes 

catholiques. On construit donc ici une bipolarisation entre les Juifs et la classe moyenne 

catholique. Toujours selon le LW, les Juifs forts du pouvoir économique, accapareraient le 

pouvoir intellectuel. On cite l’exemple de l’Autriche catholique, où l’enseignement serait 

entrain d’échapper aux catholiques, puisque 70 % des professeurs de la faculté de médecine de 

Vienne seraient Juifs. 

L’auteur de cet article passe ensuite en revue les autres pays européens et les États- 

Unis pour se lancer dans une véritable démonstration de l’hégémonie juive dans tous les 

domaines de la vie économique et politique. Pour le LW une seule conclusion s’impose : la 

domination mondiale des Juifs existe bel et bien. 

Quelle a été la position du clergé luxembourgeois face aux attaques des nationauxsocialistes 

à l’encontre de la communauté juive an Allemagne ? Le 30 janvier 1933, Hitler est 

nommé chancelier du Reich par décret du président Hindenburg. Le 28 mars de la même 

année, la direction du parti nazi lance un appel à toutes les sections du parti de préparer le 

boycott des magasins juifs, médecins juifs. Est-ce que le boycott du 1 avril va infléchir la 

position des doctrinaires du journal catholique ?


L’article au titre significatif « Viel Geschrei » (01.04.33) ne laisse entrevoir aucun 

changement qualitatif. Si l’on prend clairement position contre les méthodes brutales 

employées par les nazis, le LW estime cependant que les peuples ont le droit de défendre leur 

particularisme et de veiller à ce que la direction des affaires politiques, économiques ne soient 

pas aux mains de représentants d’une certaine race. Or estime le LW, personne ne saurait nier 

que le déséquilibre en faveur du judaïsme aurait pris des formes trop prononcées dans maints 

pays, l'Allemagne ne faisant pas exception à la règle 

La jeunesse catholique des années trente elle non plus n’est pas exempte 

d’antisémitisme. Les périodiques de la jeunesse catholique, le « De Wecker Rabbelt » (diffusé 

parmi les collégiens de Luxembourg-Ville, de Diekirch, d'Echternach et d'Esch-sur-Alzette) et 

« Jung Luxemburg », qui est l'organe des « Katholische Jugendverbände » (dont font partie les 

scouts catholiques que nous retrouverons au sein du mouvement de résistance LS et plus tard 

au LVL), vitupèrent avec virulence la concurrence déloyale que feraient les commerçants juifs 

aux commerçants catholiques et la présence des Juifs immigrés d’Allemagne et de Pologne. 

On dénonce aussi l’emprise du capital juif sur le monde commerçant luxembourgeois. 

Ainsi dans un article du 13.11.1937, « Jung Luxemburg » voit dans les Juifs une 

menace pour la liberté spirituelle, la pureté, la morale et l'identité du peuple luxembourgeois. 

L'esprit juif est assimilé à un cancer qui rongerait le psychisme, l'âme de la nation 

luxembourgeoise. L’influence du peuple nomade sémite, qui errerait depuis 2000 ans se serait 

traduite d'une manière destructrice auprès de tous les peuples avec lesquels il serait entré en 

contact. 

En 1935, sous le titre « Untermenschen », (« sous-hommes ») le périodique des jeunes 

catholiques, s'était déjà étonné de la ponctualité de la clique judéo-franc-maçonne et libérale 

(« jüdisch-freimaurisch-liberalistische Clique ») à élever la voix, lorsqu'il s'agirait de 

dénoncer la persécution des Juifs. Pour JL les Juifs sont cette fois-ci assimilés à des meurtriers 

et des parasites. 

L'antisémitisme du « Wecker » s'exprime dans maints articles où l’on s’insurge contre 

le fait que le pays serait inondé par l’élément étranger juif qui constituerait un véritable danger 

(« National Bewegong am Kollesch an dröm erëm », 1937, No 3). Le « Wecker » croit devoir 

observer que les Juifs se comporteraient comme s’ils étaient les maîtres du pays. Ils 

travailleraient à la déchristianisation du pays, escroqueraient leurs clients et aspireraient à la 

domination mondiale. Et l’on menace ouvertement les juifs qu’ils pourraient subir le même 

sort au Grand-Duché qu’en Allemagne. 

Le nationalisme intégral de la « NATIONALUNION » 

En 1910, un groupe de jeunes étudiants fonde sous l’influence des idées de Maurice 

Barrès un mouvement nationaliste. L’âme de ce mouvement, qui s‘inspirera aussi fortement de 

Maurras, est Lucien Koenig, qui définit en 1918 le nationalisme luxembourgeois comme suit : 

« Dans les années 1907-1910 quelques jeunes Luxembourgeois résidant à Paris ont 

consacré leur temps libre pour étudier les différents courants politiques qui se sont livré une 

lutte sans merci en France. De tous les partis politiques ce sont ceux qui se sont groupés autour 

des deux grands patriotes Paul Déroulède et Maurice Barrès qui les ont séduits. Le vrai sens de

64 


l’idée patriotique leur est venu par l’étude des écrits du chef des patriotes. Ainsi l’on pourra 

comprendre qu’en 1910, lorsque ces jeunes gens sont retournés dans leur pays ils se sont 

astreints, animés par une sainte ferveur, à redonner au Luxembourg, ce qui fut perdu par une 

tyrannie étrangère de 500 ans, c’est-à-dire sa fierté et sa grandeur nationale. Avec des amis et 

camarades du même âge ils ont fondé le 10 août 1910 la LN. Mais ce serait une erreur de 

croire qu’ils auraient repris de manière esclavagiste les théories des nationalistes français. 

Premièrement les nationalistes de tous les pays ont les mêmes principes de base qui peuvent se 

résumer en quatre points, c’est-à-dire : N’est nationaliste que celui qui sait par qui et par quoi 

il est devenu luxembourgeois. Le nationalisme est un déterminisme. Nous sommes le produit 

du sol natal, de nos ancêtres. Entre eux et nous existe un lien étroit et mystérieux qui agit sur 

nous de manière déterminante. Le nationalisme est unité, cohésion, tradition ». 

Dès sa naissance, la LN s’inquiète de la dénatalité et agite le spectre de la disparition de 

la nation luxembourgeoise. La LN est en désaccord avec les lois régissant les options et 

naturalisations. Le fait de naturaliser chaque année quelques centaines d’étrangers équivaut à 

un « crime contre la nation ». Selon elle, le naturalisé ne devra pas jouir pleinement de tous les 

droits politiques. Seuls ses enfants pourront devenir des Luxembourgeois à part entière 

(« Ganzletzeburger »), s’ils en font la demande en leur 21 année. 

Tout comme « l’Action française », la LN est hostile à la démocratie parlementaire. Les 

partis politiques sont jugés superflus. Ils sont ressentis comme une menace pour l’identité 

nationale d’un pays dont l’étroitesse et la faible démographie n’aurait qu’à faire d’une demidouzaine 

de partis politiques. Ils diviseraient les Luxembourgeois, créeraient des tensions 

inutiles et feraient ainsi le jeu de l’étranger. 

La LN diagnostique que le mal est venu de l’étranger. Préserver, protéger, immuniser 

sont les mots clefs du discours de la LN. En 1916, la LN estime que les 30-40 000 étrangers 

vivant au pays constituent un « danger national ». « Dehors les étrangers ! Des 

Luxembourgeois à leur place. Notre peuple d’abord. Le commerce, l’industrie, le sol de la 

patrie, tout pour les Luxembourgeois », s'exclament les nationalistes. En outre ce peuple 

luxembourgeois devra être éduqué à n’acheter qu’auprès des commerçants étrangers ce qu’il 

ne trouve point auprès des commerçants luxembourgeois. Le boycott devra être utilisé comme 

une arme contre les magasins étrangers. 

Les nationalistes s'élèvent contre l’immigration ouvrière vers le bassin industriel qui 

aurait été jadis moins peuplé et porteur d’une excellente culture luxembourgeoise. Mais dès 

l’ouverture des premières galeries, l’afflux des étrangers aurait miné la culture 

luxembourgeoise et l’esprit étranger aurait contaminé le caractère des Luxembourgeois de 

souche. Les mariages mixtes auraient tué ce qui devrait être sacré: l’amour de la patrie. 

Un autre thème fort du programme nationaliste est l’irrédentisme. Après la 1 er guerre 

mondiale, la LN croit l’occasion propice à faire de nouveau campagne contre les trois 

démembrements du territoire luxembourgeois de 1659, 1815 et 1839 et de militer pour le 

retour de ces territoires à la « métropole ». En 1919, une multitude d’articles sont consacrée à


la question du « Grand Luxembourg ». Dans le discours des nationalistes, les trois 

démembrements sont qualifiés de « vol », « d’amputation », qui auraient eu pour conséquence 

le dépérissement du corps de la nation luxembourgeoise. Des pétitions sont envoyées à la 

chambre des députés, au gouvernement pour qu’il exige la désannexion de l'Eifel 

luxembourgeoise à la Conférence de Paix. 

L’antisémitisme est très présent dans le discours de la LN. En 1916, les nationalistes 

luxembourgeois, conscients que la petite bourgeoisie fournit un bon terrain à l’antisémitisme, 

dénoncent les activités économiques des commerçants juifs, accusés dans les colonnes du 

journal nationaliste de se livrer à une concurrence outrancière contre le monde commerçant 

luxembourgeois. 

Les Juifs auraient le sens des affaires dans le sang. Ce serait là leur seul talent, mais ils 

l’auraient poussé à la perfection. Les Luxembourgeois quant à eux ne comprendraient pas 

qu’il serait de leur devoir (national) d’acheter auprès des commerçants luxembourgeois. En 

1918, la LN s’en prend virulemment aux juifs galiciens, expulsées par l’Allemagne de 

Lorraine et qui auraient envahi le Luxembourg. « D'NATIO'N » les qualifie de « vermine » 

(« Ongeziwer ») et se plaint des facilités qu’aurait le moindre vagabond pour venir s’installer 

sur le territoire luxembourgeois. La LN prévient le gouvernement que le peuple perdra 

patience et se vengera sur les « protégés juifs » en recourant à la violence. 

En 1920, pas moins de trois numéros de « D'NATIO'N » sont consacrés à la solution de 

la « question juive », (« JUDEFRO »). On y dit dépeint les Juifs comme des apatrides errant 

sans trêve, ni repos de par le monde, devenant un élément étranger au corps des autres nations 

par lequel celles-ci périraient. 

Les nationalistes luxembourgeois s’inquiètent de la présence de 5 à 8 000 Juifs résidant 

au Luxembourg et des dangers que représenterait le «nationalisme juif» pour la collectivité 

luxembourgeoise : 

« Dans notre pays vivent 5-8 000 Juifs, à propos desquels nous autres catholiques, 

protestants et libres-penseurs nous ignorons tout. Ils fréquentent nos écoles, commercent avec 

nous, nous côtoient dans les bistrots et nous ne savons pas que nous avons à faire avec des 

membres d’une nation qui n’est pas la nôtre. Celui des Juifs qui protesterait contre cette 

assertion montre seulement qu’il ne connaît point l’histoire de son peuple ». 

On cite en exemple les écrits de Th. Fritsch, auteur d’un « manuel de la question 

juive » et dont on retrouve l’influence directe chez Adolf Hitler. Fritsch est l’un des dirigeants 

les plus connus de la « Antisemitenliga » et de la « Deutschsoziale Partei », ainsi que le 

fondateur de la « Antisemitischen Correspondenz ». En outre la LN s’inspire fortement des 

écrits du Dr. Rohling qui écrivit en 1871 « Der Talmudjude » et des antisémites français tel un 

Édouard Drumont (« La France juive ») ou d’un Urbain Gohier (« La vieille France »). 

Dès 1922, la LN prend exemple sur le fascisme italien et sur « l’Action française ». 

D'Nation écrit : « Sans les cohortes d'assaut le fascisme italien n'aurait été possible, sans les 

camelots du roi l'Action française ne jouera point ce rôle important au sein de la vie politique 

française. Sans une élite la LN ne disposera pas de la puissance nécessaire pour conférer à ses 

manifestations le respect nécessaire ». La stabilité politique et sociale aidant, la LN disparut en 

1924 pour difficilement renaître de ses cendres en 1937 sur une toile de fond de crise

66 


économique et politique. Dans son « manifeste au peuple luxembourgeois », il s’élève contre 

la présence de 50 000 étrangers sur le territoire luxembourgeois, accuse la classe politique 

d’avoir vendu le pays à l’étranger et s’inquiète de la présence massive d’élèves étrangers dans 

les écoles luxembourgeoises. 

Le National-populisme des années trente : Léon Müller et le 

« Luxemburger Volksblatt » 

De 1933 à 1940 paraît le quotidien « Luxemburger Volksblatt », dont le rédacteur en 

chef est Léon Müller, qui a travaillé pendant 12 ans à la rédaction du quotidien catholique 

« Luxemburger Wort ». Il fut en outre le secrétaire de la section Luxembourg-Ville de la LN. 

Le nationalisme véhiculé par le « Volksblatt » est un nationalisme fermé, exclusif, qui 

veut protéger, fortifier, immuniser l’identité nationale, contre l’influence de l’étranger. De 

1933 à 1940, Léo Müller harcèlera les différents gouvernements de sa politique xénophobe, 

exigeant le rapatriement des étrangers, la mise entre parenthèse des naturalisations, arguant 

qu’il y va de l’avenir des classes moyennes, des générations futures, de l’existence de milliers 

de familles luxembourgeoises. L’immigration est décrite comme une inondation qui 

submergerait le petit pays qu’est le Luxembourg. Le jour où le Luxembourg n’appartiendrait 

plus aux Luxembourgeois n’est plus très loin. Cette menace planerait telle une épée de 

Damoclès sur le pays. Maints articles dépeignent les dangers que courrait le 

« Luxemburgertum » menacé entre autres dans le domaine linguistique par le 

« Kauderwelsch » que parleraient les immigrés. 

Le « Volksblatt » prône le démantèlement des partis, car ils n’auraient apporté que 

contradictions et divisions au sein de la communauté nationale. 

Müller suit avec beaucoup de sympathie le mouvement des « Croix de feu » du colonel 

de la Rocque et l‘expérience de Léon Degrelle. Une rencontre entre les deux Léon va 

d‘ailleurs avoir lieu à Clervaux en mai 1936, où les deux frères – en armes – échangent leurs 

expériences. En 1937, Müller est fin prêt pour participer aux élections législatives dans la 

circonscription du centre. La liste de Müller, qui comprend cinq libéraux dissidents et l’ancien 

ministre d’État Prüm, clérical dissident, obtiendra 2 sièges. 

La galaxie national-socialiste 

J‘ai qualifié de galaxie national-socialiste, tous ces mouvements et organisations 

d‘inspiration national-socialiste qui se sont activé sur le territoire luxembourgeois à partir de 

1933 jusqu‘en 1944. Le rôle de toile d‘araignée, de centre autour duquel tous ces mouvements 

luxembourgeois ont gravité a été rempli par la « colonie allemande ». 

Le VDB fédérera en 1940, sous la pression des nazis allemands, tous les courants nazis 

luxembourgeois sous la direction de Damian Kratzenberg 

Le « Letzebuerger Jugendverband »


Il est fondé le 20 janvier 1935 à Esch-sur-Alzette par neuf jeunes hommes issus du 

monde ouvrier. Dissidents et exclus des diverses organisations de jeunesse catholiques, les 

fondateurs de ce mouvement sympathisent avec le national-socialisme allemand et 

entretiennent des liens avec Léo Müller. Ils éditent le périodique « JONG FRONT ». 

Dans le « manifeste à la jeunesse luxembourgeoise » publié par ce périodique, on 

s’insurge contre l’éclatement qui règne au sein de la société luxembourgeoise pour prôner la 

« solidarité populaire » et l’unité. Le peuple luxembourgeois serait « à la merci de la cupidité 

d’internationalistes irresponsables » et la jeunesse dépérirait tant sur le plan physique que 

spirituel. 

Le « culte du chef » occupe une place centrale dans le discours des jeunes extrémistes. 

« Jong Front » donne de ses militants l’image de jeunes révoltés, cultivant des valeurs 

machistes. Ce sont des «sauvages», des «purs et durs» dont le regard est « franc ». Le militant 

marche « d’un pas sûr » et est animé d’une volonté ferme. Il est lié aux autres militants par un 

« serment sacré » et « prêt au sacrifice ». Sous la bannière il marchera « au pas cadencé 

jusqu’à ce que le pavé retentisse du grondement annonciateur des temps nouveaux ». 

Le nationalisme de JF se manifeste à la une de chaque numéro, où figurent au- dessous 

du titre du journal à la fois l'emblème national et le slogan des nationalistes luxembourgeois 

« Letzebuerg de Letzebuerger ». 

Jong Front lutte contre le capitalisme et le matérialisme, est antiparlementaire et 

antisémite. Des militants du LJV sont à la base de la naissance de la « Luxemburger 

Volksjugend ». 

Le « Luxemburger National-Partei » 

Il est fondé le 16. 10. 1936. L’essentiel de son activité propagandiste tournera autour 

d’un antisémitisme virulent. Il se définit comme un «mouvement qui lutte par des moyens 

légaux pour reconstruire l'État sur une base corporatiste». Au sein de ce nouvel État le 

parlementarisme sera banni ou connaîtra une restriction. Dans le domaine de la politique 

intérieure, le caractère national et « völkisch » prime. Le LNP lutte pour la « défense et la 

protection de l’identité luxembourgeoise » et contre « toute tentative de tutelle de la part de 

l’étranger ». 

Le LNP s'insurge en outre contre la « politisation de l’économie », le « règne 

oligarchique du grand capital », « l’égoïsme et le matérialisme », les « idées du communisme 

et du marxisme qui ne visent qu’à la dissolution de la famille et à l’établissement du règne 

d’une clique de sans patrie, contre l’envahissement du pays par des éléments étrangers 

douteux ». 

Le corporatisme du LNP s’inspire d’une part de l’Encyclique « Quadragesimo Anno » 

et d’autre part des expériences italiennes, allemandes et portugaises. 

Le LNP partage avec les autres courants d’extrême-droite la hantise du déclin 

démographique. Pour remédier à cette situation, il ne suffirait pas de renforcer la législation 

contre l’avortement et l’achat de produits contraceptifs. Il faut avant tout assurer la base 

matérielle et morale de la famille. Ainsi le travail féminin ne correspondrait pas aux 

aspirations de la femme « normale et saine ».

68 


L’antisémitisme du « Luxemburger National-Partei » s’exprime dans deux 

hebdomadaires, le « National-Echo » (1936-1937) et la « Luxemburger Freiheit » (1939). Cet 

antisémitisme s’articule autour des thèmes suivants : 

- L'afflux d’immigrés juifs menace l’identité nationale 

- C'est un antisémitisme économique dirigé contre les «grands magasins juifs» au 

Luxembourg 

- Antisémitisme politique : le libéralisme et le marxisme sont l'œuvre des Juifs et de 

leurs alliés francs-maçons. 

- La publication des «protocoles des Sages de Sion» sert à conforter dans l’imaginaire 

populaire la thèse du complot, de la conspiration juive. 

L’antisémitisme de la « Luxemburger Freiheit » empruntera sous la plume 

d'Emmanuel Cariers beaucoup au « Stürmer ». 

Des organisations fascistes insignifiantes 

Pendant l’année 1933 quatre tentatives de créer des mouvements fascistes échouèrent : 

- Le « Nationalsozialistische Luxemburger Heimatbewegung » préconisant la création 

d’un « État ouvrier organique», le corporatisme et l’autarcie. L'État est conçu comme une 

«communauté du peuple ». Et le « sang et la langue » décideront de l’appartenance au peuple 

luxembourgeois. 

Le « Luxemburgische Nationalsozialistische Partei », le « Fachistische Partei 

Luxemburg », le « Luxemburgische Nationale Arbeiter- und Mittelstandsbewegung », 

connaîtront une existence éphémère. 

En conclusion, nous pouvons affirmer que le Grand-Duché de Luxembourg a tout 

comme les autres pays européens sa culture d’extrême-droite multiforme, fortement influencée 

par l’étranger. Les adeptes de Barrès et Maurras, tout comme ceux du colonel de la Rocque, 

côtoient des rexistes et des nationaux-socialistes purs et durs. Le 10 mai 1940, va encore 

accentuer la ligne de fracture entre nationalistes et adeptes du « Heim ins Reich. Si les uns 

collaboreront avec l’occupant nazi, les autres afficheront leur antisémitisme, leur corporatisme 

dans les programmes des organisations de résistance, tel que la LVL et la LPL-Rodesch et de 

l’UNION. 

Le désannexionisme qui figurera également dans les programmes de ces organisations, 

sera de nouveau repris par Lucien Koenig dès 1946. L’ancien secrétaire de la LN, Émile 

Schmit, sera de ceux qui créeront dans les années 80 le mouvement d’extrême-droite FELES 

(Fédération notre pays, notre langue) qui donnera naissance à la « Nationalbewegung ». Le 

discours de ces organisations empruntera beaucoup au théoricien de «l’âme luxembourgeoise» 

que fut Lucien Koenig et mêlera son nationalisme au racisme différencialiste et à un 

écofascisme qui mettent sur le même plan les lois qui régissent le monde de la nature et celui 

des hommes.


BIBLIOGRAPHIE : 

Lucien BLAU, La Résistance au Grand-Duché de Luxembourg (1940-1945). Sociologie, 

Idéologies et programmes. Mémoire de maîtrise, Université de Metz, 1984. 

Lucien BLAU, La pensée de l'extrême-droite au Luxembourg pendant les années trente. 

Mémoire de stage pédagogique, 1990. 

Lucien BLAU, Histoire de l'extrême-droite au Grand-Duché de Luxembourg au XXe siècle. 

Thèse de doctorat, Université de Metz 1996, publiée aux Éditions le Phare en 1998. 

Georges BÜCHLER, Les idées de réforme de l'abbé Jean-Baptiste Esch. Mémoire de stage 

pédagogique, 1984. 

Émile KRIER, Deutsche Kultur- und Volkstumspolitik von 1933 bis 1940 in Luxemburg. Phil. 

Diss. Bonn 1978.

70 

Lucien Blau

L’OCCUPATION NAZIE DANS LE WARTHELAND 

71 

Tomasz SCHRAMM * 

Le 26 octobre 1939 sont entrés en vigueur les arrêtés signés par Hitler un peu avant 

(les 6 et 12 octobre), concernant le statut des territoires polonais occupés par l’Allemagne 

nazie (ce qui représentait 48,5% de la superficie de la Pologne d’avant 1 er septembre 

1939). Approximativement, une moitié de ces terres constituait désormais l’unité nommée 

le Gouvernement Général (Das Generalgouvernement für die besetzten polnischen 

Gebiete, depuis le 8 juillet 1940 : Generalgouvernement), l’autre moitié était incorporée 

directement au Rreich. 30% des territoires incorporés sont entrés dans le cadre des 

provinces existantes (Silésie, Prusse Orientale), de ce qui était le reste on a crée deux 

districts : Reichsgau Westpreußen (bientôt : Dantzig-Westpreußen) et Reichsgau Posen, 

ensuite Wartheland. La différence entre ces territoires et le Gouvernement Général était 

nette. Du point de vue allemand, le terme d’occupation ne pouvait s’appliquer qu’au 

Gouvernement ; pour les Polonais, tant au Gouvernement qu’en Poznanie et en Poméranie, 

ils se trouvaient sous l’occupation, le second cas étant plus lourd. 

L’objet de la présente communication est le Reichsgau Wartheland. L’idée du chef 

de district, Arthur Greiser, était d’en faire un district modèle. Il paraît donc permis de se 

servir de ce cas comme d’un exemple. Il a été étudié minutieusement par le chercheur très 

compétent qu’était le Professeur Czeslaw �uczak de l’Université Adam Mickiewicz, 

décédé en 2002, et ce sont surtout les résultats de ces travaux qui constituent la base de 

l’exposé. 

Le territoire du Reichsgau Wartheland allait bien au-delà des frontières de 

l’ancienne Poznanie prussienne – c’est d’ailleurs pour souligner la différence que le nom 

initial de Reichsgau Posen a été changé. A l’est, le district s’étendait jusqu’à �ód� 

(rebaptisée Litzmannstadt), un important centre de l’industrie textile. C’était le résultat des 

ambitions de Greiser qui voulait « sa » province aussi grande et importante que possible. 

Le tracé des frontières entre le Wartheland et le Gouvernement Général était le fruit de sa 

rivalité avec le gouverneur général Hans Frank, le plus souvent couronnée de succès 1 . 

La position de Greiser était bien forte. Cet ancien président du Sénat de Dantzig a 

gardé en mémoire que, comme tel, il devait tenir compte du chef local de la NSDAP, 

Albert Forster. Pour éviter les inconvénients de cette dyarchie, avant que son poste fût 

défini, le 26 octobre 1939, comme celui du gouverneur (Reichsstatthalter) il a su se faire 

nommer tant le chef de l’administration civile (Chef der Zivilverwaltung) que le chef du 

parti (Gauleiter) 2 , a quoi s’est ajoutée ensuite, en plus, la fonction du commissaire pour la 

défense, ce que lui conférait une certaine autorité sur l’armée. De ce fait, il avait toutes les 

possibilités de réaliser la politique dont il était l’exécuteur et, à un certain degré, l’auteur. 

LES PERSECUTIONS 

Dire que la politique était dirigée contre la population polonaise c’est dire une 

lapalissade. A côté de la discrimination dans les différentes zones d’activité : économique, 

culturelle, scolaire, religieuse, ou ensemble avec elle, se manifestait le dessein de détruire 

la substance vivante de la nation polonaise. Les leaders nazis, Hitler en tête, parlaient 

* Professeur – Université de Poznan. 

1 Cz. �UCZAK, Pod niemieckim jarzmem (Kraj Warty 1939-1945), Pozna�, 1996, pp. 5-7. 

2 La même formule a été adoptée en Prusse Occidentale pour Albert Forster.

72 

Tomasz Schramm 

parfois de l’élimination totale des Polonais, mais ce qui est devenu la réalité pour les Juifs, 

ne pouvait pas être pris à la lettre dans le cas des Polonais. L’action des nazis envers la 

population polonaise visait l’extermination – mais sélective. La cible visée au premier chef 

était des gens actifs dans la vie politique, économique et sociale (dont les insurgés des 

années 1918-1920), propriétaires fonciers, instituteurs, prêtres et d’autres représentants de 

l’intelligentsia. Il s’agissait de priver la nation polonaise de ses élites au sens large du 

terme. Cette mesure était prévue d’avance : les listes de proscription avaient été établies 

avant la guerre par les services allemands s’appuyant sur les différents matériaux comme la 

presse, les rapports des consuls et des Allemands vivant en Pologne, etc. Ces derniers et la 

saisie des différents documents polonais ont contribué beaucoup à l’établissement de la 

seconde série des listes après l’invasion. 

L’action nommée « le nettoyage politique du terrain » (Politische Flurbeneinigung) 

qui, outre les susmentionnés, englobait aussi les membres d’autodéfense polonaise, 

qualifiés de « bandits », a été menée en automne 1939, prenant la forme des exécutions en 

masse. On évalue le nombre de ses victimes sur plus de 40 000, dont environ 10 000 en 

Wartheland (ce chiffre est particulièrement élevé pour la Prusse Occidentale, où il 

approche de 30 000 ; pour les territoires incorporés à la Silésie et à la Prusse Orientale – 

respectivement 1 500 et 1 000 3 ). Les exécutions avaient souvent le caractère public, par 

exemple, sur la place principale de la ville. L’action a été confiée aux détachements 

spéciaux de la Sicherheitpolizei. 

Le second temps du « nettoyage » a eu lieu au printemps 1940. Il a pris la forme 

des déportations aux camps de concentration. Le nombre des déportés lors de cette action 

était environ 20 000, dont 5 000 pour le Warthegau. Cette fois, l’action a été menée 

également au Gouvernement Général, avec plus de 10 000 déportés et 3 500 exécutés 4 . Il 

est superflu d’ajouter que le nombre de ceux qui ont survécu à la déportation était faible. 

Quand il est question de camps de concentration, il convient de mentionner un à 

�ód�/Litzmannstadt, destiné aux mineurs de 8 à 16 ans, crée plus tard. Le nombre des 

enfants qui y sont détenus entre décembre 1942 et octobre 1944 est évalué à 12-13 000 5 . 

Les Polonais périssaient également dans les exécutions ayant le caractère de 

représailles exercés pour les actes de résistance pendant les hostilité, des personnes civiles 

étaient victimes des actes délibérés de la Wehrmacht, ensuite des actes de violence de la 

part des Allemands, sûrs de leur impunité, des tortures de la Gestapo ou du système 

judiciaire qui, avec des tribunaux spéciaux (Sondergerichte), avait le caractère 

particulièrement répressif. Ce caractère s’est accentué encore à partir de 1942, avec 

l’introduction de la spéciale législation pénale pour les Polonais et les Juifs 6 , prévoyant la 

peine capitale dans plusieurs cas, y compris l’écoute de la radio étrangère, l’abattage 

illégal, le vol ou les relations intimes avec des Allemands/Allemandes. Dans ces cas, le 

nombre des victimes est moindre, mais non négligeable – le nombre de peines de mort 

prononcées par les tribunaux allemands est environ 1000. Une chose à part est l’euthanasie 

des malades mentaux qui, en Wartheland, a englobé plus de 4 000 personnes. Somme 

toute, la gamme des moyens de l’élimination directe des Polonais était riche. Le nombre 

total des victimes au Wartheland est environ 70 000. 

Outre les moyens directs, la politique de l’occupant influait également sur la 

démographie. Sans oublier les difficiles conditions de vie (petites rations alimentaires, bas 

salaires), il faut indiquer les mesures administratives qui ont entravé les mariages (refus de 

3 Cz. �UCZAK, Polska i Polacy w drugiej wojnie �wiatowej, Pozna�, 1993, p. 101. 

4 Cz. �UCZAK, Pod niemieckim…p. 19 ; dans un laps de temps plus long, entre automne 1939 et l’automne 

1940, ce chiffre, pour Warthegau, est environ 7 000, ibid., p. 31. 

5 J. WITKOWSKI, Hitlerowski obóz koncentracyjny dla ma�oletnich w �odzi, Wroc�aw, 1975, passim. 

6 Cz. �UCZAK, Pod niemieckim…, p. 26.

Loccupation nazie dans le Wartheland 73 

mariages religieux, difficultés avec des mariages civils, l’institution, à partir du 1 er mai 

1943, d’un âge minimum de 28 ans pour le hommes et de 25 ans pour les femmes), 

séparation de couples par les déportations ou transferts des employés dans une autre 

localité sans possibilité d’emmener sa femme. Le taux des mariages polonais et allemands 

sur 1 000 était en 1941 respectivement 4,4 et 8,1 ; en 1942, 1,2 et 7,2 ; en 1943, 1,4 et 6,8 7 . 

Les données des localités choisies indiquent que le taux de natalité n’égalait pas celui de la 

mortalité. 

LE GENOCIDE DES JUIFS ET DES TSIGANES 

La politique de l’occupant vis-à-vis des Juifs avait son caractère à soi, qui est 

généralement connu. Elle avait deux étapes principales – l’organisation des ghettos et des 

camps de travail, ensuite le génocide direct dans le cadre d’Endlösung der Jugenfrage, qui 

a englobé, en plus la population tsigane. Ajoutons que la susmentionnée première étape 

n’excluait pas l’extermination directe. Sur ce plan, à Wartheland, les choses ne différaient 

pas du reste de la Pologne. La population juive était beaucoup plus nombreuse dans la 

partie est du district, celle qui avant la Première Guerre mondiale appartenait à la Russie, et 

c’est là que, dans la première moitié de 1940, on a organisé la plupart des ghettos. Le plus 

important était celui de �ód�/Litzmannstadt, où habitaient 200 000 personnes, liquidé en 

août 1944. 

L’élimination systématique et massive de la population juive à Wartheland a été 

décidée, paraît-il, en été 1941 8 . L’action des Einsatzkommandos, au moment de la conquête 

de la part occidentale de l’Union Soviétique, ensuite l’adoption de la politique 

d’extermination sont considérées comme une césure-clé dans l’histoire du génocide juif. 

L’action accompagnant les hostilités était cependant une chose différente de celle de la 

politique d’occupation ; elle pourrait être comparée à celle mentionnée plus haut, menée en 

1939 en Pologne, surtout occidentale, qui était ciblée sur les Polonais, et non pas sur les 

Juifs (bien qu’il arrivait que ces derniers en furent également des victimes) 9 . L’initiative de 

l’été 1941, concernant les Juifs de Wartheland, semble donc anticipée sur celle qui, 

adoptée à l’échelle générale, est considérée comme décidée en automne 1941 et précisée 

lors de la fameuse réunion à Am Großen Wannsee qui s’est tenue le 20 janvier 1942 (mais 

qui, au fait, était prévue initialement pour le 9 décembre 1941) 10 . Le camp d’extermination 

à Chelmno (Kulmhof) a commencé à fonctionner le 8 décembre. Le chiffre de ses victimes 

est estimé à 160 000 pour les Juifs, quelques milliers pour les Tsiganes, quelques milliers 

pour les Soviétiques et le nombre est inconnu pour les Polonais 11 . Sur environ 385 000 

Juifs qui habitaient le Wartheland en 1939, 5 000 ont survécu, soit 1,3%. 

LA POLITIQUE DE GERMANISATION 

Avant que les gigantesques projets du « Reich Millénaire » puissent être réalisés, le 

but à un terme plus proche était de germaniser les territoires polonais incorporés au Reich. 

Le terme de « germanisation », comme tout autre de même type, a une double 

7 Ibid., p. 40. 

8 Ibid., p. 46. 

9 Ibid., pp. 43-46. 

10 I. KERSHAW, Qu’est-ce que le nazisme, Gallimard, Paris, 2003, pp. 204-206, après une analyse scrupuleuse 

de l’historiographie du problème se prononce pour la date de septembre 1941 comme moment de la prise de 

décision, en quoi il suit l’exposé de Philippe Burin. 

11 Ibid., P. 46. Dans la première approche du problème, E. SERWANSKI, Obóz zag�ady w Che�mnie nad Nerem, 

Pozna�, 1964, p. 360, tout en soulignant les difficultés liées à une évaluation, en vient au chiffre d’environ 

300 000.

74 


signification. Il peut signifier soit l’élimination de la population non germanique et son 

remplacement par la population germanique (germanisation du sol), soit son assimilation à 

la culture germanique (germanisation des gens). Cette distinction était pertinente déjà sous 

le IIe Reich. Le IIIe Reich a tablé surtout sur la germanisation du sol. L’action de 

déportations des Polonais à une grande échelle a été confiée à la SS dont le chef, Himmler, 

a été nommé le 7 octobre 1939, commissaire du Reich pour le renforcement de la 

germanité (Reichkommissar für die Festigung des deutsches Volkstums). A Wartheland, il 

a trouvé un collaborateur zélé en la personne de Greiser. La population polonaise était 

transférée au Gouvernement Général – jusqu’en 1944 le nombre des déportés est proche de 

300 000, sans compter ceux qui étaient envoyés au Reich ou en France pour des travaux 

forcés. En parallèle, les autorités nazies ont entrepris le transfert de la population 

allemande vivant en Europe baltique, en Europe de l’Est et dans les Balkans. Cette action a 

fait venir au Wartheland 536 951 Allemands, soit 85% de tous ceux qui ont été établis sur 

le territoire polonais incorporé au Reich 12 . La moitié d’entre eux était venue dans les 

années 1939-1941. La dernière vague, comptant 241 194 personnes, est venue du territoire 

de l’URSS en 1943 – la situation ne permettait plus de les maintenir à l’est où ils étaient 

censés constituer la tête de pont germanique. 

La germanisation des gens était réalisée avec la fameuse Deutsche Volksliste, qualifiant 

comme Allemands ceux des anciens citoyens polonais qui pouvaient prouver leur origine 

allemande. Elle a été introduite sur tous les territoires occupés de l’Europe de l’Est le 4 

mars 1941, mais son précédent existait au Wartheland, à l’initiative de Greiser, depuis le 

28 octobre 1939 13 . Greiser était adversaire de la germanisation des gens – sa liste était 

conçue pour faire le tri afin de : 

1. sélectionner les vrais Allemands, 

2. créer la catégorie des « stagiaire » qui devaient, par leurs actes, prouver d’être 

dignes d’appartenir à la nation, 

3. éliminer ceux qui voudraient se faire Allemands abusivement. 

Sa politique était donc inverse à celle menée en Silésie et en Prusse occidentale, où depuis 

1941, environ 50% de la population s’était ou était inscrite (souvent sous pression) sur la 

liste. 

Un aspect particulier de la politique nazie en ce domaine était la germanisation des enfants 

qui répondaient aux critères raciaux. C’étaient d’abord les orphelins, ensuite d’autres cas 

(par exemple les enfants illégitimes, les enfants des personnes arrêtées pour la résistance 

ou refusant de signer la Volksliste). Le nombre total de ces enfants est évalué à quelques 

200 000 14 , dont entre 10 et 20 000 pour Wartheland 15 . L’effort qui a été entrepris après la 

guerre de les récupérer a apporté des résultats limités, d’ordre de 15 à 20% 

12 Cz. �UCZAK, Pod niemieckim…, p. 71 (tab. 5). 

13 La liste de Greiser comprenait cinq catégories : A – Allemands actifs, B – Allemands passifs, C – 

personnes d’origine allemande censées devenir des « Allemands au plein sens du nom », D – personnes 

d’origine allemande polonisées mais non anti-allemandes, E – personnes d’origine allemande polonisées et 

démontrant une attitude anti-allemande. La dernière catégorie ne se qualifiait pas, bien sur, à être admise à la 

nation allemande ; aucun nom n’a été inscrit sur cette liste (Cz. �UCZAK, op. cit., p. 58). Son existence 

semble refléter le souci de classement bureaucratique poussé particulièrement loin, ce qui est compréhensible 

vu le but de l’initiative de Greiser – voir infra. La liste de 1941 établissait quatre catégories : I Volksdeutsche 

– d’origine allemande, actifs, II Deutschstammige – d’origine allemande, passifs, III Eingedeutsche – 

d’origine allemande, partiellement polonisés, IV Ruckgedeutsche – d’origine allemande, entièrement 

polonisés. Ceux qui ne s’y qualifiaient pas, c’est-à-dire la majorité des Polonais, appartenaient à la catégorie 

de Schutzangehdrige, dont étaient exclus les Juifs et les Tsiganes – D. MATELSKI, Niemcy w Polsce w XX w., 

Warszawa-Pozna�, 1999, pp. 189-191. 

14 Cz. �UCZAK, Polska i Polacy…, p. 158. 

15 Cz. �UCZAK, Pod niemieckim…, p. 64.


LA POLITIQUE ECONOMIQUE DES NAZIS : LEWARTHELAND 

La politique économique dans le Wartheland n’était pas définie d’avance. 

Seulement après l’incorporation de la province au Reich un programme a commencé à se 

dessiner. Il était déterminé par quelques principes majeurs. Le Wartheland étant une partie 

du Reich, et non pas un territoire occupé, l’action économique devait être dirigé vers son 

développement ; en même temps il fallait toutefois que la province participât a un degré 

maximal à l’effort qu’était la guerre. Il y avait donc la politique à long terme, et il y avait 

l’activité présente. 

La Poznanie était, traditionnellement, une région surtout agricole. C’était son rôle 

dans le cadre de la Prusse et du IIe Reich, et ce même rôle de grenier à blé importait 

beaucoup au IIIe Reich. En effet, parmi toutes les provinces allemandes, le Wartheland 

gardait la première place dans la production agricole. Dans la perspective plus lointaine, la 

province devait prendre le caractère mixte, agricole et industriel. La réalisation de ces 

projets n’a pas beaucoup avancé : dans l’industrie, on a opéré la concentration de petites 

entreprises dispersées, on modernisait, mais il y avait peu d’investissements nouveaux ; 

dans le secteur agricole, des projets assez précis ont été élaborés sous l’impulsion directe 

de Himmler. L’organisation de communes autour de leurs centres – villages modèles – la 

structure de la propriété paysanne, l’architecture de la ferme : tout était conçu de manière à 

moderniser la campagne et à faire d’elle la terre d’accueil pour les colons venus d’ailleurs. 

Mais la réalisation des plans, tant pour la campagne que pour les villes, avait peu avancé et 

a été interrompue au début de 1941, donc encore avant la guerre contre l’Union Soviétique. 

Dans l’effort économique allemand, un rôle important incombait à la main-d’œuvre 

peu coûteuse qu’étaient les Polonais et les Juifs, à un certain degré aussi les prisonniers de 

guerre. Le travail était obligatoire pour les hommes de 14 à 60 (au moins) ans et pour les 

femmes de 14 à 55 ans. Le système de rationnement de vivres et de vêtements facilitait 

l’exécution de cette réglementation, les bons étant distribués sur la présentation du livret de 

travail. Il est presque superflu d’ajouter que la situation des Polonais était bien inférieure 

par rapport aux Allemands en ce qui concernait le nombre d’heures (jusqu’à 80 par 

semaine 16 ), le salaire, la protection de travail, etc. Les punitions corporelles n’étaient pas 

rares. Quant aux Juifs, leur situation était encore pire. 

L’exploitation des Polonais et des Juifs avait aussi une autre forme qu’étaient les 

différentes expropriations, qu’il serait plus adéquat de nommer spoliations. Pour des 

entreprises, des magasins, des ateliers, etc., l’institution qui était chargée de revendre les 

biens confisqués était Haupttreuhandstelle Ost (Bureau Général de tutelle est). Jusqu’en 

mai 1943, cette revente a apporté 321 millions de marks 17 . Les confiscations englobaient 

aussi les immeubles (530 millions de marks), les fermes et les forêts (9,9 milliards de 

marks), des objets d’art, des bibliothèques, aussi bien que toutes sortes de biens mobiliers 

(meubles, bijoux, radios, appareils photographiques, vêtements, etc.). 

Dans sa politique fiscale, l’administration nazie avait recours à deux mesures 

opposées. L’une d’elles était les déductions dont profitaient les particuliers et des 

entreprises allemandes. Le but de cette politique, définie comme Ostteuerhilfe (aide fiscale 

à l’Est 18 ) était d’attirer les Allemands dans la région et de promouvoir leurs activités 

économiques. L’autre mesure était l’augmentation des charges fiscales pesant sur les 

Polonais et les Juifs. L’impôt sur le revenu était augmenté de 15% avec la 

Sozialausgleichabgabe à partir du 1 er août 1940 ; la Polenabgabe introduite le 1 er janvier 

1942 diminuait les salaires de 20%. Certaines professions subissaient un traitement spécial, 

16 Ibidem, p. 155. 

17 Ibidem, pp. 95-96. 

18 La base légale en était l’arrêté du 9 décembre 1940.

76 


comme les dentistes chargés de verser à l’Osthilfefonds 30% de leurs revenus 19 . Les 

charges fiscales pesant sur la population juive furent définies par les organes locaux 

d’administration, d’où une grande différenciation 20 . Sur la population polonaise et juive, on 

imposait aussi des charges occasionnelles – soit les versements, par exemple, par des 

habitants d’une localité ou d’un ghetto, des sommes fixées, soit des versements de bien 

comme des vêtements chauds ou autre équipement pour approvisionner le front est 21 . 

Les conditions de vie reflétaient les mêmes tendances. Le susmentionné système de 

rationnement permettait à l’administration nazie la différentiation des rations. D’après les 

évaluations de Czes�aw �uczak, la valeur énergétique des rations pour les Allemands 

dépassait 3 000 calories ; pour les Polonais, elle était de 1 600 à 1 800 calories ; pour les 

prisonniers et les détenus, entre quelques centaines et 1 200 ; pour les habitants de ghettos, 

elles descendait au fur et à mesure de 1 500-1 600 à 1 000 calories 22 . La pénurie de 

vêtements, de chaussures, du charbon, du pétrole lampant, du savon était la monnaie 

courante. Cette situation exigeait une adaptation qui prenait toute une gamme de formes : 

les vols effectués dans les entreprises par les Polonais qui y travaillaient, le marché noir, 

l’entraide et initiatives charitables. 

La discrimination de la population polonaise se manifestait aussi dans d’autres 

domaines comme les assurances, l’accès au transport en commun, aux parcs, etc. Il faut 

mentionner l’activité professionnelle qui était prohibée – à quelques exceptions près – aux 

avocats, apothicaires, journalistes et d’autres représentants de l’intelligentsia. Une partie de 

cette population qui avait évité les exécutions ou la déportation, exerçait alors les fonctions 

similaires, mais sur les échelons inférieurs. 

L’ENSEIGNEMENT, LA VIE CULTURELLE ET RELIGIEUSE 

La situation dans l’enseignement ressemblait à ce qui vient d’être présenté. Ce qui 

était accessible en ce domaine aux enfants polonais, c’était l’école de 5 ans, où on leur 

apprenait – en allemand – à lire, à écrire et à faire des calculs élémentaires 23 . Les nazis ont 

fermé l’université à Pozna� et d’autres écoles supérieures, des instituts de recherche, des 

sociétés savantes, des bibliothèques, des archives. Les collections et les fonds ont été 

détruits ou confisqués. De même, ils ont liquidé l’enseignement juif, sauf dans le ghetto de 

�ód�/Litzmannstadt, où dans les années 1940-43 fonctionnaient quelques dizaines d’écoles 

primaires et même deux secondaires 24 . 

En ce qui concerne les activités culturelles, presque toutes ses formes étaient 

défendues aux Polonais, jusqu’à l’organisation des soirées dansantes. Ce qui était 

accessible, c’étaient certaines séances de cinéma et de cirque. Czes�aw �uczak évoque la 

peine de 4 mois de camp de correction infligée à deux jeunes Polonaises pour être allées à 

l’opéra, ou le cas de la poursuite judicaire d’un ouvrier qui a prêté à son ami quatre livres 

polonais. Comme dans le cas d’enseignement, pour les Juifs la seule exception dans la 

prohibition de toute activité culturelle était le ghetto de �ód�/Litzmannstadt, avec un 

journal, quelques bibliothèques et rares concerts. 

Enfin la religion. L’Église catholique dans le Wartheland a subi de graves coups. 

Presque toutes les églises ont été fermées aux Polonais – en 1944, dans la province entière, 

19 

Cz. �UCZAK, Pod niemieckim…, p. 134. 

20 

Ibidem, p. 135. 

21 

Ibidem. 

22 

Ibidem, pp. 171-172. 

23 

La situation était similaire sur d’autres territoires incorporés au Reich ; au Gouvernement Général 

existaient les écoles primaires de 7 ans et les écoles techniques, où l’enseignement était en polonais. 

24 

Cz. �UCAZ, Pod niemieckim…, pp. 285-286.


où vivaient 3,2 millions de Polonais, seulement 60 églises étaient accessibles, dont deux à 

Pozna� avec ses 200 000 habitants polonais et trois à �ód� avec 360 000 habitants 

polonais. Les évêques et un grand nombre de prêtres étaient internés, arrêtés ou expulsés – 

en 1944 seulement 70 prêtres exerçaient officiellement leurs fonctions, soit 3% de l’effectif 

d’avant la guerre. Les biens de l’Église étaient confisqués. 

L’ATTITUDE DE LA POPULATION ALLEMANDE 

On peut se demander à quel point cette politique de l’administration nazie trouvaitelle 

l’appui de la population allemande. Avant de répondre il faut spécifier que cette 

population se divisait en trois catégories : ceux qui habitaient en Pologne avant la guerre 

ceux venus du Reich (Reichsdeutsche) et ceux transférés d’autres régions, dont il était déjà 

question. La première catégorie était, paraît-il, la plus anti-polonaise ; dans bien des cas, 

elle aidait avec zèle aux différentes actions menées par l’occupant. Cette attitude, fruit de 

la propagande nazie, n’était pas rare également dans deux autres catégories, mais là, c’était 

l’indifférence qui dominait. Il y avait aussi des Allemands qui, mus par les sentiments 

chrétiens et humanitaires, essayaient d’aider les Polonais, au risque de s’exposer à 

l’expulsion du Wartheland, parfois aussi à d’autres mesures, plus sévères. Ils n’étaient pas 

très nombreux, mais c’est une raison de plus de les mentionner. 

LA RESISTANCE POLONAISE 

Dans l’histoire de la Pologne, cette période est caractérisée parfois par le terme 

d’État clandestin. Cette dénomination est adéquate et bien méritée surtout pour le 

Gouvernement Général, où l’effort national a en effet créé des structures bien développées. 

Les mêmes tentatives avaient la forme plus limitée sous l’occupation soviétique et sur les 

territoires incorporés au Reich – la pression des occupants y était plus grande. Néanmoins, 

les structures de cet État clandestin existaient en Wartheland – l’administration civile, 

l’Armée de Pays, les partis. Mais dans les conditions très dures qui régnaient en cette 

province, il leur était plus difficile de s’enraciner 25 . Il y avait également d’autres 

organisations, parfois petites et éphémères, parfois plus solides comme « Ojczyzna » (la 

Patrie) – une sorte d’autorité locale qui s’était déjà organisée en 1939. Elle coopérait avec 

l’administration civile clandestine et se substituait à elle aux moments où les structures de 

celle-ci (la Délégation du Gouvernement de la République pour les territoires incorporés au 

Reich) étaient démantelées par les arrestations. À une échelle plus limitée, dans des 

conditions plus difficiles qu’au Gouvernement Général, les Polonais tentaient de préserver 

et garder leur identité. Leurs activités se manifestaient sur le plan culturel au large sens du 

terme, sur le plan politique, un peu aussi par l’action directe visant les Allemands. 

La forme peut-être la plus développée était l’enseignement. Au Gouvernement 

Général, son essor était remarquable et les structures de l’État clandestin y étaient 

engagées. Les estimations pour l’année scolaire 1943-44 parlent d’environ 20 000 

instituteurs, 170 000 élèves du niveau primaire, quelques 80 000 du niveau secondaire et 

quelques milliers d’étudiants. Au total, le nombre des enfants qui participaient à cette 

forme d’enseignement est estimé plus ou moins à un million 26 . 

25 Le Délégué du Gouvernement de la République pour les territoires incorporés, Adolf Bninski (ancien 

préfet de la voivodie de Pozna�), exerçait ses fonctions entre juillet 1940 et le 27 juillet 1941, date de son 

arrestation. Le nouvel organe de l’administration polonaise a été organisé un an plus tard, sous la forme de 

l’antenne du Bureau siégeant à Varsovie. 

26 Cz. �UCZAK, Polska i Polacy…, p. 477.

78 


Dans le Wartheland, l’enseignement clandestin était davantage l’initiative venant 

d’en bas. Les autorités polonaises essayaient de créer un réseau, non sans succès, mais leur 

faiblesse a réduit ces efforts à l’échelle locale. Par contre, les instituteurs eux-mêmes ou les 

parents organisaient l’enseignement par petits groupes (nommés « complets ») ou même 

individuellement. Pour la plupart, le programme était assez rudimentaire, le plus souvent il 

comprenait le polonais, les mathématiques, l’histoire et la géographie. Il y avait des cas où 

les élèves passaient leur baccalauréat, mais leur nombre estimé dépasse à peine une 

centaine sur environ 15 000 (contre quelques milliers au Gouvernement Général 27 ). 

L’enseignement supérieur n’existait pas au Wartheland – l’université de Pozna� 

fonctionnait clandestinement, mais au Gouvernement Général. 

Parmi d’autres formes d’activité, celle qui était considérée la plus importante, 

c’était l’édition de la presse. Les gazettes ronéotypées, tapées à la machine ou même 

écrites à la main, éditées pour la plupart par différents groupes de résistance, contenaient 

surtout les informations et les publications politiques. Il y avait en plus quelques titres 

ayant le caractère littéraire. Pour la plupart, c’étaient des éditions éphémères, au tirage de 

quelques dizaines ou centaines d’exemplaires, mais il y avait des titres publiés en quelques 

milliers d’exemplaires 28 - bien sûr, le nombre de lecteurs était beaucoup plus grand. 

L’histoire de l’activité culturelle des Polonais en Wartheland comprend quelques 

spectacles de théâtre, des soirées poétiques, des petits concerts et même les matches de 

football. Le nombre de ces manifestations n’était pas grand vu les difficultés 

d’organisation qui les accompagnaient aussi bien que le risque d’arrestation. 

L’action directe ne prenait pas toutes les formes qui se laissaient voir au 

Gouvernement Général – il n’y avait pas de combats du type partisan ni de tentative de 

manifestation militaire de l’armée secrète quand le front s’approchait (l’action « Orage »). 

Les résistants attaquaient les chemins de fer et les lignes téléphoniques, parfois des 

entreprises allemandes, organisaient toutes sortes de sabotage, ramassaient des 

renseignements. 

La population polonaise était soumise à un tel nombre de règlements oppressifs et 

interdictions que, pratiquement, la plupart des activités de la vie quotidienne frôlaient la 

résistance. L’appropriation de l’alimentation ou d’autres biens, par ceux qui y avaient 

accès (par exemple travaillant dans les magasins), était orientée surtout vers 

l’assouvissement des besoins, mais en même temps elle portait préjudice à l’occupant. 

CONCLUSION 

Les formes et l’acuité de l’occupation nazie, qui pendant quelques années s’étendait 

sur une grande partie de l’Europe, étaient variées, ce qui incite aux études comparatives 29 . 

Ces comparaisons ont avant tout le caractère descriptif ; il n’est pas facile d’établir une 

formule stricte 30 . Il est toutefois permis de constater que la Pologne est un pays parmi les 

27 Cz. �UCZAK, Pod niemieckim…, p. 289. 

28 Comme Polska Narodowa à Pozna� ou Trybuna Ludu à �ód� – ibidem, pp. 271-275. 

29 Pour l’historiographie polonaise, il faut mentionner avant tout l’étude en deux volumes de Czes�aw 

MADAJCZYK, Faszyzm i okupajce 1938-1945. Wykonywanie okupacji przez pa�stwa Osi w Europie, Pozna�, 

1983-1984. 

30 Czes�aw MADAJCZYK (op. cit., vol. II, pp. 640-650) propose la formule suivante : (effectif de l’appareil 

oppressif de l’occupant ÷ nombre de population) � degré de discrimination + (pertes humaines ÷ nombre de 

population), où l’échelle de degré de discrimination est : 1 – 1,5 – 2. Il l’applique aux trois territoires 

éprouvés le plus durement : la Pologne, l’URSS (partie occupée) et la Yougoslavie. L’index est 

respectivement : 0,316 ; 0,257 ; 0,181/0,206 (dans le cas yougoslave, deux chiffres résultent de l’adoption de 

deux coefficients de degré de discrimination). L’auteur de la proposition est conscient de points faibles : 

l’absence de l’exploitation économique, de la différentiation entre les couches sociales particulières ou dans


plus éprouvés. Or, l’image de l’occupation nazie en Pologne est formée surtout par le 

Gouvernement général. Les territoires incorporés ont vécu la variante encore plus dure de 

cette occupation. Le cas de Wartheland, présenté ici, est un cas extrême à l’échelle 

européenne. Mais en même temps, il peut servir de modèle. La germanisation de ce 

territoire et le degré d’oppression de la population polonaise – ce qui était prévu, dans une 

perspective plus longue, pour toute l’Europe de l’Est semblait être réalisé, par un exécuteur 

zélé qu’était le Gauleiter Greiser, en cette province. 

le temps (« pour la France, le coefficient est d’abord 1, ensuite 1,5 », écrit-il) – il la considère comme un 

point de départ pour l’étude plus approfondie.

80 

Tomasz Schramm

81 

DIE KASCHUBEN IN DER DEUTSCHEN ARMEE IN DEN JAHREN 1942-1945 

Leszek JA�D�EWSKI * 

Trotzt dem Verlauf fast 60 Jahren seit ihrem Ende die Problematik des Zweiten 

Weltkriges bleibt ungewöhnlich lebendig in der gleichzeitigen Alltäglichkeit. Es ist auch 

schwierig eine mehr tragische Periode in der kaschubischen Zeitgeschichte zu finden. Eine 

von den schweren Erfahrungen der Kaschuben während des Krieges war die 

Angelegenheit der Deutschen Volksliste (DVL) und damit verbundener Dienst in der 

Wehrmacht. Die Tragfächigkeit dieser Problematik geht auch aus den bis heute aktuellen 

Folgen dieses Ereignisses aus. 

Es fehlt bis heute an dem Problem gewidmeten wissenschaftlichen Monographien, 

obwohl diese Frage in Pommerellen allgemein auftritt. Der Dienst der Kaschuben in der 

deutschen Armee bildet immer noch eine wenig bekannte Seite der polnischen Geschichte. 

In der bisherigen, der Geschichte Pommerellens in den Jahren 1939-1945, gewidmeten 

Fachliteratur das Thema der Aushebung der Kaschuben zur deutschen Armee tauchte aber 

sehr selten auf. Bisherige Forschungen wurden sehr durch existierende Stereotypen, 

Vorurteilen und beleidigende Meinungen über Kaschuben, die in Wehrmacht dienten, 

beeinflußt. 

Der Zweck dieser Arbeit ist Vorstellen der Ursachen der Berufung der 

kaschubischen Bevölkerung zur deutschen Armee, Beschreibung ihres Verhaltens während 

der Leistung des Wehrdienstes, sowie eine Analyse des Einflusses der Kaschuben auf den 

Zerfall der deutschen Wehrmacht durch Fahnenflucht, Sabotage und Diversion. 

In der Anfangsperiode des Krieges, in den Jahren 1939-1942, nach der Ermordung 

der kaschubischen Intelligenz, waren die Kaschuben durch die Naziverwaltung nicht 

einheltlich behandelt. 

Vor dem Ausbruch des Zweiten Weltkrieges gab die Wehrmacht ein Buch von 

Walter Blachetta un ter dem Titel „Das wahre Gesicht Polens” heraus. Der Autor bewies, 

daß die Kaschuben, als eigenartiges slavisches Volk, negativ der polnischen Nation 

gegenüber eingestellt sind 1 . Bei der Vorbereitung der Agression gegen Polen gab man eine 

Instruktion über die Gemeinschft des Militärs mit den Mitgliedern der Fünften Kolonne 

heraus. In dieser Instruktion gab man, daß: „W Polsce �yj� obok rdzennych Polaków w 

rozmaitych obszarach, niemieckie mniejszo�ci i inne grupy ludno�ci niemieckiej, które 

sympatyzuj� z Niemcami” 2 . Zu den Bevölkerungsgruppen, die mit den Deutschen 

sympathisieren, zählte man die Kaschuben. Ein Versuch der Gewinnung der kaschubischen 

Bevölkerung war die geheime Instruktion des Befehlshabers des Heeres, vom 27. 

September 1939. In dieser Instruktion an die deutsche Soldaten auf dem besetzten 

polnischen Gebiet, stellte Gen. Walter von Brauchitsch vor, daß neben der polnischen 

Bevölkerung leben in Polen einige Minderheiten wie Kaschuben, die sich den deutschen 

Soldaten gegenüber freundlich benehmen können 3 . 

* Professeur d’Histoire à l’Université de Gdansk. 

1 W. Wnuk, Walka podziemna na szczytach, Pozna� 1948, S. 27. 

2 Centralne Archiwum Wojskowe (Zentrales Militärarchiv = CAW), Sign. II /4/30: Niemiecka Instrukcja o 

��czno�ci wojska z cz�onkami V kolumny na terenie Polski dla podania do wiadomo�ci wojskom u�ytym 

przeciw Polsce, S. 35. 

3 Wojskowe Biuro Bada� Historycznych (Militärbüro für geschichtliche Forschungen) – Microfilms National 

Archiwes U.S.A., Sign. T. 77, Rolle 626.

82 

Leszek JA�D�EWSKI 

Nach der Gründung des Reichsgaues Danzig-Westpreussen und seiner Einfügung 

in den XX. Wehrkreis, bearbeitete man für die militärische Zwecke eine militärgeographische 

Beschreibung des neuen Kreises. In dieser Beschreibung stellte man neben 

der polnischen und deutschen auch kaschubische Bevölkerung vor 4 . Am 25. November 

1939 stellte das Rassen-Politische Amt der NSDAP (Urz�d Rasowo-Polityczny NSDAP) 

seinen vorgesetzten Behörden eine Denkschrift über „Sprawie traktowania ludno�ci by�ych 

polskich obszarów z rasowo politycznego punktu widzenia” 5 . Diese Denkschrift hat Dr. 

Erhard Wetzel, der Leiter der Beratungszentrale des Rassen-Politisches Amtes der NSDAP 

(Centrali Doradczej Urz�du Rasowo-Politycznego NSDAP) und Dr. Gerhard Hecht, 

Wissenschaftlicher Referent und Leiter der Abteilung für die Volksdeutsche- und 

Minderheitenangelegenheiten im Rassen-Politischen Amt (referent naukowy i kierownik 

Oddzia�u do Spraw Volksdeutschów i Mniejszo�ci w Urz�dzie do Spraw Rasowo- 

Politycznych) bearbeitet. In dem ersten Teil dieser Denkschrift fasste man eine 

synthetische Ansicht auf National- und Rassenstruktur Polens. Aus der polnischen Nation 

sonderte man: Masuren, Kaschuben, Goralen und sogenannte Wasserpolen aus, die zu den 

slavischen Minderheiten gezählt worden sind. Nach diesem Dokument sind die 

Westpreußen bewohnende Kaschuben in einer geschlossenen Masse von 200.000-300.000 

Leute, keine Polen und ihrer Dialekt sich wesentlich von der polnischen Sprache 

unterscheidet 6 . Diese Denkschrift wurde am Anfang Dezember 1939 durch den Chef des 

Rassen-Politischen Amtes der NSDAP (szefa urz�du Rasowo-Politycznego NSDAP) Dr. 

Walter Gross an Himmler geschickt und in der Frage der Germanisierung der polnischen 

Bevölkerung auf den vom Reich annektierten Gebieten die Grundrichtlinie für alle Züge 

der Nazibehörden war. 

Es ist nicht bekannt welchen Einfluß die abgezielte auf eine Aussonderung der 

Kaschuben auf den Gauleiter des Reichsgaues Danzig-Westpreussen Albert Forster 

Himmlershandlungen ausübten. Er selbst beschloss die Durchführung am 3.-6. Dezember 

1939 einer Volkszahlung, die ihm ein klares Bild der nationalen und etnischen 

Verhältnisse in Pommerellen geben sollte. Aus der Volkszahlung gab sich aus, daß auf 

188.000 Personen, die kaschubische Sprache für Muttersprache anerkannt haben, 100.000 

die polnische, 81.000 die kaschubische, und nur 7.000 deutsche Nationalität gestanden 7 . 

Die Ergebnisse der Volkzahlung enttäuschten Forster stark. Er anerkannte die Kaschuben 

für unwürdig der Bevorrechtung und rassenminderwertig. Forster hielt die Kaschuben 

nicht für eine gesonderte Nationalgruppe und behandelte wie übrige polnische 

Bevölkerung Pommerellens 8 . Diese Einstellung Forsters den Kaschuben gegenüber findet 

Bestätigung in einem Brief des Danziger Gauleiters an den Präsidenten (prezydenta miasta, 

czy rejencji?) von Bromberg. In dem Brief vom 4. September 1940, nimmt Gauleiter 

Stellung gegenüber dem Wehrmachtsbefehl über die Möglichkeit der Entlassung der 

kaschubischen Gefangenen an. Forster erachtete, daß die freigelassene aus den 

Kriegsgefangenenlager Kaschuben für den Wiederaufbau des polnischen Staates handeln 

werden oder einen Bestandteil der polnischen Nation bilden 9 . Dieser Meinung über 

Kaschuben blieb Forster bis zum Ende des Krieges treu. 

4 Bundesarchiv-Militärarchiv, Freiburg/Breisgau (= BA-MA), Sign. RH 53–20/36: Militärgeographische 

Beschreibung des Gebietes des Reichsgaues Danzig-Westpreussen. 

5 Sprawa traktowania ludno�ci by�ych polskich obszarów z rasowo-politycznego punktu widzenia, „Biuletyn 

G�ównej Komisji Badania Zbrodni Hitlerowskich w Polsce” (Bulletin der Hauptkommission für 

Untersuchung der Hitlerschen Verbrechen in Polen = BGKBZHP) Bd. IV, 1948, S. 138. 

6 Ibidem, S. 140. 

7 S. Waszak, Liczba Niemców w Polsce w latach 1931-1959, „Przegl�d Zachodni” 1959, Nr. 6, S. 338. 

8 Cz. Madajczyk, Polityka III Rzeszy w okupowanej Polsce, Warszawa 1970, Bd. 1, S. 398. 

9 Instytut Zachodni (Westinstitut = I.Z. Dok.), Sign. I – 601: Entlassung von Kriegsgefangene Kaschuben.

Die Kaschuben in der deutschen Armee in den Jahren 1942-1945 83 

Vielleicht beeinflussten seine Haltung die Meldungen der Gendarmeriekommandanturen 

aus dem durch die kaschubische Bevölkerung bewohnten Gebiet 

Pommerellens? Im Dezember (rok?) schrieb der Gendarmeriekommandant in 

Neustadt/Wpr., die Stimmung der Bevölkerung seines Kreises charaktrisierend: „Nastroje 

s� spokojne, ale ci�gle jeszcze s�yszy si� w�ród Kaszubów, �e s� ludzie, którzy maj� 

nadzieje na przywrócenie dawnego pa�stwa polskiego, a szczególnie wierz� w skuteczn� 

pomoc Anglii” 10 . 

Die Forstersche Konzeption der Germanisierung Pommerellens verursachte einen 

Konflikt mit Heinrich Himmler, der Reichskommissar für Festigung Deutschtums war. Er 

schrieb in einem Brief an Martin Bormann, daß Forster im Bereich der Eindeutschung der 

Bevölkerung Pommerellens zu den Germanisierungmethoden aus der Kaiserzeit 

zurückkehren will, die sich als falsch zeigten. Das Hauptkriterium nach Himmler sollten 

die Rassenbeziehungen sein. Himmler war der Meinung, daß die Kaschuben dem 

Deutschtum gegenüber freundlich eigestellt sind. 

Im Juni 1940 stellte SS Reichsführer und Chef Deutschen Polizei (szef niemieckiej 

policji) Heinrich Himmler dem Hitler die nächste Bearbeitung über die Behandlung der 

Fremdvölkischen im Osten vor. In der Behandlung wurde Akzent auf die Zerschlagung der 

polnischen Nation auf dem Weg der Bildung einer Reihe von kleinen Volksgruppen, 

darunter auch der kaschubischen Gruppe, gelegen. Himmler meinte, daß innerhalb 4-5 

Jahre der Begriff eines Kaschubes unbekannt sein wird 11 . Die Monographie wurde von 

Hitler akkzeptiert und an die wichtigste Ämter des Reiches wietergeschickt, darunter auch 

zu die Gauleiter der östlichen Gaue des Reiches, u. a. Albert Forster. 

Weil es aus den Kaschuben etwas mittelbares zwischen Polen und Deutschen zu 

bilden nicht gelang, beschloss man sie unter dem Zwang in die detsche Nation 

einzuschließen. 

Infolge der Vereinbarung des Reichsinnenministers mit dem Reichskommissar für 

Festigung Deutschtums und Stellvertreter Hitlers Rudolf Hess, erschien am 4. März 1941 

die Verfügung über DVL und deutscher Staatsangehörigkeit auf den eingegliederten 

Ostgebieten (rozporz�dzenie o niemieckiej li�cie narodowej i niemieckiej przynale�no�ci 

pa�stwowej na wcielonych ziemiach wschodnich) 12 . Gemäß dem Artikel 1 sollte die 

deutsche Bevölkerung wohnende auf den ins Reich eingegliederten Ostgebieten, durch die 

Deutsche Volksliste umfasst und auf vier Gruppen geteilt werden. Zur ersten Gruppe DVL 

zahlte man Personen der deutschen Nationalität, die in der Zwischenkriegszeit sich aktiv 

auf der deutschen Seite verkehrten. Zur zweiten Gruppe sollten Personen der deutschen 

Nationalität gezählt werden, die keine aktive Beteiligung in dem deutschen 

Volkstumskampf teilnahmen. Zur dritten Gruppe der DVL wurden drei Kategorien von 

Personen gezählt. Die erste Kategorie bildeten Personen der deutschen Abstammung, die 

im Laufe der Zeit der Poloniesierung erlagen, aber zur Hoffnungen berechtigten, daß in 

der weiteren Perspektive wieder Deutsche sein werden. Zur zweiten Kategorie wurden die 

Personen der anderen als deutsche Abstammung gezählt, die die Deutsche heirateten, aber 

in diesen Ehen die deutsche Seite Übergewicht haben mußte. In die erste und zweite 

Gruppe eingeschriebene Personen bezeichnete man als Volksdeutsche. Zur dritten 

Kategorie beabsichtigte man die Personen der ungeklärten Volkszugehörigkeit 

einschließen, die sich dem Deutschtum auf dem Prinzip der Blut- und Kulturgemeinschft 

und der slavischen Sprache hinneigten. Zu dieser Kategorie zählte man vor allem die 

Kaschuben. Die Personen eingeschriebene in die Dritte Gruppe bezeichnete man oft mit 

dem Begriff „Eingedeutsch”. Zur vierten und letzten Gruppe beabsichtigte man die 

10 A. M�clewski, Neugarten 27. Z dziejów gda�skiego Gestapo, Warszawa 1974, S. 144-145. 

11 Wytyczne Himmlera o stosunku do obcoplemiennych na Wschodzie, „BGKBZHP” Bd. IV, 1948, S. 122. 

12 Z. Izdebski, Niemiecka lista narodowa na Górnym �l�sku, Katowice-Wroc�aw 1946, Teil II, S. 101-104.

84 


Personen der deutschen Abstammung einschließen, die ganz polonisiert waren und ihre 

Zugehörikeit zur polnischen Nation manifestierten. Dieser erste Versuch der Einschreibung 

der Einwohner Pommerellens auf die DVL hatte freiwillige Charakter. 

Masseneinschreiben der Bevölkerung Pommerellens auf die DVL folgte daraufhin 

der Verordnung Himmlers vom 10. Februar 1942. In dieser Verordnung nahm Himmler als 

SS Reichsführer und Reichskommissar für Festigung Deutschtums an, daß die Einwohner 

der zum Reich eingegliederten Gebiete die deutsche Bevölkerung sind und daher jeder 

Einwohner an die deutsche Behörden den Antrag auf Annahme ihn und seiner Familie in 

die DVL stellen sollte. Der Frist der Abgabe der Angaben wurde auf den 31. März 1942 

festegelegt 13 . Gleichzeitig mit der Verodnung Himmlers wurde der Befehl der 

Oberkommando der Wehrmacht über der Wehrdienstpflicht der eingeschriebenne zur 

dritten und vierten Gruppe DVL publiziert (obowi�zkowej s�u�bie wojskowej wpisanych do 

trzeciej i czwartej grupy niemieckiej listy narodowo�ciowej) 14 . 

Die Folge der Himmlers Verordnung vom 10. Februar 1942 war die Erscheinung in 

Pommerellen der von Albert Forster unterschriebenen öffentlichen Verordnung, die 

zwangsläufige und beschleunigte Aktion der Einschreibung der kaschubischen 

Bevölkerung auf die DVL begann 15 . Weil das Einschreiben auf die DVL zwangläufig war, 

waren die Namen der abweichenden Personen zum Kennntnis der Gestapo gegeben. 

Jeder Fall der Einschreibung auf die DVL hatte ihre besondere Geschichte, die man 

im Ganz nicht verallgemeinen darf. Jede Familie reagierte anders. Oft fanden vor der 

Vollziehung des Einschreibens vielwochige Debatten und geheime Treffen mit den 

Nachbarn statt. Die Kaschuben standen am längsten von der ganzen Bevölkerung 

Pommerellens der Einschreiben wieder. Einer Kaschube aus Kielau erinnerte sich so an 

diese Situation: „Niemce zaczele Kaszebów eindeutschowac i wcegac do wojska, ale 

Kaszebi bele noparte e tak chutko zniemczyc so nie dole. Niemce tech chterne nie chcele 

podpisac eindeutschungu rozmaice szanta�owale, abo jich wewiozle do lagru do 

Potuliców, abo jich krewnych” 16 . 

Die patriotische Haltung der Kaschuben wurde in der Konspirationspresse erwähnt. 

„Westagentur” („Agencja Zachodnia”) gab bekannt: „Viele ungerechte Nachrichten über 

Kaschuben kreisten und immer kreisen in unserer Gesellschaft. Das ist nicht richtig. In der 

Kaschubei weigerte eigentlich der größte Anteil der Polen des Unterschreibens der DVL. 

In der ganzen Reihe der Fälle weigerten die ganzen Dörfer zusammen ihre 

Unterschriften 17 . 

Die Leute, die keinen Antrag auf Einschreiben in die Liste stellten, rief man 

manchmal die Polizei an und stellte vor der Alternative, entweder die Unterschreibung der 

Liste oder Einweisung in einen Konzentrationslager. Das spiegelt sich in den Berichten der 

Delegatur der Regierung (Delegatury Rz�du na Kraj) über der Situation in den 

Westgebieten ab. Im Bericht vom 30. September 1942 so beschrieb man die Haltung der 

Kaschuben: „Die Kaschuben gehören zur Zeit zu den stärksten Wiederstand gegen die 

13 I.Z. Dok., Sign. I – 159: Zasadniczy okólnik Himmlera dotycz�cy przymusu powszechnego wpisywania na 

niemiecka list� narodow� z dnia 10.02.1942 r. 

14 I.Z. Dok., Sign. I – 156: Obowi�zek S�u�by Wojskowej wpisanych do 3 i 4 grupy niemieckiej listy 

narodowej. 

15 I.Z. Dok., Sign. I – 178: „Danziger Vorposten” 24.02.1942: Odezwa A. Forstera o wpisie na niemieck� 

list� narodow�. 

16 Muzeum Pi�miennictwa i Muzyki Kaszubsko-Pomorskiej (Museum der Kaschubisch-Pommerellischen 

Literatur und Musik), Sign. 1973 - K/C1/13: A. Nódzel, Moje �ece od narodzeni a� do kunca 1970, S. 37. 

17 Archiwum Akt Nowych (Archiv der Neuen Akten = AAN), Prasa konspiracyjna, Sign. 14: „Agencja 

Zachodnia” 1943, Jg. I, Nr. 6.


Germanisierungsversuche leistenden polnischen Elementen. Folterung und Wegschaffen in 

die Lager konnten nicht größere Breschen in ihrer Haltung schlagen” 18 . 

Zugehörige zur dritten Gruppe bekammen nicht volle Staatsangehörikeit des 

Deutschen Reiches. Im Bereich der Rechten dagegen unterstellten den verschiedenen 

Beschränkungen. 

Welche Effekte das Einschreiben der Kaschuben auf die DVL mit sich gebracht 

hat, kann der Bericht der deutschen Kontroleur der Seefischerei (niemieckiego kontrolera 

rybo�ówstwa morskiego) Lachmund über kaschubische Fischer bezeugen: „Rybacy 

nale��cy do III grupy narodowo�ciowej ze znikomo nielicznymi wyj�tkami – nie s� w 

�adnym wypadku godni tego, aby mogli nadal �owi� na kutrach pa�stwowych. Od chwili 

w��czenia ich do narodu niemieckiego ludzie ci okazuj� po�rednio tak� postaw�, której 

opisywanie by�oby ur�gowiskiem. J�zyk kaszubski panuje tu w ca�ej okolicy, a cz�sto jest 

u�ywany w sposób wyzywaj�cy, tak, �e trzeba interweniowa� co godzin�. Z tego wzgl�du 

nale�y uwa�a� za akty sabota�u cz�ste wstrzymywanie si� od pracy w dni �wi�teczne, 

obchodzone obowi�zkowo pod coraz to nowymi pozorami. Nakazane prace nie s� 

wykonywane pod najb�ahszymi pozorami, wzgl�dnie prowadzone s� bardzo wolno gdy 

tylko ludzie ci dowiedz� si�, �e praca ta ma s�u�y� poprawie wy�ywienia narodu lub 

poprawie po�o�enia jakiegokolwiek Niemca” 19 . 

Die Eingeschriebene in die dritte Gruppe im Umfang der Pflichten wurden mit den 

Bürgern des Dritten Reiches gleichgestellt. Die Eingeschriebene in die Liste wurden zum 

Gebrauch ausschließlich der deutschen Sprache verpflichtet. Zu den wichtigsten Pflichten 

gehörte der Militärdienst 20 . 

Die Aushebung ins deutsche Militär realisierte man als den Band der 

Germanisierungsaktion und unter dem Einfluß des Zusammenbruches der Taktik des 

Blitzkrieges. Man dachte, daß die beste Assimilierungsform mit den Deutschen, 

Kameradschaft in der Armee geschehen kann. Man stützte sich dabei auf den Erfahrungen 

aus den Jahren 1870 und 1914. Man rechnete auch auf Anbindung zur Tradition der Väter 

bereits zum Militär einziehenden Jugend, die in Preußisch-Polen im Jahr 1914 an der Seite 

der Zentralmächte kämpfen mußten. Man war sich der Sache dabei bewußt, daß die ins 

Militär berufene Jugend zur Generation gehörte, die sich in der Zwischenkriegszeit mit 

dem wiedergeborenem polnischen Staat band. 

Für Albert Forster sollte der Militärdienst einer von den Germanisierungsmitteln 

werden. Der Aufenthalt beim Militär sollte zur schnellen und vollen Germanisierung 

führen. Die Germanisierung sollte infolge der Aufteilung der Polen zwischen deutsche 

Soldaten, durch den Verbot polnisch zu sprechen, Lehre der deutschen Sprache und 

Militärlieder und ihr gemeinsames Singen, treten 21 . Zwangsläufige Männereinstellung 

sollte auch die Wiederstandsbewegungstätigkeit schwächen und den Zufluß der 

Freiwilligen zu den Konspirationsorganisationen und Partisanentruppen vermindern. 

Die deutsche Bevölkerung des Reichsgaues Danzig-Westpreußen stützte in seiner 

Mehrheit das Masseneinschreiben auf die DVL nicht, sie nahm jedoch im ganzen die 

Musterung der Männer aus der dritten Gruppe DVL in die Wehrmacht in Kauf. Man stellte 

u. a. fest, daß sie „powinni wzi�� udzia� w walce Europy przeciw bolszewizmowi, ale nie 

nale�y w zwi�zku z tym czyni� z nich Niemców” 22 . Reichstagsabgeordnete aus dem 

18 

AAN, Akta Delegatury Rz�du na Kraj, Sign. Mf. 2270/1: Raport o sytuacji na Ziemiach Zachodnich. 

19 

Archiwum Pa�stwowe w Gda�sku Ekspozytura w Gdyni (Staatsarchiv in Danzig die Expositur in Gdingen 

= APGEG), Sign. 369/42: Sprawozdania miesi�czne kontrolera rybackiego Lachmunda. 

20 

B. Bork, Zbychowo i Reszki. Przesz�o�� wsi lesockich w literaturze i pami�ci mieszka�ców, Bojano 1994, 

H. 7, S. 52. 

21 

I.Z. Dok., Sign. I – 636: Przyczynki do niemieckiej listy narodowej. 

22 

W. Jastrz�bski, J. Sziling, Okupacja hitlerowska na Pomorzu Gda�skim w latach 1939-1945, Gda�sk 1979, 

S. 96.

86 


Reichsgau Danzig-Westpreußen, Ewald Schulz im Brief an Forster vom 1943 schrieb: „Z 

mojego oddzia�u poleg�o na froncie tak�e dwóch zniemczonych. Byli to Polacy, których nie 

zniemcza�bym nigdy, gdybym to ja mia� o tym decydowa�. Ale dzi�ki temu pozosta�o przy 

�yciu dwóch czysto niemieckich �o�nierzy, którzy w przeciwnym razie musieliby sta� na ich 

stanowiskach w polu... Ta okoliczno�� usprawiedliwia w stu procentach ca�� pa�sk� 

polityk�” 23 . 

Das Eintragen der Kaschuben auf die DVL und darauf ihnen einstellen in die 

Wehrmacht war durch die polnische Presse im Untergrund, sowie im Exil bemerkt 

„Bulletin des Weltverbandes der Polen aus dem Ausland” („Biuletyn �wiatowego Zwi�zku 

Polaków z Zagranicy”) schrieb: „Man versucht die Schlesier und Kaschuben zu 

germanisieren unter dem Anschein, daß sie keine Polen sind, mit dem Zweck der 

deutschen Reihen Verstärkungen zu schicken” 24 . „Westbulletin” („Biuletyn Zachodni”) 

strebte nach der Vorstellung der kaschubischen Mentalität: „Die Kaschuben in der 

Übereinstimmung mit den Eigenschaften ihres nationalen Charakters, der sich in dem 

schweren Kampf mit der unfrüchtigen Erde herausstellte, nahmen alles was man ihnen 

opferte, aber die eigentliche Beziehung zum Besatzer, enthüllten erst zur Zeit der Aktion 

zu Gunsten der DVL. Ein Teil wie überall trat unter dem Drang des Terrors und der 

Drohungen zurück, aber beträchtliche Mehrheit stand der Aufforderung wieder und schrieb 

die Anträge nicht unter. Die kaschubische Jugend floh in die Wälder vor der Aushebung 

ins Militär. In der Tucheler Heide gruppieren sich starke Abteilungen” 25 . Über dem 

Entziehen der kaschubischen Jugend vor der Musterung teilte der Bericht der Delegatur der 

Regierung über die Situation auf den Westgebieten vom Jahr 1943. „Die Kaschuben 

nehmen an den geheimen Organisationen teil und massenweise fliehen vor dem 

Aushebung” 26 . 

Erste Fälle der Berufung der Kaschuben aus Pommerellen in die Wehrmacht fanden 

schon im Jahr 1940 statt 27 . In der deutschen Armee dienten die Kaschuben bewohnende 

kaschubische Gebiete gehörende zu Deutschland vor dem Jahr 1939. Es waren die Kreise: 

Lauenburg, Bütow, Schlochau und Stolp. Die Kaschuben wohnende in diesen Kreisen 

besassen die deutsche Staatsangehörigkeit noch vor dem Jahr 1939. Die Tatsache der 

Berufung ins deutsche Militär war für sie keine Überraschung. Als Bürger des Dritten 

Reiches erwarteten der Einstellung ins deutsche Militär noch vor dem Ausbruch des 

Zweiten Weltkrieges. Um das zu vermeiden manche, trotzt den drohenden Repressionen 

gegen eigene Familien, flohen auf das Territorium der Zweiten Republik. Die Kaschuben 

dienende in der Wehrmacht als Bürger des Dritten Reiches wurden oft an die Front gegen 

Polen nicht gelenkt 28 . In manchen Fällen geschah es infolge einer Bitte des Soldates 29 . Den 

Militärdienst vor 1942 leisteten die Kaschuben bewohnende das Gebiet der ehemaligen 

Freien Stadt Danzig. 

23 Archiwum Instytutu Pami�ci Narodowej w Gda�sku (Archiv des Instituts des Nationalen Gedenkens in 

Danzig = AIPNG), Akta procesu Alberta Forstera, Sign. 230. 

24 CAW, Sign. 1799/91/163: „Biuletyn Prasowo-Organizacyjny �wiatowego Zwi�zku Polaków z Zagranicy” 

30.10.1941. 

25 AAN, Prasa konspiracyjna, Sign. 120/3: „Biuletyn Zachodni” Juli 1942, Jg. 3, Nr. 2. 

26 AAN, Akta Delegatury Rz�du na Kraj, Sign. Mf. 2270/1: Raport o sytuacji na ziemiach zachodnich do 15 

sierpnia 1943 r. 

27 G. Bojar-Fija�kowski, Przemoc� wt�oczeni we wrogie mundury, [in:] Pogranicze i Kaszuby w latach 

terroru. Prze�ladowania polskiej ludno�ci rodzimej Pomorza Zachodniego 1939-1945. Praca zbiorowa pod 

red. A. Czechowicza, Koszalin 1970, S. 141. 

28 Ibidem. 

29 W. Wach, Na kaszubskim sza�cu, Warszawa 1968, S. 233.


Massenhafte und zwangsläufige Musterung ins Milität der Männer aus der dritten 

Gruppe der DVL fang in der dritten Dekade Februars 1942 an und dauerte bis zu den 

letzten Tagen der Nazibesatzung. 

Die Aushebung ins Militär der Eingeschriebenen in die dritte Gruppe war 

gesetzwidrig. Sie stimmte nicht mit dem Gesetz über dem allgemeinen Wehrdienstpflicht 

vom 16. März und 25. Mai 1935. Im Sinne des Gesetzes vom 16. März 1935 jeder 

Deutsche mit der deutschen Staatsangehörigkeit wurde zum Wehrdienst verpflichtet 30 . Der 

ofizielle Komentar zu diesen Vorschriften lautete, daß zum Militärdienst keine Personen 

des fremden Blutes zugelassen werden, sogar wenn sie deutsche Staatsangehörikeit hätten. 

Das Gesetz vom 25. Mai 1935 hebte den Name Reichswehr auf und ersetzte sie mit 

dem Name Wehrmacht. Der Paragraph 4 des Gesetzes lautete, daß die Dauerzeit des 

Militärdienstes fang mit der Vollendung des 18. Lebensjahres und dauerte bis zum 45. 

Lebensjahr 31 . Nach der Vollendung des 45. Lebensjahres gab es Möglichkeit der 

Musterung in den Volkssturm. 

Infolge der Niederlagen an der Front und besonders der Anneherung der 

sowjetischen Armeen berief man ins Militär immer jüngere Jahrgänge. Am 13. September 

1944 die Oberkommando der Wehrmacht gab die Verordnung über die Aushebung ins 

Militär der Männer geborenen im Jahr 1928 aus 32 . Delegatur der Regierung gab an, daß die 

Männer bis zum 59. Lebensjahr zum Heer eingezogen wurden 33 . Józef Nakielski geborene 

im Jahre 1885 in Karpno wurde im Jahre 1944 gemustert, als er 59 Jahre alt war 34 . Im 

Jahre 1943 begann man auf dem Gebiet des ganzen Reiches die Regiestrierung der 

Jahrgänge 1884-1893 35 . In die deutsche Armee stellte man Männer ein, deren Eltern 

polnische Aktivisten waren und im September 1939 ermordet wurden 36 . Ins deutsche 

Militär wurde Stanis�aw Schroeder aus K��czno im Kreise Bütow einberufen, deren Vater 

in Berlin für die Tätigkeit in den polnischen Organisationen vor dem Jahr 1939 enthauptet 

wurde 37 . 

In die Wehrmacht konnte man Männer berufen, die nicht DVL unterschrieben. Die 

Situation dieser Personen regulierte Hitlers Verordnung, der als Oberbefehlshaber der 

Wehrmacht sich persönlich für dieses Problem interessierte. Im Schreiben vom 19. Juni 

1943 und der Verfügung des Reichsinnenministers vom 4. August 1943 verordnete man, 

daß geeignete bezüglich der Rasse Personen der polnischen Nationalität und 

Staatsnagehörikeit, unter dem Einfluß der deutschen Kultur und wenigstens ein Jahr lang 

an der Front bleibende, können auf die DVL angenommen werden, trotz keines 

entsprechenden Antrages oder der negativen begutachtung der abgelegten Anträgen 38 . 

Laut des Gesetzes vom 26. Juni 1935 der Militärdienst sollte obligatorisch durch 

den Arbeitsdienst vorausgegangen 39 . Der Aufenthalt in den Abteilungen des 

Arbeitsdienstes dauerte sechs Monate. Die Mitglieder des Arbeitsdienstes trugen grüne 

Uniformen und waren kaserniert in den Lagern. Die Dienstzeit war am jeden Tag mit der 

sechsstundigen körperlichen Arbeit gefühlt. Die übriggebliebene Zeit widmete man den 

30 W. Kozaczuk, Wehrmacht 1933-1939, Warszawa 1978, S. 173. 

31 J. Benoist-Mechin, Niemcy i armia niemiecka 1918-1938, Warszawa 1938, S. 308. 

32 BA-MA, Sign. RW 4/489: OKW, Verordnung über die Erweiterung der Wehrpflicht Jahrgang 1928. 

33 AAN, Akta Delegatury Rz�du na Kraj, Sign. Mf. 2270/2: Informacja za 1943 r. 

34 AIPNG, Sign. 55/47: Akta o uznanie za zmar�ego Józefa Nakielskiego. 

35 AAN, Akta Delegatury Rz�du na Kraj, Sign. Mf. 2270/2: Informacja za 1943 r. 

36 Das Interview mit Stefan Lewandowski – aus den Sammlungen des Autors (= aSA); J. Milewski, Zygmunt 

Grochocki /1922-1943/ harcerz i jaszczurkowiec, Starogard Gda�ski 1986, S. 87. 

37 G. Bojar-Fija�kowski, op. cit., S. 150. 

38 I.Z. Dok., Sign. X – 349: Dekret Hitlera o nabyciu niemieckiej przynale�no�ci pa�stwowej przez 

powo�anie do wojska niemieckiego. 

39 J. Benoist-Mechin, op. cit., S. 311.

88 


Sportübungen, Kursen der bürgerlichen Ausbildung und Militärübungen. Als Gewehr 

diente der Spaten, mit dem man die Übungen, wie mit einer Waffe ausübte. Der 

Arbeitsdienst war die erste Stufe der Militärausbildung und wurde solange angewendet, 

wie lange es die Kriegszustände erlaubten. Nach dem Arbeitsdienst mußte man den 

Militärdienst ableisten. 

Die Regiestrierung der Männer unterstellten dem Militärdienst wurde auf Grund 

von dem Innenministerium bestimmten Grundsätze abgehalten. Es führten sie 

Verwaltungsbehörden durch. Auf der Sprosse des Reichsgaues Danzig-Westpreußen das 

Ganze der Wehrmachtsaushebungsangelegenheiten leitete Wehrersatzinspektion zu 

Danzig 40 . Diesem Amt standen die Wehrbezirkskommandos unter. 

In den Wehrersatzkommissionen neben den Vertretern der Wehrmacht, saßen die 

Landräte oder von ihnen delegierte Personen, Bürgermeister oder Amtsvorsteher, 

Amtsärzte, Leiter der Schulen und Kreisbauernfürern. Die örtliche Polizeibehörden wurden 

verpflichtet auf die Zeit der Arbeit der Wehrersatzkommission 2-3 Beamten mit dem Ziel 

sichrstellung Ruhe und Ordnung nach ihrem Lokal zu delegieren. Pflicht der Polizei war 

die Beaufsichtigung des Abfahrtes der Gestellungspflichtigen zur Kommission. Die Räume 

in denen befand sich die Wehrersatzkommission wurden früher entsprechend vorbereitet 

und eingerichtet. An den Wänden hingen die Portraits der Würdenträger des Dritten 

Reiches, es fehlte auch nicht an den Faünen mit dem Heckenkreuz 41 . Der 

Gestellungspflichtige mußte der Kommission die persönliche Unterlagen vorzustellen, u. a. 

die Kennkarte, Geburtsurkunde, Arbeitsbuch und zwei Bilder. Die Wehrersatzkommission 

entschied zu welchen Militär- oder Waffengattungen der Wehrpflichtige eignete sich am 

besten. Nach dem ärztlichen Behandlung nahm man die Entscheidung über die Einstellung 

zu einen von drei Truppengattungen: dem Heer, der Kriegsmarine oder der Luftwaffe. 

Kaschubische Fischer bewohnende die Seeküste meisten wurden zur Kriegsmarine 

geleitet 42 . Die übrigen Kaschuben wurden meisten zum Heer gelenkt. 

Das Bekommen des Gestellungsbefehls war es grosses Ereignis und verursachte die 

Veränderung der bisherigen Lebensart. Die letzte Tage vor der Abfahrt in die 

Militärstandorte waren die Zeit der dramatischen Verabschieden mit der Familie und der 

Bekannten. Zur Zeit der Abfahrten in die Militäreinheiten sang man oft polnische und 

kaschubische, patriotische und Kirchenlieder. Zu den meisten gesungenen gehörten: 

„Serdeczna Matko”, „Bo�e co� Polsk�”, „Noch ist Polen nicht verloren”, „Kaschubische 

Hymne” von Hieronim Derdowski. Es kam zu den Krawallen zwischen den 

Gestellungspflichtigen und der Polizei. Aus dem Bericht der deutschen Polizei stellt sich 

vor, daß zwei kaschubische Fischer: Kazimierz Konkol und Józef Detlaff auf der Fahrt zu 

ihren Einheiten im September 1942 polnische Lieder sangen und schlugen die Polizisten 43 . 

Der abfahrende aus Danzig Rekrutentransport im November 1942 sang polnische Lieder 44 . 

Zu den antideutschen Demonstrationen während der Abfahrten der Wehrpflichtigen kam es 

u. a. in Berent im Juni und Juli 1942, in Preussisch Stargard, den 18. August 1942, in 

Neustadt/Wpr., Karthaus und Lippusch 45 . Die Besatzungsbehörden verbaten das 

40 

BA-MA, Sign. RH 53/20: Wehrkreiskommando XX. 

41 

Archiwum Uniwersytetu Miko�aja Kopernika w Toruniu (Archiv der Nicolaus Copernicus Universität zu 

Thorn), nazwa zespo�u, Sign. 101 163: M. Doro�y�ski, Polacy z Gau Danzig-Westpreussen w Wehrmachcie. 

Praca magisterska pisana pod kierunkiem prof. W. �ukaszewicza. 

42 

APGEG, Sign. 1945/125: Einberufungen von Fischern zur Wehrmacht. 

43 


44 

I.Z. Dok., Sign. I – 636: Przyczynki do niemieckiej listy narodowej. 

45 

M. in., J. Mi�tki, S. Zar�bski, Wspomnienia spadochroniarza, Warszawa 1965, S. 6-7; Wspomnienia A. 

Paczoski [in:] Wspomnienia dzia�aczy kaszubskich, opracowa� J. Pawlik, Warszawa 1973, S. 307; B. 

Ja�d�ewski, Wspomnienia kaszubskiego „gbura”. Teil I: 1921-1943. Wst�p J. Borzyszkowski, Gda�sk 1992, 

S. 165.


Veranstalten der Abschiedsfeierlichkeiten der Soldaten losfahrenden für Ausbildung aus 

Pommerellen zu den Ersatzeinheiten, um die antideutsche Demonstrationen zu vermeiden. 

Während der Abfahrten der Gestellungspflichtigentransporte verbat man den Eintritt von 

ihren Familienmitglieder auf den Bahnsteigen. Solche Situation fand in Bromberg im April 

1944 statt 46 . 

Zum Dienst in der Wehrmacht anleitete man die KZ- und 

Umsiedlungslagerhäftlinge sowie die Kriegsgefangenen 47 . Deklaration des Eintritts in die 

Wehrmacht verursachte automatisch die Freilassung aus diesen Lager. Alfred Loeper der 

zukünftige Kommandant des Gemeindebezirks der Geheimen Organisation „Der 

Pommerelische Greif”, meldete sich als Freiwillige ins deutsche Militär, um sich aus dem 

Kriegsgefangenenlager herauszubekommen . 

Im Jahr 1944 im Aussiedlerlager 

Lebrechtsdorf 500 Häftlinge stellte man vor der Alternative zwischen dem Hungertod und 

Militärdienst. Alle stimmten dem Dienst in der Wehrmacht zu 48 . 

Eine intensive Aushebung der Männer ins Militär verursachte am Ende des Krieges 

Begrenzung des Zuflusses der Arbeiter in die Organisation Todt 49 . 

In die Wehrmacht berief man die Arbeiter aus der Organisation Todt wenn sie 

früher deutsche Volksliste unterschriben haben. Die Kaschuben, die in der OT auf dem 

norwegischen oder finnischen Gebiet dienten, bekammen ämtliche Berufungen mittels OT 

in Oslo oder Rovanieni 50 . Nach der Einstellung ins deutsche Militär konnten sie weiter in 

Norwegen oder Finnland bleiben 51 . 

Zum Dienst in der Wehrmach überredete man die Zwangsarbeiter im Reich und die 

Vertriebene aus Pommerellen 52 . 

Zum deutschen Militär zog man die Aktivisten „Zrzeszy Kaszëbskiej” ein. Es 

waren das: Aleksander Labuda, Stefan Bieszk, Jan Trepczyk 53 . Zur Berufung kam es nach 

dem Unterschreiben der DVL, was andeutete nach Jahren Jan Trepczyk: „Niemieck� 

“Volkslist�” podpisô� jô jem lat� 1942 a “Ausweis” jô dostô� ja� za rok na zymku w 1943 

r.” 54 . Am frühesten von den Aktivisten „Zrzeszy” wurde zum Militär Aleksander Labuda 

im Jahre 1941 berufen. 

Die Möglichkeiten der rechtlichen Vermeidung vom Militärdienst waren sehr 

begrenzt. Die Prolongation des Wehrdienstes konnte man auf Grund des ärztlichen Atests 

erzielen, das aber gewöhnlich keine größere Bedeutung für die Aushebungskommission 

hatte 55 . Die Ateste erteilte man in den Fällen der unstrittigen Untauglichkeit wie 

Körperbehinderung oder Geisteskrankheit. Andere Kranken konnten in die besondere 

Abteilungen gerichtet werden, wie z. B. Magenkrenken dienten im Krankenmagenbatalion 

56 . Um die Prolongation zu bekommen die Gestellungspflichtige begingen 

die Selbstverletzungen oder simulierten Krenkheit. Die Prolongation vom Militärdienst 

konnte man aus Rücksicht auf die ausgeübte Arbeit bekommen. Zum Militär zog man nich 

ein die Spezialisten und Fachmänner, deren Deutsche nicht ersetzen konnten. 

46 J. Sziling, Polityka okupanta hitlerowskiego wobec ko�cio�a katolickiego 1939-1945, Pozna� 1970, S. 103. 

47 E. Konkel, Z Mostów do Hamiltonu. Wspomnienia, Gda�sk 1997, S. 71. 

48 AAN, Akta Delegatury Rz�du na Kraj, Sign. Mf. 2270/2: Informacja zachodnia. 

49 E. Denkiewicz-Szczepaniak, Polacy z Okr�gu Gda�sk - Prusy Zachodnie w organizacji Todta na terenie 

Norwegii i Finlandii w latach 1941-1945, „Zapiski Historyczne” 1964, H. 4, S. 66. 



52 B. Brandt, Moja saga wojenna 1939-1947, Gda�sk 1999, S. 52. 

53 T. Bolduan, Nie dali si� z�ama�. Spojrzenie na ruch kaszubski 1939-1945, Gda�sk 1996, S. 35. 

54 S�u�ëc Kaszëbom ë Kaszëbiznie, Jan Trepczyk odpowiada na pytania „Pomeranii”, „Pomerania” 1987, Nr. 

9, S. 15. 

55 AAN, Akta Delegatury Rz�du na Kraj, Sign. Mf. 2270/1: Raport o sytuacji na ziemiach zachodnich do 

31.X.1943. 

56 In solchen Bataillonen diente Jan Piepka. Das Interview mit J. Piepka – aSA.

90 


Kaschubische Fischer bemühten sich um Freilassung von dem Dienst auf dem Grund der 

Arbeit auf der Fischerboten 57 . 

Andere Art der Vermeidung des Militärdienstes war die Ablehnung der Abgabe der 

Anträge um Einschreiben auf die DVL oder die Zurüchziehung der schon früher 

abgelegten Anträge. Es war charakteristisch, daß zu der Gruppe der Personen die die 

Abgabe der Anträge abgelehnt haben, vor allem die Männer über 21 Jahre alt und deren 

Familien gehörten. Forderung auf die Streichung aus der Dritten Gruppe der DVL und 

Verweigerung des Dienstes in der Wehrmacht, fanden vor den Aushebungskommissionen 

statt. 

Die Verleihung der nicht vollen deutschen Staatsangehörigkeit und besonders 

Berufung in den Militärdienst hatte zweierlei Einfluss auf die Eintwicklung der 

Wiederstandsbewegung. Auf einer Seite eine beträchtliche Zahl der Männer wurde in das 

deutsche Militär berufen, infolge dessen verminderte sich die Basis aus welcher die 

Mitglieder der konspirativen Organisationen sich rekrutierten. Auf der zweiten Seite 

massive Verleiung auch verminderten Bürgerrechte gab eine größere Freiheit der 

Bewegung und Konspieration. 

Beträchtlicher Teil Männer abweichenden von der Aushebung suchte nach Zuflucht 

in den Wäldern und Bunkern; sie knüpften sich an die Partisanenabteilungen. „Die 

Westgebiete der Republik” („Ziemie Zachodnie Rzeczypospolitej”) in dem Aufsatz 

gewidmeten der Situation auf der Kaschubei gaben kund, daß „Auf der Kaschubei gibt es 

meisten Fälle der Flucht vor der Musterung, ca. 25 % weicht von dem Militärdienst ab” 58 . 

Am öftesten die von dem Militärdienst abweichende Personen gehörten zu den 

Partisanenabteilungen der Geheimen Organisation „Der Pommerellische Greif”, 

Heimatarmee oder bildeten Abteilungen nicht verbundene mit anderen konspirativen 

Organisationen handelnden in Pommerellen. Großer Zufluß der Freiwilligen zur 

Partisanengruppen begann zu der Zeit als die Aushebungskommissionen anfangten die 

Einweisungen in die Wehrmach auszugeben. So war es in dem Fall der Partisanengruppe 

tätiger im Bereich von Bojan. Die Mehrheit der Mitglieder dieser Gruppe bildeten 

Personen, welche nach dem Empfang der Vorladung zum Militärdienst gingen in die 

Konspiration über 59 . Der Befehlshaber dieser Gruppe war Jan Dzi�cielski, Deserteur aus 

der Wehrmacht. In der Abteilung „Zapfen” (Szyszki) von Jan Szalewski „Zobel” (Sobol), 

die der Geheimen Organisation „Der Pommerellische Greif” und Heimatarmee unterstellte, 

befanden sich, die sich nicht stellende Wehrmachtpflichtige 60 . Die Gruppe von Emil 

Cysewski handelnde im Süden der Kaschubei in der Nähe von Bruss, bestand ähnlich aus 

Personen, welche verzichteten auf den Dienst im deutschen Militär 61 . Einer von der 

größten Kämpfe auf der Kaschubei – der Schlacht bei Lubiana geschlagene am 26. Mai 

1944 war eine Konsequenz der Razzia auf den erkennten Bunker der „Wilden”, d. h. Der 

Jungen Leuten verbundenen mit keiner konspirativen Organisation, die sich im Walde 

versteckten vor dem drohenden Einstellung ins deutsche Militär 62 . Bis jetzt hat niemand 

genau gezählt, wieviel von den Partisanengruppen handelnden auf der Kaschubei setzte 

sich aus den sich nicht stellenden Militärpflichtigen. Für verbergen vor dem Aushebung 

einen von den Mitgliedern der Familie drohte der ganzen Familie die Einweisung ins Lager 

in Stutthof oder in Lebrechtsdorf. Den abweichenden vom Militärdienst gegenüber fand 

57 

APGEG, Sign.145/123: Wehrdienst der Fischer. 

58 

AAN, Prasa konspiracyjna, Sign. 1222: „Ziemie Zachodnie Rzeczypospolitej” 1942, Nr. 3. 

59 

Fundacja Archiwum Pomorskie Armii Krajowej w Toruniu (Stiftung das Pommerellische Archiv der 

Heimatarmee zu Thorn = FAPAK), nazwa zespo�u, Sign. T-M 1528/803: Akta osobowe Herrmann Brunon. 

60 

Z. A. Sikorski, Jan Kazimierz Szalewski, dzieje pomorskiego patrioty, Gda�sk 1996, S. 60. 

61 

E. A. Cysewski, By� taki czas kiedy las by� moim domem. Opracowa� K. Ciechanowski, Gda�sk 1972, S. 

42. 

62 

K. Ciechanowski, Ruch oporu na Pomorzu Gda�skim, Warszawa 1972, S. 256.


RSHA in Berlin die Methode schon am 12. Mai 1942. „Do tej pory nie uregulowano 

jeszcze szczegó�owo jak post�powa� przeciw osobom, które zosta�y w toku post�powania 

wpisane do niemieckiej listy narodowej, posiadaj� wykaz albo jeszcze im go nie wr�czono 

a chc� si� uchyli� od s�u�by wojskowej zwrotem niemieckiego wykazu albo odmow� 

przyj�cia go. Osoby te nale�y natychmiast przez policj� pa�stwow� aresztowa�. 

Najwcze�niej po dwóch tygodniach musi kierownik jednostki policyjnej albo jego zast�pca 

przes�ucha� ich, czy teraz gotowi s� wype�ni� obowi�zki wynikaj�ce z niemieckiego 

pochodzenia. Je�eli aresztowany o�wiadczy sw� gotowo�� i mo�na mie� wra�enie, �e 

mo�e by� po�ytecznym niemieckim �o�nierzem i obywatelem, wtedy nale�y zarz�dzi� 

zwolnienie z aresztu i powiadomi� w�a�ciwy urz�d niemieckiej listy narodowej i komend� 

uzupe�nie�. Zasadniczo osoby te powinny zosta� zaci�gni�te natychmiast do Wehrmachtu, 

przy niezdolno�ci za� do s�u�by wys�ane do pracy w Rzeszy. Je�eli aresztowany ��daniom 

tym nie odpowie, nale�y postawi� wniosek o wys�anie do obozu koncentracyjnego” 63 . 

Mit der Untersuchung der Familien, derer Mitglieder dem Dienst in der Wehrmacht 

nicht nachkammen, war das Soderreferat des SD in Gdingen beschäftigt und nächstens 

nach seinem Verlegung in Potulice. Die Kompetenzen des Soderreferates des SD sind mit 

der Verordnung des Chefs der Sipo und des SD vom 23. Januar 1941 bestimmt worden, die 

sanktionierte das Bestehen der Umsiedlungszentrale. Das Referat bekam autonomische 

Befugnisse und Aufgaben im Bereich der Kompetenzen der Umsiedlungszentrale. Es war 

vor der führenden Abteilung des SD in Zoppot für das Ausführen der Aufgaben auf dem 

Gebiet der Volkstumspolitik verantwortlich, die in der Reihe vor dem SD in Danzig 

unterstellt war. Das Soderreferat stellte Gutachten über die Entziehende vom Militärdienst 

und Mitglieder ihrer Familien aus. 

Anna Wiecka und ihr Sohn Franciszek aus dem Kreise Neustadt sind den 25. Mai 

1944 verhaftet worden. Sie sind am 5. August ins Lager in Potulice geschickt. Die Ursache 

war sich verstecken des Sohnes vor der Aushebung ins Militär auf dem Hof der Mutter; 

zwei ihre Söhne waren schon in der Wehrmacht, und der dritte blieb im 

Konzentrationslages Stutthof weil er den Antrag um einschreiben auf die DVL abzulegen 

weigerte 64 . 

Ins Lager in Potulice hat man auch Gertrude Kohnke aus Heisternest geschickt, 

weil sie die Hilfe ihrem sich versteckten Mann geleistet hat. In der Aussage, die sie bei 

dem SD abgegeben hat stellte sie fest, daß sie und ihr Mann Kaschuben des katholischen 

Glaubensbekenntnisses sind – „Unser Haus und Muttersprache ist Kaschubisch”, sie 

sprechen jedoch auch polnisch und deutsch 65 . Weiter erklärte sie, daß für sich verstecken 

ihres Mannes sie mit drei Kindern ausgesiedelt ist und über Aufenthalt ihres Mannes keine 

Ahnung hat. Zur Aussage hat man eine Notiz des SD-Beamten zugefügt, in der stellte man 

fest, daü ihr Mann versteckte sich in einem Bunker entfernten 5 Kilometer vom Haus und 

sie gut darüber wußte 66 . Es gab mehr solchen Fälle. W. Jastrz�bski hat richtig dieses 

Problem in seiner Arbeit gewidmeten dem Lager in Potulice unterstriechen: „Seit 1943 die 

Auswahlkriterien der der Aussiedler sind gründlichen Veränderung untestellt worden. Über 

die Umsiedlung der bestimmten Familien hat nämlich nicht nur besitzen eines gut 

prosperierenden Hofes entschieden, sondern begehen Ausschreitungen des politischen 

Charakters durch die einzelne Mitglieder dieser Familien. In der ersten Reihe gehörte zu 

denen das Abweichen vom Militärdienst” 67 . 

63 

AIPNG, Akta procesu Forstera, Sign. 230. 

64 

J. Sziling, op. cit. S. 101. 

65 

Archiwum Pa�stwowe w Bydgoszczy (Staatsarchiv in Bromberg = APB), Sign. 96/128: Referat Specjalny 

SD. 

66 


67 

W. Jastrz�bski, Potulice, Bydgoszcz 1967, S. 44.

92 


Im Jahre 1944 der Reichsführer SS hat befohlen, daß in den Fällen der Absage des 

Militärdienstes durch die Eingeschriebene auf die DVL, soll man solche Personen aus der 

Dritten Gruppe streichen 68 . 

Besonders schwer war die Situation der Kaschuben bewohnenden kleine 

Ortschaften und Dörfer, wo alle sich gut kennten und deutsche Behörden dank Vermittlung 

der einheimischen Deutschen über die unterstellte Bevölkerung alles gut wußten. Dort gab 

es keine Möglichkeit der Versteckung und des Abwarten in der Menge. Aus der 

geographischen Gründen die erschwerte Möglichkeiten des Versteckens vor der Musterung 

hatten die Bewohner der Halbinsel Hela. 

Die Vermögensrechtstellung der Personen eigeschriebenen in die Dritten Gruppe 

und in der Wehrmacht dienenden regulierte die Verordnung der OKW vom 2. September 

1942 69 . Personen, die im deutschen Militär dienten, oder deren Väter oder Söhne im 

Militär dienten, konnten über dem Vermögen kommissarische Verwaltung aufgehoben 

haben, waren entweder enteignet oder ausgesiedelt, wenn die Vermögen keine Bedeutung 

für die Ernährungs- oder Kriegeswirtschaft hatten. Diese befugnisse sollten aufgehoben 

oder begrenzt werden in dem Fall, wenn eine Persone, die während des Krieges im Militär 

blieb – gefallen oder entlassen worden wäre. 

Die freiwillige Anmeldung zum Militär des Mitgliedes einer Familie konnte 

jemanden für konspirative Tätigkeit Verurteilten aus dieser Familie vom Tode retten. Das 

Eintreten in die deutsche Armee verursachte die Einstellung der Polizeiuntersuchung 70 . 

Es ist nicht bekannt welche allgemeine Zahl der Kaschuben ins deutsche Militär 

eingegliedert worden ist. Konrad Ciechanowski schäzte die Zahl der allen Polen dienenden 

in der Wehrmacht auf 300-350 Tausend 71 . Nach J. Sziling aus dem Reichsgau Danzig- 

Westpreußen hat man in den Jahren 1942-1945, 85-90 Tausend Polen eingegliedert 72 . 

Dieser Zahl im Lichte der anderen Quellen scheint zu klein zu sein. „Ziemie Zachodnie 

Rzeczypospolitej” vom Dezember 1942 gaben den Zahl 120 Tausend Einwohner 

Pommerellens in der Wehrmacht an 73 . Dieselbe „Ziemie Zachodnie” gaben im Januar 1944 

den Zahl 250 Tausend Personen in der deutschen Armee an 74 . Noch größeren Zahl gab das 

Informationsbulletin vom 13. April 1944 an. In dem Aufsatz unter dem Titel „Vom Leben 

der Westgebieten” gab an: „Die Aushebung der Polen in die Wehrmacht hört nicht auf. 

Aus Pommerellen nahm man schon ca. 300 Tausend” 75 . Dieser Zahl ist zu groß im 

Verhältnis zu Angaben aus aus einzelnen Ortschaften oder auch Kreisen. Im Kreise 

Neustadt im Oktober 1944 gliederte man in die Wehrmacht 8.700 Personen ein 76 . Aus den 

Ortschaften: Wieprznica, Ow�nice i Fingrowa Huta berufte man in den Jahren 1940-1945, 

33 Kaschuben 77 . Aus dem Dorf Karwia berufte man 34 Kaschuben 78 . Aus dem Ortschaft 

Kamienica Szlachecka gliederte man in die Wehrmacht 20 Kaschuben ein 79 . Aus dem Dorf 

Lipnica berufte man ins deutsche Militär 746 Personen 80 . 

68 AIPNG, Akta procesu Forstera, Sign. 230. 

69 E. M. Serwa�ski, Przymusowa s�u�ba Polaków w Wehrmachcie, „Przegl�d Zachodni” 1954, Jg. 10, Nr. 3- 

4, S. 457. 

70 A. M�clewski, op. cit., S. 262. 

71 K. Ciechanowski, Pobór Polaków z Pomorza Gda�skiego do armii niemieckiej i zmilitaryzowanych 

oddzia�ów roboczych w latach II wojny �wiatowej, „Stutthof. Zeszyty Muzeum” 1985, Nr. 6, S. 41. 

72 J. Sziling, op. cit., S. 100. 

73 AAN, Prasa konspiracyjna, Sign. 1222: „Ziemie Zachodnie Rzeczypospolitej” Dezember 1942, Jg. I. 

74 AAN, Prasa konspiracyjna, Sign. 1222: „Ziemie Zachodnie Rzeczypospolitej” Januar 1944, Jg. III. 

75 AAN, Prasa konspiracyjna, Sign. 71/2: „Biuletyn Informacyjny” April 1944. 

76 APG, Sign. 2: Der Landrat Neustadt. 

77 BA Berlin,Sign. R 138–I/320: Verzeichnis der Wehrplichtigen aus Bebernitz, Owsnitz und Fingershütte. 

78 Das Interview mit T. Bizewski aus Karwen (Karwia) – aSA. 

79 Das Interview mit E. Formela – aSA. 

80 APB, Sign. 12/224: Landratsamt Konitz.


Die Kaschuben nach dem Ankunft in die Militärersatzeinheiten gingen als Rekruten 

einführende Schulung durch. Sie bekamen am Anfang die Soldatengrundausstattung. Diese 

Situation erinnert Boles�aw Bork: „Es scheinte mir damals, daß besser Demütigung, 

Hunger und Gemeinheit im Hitlerlager hinnehmen wäre, als dieses Bewusstsein haben, daß 

am Ziel der unternommenen Reise wird man den Uniform der hitlerschen Söldner 

anziehen, den Uniform gegen welchen ich vor vier Jahren Kampf auf Leben und Tod 

unternommen habe” 81 . Besondere Irritation lößte die Inschrift auf der Klammer des 

Miliärgürtels – „Gott mit uns” – „Das Wort „Gott” passte in keiner Weise zur hitlerschen 

Krähe und des Hackenkreuzes, der Sinnbilder in welcher Namen man so viele Verbrechen 

bagangen hat (...) ich wollte und konnte nicht entweder im Namen des hitlerschen 

Wahrzeichen, oder im Gottes Namen, schande meines Lebens tragen, den deutschen 

Uniform 82 . 

In der Schulung des Soldates schrieb man besondere Rolle der Lehre der 

militärischen Übungen zu. Oft war sie überflüssig und mit nichts begründet. Großen Druck 

hat man auf Technik- und Schießschulung gelegt. 

Der Militärdienst sollte durch seine soldatische Erziehung die Personen aus der 

Dritten Gruppe der DVL in bewußten Deutschen umwandeln. Kommando des XX. 

Wehrkreises gab in diesem Bereichkresie besondere Instruktion heraus. In ihr schlug man 

die Polen aus der Dritten Gruppe zwischen deutsche Soldaten aufzuteilen, Einführung des 

Verbotes benutzen der polnischen Sprache, Lehre der deutschen Militärlieder und deren 

gemeinsamens Gesang vor; besonders empfohlen war das Gesang der leichten 

Militärlieder 83 . Das Gesang der polnischen Lieder war streng verboten 84 . Gemeinsamens 

Gesang der deutsche Lieder hätte schnelle Beherschung der deutschen Sprache 

verursachen. Gegenüber Kaschuben Verbot der Gespräche in polnischer Sprache war 

schwer zum Fordern. In der Wehrmacht dienende Kaschuben sprachen meisten 

Kaschubisch untereinander, worauf die Vorgestellte unterschiedlich reagierten. Alle 

Befehle und Verfügungen gab man auf Deutsch heraus. Es waren Zufälle, daß für die 

Soldaten, die der deutschen Sprache nich mächtig waren, organisierte man besondere 

Kurse dieser Sprache. Keine Sprachschwierigkeiten hatten diese Kaschuben, die wie 

Stefan Bieszk sind in Deutschland geboren und gewohnt oder in der deutschen Armee 

während des Ersten Weltkrieges dienten 85 . 

Im Jahre 1934 hat man die Pflichte des deutschen Soldates bestimmt, die eine Art 

„Katechismus” der Armee bildeten. Zu den wichtigsten Pflichten hat man gezählt das 

Behalten der Kampfeinheit, die in der Reihe Kameradschaft voraussetzte. Versuchte man 

auch zu unterstreichen, daß der Soldat ein Objekt der nicht aufhörenden Sorge der 

Behörden ist. Deswegen die Kommando der Militäreinheit bemühten sich um zu keine 

Konflikte zwischen kaschubischen und deutschen Soldaten käme. In der deutschen Armee 

gab es verhältnismässig großes Egalitarismus zwischen den Soldaten und Offizieren. Die 

beste Kontakte hatten die Kaschuben mit den Polen aus Schlesien, Pommerellen und 

anderen Gebiete der Zweiten Republik eingestellten in die deutsche Armee 86 . Wenn die 

Soldaten der deutsche Nationalität Anhänger der Nationalsozialismus waren brachten sich 

feindlich gegenüber Kaschuben zurück, andere oft gleichgültig waren 87 . Ursache der 

begrenzten Kontakte zwischen Kaschuben und Deutschen waren Sprachschwierigkeiten 

81 

B. Bork, �cie�ki, bezdro�a i drogi, Gda�sk 1984, S. 189. 

82 

Ibidem, S. 200. 

83 

I.Z. Dok., Sign. X – 636: Przyczynki do niemieckiej listy narodowej. 

84 

AAN, Akta Delegatury Rz�du na Kraj, Sign. Mf. 2270/1: Delegatura rz�du na kraj, marzec 1942. 

85 

Museum der Kaschubisch-Pommerellischen Literatur und Musik,Sign. 1977/30: M. Ulindo, Dorobek 

twórczy Stefana Bieszka. Praca magisterska pisana pod kierunkiem dra Z. Mrozka, Bydgoszcz 1974, S. 14. 

86 

Das Interview mit W�adys�aw Baranowski – aSA. 

87 Das Interview mit Teodor Bizewski – aSA.

94 


und und Ansehen der Kaschuben als nationalfremd. Kaschubischen Namen, besonders 

diese mit der Endung auf „-ski”, für die Deutschen schwer auszusprechen waren und 

manchmal aus ihrem Gesichtspunkt komisch 88 . Als fremdklingende lössten Mistrauen 

ihren Besitzer gegenüber. Es kamen jedoch Fälle Anknüpfen gewissen Formen der 

Kameradschaft und sogar Freundschaft zwischen Kaschuben und Deutschen vor. 

Deutsche Soldaten orientierten sich oft nicht was die Dritten Gruppe der DVL ist. 

Diese Angelegenheit mußte man in der deutschen Militärpresse vorstellen. In der 

informations-instruktiven Veröffentlichung für das Militär unter dem Titel „Politische 

Aussprache” herausgegeben durch Nationalsozialistischer Führungstab des 

Oberkommandos der Wehrmacht als Thema Nr. 4 stellte man das Problem der auf die 

DVL eingezogenen Personen dienenden im deutschen Militär vor 89 . 

Während der Schulung kam es zur Zuteilung der Funktionen. Es konnte Funktion 

des Schützes beim Maschinengewehr, sowie die Funktion des Tankführers. 

Die Zeit gewidmet der Schulung war unterschiedlich, konnte sogar einige Monate 

dauern. Am Ende des Krieges die Schulung ist immer mehr verkürzt worden. Im Jahre 

1945 die Gestellungspflichtige sind gerade an die Front geschickt. Leon Lipi�ski aus 

Sikorzyno wurde am 28. Januar 1945 einberufen, den 11. Februar 1945 bei Schwetz getötet 

ist 90 . Jan Studzinski aus Skorzewo wurde am 8. Januar nach Crossen in Deutschland 

einberufen, ist schon am 31. Januar gefallen 91 . 

Die Sache der Beförderungen der Beförderungen von Personen gehörenden zur 

Dritten Gruppe ist mit dem Erlass vom Dezember 1942 geregelt worden. Seine 

Bestimmungen waren folgend: Personen aus der Dritten Gruppe, die überhaupt keinen 

pflichtigen Militärdienst geleistet haben und ins Militär einberufen waren, konnten nur in 

ausnahme Fälle befördert werden, wenn sie sich im Kampg gegen den Feind verdienst 

gemacht haben und ihre Einstellung dem deutschen Staat gegenüber keine Vorbehalte 

aufwachen konnte 92 . Die Nomination konnte man nur bis zum Grad des Gefreiters und 

evetuell nach einigen Jahren des Dienstes bis zum Grad des Obergefreiters erteilen 93 . Das 

Aufgeben dieser Graden erfolgte gewöhnlich automatisch nach der Leistung der 

bestimmten Dienstzeit. Es kamen Personen, die bis Ende des Krieges den Grad des 

Grenadiers (Schütze) besassen. Unteroffiziersbeförderungen hat man sehr selten 

angewendet und die Offiziersbeförderungen zu den Ausnahmen gehörten 94 . Im deustchen 

Heer die Gradabzeichen hat man auf den Pagonen und linken Ärmel der Jacken und 

Overälle getragen. 

Ehemalige Offiziere der alten deutsche Armee gehörende zur Dritten Gruppe der 

DVL konnten nicht zum Militärdienst einberufen werden. Ehemalige Offiziere des 

polnischen Militär konnten nur in den Ausnahmefällen einberufen werden. Manche 

Auszeichnungen wie Ritterkreuz, welche grundsätzlich an die Offiziere und Unteroffiziere 

verliehen wurden, waren unzugänglich für die Personen aus der Dritten Gruppe, weil die 

Offiziersgrade für diese Personen unzugänglich waren. Zu den Seltenheiten gehörten 

Auszeichnungen für die Mut mit den Kreuzen der Ersten und Zweiten Klasse. Der Soldat 

gehörende zur Dritten Gruppe der DVL konnte Auszeichen für die ertragene Wunde 

bekommen, man trug sie auf dem linken Brust. Die Auszeichen hatten drei Klassen: braun, 

88 

Das Interview mit Bernard Chistowski und Brunon Dzi�cielski – aSA; J. Piepka, op. cit., S. 83; F. 

Szcz�sny, W krainie gryfa, Gda�sk 1987, S. 250. 

89 

AIPNG, Akta procesu Forstera, Sign. 231. 

90 

AIPNG, Sign. 19/47: Akten zur Sache der Erklärung von Leon Lipi�ski für Verstorbene. 

91 Ibidem. 

92 E. Serwa�ski, op. cit., S. 458. 

93 G. Bojar-Fija�kowski, op. cit., S. 152. 

94 Ibidem.


silbern und schwarz 95 . Man trug auch die ganze Reihe der Auszeichen bindenden sich mit 

den Konkreten Kämpfen an der Front. Ausser Abzeichen trug man die Bezeichnungen 

bestimmende Zugehörigkeit zum besonderen Militärgattung oder konkreten Einheit. Zum 

Beispiel Kennzeichen der Gebirgsjägerverbänden war Edelweiss getragen auf dem rechten 

Ärmel und auf der Mütze durch alle Soldaten vom Jäger bis zum General, sowie durch 

Militärbeamten. 

Kontakte zwischen Kaschuben befindenden sich in der deutschen Armee und ihren 

Familien waren gwöhnlich zur Korrespondenz, Besuchen während den Urlauben, senden 

dden Lenbsmittelpaketen begrenzt. Diese letzte schickten die Familien öfter in dem Fall 

des Dienstes an der Ostfront. Bis zur Zeit des Militäreidesleistens Fahrten zu den Familien 

waren erschwert auf Grund Wehrübungen verbundenen mit der Rekrutenzeit. Jedoch in der 

ersten Periode konnte man Urlaub als Belohnung für die Schießerfolge oder korrekte 

Ausführen der Befehle bekommen 96 . Der Soldat konnte zur Zeit der Feldarbeiten: wie 

Getreide- oder Kartoffelernten Urlaub auf Antrag der Familie bekommen. Während des 

Urlaubes die Soldaten sprachen kaschubisch oder polnisch 97 . Die Familien besuchten die 

Soldaten, wenn die Ersatzeinheit in der die Ausbildung statgefunden hat relativ unweit 

vom Heimat sich befand. Der Kommando der Wehrmachtersatzeinheit hat solche Besuche 

nicht verboten. Die Verwandte aus der Kaschubei besuchten oft die Dienstleistende in der 

Ersatzeinheit in Borne-Sulinowo. Der Schütze Alojzy Robakowski stammende aus 

Warblin errinert über solchem Ereignis in seinem Brief an die Familie: „Liebe Mutter 

heute um 10 Uhr zum Mittagessen meine Schwiegermutter war in Gross Born und sofort 

kam es zum Gespräch” 98 . Man bemühte sich auch jede Möglichkeit der Genesung in der 

Heimat auszunutzen 99 . Kaschubische Familien besaßen meisten viele Kindern. Das 

verursachte, daß in der Wehrmacht dienten einige Personen aus derselben Familie 100 . Sie 

alle versuchten, wenn die Umstände es erlaubten, untereinander im Kontakt bleiben. 

Die Korrespondenz des Soldates mit der Familie konnte keine Informationen über 

Zustand des Militärs, Situation an der Front und andere Sachen belegten mit dem 

Militärgeheimnis enthalten. Für das Vorstellen der Situation beim Militär konnte man vor 

dem Kriegsgericht gestellt werden. Die Briefe der Soldaten stellte man der Zensur unter. 

Die Briefe aus der Front sind mit dem Stempel „Feldpost” bestempelt, der Briefpapier nach 

dem zusammenlegen bildete gleichzeitig den Umschlag. Die Kaschuben schrieben meisten 

die Briefe auf Polnisch, auf Polnisch schrieb man sogar die Postkarten 101 . Diese Tatsache 

war dem Kommando des deutschen Militär bekannt. Briefprüfstelle Oberkommando der 

Wehrmacht befand sich in Berlin 102 . Von einem Brief erkundigen wir uns über die schwere 

Situation des Soldates in einer Ersatzeinheit, wo steht geschrieben: „Ich habe am Sonntag 

den Brief und das Packet von euch abgenommen, wofür ich mich herzlich bedanke. Ich 

freue mich sehr von dieser Sendung, weil ich schon nichts zum Essen hatte” 103 . Von 

einenm anderen Brief erkundigen wir uns über Gesundheitzustand eines Soldates an der 

95 Das silberne Abzeichen für Verwundungen hat Franciszek Bollin aus Banin (Banino) bekommen – aSA. 

96 Das Interview mit Franciszek Chamier-Gliszczy�ski – aSA. 

97 H. Przes�awska, M�odzie� kaszubska w czasie okupacji. Studium historyczno-socjologiczne, 

„Sprawozdania Towarzystwa Naukowego w Toruniu” 1949, H. 3, S. 66. 

98 Der Brief von Alojzy Robakowski vom 25.10.1942 – aSA. 

99 Das Interview mit Aleksander Schroede – aSA. 

100 In die deutsche Wehrmacht hat man 4 Gebrüder Robakowski aus Zarnowken (Warblino) eingestellt. Das 

Interview mit Maria Korynt – aSA. 

101 Die Postkarten von Hubert Etma�ski aus Skorzewo, Jan Stankowski aus Trzebu� und Marian Kapela aus 

Parchau (Parchowo) – aSA. 

102 I.Z. Dok., Sign. I – 223: U�ywanie j�zyka polskiego przez cz�onków niemieckich si� zbrojnych; B. 

Chrzanowski, Zwi�zek Jaszczurczy i Narodowe Si�y Zbrojne na Pomorzu 1939-1947, Toru� 1997, S. 31. 

103 Der Brief von Alojzy Robakowski aus Gross Born vom 25.10.1942 – aSA.

96 


Ostfront. Er schrieb darüber in einem Brief an seine Mutter: „Ich bin krank und liege auf 

dem Revier. Zuerst lag ich die ganze Woche lang bei der Kompanie im Bunker und hatte 

immer hohes Fieber und zu dieser Zeit haben mich zum Revier geschickt” 104 . In den 

Wehrmachtsoldatenbriefen geschriebenen an ihre Familien auf der Kaschubei liest sich zu 

bemerken sehr starke Anlehnung am Gott, was beweisen manche Fragmente der 

Korrespondenz: „Gerade am Anfang meines Briefes wende ich mich an Euch mit den 

Wörtern: Grüß Gott” 105 ; „Geliebte Frau, es kümmere sich für Euch Herr Gott, bleibt Euch 

mit dem Herr Gott” 106 . 

Bis an das Jahr 1936 hat man in der Wehrmacht Prinzip behalten, daß der Soldat zu 

einer von zwei ofiziellen christlichen Bekenntnisgruppen, evangelisch oder katholisch, 

gehören mußte. Dieser Prinzip unterhielte sich meisten während des Zweiten Weltkrieges. 

Am Sonn- und Feiertagen folgte die Teilung der Kompanie auf ihre evangelische oder 

katholische Teil. Die Glaubensminderheiten hatten keine Möglichkeit eigene Andachten zu 

haben. Im allgemeinen fehlte nicht an den Regimentspfarrern. An der Spitze der 

katholischen Militärseelsorge stand der Feldbischof Franz Justus Rarkowski 107 . Die 

Katholiker besuchten katholische Andachten, die Evangeliker die evangelische. So stellte 

die Situation Bronis�aw Brandt vor: „Nur einer Hauptmann Österreicher konnte Polnisch 

erträglich, aber er gehörte nicht zur Schulungskader. Er war nur Resident in dieser Einheit. 

Er führte uns Katholiker am jeden zweiten Sonntag in die katholische Kirche zur Heiligen 

Messe. Er selbst auch katholisch war” 108 . Es passierte, daß die katholische Messen auf den 

Übungsplätzen stattfanden und statt der individuellen Beichte erteilte man 

Bedingungsabsolution. Die Kaschuben nahmen im allgemeinen aktiv an den katholischen 

Andachten teil. In dem Falle keiner Feldmesse versuchten den Andacht in der nächsten 

Kirche, befindenden in der nähe des stationierten Militärs, hören. „Gemäß des 

bekommenen Befehls nach Süden gehend, hatten wir Zweitagigen Aufenthalt in kleinem 

Städchen Carnaiola. (...) Ich beschloß mit der drei Kollegen diesen Aufenthalt für 

Osternbeichte und Kommunion auszunutzen. In diesem Absicht besuchten wir die örtliche 

Denkmalkirche. In der Sakristei traffen wir Mönchpriester, dem auf der für uns und ihm 

zugängliche Weise stellten wir unseren Absicht vor. Wir sind zur Verständigung 

gekommen. Er erkundigte sich, daß wir „polcci” waren. Die Beichte fand in dieser 

Sakristei statt und auf der Weise für ihm vielleicht einzig in dieser Seelsorgearbeit” 109 . 

Die Kaschuben in der Wehrmacht trugen oft Rosenkränze, Medaille und andere 

Gegenstände des Kultus mit. Sie strebten auch nach den Möglichkeiten Morgens- und 

Abendsgebete zu sprechen. Während des Dienstes im deutschen Militär kam es sogar oft 

zum Wachtum des Gottesliebes, besonders wenn man an den Frontkämpfen teilnahm. 

Nach dem beendeten Schulung kam es zur Dislokation des Militärs in den 

verschiedenen Teilen Europas. In dem Jahr 1942 Wehrmacht besass fast den ganzen 

Kontinent. Für die Kaschuben stammenden aus dem platten Lande das Dienst in der 

Wehrmacht sollte ihr Leben radikal verändern. 

Die meisten Personen hat man an die Ostfront geschickt, weil dort rollten sich die 

schwerste Kämpfe und gab es die meisten getöteten und verwundeten. Der 

Personenzustand der Wehrmacht im Moment der Agression gegen Sowjetunion erhöhte 

sich bis zur 7,3 Mln. Soldaten, aus welcher Zahl 5,2 Mln. Soldaten zählte das Heer. Im 

104 

Der Brief von Franciszek Robakowski von der Ostfront vom 28.07.1944 – aSA. 

105 


106 

Der Brief von Leon Wicher aus Hamburg vom 14.02.1945 – aSA. 

107 

Archiwum Archidiecezji Gda�skiej (Archiv der Danziger Diözese), Sign. II/KB 109: Akta duszpasterstwa 

wojskowego. 

108 B. Brandt, op. cit., S. 55. 

109 Ibidem, S. 57.


Jahre 1942 deutsche Armee fasste die Mehrheit ihrer Kräfte (179 Divisionen, 19 von 27 

Panzerdivisionen, sowie zwei drittel Luftwaffepotential) an der Ostfront zusammen. Von 

allen 179 Divisionen nur ein drittel besass offensive Fähigkeiten 110 . Trotz den gewaltigen 

Organisationsanstrengen gelang es nicht Material- und Personalkrise, die nach dem 

Feldzug 1941 kam, zu überwinden. Deswegen so großen Druck hatte man auf 

Massenmusterung in das deutsche Militär der Männer eingeschriebenen in die Dritten 

Gruppe der DVL gelegt. Die Soldaten aus Pommerellen und Schlesien haben nur teilweise 

Personalmangel der Wehrmacht ersetzt. Die kämpfe an der Ostfront wurden unter den 

besonders schweren klimatischen Bedingungen, während des russischen Herbstes und 

Winters geführt. Große Regen, frühe starke Schneefälle verursachten ausgießen der Flüße, 

erschwerten den Autoverkehr. Es kam nicht mehr: der Kraftstoff, die Munition und 

Lebensmitteln. In der schlammigen und mit dem Wasser erfüllten Erde konnte man keine 

Schutzräume bauen. Mangel an heiße Mahlzeiten hat Desyterie und Verdauungsprobleme 

verursacht. Seit November begann sich der Winter, während des die Temperatur bis minus 

35 C fiel. Niedrige Temperaturen verursachten massenhafte Erfrierungen. Umstände des 

Dienstes an der Ostfront, Hunger, niedriege Temperatur sind in den Briefen der deutschen 

Soldaten an ihre Familien vorgestellt 111 . 

Den Soldat der deutschen Armee verpflichteten 10 Regeln der Kriegsführung. 

Diese Grundsätze sind in den Soldbücher als „10 Gebote der Kriegführung durch die 

deutsche Soldaten” gedruckt 112 . Laut diesen Regeln ist die Zivilbevölkerung unberührt. 

Den Soldaten verbietet man Raubes und willkürlichen Zerstören der historischen 

Denkmäler und Gebäuden dienenden dem Gebet, Art, Wissenschaft oder auch 

Wohltätigkeit. Solche Regeln der Kriegsführung sind nur von einem Teil der 

Wehrmachtsoldaten, zu der gehörten Kaschuben, beachten 113 . 

Die Rote Armee in der Konfrontation mit der deutschen Armee trotz den riesigen 

Verluste verfügte den Reserven und ihr Stand auf das Ende des Jahres 1942 betrug 6 Mln. 

Menschen 114 . Sowjetische Soldaten beherrschen ausgezeichnet die Tarnungsart und 

Angriffe von der Überraschung, außerdem hervorragend passten sich an zum Umstäde des 

Partisanenkampfes, besonders auf den Sumpfgebieten, wie Poljesien. Die Wehrmacht 

besaß die Einheiten der Sumpfjäger für die Handlungen auf den Pinsker Sümpfe. Soldaten 

aus deisen Einheiten besassen die Kunst Skilaufen und Kampfes auf den Sümpfen. 

Innerhalb der Sumpfjäger befanden sich u. a. die Kaschuben aus der Gegend von 

Neustadt/Wpr. 115 . 

Die Kaschuben kämpfende in der Wehrmacht an der Ostfront begegneten sich mit 

der sozialen und wirtschaftlichen Situation der UdSSR zur Zeit des Stalinismus. Im 

Hinsicht auf die ähnlichkeit der polnischen nach russischen Sprache, sie waren benutzt als 

Dolmetscher in den Gesprächen mit der weißrussischen, russischen oder ukrainischen 

Bevölkerung. Im Hinblick auf die gute Kontakte mit der Bevölkerung der besetzten 

Gebiete waren beschäftigt mit den Transaktionen der verschiedenen Art 116 . Während der 

Kämpfen an der Front fielen zusammen mit den deutschen Soldaten. Verhältnissmässig 

große Zahl der Kaschuben ist nach dem Schlacht bei Stalingrad in die sowjetische 

Gefangenschaft gefallen. Innerhalb 90.000 deutschen Soldaten gab es einige Tausend 

110 

P. Masson, Historia Wehrmachtu 1939-1945, Warszawa 1995, S. 142. 

111 

„Ich will raus aus diesem Wahnsinn”. Deutsche Briefe von der Ostfront 1941-1945; aus sowjetischen 

Archiven/Hrsg. von Anatoly Golovchansky..., Reinbek bei Hamburg 1993, S. 164-165. 

112 

Niemcy o zbrodniach Wehrmachtu. Fakty, analizy, dyskusje. Opracowali B. D. Lubli�scy, Warszawa 

1997, S. 171. 

113 

Das Interview mit Franciszek Szcz�sny – aSA. 

114 

P. Masson, op. cit., S. 145. 

115 

B. Bork, �cie�ki..., S. 202. 

116 

Das Interview mit Antoni Oko� – aSA.

98 


Polen 117 . Es ist oft in den dramatischen Umständen zum Tode gekommen. So war es in 

dem Fall von Jan Styp-Rekowski: „Jan nach dem dreimonatigen Schulung fiel in 

Tarasowicze bei Smolensk, den 9. August 1941, er verbrannte sich lebendig in dem 

Tank” 118 . Manche fielen so wie Boles�aw Kupiecki aus Piechowice während der 

Bombardierung der Frontlinie 119 . Andere Kaschuben starben im Krankenhaus in folge der 

abgetragenen Wunden an der Ostfront 120 . Im Falle des Soldatentodes Kommandant der 

Kompanie war verpflichtet schriftlich die Familie der gefallenen zu benachrichtigen 121 . Oft 

nach den schweren Kämpfen war es schwierig die personelle Daten des Soldates 

festzustellen, wenn die Leichen deformiert waren. Ungewöhnlich behilflich zeigte sich 

damals die Erkennungsmarke, wo alle Personaldaten eingeschrieben waren 122 . Man tun 

gleich im Falle der Vermißung. Oft schickte der Kommandant zusätzliche Informationen 

zum Thema Umstände des Todes oder Vermißung. Die Leichen der gefallenen Soldaten 

hat man auf den Feldfriedhöfe, genannten – Heldenfriedhöfe, begraben. Wenn die Zeit es 

erlaubte machte es man mit der Militärehre 123 . Nach der Wiedergewinnung der verlorenen 

Gebiete durch die Rote Armee die Friedhöfe sind durch speziell dazu bestimmten Truppen 

vernichtet 124 . 

Der Krieg rollte sich auch in Afrika. Afrika Korps bestand aus der vier Divisionen. 

Der größte Aushebung zur deutschen Einheiten in Afrika fand im Frühling und Sommer 

1942 statt und ist mit der italienisch-deutschen Offensive mit dem Ziel der Eroberung von 

Tobruk und Abwerfen der britischen 8. Armee bis zur egiptischen Grenze heran 

verbunden. Rekrutation erfolgte gleich wie zu den anderen elitären Einheiten. Ein Teil der 

Kaschuben diente in den deutschen Truppen kämpfenden in Afrika, um sich vor den 

Kämpfen an der Ostfront zu schützen. Manche Kaschuben meldeten sich zum Afrika 

Korps freiwillig, andere sind dort auf dem Prinzip der Zuordnung gelenkt. Einer von den 

Kaschuben kämpfenden in Afrika war Józef Wo�oszyk aus Berend 125 . Über die Lenkung 

ins Afrika Korps entschieden vor allem körperliche Voraussetzungen des Rekrutes. 

Die Kaschuben dienende in der Wehrmacht stationierten auf dem Gebiet der 

alliierten Staaten und in allen Ländern besetzten durch das Dritte Reich. Das waren: 

Albanien, Nordafrika, Österreich, Belgien, Bulgarien, Tschechoslowakei, Estland, 

Dännemark, Finnland, Frankreich, Griechenland, Niederlanden, Jugoslavien, Litauen, 

Luxemburg, Lettland, Polen, Italien, Sowjetunion. Die Aufgabe der stationierten Militär 

war vor allem Kampf mit den Partisanentruppen. 

Die Wehrmacht mußte mit der Partisanentum auf den Balkanen und auf den 

Rücken der Ostfront kämpfen. Wiederstandsbewegung kam gleichzeitig in Albanien und 

vor allem in Griechenland, in Gebirgeregionen von Epir und Thessalien vor, wo im Jahr 

1942 konzentrierten sich 15.000 Partisanen. Zum Kampf gegen die Partisanen auf dem 

Balkangebiet Kommando der Wehrmacht hat u. a. Gebirgsjäger geschickt. 

Gebirgsjägerdivisionen basassen besondere Kampfwert, waren geschult für die Kämpfe in 

den schweren Gebietsumständen und hatten den elitären Charakter. Der Befehlshaber der 

Gebirgsjägereinheiten der deutschen Armee Gen. Eduard Dietl. Man berief zu ihnen 

117 

Sprawa polska w II wojnie �wiatowej na arenie mi�dzynarodowej. Opracowa� T. Cie�lak, Warszawa 

1965, S. 326. 

118 

W. Knosa�a, By�a nas gromadka spora, Olsztyn 1972, S. 190. 

119 

AIPNG, Sign. 102/46: Akta o uznanie za zmar�ego Boles�awa Kupieckiego. 

120 

AIPNG, Sign. 23/47: Akta o uznanie za zmar�ego Edmunda Kloka. 

121 

Das Schreiben der Kompanieführer vom 20.01.1943 zur Sache des Todes von Alojzy Robakowski – aSA. 

122 

T. Nowakowski, M. Skotnicki, Jednostki górskie armii niemieckiej 1933-1945, Warszawa 1993, S. 36. 

123 

Deutsche Dienststelle für die Benachrichtigung der nächsten Angehörigen von Gefallenen der ehemaligen 

deutschen Wehrmacht (WASt), Józef Olszewski begraben auf dem Heldenfriedhof zu Witebsk. 

124 


125 Das Interview mit Józef Wo�oszyk – aSA.


Personen ständig wohnende im Gebirge, kultivierende qualifizierte Gebirgsturistik oder 

Skilaufen 126 . Seit 1942 in die Gebirgsjägereinheiten berief man auch die Kaschuben. Sie 

dienten meisten auf dem Balkan. Es ist ihnen schnell gelungen freundliche Kontakte mit 

den Nationen der Jugoslavien anzuknüpfen 127 , mehrere von ihnen sind jedoch während der 

Kämpfen mit den Partisanen gefallen 128 . 

Die Kaschuben stationierende in den besetzten Ländern hatten gute Beziehungen 

mit der einheimischen Bevölkerung. Weilend in den besetzten Ländern versuchten sie 

örtliche Sprache und Sitten zu lernen. Es fand in den von dem Partisanentum beherrschten 

Ländern, wie UdSSR, Jugoslavien, Frankreich, Greichenland statt. Wie ergibt sich aus den 

deutsche Berichten die Soldaten aus der Dritten Gruppe DVL weilende in Frankreich 

sagten zu den dortigen Bevölkerung, daß sie keine ihre Feinde sondern Alliierte sind. In 

den manchen besetzten oder alliierten mit dem Dritten Reich Ländern Kontakte mit der 

Bevölkerung waren begrenzt im Hinsicht auf die sprachschwierigkeiten und eventuelle 

freundliche Verhältniss der okkupierten Bevölkerung zum Dritten Reich. So gab es u. a. in 

Lettland, Estland und Finnland. 

Die Kaschuben dienend in der Wehrmacht führten destruktive politische Tätigkeit 

schon nur durch ihre Haltung. Mit dem Ziel der maximalen Prolongation des Fristes der 

Lenkung an die Front mehrere Soldaten beachteten keine Disziplin, simulierten 

Kraknheiten, mißachteten die Militärschulung. Schon während der Übungen und Manöver 

kam zu Reibungen zwischen Polen und Deutschen. Militärbehörden mußten Unterbrechen 

der Übungen befehlen. Um zu verzögern Beförderung an die Front versuchten die 

Kaschuben Eindruck bereiten, daß sie nicht schafften deutsche kommanden zu 

beherrschen. Polen aus Pommerellen im Ziel der Verlängerung der Militärausbildung 

zeigten Unkenntnis der deutschen Sprache. Kommando der Ersatzeinheit, in der die 

Schulung fand statt mußte für si� spezielle Kurse veranstalten, die Soldaten bekamen 

spezielle Handbücher zum lernen der deutschen Sprache. 

Man simulierte verschiedene Krankheiten. In diesem Ziel sammelte man die 

Butterblumen wachsende auf den Wiesen, weil belegen mit ihnen Körper verursachte 

langwierige Beschwerden, die im Krankenhaus behandelt waren. Diese Situation beschrieb 

Bernard Kaszuba „Bald lernte ich Pole, Jan �ó�nowski aus Grzybno kennen, der blieb auch 

in derselben Einheit wie ich. Er hinkte und leidete an beschwerden im Bein. Er berit mir 

die Butterblumen auf der Wiese zu pflücken und auf meinen Bein aufzulegen, und morgen 

werde ich sehen... Ich machte es und am nächsten Tag morgen holte mich ins Krankenhaus 

ab. Das versicherte mir wieder dreimonatiges Aufenthalt im Krankenhaus” 129 . 

Es kamen vor Zufälle der sich selbst Einspritzung des Petroleums 130 . Kriegsgericht 

konnte für solche Ausschreitung zur Todesstrafe verurteilen. In Pommerellen existierten 

solche Gerichte in den größeren Garnisonen, d. h. in Bromberg, Danzig, Graudenz und 

Thorn. Im Urteil des Kriegsgerichts in Graudenz, das verurteilte den Wehrmachtsoldaten 

für die Einspritzung des Petroleums zur Todesstrafe, stellte man fest: „Nale�y wyst�pi� 

przeciw mniemaniu ludno�ci pomorskiej b�d�cej niegdy� pod silnymi wp�ywami polskimi, 

�e mo�na uchyli� si� od s�u�by wojskowej przez samookaleczenie si� i nie otrzyma� za to 

najsurowszej kary. Niebezpiecze�stwo powszechnego rozk�adania si�y zbrojnej wymaga 

ostrej interwencji” 131 . Manche Fälle der Selbstverletzungen waren schwer zum entdecken 

durch die deutsche Militärärzte. 

126 T. Nowakowski, M. Skotnicki, op. cit., S. 42. 

127 Das Interview mit Franciszek Chamier-Gliszczy�ski – aSA. 

128 AIPNG, Sign. 85/48: Akta o uznanie za zmar�ego Franciszka Gawin. 

129 Wspomnienia dzia�aczy..., S. 333: Wspomnienia Bernarda Kaszuby. 

130 FAPAK, Materialien beigebrachte von L. Lubecki, Bd. 1. 

131 AIPNG, Akta procesu Forstera, Sign. 230: Orzeczenie s�du wojskowego w Grudzi�dzu.

100 


Nach dem Schicken an die Front die Kaschuben vernichteten ihre Waffe und 

Munition. An dem Ostfront zeigten keinen Eifer und mehrmals entzogen sich von den 

Kriegshandlungen. Józef Horsta stammende aus dem bekannten kaschubischen Geschlecht 

wurde im Jahre 1940 als Wehrmachtsoldat an die Front nach Norwegen geschickt. Nach 

dem Beenden des Feldzuges bekam ein Urlaub und begab sich nach Bochum, wo damals 

seine nächste Familie wohnte. Dort wurde überraschend festgenommen 132 . Machte man 

ihm Prozess um Landesverrat, inforlge dessen ist zum Todesstrafe verurteilt und in 

Neubrandenburg enthauptet 133 . Dieser Fall ist keinesfalls vereinzellt 134 . Sachen dieser Art 

waren oft. Es steht darüber geschrieben in einem geheimen Schreiben des Inspektors des 

Sicherheitsdienstes vom 23. November 1942: „We wszystkich przypadkach w których 

�o�nierze wpisani do 3 grupy niemieckiej listy narodowo�ciowej jako �o�nierze armii 

niemieckiej z powodu umy�lnego samookaleczenia rozk�adania si�y zbrojnej, gro�enia 

prze�o�onym i winny sposób tak ci��ko wykraczaj� przeciw ustawom wojskowym, �e 

zas�u�yli na kar� �mierci albo kar� wi�zienia, nale�y krewnych ich aresztowa� i przekaza� 

do obozu Lebrechsdorf ( Potulice ) celem pó�niejszego wysiedlenia do Generalnej 

Guberni, poza tym nale�y spowodowa� natychmiastowe stwierdzenie niewa�no�ci 

wpisania do niemieckiej listy narodowo�ciowej dla wszystkich krewnych rodziny” 135 . 

Die Kaschuben kommende nach Hause zur Urlaub, waren für ihre Familien, 

Bekannten und konspirativen Abteilungen Informationsquelle über die Situation an den 

Fronten des Zweiten Weltkrieges. Sie übergaben auch Informationen der konspirativen 

Organisationen befindenden sich in den besetzten Ländern. Manche Soldaten nach den 

Möglichkeiten knüpften Kontakt mit dem alliierten Nachrichtendienst an, übergebend nicht 

selten sehr wichtige Militärinformationen. 

Ein Teil der Schaden tun man der deutschen Armee aus den religiösen Gründen an. 

Die Gestellungspflichtige fahrende zu ihren Ersatzeinheiten ab, bekammen von den 

Familien Anweisung sich in den eigenen Pflichten des Wehrmachtsoldates mit den 

Grundsätzen des Dekaloges zu führen. Obwohl nicht immer bestand solche Mäglichkeit 

und nicht jeder sich dazu angewendet, aber besonderen Druck legte man auf beachten des 

fünften Gebotes. Wenn es zu Notwendigkeit des Schießens zu den Personen auf der 

anderen Seite der Front kam, hat man in die Luft geschossen 136 . 

132 

G. Bojar-Fija�kowski, op. cit., S. 149. 

133 

Ibidem. Um sein Grab kümmert sich jetzt die örtliche Schuljugend. 

134 

W. Biega�ski, M. Juchniewicz, S. Ok�cki, Polacy w europejskim ruchu oporu 1939-1945, Warszawa 

1977, S. 170. 

135 

AIPNG, Sign. 232, Akta procesu Forstera. 

136 

Das Interview mit W�adys�aw Baranowski – aSA.

101 

QUI EST FRERE ET QUI EST ENNEMI ? 

LES POLONAIS DANS LA WEHRMACHT SUR LE TERRITOIRE FRANÇAIS 

Ma�gorzata GMURCZYK-WRONSKA * 

Le sujet ainsi formulé, peut suggérer la thèse, que la question « qui est frère qui 

ennemi » était particulièrement le problème des Polonais au service des Allemands, qui se 

sont trouvés sur le territoire français. Mais comme nous savons, les Polonais de la 

Wehrmacht étaient pratiquement partout ou il y avait l’armée allemande : en Yougoslavie, 

en Grèce, en Italie, en Union Soviétique, en Afrique du Nord et en France. Leurs attitudes 

étaient donc différentes et ici nous voulons réfléchir sur la nature de ces différences et leur 

provenance. 

Dans la littérature polonaise il manque une étude globale sur la participation des 

Polonais dans l’armée allemande et dans les groupes de travail militarisés. Cela résulte 

d’une grande dispersion des sources et de l’aspect du sujet qui est particulièrement difficile 

et délicat pour les familles des Polonais de la Wehrmacht. Les mots dans les documents 

« mort comme le soldat de la Wehrmacht » ont un poids très dur. Dans de nombreux cas 

nous ignorons la date et le lieu de la mort. 

Dans la littérature française ce problème occupe une place marginale. Les historiens 

soulignent le fait que des troupes allemandes en France étaient composées entre autres de 

soldats étrangers recrutés depuis 1942 des territoires de l'Est mais souvent sans préciser 

leur nationalités. Le mot dominant est « des gens de l'Est ». On peut ajouter que d'après 

François-Georges Dreyfus l'armée allemande en France comptait au début de 1944 environ 

1 400 000 hommes 1 . 

Jusqu’ici nous ne disposons pas de recherches statistiques pour répondre à la 

question combien de Polonais servaient dans l’armée allemande. Il en est ainsi parce que le 

recrutement était fait non seulement d’après la liste nationaliste, mais aussi d’après le 

régistre des Polonais destinés au service militaire. 

Nous disposons des témoignages et de quelques articles intéressants et des 

documents parlant de la politique nationaliste d’Hitler. 

Parmi quelques contributions à l’étude 2 nous trouvons les recherches plus 

approfondies de Konrad Ciechanowski 3 , de Leszek Ja�d�ewski 4 , de Andrzej Lebich 5 et de 

Ryszard Hajduk 6 . 

* Institut d'Histoire de l'Académie Polonaise des Sciences. 

1 F.-G. DREYFUS, Histoire de la Résistance, Paris 1996, Editions de Fallois, p. 401-402; J. CANAUD, Le temps 

des maquis. De la vie dans les bois à la reconquêdes cités 1943-1944, Paris 2003, Editions de l'Armançon, p. 

250-255. 

2 A. KILIAN, Hitlerowskie d��enie do pozbawienia obywatelstwa polskiego ludno�ci Pomorza Gda�skiego 

jako naruszenie "prawa mi�dzynarodowego", "Stutthof, Zeszyty Muzeum", nr2, 1977, s. 127-158. 

3 K. CIECHANOWSKI, Nastroje ludno�ci polskiej na Pomorzu Gda�skim w latach okupacji 1939-1945, w 

�wietle �róde�, "Zapiski Historyczne", 1979, z. 1; Pobór Polaków z Pomorza Gda�skiego do armii 

niemieckiej i zmilitaryzowanych oddzia�ów roboczych w latach II wojny �wiatowej, "Stutthof, Zeszyty 

Muzeum", nr 6, 1986, s. 41-66; Polacy z Pomorza w Wehrmachcie, Pomerania 1986, nr 11; Ruch oporu na 

Pomorzu Gda�skim w latach 1939-1945, Warszawa 1972. 

4 L. JA�D�EWSKI, Kaszubi a s�u�ba w Wehrmachcie, "Przegl�d Zachodni". S. 119-128; Problematyka 

kaszubska w polskiej prasie konspiracyjnej w latach 1941-1945, "Przegl�d Zachodni", nr 3, 1998, s. 186-196; 

Kaszubi w Wermachcie 1942-1945 w �wietle �róde� bibliograficzno-archiwalnych, Archiwa, Biblioteki i 

Muzea Ko�cielne, 73, 200, p. 215-225. 

5 A. LIEBICH, Na obcej ziemi. Polskie Si�y Zbrojne 1939-1945, Londyn 1947.

102 

Ma�gorzata GMURCZYK-WRONSKA 

Le problème des Polonais incorporés de force dans la Wehrmacht touche ceux qui 

vivaient sur le territoire annexé par le Reich. Selon le décret d’Hitler promulgué le 8 

octobre 1939, sur le partage et l’administration des territoires de l’Est (valable depuis le 1. 

XI, lequel, en réalité, entrait en vigueur le 26. X) les voïevodies : silésienne, posnaniénne, 

poméranienne, et en partie celles de Bialystok, de Kielce, de Cracovie, de Lodz, et de 

Varsovie ont été annexées 7 . D’après la conception politique de Hitler, tous les territoires 

polonais faisant partie de la Prusse à l’époque des partages, auraient dû être reincorporés 

au la IIIe Reich. Il est évident que cette conception-là fut en désaccord avec la loi 

internationale fondée sur la IVe convention de la IIe conférence de la Haye de 1907, 

signée, entre autres, par l’Allemagne. Hitler croyait qu’au moment de l’accord avec les 

pays occidentaux, le problème de cette incorporation serait indéniable. Comme il est connu 

– le deuxième article de cette convention limitait son application envers les pays 

signataires. « Le IIIe Chapitre du réglement de cette convention déterminait le pouvoir du 

temps de guerre sur le territoire occupé. D’après ce réglement-ci, l’occupation de guerre 

est l’exécution réelle du pouvoir par l’ennemi sur le territoire occupé. Par contre, les 

frontières de ce territoire ne changent pas de même que les citoyens n’acquièrent pas la 

nationalité du pays ennemi. Le décret d’Hitler du 8 octobre (...) sans rien dire sur la 

nationalité des habitants des territoires en question, y annonçait seulement la promulgation 

des règles spéciales (...). Pour justifier les faits, et les approprier à la loi en vigueur, les 

Allemands ont propagé la thèse du « debellatio » de la Pologne, ce qui signifiait le 

changement du souverain sur le territoire occupé. En conséquence le peuple du territoire en 

« debellatio » devait acquérir la nouvelle nationalité du pays souverain » 8 . Comme nous 

savons, le 4 mars 1941, le gouvernement du IIIe Reich, a décreté que le peuple vivant sur 

les territoires à l’Est incorporés au IIIe Reich, devrait être inscrit sur la liste nationaliste et 

divisé en quatre groupes. Ainsi le Ier et le IIe groupe, comprenaient les personnes de 

provenance allemande (selon le critère de leur appartenance aux organisations allemandes 

avant la guerre), le IIIe les personnes de provenance allemande polonisées dans le passé, 

qui pourraient retrouver leurs racines allemandes, et ceux dont la nationalité restait 

inconnue, avec le penchant vers la culture et la civilisation allemande – pour les hitleriéns 

c’étaient les habitants de la Silésie, la Poméranie, et de la Petite Poméranie. Au quatrième 

groupe appartenaient les personnes qui, au sens politique, étaient citoyens polonais. 

Le 10 février 1942 Himmler, le commissaire du Reich pour le renforcement et la 

propagation de la culture et de la civilisation allemande, Reichsführer SS et le chef de la 

police allemande, a signé un décret spécial, prévoyant tout un système de punitions envers 

les personnes qui s’échappaient de l’inscription sur la liste nationaliste, telles que le 

licenciement de leur travail, expulsions de leurs habitations, transports aux travaux forcés 

ou aux camps de conncentration 9 . Les participants à ces événements racontent « que 

chaque semaine partait un transport de recrues qui, se révoltant dans leurs cœurs, allaient à 

l’armée pour ne pas exposer leurs proches à la vengeance des Allemands » 10 . A la suite des 

repressions, un nombre des gens s’inscrivait sur la liste nationaliste, acceptant l’attitude de 

la résistance passive, propagée par le clergé et par le gouvernement polonais à 

l’émigration. Ces pratiques n’étaient pas fréquentes. Une petite partie de citoyens qui, 

d’après Czeslaw �uczak, constituait seulement un petit pourcentage du peuple polonais 

6 

R. HAJDUK, Problem Polaków by�ych �o�nierzy armii niemieckiej na posiedzeniach Komisji Wojskowej 

Rady Narodowej Rzeczypospolitej Polskiej w Londynie, "Studia �l�skie", t. XL, 1982, s. 345-409. 

7 

Cz. �UCZAK, Polska i Polacy w drugiej wojnie �wiatowej, Pozna� 1993, p. 91 

8 

K. CIECHANOWSKI, Pobór Polaków, p. 42. 

9 

Cz. MADAJCZYK, Polityka III Rzeszy w okupowanej Polsce, Warszawa 1971, t. I, p.. 378; Cz. �uczak, 

Polska i Polacy..., p. 148-150. 

10 

S. FIKUS, Luzino. Historia wsi i okolic w l. 1871-1985, Gda�sk 1992, p. 170.

Qui est frère et qui est ennemi ? Les Polonais dans la Wehrmacht sur le territoire français 103 

incorporé au IIIe Reich, s’inscrivait de son propre gré sur la liste nationaliste. Ajoutons que 

les Polonais constituaient 90% des incorporés du IIIe Reich 11 . Il y avait aussi des 

personnes qui choisissaient la vie clandestine au lieu de se trouver sur la liste. Nous savons 

donc que l’accès à l’armée allemande avait pour fondement les décrets forçant l’inscription 

des Polonais sur la liste nationaliste. D’autre part l’on peut dire que le recrutement des 

Polonais fut – selon la législation allemande – conforme à la loi et en réalité les 

incorporations massives se suivaient après 1942 et tout particulièrement, après le décret 

promulgué le 2 ocrobre 1942 par l’Oberkommando der Wehrmacht (OKW) lequel rendait 

légitime l’appel à l’armée de ceux qui appartenaient au troisième groupe d’après la liste 

nationaliste. Ici il faut ajouter que la loi allemande sur le service militaire de 1935, 

permettait d’appeler à l’armée les citoyens du Reich Allemand d’origine allemande sans 

accepter ceux d’origine étrangère 12 . Cela nous montre la contradiction avec le recrutement 

des personnes du IIIe groupe qui comprenait des personnes de nationalité méconnue. 

Cependant il y avait des cas de recrutement en septembre 1939 déjà et à la charnière de 

1939-40, où les questions de la nationalité n’étaient pas réglées. Les Allemands ont 

commncé à incorporer les Polonais dans l’armée, tout de suite après l’entrée à Cracovie, 

certaines donc de ces recrues furent tuées par des soldats polonais – leurs compatriotes, 

dans la bataille de Varsovie survenue à la fin de septembre 1939 13 . K. Ciechanowski 

mentionne des cas pareils en Silésie. En ce temps-là les autorités allemandes ont organisé 

le registre de la population. Dans le formulaire on posait les questions, entre autres, sur la 

nationalité et sur la langue dont on se servait. On énumerait trois nationalités: allemande, 

polonaise et silesiénne. Le régistre terminé, l’on procédait au recrutement qui a embrassé 

toutes les nationalités mentionnées. Les cas de recrutement dans la Wehrmacht avant 1942 

ont eu lieu aussi en Poméranie. Cependant ils furent moins nombreux et suivaient juste le 

décret du 4 mars 1941. K. Ciechanowski écrit « que les commissions recevant les 

demandes d’inscription sur la liste nationaliste, étaient obligées, juste après les avoir reçu, 

de les transmettre aux commandants militaires afin d’actualiser la liste des hommes soumis 

au service militaire. Il arrivait assez souvent que beaucoup de Polonais étaient appelés dans 

la Wehrmacht, avant de se trouver sur la liste nationaliste » 14 . Ceux parmi les Polonais qui 

n’avaient pas présenté leurs demandes d’être inscrits sur la liste nationaliste, ont reçu le 

statut de « protégés » du IIIe Reich Allemand et incorporés dans des détachements 

militarisés, dont l’Organisation Todt (où il y avait, au départ, des Allemands incapables au 

service militaire, ensuite des ouvriers forcés d’autres nationalités, provenant des pays 

occupés). 

L’HISTORIEN 

LE WALLENRODISME ? 

LA MEMOIRE DES PARTICIPANTS ET DES TEMOINS FACE AUX DILEMMES DE 

L’historien ne peut qu’essayer de présenter les attitudes des personnes participant 

aux événements importants et tragiques. Toutefois il n’est pas en mesure de présenter l’état 

de leur conscience. Ainsi les relations des témoins et des participants ne peuvent être 

décrites que comme « drames » ou « tragédies ». Il existe même dans la litterature 

scientifique, le fil dominant du wallenrodisme des Polonais incorporés à l’armée 

allemande, c’est-à-dire l’acceptation d’attitude pro-allemande apparente, du mépris des 

11 

Cz. �UCZAK, Polska i Polacy w drugiej wojnie �wiatowej, p. 152. 

12 

W. KOZACZUK, Wehrmacht 1933-1939. Rozbudowa si� zbrojnych Trzeciej Rzeszy jako narz�dzia presji, 

ekspansji terytorialnej i wojny, Warszawa 1978. 

13 

R. HAJDUK, Pogmatwane drogi, Warszawa 1976, p. 78-79. 

14 

K. CIECHANOWSKI, Pobór Polaków..., p. 49

104 


Allemands, caché derrière le servilisme. Konrad Wallenrod c’est un héros du poème de 

Adam Mickiewicz, notre plus grand poète romantique, qui, au nom du patriotisme s’était 

trouvé au service des Chevaliers Teutoniques, tout en agissant à leur perte. 

En examinant l’histoire politique, nous pouvons admettre que les politiciens – tôt 

ou tard se mettront d’accord. Plus nous descendons dans l’histoire « vue en bas », plus 

nous constatons la complexité de la matière étudiée. Les personnalités humaines ne 

forment pas d’images cohérentes, restent en dispersion, en désaccord, et constituent des 

configurations divergentes, tandis que des activités et des attitudes humaines sont 

provoquées plutôt par le hasard et par des erreurs que par les valeurs universelles. 

Le champ de recherches, proposé ici est très large, ne me permet pas d’entrer dans 

une analyse approfondie. Ce que je me propose c’est de présenter des fragments des 

événements et d’essayer de les illustrer. « Le frère » et « l'ennemi » c’est la configuration 

des pôles opposés qui, dans chaque situation déclenche le mécanisme d’attraction et de 

répulsion. Dans le cas des Polonais incorporés à l’armée allemande, nous devons répondre 

aux questions suivantes : à quel point avaient-ils la conscience d’être Polonais ? Et qu’estce 

que cette conscience voulait dire dans les conditions de guerre ? Depuis longtemps en 

Pologne on continue des recherches sur des questions nationalistes, sur des régions 

ethniques, incorporés à la suite des partages d’Etat polonais au XVIIIe siècle dans les 

domaines des trois pays envahisseurs 15 . Les historiens posent les questions sur la 

conscience nationale du peuple vivant en Silésie, en Poméranie de l’Ouest et de l‘Est, de 

Gdansk et du terrain posnanien d’où se recrutaient justement les Polonais incorporés à la 

Wehrmacht. Il est plus facile de définir la provenance et le nombre de recrues que de 

caractériser leur conscience nationale ou regionale. C’est pour cette raison que l’historien 

polonais Roman Wapi�ski utilise des mots de « petites patries des Polonais » en parlant de 

la Silésie, de la Poméranie et de la Petite Poméranie. 

En analysant des souvenirs, l’historien doit garder de la prudence et une distance 

toutes particulières. N’arrive-t-il pas que les relations sur le même événement sont à tel 

point différentes qu’elles provoquent l’impression de relater des événements différents ? 

Comme, très justement écrit D. Peschanski : « Le témoin tend à hiérarchiser les 

événements qu'on lui demande d'évoquer, en fonction de son expérience individuelle. 

L'importance des engagements militaires dans l'histoire d'un résistant peut l'amener aussi 

bien à surestimer la contribution de la résistance intérieure à la libération du territoire qu'à 

relativiser le poids des contraintes de la vie quotidienne » 16 . L’historien donc doit savoir 

plus que les témoins des événements. Pour éviter de fausses conclusions nous devons 

reconnaître les mécanismes qui opèrent dans le témoignage. Nous devons également 

reconaître qu'il n'y a pas d'unique vérité du témoin en situation, à telle date, dans telle 

situation. 

15 La littérature est très riche, entre autre il y a : L. BELZYT, Mi�dzy Polsk� a Niemcami. Weryfikacja 

narodowo�ciowa i jej nast�pstwa na Warmii, Mazurach i Powi�lu w latach 1945-1960, Toru� 1996 ; L. 

KOSI�SKI, Procesy ludno�ciowe na Ziemiach Odzyskanych w latach 1945-1960, Warszawa 1963 ; J. 

MISZTAL, Weryfikacja narodowo�ciowa na �l�sku Opolskim 1945-1950, Kraków 1984 ; A. SAKSON, 

Mazurzy-spo�eczno�� pogranicza, Pozna� 1990 ; J. JASI�SKI, Zagadnienia narodowo�ciowe w Prusach 

Wschodnich w XIX i XX wieku, Olsztyn 1993 ; W. JASTRZ�BSKI, J. SZILING, Okupacja hitlerowska na 

Pomorzu Gda�skim w latach 1939-1945, Gda�sk 1979 ; W. JASTRZ�BSKI, Polityka narodowo�ciowa w 

Okregu Rzeszy Gda�sk-Prusy Zachodnie (1939-1945), Bydgoszcz 1977 ; P. SEMKÓW, Polityka Trzeciej 

Rzeszy wobec ludno�ci polskiej na terenie by�ego Wolnego Miasta Gda�ska w latach 1939-1945, Toru� 

2001. 

16 D. PESCHANSKI, La bouche de la vérité. Effets pervers, Les Cahiers de l'IHTP, nr 21.


PARMI LES SIENS ET LES ETRANGERS 

Lors de la Seconde Guerre mondiale sur le territoire francais, il se trouvait plus de 

quatre cents mille Polonais. Après les Italiens et les Espagnols c’était la plus grande 

colonie. Un grand groupe provenait des descendants de l’émigration du XIXe siècle 

suivant l’insurrection de novembre, d’autres sont venus en France comme ouvriers 

industriels et agricoles, comme des étudiants, les derniers comme réfugiés en automne 

1939. Certains avaient la nationalité française, la plupart comme étrangers bénéficiaient du 

droit de séjour du gouvernement français, soumis à la législation durcie de Vichy envers 

ces groupes. Au sud de la France existaient Les Bureaux Polonais et la Croix Rouge 

Polonaise (associés au gouvernement polonais à Londres), qui avaient des fonctions 

tutélaires envers la nombreuse colonie polonaise. Même si le gouvernement de Vichy ne 

maintenait pas des relations diplomatiques avec le gouvernement polonais à Londres, il y 

avaient des contacts non officiels lesquels passaient par des étapes différentes en fonction 

de la pression allemande – de la tolérance, tout en contrôlant la situation des milieux 

polonais, - jusqu’à l’application des restrictions violentes policières envers des militants de 

la résistance polonaise liés au gouvernement de Londres et soutenant le Comité de la 

France Libre du général de de Gaulle. Le sort des institutions polonaises dépendait 

uniquement du degré d'engagement des autorités françaises dans la collaboration, tandis 

que le système juridique plus sévère envers les étrangers plaçait les contacts des Polonais 

avec les autorités françaises sur le plan du contrôle policier 17 . Bien qu’il soit difficile de 

parler de la coopération réelle au sein de la résistance française et polonaise, il faut 

mentionner ici la prise des contacts réciproques ou la réalisation des actions communes 

anti-allemandes. Les Polonais arrivant en France commes des soldats allemands 

rencontraient souvent leurs compatriotes. Selon leurs propres mots « ils se sentaient 

comme chez eux. A chaque pas ils rencontraient des Polonais, provenant très souvent de 

Silésie » 18 . Mais il y avait aussi des situations tragiques. Ces Polonais sous l'uniforme de la 

Wehrmacht, dans des commandos chargés de « nettoyer les bandes », se trouvaient parfois 

face à face, sans le savoir, avec d'autre Polonais combattant contre les nazis. Ces 

évènements s'inscrivent dans le contexte de l'époque tourmentée. Ne se trouvaient-ils pas 

sur le territoire de la France collaboratrice ou leur mission principale était de lutter contre 

les adversaires du système, autrement dit contre les membres de la Résistance. Il était 

d’ailleurs évident que les Polonais se réunissaient souvent et volontiers en gardant de la 

distance envers les Français. Jan Zamojski écrit que les Polonais de la Wehrmacht 

redoutaient une provocation de la part de la Gestapo. Dans la situation de la collaboration 

franco-allemande ils regardaient très souvent les Francais comme des exécuteurs de la 

volonté allemande. Ils redoutaient aussi la police française qui, collaborant avec la police 

allemande, faisait de nombreuses arrestations des Polonais 19 . D’autre part nous 

connaissons des exemples de la coopération avec les Français et du passage des soldats 

polonais de la Wehrmacht dans la Résistance française, ces cas restent rares et arrivent 

plutôt dans la période de la libération de la France par les Alliés. Ces contacts étaient 

arrangés le plus souvent par l’intermédiaire des maquis polonais. Néanmoins, il faut 

souligner que le fait de l’adhésion à une section maquisarde se faisait en résultat d’un 

simple hasard de la prise du contact et non pas à cause des idées politiques d’une personne. 

17 

M. GMURCZYK-WRO�SKA, Polska - niepotrzebny aliant Francji? (Francja wobec Polski w latach 1938- 

1944), Warszawa 2003. 

18 

R. HAJDUK, Pogmatwane drogi, p. 206 

19 

J. ZAMOJSKI, Polacy w ruchu oporu we Francji. Wroc�aw 1975, p. 203; D. PESCHANSKI, S. COURTOIS, Le 

Sang de l'étranger: les immigrés de la MOI dans la Résistance, Paris, Fayard 1989.

106 


POUR QUE VIVE LA FRANCE ET POUR QUE VIVE LA POLOGNE 

Les premiers rapports de l’accès des Polonais aux Forces Militaires Polonaises à 

l’Ouest arrivaient dèjà en 1941 de l’Afrique du Nord, plus souvent en 1943 et surtout en 

1944. 

Nous ignorons le nombre exact de Polonais de la Wehrmacht qui se trouvaient sur 

le territoire français. Jan Zamojski, se servant des sources officielles (dépêches et des 

rapports des membres de la résistance polonaise en France), constate qu’en 1944 le nombre 

des déserteurs de la Wermacht (sans les membres de la OT) incorporés ensuite aux Forces 

Polonaises, fut environ 35 000 officiellement, et approximativement environ 70 000 20 . 

Ryszard Hajduk, à son tour cite le nombre de 7 000 des Polonais de la Wehrmacht 

seulement du territoire français qui ont rejoint l’armée polonaise, et 90 000 de tous les 

Polonais qui, en 1944, sont entrés à l’armée polonaise 21 . 

Le gouvernement polonais à Londres dès le début soutenait l’action de la désertion 

des Polonais de la Wehrmacht. Il existait en France des organisations polonaises qui 

réalisaient le programme du dégagement des Polonais de la Wehrmacht non sans aide de la 

Résistance Française 22 . D’autre part, en automne 1944 il y avait en France, des 

organisations communistes liées à Moscou ainsi que des agents soviétiques – qui, offrant 

de l’argent faisaient des efforts pour gagner les Polonais de la Wehrmacht à leur cause. Des 

soldats ainsi reconquis, furent ensuite transportés à l’armée polonaise du général Berling 23 , 

formée en Union Soviétique et qui, au fur et à mesure du déplacement du front de l’Est, 

entrait avec l’armée soviétique sur les terrains polonais. En conséquence – comme nous le 

savons – à Lublin le Comité Polonais de la Libération Nationale, fut transformé ensuite en 

Gouvernement Provisoire. Malheureusement nous savons très peu sur ces actions-là qui 

pourraient être expliquées et analysées après l’accés aux sources dans les archives russes. 

Nous savons d’autre part que des organisations communistes polonaises collaboraient avec 

le Parti Communiste Français. On se servait ainsi du réseau propagandiste afin d’attirer les 

Polonais de la Wehrmacht dans l’organisation communiste clandestine. Grâce à cette 

coopération ont paru 10 numéros de la revue adressée spécialement aux soldats de l’armée 

allemande intitulée « Les Polonais dans la Wehrmacht ». On y publiait des texte 

propagandistes, (afin d’influencer le psychique des gens). Dans l’un des numéros de cette 

revue nous pouvons lire des mots suivants : « Frère Compatriote, Par force on t’a mis sur le 

dos cet uniforme allemand détésté, et donné l’arme à la main. On t’a dit de tuer et de périr 

pour que les Prussiens puissent sévir (...) Ils t’ont chassé en France et ordonné comme à ce 

chien de garde attaché: « Couche! » Que le Francais reste immobile pendant que le 

Prussien dans notre patrie sème la mort et le désastre (...) Frère soldat! Tu portes 

l’uniforme allemand pourtant tu n’es pas allemand mais polonais (...) Ta place est là ou nos 

aviateurs héroïques avec leurs collègues britanniques et américains battent l’ennemi. Ta 

place est aussi là ou, à côté de l’Armée Rouge et de l’Armée Tchécoslovaque, la Division 

Tadeusz Ko�ciuszko mène son combat. Ta place est de même ici sur la Terre Française, où 

à côté du peuple français, des ouvriers polonais se battent contre le tyran commun » 24 . Ces 

mots-là devaient parvenir aux simples gens très souvent arrachés de leurs maisons et 

milieux et qui en France rencontraient des Polonais combattant les nazis. 

20 J. ZAMOJSKI, Polacy w ruchu oporu we Francji, p. 200. 

21 R. HAJDUK, Problem Polaków by�ych �o�nierzy armii niemieckiej na posiedzeniu Komisji Wojskowej Rady 

Narodowej Rzeczypospolitej Polskiej w Londynie, "Studia �l�skie", t. XL, 1982, p. 350-351. 

22 J. ZAMOJSKI, Polacy w ruchu oporu we Francji, p. 199-205. 

23 Wypowied� genera�a Kukiela na posiedzeniu Komisji Wojskowej Rady Narodowej RP odbytego d. 9 

listopada 1944, "Studia �l�skie", p. 377 

24 R. HAJDUK, Pogmatwane drogi.., p. 210-211.


D’autres informations sont fournies par des rapports sur des actions 

organisées pour attirer des Polonais de la Wehrmacht. Nous y apprenons également 

comment les Polonais organisaient par leurs propres moyens le passage au moment où les 

Alliés entraient en France. Dans l’un des rapports du Major des Forces Françaises de 

l’Intérieur Castello (Alpes-Maritimes) nous lisons que les Polonais incorporés à l’armée 

allemande « (…) se sont montrés hostiles aux allemands, nourissant une haine profonde 

pour leurs oppresseurs et n’attendaient qu’un moment favorable pour nuire aux nazis et 

déserter, ce qui a énormement facilité la tâche de la Résistance et des Alliés dans leurs 

entreprises contre l’ennemi. Parlant moi-même polonais et ayant dans mon groupe des 

sous-ordres connaissant également cette langue j'ai pu entretenir des relations très étroites 

avec des Polonais enrôlés de force dans l'armée allemande et y maintenir dans les rangs 

ennemis des soldats (polonais d'origine, gagnés à notre cause) comme agents 

propagandistes anti-nazis, fournisseurs des armes et munitions (dérobées par eux) à la 

Résistance, organisateurs des désertions et préparateurs de la réddition massive des unités 

entières. Malgré la surveillance desAllemands qui leur défendaient tout contact avec la 

population civile, les Polonais saisissaient chaque occasion pour entrer en relations suivies 

avec ceux qui combattaient les Allemands, en s’engageant dans les organisations 

clandestines polonaises des Alpes Maritimes dont certains membres faisaient en même 

temps partie de mon groupe et un de ses chef colonel Zakrzewski (dit Bruno) était souvent 

confondu par les soldats polonais avec moi. D’autres, sans liaison avec les Polonais, se 

mettaient sous les ordres des groupements de la Résistance Française. Malgré l'interdiction 

de parler leur langue maternelle, ils y passaient outre et ne parlaient que le polonais entre 

eux ce qui nous permettait de les reconnaître pour entre en contact avec eux. (...) 

Nombreux, ils désertèrent pour se cacher ou passer au Maquis, où ils ont pu servir 

d'exemple de courage et de dévoûment à la cause commune » 25 . 

Par ailleurs nous lisons dans des mémoires une histoire d’un Polonais de Silésie, le 

soldat de la Wehrmacht, Wilhelm (Guillaume) Pora�a, le professeur d’une école de 

Kochcice, qui, à la fin du 1942, s’était trouvé dans la Wermacht, au début de 1944 est 

arrivé en France à Sisteron dans les Alpes. Sur l’un des sommet du massif Rocher de la 

Baume, à l’époque encore du cardinal Richelieu, des souverains provencaux ont bâti une 

citadelle inaccessible, changée par les nazis en prison. Ce lieu jouait un grand rôle dans le 

contrôle stratégique des Alpes Provençales et Méditéranéennes, ainsi que de la Haute 

Savoie, occupée déjà par les soldats de la Résistance Française. Après une bataille avec les 

maquisards, les nazis ont emprisonné dans la citadelle 150 personnes parmi lesquels il y 

avait aussi des Polonais. Les prisonniers étaient surveillés entre autres par Wilhelm Pora�a 

et par Bronis�aw Skórka. Il faut ajouter que ces deux Silésiens donnaient souvent « des 

concerts » dans les cafés, en jouant au violon et à l’accordéon des chansons populaires 

silésiennes, françaises et allemandes. Grâce à ces « concerts » ils se sont fait remarqués par 

des adhérents de la Résistance Française qui, à leur tour, les ont mis en contact avec les 

commandants. Finalement Pora�a et Skórka ont aidé à libérer les prisoniers en passant très 

vite aux Forces Militaires Polonaises 26 . 

Les divisions de la Wehrmacht foisonnaient de Silésiens et de Poméraniens. Ceuxci 

cherchaient volontiers le contact avec la population locale, et très prudemment avec la 

Résistance. Ils formaient des groupes antifascistes en faisant du sabotage et de petites 

actions armées, très héroïques. Non loin de Grenoble, à Villard de Lans, il y avait le 

gymnase polonais dont le directeur Ernest Berger provenait de la Silésie des environs de 

Cieszyn. Les élèves de ce gymnase participaient à de nombreuses actions militaires avec 

les soldats de la Résistance Française. Ils organisaient des « exercices » pour les Polonais 

25 Ce fragment a été cité par J. Zamojski, Polacy w ruchu oporu, p. 200. 

26 R. HAJDUK, Pogmatwane drogi, p. 199-201.

108 


qui désertaient de la Wehrmacht. Les Polonais, eux-mêmes créaient très souvent des 

sociétés et des groupes clandestins. Nous apprenons, par exemple, l’existence de la Société 

de « Peau de Chagrin », organisée par des Polonais en service dans le 108e regiment des 

grenadiers partie de la 38e division des grenadiers, stationnant à Nantes comme groupe 

occupant. Cette société groupait 27 Polonais qui maintenaient des contacts avec la 

Résistance Française. Denoncés, ils furent arrêtés. Cinq d’entre eux ont été condamnés à 

mort, les autres à 15 ans de prison. Deux ont réussi à s’evader et à rejoindre le maquis 27 . 

Non loin de Combria, des maquisards, déserteurs de la Wehrmacht, participaient à 

l’action de faire exploser un train allemand transportant des munitions. Nous avons un 

autre exemple à Niort (dans le département des Deux-Sèvres) d’une section de 80 

personnes, dont la moitié étaient des déserteursde la Wehrmacht. Nous savons aussi, que 

dans la région de la Savoie fonctionnaient des sections polonaises qui groupaient les 

déserteurs de la Wehrmacht. On peut, bien sûr, multiplier les exemples. Nous n’aurons 

toutefois pas de réponse à la question si les soldats qui désertaient la Wehrmacht, le 

faisaient pour des motifs patriotiques ou, s’ils étaient motivés par une sorte 

d’opportunisme. Néanmoins il faut ajouter que des Polonais dans la Wehrmacht se sont 

inquiétés pour leurs familles. Dans le cas de désertion leurs proches étaient touchés par la 

répression. 

Au moment de l’entrée des Alliés en France, des soldats incorporés de force à la 

Wehrmacht, désertaient en foule saluant avec de la joie des soldats polonais, des soldats 

français, américains et britanniques. Voilà l’un d’eux en août 1944 aux environs de 

Chambois : „ En ce moment il voit deux soldats en uniformes allemands qui sortent du 

fossé et avancent directement vers les tank. Ils demandent en polonais- « Vous êtes bien 

Polonais ? Oui, bien sûr – qui pourrons-nous être? – on répond du tank; Oh, Jesus Marie, et 

là, dans cette forêt devant vous il y a plein de Polonais (...) emmenez-nous avec vous ! J’y 

ai bien rêvé pendant cinq ans... » 28 

On peut dire qu'un large front anti-hitlérien s'est mis en place et qui a été cimenté 

avec l'entrée sur le territoire français des forces alliées. Pourtant avec les Polonais 

incorporés de force dans la Wehrmacht, débute le problème vraiment tragique et complexe 

des gens qui se disent « malgré-nous ». 

27 R. HAJDUK, Pogmatwane drogi, p. 203; K. Ciechanowski, Pobór Polaków..., s. 54-55. 

28 K. PRUSZY�SKI, Czarna Brygada, "Literatura", 27 XII 1979, p. 3.

109 

DEUTSCHE BESATZUNGSHERRSCHAFT IN POLEN 1939-1945 

ANNEXIONSPOLITIK – BEVÖLKERUNGSTRANSFER – TERROR – VERNICHTUNG 

Bernd MARTIN * 

Kein anderes Land in Europa war während des Zweiten Weltkrieges so lange von den 

Deutschen besetzt wie Polen – keine andere Nation hat solche Opfer an Menschen und materiellen 

Werten erbracht wie die polnische. Nahezu fünfeinhalb Jahre standen Soldaten der Wehrmacht, 

Spezialtruppen der SS und andere militärische Sondereinheiten auf polnischem Territorium, 

begleitet von einer zahllosen Schar dienstverpflichteter oder auch freiwillig zum Osteinsatz 

aufgebrochener ziviler Administratoren, die sich des Gewalt- und Vernichtungsapparats häufig 

nach Gutdünken bedienten oder auch mit ihm haderten. Die Nationalsozialisten verwandelten 

Polen in ein Totenhaus und brachten das polnische Volk an den Rand seiner physischen Existenz. 

Von den bei Kriegsbeginn im Lande beheimateten 35.1 Millionen Menschen lebten bei Kriegsende 

etwa 6 Millionen nicht mehr. Die überwältigende Mehrheit von ihnen waren Zivilisten und Opfer 

deutscher Besatzungspolitik, auch wenn die sowjetische Besatzungszeit in Ostpolen von etwa 19 

Monaten ebenfalls ihre Blutspuren hinterlassen und in ethnischen Konflikten mit den Ukrainern 

viele Polen, etwa 100.000, ihr Leben gelassen hatten. Die deutsche Besatzungsherrschaft in Polen 

läßt sich bestenfalls mit einem ähnlichen Vorgehen in Serbien und ab Juni 1941 auf dem Gebiet der 

Sowjetunion vergleichen, entzieht sich aber der europäischen Dimension. Das besetzte Frankreich 

und das besetzte Polen sind im Grunde nicht vergleichbar. 

Die historischen Wurzeln der nationalsozialistischen Gewaltpolitik liegen – auch wenn 

diese Kontinuitäten von Bismarck zu Hitler in der polnischen Geschichtsschreibung überbetont 

wurden – im deutsch-polnischen Nationalitätenkonflikt der letzten Hälfte des 19. Jahrhunderts – 

nichtzuletzt eine Folge der gemischten germanisch-slawischen Siedlungsform in Ostmitteleuropa. 

Diese wiederum bildete eine Voraussetzung für die gigantischen Volkstumsplanungen 

(„Gerneralplan Ost“) der SS im Bunde mit den deutschen Besatzungsbehörden zur Gestaltung des 

deutschen Lebensraums im Osten. Hingegen bestand im Westen des Deutschen Reiches zur 

romanischen Welt eine klare Sprach- und Siedlungsgrenze (Elsaß-Lothringen als Mischform seit 

1648 einmal ausgenommen). In Ostmitteleuropa lebten auf einem Streifen von über 1.000 

Kilometern Breite deutsche Siedler meist auf ethnischen Inseln inmitten der slawischen Welt. 

Deutsche Kolonisten waren selbst an der Wolga in Georgien und Moldawien auszumachen. 

Hitler mit seiner rassenideologisch fundierten Weltanschauung ging es nicht um Danzig, 

für das auch aus seiner Sicht kein deutscher Soldat sterben sollte; es ging dem deutschen „Führer“ 

auch nicht um Polen, sondern es ging ihm ausschließlich um die deutsche Neugestaltung dieser 

östlichen, von deutschen Inseln durchsetzten russischen Weiten, um auf der Grundlage dieser 

territorialen Ostexpansion das Deutsche Reich zur Weltmacht zu erheben. Die westslawischen 

Randvölker Polen, Tschechen, Slowaken und Slowenen galten aus der rassenpolitischen 

Perspektive, aber auch aufgrund jahrhundertelanger engster Beziehungen mit dem deutschen 

Kulturraum als germanisch durchsetzt bzw. langfristig eindeutschungsfähig und sollten folglich bei 

der großen völkischen Flurbereinigung als Mittler und Verbündete agieren. In Hitlers politischem 

Leitfaden „Mein Kampf“ kommen Polen, auch die Nationalitätenkämpfe mit ihnen, nicht vor. Bis 

zum Mai 1939, als der Sicherheitsdienst erstmals mit der karteimäßigen Erfassung der polnischen 

Führungsschicht betraut wurde, existierten in Berlin keinerlei Planungen zu einem deutschen 

militärischen Vorgehen und der Besetzung des Nachbarlandes. 

Im Gegenteil – das Verhältnis von Hitler-Deutschland zu Pi�sudskis Polen war seit dem 

Freundschafts- und Nichtangriffspakt vom Januar 1934 von einer gewissen Herzlichkeit und 

gemeinsamen Interessenlagen gegenüber Juden und Bolschewisten bestimmt gewesen. Die 

* Professeur à l’Université Albert Ludwig – Fribourg.

110 

Bernd Martin 

nationalsozialistische Führung, vorab der Österreicher Hitler, galten aus polnischer Sicht als weit 

umgänglicher denn die preußisch-deutschen Politiker des Kaiserreiches oder der Weimarer 

Republik. Die abrupte Beendigung der revisionistisch-antipolnischen Politik der Weimarer Zeit, in 

der Polen gemeinhin als ‚Saisonstaat‘ oder ‚Versailler Bastard‘ galt, schien eine solche polnische 

Neueinschätzung zu bestätigen. Tatsächlich wünschte Hitler und mit ihm, auch aus machtpolitischen 

Erwägungen, die gesamte Führungsriege, einschließlich der Außenminister von 

Neurath und Ribbentrop, Polen als Verbündeten gegen die Sowjetunion zu gewinnen, sogar um den 

Preis des Verzichts auf die 1919 an Polen abgetretenen deutschen Ostgebiete (Westpreußen, 

Provinz Posen, Oberschlesien). Die Forderung nach einer Rückkehr Danzigs und exterritorialen 

Verkehrswegen durch den Korridor nach Ostpreußen war imgrunde so maßvoll, auch aus der Sicht 

westeuropäischer Politiker, daß sie ein Weimarer Politiker nie hätte vorbringen können. Eine 

Repressions- oder etwa sogar Vernichtungspolitik gegenüber Polen, wie gegenüber Juden und 

Bolschewiki, war daher von Hitler ursprünglich nicht beabsichtigt. 

Das antipolnische Feindbild, in den damaligen Medien auf Geheiß von Goebbels jahrelang 

unterdrückt, konnte jedoch mit der Zuspitzung der europäischen Krise im Sommer 1939 ohne 

größere Mühen wiederbelebt werden. Nunmehr knüpfte die nationalsozialistische Propaganda 

nahtlos an die antipolnischen Klischees des deutschen Ostmarkenvereins von der „polnischen 

Wirtschaft“ und der Minderwertigkeit der Polen sowie an die Haßtiraden der in Polen verbliebenen 

Volksdeutschen an, die nach Jahren der Unterdrückung auf Rache sannen. Bei Hitler selbst dürfte 

noch das Moment der Enttäuschung oder des Gefühls, betrogen worden zu sein (ähnlich wie später 

in seiner harten Reaktion auf den Putsch in Belgrad 1941) hinzugekommen sein, das ihn erstmals 

am 22. August, in einer Ansprache vor den Spitzen der Wehrmacht, verleitete, Polen der 

Vernichtung preiszugeben und „brutales Vorgehen“ anzumahnen. Der für den Osten geplante 

völkische Vernichtungskrieg wurde nunmehr auf Polen ausgeweitet, das Land zum 

Experimentierfeld des trotz der Vereinbarung mit Stalin weiterhin anvisierten großgermanischen 

Lebensraumkrieges. Mit dem Tag des deutschen Überfalls auf Polen wurde das alles 

vorweggenommen, was dann ab dem 22. Juni 1941 für den Rußlandkrieg im größeren Maßstab 

symptomatisch wurde: Terror gegenüber einer als minderwertig angesehenen einheimischen 

Bevölkerung, konsequente Vernichtung der politischen Führung des Landes, Ausrottung der 

„jüdischen Volksschädlinge“ und materielle Ausplünderung des Landes. 

Bei dem bevorstehenden Feldzug in Polen sollte die vollziehende Gewalt, d.h. die 

ungeteilte Herrschaft, beim Heer liegen. Doch der Einsatz von sechs Sonderkommandos, der 

bezeichnenderweise als „Unternehmen Tannenberg“ firmierte, deutete auf ein duales Vorgehen hin, 

den Gegner militärisch zu schlagen und die Träger des nationalen Gedankens sowie die Juden zu 

„exterminieren“. Schon der Sieg sollte – wie einst die Schlacht von Tannenberg im August 1914 – 

überwältigend sein und jede Form weiteren Widerstehens vereiteln. Obwohl während der 

Kampagne in Polen die Haager Landkriegsordnung – ganz im Gegensatz zum späteren 

Unternehmen Barbarossa – auch für die Wehrmacht galt, setzten sich Heer und Luftwaffe teilweise 

über diese Bestimmungen hinweg und, wenn sie ihn nicht selbst führten, ermunterten zum 

rassenideologischen Vernichtungskrieg. Entgegen den völkerrechtlichen Normen wurden noch 

während der Kampfhandlungen polnische Kriegsgefangene, etwa tausend, und etwa 1200 

vermeintliche Partisanen ohne entsprechende kriegsgerichtliche Verfahren erschossen. Die 

deutsche Luftwaffe bombardierte mit beispielloser Brutalität vom ersten Tag des Krieges 

Wohnbezirke in den Städten, vor allem in Warschau. Da mit den militärischen Dienststellen zivile, 

meist von der Partei bemannte Dienststellen und der SS unterstellte Sicherheitskräfte einzogen, 

entstand das wohl beabsichtigte Chaos in der Verwaltung, das Willkürakten Tür und Tor öffnete. 

Radikale Befehle Himmlers, polnische Aufständische und Partisanen zu erschießen, waren 

bereits vor Bekanntwerden der Vorgänge in Bromberg ergangen. Der „Bromberger Blutsonntag“, 

die Erschießung von Volksdeutschen durch zurückflutende polnische Truppeneinheiten, diente 

nur zur Legitimation der harten deutschen, längst geplanten und schon praktizierten 

Besatzungspolitik. An den damals amtlich vom Auswärtigen Amt ermittelten 5400 ermordeten 

Volksdeutschen, heutige Schätzungen sprechen von maximal 3841 Personen, machte die Goebbels-

Deutsche Besatzungsherrschaft in Polen 1939-1945 ... 111 

Propaganda 58 000 und zog das Weißbuch der Diplomaten kurzerhand aus dem Verkehr. Mit der 

propagandistischen Verhetzung der Truppe und der deutschen Minderheit eskalierte der Terror 

weiter. Der „volksdeutsche Selbstschutz“ ging gegen sog. „polnische Verräter“ schonungslos vor. 

Vor allem in den ehemals ethnisch gemischten Gebieten Westpreußens tobten sich die niederen 

Instinkte der zwei Jahrzehnte gedemütigten Volksdeutschen an ihren polnischen Nachbarn aus und 

diskreditierten von Kriegsbeginn alle in Polen lebenden Deutschen als Speerspitze und Handlanger 

des deutschen Terrorapparates. Allein im neu gegründeten Reichgau Danzig- Westpreußen wurden 

im ersten halben Jahr der Besetzung etwa 60 000 Polen von diesen Sonderformationen, häufig mit 

Unterstützung der SS oder flankierenden Hilfeleistungen der Wehrmacht ermordet. Wohl beklagte 

sich Generaloberst Blaskowitz, Kommandeur der 8. Armee, persönlich bei Hitler über die Exzesse 

der Sondereinheiten, doch eine Änderung der Besatzungspolitik nach dem Ende der Kampfhandlungen 

war nicht zu erwarten. 

Im Gegenteil, die Vorbehalte der Militärs gegen diese Form der Inbesitznahme eines 

Landes bestärkten Hitler in seiner Auffassung, daß die Wehrmacht für diese neuartigen Aufgaben 

zu „weich“ sei und die militärische durch eine zivile Verwaltung abgelöst werden müsse. Am 25. 

Oktober 1939 fand die Militärherrschaft ihr Ende. Die Bilanz der ersten 8 Wochen deutscher 

Herrschaft in Polen schloß mit ca. 20 000 Toten, darunter die ersten Opfer der Euthanasie-Aktion 

und von Juden- Pogromen. Die Wehrmacht, deren Truppen im besetzten Polen in reduzierter Form 

stationiert blieben, wurde fortan zum stillen Zuschauer einer willkürlichen Besatzungspolitik, deren 

Folgen, die wachsende Zahl von Aufständischen, sie im letzten Kriegsjahr, vor allem beim 

Warschauer Aufstand 1944, zu spüren bekam. Die Wehrmacht hatte sich in Polen bereits Ende 

1939 ihres tradierten preußischen Ehrencodexes begeben und zum Handlanger eines Rassenkrieges 

degradieren lassen. Die als glanzvoll empfundene Kampagne in Frankreich im Frühsommer 1940 

ließ diesen Makel schnell wieder vergessen. Der Schild der Wehrmacht war nach dem Sieg über 

Frankreich unbefleckt – das deutsche Vorgehen in Polen längst aus dem Zentrum des öffentlichen 

Interesses gerückt. 

Unmittelbar nach der Flucht der polnischen Regierung nach Rumänien, wo sie interniert 

wurde, und der Kapitulation der Masse der polnischen Verbände, war in Berlin noch keine 

Entscheidung über das weitere Schicksal des polnischen Staates getroffen. Hitler wollte sich die 

Option eines polnischen Reststaates, etwa in der Größe eines verkleinerten Kongress- Polens, offen 

lassen, um über dieses Pfand Polen wieder mit den Engländern ins Gespräch zu kommen. Als 

jedoch die britische Seite alle Friedenssondierungen brüsk zurückwies, entschied Hitler am 8. 

Oktober 1939 das eroberte polnische Gebiet neu aufzuteilen, von einer Wiederherstellung Polens 

auch mit Rücksicht auf die im Osten des Landes stehenden Sowjets abzusehen und sich endgültig 

zur Zerstörung von Staat und Volk zu bekennen: „Harter Volkstumskampf gestaltet keine 

gesetzlichen Bindungen“ (17. Oktober 1939). Am 8. Oktober wurde die neue territoriale 

Gliederung Polens befohlen, einen Tag zuvor hatte Hitler gewissermaßen als Garanten einer 

radikalen völkischen Politik Himmler zum „Reichskommissar für die Festigung des deutschen 

Volkstums“ ernannt. Fortan beherrschte die SS neben dem Sicherheitsapparat auch noch die 

gesamte Bevölkerungspolitik. 

Das in deutscher Hand befindliche Polen wurde prinzipiell geteilt. Die westlichen Gebiete 

wurden völkerrechtlich vom Reich annektiert (im Falle von Elsaß- Lothringen kam es später zu 

einer de facto Annexion, aber keiner staatsrechtlichen). Das östliche kernpolnische Gebiet 

zwischen Warschau und Krakau erhielt den Status eines dem Reich lose angegliederten 

Territoriums. Euphemistisch in Erinnerung an die (relativ positiv zu bewertende) deutsche 

Besatzungspolitik im Ersten Weltkrieg „Generalgouvernement“ genannt, handelte es sich in 

Wirklichkeit um eine Art deutscher Kolonie. Im Westen wurden zwei neue Reichsgaue, Danzig- 

Westpreußen unter der Führung von Albert Forster und Wartheland unter Arthur Greiser an der 

Spitze gebildet. Oberschlesien wurde an Schlesien angegliedert. Die beiden neuen Unterführer 

verband ihre Doppelfunktion, sowohl Reichsstatthalter als auch Gauleiter in einer Person zu sein. 

Was in Ostpreußen unter dem dort selbstherrlich waltenden Gauleiter Erich Koch schon seit 1933 

erfolgreich praktiziert wurde, die Vermischung von Partei- und Regierungsämtern, das wurde

112 

Bernd Martin 

nunmehr auf die beiden neuen Reichsgaue übertragen. Verwaltungs- und Parteiämter waren nicht 

nur an der Spitze, sondern auch auf den unteren Ebenen in einer Hand. Funktionäre der Partei und 

SS- Ränge hatten somit direkten Zugriff auf die Bevölkerung und prägten das Bild von der 

deutschen Besatzungsmacht ganz wesentlich. 

Die territoriale Annexion hatte sich keinesfalls mit der Wiederherstellung der alten 

deutschen Ostgrenze von 1914 zufrieden gegeben, sondern bis über 200 Kilometer darüber hinaus 

gegriffen. Ostpreußen wurde um Neu-Südostpreußen, das schon einmal von 1795 bis 1807 

preußisch regiert war, erweitert (Regierungsbezirk Zichenau) und erhielt 1941 noch den Rayon 

Suwalki zugeschlagen, Gebiete, in denen es nicht einmal eine nennenswerte volkdeutsche 

Minderheit gab. Doch das Territorium des ehrgeizigen Unterführers Koch hatte sich enorm 

vergrößert. Die annektierten Agrargebiete sollten die Versorgung des längerfristig zu 

industrialisierenden alten Ostpreußens dienen und bekamen damit die gleiche Funktion zugewiesen 

wie das Generalgouvernement gegenüber dem Reich. Hingegen sollten die beiden neuen Gaue zu 

Mustergauen umgestaltet werden, in denen die Landwirtschaft zwar Priorität haben sollte, aber 

auch die alten polnischen Industriestandorte wie z.B. Lodz (=Litzmannstadt) in Musterstätten 

deutscher handwerklicher Tüchtigkeit überführt werden. Insgesamt kamen mit den annektierten 

Gebieten etwa 10 Millionen Einwohner unter deutsche Herrschaft. Von ihnen läßt sich etwa eine 

halbe Million als Deutsche bezeichnen. Da die annektierten Gebiete imgrunde polnisch besiedelt 

waren, blieb zur besseren Kontrolle die alte Reichsgrenze als Polizeigrenze bestehen. Die Zoll- und 

Währungsschranke wurde hingegen an der neuen, nur schlecht kontrollierbaren Demarkationslinie 

zum Generalgouvernement installiert. Die beiden neuen Reichsgaue gehörten wie die Ostpreußen 

zugeschlagenen Gebiete und Oberschlesien fortan zum deutschen Wirtschaftsraum. Doch die neuen 

Grenzen waren weitgehend offen und ermöglichten illegale Übertritte wie einen großangelegten 

Schmuggel, der weitgehend in deutschen Händen liegen sollte. 

Ursprünglich sollte die Masse der polnischen Bevölkerung aus den neuen Reichsterritorien 

in das Generalgouvernement zwangsumgesiedelt werden. Die beiden Mustergaue sollten Platz für 

deutsche Neusiedler, aus dem Kriege heimgekehrte Wehrbauern und nichtzuletzt für die im 

Rahmen des Hitler-Stalin-Paktes aus der Sowjetunion ausgesiedelten Volksdeutschen bieten. Nach 

wilden Austreibungen auf dem Lande in Westpreußen fand die erste Massendeportation bereits 

anfang Dezember 1939 statt. Knapp 90.000 Polen und Juden wurden unter Hinterlassung ihrer 

gesamten Habe nach Osten deportiert, wo man für die Aufnahme nicht vorbereitet war. Insgesamt 

wurden bis zum Beginn des Rußlandfeldzuges 365.000 Einwohner der eingegliederten Gebiete in 

das Generalgouvernement abgeschoben. Viele von ihnen kehrten über die grüne Grenze wieder 

zurück oder wurden Opfer deutscher Razzien und fanden sich als Zwangsarbeiter im Altreich 

wieder. Da weitere Umsiedlungsaktionen großen Stils an den Transportkapazitäten der Reichsbahn 

und am energischen Einspruch von Hans Frank, dem Generalgouverneur, scheiterten, sollte die 

Eindeutschung der Gebiete durch innere Umsiedlungen und Aufnahme des „rassisch wertvollen 

Teils“ der Polen in die deutsche Gemeinschaft gefördert werden. Die landwirtschaftlich 

ertragreichen Gebiete sollten langfristig in deutsche Hände gelangen und die polnischen Bauern, 

sofern sie nicht als Landarbeiter auf ihrem ehemaligen Besitz verblieben, in sog. „fremdvölkischen 

Reservaten“, mit schlechten Böden zusammengefaßt werden. 

Über die bereits im Oktober 1939 eingeführten deutschen Volkslisten sollten polnische 

Staatsbürger deutscher Abstammung erfaßt und „in den deutschen Volksstamm eingegliedert“ 

werden. Insgesamt waren vier Kategorien vorgesehen, von denen die erste und zweite Gruppe im 

wesentlichen die Volksdeutschen umfaßte. Gruppe drei war für deutschstämmige Polen, d.h. solche 

mit deutschen Vorfahren, vorgesehen. Die letzte Gruppe 4 war für Renegaten gedacht, die sich als 

ehedem Deutschstämmige zum Polentum bekannt hatten. Die deutsche Volksliste wurde 

entsprechend den örtlichen Gegebenheiten sehr unterschiedlich gehandhabt. Diente sie in 

Westpreußen und in Oberschlesien der Integration gemischter Ethnien wie der Slonsaken und 

Kaschuben, in das Deutschtum, so wurde die Liste im Warthegau, nichtzuletzt auf Anordnung des 

dortigen Gauleiters, dazu benutzt, die Polen klar von den Deutschen zu trennen. Daher wurden nur 

Personen für die beiden oberen Kategorien erfaßt und auf Eindeutschung von Polen verzichtet.


Ob diese ‚völkische Flurbereinigung‘, wie es damals offiziell hieß, aus wirtschaftlichen 

Zwängen erfolgte oder rein ideologisch motiviert war, diese Frage ist nach wie vor umstritten, wohl 

aber auch in dieser Ausschließbarkeit nicht zu beantworten. Bevölkerungspolitische und 

wirtschaftspolitische Maßnahmen griffen gerade im Warthegau Hand in Hand, um die polnische 

Bevölkerung zu marginalisieren und die jüdischen Einwohner zu vernichten. Die polnischen 

Industriebetriebe, die Bergwerke Oberschlesiens und die Textilbranche in Lodz, wurden enteignet, 

in eine Treuhandstelle überführt und sogleich in die deutsche Kriegswirtschaft einbezogen. Die 

Haupttreuhandstelle Ost hatte bis Ende 1941 38.000 Industrie- und Handwerksbetriebe sowie 

214.000 Immobilien erfaßt. Auch in der Landwirtschaft wurden im gleichen Zeitraum 897.000 

Bauernhöfe mit einer Nutzungsfläche von 8.1 Millionen Hektar enteignet und deutschen 

Neusiedlern, häufig Volksdeutschen aus dem Baltikum, und den politisch aktiven Volksdeutschen 

überantwortet. Polnische Einzelhandelsgeschäfte und Kleingewerbebetriebe wurden, wenn nicht in 

deutsches Eigentum überführt, geschlossen. Auch diese Maßnahme trug zur Ausgrenzung der 

einheimischen Bevölkerung aus dem Wirtschaftskreislauf bei. Den Polen blieb häufig nur übrig, 

mit Hilfe von Selbstversorgung und Tauschhandel ihr Existenzminimum zu sichern. 

Noch eine Stufe radikaler war das Vorgehen gegen die Juden, die in Gettos überführt, 

völlig entrechtet und ihres gesamten Besitzes beraubt waren. Sie wurden unter unmenschlichen 

Bedingungen zu Zwangsarbeit für deutsche Betriebe und die neue deutsche Zivilverwaltung 

gedungen. Ihre Erfassung war meist mit Hilfe ortsansässiger Volksdeutscher, aber auch unter 

Mitarbeit der einheimischen polnischen Bevölkerung erfolgt. Die Ausgrenzung, 

Zwangsgettoisierung und schließlich Deportation zur Vernichtung vollzog sich – im Gegensatz 

zum Altreich und Westeuropa – vor aller Augen, meist mit tatkräftiger Unterstützung aller, 

Deutscher wie Polen. Die Anfänge der „Endlösung“ lassen sich daher auch im „Mustergau 

Wartheland“ festmachen, da die deutsche Zivilverwaltung unter Gauleiter Greiser alles daran 

setzte, dem „Führer“ das Gebiet als erstes „judenfreies“ Territorium zu melden. Mit der 

Konzentration der Juden – insgesamt waren es im Warthegau 400.000 Personen – in 

großstädtischen Gettos, hier vorab Lodz, setzte der Vernichtungsprozeß ein. Da eine geordnete 

Versorgung der Gettoinsassen nicht möglich und auch gar nicht erwünscht war, wurde das erste 

Vernichtungslager in Kulmhof (Chelmno) bei Lodz errichtet. Dort wurden ab dem 8. Dezember 

1941 planmäßig nichtarbeitsfährige Juden, Kinder und Alte, vernichtet. Insgesamt wurden im 

Reichsgau Wartheland 380.000 Juden ermordet. Ein kleiner Rest überlebte in Verstecken oder als 

Spezialisten in Rüstungsbetrieben der Wehrmacht. 

Das relativ engmaschige Netz der deutschen Verwaltung (eine polnische existierte auch auf 

unterster Ebene nicht mehr) sowie die starke Präsenz deutscher Sicherheitskräfte sorgten dafür, daß 

es in den annektierten Gebieten ruhig blieb. Polnischer Widerstand vermochte sich bestenfalls 

lokal, wie in einigen Teilen Neu-Südostpreußens, zu formieren. Die Terroraktionen des deutschen 

Selbstschutzes zu Beginn der Besetzung hatten die Bevölkerung eingeschüchtert. 

Auch stärkte der Zustrom deutscher Verwaltungsbeamter, von Parteileuten und vieler 

Glücksritter in die Städte und der deutschen Neusiedler auf dem Land das deutsche Element 

wesentlich. Die Gauhauptstadt Posen wurde zumindest äußerlich wieder deutsch und durch gezielte 

Fördermaßnahmen, wie den Umbau des Kaiserschlosses zur Residenz Hitlers und des Gauleiters, 

zum urbanen Vorposten des Deutschtums im Osten. Die Eröffnung der Reichsuniversität Posen im 

April 1941, deren Zentralgebäude zum Ensemble der Schloßanlage zählten, diente ebenfalls der 

kulturellen Anhebung des Warthelandes. Die neue Hochschule, an die nur Parteigenossen berufen 

wurden, hatte ihren Schwerpunkt in Agrarwissenschaften und sollte mithelfen, die Kornkammer 

des Reiches weiter zu stabilisieren. Als Studierende wurden nur beurlaubte Angehörige der 

Wehrmacht und Volksdeutsche zugelassen. 

Das gesamte höhere Bildungswesen der Polen hingegen wurde zerstört, polnische Kinder 

sollten lediglich in einer fünfklassigen Volksschule elementares Wissen erwerben, um gute 

Arbeitskräfte für die deutsche Oberschicht abzugeben. Auch die Zerschlagung der katholischen

114 

Bernd Martin 

Kirche im Warthegau diente dem erklärten Ziel, das polnische Nationalgefühl zu untergraben. In 

der Kirchenpolitik wurde der Gau zum Modell für das nach dem Endsieg geplante Verhältnis von 

Staat und Kirche. Selbst die evangelische Kirche (der Volksdeutschen) wurde wie natürlich die 

katholische auf den Status einer privaten Vereinigung herabgedrückt. Polnische Priester wurden 

systematisch verfolgt und entweder gleich an Ort und Stelle wegen sog. subversiver Tätigkeit 

erschossen oder in das Konzentrationslager Dachau überführt. Die Listen der Geistlichen, die den 

Märtyrertod starben, sind lang - im Bistum Kulm waren es die Hälfte - und verschafften der 

katholischen Kirche in Polen nach Kriegsende eine starke moralische Stellung. 

Im weiter östlich gelegenen Generalgouvernement war die deutsche Besatzungspolitik in 

ihren Grundzügen ähnlich wie in den annektierten Gebieten, jedoch weitaus radikaler und teilweise 

auch anderen Zielsetzungen verpflichtet. Die Chancen zum Überleben im eigenen Land waren 

daher für Polen in den beiden neuen Reichsgauen oder etwa in Oberschlesien weitaus größer, als in 

dem Chaos von Terror, Verfolgung und wirtschaftlicher Ausplünderung im Generalgouvernement. 

Der aktive Teil der Bevölkerung, vor allem junge Erwachsene, wurde durch die deutsche 

Besatzungspolitik geradezu in den Widerstand bzw. den polnischen Untergrund getrieben. Im 

Generalgouvernement waren die Fronten zwischen der deutschen Herrenschicht und dem 

polnischen Sklavenvolk klarer herausgebildet und auch erkennbarer als in den eingegliederten 

polnischen Gebieten. 

Entsprechend den Vorstellungen Hitlers sollte das Generalgouvernement als 

Auffangbecken für alle aus dem Reich zu entfernenden Juden und „Polacken“ dienen. Als eine Art 

Reichsnebenland sollte dieses Gebiet keine substantielle Förderung erfahren, sondern sich selbst 

versorgen und die nicht benötigten Arbeitskräfte in das Reich abführen. Das Lebensniveau wollte 

Hitler betont niedrig halten, eine nationale Zellbildung verhindern und auf geordnete Verhältnisse 

verzichten. „Die polnische Wirtschaft muß zur Blüte kommen“ betonte Hitler und bediente sich mit 

dieser Formulierung des ältesten antipolnischen Klischees in (Preußen)Deutschland. 

Das Territorium des Generalgouvernements umfaßte etwa ein Viertel des ehemaligen 

polnischen Staates mit gut 12 Millionen Einwohnern. Nach dem deutschen Überfall auf die 

Sowjetunion wurde es um den Distrikt Galizien nochmals vergrößert. Doch die ehedem russisch 

besetzten polnischen Ostgebiete wurden dem neuen Reichskommissariat Ukraine zugeschlagen, 

das in Personalunion von Gauleiter Koch verwaltet wurde. Dieser schaltete und waltete fortan 

selbstherrlich über ein geschlossenes Territorium von Köngsberg bis Kiew. Die dortige deutsche 

Besatzungspolitik zielte auf radikale Diskriminierung der „slawischen Untermenschen“ und war 

somit nochmals um einige Grade radikaler als die im Generalgouvernement. 

Die Bevölkerung in dem zentral-polnischen Gebiet mit den Städten Warschau-Lublin- 

Radom-Krakau setzte sich zu 80% aus Polen zusammen. Der jüdische Anteil mit 12% war 

vergleichsweise hoch, hinzu kamen Ukrainer und einige Weißrussen. Deutsche oder 

deutschstämmige Siedler stellten mit insgesamt 100.000 Personen eine verschwindend kleine 

Minderheit von weniger als einem Prozent der Gesamtbevölkerung dar. Eine zielgerichtete 

Germanisierung ließ sich mit diesen wenigen Deutschen, sofern kein Zuzug zu erwarten war, kaum 

durchführen und war daher anfangs auch nicht vorgesehen. 

Zum Generalgouverneur wurde der Kronjurist der Partei, Hans Frank, bestellt und Hitler 

direkt unterstellt. Frank hatte auf akademischen Vortragsreisen Vorkriegspolen kennen gelernt und 

war wohl der einzige unter den „alten Kämpfern“ und treuesten Hitleranhängern, der über 

einschlägige Erfahrungen in diesem Land verfügte. Der neue Machthaber zog mit seinem Stab in 

die Königsresidenz auf dem Wawel in Krakau und demonstrierte mit diesem Schritt seine 

despotische Allgewalt. Die deutsche Zivilverwaltung, die über die Ebene der Bezirke bis zur 

Kreisebene hinunter reichte, war ihm direkt unterstellt. Die Berliner Reichsbehörden hatten anders 

als im Wartheland keinerlei Mitsprache oder gar Einspruchsrecht. Auf unterster Ebene wurde aus 

Mangel an deutschem Fachpersonal eine polnische Selbstverwaltung zugelassen. Doch die 

Dorfschulzen, Landvögte und Bürgermeister der kleinen Städte gerieten bald zwischen die Fronten


des deutschen Machtapparates und der wachsenden polnischen Widerstandsbewegung, so daß sich 

kaum noch Einheimische für diese Aufgabe fanden. 

Der SS- und Polizeiapparat, der für die Durchsetzung des deutschen Machtanspruches 

immer wichtiger wurde, unterstand Himmler gleich in doppelter Funktion, nämlich als 

Sicherheitschef und als Verantwortlichem für die Volkstumspolitik. Konflikte waren bei diesem 

Nebeneinader von ziviler und sicherheitspolitischer Führung unvermeidlich, zumal sich dem 

Reichsführer SS im Generalgouvernement ein volkstumspolitisches Experimentierfeld eröffnete, 

das sich den Reichsbehörden entzog. Die in diesem Gebiet gemachten Erfahrungen bei Um- und 

Aufsiedlungen sowie in der Vernichtungspolitik gegenüber den Juden sollten auf den in der 

Sowjetunion zu erobernden germanischen Großraum übertragen werden. Im Generalplan Ost, im 

Juni 1942, erfuhren diese weitreichenden Planungen ihren Abschluß. Insgesamt sollten nunmehr 

etwa 30 Millionen Westslawen in die unwirtlichen russischen Regionen hinter den Ural 

umgesiedelt, d.h. de facto weitgehend in den Tod getrieben werden. Auch die Polen sollten in ihrer 

Masse bis auf einen Rest unentbehrlicher Arbeitssklaven aus ihrem angestammten Territorium 

umgesiedelt werden. Die Ängste vieler Einheimischer, nach der Vernichtung der Juden, nun auch 

an die Reihe zu kommen und Opfer des deutschen Rassenwahnes zu werden, hatten durchaus ihre 

Berechtigung, ohne daß diese deutschen Pläne bekannt gewesen wären. 

Die ursprünglich von Hitler vorgegebene Politik, „Polen (d.h. das Generalgouvernement) 

solle wie eine Kolonie behandelt werden, die Polen werden die Sklaven des Großdeutschen 

Reiches werden“, wurde entsprechend den gesteigerten Kriegsanforderungen und wegen Himmlers 

volkstumspolitischen Plänen revidiert und geriet damit immer tiefer in ein offenes Dilemma. Die 

ursprüngliche wirtschaftliche Ausplünderung wurde bereits 1940 gestoppt und die Produktionskapazitäten 

des Generalgouvernements Zug um Zug in die deutsche Kriegswirtschaft integriert. 

Doch mit Einheimischen, die wie Sklaven behandelt wurden und jederzeit einer Zwangsdeportation 

in das Reich als Arbeitskräfte oder einer Zwangsumsiedlung als Bauern gewärtig sein mußten, 

ließen sich kaum Produktionssteigerungen erzielen. Setzte der Repressionsapparat zunehmend auf 

offenen Terror, so erkannte der Generalgouverneur die verheerenden Folgen der deutschen 

Besatzungspolitik rasch und strebte grundsätzliche Änderungen an. Doch konnte Frank sich weder 

in seinem eigenen Herrschaftsbereich noch in Berlin mit seinen Plänen durchsetzen, die Polen 

besser zu behandeln und – wie die Franzosen – für die deutsche Sache eines „Neuen Europas“ zu 

gewinnen. Zwar wurden 1944, als die Rote Armee längst die alte polnische Ostgrenze überschritten 

hatte, einige Modifikationen in der Polenpolitik vorgenommen - die Beschwörung der 

bolschewistischen Gefahr dürfte dabei mehr bewirkt haben als deutsche Versprechen – doch 

grundsätzlich sollte sich an der deutschen Haltung gegenüber den Polen bis Kriegsende nichts 

ändern. 

Ursprünglich waren die deutschen Sicherheitskräfte zurückhaltend vorgegangen und hatten 

sich auf die Ausschaltung der polnischen intellektuellen Elite beschränkt, wie bei der Verhaftung 

der Krakauer Professoren, die jedoch nach internationalen Protesten sogar wieder frei gelassen 

werden mußten. Bis Ende des Jahres 1939 war die Zahl der im Generalgouvernement von 

deutscher Seite ermordeten Polen mit 5.000 Personen beträchtlich niedriger als die entsprechenden 

Opferzahlen in den annektieren Gebieten. Im Schatten des deutschen Sieges über Frankreich und in 

Verfolgung von Himmlers Volkstumspolitik kam es dann zu ersten Befriedungsaktionen. Himmler 

befahl die vorsorgliche Verhaftung von 20.000 „gefährlichen“ Polen und ihre Einweisung in 

Konzentrationslager. Der Umbau der Auschwitzer Kasernen in ein solches Lager erfolgte bereits 

1940. Razzien in Großstädten und öffentliche Massenhinrichtungen gehörten bald zum alltäglichen 

Erscheinungsbild auch im Generalgouvernement. Insgesamt wurden während des Krieges für den 

Arbeitseinsatz im Reich 2.8 Millionen Polen gedungen. Einige Tausende waren anfangs noch 

freiwillig gekommen, die Masse wurde jedoch dienstverpflichtet und als auch diese Maßnahmen 

nicht mehr griffen, oftmals auf den Straßen der Städte eingefangen. Besonders beliebt wurden 

zunehmend Strafexpedition in den ländlichen Raum, bei denen die Dörfer geplündert, die Häuser 

angezündet wurden und oftmals die gesamte Bevölkerung erschossen wurde. Auf mehr als 500 

solcher Strafexpeditionen mit insgesamt 11.500 Opfern laufen die Schätzungen hinaus. Massaker

116 

Bernd Martin 

im Ausmaß von Oradour sur Glane fanden im Generalgouvernement in den letzten beiden 

Kriegsjahren fast täglich statt. 

Entsprechend den Vorgaben des Generalplans Ost wurde in der Gegend von Zamo��, 

südlich von Lublin, ab November 1942 ein deutsches Großsiedlungsprojekt in Angriff genommen. 

Ein Streifen deutsch besiedelter Dörfer sollte, so die Vorstellungen der SS-Planer, als Landbrücke 

zwischen dem (deutschen) Baltikum und den Siebenbürger Sachsen dienen. Aus über 300 

polnischen Dörfern wurden etwa 110.000 Polen vertrieben. Damit nicht genug, die Einwohner 

wurden nach rassischen Kriterien erfaßt und dabei in der Regel Familien auseinandergerissen. 

Eindeutschungsfähige Kleinkinder wurden von der SS dem Lebensborn überstellt und zur 

Adoption in Deutschland freigegeben. Rassisch „unerwünschte Elemente“ wurden in 

Konzentrationslager eingewiesen, das Gros der arbeitsfähigen jungen Männer ins Reich zur 

Zwangsarbeit beordert; Frauen, Kinder und Alte in sog. Rentendörfer abgeschoben. Die im Zuge 

dieser Maßnahmen erfolgte Umsiedlung von Ukrainern in von Polen geräumte Dörfer brachte die 

Spannungen zwischen beiden Nationalitäten zum Sieden. Da die Ukrainer als Verbündete der 

Deutschen galten und polizeiliche Funktionen im Generalgouvernement übernommen hatten, 

waren sie den Polen besonders verhaßt. Die deutsche Seite spielte den polnisch-ukrainischen 

Gegensatz hoch, um eigene Sicherheitskräfte zu sparen und begünstigte die 1943 angelaufene 

ethnische Säuberung der Ukraine von polnischen Siedlern. Dabei flüchteten 300.000 Polen in das 

Generalgouvernement und etwa 100.000 fanden den Tod. Der polnische Widerstand bekam daher 

reichlich Zulauf, so daß die Aktion Zamo�� schließlich wegen der Gefährdung des Hinterlandes der 

immer näher rückenden Front im Mai 1943 auf Anordnung Himmlers „bis auf weiteres“ eingestellt 

wurde. 

Den Höhepunkt deutscher Terrormaßnamen gegenüber Polen und gleichzeitig tiefster 

Punkt in dem deutsch-polnischen Verhältnis stellte der Warschauer Aufstand, 1944, die Erhebung 

der Heimatarmee, dar. Die Hauptstadt sollte, analog zu 1918, dem Ende des Weltkrieges, sich von 

der deutschen Besatzung selbst befreien. Als sich sowjetische Panzerspitzen der Weichsel näherten, 

wurde die Aktion „Buzra“ (Sturm) in Absprache mit der Londoner Exilregierung ausgelöst. Der 

Aufstand richtete sich wohl militärisch gegen die deutsche Besatzungsmacht, indes politisch gegen 

die Sowjetunion, hatte diese doch mit der Installierung einer kommunistischen Gegenregierung 

(Lubliner Komitee) begonnen. Hitler und Stalin arbeiteten einander mit der Vernichtung 

Warschaus und der potentiellen politischen Führungsschicht ein letztes Mal in die Hände. Die Rote 

Armee sah vom anderen Ufer der Weichsel zu, wie der Aufstand von deutscher Seite mit großer 

Brutalität niedergeschlagen wurde, verzögerte alliierte Hilfsaktionen für die Aufständischen und 

torpedierte durch von vornherein zum Scheitern verurteilte Entsatzversuche polnischer 

Truppenkontingente die angelaufenen Kapitulationsverhandlungen. Diese ‚vierte Teilung‘ Polens 

endete mit der Vernichtung von etwa 150.000-180.000 Menschen, der Deportation der 

Kombattanten und der überlebenden arbeitsfähigen Bevölkerung in das Reich. Warschau war eine 

unbewohnte Ruinenstadt, auf deren Trümmern sich die neue kommunistische Herrschaft umso 

leichter errichten ließ. 

Die Hauptstadt des Landes steht beispiellos für die Verluste der polnischen 

Zivilbevölkerung und den Grad der Zerstörung des Landes. Schon 1939 hatten bei Luftangriffen 

ca. 20.000 Einwohner den Tod gefunden, 32.000 wurden in offenen oder geheimen Exekutionen 

erschossen, 45.000 starben in Konzentrationslagern. Im Aufstand wurden nochmals etwa 40.000 

Warschauer in Massenexekutionen erschossen (die vielen kleinen Gedenkstätten erinnern bis heute 

an diese Orte), 16.000 Aufständische fielen und über Hunderttausend kamen durch die 

Kampfeinwirkungen, Artilleriebeschuss und Luftbombardements, ums Leben. Überdies wurden 

310.000 Warschauer Juden im Konzentrationslager Treblinka vernichtet. Allein die Zahl der 

getöteten Einwohner Warschaus übersteigt die Zahl aller französischen Opfer während des Zweiten 

Weltkrieges um ein beträchtliches. 

Angesichts dieser grauenvollen Dimension deutschen Terrors stellen sich abschließend 

zwei Fragen, die nach den Tätern und die nach dem Verlauf des Aussöhnungsprozesses zwischen


Deutschen und Polen nach 1945. Auch wenn die Wehrmacht an vielen dieser Verbrechen beteiligt 

war oder die notwendigen Voraussetzungen geschaffen hatte, war sie in Polen nicht der 

hauptverantwortliche Träger des Weltanschauungskrieges. Dies waren eher die deutschen Polizei- 

und Sicherheitsverbände der SS und die zivilen Verwaltungsbeamten, die sich alle nicht immer aus 

ganz gewöhnlichen Männern rekrutierten. In den Osten ging auch zur Zeit der größten 

militärischen Siege der deutschen Wehrmacht nur, wer anderweitig kein Auskommen fand oder 

wegen Verfehlungen abkömmlich war oder sich dem Fronteinsatz entziehen wollte. Der deutsche 

Verwaltungs- und Sicherheitsapparat war daher mit Kleinkriminellen und Schiebern durchsetzt, die 

in großem Maße eine Besatzungspolitik persönlicher Bereicherung betrieben. Den Vortrupp 

stellten die Volksdeutschen, die Ortskenntnisse besaßen und ohne deren aktive Mithilfe 

(Sprachkenntnisse) der Repressionsapparat nicht hätte funktionieren können. Das Sozialprofil der 

deutschen Besatzungsbehörden in Polen unterschied sich daher grundlegend von dem der in 

Westeuropa eingesetzten deutschen Kräfte. 

Vom deutschen Einmarsch am 1. September 1939 bis zum Rückzug der Wehrmacht vom 

polnischen Staatsgebiet im Januar 1945 waren die Fronten zwischen Tätern und Opfern klar. Eine 

nennenswerte Kollaboration fand nicht statt, da das deutsche „Herrenvolk“ an einer solchen 

Zusammenarbeit mit weit unter ihm stehenden Slawen nicht interessiert war und gar nicht erst 

entsprechende Angebote unterbreitete. Hingegen war die Situation in Frankreich zumindest bis zur 

alliierten Landung in der Normandie völlig verschieden. Die deutsche Seite wünschte eine 

Zusammenarbeit mit den Franzosen, wenngleich unter bestimmten Bedingungen, und stieß mit 

ihrem Anliegen zumindest in den ersten Kriegsjahren, auch im Elsaß, auf nicht unerhebliche 

Zustimmung. Die Fronten zwischen Tätern und französischen Opfern verwischten sich in einer 

Grauzone von Kollaboration, Opportunismus und Sich-Arrangieren. Der deutsch-französische 

Aussöhnungsprozeß gestaltete sich daher schwieriger und langwieriger als die in erstaunlich kurzer 

Zeit gelungene deutsch-polnische Annäherung. Denn erst seit der deutschen Vereinigung und dem 

Zusammenbruch des Kommunismus konnte der Aussöhnungsgedanke auch im Osten greifen. Die 

deutsch-französische Verständigung, inzwischen in eine Form von Freundschaft überführt, war 

Vorreiter und auch immer das Modell für die entsprechende Aussöhnung zwischen Deutschen und 

Polen – beide sind indes die Voraussetzung für ein geeintes Europa. 

Literaturhinweise 

Jüngste Publikationen zur deutschen Besatzungsherrschaft in Polen im Zweiten Weltkrieg sind die 

drei folgenden, gemeinsam von deutschen und polnischen Historikern erstellten Sammelwerke: 

Chiari, Bernhard (Hg.): Die polnische Heimatarmee. Geschichte und Mythos der Armija Krajowa 

seit dem Zweiten Weltkrieg. München 2003. 

Borodziej, W�odzimierz und Klaus Ziemer (Hg.): Deutsch-polnische Beziehungen 1939-1945- 

1949. Eine Einführung. Osnabrück 5 2000. 

Martin, Bernd und Stanis�awa Lewandowska (Hg.): Der Warschauer Aufstand 1944. Warschau 

1999. (polnische Ausgabe: Powstanie Warszawskie 1944, Warszawa 1999.) 

Ferner verdient der Aufsatz von Eugeniusz Cezary Król: Besatzungsherrschaft in Polen im Ersten 

und im Zweiten Weltkrieg. Charakteristik und Wahrnehmung. In: Erster Weltkrieg/Zweiter 

Weltkrieg. Ein Vergleich. Hg. von Bruno Thoß und Hans-Erich Volkmann. Paderborn 2002, 

Beachtung. 

Von älteren Darstellungen sei auf den „Klassiker“ verwiesen: Broszat, Martin: Zweihundert Jahre 

deutsche Polenpolitik. München 1963. 

Alle Zahlenangaben im obigen Aufsatz wurden den ziemlich identischen Abhandlungen von Hans- 

Jürgen Bömelburg in den Sammelbänden von Chiari und Borodziej/Ziemer entnommen.

118 

Bernd Martin

DAS POSENER SCHLOß - VON DER „KAISER-„ ZUR 

„FÜHRERRESIDENZ“ 1 

119 

Heinrich SCHWENDEMANN * 

Am 2. August 1938, beim Richtfest der Neuen Reichskanzlei, machte Hitler in 

einer öffentlichen Rede einmal mehr deutlich, dass an der Spitze des Reiches wieder ein 

oberster Bauherr stand, einer, der allerdings zu seinen monarchischen Vorgängern auf 

Distanz ging: "Ich bin zu stolz, als daß ich in ehemalige Schlösser hineingehe, das tue ich 

nicht, das neue Reich wird sich seine Räume und seine Bauten selber erstellen, ...Ich habe 

nun den Ehrgeiz, dem neuen deutschen Volksreich Bauten hinzustellen, deren es sich auch 

diesen anderen ehemaligen fürstlichen Werken gegenüber nicht zu schämen hat" 2 . 

Wir wissen, mit welchem Bauprogramm der "Architekt der Weltherrschaft" 

(Jochen Thiess) seinem rassischen Expansionsprogramm Geschichtsmächtigkeit verleihen 

wollte: durch megalomane Bauwerke, die „hineinragen (sollten) gleich den Domen unserer 

Vergangenheit in die Jahrtausende der Zukunft“, 3 nur noch vergleichbar - so Hitler - mit 

den Bauten der alten Ägypter oder der Römer. Seit seinen Wiener Jahren war die 

Beschäftigung mit repräsentativer Staatsarchitektur das Freizeitvergnügen des verhinderten 

Architekten Hitlers gewesen. Kaum an die Macht gekommen, ließ er eine Fülle 

städtebaulicher Planungen in Gang setzen, die im Sommer 1940, nach der Niederlage 

Frankreichs den Sieg im Westen vor Augen, in einem gigantischen Bauprogramm 

kumulierten: Nach Hitlers Willen sollten die fünf zu Führerstädten erklärten Städte Berlin, 

Hamburg, München, Nürnberg und Linz, alle Gauhauptstädte, ja im Grunde jede deutsche 

Großstadt entsprechend den Vorgaben eines als genuin nationalsozialistisch verstandenen 

Bauens grundlegend umgestaltet werden. Gegenüber den lokalen NS-Potentaten, die sich 

in ihren Bauprogrammen gegenseitig zu übertreffen suchten, behielt sich Hitler immer das 

letzte Wort vor. Mit Hilfe seines machtbesessenen Architektenfreundes und späteren 

Rüstungsministers Albert Speer griff er laufend in Planungsvorgänge ein. Noch im 

Frühjahr 1945 suchte Hitler im Berliner Bunker bei den Modellbauten seiner Heimatstadt 

Linz Entspannung im Angesicht der totalen Niederlage. 

Bekanntlich hat die für die NS-Führung seit Ende 1941 immer ungünstiger 

verlaufende Entwicklung der Kriegslage die Umsetzung ihrer Visionen steingewordenen 

Größenwahns verhindert, die die deutschen Städte wohl noch mehr zerstört hätte als die 

alliierten Bomberflotten dies tun sollten. 4 Nicht zuletzt auf Betreiben des im Februar 1942 

zum Rüstungsminister ernannten Albert Speer wurden die Bauarbeiten, die in vielen 

Städten - insbesondere auch in Berlin - angelaufen waren, 1942 sukzessive eingestellt. Alle 

Ressourcen sollten jetzt für den "Endsieg" eingesetzt werden. So konnte man das für 

Berlin, die künftige Welthauptstadt Germania, vorgesehene größte Gebäude der Welt, die 

"Große Halle" für 180 000 Volksgenossen, von Hitler und Speer en detail geplant, nur 

noch als Modell realisieren. Schließlich bedeutete der militärische Zusammenbruch auch 

die weitgehende Zertrümmerung der Bauwerke Hitlers: Seine Residenzen - Speers Neue 

1 

Die folgenden Ausführungen beziehen sich auf die Studie: Heinrich SCHWENDEMANN; Wolfgang 

DIETSCHE, Hitlers Schloß. Die „Führerresidenz“ in Posen. Unter Mitarbeit von Bozena Gorczynska- 

Przybylowicz, Berlin 2003. Nachgewiesen werden im Folgenden nur Zitate. 

* 

Dr. Université Albert Ludwig – Fribourg. 

2 

Olaf GROEHLER, Die Neue Reichskanzlei. Das Ende, Berlin 1995, S. 78 

3 

Olaf GROEHLER, Ebenda, S. 78 

4 

Heinrich SCHWENDEMANN, Spiegel Special zum Bombenkrieg (Titel?)

120 

Heinrich Schwendemann 

Reichskanzlei in Berlin und das Refugium auf dem Obersalzberg - wurden von alliierten 

Bombern zerstört und nach 1945 schließlich abgerissen. 

Bis vor kurzem war weitgehend unbekannt 5 , daß Hitler unmittelbar nach dem Sieg 

über Polen, im September 1939, Speer mit dem Ausbau einer repräsentativen Residenz im 

Osten, und zwar in der Posener "Kaiserpfalz", beauftragt hatte, einem Schloß, das Wilhelm 

II zwischen 1905 und 1910 im neo-romanischen Stil hatte errichten lassen. Dort wurde 

vom Frühjahr 1940 an - ungeachtet der immer schwieriger werdenden Engpässe an 

Material und Arbeitskräften - von Speers Architekten und der Firma Philipp Holzmann AG 

unter einem enormen Aufwand eine pompöse Residenz für den "Führer" ausgebaut. Erst 

als die Rote Armee vor der Tür stand, im Sommer 1944, wurden die Bauarbeiten am 

letzten repräsentativen Großprojekt des Dritten Reiches eingestellt. 

Diese letzte "Führerresidenz" ist in ihren Baustrukturen weitgehend erhalten, aber 

trotz umfangreicher Forschungen zur NS-Baupolitik unbeachtet geblieben. Da sich Speer 

in seinen Erinnerungen darüber ausgeschwiegen hatte, war auch kein Historiker auf die 

Idee gekommen nachzuforschen. Aber es hatte auch während des Krieges keine Publizität 

gegeben, weil Hitler die Bautätigkeit zwar bis in Details überwacht, das Schloß aber nie 

offiziell besucht hatte. Und von der Bevölkerung vor Ort wurde Gauleiter Greiser als 

Bauherr angesehen, der sich im gleichen Gebäude, im zweiten Stock über Hitler - der 

"kleine" über dem "großen" Führer - , seinen eigenen Amtssitz hatte ausbauen lassen. 

Warum ließ sich Hitler ausgerechnet in einem Schloß Wilhelms II., der bei 

Baubeginn 1940 ja immer noch in seinem holländischen Exil lebte, einen repräsentativen 

Sitz ausbauen? Ausschlaggebend war wohl, daß dieser wilhelminische "Erinnerungsort" 

wie kaum ein anderer den deutschen Herrschaftsanspruch über die Polen symbolisierte. 

Denn das Posener Schloß gewann seine Symbolkraft nicht nur aus seiner massigen 

Monumentalität, sondern war zugleich Mittelpunkt eines inszenierten Ensembles von 

Repräsentationsbauten, die zu Beginn des 20. Jahrhunderts errichtet worden waren - 

allesamt steingewordene Symbole der Germanisierungspolitik des Kaiserreichs gegenüber 

einer unbotmäßigen polnischen Bevölkerung. 

Die Stadt Posen, 1793 im Zuge der zweiten polnischen Teilung von Preußen 

annektiert, war im 19. Jahrhunderts Zentrum eines sich radikalisierenden deutschpolnischen 

Nationalitätenkonfliktes geworden. Polnischen Forderungen nach 

Respektierung ihrer nationalen Identität waren Bismarck und die preussische Verwaltung 

seit der Reichsgründung mit Gesetzen und Maßnahmen begegnet, so etwa der Abschaffung 

des Polnischen als Behörden- und Schulsprache, dem Kulturkampf gegen die katholischen 

Polen oder der Einrichtung einer Kommission zur Ansiedlung deutscher Bauern in der 

Provinz Posen. In der Ära Wilhelms II war die Atmosphäre endgültig vergiftet: 

Massenstreiks zehntausender polnischer Schüler gegen das Verbot der polnischen Sprache 

im Religionsunterricht oder ein Gesetz, das die Zwangsenteignung polnischen 

Großgrundbesitzes ermöglichen sollte, waren Indikatoren eines unversöhnlich 

erscheinenden Nationalitätenkampfes. Die Begleitmusik spielte der chauvinistische 

Ostmarkenverein, der sich als Speerspitze des Deutschtums im Osten verstand und in 

seinen antipolnischen Tiraden bereits vieles vorformulierte, was die NS-Herrschaft in 

Polen ab 1939 dann umsetzte. Abermillionen von Mark wurden unter den Parolen einer 

"kulturellen Hebung des Ostens" und der "Stärkung des Deutschtums" seit der 

5 Heinrich SCHWENDEMANN, Titel, Frankfurter Allgemeine Zeitung, Februar 2002; Aspekte. März 2002: 

Buchveröffentlichung März 2003 

I

Das Posener Schloß - von der „Kaiser-„ zur „Führerresidenz“ 121 

Jahrhundertwende in der Provinz Posen investiert - und zum Schaufenster dieser 

subventionierten Germanisierungspolitik avancierte die Stadt Posen. 

In der Provinzhauptstadt, die seit den 1830er Jahren in gigantische Festungsanlagen 

eingezwängt war, wurde die Notwendigkeit der Modernisierung mit dem deutschnationalen 

Machtanspruch gekoppelt. Die Weichen wurden 1902 gestellt, als Wilhelm II 

den Abriß der Fortifikationen genehmigte. Der mit der Stadterweiterung Posens 

beauftragte Architekt Hermann Josef Stübben, einer der führenden deutschen Städteplaner, 

hatte jetzt viel Platz zur Verfügung und er setzte entsprechend der Leitlinien seiner 

Auftrager unübersehbare Akzente: Der polnische Teil der Stadt - Dominsel und Altstadt - 

beides wichtige Symbole der polnischen Nationalbewegung, sollte städtebaulich in der 

Hintergrund gedrückt werden - Stillstand im polnischen Osten, dagegen die Ausdehnung 

des modernen "deutschen Posen" nach Westen. Villenanlagen und Parks sollten das Leben 

für deutsche Beamte und Geschäftsleute attraktiv machen und die unentwegt beschworene 

Gefahr einer Abwanderung des "deutschen Elementes" aus dem Osten verhindern. 

An der St. Martinsstraße, der Hauptzufahrtsstraße zur Stadt, die täglich 50 000 

Leute passierten, entstand auf ehemaligem Festungsgelände zwischen 1903 und 1911 in 

monumentaler Herrschaftsarchitektur das neue Zentrum des wilhelminischen Posen. Um 

einen großen Platz mit einem künstlichen See, im Zentrum das Denkmal des Spiritus 

Rector der Germanisierungspolitik, des Eisernen Kanzlers Otto von Bismarck, sich auf 

einer Landkarte des geteilten Polen abstützend, fand die deutsche Polenpolitik ihre 

architektonische Apotheose: die königliche Akademie, ein Bau im Stil der Neorenaissance 

als Volkshochschule für deutsche Beamte, Lehrer und Offiziere konzipiert, das von Max 

Littmann erbaute neoklassizistische deutsche Theater, das neobarocke Gebäude der 

Ansiedlungskommission, die bis 1914 etwa 20 000 Bauern aus Westfalen und Württemberg 

in der Provinz Posen ansiedelte, ferner die Raiffeisenbank zur Finanzierung der 

deutschen Kleinbauern und die im neoromanischen Stil erbaute Königliche Landschaft, die 

Kreditbank für den deutschen Großgrundbesitz, und das evangelische Gemeindehaus als 

Pendant zu den katholischen Polen. Das heute noch erhaltene Ensemble imperialer 

wilhelminischer Architektur sollte Machtanspruch und kulturelle Überlegenheit des 

"Deutschtums" symbolisieren. 

Architektonischer Kern der gesamten Anlage war die gewaltige Kaiserpfalz 

Wilhelms II, der sich selbst - wie später auch Hitler - als oberster Bauherr des Reichs 

verstand und mit seinen Bauten ein Denkmal setzen wollte. 1902 hatte der Kaiser seinen 

Lieblingsarchitekten Franz Schwechten, der unter anderem in Berlin den Anhalter Bahnhof 

und die Kaiser-Wilhelm-Gedächtniskirche erbaut hatte, mit dem Bau einer Kaiserresidenz 

in Posen beauftragt. Zu diesem Zeitpunkt war im Westen des Reichs, im Elsaß, der 

Wiederaufbau der staufischen Hohkönigsburg bereits im Gange: Wie gegenüber den als 

national unzuverlässig geltenden Elsässern im Westen sollte jetzt auch den renitenten 

Polen im Osten des Reichs mittels der baulichen Inszenierung einer mittelalterlichen 

Zwingburg vor Augen geführt werden, wer Herr im Hause war. Nicht von ungefähr hatte 

sich Wilhelm 1902 im ehemaligen Sitz des Deutschen Ritterordens, der Marienburg in 

Westpreußen, die im 19. Jh. sowohl von den Deutschen als auch von den Polen zum 

Symbol des deutschen Dranges nach Osten hochstilisiert worden war, provokant als 

legitimer Erbe der Ordensritter feiern lassen. 

In Posen ließ Kaiser Wilhelm nun für 5,5 Millionen Mark seine eigene Marienburg 

bauen, einen Kolossalbau im romanischen Stil, der in Wilhelms eigenwilliger Sicht den 

"germanisch-deutschen" Baustil par excellence verkörperte. Wohnbau, Saaltrakt, Turm 

und Marstall waren die Elemente, aus denen Schwechten die Schlossanlage komponiert 

hatte. Das Wohngebäude für die kaiserliche Familie und deren Gefolge ließ er im Stile 

einer mittelalterlichen Kaiserpfalz um einen Innenhof bauen, an den Seiten jeweils

122 


flankiert von Hauptturm und Saalbau. Aufwendig in Marmor und mit Mosaiken gestaltet, 

waren Thronsaal und Kapelle die wichtigsten Räume der Residenz, beide die Einheit von 

Thron und Altar symbolisierend. Der überdimensionierte Thronsaal im Stil einer 

byzantinischen Basilika war mit 600qm sogar größer als der weiße Saal des Berliner 

Schlosses, die in den Turm eingebaute Kapelle der im 12. Jahrhundert errichteten, 

berühmten Capella Palatina im normannischen Königsschloß von Palermo 

nachempfunden. 

Die "glorreiche" Vergangenheit wurde nicht nur für die Selbstinszenierung des 

Monarchen architektonisch beschworen, sondern auch für Vergegenwärtigung der 

Herrschaft des "Deutschtums" über die polnischen Untertanen. So war etwa der 75 Meter 

hohe, vom Preußenadler gekrönte Turm nicht nur das weithin sichtbare, höchste Gebäude 

der Stadt, sondern zugleich auch überall zu hören. Tonnenschwere Glocken verkündeten 

alle Viertelstunde den Polen, wem die Stunde geschlagen hatte und nicht genug - die 

Zifferblätter wurden auf jeder Seite von steinernen Ordensrittern flankiert. Und von der 

Fassade des Thronsaals aus blickten Statuen Karls des Großen und Friedrich Barbarossas 

auf die polnischen Passanten herab, wobei Karl der Große für jeden erkennbar wie ein 

Zwillingsbruder Wilhelms II aussah. 

Auch im Innern des Schlosses sollte eine altdeutsche Ausstattung, der Rückgriff auf 

mythische Germanenzeit und historisches Mittelalter, die Überlegenheit des 

"Deutschtums" suggerieren: die rustikale "nordische" Ausgestaltung der Räume des 

Nordlandfahrers Wilhelms II, mit Holzdecken und Wandvertäfelungen in dunkler Eiche, 

Schnitzereien in Anlehnung an germanische Göttertempel, wuchtige Kamine und Öfen, 

schwere Eichenmöbel mit massiven Beschlägen, weite rundbogige Galerien und 

repräsentative Treppenanlagen mit Säulen und Kapitellen im neoromanischem Stil, 

gotische Remter nach dem Vorbild der Marienburg - und all dies ausgeleuchtet von 

Fackeln mit elektrischen Glühbirnen und beheizt mit einer modernen Zentralheizung. 

Das Bildprogramm diente der Legitimierung des monarchischen Prinzips durch 

Geschichte und Gottesgnadentum: Büsten römischer Cäsaren, Statuen und Bilder der 

großen Kaiser des Mittelalters von Karl dem Großen bis hin zum Staufer Friedrich II 

sollten verdeutlichen, in welche Kontinuität sich Wilhelm II stellte. Mosaikbilder 

wehrhafter Erzengel und des thronenden Christus, der dem Kaiser die weltliche Macht 

verleiht, zelebrierten in der Kapelle das Gottesgnadentum, das dem umstrittenen 

Monarchen als persönliche Legitimationsquelle diente. Tatsächlich manifestierte sich auch 

in diesem Schloß der von kritischen Zeitgenossen attestierte Cäsarenwahn des 

Hohenzollernkaisers, dem in Posen eine besondere Brisanz zukam, da der exzentrische 

Monarch dort den Nationalitätenkampf persönlich schürte. Kein Wunder, dass es in der 

deutschnationalen Presse hieß, das Schloß sei das "Wahrzeichen, daß das Deutschtum die 

Ostmark niemals mehr aufgeben" werde. Die Einweihung des Schlosses im August 1910 

wurde sogar als Revanche zum 500. Jahrestag des polnischen Sieges von 1410 über den 

Deutschen Ritterorden bei Grunwald gesehen, der von den nationalbewussten Polen im 

Frühjahr 1910 in allen 3 Teilungsgebieten gefeiert worden war. 

Dem Schloß verblieb allerdings nur noch eine kurze Zeitspanne als deutsches 

"Bollwerk" im Osten. Anfangs stand es leer, war also nur ein teuer bezahltes Symbol für 

den deutschen Herrschaftsanspruch über die Polen. 1915 wurde es zeitweilig Sitz von 

Hindenburg und Ludendorff, des Oberkommandos Ost, und anschließend ein Lazarett. Als 

Posen nach dem Ersten Weltkrieg Teil des wiedererstandenen polnischen Staates wurde, 

symbolisierte die Inbesitznahme des Schlosses für die polnische Seite - genauso wie die 

der Hohkönigsburg im Westen für die Franzosen - den Sieg über die Deutschen. Nur wenig 

wurde verändert, das Bismarckdenkmal entfernt, der Preußenadler vom Turm geholt, die 

evangelische Kapelle Wilhelms II katholisch. Ins Erdgeschoß zog die neugegründet


Posener Universität ein; die Kaiserwohnung Wilhelms II wurde Amtssitz des polnischen 

Staatspräsidenten bei dessen Besuchen im nunmehrigen Poznan. 

Nach dem deutschen Einmarsch in Posen am 12. September 1939 zog der 

Wehrmachtsbefehlshaber mit seinem Stab in das Schloß ein und mit ihm der von Hitler 

eingesetzte Chef der Zivilverwaltung, der Danziger Senatspräsident Artur Greiser, der im 

Oktober 1939 zum Reichsstatthalter und Gauleiter des neugeschaffenes Reichsgaues Posen 

(später: Wartheland) ernannt wurde. Die frühere preussische Provinz Posen wurde - 

erweitert um große Gebiete im Osten - zum Reichsgebiet erkärt: Mittels einer radikalen 

völkischen Flurbereinigung sollte der neue Reichsgau binnen 10 Jahren von allen 

"Fremdvölkischen" - Juden und Polen – „gesäubert“ und im gleichen Zeitraum Millionen 

Deutsche angesiedelt werden. Was dann folgte, war blanker Terror: Die Juden wurden 

zunächst in Gettos - das größte war das Getto in Lodz - eingepfercht und bis 1944 in den 

Vernichtungslagern Chelmno und Auschwitz ermordet. Die polnische Bevölkerung wurde 

helotisiert und durch planmäßige Liquidierungen, Vertreibungen und Arbeitskräftejagden 

dezimiert, während auf der anderen Seite über eine halbe Million Volksdeutsche aus dem 

Osten angesiedelt wurden. Greiser, der den Ehrgeiz hatte, einen NS-Mustergau schaffen zu 

wollen, führte in enger Zusammenarbeit mit Himmler die preussisch-deutsche Polenpolitik 

in radikalster Form weiter - so etwa die Enteigung der Polen, das Verbot der polnischen 

Sprache in der Öffentlichkeit, die Eindeutschung aller Ortsnamen oder die Bekämpfung 

der katholischen Kirche. 

Wie sehr sich auch Hitler als Vollender der Germanisierungspolitik des 

Kaiserreichs sah, zeigt dessen Entscheidung vom September 1939, sich in der neuen 

Gauhauptstadt Posen im Schloß Wilhelms II eine Residenz einrichten zu lassen. Da in der 

früheren preußischen Provinz die Deutschen nur noch eine kleine Minderheit darstellten, 

wollte Hitler offensichtlich mit seiner "Führerresidenz Posen" die Integration des neuen 

Gaues ins Reich offensichtlich beschleunigen. Hitler wusste genau, dass im Kaiserreich die 

Versetzung nach Posen als Strafe angesehen worden war - und ausgerechnet dieses Gebiet 

sollte nach 10 Jahren nur noch mit Deutschen besiedelt sein. Der designierte 

Reichsstatthalter und Gauleiter Greiser sah sich wiederum in einer herausgehobenen 

Stellung: Er, der Neuling unter den Gauleitern, sollte der Einzige sein, der zusammen mit 

dem „Führer“ eine Residenz beziehen durfte. 

Schon im November 1939 schickte Hitler Speer nach Posen, der den jungen 

Berliner Architekten Franz Böhmer, den er von gemeinsamen Studienzeiten her kannte, 

mit dem Umbau beauftragte. Opernliebhaber Hitler ließ außerdem durch seinen 

Theaterarchitekten Paul Baumgarten das in der Nachbarschaft des Schlosses erbaute 

Theater nach seinen Wünschen umgestalten. Eine pompöse "Führerloge" - noch heute zu 

sehen - sollte Hitler bei künftigen Posener Besuchen zur Verfügung stehen. Nachdem 

Speer und Böhmer am 15. November 1939 zusammen mit Greiser eingehend das Posener 

Schloß besichtigt hatten, begann Böhmer unverzüglich mit den Planungen: Es war 

vorgesehen, die neoromanische Fassade des Schlosses weitgehend zu belassen, das 

Gebäude im Innern jedoch grundlegend im Stil der repräsentativen NS-Staatsarchitektur 

umzugestalten wie sie Hitler und Speer in den Jahren ihrer Zusammenarbeit entwickelt 

hatten. Bereits Ende des Jahres 1939 lagen die ersten Planungsentwürfe vor. 

Auffallend ist, wie sehr sich Hitler ungeachtet der Kriegslage bei den Planungen 

engagiert zeigte. Bei jedem Besuch Greisers im Führerhauptquartier, wo Hitler und sein 

Posener Statthalter in den kommenden Monaten Absprachen über die Terrorpolitik im 

neuen Reichsgau Wartheland trafen, ließ sich Hitler die Umbaupläne vorlegen. Greisers 

II

124 


Bemerkung vom Juni 1940, dass „die Bauzeichnungen (..) oft dem Führer vorgelegen“ und 

er „die endgültige Gestaltung selbst bestimmt“ habe 6 , lässt sich anhand der Akten belegen. 

Speer wiederum, der an den den Besprechungen mehrfach teilnahm, stand mit seinem 

nunmehr in Posen residierenden Architektenkollegen Böhmer in laufendem Kontakt. So 

stand schon im Frühjahr 1940 der Umbauplan in Grundzügen fest, wobei Hitler allerdings 

laufend Änderungswünsche anmeldete. 

Propagandaminister Joseph Goebbels, der nach der Besichtigung des Schlosses im 

Dezember 1939 in sein Tagebuch geschrieben hatte, es sei „durch einige Korrekturen noch 

brauchbar zu machen“ 7 , täuschte sich. Denn aus den „Korrekturen“ entwickelte sich ein 

äußerst kostspieliges Bauprojekt, das Gebäude sollte nach dem Willen Hitlers „großzügig“ 

umgebaut werden. Hitler wollte in die frühere Kaiserwohnung im ersten Obergeschoß 

einziehen, die kaiserlichen Privatzimmer sollten zu seinem privatem Refugium, die 

Empfangs- und Arbeitsräume Wilhelms II. sein Wohn- und sein Speisezimmer werden. 

Das zweite Obergeschoß war als Amtssitz des Gauleiters vorgesehen, der „kleine“ sollte 

über dem „großen“ Führer einziehen. 

Besonders prägnant waren die baulichen Veränderungen, mit denen Hitler und 

seine Architekten die Inszenierung der NS-Herrschaft planten: Der Eingangsbereich im 

Turm sollte neu gestaltet werden, eine pompöse „Führertreppe“ den Weg zu den Arbeitsund 

Empfangsräumen Hitlers markieren. Ferner war geplant, die prächtige Kapelle 

Wilhelms II. im Turm herauszureißen und an deren Stelle das „Führerarbeitszimmer“ mit 

dem „Führerbalkon“ einzubauen. Was kann den religiösen Anspruch des 

Nationalsozialismus besser symbolisieren? Der „Führer“ tritt aus seinem Arbeitszimmer 

auf den Balkon und zeigt sich als Erlöser der Masse der „Volksgenossen“. 

Der Saalbau wiederum sollte durch ein monumentales Eingangsportal und eine 

prunkvolle Treppenanlage ein völlig neues Gepräge erhalten, der Thronsaal Wilhelms II 

zum nationalsozialistischen Festsaal für große Empfänge Hitlers umgestaltet werden. 

Vorgesehen waren außerdem Räume für die „Führerbegleitung“, Büros für die Gauleitung, 

Kasinoräume, Luftschutzkeller und unter dem Dach eine Privatwohnung für Greiser – die 

NS-Machthaber planten, das Schloß Wilhelms II mit seinen 600 Räumen vollständig auf 

ihre Herrschafts- und Repräsentationsbedürfnisse zuschneiden zu lassen. 

Zwischen Herbst 1939 und Frühjahr 1940 hatte Greiser noch im wilhelminischen 

Interieur des Schlosses residiert und dort große Empfänge abgehalten. So war er etwa am 

2. November 1939 im hakenkreuzgeschmückten Thronsaal Wilhelms II. von 

Reichsinnenminister Frick als Reichsstatthalter und Gauleiter offiziell inthronisiert 

worden. Im Frühjahr 1940 zog Greiser mit seinem Stab aus dem Schloß aus in das 

gegenüberliegende neoromanische Gebäude der früheren Königlichen Landschaft, da der 

Baukonzern Holzmann AG mit den Bauarbeiten begann. Um das Schloß wurde ein 

Bauzaun gezogen, Turm und Festsaaltrakt eingerüstet. Der Umbau wurde größtenteils von 

polnischen Arbeitern bewerkstelligt, zwischen 400 und 500 waren – auch in den 

kommenden Jahren – Tag und Nacht im Einsatz. 

Zunächst riß man die kostbare wilhelminische Innenausstattung heraus, alle 

religiösen Symbole, die Kapelle mit ihrer Apsis, die Figuren und Bilder von 

mittelalterlichen Kaisern und Heiligen. Hitler ließ alles beseitigen, was ihn in die 

Kontinuität des christlichen Mittelalters stellen, aber auch mit der Person Wilhelms II. in 

Verbindung bringen konnte. Erhalten blieben die Figuren der Ordensritter, die die 

Turmuhren flankierten - kein Wunder, galt doch der Deutsche Ritterorden als historisches 

Vorbild für die gewaltsame Eroberung des Ostens. Herausgerissen wurde aber auch die 

6 Bundesarchiv Berlin (BA), R 43II/1022, Greiser an Bormann, 28.6.1940, S. 11f 

7 Die Tagebücher von Joseph Goebbels. Sämtliche Fragmente, Teil I. Aufzeichnungen 1924-1941, hrsg. von 

Elke Fröhlich, Bd. 3, München 1987, 2.12.1939, S. 655


architektonischen Versatzstücke, die Wilhelm II als Reminiszenz an seine Nordlandfahrten 

hatte einbauen lassen. Die germanentümelnde Rustikalarchitektur hätte wohl Hermann 

Göring imponiert, nicht aber Hitler, der das Schloß nach dem Vorbild seiner Residenzen in 

Berlin, München und Berchtesgaden umgestalten lassen wollte. 

Die großzügigen Planungen forderten ihren Preis: War der Umbau im Februar 1940 

noch auf 4,5 Millionen RM veranschlagt worden, so musste die Kalkulation laufend nach 

oben korrigiert werden, nicht zuletzt auch wegen der laufenden Änderungswünsche 

Hitlers. So rechnete man im Juni 1940 bereits mit Kosten in Höhe von 7 Millionen RM. 

Schon im Frühjahr 1940 war deshalb ein Streit um die Finanzierung ausgebrochen: Ohne 

dass die Planungen abgeschlossen, geschweige denn die Finanzierung geklärt gewesen 

wäre, hatte Architekt Böhmer unter Berufung auf den „Führerbefehl“ die Firma Holzmann 

mit dem Umbau des Schlosses beauftragt und erste Verträge mit Firmen abgeschlossen. 

Die in Posen neu eingerichtete staatliche Baubehörde protestierte deshalb bei ihren 

vorgesetzten Berliner Stellen, dem Reichsinnen- und dem Reichsfinanzministerium, dass 

seit März 1940 „illegal“ gebaut werde. Zwar hatte Hitler aus seinen eigenen Mitteln eine 

Million RM als Anschubfinanzierung zugesagt, doch war in Posen noch keine Mark 

angekommen. Dort stapelten sich die unbezahlten Rechnungen, denn Reichsfinanzminister 

Lutz Graf von Schwerin Krosigk wollte erst dann Gelder zur Verfügung stellen, wenn das 

Bauprojekt ordnungsgemäß nach den Paragraphen der Reichshaushaltsordnung genehmigt 

sei. Greiser bat daraufhin Hitlers Sekretär Martin Bormann, eine „Führerentscheidung“ 

herbeizuführen, um „die Bürokratie besiegen zu können“ 8 . 

Nach wochenlangem Tauziehen zwischen der staatlichen Bürokratie und der 

Posener Gauleitung sprach Hitler am 4. Juli 1940 schließlich ein Machtwort. Er erhöhte 

das Startkapital um eine weitere Million RM aus seiner „Privatschatulle“ auf insgesamt 

zwei Millionen RM und ließ dem Reichsfinanzminister mitteilen, dass er „keinerlei 

Schwierigkeiten wünsche“; „es sei unmöglich, dass die Architekten irgendwelche 

Schwierigkeiten bei der Aufbringung der Baugelder hätten“ 9 . Dies war typisch für Hitler: 

Geld hatte ihn bei seinen Bauprojekten noch nie interessiert: „Vom Geld will der Führer 

nicht reden. Bauen, Bauen, Bauen! Es wird schon bezahlt“, hatte Goebbels einmal 

notiert 10 . 

Hitlers Befehl, das Posener Projekt zu forcieren, war unmittelbar nach dem Sieg 

über Frankreich ergangen und stand in direktem Zusammenhang mit dem gigantischen 

Umbauprogramm, das er in der Nacht nach der Unterzeichung des Waffenstillstandes am 

24. Juni 1940 angeordnet hatte: In den deutschen Großstädten sollte sich die „Größe 

unseres Sieges“ in der Monumentalität neuer Bauwerke und neu gestalteter urbaner Räume 

widerspiegeln. Auch Posen, neue Gauhauptstadt und künftige „Führerresidenz“ im 

eroberten Osten, wurde in das Umbauprogramm einbezogen. 

Während ein von Greiser eingesetzter Stab noch im Jahr 1940 unter dem Ingenieur 

Walter Bangert den Ausbau Posens zur nationalsozialistischen Musterstadt plante, schloß 

Böhmer, der die Bauzeit auf eineinhalb bis zwei Jahre veranschlagte, den Planungsentwurf 

für die „Führerresidenz“ ab. Hitler genehmigte diesen im Grundsatz, behielt sich 

Entscheidungen über Details aber weiterhin vor. Böhmer hatte inzwischen allerdings einen 

Konkurrenten erhalten: Der Münchner Innenarchitekt und Protegé Bormanns, Heinrich 

Michaelis, der auf dem Obersalzberg tätig war, hatte den Auftrag erhalten, die Wohn- und 

Empfangsräume für Hitler zu gestalten. 

8 BA, R 43II/1022, Greiser an Bormann, 28.6.1940, S. 11f 

9 BA, R 43II/1022, Bormann an Greiser, 5.7.1940, S. 10 

10 Zitiert nach: Klaus BACKES, Hitler und die bildenden Künste. Kulturverständnis und Kunstpolitik im 

Dritten Reich, Köln 1988, S. 120.

126 


Am 7. April 1941 legte Greiser in Berlin Hitler die Entwürfe zur Umgestaltung der 

Fassaden – inbesondere für das neue Eingangsportal am Saaltrakt und den „Führerbalkon“ 

am Turm – und die Grundrisse der einzelnen Stockwerke vor, die Hitler genehmigte. Bei 

dieser Gelegenheit legte er sogar für Garderoben und Büroräume Abänderungen fest. Ende 

April 1941 befahl Hitler, dass das Schloß „gegen Ende des Jahres fertigzustellen ist“ 11 . Zu 

einem Zeitpunkt, als die Reichsbahn Division um Division für den „Lebensraumkrieg“ 

gegen die Sowjetunion Richtung Osten transportierte, wurde schlagartig klar, welche 

Funktion das Posener Schloß in Zukunft einnehmen sollte: Es war als Hitlers Residenz im 

neu zu erobernden Ostimperium vorgesehen, repräsentativer Herrschaftssitz und 

politisches Entscheidungszentrum zugleich. Greiser selbst beschwor später einmal in einer 

Rede diese Vision: „Der Führer (wird) von dieser Führerpfalz aus – umgeben von seinen 

siegreichen Heerführern, seinen Ministern und dem Korps der ganzen Führung des Reiches 

– Heerschau halten über seine Getreuen und den Anspruch des Reiches auf unseren 

Lebens- und Schicksalsraum im Osten symbolisch bekräftigen“ 12 . Bei einer anderen 

Gelegenheit äußerte er: „Der Führer (hat) persönlich ausgedrückt (...), er werde hier 

wohnen und hier seinen Aufenthalt nehmen, wenn es um die Gestaltung der deutschen 

Geschichte im Osten geht“ 13 . 

Posen und der Warthegau waren für die NS-Führung das Territorium, wo zum 

einen die historischen Wurzeln der Germanisierungspolitik lagen und zum anderen seit 

1939 die rassische Volkstumspolitik praktiziert wurde, die in der eroberten Sowjetunion 

bis zum Ural ausgeweitet werden sollte: die Dezimierung und Versklavung der slawischen 

Bevölkerung, die Vernichtung der Juden und die Besiedlung mit deutschen 

Herrenmenschen. Daß Posen als künftiges Machtzentrum im Ostimperium vorgesehen 

war, wird im Frühjahr 1941 auch an anderer Stelle deutlich. So sollte mit der Gründung der 

nationalsozialistischen Reichsuniversität im Gebäude der früheren Königlichen Akademie 

die Grundlage für die ideologische Eroberung des Ostens gelegt werden. Darüber hinaus 

war im März 1941 das Littmann-Theater durch Goebbels als „kulturelles Bollwerk des 

Deutschtums“ feierlich wieder eröffnet worden. Opernliebhaber Hitler, für den ein Theater 

unabdingbarer Bestandteil seiner „Hofhaltung“ war, hatte es 1940/41 von seinem 

Opernarchitekten Baumgarten modernisieren und eine „Führerloge“ einbauen lassen. Das 

weitläufige Areal zwischen Schloß, Theater und Universität wurde bereits seit Herbst 1939 

bei jeder Gelegenheit als Aufmarschplatz für die Selbstinszenierung der NS-Machthaber 

genutzt. 

Am Schloß wurde indessen entsprechend der Vorgaben Hitlers mit Hochdruck 

weitergebaut: Führte die Holzmann AG seit Anfang 1941 die Rohbauarbeiten aus, so 

planten die beiden Architekturbüros Böhmer und Michaelis die Innenausstattung. Alles 

wurde neu entworfen: Teppiche, Beleuchtungskörper, Tafelgeschirr, Tischtücher, Mobiliar 

vom „Führerschreibtisch“ bis zu Büromöbeln. Im Schlosspark wurden 

Ausschachtungsarbeiten für einen „Führerbunker“ durchgeführt. Ende 1941 veranschlagte 

man die Umbaukosten bereits mit 17 Millionen RM. Allerdings war den Architekten bald 

klargeworden, dass sich Hitlers Wunsch nicht umsetzen ließ, das Schloß bis Ende des 

Jahres 1941 fertigzustellen. Michaelis selbst beklagte sich Anfang September 1941, daß er 

wegen des Krieges gegen die Sowjetunion „leider bisher keine Gelegenheit gehabt (habe), 

die Entwürfe dem Führer vorzulegen“ 14 . Tatsächlich saß dieser in seinem militärischen 

Hauptquartier Wolfschanze in Ostpreußen, wo er den Vernichtungskrieg gegen die 

11 

Bayerisches Hauptstaatsarchiv (BayHStA), NSDAP-Bauakten, 11629, Reichsstatthalterei an Michaelis, 

29.4.1941 

12 

Wir brauchen Idealisten und Pioniere, in: Ostdeutscher Beobachter vom 26.10.1942 

13 

Nachlaß Böhmer, Rundschreiben Nr. 37 vom 25.10.1944, S. 5 

14 

Archivum Panstwowe Poznan (AP Poznan), 3068, Michaelis an Reichsstatthalterei, 3.9.1941, S. 27


Sowjetunion kommandierte, der militärisch allerdings ganz anders anders ablief als 

geplant. Der erhoffte schnelle Sieg im Osten erwies sich als Schimäre: Im Dezember 1941 

blieb die Wehrmacht vor Moskau stecken und musste eine Reihe von Rückschlägen 

hinnehmen. 

An der Jahreswende 1941/42 sah sich die deutsche Führung gezwungen, sich auf 

einen langen Krieg einzustellen. Den Auftrag zur Organisation der Kriegswirtschaft erhielt 

daraufhin Hitlers Architektenfreund Albert Speer, den der „Führer“ am 8. Februar 1942 

zum Rüstungsminister ernannte. Speer rühmte sich später in seinen Memoiren, dass er 

sofort alles dran gesetzt habe, „überflüssiges“ Bauen, d.h. die materialaufwendigen 

repräsentativen Großprojekte, im Interesse der Rüstung einzustellen. Er verschwieg 

allerdings, dass das Posener Schloßprojekt davon nicht tangiert wurde, denn Hitler hatte im 

Februar 1942 entschieden, dass der Umbau „trotz der durch den Krieg bedingten 

Verhältnisse“ weiterzuführen sei 15 . 

Nachdem sich die Ostfront stabilisiert hatte, fand Hitler im Frühjahr 1942 wieder 

Zeit, sich mit seiner Posener Residenz zu beschäftigen. So entschied er etwa über den 

Zuschnitt seiner Privatwohnung. Die von Franz Böhmer entworfenen Pläne für eine 

neoklassizistische Gestaltung des Festsaales fanden allerdings nicht seine Zustimmung. 

Hitler ließ dessen Konkurrenten Michaelis mit einem Gegenentwurf beauftragen, der sich 

an den romanischen Stil des Schlosses anlehnen sollte. Michaelis Entwurf wurde dann im 

September 1942 von Hitler genehmigt. Am Schloß selbst stellte man im Jahr 1942 den 

„Führerbalkon“ und das Eingangsportal fertig und begann im Innern mit der Ausgestaltung 

der Räume und Treppenanlagen. 

Je ungünstiger sich nun die Kriegslage entwickelte, desto mehr geriet der 

aufwendige Schlossumbau bei den Deutschen in Posen in die Kritik. Obwohl das Schloß 

am Eingang der Posener Innenstadt vor aller Augen umgebaut wurde, war in der Gaupresse 

der Schlossumbau seit 1939 nur peripher erwähnt worden. Dass nicht nur für den 

Gauleiter, sondern auch für Hitler gebaut wurde, ließ sich zunächst nur indirekt 

erschließen. Auch dies ist ein Indiz dafür, dass das Bauprojekt von Anfang an bei den 

Posener Deutschen umstritten war. Auf dem Höhepunkt der deutschen Siegeserwartungen 

im Osten wurde im August 1941 im Ostdeutschen Beobachter, dem Posener NS-Blatt, ein 

Bildhauerwettbewerb für einen Fries im Schloß ausgeschrieben. Dabei veröffentlichte man 

einen Aufriß des sogenannten „Runden Saals“, der als pompöse Vorhalle für den Festsaal 

konzipiert worden war. Als jedoch der Sieg im Osten in immer weitere Ferne rückte, nahm 

die kritische Stimmung gegen den Schlossumbau derart zu, dass Greiser im Herbst 1942 in 

einer öffentlichen Rede die Kritiker als „kleine Geister“ bezeichnete und bei dieser 

Gelegenheit auch deutlich machte, dass in Posen für den „Führer“ gebaut werde 16 . Erhalten 

ist in den Akten der Reichskanzlei der Brief eines Posener Volksdeutschen von Ende 

Januar 1943, der auf dem Höhepunkt der Schlacht um Stalingrad namens einer „großen 

Anzahl deutscher Volksgenossen und Mitglieder der NSDAP“ sich über „solchen 

wahnsinnigen Schlossumbau in jetziger Zeit“ beschwerte. Darüber hinaus beklagte er sich 

über aufwendigen Lebensstil des Gauleiters, der sich außerhalb Posens hatte einen 

luxuriösen Landsitz errichten lassen. Besonders erbost zeigten sich die in Posen zwischen 

1939 und 1941 aus dem Baltikum angesiedelten Volksdeutschen, die nur unzureichend 

Wohnraum zur Verfügung hatten, dass für „Luxusbauten“ Kapazitäten zur Verfügung 

gestellt wurden 17 . 

Nach der Katastrophe von Stalingrad, die für eine Mehrheit der Deutschen das 

Ende aller Siegeshoffnungen bedeutete, propagierte die NS-Führung den „totalen Krieg“ 

15 Privatbesitz Gisela Decker, Schreiben Greiser an Böhmer, 3.2.1942 

16 Wir brauchen Idealisten und Pioniere, in: Ostdeutscher Beobachter vom 26.10.1942 

17 BA, R 43II/1022, “Empörung in Posen”, S. 49-51

128 


und die Konzentration aller Kräfte auf den „Endsieg“. Alle repräsentativen Bauprojekte 

waren jetzt eingestellt worden, nur das in Posen nicht: Die Gerüste an den Fassaden 

wurden zwar entfernt und die Außenarbeiten – so auch die Ausschachtung des 

„Führerbunkers“ - eingestellt, um die Bevölkerung nicht noch weiter zu reizen. Im 

Innenbereich des Schlosses baute man aber weiter. Dort stellte man nur die Arbeiten am 

Festsaal vorläufig ein. Allerdings hatte sich der Architekt des Schlosses, Franz Böhmer, im 

Februar 1943 aus „Pflichtbewußtsein“ freiwillig zur Wehrmacht gemeldet. Er starb an 

einer Verwundung im September 1943. Sein Baubüro und das Architekturbüro von 

Michaelis führten indessen den kostspieligen Innenausbau weiter. 

Im Frühjahr 1943 meldeten sich in Berlin nochmals die alten Gegner des 

Schlossprojektes im Reichsinnen- und im Reichfinanzministerium sowie der Reichskanzlei 

zu Wort und forderten den aufwendigen Umbau angesichts der Kriegslage einzustellen. 

Hitler war allerdings anderer Meinung: Am 10. Mai 1943 äußerte er gegenüber dem Chef 

der Reichskanzlei Heinrich Lammers, „dass in dem Schloß in Posen für ihn eine 

Führerwohnung, die jederzeit beziehbar ist, bereitstehen soll“ 18 . Im November 1943 gab 

Hitler seinem Posener Satrapen Greiser erneut grünes Licht für den Weiterbau. 

Inzwischen war es immer schwieriger geworden, angesichts des Vorranges der 

Rüstung Material zu beschaffen und Arbeitskräfte zu sichern. So weigerte sich etwa die 

Reichsstelle für Metalle dem Posener Schloß „für rein repräsentative Zwecke Metalle“ zur 

Verfügung zu stellen 19 . Aus diesem Grund mussten die eigens entworfenen 

Beleuchtungskörper aus Holz geschnitzt werden. Das Rüstungsministerium wiederum 

suchte die im Schloß beschäftigten Arbeitskräfte abzuziehen und für Rüstungsprojekte 

einzusetzen. Auch der alliierte Bombenkrieg zeitigte auf das Schloßprojekt indirekt 

Auswirkungen. Bei den Angriffen auf München, der „Hauptstadt“ des Kunstgewerbes seit 

den Zeiten Ludwigs II, wo die meisten Aufträge für die Inneneinrichtung des Posener 

Schlosses wie Möbel, Holzvertäfelungen, Porzellan, Geschirr und Beleuchtungskörper in 

Fertigung waren, wurden seit 1943 immer mehr Firmen ausgebombt. Man ging schließlich 

dazu über, Aufträge nach Posen zu verlagern und von dort ansässigen Firmen fertigstellen 

zu lassen. Kein Wunder, dass die Kosten geradezu „explodierten“: Bis Anfang 1944 waren 

über 20 Millionen RM - heute etwa der fünfzehnfache Betrag in Euro – verausgabt 

worden. 

Ende 1943 waren die Amtsräume des Gauleiters zusammen mit dem Kasino und 

der „Gauleiterwohnung“ unter dem Dachgeschoß weitgehend fertiggestellt, so dass Greiser 

im Dezember 1943 in das Schloß einziehen konnte. So hieß es zu Beginn des Jahres 1944 

im Baubericht: „Die Arbeiten werden im Hauptbau des Schlosses fortgesetzt und gehen 

ihrer Vollendung entgegen“ 20 . Nach dem Einzug Greiser konzentrierte man die Arbeiten 

auf die Fertigstellung der Räume Hitlers. Der Marmor für „Führertreppe“ und 

„Führerarbeitszimmer“ wurde im Frühjahr 1944 ebenso wie die Holzvertäfelungen für die 

Wohn- und Empfangsräume angeliefert und montiert. Anschließend ließ Greiser die 

Arbeiten im Saaltrakt wiederaufnehmen. Er begründete dies gegenüber seiner Umgebung 

damit, „daß der Führer sich jedes Mal erneut lebhaftest interessiere, wie weit die 

Bauarbeiten fortgeschritten seien und wann mit der Fertigstellung zu rechnen ist“. 21 

So begannen im März 1944 Arbeiter das monumentale Treppenhaus des 

Saalgebäudes mit Mosaiken, Werksteinen und Stuck zu verkleiden und im Vorraum zum 

Festsaal, dem „Runden Saal“, den Rohbau fertigzustellen. Bald zeichneten sich jedoch 

18 

BA, R 43II/1022, Aktennotiz Lammers, 10.5.1943, S. 60f; Entwurf eines Briefes an Greiser, 14.5.1943, S. 

64f 

19 

AP Poznan, Reichsstelle Eisen und Metall an Reichsstatthalter im Warthegau, 17.7.1943, S. 163 

20 

AP Poznan, Stand der Bauarbeiten am 1.1.1944, S. 132 

21 

Nachlaß Böhmer, Ordner Posen, Aktenvermerk vom 20.3.1944, S. 3


gravierende Probleme ab, denn Speer und das Rüstungsministerium zeigten sich nicht 

mehr bereit, weiterhin Material und Arbeitskräfte zur Verfügung zu stellen. Der 

Schlossbau verlor seinen Status als „kriegwichtiges Bauobjekt“. Speer versprach im Juni 

1944 Greiser immerhin noch, diesem bei der Beschaffung von Einrichtungsgegenständen 

für das Schloß zu helfen. 

Am 3. August 1944 schien sich ein Traum Greisers zu erfüllen: Nahezu die 

gesamte NS-Führung – die Reichs- und Gauleiter – kam zur Gauleitertagung nach Posen, 

wo Greiser erstmals seine Kollegen in seinem pompösen Amtssitz empfangen konnte. Die 

Tagung selbst fand im eben erst fertiggestellten Arbeitszimmer des „Führers“ statt - aber 

unter welchen Bedingungen? Mit der Invasion der Angloamerikaner in Frankreich im Juni 

1944 und dem Zusammenbruch der Heeresgruppe Mitte an der Ostfront, die der Roten 

Armee den Weg bis zur Weichsel und nach Ostpreußen eröffnet hatte, war die militärische 

Situation auswegslos geworden. Das Attentat auf Hitler am 20. Juli 1944 war dramatischer 

Ausdruck der Kriseneskalation gewesen. Goebbels, Speer und Dönitz suchten die 

Parteiführung in Posen auf unbedingtes Durchhalten einzuschwören, genauso wie Hitler, 

der seine Paladine anschließend, am 4. August 1944, in der Wolfsschanze empfing. 

Greiser hatte bei dieser Gelegenheit mit Hitler gesprochen und dies zeitigte Folgen: 

Nach Greisers Rückkehr wurde im Schloß in den für den „Führer“ bestimmten 

Privaträumen hektisch gearbeitet. Tatsächlich hatte Hitler – wohl auch wegen der 

Bombardierungen Berlins - zeitweilig erwogen, „ob das Posener Schloß nicht eines Tages 

als vorübergehender Ersatz für die Reichskanzlei gebraucht wird“ 22 . Im 

Führerhauptquartier Wolfsschanze war die Situation prekär geworden, da mit einem 

Vorstoß der Roten Armee nach Ostpreußen jederzeit zu rechnen war. Zwar wurde im 

Schloß Hitlers Schlafzimmer noch fertiggestellt, doch sollte dieser nicht mehr nach Posen 

kommen. 

Speer wiederum hatte am 3. August das Schloß besichtigt und sich „anerkennend“ 

geäußert, am 11. September 1944 aber Greiser benachrichtigt, dass er ihn nicht mehr bei 

der Einrichtung des Schlosses unterstützen könne: „Sie werden mit mir jedoch der 

Meinung sein, dass es heute im Zeichen der enormen Kriegsanstrengungen des deutschen 

Volkes nicht zu verantworten ist, derartige Beschaffungen zu fördern“ 23 . Greiser zeigte 

sich davon allerdings unbeeindruckt. Er ließ bis Anfang 1945 noch immer Möbel in das 

Schloß schaffen. 

Bei Beginn der sowjetischen Winteroffensive im Januar 1945 war das Posener 

Schloß, das letzte repräsentative Großprojekt des Dritten Reiches, an dem am längsten 

gebaut worden war, zu einem erheblichen Teil fertiggestellt und nahezu komplett 

ausgestattet. Nur der Saaltrakt befand sich in halbfertigem Zustand. Aufnahmen der 

Innenausstattung des Schlosses aus dem Jahr 1944 zeigen, dass diese bis heute weitgehend 

im Originalzustand erhalten geblieben ist. Von den beweglichen Einrichtungsgegenständen 

sind zwar nur einige wenige Möbel erhalten, doch befinden sich die Beleuchtungskörper 

an Ort und Stelle. 

Allein im Posener Schloß lässt sich heute nachvollziehen, wie Hitler und seine 

Architekten „Größe“ und Macht in einer „Führerresidenz“ inszenierten. Denn die Neue 

Reichskanzlei in Berlin und Hitlers Refugium auf dem Obersalzberg wurden zerstört, der 

Münchner „Führerbau“ teilweise umgebaut. Die Posener Residenz ist die letzte, die Hitler 

für sich einrichten ließ, und die architektonischen Einflüsse der anderen sind augenfällig. 

Die Treppenanlagen, die Hallen und das „Führerarbeitszimmer“ sind in dem von Hitler 

22 

BayHStA, NSDAP-Bauakten, 11614, Michaelis an Aichinger, 15.11.1944; 11639, Bauleitung Michaelis, 

Wings, an Michaelis, 8.9.1944 

23 

BA, R 3/1581, Speer an Greiser, 11.9.1941, S. 17

130 


favorisierten neoklassizistischen Stil gestaltet: natursteinverkleidete Wände, monumentale 

Tore und Türen mit massigen Abdeckgesimsen, wuchtige Kassettendecken. 

Besonders augenfällig ist die Inszenierung des Weges zu Hitler, denn zum „Führer“ 

wurde man „geführt“. Es war vorgesehen, dass Besucher in der mamorverkleideten 

Eingangshalle im Turm aus dem Auto stiegen. Von dort aus öffnete sich der Blick zur 

pompösen „Führertreppe“. Durch unterschiedlich gestaltete Treppenhallen und Vorräume 

gelangte man schließlich ein Stockwerk hoher in eine Vorhalle, wo auf jeder Seite ein 

wuchtiger Säulenportikus den Eingang zu Hitlers Räumen markierte: rechts zum 

Arbeitszimmer im Turm, geradeaus zu Wohn- und Speisezimmer und links in die 

Privaträume. Raffiniert ausgeleuchtet durch künstliches Licht sollte man beeindruckt, ja 

eingeschüchtert werden. Hitler hatte immer wieder geäußert, dass seine Besucher „auf dem 

langen Weg vom Eingang bis zum Empfangssaal schon etwas abbekommen (werden) von 

der Macht und Größe“ 24 . Dementsprechend hatte Hitler auch den Umbau im Saaltrakt 

planen lassen. Durch das neue Eingangsportal hätte man 130 Meter weit gehen müssen, 

über eine monumentale zweiflügelige Treppe, durch eine Wandelhalle und den „Runden 

Saal“ in den „Großen Festsaal“, wo der „Führer“ wie ein absolutistischer Fürst Hof 

gehalten hätte. Diese Baustrukturen sind allerdings nach 1945 verändert worden. 

Greiser kopierte seinen „Führer“: Er ließ sich einen eigenen Eingang mit einem 

„Gauleitertreppenhaus“ einbauen, das mit einem über zwei Etagen reichenden Fenster 

einen geradezu sakralen Charakter erhielt. Auch hier hatten die Besucher einen langen 

Weg durch Flure und prächtige Vorräume vor sich, bis sie vor den Herrn des Warthegaus 

in dessen Arbeitszimmer treten konnten. 

Wohn- und Speisezimmer Hitlers wurden in dem von seinem ersten Architekten 

Paul Ludwig Troost geprägten sogenannten „Dampferstil“ ausgestattet, große an 

Hotelhallen erinnernde Räume mit Holzvertäfelungen und wuchtigen Marmorkaminen. In 

solchem Ambiente hielt sich Hitler, der stundenlang zu monologisieren pflegte, bevorzugt 

auf. Das marmorverkleidete Arbeitszimmer im Turm ist wiederum eine verkleinerte Kopie 

des Arbeitszimmers in der Neuen Reichskanzlei. Es hätte allein zu 

Repräsentationszwecken gedient, da Hitler kein Schreibtischarbeiter war. Vom 

Arbeitszimmer geht eine Fenstertür zum „Führerbalkon“, von wo aus Hitler sich den 

Massen gezeigt hätte. 

Wie in der Neuen Reichskanzlei sollte das ganze Schloß mit Plastiken, Gemälden 

und Tapisserien ausgestattet werden. Hitlers Innenarchitekt Michaelis hatte bereits für 1,3 

Millionen RM Gemälde für Hitler gekauft, vor allem die vom „Führer“ bevorzugte Malerei 

des 19. Jahrhunderts. Darunter befand sich auch ein Bismarckporträt von Franz Lenbach 

für das Arbeitszimmer. Der Bilderbestand wurde allerdings nicht mehr nach Posen 

überführt, sondern im Herbst 1944 in Hitlers Kunstdepot im Salzbergwerk Alt-Aussee 

eingelagert. Greiser wiederum ließ für seine Räume Bilder von NS-Malern beschaffen. 

Von den Plastiken und Reliefs sind einige wenige Exemplare erhalten geblieben. Sie 

thematisieren immer das gleiche: Muskelbepackte Männer, die kriegerische Gesinnung auf 

der einen und Bauerntum auf der anderen Seite symbolisieren sollen. In der Eingangshalle 

im Turm stehen noch heute vier antikisierende Vasen mit figürlichen Reliefs, die 

landwirtschaftliche Tätigkeiten darstellen. Im „Gauleitertreppenhaus“ symbolisieren zwei 

nackte Muskelmänner, Schwert, Sichel und Ähren in den Fäusten, das 

nationalsozialistische Eroberungsprogramm für den Osten, den arischen Übermenschen, 

der seinen „Lebensraum“ mit Gewalt in Besitz nimmt. Der Warthegau sollte Gau der 

Frontkämpfer werden: Nach dem Krieg wollte man Soldaten dort ansiedeln, die nach dem 

24 Albert SPEER, Erinnerungen, Frankfurt a.M./Berlin 1969, S. 117


Vorbild des Römischen Imperiums mit Land belohnt werden sollten. Dann sollte die 

polnische Bevölkerung endgültig von ihrem Besitz verjagt worden sein. 

Anders als geplant, dauerte die NS-Herrschaft im Warthegau nicht „ewig“, sondern 

brach unter dem Ansturm der Roten Armee im Januar 1945 binnen weniger Tage 

zusammen. Greiser, der zuvor unentwegt Durchhalteparolen verkündet hatte, machte sich 

am 20. Januar 1945 mit seinen Mitarbeiten aus dem Staub. Das Schloß war schlagartig 

menschenleer. Ein Großteil der deutschen Bevölkerung verließ fluchtartig die Stadt. Als 

Posen dann am 26. Januar 1945 von der Roten Armee eingekesselt worden war, erklärte 

Hitler die Stadt zur Festung. Die deutschen Verbände, etwa 15 000 junge, kaum 

ausgebildete Soldaten sollten gegen einen weit überlegenen Gegner bis zur 

Selbstvernichtung weiterkämpfen. Das Schloß wurde Lazarett und bereits am 2. Februar 

von Rotarmisten eingenommen. Während der brutalen Kämpfe, die bis zum 23. Februar 

andauerten, blieb es Sammelstelle für viele verwundete deutsche Soldaten. Diese wussten 

nicht, dass sie auf dem blanken Parkettboden von Hitlers Räumen lagen. Grauenhafte 

Szenen spielten sich dort ab, die völlig unzureichend versorgten Verwundeten starben zu 

Hunderten. Überlebende berichten, dass überall – „in den Gängen, entlang den Wänden, 

Leichen lagen“. Es ist damit zu rechnen, dass fast Tausend Soldaten im Februar und März 

1945 im Schloß gestorben sind. Die Toten wurden in der Grube verscharrt, die im 

Schlossgarten 1941/42 für den „Führerbunker“ ausgehoben worden war. 

Nach dem Ende der Kämpfe wies das Schloß keine gravierenden Schäden auf, nur 

die Turmspitze war durch einen deutschen Artillerietreffer zerstört. Überlegungen der 

polnischen Seite, das Schloß abzureißen, erledigten sich angesichts des Raummangels in 

der zerstörten Stadt von selbst. Universität und Stadtverwaltung zogen in das Schloß ein, 

das in den sechziger Jahren dann zum Kulturzentrum der Stadt bestimmt wurde. Die NS- 

Architektur wurde belassen; sie entsprach in ihrem Duktus ja auch der stalinistischen 

Staatsarchitektur. Auf die deutsche Vergangenheit des Schlosses wurde in 

kommunistischer Zeit nur indirekt hingewiesen: ein Fries aus kommunistischer Zeit 

deutete das deutsch-polnische Verhältnis seit über 1000 Jahren als permanenten polnischen 

Abwehrkampf gegen den deutschen "Drang nach Osten". Daß das das frühere Kaiserschloß 

nicht nur Amtsitz des Massenmörders Arthur Greiser, sondern auch die letzte für Hitler 

eingerichtete Residenz gewesen war, geriet in Vergessenheit, nicht zuletzt auch deshalb, 

weil Hitler Posen nie offiziell besucht hatte. Das Schloß galt bis heute vor allem als der 

Ort, an dem Himmler im Oktober 1943 vor den Gauleitern seine berüchtigte Rede über die 

Judenvernichtung gehalten haben soll. Diese fand allerdings nicht im Schloß statt, sondern 

im „Goldenen Saal“ des Posener Rathauses. 

Das Schloß in Posen ist ein singuläres historisches Bauwerk: Außen die 

„Kaiserpfalz“ in wilhelminischer Herrschaftsarchitektur mit von Hitler angeordneten 

„Korrekturen“, innen die einzig erhalten gebliebene „Führerresidenz“ im Stil der NS- 

Staatsarchitektur Hitler-Speerscher Prägung, ein Monument, das wie kein anderes die 

Kontinuität des Germanisierungswahns vom Kaiserreich zum Nationalsozialismus 

dokumentiert. Heute ist das Schloß ein pulsierendes Kulturzentrum mit Theatern, Kinos, 

Ausstellungen, ja sogar Discotheken in den Kellerräumen. Greisers Büroräume hat eine 

Computerfirma angemietet. Die Schloßverwaltung hat begonnen, die Außenfassade des 

Schlosses zu renovieren. Die Studie des Verfassers „Hitlers Schloß – Die ‚Führerresidenz’ 

in Posen“, erschienen im Frühjahr 2003, und der Katalog mit Beiträgen polnischer und 

deutscher Historiker zu der im August 2003 in Potsdam eröffneten und anschließend im 

Posener Schloß gezeigten Ausstellung „Kaiserschloß Posen. Von der ‚Zwingburg im 

III

132 


Osten’ zum Kulturzentrum ‚Zamek’“ 25 zeigen, dass die Erforschung der wechselvollen 

Geschichte des Monuments endlich in Gang gekommen ist. Es ist zu wünschen, dass das 

Posener Schloß, an dem sich die deutsch-polnischen Beziehungen des 19. und 20. 

Jahrhunderts in ihren Verwerfungen wie kaum einem anderen Ort nachvollziehen lassen, 

durch eine dauerhafte Dokumentation seiner Geschichte zu einem gemeinsamen 

historischen Erinnerungsort für Polen wie für Deutsche werden kann. 

25 Titel des Katalogs

LA SLOVENIE ENTRE FASCISME, NAZISME ET COMMUNISME 

UNE SITUATION PARTICULIERE 

133 

Antonia BERNARD * 

Dans quelques mois, la Slovénie va entrer dans l’Union Européenne, comme un 

pays avec un nom, un drapeau, une constitution, un président. Au début de la Seconde 

guerre rien de tout cela n’existait. Il y avait bien en Yougoslavie une « Banovine de la 

Drave » où l’on parlait slovène, mais elle ne contenait qu’une partie des Slovènes, dont un 

tiers étaient sujets de l’Italie, de l’Autriche et de la Hongrie, 

Puisqu’il s’agit de parler d’annexion, il faut commencer par le première dont furent 

victimes les Slovènes : toute la région du Littoral (Primorje) - et au-delà - fut donnée à 

l’Italie par le traité de Rappallo, conformément aux Accords de Londres de 1915. Avant de 

connaître la nazification, les Slovènes furent donc soumis à la fascisation, et ceci avant que 

l’Italie ne devînt fasciste officiellement. En effet, le 13 juillet 1920, le Palais de la culture 

slovène de Trieste, centre de leur vie culturelle et politique, fut incendié avec la complicité 

des autorités. Avec l’arrivée au pouvoir des fascistes commença la purification 

systématique qui deviendra par la suite habituelle dans toute l’Europe : interdiction de la 

langue slovène, des livres, des écoles, changement des toponymes et des noms de famille, 

y compris dans les cimetières. Les fonctionnaires furent envoyés en dehors de leur région 

linguistique, certaines personnes furent déplacées ou durent s’exiler, d’autres habitants ont 

fui en Yougoslavie. Le service militaire était donc vécu comme un service dans une armée 

étrangère 1 . L’ensemble de ces faits explique largement les raisons de l’existence dans cette 

région d’un réseau de résistants (TIGR) dès le début des années trente. 

En ce qui concerne la Seconde Guerre mondiale, rappelons quelques faits 

généraux : Hitler attaque la Yougoslavie le 6 avril 1941. Pendant que la Luftwaffe 

bombarde Belgrade, les troupes allemandes franchissent la frontière et pénètrent d’abord 

sur le territoire slovène, le plus proche. Les troupes italiennes entrent par le sud et l’avance 

des deux armées est si rapide qu’elles se heurtent. La 7 ème armée yougoslave basée en 

Slovénie se disloque et dès le 14 avril l’ensemble du territoire slovène est occupé. Le 

même jour, était installée l’administration civile en Styrie. Le lendemain, la Yougoslavie 

signe la capitulation. Des milliers de prisonniers de guerre sont faits qui seront libérés au 

printemps 1942. De rares Slovènes (on faisait en règle générale son service dans les autres 

partie de la Yougoslavie) s’étaient enfuis dès le début de la débâcle générale. 

Le partage du territoire peuplé par les Slovènes fut décidé par Hitler lui-même dès 

le début du mois d’avril (Mönchkirchen 3 et 12 avril) 2 et les détails en furent réglés lors 

d’une rencontre des ministres des affaires étrangères d’Allemagne et d’Italie les 21 et 22 

avril à Vienne. Le territoire fut partagé par les deux occupants de façon inégale. L’Italie 

garda à l’est la partie du territoire qui allait du Triglav vers Ljubljana, puis la frontière 

passait au sud de la Save jusqu’à la frontière croate. La plus grande partie du Prekmurje, 

région au-delà de la Mur, alla à la Hongrie dont elle faisait déjà partie du temps de 

l’Autriche-Hongrie. Quelques villages frontaliers furent donnés à la Croatie de Paveli�. Le 

* Directrice de recherches – INALCO – Paris. 

1 Ce fut le cas de l’écrivain slovène de Trieste Boris Pahor, (né en 1913) qui décrit ses expériences de soldat 

italien dans ses œuvres (dont certaines sont traduites en français). 

2 Tone FERENC : Okupacijski sistemi na Slovenskem 1941-1945 (Les systèmes d’occupation sur le territoire 

slovène 1941-1945), Zgodovinski viri za srednje �ole, Ljubljana, Modrijan, 1997, p. 7

134 

Antonia Bernard 

reste, c’est à dire toute la partie nord du pays, se retrouva sous l’administration directe du 

Troisième Reich. 

Les régimes d’administration dans ces régions étaient très différents. Le Prekmurje 

fut intégré totalement dans la Hongrie et rattaché administrativement à la région de 

Szombatleby. 

Dans les territoires slovènes nouvellement acquis, les Italiens formèrent la 

« Province de Ljubljana », avec cette ville pour capitale. La Province avait à sa tête un haut 

commissaire entouré d’un Conseil (Consulta), formé de responsables politiques et de 

notables locaux. Les institutions restèrent en place, une administration bilingue fut 

instaurée, l’enseignement était en slovène (avec toutefois l’italien comme première langue 

obligatoire), les livres et les journaux continuaient à paraître, les théâtres à jouer, mais sous 

la censure italienne. Le pouvoir italien essayait de ne pas heurter la population, il suscitait 

et encourageait la collaboration, ce qui n’était absolument pas le cas dans la zone 

allemande. Cependant, la méfiance envers les intellectuels se manifesta assez rapidement 

dans la Province de Ljubljana : les universitaires étaient surveillés de près et un grand 

nombre d’étudiants déportés au camp de Gonars en Italie. Au fur et à mesure de la mise en 

place de la résistance et des meurtres des responsables slovènes « bourgeois » perpétrés par 

les communistes, le régime allait se durcir et Ljubljana sera bientôt entouré de barbelés. 

Après la capitulation de l’Italie en septembre 1943, l’ensemble des territoires 

« italiens », peuplés de Slovènes, furent repris par les Allemands, mais sans être rattachés 

administrativement à la partie nord déjà allemande. La partie occidentale fut rattachée à 

« l’Operationszone Alpenvorland » avec le siège à Bolzano et le reste à « l’Operationszone 

Adriatisches Küstenland » avec le siège à Trieste. De même, le régime d’occupation resta 

différent dans cette partie, notamment en ce qui concerne la nationalité et donc le service 

militaire. Quoique obligatoire, le service pouvait être accompli « volontairement » dans les 

détachements des « domobranci », c’est à dire dans les formations anti-communistes 

slovènes, plus ou moins collaborationnistes, dans l’organisation Todt, dans la nouvelle 

armée italienne, etc. Tout ceci explique en partie l’afflux de jeunes gens dans les 

formations « slovènes », du moins pour la base, et la quasi absence des « malgré nous » de 

ces régions. 

Le régime des territoires du nord, occupés en 1941 par les Allemands, fut tout à fait 

différent et on peut le comparer à celui d’Alsace-Moselle qui, selon toute probabilité, lui 

avait servi de modèle. Le but de ce régime à été clairement exprimé par Hitler lui-même 

lors de sa visite à Maribor où il s’adressa au chef de l’administration civile tout juste mise 

en place avec ces paroles : « Machen Sie mir dieses Land wieder deutsch ! ». Il s’agissait 

donc de reprendre en main un territoire considéré comme ethniquement allemand. Cette 

politique restera une constante de l’occupation allemande dans toute la partie 

septentrionale de la Slovénie. 

Dans cette optique, on forma deux entités administratives qui comprenaient plus de 

12 000 km 2 , avec un peu plus de 1 200 000 habitants (sur 2 millions de Slovènes). La 

Styrie du sud et la partie septentrionale de la Basse Carniole dépendaient du Gauleiter 

Siegfried Überreiter qui siégeait à Maribor, et la Haute Carniole avec une partie de la 

Carinthie était sous les ordres du Gauleiter Friedrich Reiner (au tout début Franz Kutchera) 

qui siégeait à Bled. Plus tard les centres administratifs furent transférés respectivement à 

Graz et à Klagenfurt. Il faut savoir que cette administration était considérée comme 

temporaire et elle avait pour tâche primordiale la préparation du rattachement complet au 

Reich, ce qui devait se faire le plus rapidement possible, initialement dès le 1 er octobre. 

Pour les nazis, il s’agissait de la libération d’un territoire injustement attribué à la 

Yougoslavie après la guerre de 14. Cette idée rencontra une approbation certaine de la 

population d’origine germanique assez importante dans les villes comme Maribor et Celje

La Slovénie entre fascisme, nazisme et communisme 135 

et qui avait eu le temps de s’organiser depuis l’Anschluss et les accords Hitler- 

Stojadinovi�, et le début de la guerre. 

Ce qui s’opposait encore à ce rattachement était, aux yeux des nazis, quelques 

restes de problèmes ethniques. Un contrôle médical de la population fut effectué 

rapidement qui devait déterminer en plus des antécédents génétiques et des appartenances 

politiques et religieuses les caractéristiques raciales de chaque individu. 

Le plan de germanisation, signé par Himmler lui-même, comportait plusieurs 

volets : expulsions, installation des populations allemandes, germanisation rapide du reste 

de la population (on comptait 4 à 5 ans pour terminer cette tâche). Lors de la conférence 

tenue par les responsables allemands le 6 mai à Maribor, il fut décidé que 260 000 

Slovènes de Styrie et de Carinthie seraient expulsés, ce qui représentait pratiquement un 

habitant sur quatre 3 . Parmi les premiers expulsés se trouvaient être des intellectuels 

(enseignants, prêtres, maires, responsables de diverses organisations culturelles et sportives 

-Sokols et Orels) et ceux qui étaient venus s’installer dans ces régions après 1918 (d’Italie 

et d’Autriche, par patriotisme). Ajoutons à cette décapitation intellectuelle de la Styrie et 

de la Carinthie la fuite d’environ 17 000 habitants, en grande partie des intellectuels, dans 

la Province de Ljubljana, au régime plus favorable. Pour l’ensemble de cette population à 

déplacer on pensa d’abord à la Croatie, puis c’est la vieille Serbie qui fut choisie comme 

lieu de destination. Le gouvernement serbe de Nedi� prétexta des problèmes de 

ravitaillement, l’organisation des transports s’avérait de plus en plus difficile à cause de la 

résistance et finalement c’est à peu près 80 000 personnes seulement qui furent réellement 

déportées, surtout en Serbie (7 500), en Croatie (10 000) et en Allemagne (46 000). Le 

remplacement de ces habitants devait être fait ensuite par les Allemands de Ko�evje (en 

zone italienne), ceux du Tyrol du Sud, de Bessarabie et de Bucovine. 

Parallèlement était organisée la germanisation de la population restée sur place. Elle 

se passait à tous les niveaux. Il s’agissait de changer rapidement l’environnement général : 

(« Umvolkung ») : les affiches et panneaux indicateurs, les toponymes, les noms de famille 

et les prénoms reprenant l’orthographe allemande. L’écrit slovène, « depuis le livre de 

prières jusqu’aux dictionnaires », devait disparaître. Les instituteurs slovènes furent 

remplacés par d’autres, venus d’Allemagne ou d’Autriche, le catéchisme devait se faire en 

allemand exclusivement. Un grand nombre de jardins d’enfant furent construits sur 

l’ensemble du territoire afin de commencer l’apprentissage de l’allemand avant l’entrée à 

l’école. A l’église, le prêche slovène fut interdit, ainsi que la messe et le chant latins. On 

arrêta un grand nombre de prêtres, le clergé étant considéré comme « le porteur principal 

de la lutte contre la germanisation » 4 . 

Diverses organisations « patriotiques » devaient jouer un grand rôle dans cette 

œuvre de germanisation. Il faut dire qu’avant même l’arrivée des troupes nazies il existait 

en Carinthie autrichienne et, depuis l’accord Hitler-Stojadinovi�, également en Styrie du 

sud, l’organisation pro-nazie Schwäbisch-deutscher Kulturbund, qui regroupait dans un 

premier temps les populations d’origine allemande (ou plutôt autrichienne) mécontente du 

découpage de Saint-Germain : ses frustrations trouvèrent un exutoire dans l’idéologie 

nazie. A son arrivée, l’administration nazie trouva un allié énergique dans ces organes bien 

structurés. Mais l’organisme de masse sur lequel vont s’appuyer l’administration et l’armée 

fut l’Union patriotique styrienne (Steiericher Heimatbund), fondée le 10 mai 1941 à 

Maribor. Le patriotisme local styrien fut fortement encouragé, en tant que premier pas vers 

la « grande communauté nationale allemande ». Tous les habitants en âge de travailler 

devaient en devenir membres. « Ne peut en être membre que celui qui se reconnaît 

3 Ibid., p. 35. 

4 Ibid,. p. 42.

136 


sincèrement comme appartenant au Führer et au Reich sans arrière-pensée » 5 . En Carinthie 

ce rôle fut attribué à l’Union populaire de Carinthie (Kärntner Volksbund). 

Malgré toutes ces mesures préparatoires menées sur le terrain et malgré les textes 

prêts pour le rattachement des « territoires libérés de la Styrie du sud, de la Carinthie et de 

la Haute Carniole » 6 , ce rattachement fut sans cesse repoussé par les nazis. 

MOBILISATION 

Comme en Alsace - Moselle, les nazis essayèrent, pour pouvoir mobiliser les 

hommes des territoires slovènes, de régler d’abord la question de la nationalité. L’Union 

patriotique de Styrie servait de relais et 95% de la population y furent intégrés. Les 

membres nés avant le 3 mars 1927 (c’est-à-dire ceux qui avaient atteint l’âge de travailler) 

étaient divisés en deux groupes bien distincts par les documents attribués : les membres 

permanents, c’est-à-dire les Volksdeutsche et ceux qui étaient membres du Kulturbund 

avant la guerre recevaient la carte d’adhésion rouge ; les membres temporaires, qui 

devaient encore démontrer leur fidélité au Führer, recevaient la carte verte. Ces derniers 

étaient de loin les plus nombreux. On comptait en 1941 en Styrie plus de 258 000 

membres temporaires contre 17 000 membres permanents 7 . Ces cartes restèrent durant 

toute l’occupation les seuls documents d’identité sur le territoire. Il était donc impossible 

de ne pas faire partie de l’Union patriotique si on voulait exister aux yeux de 

l’administration. 

Le décret réglant la question de la nationalité sur les « territoires libérés de Styrie, 

de Carinthie et de Carniole » fut signé le 14 octobre 1941 à Berlin, mais les décrets 

d’application ne furent prêts que le 10 février 1942. Ces décrets divisaient la population en 

trois groupes de citoyens : étaient citoyens allemands les ex-citoyens yougoslaves de 

nationalité allemande ou proches ; les autres citoyens yougoslaves membres de l’Union 

patriotique recevaient la « nationalité jusqu’à abrogation » (auf Wiederruf) et devaient 

devenir citoyens à part entière en dix ans ; les reste des habitants étaient des « protégés du 

Reich », en fait les plus mal lotis. Ainsi tout était prêt pour mettre en place le service 

militaire et civil, ce qui fut fait par le décret du 24 mars 1942, mis en application à partir du 

1 er avril 42. 

Au-delà des objectifs strictement militaires, l’occupant voyait dans le service 

militaire également un moyen d’accélérer la germanisation en soustrayant les appelés à 

leur milieu culturel et en les mélangeant à ceux qui étaient d’origine allemande (moyen 

largement utilisé dans tous les pays multiethniques, en guerre ou pas). La population, 

habituée à servir les rois étrangers successifs (les moins étrangers avaient été certainement 

les Habsbourg) ne voyait rien de bien original dans cette nouvelle conscription. Les 

vétérans de la guerre de 14 qui devaient se cacher jusque là, étaient enfin autorisés à 

exhiber leurs médailles et ils furent mis à contribution pour la propagande. Le recrutement 

des femmes était beaucoup plus mal perçu et provoquait l’inquiétude et des bruits divers. 

Mais il est certain qu’au début de la guerre les mesures d’ordre linguistique et culturel 

heurtaient beaucoup plus profondément les Slovènes que la mobilisation elle-même. 

Avant la mobilisation il y eut des volontaires, dont les deux premiers sont partis de 

Styrie slovène dès 1937, suivis de dix autres en 1939 et de plusieurs centaines en 1940 (on 

parle d’un régiment d’un demi millier de Styriens du sud en préparation à Graz fin 1940). 

5 Ibid,. p. 36. 

6 Ibid., p. 54, lettre signée par Himmler le 28 août 1941. 

7 Marjan �NIDARSIC, Jo�e DEZMAN, Ludvik PUKLOVEC : Nem�ka mobilizacija Slovencev v drugi svetovni 

vojni (Mobilisation allemande des Slovènes durant la Seconde Guerre mondiale), Zveza dru�tev 

mobiliziranih Slovencev v nem�ki vojski 1941-1941, Celje 2000, p. 20.


Avant l’entrée en vigueur de la mobilisation, on trouve ainsi 511 volontaires dans l’armée 

allemande, dont 50 dans les SS 8 . 

Le 21 mai 1942, furent appelés les premiers jeunes Slovènes, ceux des classes 1923 

et 1924, hommes et femmes (celles-ci au Service du travail obligatoire - 

Reichesarbeitsdienst). Selon les autorités, le recrutement se déroula bien, seul 1% de 

jeunes gens manquait à l’appel (certains avaient déjà été exécutés comme otages), 87% 

furent jugés bons pour le service. Les responsables allemands avaient du mal à cacher leur 

enthousiasme. Le départ du premier groupe eut lieu le 21 juillet de Ptuj, pour Salzbourg, 

siège de la 18 ème région militaire dont dépendait la Styrie. Les autres partirent les jours 

suivants. En musique et avec des discours enflammés. Sur le front, les recrues de ces 

régions s’avérèrent être de très bons soldats, ce qui allait pousser les nazis à accélérer 

l’octroi de la nationalité définitive. On va retrouver ces hommes dans divers régiments, la 

grande majorité dans les chasseurs alpins. 

En août de la même année on procéda aux recrutements des classes 1921 et 1922, 

puis des classes 1919 et 1920, en janvier 1943 ce fut le tour des classes 1918 et 1925. La 

conscription se poursuivit jusqu’au mois d’avril 1945 (classe 1929). 

Cependant, l’année 1943 représente un tournant, car les mobilisations rencontraient 

de sérieux problèmes : le nombre de morts au front ne cessait d’augmenter, la population 

en était de plus en plus consciente ; d’autre part, la résistance au pays était de mieux en 

mieux organisée ; certains réussissent à se cacher, à déserter, etc. 

Mais en plus de la mobilisation dans l’armée allemande proprement dite les 

Slovènes étaient obligés d’entrer dans d’autres formations numériquement très 

importantes : la Whermanschaft, le Volkssturm et le Heimatflak. C’est toujours le 

Heimatbund qui était l’organisateur de la Wehrmanschaft, mise en place le 25 juin 1941 et 

dans laquelle entraient tous les hommes entre 18 et 50 ans (d’abord 45). Cette formation 

paramilitaire devait contribuer à assurer la sécurité générale, c’est à dire participer à la lutte 

contre la résistance et accessoirement, préparer les hommes pour l’armée. Les cadres 

supérieurs venaient d’Allemagne (parfois de Strasbourg), le reste étant recruté sur place 

parmi les Volksdeutsche ou même parmi les Slovènes de souche. A la fin de 1941, cette 

formation comptait 84 000 hommes en Styrie 9 . Leur chef était Franz Steindl, responsable 

du Heimatbund. Après 1943, ces formations sont amenées à prendre part à toutes les 

batailles contre la résistance 10 . 

A partir de 1942, on forma à l’aide des membres de la Wehrmanschaft des gardes 

villageoises (Selbstschutz) qui devinrent actives, surtout à partir de février 1944, date de 

l’arrivée la 14 ème division de Tito à Pohorje. Mais ces formations s’avéraient de moins en 

moins sûres, les hommes passaient en masse chez les « bandits », et on n’osa plus les 

utiliser à partir d’automne 1944. 

Le 24 octobre 1944, un autre corps de masse fut constitué, selon les décrets de 

Hitler du 25 septembre : le Volkssturm. Il devait comprendre tous les hommes entre 16 et 

60 ans (volontaires à partir de 14 ans et jusqu’à 70 ans) et servir à la défense du territoire 

de « la patrie en danger ». L’organisation matérielle fut elle aussi confiée au chef du 

Heimatbund Franz Steindl. Sur le papier, le Volkssturm devait compter 54 bataillons et 

devait comprendre 46 000 personnes ; certains groupes de la Wehrmanschaft et du 

Selbstschutz pouvaient être appelés à y entrer. On organisa dans toutes les agglomérations 

de quelque importance des prestations de serment solennelles. Quatre classes furent 

8 Marjan �NIDARSIC, ibid. p. 36. L’auteur considère ce chiffre comme l’estimation la plus basse. 

9 Ibid., p.55 (sur 107 000 pour l’ensemble des territoires annexés en 1941). 

10 Elles ont notamment joué un rôle important dans l’anéantissement du légendaire Bataillon de Pohorje le 8 

janvier 1943.

138 


appelées. Mais le temps passant, ces formations étaient de moins en moins sûres, d’après 

les responsables on ne pouvait compter que sur 30% des hommes. 

Le Heimatflak fut constitué dans les villes et comprenait des lycéens de 16 ans. 

Plusieurs centaines de jeunes gens furent mobilisés ainsi et nombre d’entre eux se 

retrouvèrent sur les batteries antiaériennes lors des bombardements alliés. D’autres furent 

envoyés sur le front d’Est pendant les dernières semaines de la guerre. 

Il n’existe pas d’études consacrées aux femmes mobilisées de force. Certaines 

portaient l’uniforme en tant que Wehrmachthelferinen, d’autres devaient travailler dans 

l’organisation Todt, dans les hôpitaux et dans les transports. Celles qui étaient nées en 

1923 et 24 furent envoyées en Autriche et en Allemagne dans le cadre de Reichsarbeitsdienst. 

D’une manière globale, on considère que pour la seule Styrie du sud, 100 à 110 000 

personnes furent d’une manière ou d’une autre retirées de leurs foyers pour servir le 

Führer (sur un peu plus de 600 000 habitants). 

DESERTIONS 

Il est certain toutefois qu’un grand nombre de Slovènes cherchaient à échapper au 

service, avec plus au moins de bonheur, selon le moment et le lieu. Comme nous l’avons 

vu, le deux premières classes d’appelés furent incorporées dans la Wehrmacht sans 

difficulté. Il faut dire qu’il s’agissait dans la majorité des cas de jeunes gens d’origine 

rurale, alors que la plupart d’intellectuels manquaient à l’appel, ils étaient soit exilés, soit 

réfugiés dans la province de Ljubljana. Dans ces régions aux conditions extrêmement 

difficiles il n’existait au début de la guerre presque pas de résistance. Celle-ci a eu 

beaucoup de mal à se mettre en place, surtout devant le nombre important d’otages 

exécutés en 1942 (autour de 900). 

Afin d’épargner leur famille, les appelés essayaient plutôt de déserter une fois dans 

l’armée. On connaît des cas, nombreux, de désertions individuelles ou collectives. Certains 

d’entre eux cherchaient même à rejoindre les mouvements de résistance dans les pays où 

ils étaient envoyés comme soldats allemands. Ainsi deux d’entre eux furent exécutés à 

Besançon en 1943 et deux autres à Paris. Après 1943, le non-retour de la permission se 

multiplie, les hommes se cachent dans les forêts ou rejoignent les résistants. Une fois que 

leurs groupes eurent réussi à s’étoffer et à s’organiser, en hiver 43/44, les permissionnaires 

de la Wehrmacht étaient souvent (cela dépendait des commandants) les bienvenus, étant 

bien préparés, connus aussi pour leur courage au combat : se rendre signifiait pour eux la 

mort. Ainsi certains détachements des partisans parmi les plus actifs furent composés pour 

moitié de ceux que l’on appellera plus tard les « soldats boches ». 

Ce qui rendait ces désertions encore plus difficiles était le fait que sur tout le 

territoire de la Yougoslavie se déroulait parallèlement à la guerre la révolution 

communiste. Un déserteur était doublement suspect : pour son service chez l’ennemi de la 

nation et comme ennemi de classe. Tout candidat à la résistance pouvait passer pour un 

opposant aux communistes, donc hautement suspect et même liquidé purement et 

simplement 11 . En Haute Carniole les détachements de domobranci, dont le commandement 

général collaborait avec l’occupant, avaient attiré un nombre conséquent de permis- 

11 Le cas des exécutions de Lehen, le 4 janvier 1944 est à cet égard particulièrement significatif : huit jeunes 

hommes d’une région proche, qui cherchaient des liens avec la résistance tombèrent sur un détachement des 

partisans de Tito : ils furent interrogés pendant deux jours, certains moururent sous la torture, les autres 

furent exécutés. Ils portaient sur eux des médailles religieuses que les mères cousaient souvent dans les 

vêtements de leurs fils. Les chefs communistes croyaient qu’ils appartenaient à la « garde bleue » de 

Mihajlovi�. Mitja Ribi�i�, compagnon de Tito et par la suite longtemps l’un des premiers personnages de la 

Yougoslavie fut parmi les tortionnaires. Officiellement, ces hommes ont été tués par les nazis.


sionnaires dans leurs rangs, dans certains cas même avec la complicité des membres de la 

Gestapo, qui déclaraient le déserteur « pris par les bandits ». Les cas de passage d’un 

mouvement à l’autre étaient fréquents, surtout parmi les fils de paysans : les détachements 

de domobranci étaient constitués de locaux, ce qui leur permettait de rester près des leurs 

dans ces temps incertains et d’aider parfois aux travaux de la ferme. En Styrie ce choix 

n’existait pas. La plupart du temps la recrue préférait répondre à l’appel pour sauver sa 

famille. A partir de 1944 l’armée de Tito procédait elle aussi à la mobilisation forcée. La 

propagande renforçait encore le désarroi, celle du Reich promettant le paradais dans une 

« Styrie libérée », celle de Tito le paradis général sur terre 12 . En un mot, pratiquement tous 

les hommes en âge de combattre étaient sous les armes. 

Quelle était la vie des « malgré nous » slovènes dans l’armée allemande ? Nous en 

connaissons aujourd’hui quelques bribes grâce aux récits et aux souvenirs parus ces 

dernières années. En général, il partageaient le sort des autres soldats, avec cette restriction 

qu’étant citoyens « jusqu’à abrogation », ils se devaient de gagner la citoyenneté définitive 

et donc la possibilité de progresser par le courage et la discipline. La propagande n’hésitait 

pas à leur donner comme exemple les bataillons slovènes durant la Première guerre 

mondiale. Vers la fin de la guerre un certain nombre de toutes jeunes recrues rejoignirent 

les rangs des SS. 

On ne connaîtra probablement jamais le nombre exact des morts slovènes dans 

l’armée allemande. Voici les chiffres qu’avance pour la seule Styrie la source slovène : sur 

les 66 000 mobilisables, 28 000 auraient été effectivement mobilisés 13 . Plus de 7 000 ne 

seraient pas revenus (c’est à dire 1 sur 4). Il y aurait eu en plus environ 10 000 soldats 

originaires de la Haute Carniole. Selon une source allemande, les chiffres globaux seraient 

beaucoup plus élevés : 70 000 (+10 000 de la Haute Carniole) mobilisés, 14 000 tués 

pendant la guerre, 10 500 disparus 14 . Une histoire récente donne le chiffre global de 15 000 

morts parmi les mobilisés dans l’armée allemande 15 . 

Sur le front de l’Est, il y eut autour de 22 000 prisonniers yougoslaves, dont plus de 

la moitié étaient slovènes. Beaucoup d’entre eux sont morts dans les camps russes. 

À l’Ouest, les premiers groupes de Slovènes furent faits prisonniers en Afrique du nord, 

puis surtout en France, au moment du débarquement et lors des batailles qui le suivirent. 

Un grand groupe de 2 700 prisonniers slovènes fut transféré de France en Écosse, à 

Woodhausely, et rapatrié à Split au printemps 1945, pour se battre contre les nazis 

(Prekomorska brigada). On était en plein accord Tito-�uba�i� et ils ont pu choisir entre les 

partisans de Tito et les formations fidèles au roi (qui furent massacrées aussitôt la guerre 

finie). 

RETOUR 

Pour bon nombre de ceux qui ont réussi à survivre et à rentrer au pays, 

commencèrent « vingt ans de Golgotha » 16 . Arrivés individuellement ou par petits groupes, 

les prisonniers venus d’Occident cherchaient à entrer le plus rapidement possible en 

12 Le commandement allemand munissait à partir de 1944 tout soldat de cette région d’un Sprachhelfer für 

Wehrpflichtige aus der Untersteiemerk qui contenait un chapitre sur l’histoire de la province, revue et 

corrigée par les nazis. Cf. Nem�ka mobilizacija Slovencev v 2. svetovni vojni (Mobilisation allemande des 

Slovènes durant la Seconde Guerre mondiale), ouvrage collectif de la Zveza dru�tev mobiliziranih Slovencev 

v nem�ko vojsko 1941-1944, Muzej narodne osvoboditve, Maribor, 1998, n°4, p.21 

13 Marjan �NIDARSIC, p. 118. 

14 Nem�ka mobilizacija Slovencev v 2. svetovni vojni, n°1, p. 70. 

15 Ilustrirana zgodovina Slovencev (Histoire illustrée des Slovènes), Ljubljana, Mladinska knjiga 1999, p. 

343. 

16 Marjan �NIDARSIC, p. 134.

140 


contact avec leurs compatriotes, en général déjà dans la région de Klagenfurt. Certains se 

retrouvèrent donc par hasard dans le mauvais lot des « collaborateurs » et furent massacrés 

avec eux. D’autres moururent lors des « marches forcés ». D’autres, qui se rendirent aux 

forces de Tito, furent aussitôt obligés de faire leur service dans la nouvelle armée 

yougoslave, bien souvent dans les bataillons disciplinaires qui avaient pour tâche de 

déminer le pays. La durée du service n’étant pas précisée, ils pouvaient y passer des 

années. 

Pour ceux qui réussirent à rejoindre leurs foyers les problèmes n’étaient pas réglés 

pour autant. Sous la pression des Alliés qui cherchaient à unir les différents courants 

politiques existant en Yougoslavie, il y eut l’amnistie générale, mais toute théorique, 

proclamée le 3 août 1945. Dès novembre de la même année le Parti reprit seul les rênes du 

pays et forma la République fédérative populaire de Yougoslavie. Tous ceux qui avaient 

été faits prisonniers de guerre passèrent sous la responsabilité de l’OZNA. Ils furent 

assimilés aux collaborateurs et présentés à la population comme des « soldats boches » 

(�vabski vojaki), nom qu’ils gardèrent au moins durant une vingtaine d’années. Le sort de 

ceux qui revenaient d’URSS et qui avaient réussi à survivre aux camps russes n’étaient pas 

beaucoup plus enviable: la moindre parole contre Staline leur valait avant 1948 

l’emprisonnement dans un camp, et après cette date la moindre parole favorable à la Russie 

soviétique. En règle générale, les « soldats boches » devaient se présenter régulièrement à 

la police (certains tous les jours), subir des interrogatoires, etc. Ceux qui étaient en cours 

d’études avant leur mobilisation n’avaient plus le droit de s’inscrire dans les lycées ou dans 

les universités. Bref, mis à part quelques exceptions, ces « soldats boches » étaient 

considérés comme des citoyens de seconde zone, privés des droits les plus élémentaires 

(travail, sécurité sociale, soins). Leurs familles subirent avec eux pendant de longues 

années le poids de l’infamie. 

Le pire était sans doute le sort des invalides « par leur faute ». Non seulement ils 

n’avaient droit à aucune aide matérielle, mais ils n’avaient en général pas accès aux soins 

médicaux, ni au logement, ni à l’achat des biens, etc. Ils dépendaient entièrement de leurs 

familles qui elles-mêmes étaient l’objet d’ostracisme. Dès les années cinquante certains 

invalides, notamment en Styrie, essayaient de se regrouper secrètement et de prendre 

contact avec la Croix rouge ou même directement avec la République fédérale 

d’Allemagne ou même de contacter les « malgré-nous » en Alsace-Moselle. Les archives 

disponibles depuis peu montrent qu’ils avaient été tous étroitement surveillés, que les plus 

hauts responsables politiques s’occupaient de leur cas. Les directives envoyés aux 

responsables locaux du Parti ne laissent aucune ambiguïté : il fallait surveiller tous les 

contacts entre ces personnes coupables de se regrouper, ouvrir leur correspondance, etc. 

L’entrée de l’ambassade d’Allemagne était elle aussi sous surveillance, tout visiteur 

photographié. En fait, la police était au courant du moindre pas de ceux qui tentaient de 

trouver quelque justice. 

Parmi les craintes qu’exprime Mitja Ribi�i�, le ministre d’intérieur, et donc le chef 

de l’OZNA, nous trouvons aussi la crainte que les invalides de la Wehrmacht ne reçoivent 

une pension de l’Allemagne, « car pour des raisons de propagande politique [l’Allemagne] 

aurait intérêt à leur donner des pensions élevées, plus élevée que celles que reçoivent nos 

invalides » 17 . Quelques rares personnes réussirent, après les années 60 et grâce à une 

relative ouverture de la Yougoslavie, à obtenir la nationalité allemande sur la base de leur 

nationalité pendant la guerre et à bénéficier d’une pension d’invalidité. 

Pourtant, la Yougoslavie avait bien cherché en 1956 à recevoir de l’Allemagne des 

sommes importantes au titre des dommages de guerre et qui devaient permettre, entre 

17 Nem�ka mobilizacija Slovencev v 2. svetovni vojni, n°2, p. 139.


autres, le versement des pensions d’invalidité 18 . Les archives et la documentation réunie 

permettent aujourd’hui de voir le double jeu du gouvernement yougoslave. Mitja Ribi�i� 

explique déjà dans l’une de ses lettres de 1954 envoyées au Comité exécutif qu’il était 

impossible de dire aux Allemands que ces invalides étaient eux-mêmes responsables de 

leur sort étant donné qu’ils n’avaient pas évité la mobilisation, car « on se priverait des 

arguments envers l’Allemagne dont nous exigeons des dommages » 19 . Mais pour l’usage 

interne il n’existait pas de mobilisation et la Yougoslavie n’a pas reçu d’argent de 

l’Allemagne. 

CONCLUSION 

Depuis l’indépendance de la Slovénie, la situation a évolué favorablement et les 

mobilisés de force survivants sont enfin pris en compte en tant que « victimes des 

violences dues à la guerre ». Bien tardivement ils retrouvent peu à peu leur dignité. Des 

monuments ont également été érigés à Brezje (10 juin 1995), à Celje (6 mai 1996), à 

Pohorje . 

Le problème de l’historiographie de toute cette époque demeure presque entier. En 

prenant en compte ce qui vient d’être dit, il est évident que l’incorporation forcée des 

Slovènes dans la Wehrmacht n’a pas pu être traitée par l’historiographie slovène ou 

yougoslave. Il y a encore dix ans, je n’aurais disposé d’aucun élément nécessaire pour 

parler de ces « soldats boches », les souvenirs commençaient tout juste à pouvoir être 

imprimés. Ce qui existe est fragmentaire, sans vue d’ensemble et concerne bien souvent 

uniquement le niveau régional. Parfois on a étudié un village ou décrit le destin d’un 

individu seul. Les textes existants, œuvres d’amateurs éclairés et dévoués, manquent 

souvent de références précises. Un immense travail attend les historiens, peu nombreux, et 

qui ne se précipitent pas sur le sujet. La Slovénie est toute tournée vers l’avant, elle 

voudrait oublier les pages douloureuses du passé, oublier la lutte fratricide qui pourtant 

grève encore aujourd’hui la vie politique. Les chercheurs ont d’autres sujets plus porteurs, 

moins controversés, peut-être plus urgents à étudier. Et pourtant, on trouve encore par-ci 

par-là des souvenirs, des témoignages oraux qu’il serait grand temps d’écrire. Surtout à 

l’intention des générations plus jeunes qui ont par trop tendance à croire que tout était 

simple et clair durant cette époque, qu’il suffisait simplement de choisir le bon camp. 

18 Ibid., n° 3, p. 139. 

19 Ibid., p. 131.

142 


Le partage du territoire slovène en 1941

„HAFTRAUMSCHWIERIGKEITEN“ – 

DIE AUSDIFFERENZIERUNG DES NATIONALSOZIALISTISCHEN 

VERFOLGUNGSSYSTEMS WÄHREND DES ZWEITEN WELTKRIEGES 

VORBEMERKUNG 

143 

Elisabeth THALHOFER * 

„Haftraumschwierigkeiten“ – mit Fortschreiten des Zweiten Weltkrieges markierte 

dieser Terminus eines der vorherrschenden Probleme der nationalsozialistischen 

Bürokratie 1 . Die Inflationierung dessen, was als „volksschädigendes Verhalten“ eingestuft 

wurde, die Besetzung und Ausbeutung immer weiterer Teile Europas und schließlich der 

extensive Einsatz von ausländischen Arbeitskräften wie auch von Kriegsgefangenen zur 

Zwangsarbeit machten ein engmaschiges Netz an Repressions- und Verfolgungsinstrumentarien 

für die Nationalsozialisten notwendig. 

Dabei war die Einrichtung von Haftstätten zur Bekämpfung tatsächlicher oder 

vermeintlicher Gegner keineswegs neu, sondern bereits in der Phase der Machteroberung 

und -sicherung erprobt und für tauglich befunden worden. In der Phase der 

Machtstabilisierung erfolgte dann schließlich der systematische Auf- und Ausbau eines 

terroristischen Haftstättengefüges. 1934/35 fiel unter der Einflussnahme Hitlers die 

Entscheidung, ein ganz und gar von der SS beherrschtes Lagersystem zu errichten – das 

System der nationalsozialistischen Konzentrationslager 2 . Bis Kriegsbeginn waren die KZ 

Dachau, Sachsenhausen, Buchenwald, Flossenbürg, Mauthausen und Ravensbrück 

eingerichtet und in den SS-Machtapparat eingegliedert worden. Schriftwechsel des 

Reichsführers-SS (RFSS) Heinrich Himmler dokumentieren, dass seine gesamte 

Aufmerksamkeit während dieser Etappe der nationalsozialistischen Lagerpolitik der 

Zentralisierung der Haftstätten und ihrer Eingliederung in den Machtbereich der SS galt. 

Noch im Januar 1940 ließ er persönlich verlauten, alle bestehenden und neu zu gründenden 

Gefangenenlager müssten der „Inspektion der Konzentrationslager (IKL)“ unterstellt und 

so in den Status eines KZ überführt werden 3 . Im August 1942 räumte er hingegen ein, die 

Gefangenenzahlen seien in allen Teilen des Reiches so erheblich angestiegen, dass eine 

„Erweiterung des Haftraumes“ unabdingbar sei 4 . Zu diesem Zeitpunkt hatte die 

Ausdifferenzierung des nationalsozialistischen Lagersystems schon längst begonnen – das 

Konzept der Zentralisierung war angesichts der „Haftraumschwierigkeiten“ gescheitert, die 

SS hatte ihr Monopol bei der Unterhaltung eines eigenen terroristischen Lagersystems 

eingebüßt. 

Bereits mit Kriegsbeginn und zunehmend im Zuge der aggressiven 

Expansionspolitik des Zweiten Weltkrieges war es zu einer Ausdehnung des KZ-Systems 

einerseits und zu einer Ausdifferenzierung nationalsozialistischer Haftstättentypen 

andererseits gekommen. Parallel zum System der Konzentrationslager entstanden weitere 

* Attachée scientifique, Université de Sarrebruck. 

1 Vgl. zum Beispiel Schreiben des RFSS Heinrich Himmler an die staatlichen Polizeiverwaltungen, betr. 

Haftraumschwierigkeiten, 13. August 1942; Bundesarchiv (BA) Berlin, R58/1027. 

2 Vgl. Johannes TUCHEL, Konzentrationslager. Organisationsgeschichte und Funktion der „Inspektion der 

Konzentrationslager“ 1934-1938 (Schriften des Bundesarchivs; 39), Boppard am Rhein, 1991. 

3 Schreiben des RFSS an SS-Obergruppenführer Heißmeyer vom 15. Januar 1940; BA Berlin, NS 19/1919. 

4 Schreiben des RFSS an die staatlichen Polizeiverwaltungen, betr. Haftraumschwierigkeiten, 13. August 

1942; BA Berlin, R58/1027.

144 

Elisabeth Thalhofer 

Haftstättengefüge, die nicht nur zu einem gigantischen Unterbau für die KZ wurden, 

sondern gleichzeitig in Konkurrenz zu ihm bestanden. 

Diese Ausdifferenzierung des nationalsozialistischen Lagersystems während des 

Zweiten Weltkrieges sowie die Wechselwirkung zwischen Annexionspolitik und 

Verfolgungspraxis des Dritten Reiches soll im Folgenden an den Beispielen des 

Konzentrationslagers Natzweiler-Struthof, des SS-Sonderlagers Hinzert und des 

Erweiterten Polizeigefängnisses Neue Bremm gezeigt werden 5 . 

KONZENTRATIONSLAGER NATZWEILER-STRUTHOF 

Für die Lagerpolitik der Vorkriegszeit waren Bemühungen um eine Zentralisierung 

der Haftstättenorganisation und -leitung kennzeichnend gewesen. Auf- und Ausbau des 

KZ-Systems fiel – in Vorbereitung des Krieges – in die Jahre 1936 bis 1939 6 . Ziel aller 

Anstrengungen des RFSS war es, eine Ausdifferenzierung des Lagersystems zu 

unterbinden. Das KZ-System sollte das zentrale Lagersystem bilden, die 

Konzentrationslager als konkurrenzloser Lagertypus etabliert werden. Die Einrichtung von 

anderen Gefangenenlagern, die außerhalb des Macht- und Einflussbereiches der SS 

gestanden hätten, wurde untersagt 7 . 

Der Kampf um Lagerkontingente – d.h. um Art und Weise der Gegnerbekämpfung 

wie auch um Ausbeutungsmöglichkeiten – spiegelt sich besonders deutlich auf 

institutioneller Ebene wieder. Bis Kriegsbeginn war es gelungen, der SS das Monopol bei 

der Gegnerbekämpfung zu sichern. Als zentrales Instrumentarium war das KZ-System 

gegründet worden, das im Verlauf des Krieges mit 22 Stammlagern und über 1200 

Außenkommandos wie ein riesiges Spinnennetz über Deutschland und die besetzten 

Gebiete ausgebreitet worden war 8 . All diese Lager befanden sich zwar im direkten 

Machtbereich der SS, die Sicherheitspolizei – seit 1939 institutionell mit dem 

Sicherheitsdienst der NSDAP im Reichssicherheitshauptamt (RSHA) verbunden – hatte 

sich jedoch eine wichtige Machtposition in dem reorganisierten KZ-System sichern 

können: Allein die Gestapo war befugt, Schutzhaftbefehle auszustellen und damit die 

Inhaftierung in einem Konzentrationslager zu veranlassen 9 . Wie zu zeigen sein wird, 

drängte die Gestapo im Verlauf des Krieges jedoch insbesondere auf regionaler Ebene aus 

dieser Rolle als Institution der Gegnerverfolgung heraus – hinein in das Aufgabenfeld 

unmittelbarer Gegnerbekämpfung. 

Seit Kriegsbeginn wurde die Lagerpolitik zudem als integraler Bestandteil der 

Annexions- und Nazifizierungspolitik begriffen. So wurde das Konzentrationslager 

Natzweiler-Struthof im August 1940 unmittelbar nach der Annexion Elsass-Lothringens 

errichtet 10 . Sein Aufbau fiel in eine Phase der nationalsozialistischen Lagerpolitik, in der 

die wirtschaftliche Ausbeutung der Häftlinge von immer zentralerem Interesse werden 

5 Im Mittelpunkt werden dabei Fragen der Organisationsgeschichte stehen, weniger Aspekte der Lagerchro- 

nologie oder jeweiligen Haftbedingungen. 

6 Vgl. Karin ORTH, Das System der nationalsozialistischen Konzentrationslager. Eine politische Organisati- 

onsgeschichte, Hamburg, 1999, S. 35-39. 

7 Vgl. Schreiben des RFSS an den SS-Obergruppenführer Heißmeyer vom 15. Januar 1940; BA Berlin, NS 

19/1919. 

8 Vgl. Gudrun SCHWARZ, Die nationalsozialistischen Lager, Frankfurt a. M. 1996, S. 261. 

9 Vgl. Ulrich HERBERT, Von der Gegnerbekämpfung zur „rassischen Generalprävention“. „Schutzhaft“ und 

Konzentrationslager in der Konzeption der Gestapo-Führung 1933-1939, in: Ders., Karin ORTH u. Christoph 

DIECKMANN (Hrsg.), Die nationalsozialistischen Konzentrationslager, Bd. 1: Entwicklung und Struktur, 

Göttingen, 1998, S. 60-86. 

10 Vgl. Gudrun SCHWARZ, S. 212-214; Martin WEINMANN (Hrsg.), Das nationalsozialistische Lagersystem 

(CCP), Frankfurt a. M. 1990.

„Haftraumschwierigkeiten“ –Die Ausdifferenzierung des nationalsozialistischen ... 145 

sollte. Ein nahe des Dorfes Struthof gelegener Steinbruch mit seltenem roten Granit war 

bedeutend für die Entscheidung, in den Vogesen ein Lager zu errichten 11 . Doch nicht allein 

das Interesse des Reichsbauministers Albert Speer an dem elsässischen Granit war für die 

Standortwahl ausschlaggebend – von Anfang an diente das KZ Natzweiler auch dazu, den 

Widerstand in der Grenzregion zu brechen, die Bevölkerung zu terrorisieren und Gegner 

der Annexionspolitik zu verfolgen. Natzweiler wurde zu einer zentralen Haftstätte für so 

genannte „Nacht-und-Nebel-Häftlinge“, deren „spurlose[s] Verschwindenlassen“ bei der 

Bevölkerung der besetzten Gebiete für die „erforderliche abschreckende Wirkung“ sorgen 

sollte 12 . Wie eng Annexionspolitik und Verfolgungsapparat ineinander griffen, zeigt nicht 

zuletzt die Kooperation des KZ Natzweiler mit der Reichsuniversität Straßburg: Zahlreiche 

Gefangene wurden Opfer von Menschenversuchen. Unter Leitung der Professoren Otto 

Bickenbach, Eugen Haagen und August Hirt wurden in der Gaskammer des Struthofes 

chemische Kampfstoffe erprobt, mit Fleckfieber-Impfstoffen experimentiert und KZ- 

Häftlinge für Hirts „jüdische Skelettsammlung“ ermordet 13 . 

Nach seiner Gründung im Sommer 1940 hatte Natzweiler zunächst den Status eines 

Außenlagers: Das KZ Sachsenhausen war das Stammlager, dem es unterstellt war. Ab dem 

1. Mai 1941 galt Natzweiler schließlich als selbständiges KZ. Es wurde durch seine 

Unterstellung unter die IKL – seit 1942 Amtsgruppe D im SS-Wirtschafts- 

Verwaltungshauptamt (WVHA) – in den Machtapparat der SS eingegliedert und blieb das 

einzige deutsche Konzentrationslager auf französischem Boden 14 . 

Damit war es nicht nur den Weisungen und Befehlen unterworfen, die zentral von 

Berlin aus an alle KZ ergingen, sondern auch Aufbau und Funktionsweise des Lagers 

folgten dem so genannten „Dachauer Modell“, das seit 1936 als verbindliche Konzeption 

für alle nationalsozialistischen Konzentrationslager galt 15 . Die einzelnen Verwaltungsabteilungen 

des Lagers hatten demgemäß ihre Entsprechung in der übergeordneten SS- 

Bürokratie, das Personal wurde in die Totenkopf-SS übernommen und die jeweiligen 

Lagerkommandanten kann man als Angehörige einer homogenen Spezialistengruppe 

charakterisieren, die für den Dienst in einem Konzentrationslager eigens ausgebildet 

worden waren 16 . 

Die für die Kriegsentwicklung wichtigen Funktionswandel der Konzentrationslager 

prägten auch das Bild vom KZ Natzweiler-Struthof: Im Vorfeld des Krieges hatte sich 

bereits eine Schwerpunktverlagerung von der politischen Gegnerbekämpfung hin zu einer 

präventiven, rassenpolitisch begründeten Verfolgungspraxis abgezeichnet. Während des 

Krieges trat neben diesen Aspekt einer langfristigen Isolierung – schließlich 

systematischen Tötung – der Aspekt, Konzentrationslager als unerschöpfliches Arsenal zur 

Zwangsrekrutierung von Arbeitskräften zu nutzen 17 . Für die nationalsozialistische 

Annexionspolitik ist bezeichnend, dass aufgrund der faktischen Okkupationssituation in 

Elsass-Lothringen, das KZ Natzweiler von Anfang an nicht nur den wirtschaftlichen 

Interessen der SS diente, sondern gleichfalls einen wichtigen Teil des Besatzungsapparates 

bildete. 

11 Vgl. Karin ORTH, System, S. 85. 

12 Nacht-und-Nebel-Erlaß des Chefs OKW, Generalfeldmarschall Wilhelm Keitel vom 7. Dezember 1942, 

IMG, PS-1733 sowie Durchführungsbestimmungen PS-669 und PS-836. 

13 Vgl. Alexander MITSCHERLICH, Fred MIELKE (Hrsg.), Medizin ohne Menschlichkeit. Dokumente der Nürn- 

berger Ärzteprozesse, Frankfurt a. M. 1989. 

14 Vgl. Karin ORTH, System, S. 85. 

15 Vgl. ebd., S. 338. 

16 Vgl. Karin ORTH, Die Konzentrationslager-SS. Sozialstrukturelle Analysen und biographische Studien, 

Göttingen, 2000. 

17 Vgl. Bernd WEISBROD, Entwicklung und Funktionswandel der Konzentrationslager 1937/38 bis 1945, in: 

Ulrich HERBERT, Karin ORTH u. Christoph DIECKMANN (Hrsg.), Bd. 1, S. 351.

146 

KZ UND SS-SONDERLAGER HINZERT 


Trotz aller „Haftraumschwierigkeiten“, die seit Kriegsbeginn die nationalsozialistische 

Bürokratie immer stärker beschäftigten, versuchte Himmler an dem 

zentralisierten und letztlich ihm selbst unmittelbar unterstellten KZ-System festzuhalten. 

Schließlich war es seit seiner Neuorganisation und Zentralisierung, die im Jahre 1936 

eingeleitet worden war, nicht nur zu einem wichtigen Machtfaktor des Reichsführers-SS 

geworden, sondern auch zu einem wichtigen Wirtschaftsfaktor der SS. 

Betrachtet man jedoch das so genannte „KZ und SS-Sonderlager Hinzert“, so zeigt 

sich, dass das KZ-System bereits seit Kriegsbeginn kein monolithisches, in sich 

geschlossenes System mehr darstellte, als das es nur drei Jahre zuvor organisiert worden 

war. Zunehmend wurde es den Gegebenheiten des Krieges angepasst. Eine strukturelle 

Ausdifferenzierung und Dezentralisierung des Lagerkosmos konnte weder verhindert noch 

aufgehalten werden. Selbst wütende Proteste Himmlers, der einen realen Machtverlust 

sowie wirtschaftliche Einbußen fürchtete, konnten diese schleichende Unterwanderung und 

Aufweichung des KZ-Systems nicht verhindern 18 . 

Im Reich und in den besetzten Ländern entstand eine Reihe von Haftlagern, die 

ohne offizielle Genehmigung des Reichsführers-SS gegründet worden waren und sich auch 

nicht in das System der Konzentrationslager fügten. Meist wurden diese Haftstätten von 

den örtlichen Einheiten des jeweiligen SS-Oberabschnitts oder den regionalen 

Mittelinstanzen der Sicherheitspolizei geführt 19 . Zu solchen dezentralen Haftstätten 

gehörten das „Sicherungslager Schirmeck-Vorbruck“, das im Juli/August 1940 gegründet 

und dem Befehlshaber der Sicherheitspolizei und des SD für das Elsass in Straßburg 

unterstellt worden war, wie auch das „SS-Sonderlager Hinzert“ bei Trier 20 . 

Die Gründung des Lagers Hinzert im Jahre 1938 ging zurück auf eine Initiative von 

Fritz Todt, dem Generalinspektor für das deutsche Straßenwesen und Beauftragten für den 

Westwallbau. In dieser Gründungsphase 1938-1940 war es als kasernierte Unterkunft für 

die Zivilarbeiter des Westwalls konzipiert worden, sehr schnell ging man jedoch dazu über, 

so genannte „Arbeitsscheue“ und „Arbeitsverweigerer“ einzuliefern, um sie im Lager im 

Sinne des Nationalsozialismus zu disziplinieren und zu „erziehen“. 

Der Organisation Todt (OT) standen wegen der strategischen Bedeutung des 

Westwall-Baus insgesamt sechs SS-Sicherungsstäbe zur Verfügung, die gemeinsam mit 

den örtlichen Institutionen der Sicherheitspolizei für die Wahrung der Arbeitsdisziplin auf 

den Baustellen zuständig waren 21 . Die SS begann nun, spezielle Haftlager für die einzelnen 

Bauabschnitte des Westwalls einzurichten, zumal die Polizeigefängnisse seit Kriegsbeginn 

ohnehin überfüllt waren 22 . Die zentrale Kommandantur für die neu entstandenen Westwall- 

Lager wurde in Hinzert eingerichtet. Das SS-Sonderlager selbst war der Stapostelle Trier 

unterstellt, der „Führer des Sicherungsstabes beim Generalinspekteur für das deutsche 

Straßenwesen“ war in Personalunion gleichzeitig der Wiesbadener Inspekteur der 

Sicherheitspolizei und des SD (IdS) und fungierte als Verbindungsmann zwischen OT und 

RSHA. Für die Repressionspraxis waren diese Organisationsstrukturen von großer 

18 

Gabriele LOTFI, SS-Sonderlager im nationalsozialistischen Terrorsystem. Die Entstehung von Hinzert, 

Stutthof und Soldau, in: Norbert FREI, Sybille STEINBACHER u. Bernd C. WAGNER (Hrsg.), Ausbeutung, Vernichtung, 

Öffentlichkeit. Neue Studien zur nationalsozialistischen Lagerpolitik, München 2000. 

19 

Ebd., S. 209. 

20 

Vgl. Gudrun SCHWARZ, S. 104-106. 

21 

Vgl. Gabriele LOTFI, SS-Sonderlager, S. 210 sowie Albert Pütz, Das SS-Sonderlager / KZ Hinzert 1940- 

1945. Das Anklage-Verfahren gegen Paul Sporrenberg (Schriftenreihe des Ministeriums der Justiz Rheinland-Pfalz; 

6), Frankfurt a. M. 1998, S. 46. 

22 

Vgl. ebd.


Bedeutung – der für eine KZ-Inhaftierung obligatorische Schutzhaftbefehl musste bei der 

Einweisung in eines der Westwall-Lager nicht eigens beantragt werden, eine einfache 

Einweisungsverfügung der zuständigen Stapostelle reichte aus. Die direkte Einbindung in 

die Verwaltungsstrukturen des Reichssicherheitshauptamtes minimierte den bürokratischen 

Aufwand und kam damit den Erfordernissen der Kriegsvorbereitungen entgegen 23 . 

Den besonderen Anforderungen des Westwall-Baus entsprechend verfolgten 

Hinzert sowie die übrigen Polizeihaftlager einen spezifischen Inhaftierungszweck: 

Während kurzfristiger Haftstrafen – in den Westlagern meist 14 Tage, in Hinzert 3 Monate 

– sollten die Gefangenen durch beaufsichtigte schwerste körperliche Arbeit, verbunden mit 

scharfem militärischem Lagerdrill und weltanschaulicher Schulung, im Sinne einer 

nationalsozialistischen Lebensführung umgeformt werden 24 . Entsprechend dieses 

Anspruches wurden die inhaftierten Arbeiter nicht als Häftlinge bezeichnet, sondern als 

„Zöglinge“ 25 . In dieser Funktion als Disziplinierungsstätte für Arbeiter fungierte das SS- 

Sonderlager Hinzert als Modell für die späteren Arbeitserziehungslager der Gestapo 26 . 

Bei den beteiligten Baufirmen und verantwortlichen Polizeidienststellen fanden 

Hinzert und die Westwall-Lager schnell regen Anklang – garantierten sie doch eine 

nachhaltige Disziplinierung der Gefangenen, ohne eine KZ-Inhaftierung nötig werden zu 

lassen, die den Arbeiter meist auf unbestimmte Zeit von seiner Arbeitsstelle entfernte. 

Durch den Kriegsverlauf wurde der eigentliche Zweck der Westlager – nämlich die 

Sicherung des Westwall-Baus – jedoch obsolet und das Lager Hinzert stand zur 

Disposition. Aufgrund des Druckes, den Firmen und regionale Gestapo-Stellen ausübten, 

fiel die Entscheidung, den Fortbestand des Lagers zu sichern. Himmler entzog es im Juli 

1940 aber der Kontrolle des Wiesbadener Inspekteurs der Sicherheitspolizei und 

unterstellte die Wachmannschaft rückwirkend zum 1. Juli 1940 dem Inspekteur der 

Konzentrationslager. Damit war Hinzert in den Machtapparat der SS eingegliedert, die 

Wachmänner wurden in die Totenkopfverbände übernommen. 

Die wirtschaftliche Verwaltung und Nutzung des Lagers blieb hingegen in der 

Verantwortung der Stapostelle Trier, was zu einer Doppelunterstellung des Lagers führte: 

Hinzert wurde in den Verteiler der Konzentrationslager aufgenommen, d.h. es erhielt wie 

alle anderen KZ zentrale Weisungen aus Berlin, wahrte gleichzeitig aber auch seinen 

Sonderstatus 27 . SS und Sicherheitspolizei teilten sich gleichsam die Zuständigkeit für das 

Lager im Hunsrück – gerieten damit aber auch unweigerlich in Konkurrenz zueinander: 

Während das Personal in die Totenkopf-SS übernommen worden war und damit der IKL 

unterstand, blieben die Häftlinge im Zuständigkeitsbereich der regionalen 

Sicherheitspolizei und damit im Machtbereich des RSHA 28 . 

Angesichts der stetigen Ausweitung des SS-Wirtschaftsimperiums, das auf der 

Ausbeutung der Häftlings-Arbeitskraft basierte, verwundert es nicht, dass es bald zu 

Konflikten um Hinzerts unklaren Status kam. Am 1. Februar 1942 war das SS-Wirtschafts- 

Verwaltungshauptamt gegründet worden, das mit seiner Amtsgruppe D fortan die 

Aufgaben der IKL, also die Verwaltung und „wirtschaftliche Nutzung“ der 

23 

Vgl. Gabriele LOTFI, SS-Sonderlager, S. 214. 

24 

Vgl. ebd. 

25 

Vgl. Karin ORTH, Konzentrationslager-SS, S. 193-195. 

26 

Vgl. Gabriele Lotfi, SS-Sonderlager, S. 213 sowie Gabriele LOTFI, KZ der Gestapo, Arbeitserziehungslager 

im Dritten Reich, Stuttgart u. München 2000. 

27 

Gabriele LOTFI, SS-Sonderlager, S. 225; Volker SCHNEIDER, Waffen-SS SS-Sonderlager „Hinzert“. Das 

Konzentrationslager im „Gau Moselland“ 1939-1945. Untersuchungen zu einem Haftstättensystem der Organisation 

Todt, der Inspektion der Konzentrationslager und des Wirtschaftsverwaltungshauptamtes der SS, 

Nonnweiler-Otzenhausen, 1998, S. 40. 

28 

Das Jahr 1941 wird daher auch als „AEL-Phase“ des Lagers bezeichnet. Vgl. Volker SCHNEIDER, S. 91-93 

sowie Gabriele LOTFI, SS-Sonderlager, S. 228.

148 


Konzentrationslager übernahm. Kurz nach der Gründung des WVHA ließ Himmler 

verlauten, man könne es sich nun nicht mehr leisten, Hinzert in der Zuständigkeit des 

RSHA zu belassen. Vielmehr halte er es „für richtig, wenn das SS-Sonderlager ‚Hinzert’ 

wirtschaftsmäßig in die Inspektion der Konzentrationslager überginge“ 29 . Seit dem Februar 

1942 war Hinzert damit reguläres KZ, dennoch behielt es seine Ausnahmestellung als „SS- 

Sonderlager“, zumal nicht das Reich die Eigentumsrechte an dem Lagergelände hielt, wie 

dies bei Konzentrationslagern die Regel war, sondern die Liegenschaft weiterhin im 

Privatbesitz der verpachtenden Bauern blieb 30 . 

Seit die Verwaltung von Hinzert im Februar 1942 endgültig aus dem 

Kompetenzbereich des Reichssicherheitshauptamtes herausgelöst und stattdessen dem neu 

gegründeten Wirtschafts-Verwaltungshauptamt übertragen worden war, diente das Lager 

nicht nur als Arbeitskräftereservoir für die SS, sondern wurde immer stärker in den 

deutschen Besatzungsapparat eingebunden. Die Ausnahmestellung des „SS-Sonderlagers“ 

im nationalsozialistischen Verfolgungsapparat fand ihren Niederschlag sowohl in der 

Namensgebung, als auch in der Durchführung von „Sonderprogrammen“, für die die 

deutsche Besatzungs- sowie die so genannte Volkstumspolitik den Handlungsrahmen 

bestimmten. So war Hinzert Zentrum für rassistische „Wiedereindeutschungsmaßnahmen“ 

31 wie auch für die Inhaftierung französischer „Repressaliengeiseln“, die im 

Zuge deutscher „Vergeltungsmaßnahmen“ für Aktionen der Résistance gefangen 

genommen wurden 32 . 

Die Beispiele des KZ Natzweiler-Struthof und des SS-Sonderlagers Hinzert zeigen, 

dass gerade im Zuge des Krieges eine stetige Expansion des nationalsozialistischen 

Verfolgungsapparates erfolgte, dass diese Expansion und die mit ihr verbundenen 

Kompetenzausweitungen oder Sonderaufgaben für einzelne Lager aber auch eine 

Ausdifferenzierung des geschlossenen KZ-Systems bedeutete. 

Diese Aufweichung der Strukturen des Verfolgungssystems ist bezeichnend für die 

Entwicklung des gesamten NS-Repressionsapparates während des Krieges. Zusätzlich zum 

KZ-System, das durch ein riesiges Netz an Außenlagern zu einem regelrechten SS-Staat 33 

anschwoll, entstanden bzw. erstarkten Gefüge unterschiedlicher Haftstättentypen und es 

bildeten sich – wie im Falle des SS-Sonderlagers Hinzert – Mischformen heraus. 

Doch die Ausdifferenzierung des Haftstättensystems vollzog sich nicht nur auf der 

Ebene einer Aufweichung der bestehenden Strukturen. Parallel dazu versuchte man, die 

Haftraumschwierigkeiten dadurch zu beheben, dass unmerklich das Monopol der SS auf 

ein in sich geschlossenes Haftstättensystem unterwandert wurde – freilich unter der 

ständigen Missbilligung von Seiten des Reichsführers-SS Heinrich Himmler. 

ERWEITERTES POLIZEIGEFÄNGNIS NEUE BREMM 

Waren die Konzentrationslager sowie Lager, die wie das SS-Sonderlager Hinzert 

eine Mischform darstellten, noch fest in den Machtstrukturen der SS verankert, so 

entstanden in der zweiten Kriegshälfte zunehmend Haftstättengefüge, die außerhalb des 

Einflussbereiches der SS standen. Die Geheime Staatspolizei, deren Zentrale das 

Reichssicherheitshauptamt in Berlin darstellte, war über Staatspolizeileitstellen, 

nachgeordnete Staatspolizeistellen sowie Außendienststellen im ganzen Reich institutionell 

29 

Weisung des RFSS Heinrich Himmler vom 7. Januar 1942, zit. nach: Gabriele LOTFI, SS-Sonderlager, S. 

228. 

30 

Vgl. Gabriele LOTFI, SS-Sonderlager, S. 228. 

31 

Vgl. ebd., S. 229. 

32 

Vgl. ebd. 

33 

Eugen KOGON, Der SS-Staat. Das System der deutschen Konzentrationslager, 38. Aufl., München 2000.


präsent. Ihr oblag die Bekämpfung des „Volks- und Staatsfeindes, der aus ideologischen 

oder aus mittelbar-selbstsüchtigen Beweggründen […] handelt“, wie der stellvertretende 

Leiter des RSHA, Werner Best, formuliert hatte 34 . Mit Fortschreiten des Krieges kam es zu 

einer ständigen Ausweitung des zu bekämpfenden Gegnerfeldes, zumal die Gestapo die 

Definitionsmacht über „Volks- und Staatsfeinde“ hatte – sie bestimmte, was unter 

„Volksschädlingen“ und „Gemeinschaftsfremden“ zu verstehen sei und wie diese zu 

verfolgen waren 35 . In der Folge dieser Ausweitung des Gegnerfeldes wurden die 

„Haftraumschwierigkeiten“ zu einem immer dringenderen Problem. 

Himmler musste den regionalen Staatspolizeistellen schließlich zugestehen, eigene 

Haftstätten einzurichten und zu betreiben: Die Leiter der Stapostellen konnten seit 1943 

nach ihrer subjektiven Einschätzung so genannte „Erweiterte Polizeigefängnisse“ in 

vorhandenen Gebäuden einrichten oder zu diesem Zweck Barackenlager neu errichten. 

Dem Reichssicherheitshauptamt war erst nachträglich Bericht zu erstatten 36 . 

So gründete die Stapostelle Saarbrücken im Frühjahr 1943 das Erweiterte 

Polizeigefängnis Neue Bremm, das zunächst als Haftstätte für Männer geführt und seit 

Januar 1944 schließlich um ein Frauenlager ergänzt wurde. 

In Form der Erweiterten Polizeigefängnisse gelang den regionalen Polizeidienststellen, 

ein eigenes Haftstättengefüge zu etablieren, das vollkommen von dem 

Machtapparat der SS separiert war. Diese Polizeigefängnisse unterstanden lediglich der 

regionalen Gestapo und waren abgeschirmt von der Kontrolle oder Weisungsbefugnis 

anderer Behörden und Instanzen. Anders als bei den Konzentrationslagern gab es keine 

administrative Zentralisierung auf der Reichsebene. Die regionalen Dienststellen der 

Sicherheitspolizei leiteten diese Haftstätten in Eigenregie und verfügten damit über ein 

eigenes KZ-ähnliches Lagergefüge 37 . 

Mit den Erweiterten Polizeigefängnissen stand der Gestapo nicht nur ein – 

ausschließlich von ihr beherrschtes – Machtinstrument zur Verfügung, sie eröffneten 

darüber hinaus ein neues Kapitel sicherheitspolizeilicher Verfolgungspraxis. Von Anfang 

an hatten der Gestapo in den Justizgefängnissen und Strafanstalten bestimmte 

Zuweisungen an Haftraum zur Verfügung gestanden, wie zum Beispiel eine gewisse 

Anzahl von Zellen oder Vernehmungsräumen. Auch die Gestapo von Saarbrücken hatte 

mit der dortigen Strafanstalt Lerchesflur rege kooperiert, insbesondere was die kurzfristige 

Disziplinierung von Zwangsarbeiterinnen und Zwangsarbeitern anging 38 . Mit Einrichtung 

eines Gestapo-eigenen Lagers wurde diese Form der Zusammenarbeit obsolet und – wie im 

Falle Saarbrückens – meist beendet. Denn die von der Gestapo intendierte Wirkung der 

Inhaftierung, jegliche Widerstandskraft der Gefangenen zu brechen, wurde ohnehin nur in 

den Gestapo-Lagern erreicht. Die Haft in solch einem Lager bedeutete verglichen mit den 

Haftbedingungen in Justizgefängnissen einen Quantensprung, was Verfolgungsdynamik 

34 Rundschreiben des Chefs der Sicherheitspolizei und des SD mit Übersendung des vom Chef des Amtes I, 

SS-Brigadeführer Dr. Best am 29. Januar 1940 gehaltenen Vortrages „Der Aufbau der Sicherheitspolizei und 

des SD einschließlich des Reichssicherheitshauptamtes unter besonderer Berücksichtigung der Stellung und 

der Aufgaben der Inspekteure der Sicherheitspolizei und des SD“, 14. März 1940; BA Berlin, R58/243. 

35 Vgl. Norbert FREI, Zwischen Terror und Interpretation. Zur Funktion der politischen Polizei im Nationalsozialismus, 

in: Christof DIPPER, Rainer HUDEMANN u. Jens PETERSEN (Hrsg.), Faschismus und Faschismen 

im Vergleich. Wolfgang Schieder zum 60. Geburtstag (Italien in der Moderne; 3), Köln 1998, S. 217-228. 

36 Richtlinien über das Polizeigefängniswesen, Stand April 1943, BA Berlin, R 1501/127217, Bd. 10, Bl. 15. 

37 Vgl. Rudolf BERGMANN, Über den verwaltungsmäßigen Aufbau eines Arbeitserziehungslagers, in: Die 

Deutsche Polizei. Ausgabe Sicherheitspolizei und SD, 12 (1944), Heft 9, vom 1. Mai 1944, S. 183; BA Berlin, 

RD 19/1-12-. 

38 Vgl. Landesarchiv (LA) Saarbrücken, Justizvollzugsanstalt Saarbrücken, Gefangenenpersonalakten - Aus- 

länder.

150 


und Vernichtungswillen betraf 39 . Manchmal empfanden Häftlinge ihre Haftsituation in 

einem Erweiterten Polizeigefängnis sogar als schlimmer und lebensbedrohlicher, als in 

einem KZ 40 . 

Die Polizei vollzog mit einem eigenen Gefüge an Gestapo-Lagern nämlich 

endgültig den Schritt von einer Behörde der Gegnerverfolgung hin zu einer Institution der 

Gegnerbekämpfung und der aktiven Gegnervernichtung. Mit dem Instrument der 

Erweiterten Polizeigefängnisse verschmolzen de facto Legislativ- und Exekutivgewalt in 

Händen der Gestapo: Nun oblag ihr nicht nur die definitorische Allmacht über das zu 

bekämpfende Gegnerfeld, sondern auch eine Art exekutive Omnipotenz. Unabhängig von 

Himmlers KZ-System und von der Einflussnahme der Justiz gänzlich abgeschirmt, 

etablierten sich die Erweiterten Polizeigefängnisse in der zweiten Kriegshälfte als 

selbständige Terrorstätten der Gestapo 41 . 

Ein eigenes terroristisches Lagerkontingent ermöglichte der Gestapo zudem, 

insbesondere auf regionaler und lokaler Ebene flexibel auf die jeweiligen 

„Notwendigkeiten“ der Gegnerbekämpfung zu reagieren. Für das Saarbrücker Lager ist 

bezeichnend, dass dieses zu einem wichtigen Bestandteil der deutschen Repressionspolitik 

in Elsass-Lothringen wurde. Zum einen entwickelte es sich schnell zu einem Knotenpunkt 

für Häftlingstransporte aus französischen Sammellagern: Die meist aus politischen 

Gründen Inhaftierten passierten die Neue Bremm als Durchgangsstation und wurden in 

Konzentrationslager im Reichsinnern verschleppt. Zum anderen wurde das Lager gerade 

für die lothringische Bevölkerung zu einer konkreten Einrichtung der Unterdrückung und 

der Gestapo-Willkür. Ein Großteil der Häftlinge des Frauenlagers waren Lothringerinnen, 

die in Sippenhaft genommen worden waren, weil sich ihre Ehemänner, Brüder oder Väter 

als „Malgré-nous“ weigerten, in der Wehrmacht zu kämpfen. So genanntes 

„deutschfeindliches Verhalten“ ahndete die Gestapo ebenfalls mit der kurzfristigen – 

dadurch aber oft besonders traumatisierenden – Inhaftierung in ihrem Erweiterten 

Polizeigefängnis 42 . 

Gerade die dezentralisierte Struktur ließ diese Haftstätten zu regelrechten 

„Willkürnischen“ der Geheimen Staatspolizei werden, in denen sich ein ungeheures 

Radikalisierungspotential entwickeln konnte. Die Häftlinge waren aufgrund der 

räumlichen Überschaubarkeit dieser Lager und aufgrund der begrenzten Gefangenenanzahl 

den Aufsehern ausgeliefert. Im Gegensatz zu den Konzentrationslagern gab es kein 

ausgeprägtes System an Funktionsstellen, das zumindest für einige Häftlinge eine 

Erleichterung der Haftsituation und damit bessere Überlebenschancen bedeutet hätte. 

Außerdem führte die relativ kurze Inhaftierungsdauer dazu, dass sich kaum Netzwerke 

zwischen den Gefangenen ausbilden konnten. 

Dies wiederum war ein besonderes Spezifikum dieses Haftstättentyps: Die 

Konzentrationslager dienten der dauerhaften Ausschaltung tatsächlicher oder 

vermeintlicher Gegner des Nationalsozialismus durch Isolation oder systematischen Mord 

bzw. einer größtmöglichen Ausbeutung der Häftlingsarbeitskraft. Sie waren im Krieg zu 

39 Vgl. Rainer MÖHLER, Strafvollzug im „Dritten Reich“. Nationale Politik und regionale Ausprägung am 

Beispiel des Saarlandes, in: Heike JUNG u. Heinz MÜLLER-DIETZ (Hrsg.), Strafvollzug im „Dritten Reich“. 

Am Beispiel des Saarlandes, Baden-Baden 1996, S. 9-301. 

40 Vgl. Zeugenaussagen ehemaliger Häftlinge des Gestapo-Lagers Neue Bremm während des Rastatter Prozesses 

im Mai und Juni 1946, Archives de l’Occupation Française en Allemagne et en Autriche (AOF) Colmar, 

AJ 4028, 2A-5, passim. 

41 Vgl. Elisabeth THALHOFER, Neue Bremm – Terrorstätte der Gestapo. Ein Erweitertes Polizeigefängnis und 

seine Täter 1943-1944, mit einem Vorwort von Rainer Hudemann, 2. erw. Aufl., St. Ingbert 2003. An der 

Universität des Saarlandes wird der Lagertypus des „Erweiterten Polizeigefängnisses“ derzeit systematisch 

untersucht. 

42 Vgl. Zeugenaussagen während des Rastatter Prozesses, AOF Colmar, AJ 4028, 2A-5.


Lagern ohne Wiederkehr geworden. Die Gestapo-Lager dienten den regionalen 

Stapostellen hingegen zu einer kurzfristigen, darum aber besonders „nachhaltigen“ und 

brutalen Disziplinierung von Regimegegnern und Nonkonformisten, wie auch als 

Zwischenstation für Häftlinge, die in KZ verschleppt werden sollten. Der bürokratische 

Aufwand war minimal. Bei einer kurzfristigen Inhaftierung genügte der 

Einweisungsbeschluss der örtlichen Gestapo. Schien das Ziel der Inhaftierung nach kurzer 

Zeit nicht erreicht, konnte man nachträglich beim RSHA den Schutzhaftbefehl und die 

„Verschubung“ in ein KZ beantragen 43 . 

Angesichts der „Haftraumschwierigkeiten“ erwiesen sich die Erweiterten 

Polizeigefängnisse deshalb als – im Sinne der Nationalsozialisten – ideale regionale 

Haftstätten, da sie der Gestapo ermöglichten, flexibel und unbürokratisch auf die jeweils 

anstehenden Aufgaben zu reagieren. Gleichzeitig verweist die starke regionale Einbindung 

und Ausrichtung dieser Lager auf einen weiteren zentralen Aspekt der 

nationalsozialistischen Herrschaft: die Alltäglichkeit des Terrors. 

Gerade diese kleineren dezentralisierten Haftstätten waren einerseits Instrumente 

der Gestapo, Unterdrückung und Terror als alltägliches Mittel anzuwenden – sie zeigen 

andererseits aber auch, dass große Teile der Bevölkerung über diese Form des Terrors und 

der Verfolgung sehr wohl Bescheid wussten, dazu bereit waren, sie in ihren Alltag zu 

integrieren und schließlich durch aktive Teilhabe zu einem stützenden, wenn nicht gar 

forcierenden Element dieses alltäglich gewordenen Terrors zu werden. So stellten das 

Wachpersonal in diesen Gestapo-Lagern keineswegs Mitarbeiter der Sicherheitspolizei 

oder SS-Angehörige, sondern die Gestapo rekrutierte über die Arbeitsämter 

notdienstverpflichtete Zivilisten 44 . Ortsansässige Firmen unterhielten Geschäftsbeziehungen 

mit der Gestapo oder mieteten Häftlinge von ihr. Nicht zuletzt führte ein 

blühendes Denunziantentum dazu, dass diese kleinen regionalen Haftstätten ständig 

überbelegt und deshalb stetig erweitert oder neu gegründet wurden 45 . 

Zu einem systematischen Aufbau von Erweiterten Polizeigefängnissen durch 

regionale Staatspolizeistellen kam es erst seit dem Jahr 1943, also in einer sehr späten 

Regimephase 46 . Ab diesem Zeitpunkt wurden sie als gleichberechtigtes Haftstättengefüge 

neben dem der Konzentrationslager geführt 47 . Damit war die intendierte Monopolstellung 

der SS bei der Bereitstellung und Beherrschung von terroristischen Lagerkontingenten 

nicht nur aufgeweicht, sondern endgültig gebrochen. 

FAZIT 

Mit Fortschreiten des Zweiten Weltkrieges kam es zu einer Expansion des 

nationalsozialistischen KZ-Systems einerseits und zu einer Ausdifferenzierung der 

Verfolgungspraxis wie auch des Repressionsapparates andererseits. War für die 

43 

Vgl. Polizeigefängnisordnung PDV.34, gültig vom 1. Januar 1940 an, Berlin 1943, BA Berlin, RD 18/7- 

34-. 

44 

Vgl. Dritte Verordnung zur Sicherstellung des Kräftebedarfs für Aufgaben von besonderer staatspolitischer 

Bedeutung (Notdienstverordnung), vom 15. Oktober 1938, Reichsgesetzblatt 1938, Teil 1, S. 1441. 

45 

Zur Überbelegung des Frauenlagers Neue Bremm vgl. z.B. Aussage der Aufseherin Hedwig Koch vor dem 

Generaltribunal in Rastatt, 11. Januar 1946, AOF Colmar, AJ/4028, 2B. Zu dem Massenphänomen des Denunziantentums 

vgl. Klaus-Michael Mallmann u. Gerhard Paul, Herrschaft und Alltag. Ein Industrierevier im 

Dritten Reich (Widerstand und Verweigerung im Saarland 1935-1945, Bd. 2), Bonn 1991. 

46 

Bis jetzt konnten für einen früheren Zeitpunkt keine „Erweiterten Polizeigefängnisse“ nachgewiesen werden. 

47 

Vgl. Runderlaß des RFSS an die staatlichen Pol.-Behörden und die SS-Baudienststellen, betr.: Baumaßnahmen 

der staatl. Pol. im Reichsgebiet (einschl. Generalgouvernement) vom 10. Januar 1944; BA Berlin, 

NS 3/450. Gleiches gilt für die Arbeitserziehungslager, die ebenfalls zur Kategorie der Gestapo-Lager gehören.

152 


Lagerpolitik der Jahre 1933-1939 kennzeichnend gewesen, ein einheitliches, 

zentralisiertes, nur von der SS beherrschtes System von Konzentrationslagern zu 

etablieren, so mündete der „Problemdruck“, der sich aus der aggressiven Annexionspolitik 

wie auch aus der ständigen Ausweitung des Gegnerfeldes ergab, in das Gegenteil. 

Sukzessive kam es zu einer Aufweichung der Strukturen des KZ-Systems und zur 

Gründung alternativer Haftstättengefüge oder Lager-Mischformen. Im Reich und in den 

besetzen Gebieten entstand ein regelrechter Lagerkosmos aus unterschiedlichen 

Haftstättentypen, die oftmals in Konkurrenz zueinander bestanden, gleichzeitig aber ein 

engmaschiges Netz bildeten. Die odysseenhaft anmutenden „Lagerkarrieren“ von 

Häftlingen zeugen davon, dass der Repressionsapparat des Dritten Reiches durch diese 

Ausdifferenzierung keineswegs an Schlagkraft einbüßte, sondern – im Gegenteil – 

Verfolgungsdynamik und Vernichtungswillen des Regimes um ein Vielfaches potenzierte. 

Die kleineren, regional verankerten Gestapo-Lager wurden zu einem wichtigen 

Unterbau für das stetig expandierende KZ-System. Gleich einer Infrastruktur des Terrors 

bildeten sie oft den Ausgangspunkt für die qualvolle – und tausendfach tödliche – 

Verschleppung in die nationalsozialistischen Konzentrationslager. Die Etablierung 

regionaler Gestapo-Haftstätten verlagerte den Verfolgungsdruck nicht nur von der Reichsauf 

die Regionalebene, sondern forcierte vielmehr das Eindringen des Terrors in alle 

Bereiche des öffentlichen wie auch des privaten Lebens. Wurden die Konzentrationslager 

mit in SS und Sicherheitspolizei ausgebildeten „Experten des Massenmordes“ 48 betrieben, 

so machte sich in den Gestapo-Lagern die Bevölkerung zur Komplizin der Gestapo. 

Die Beispiele des KZ Natzweiler-Struthof, des SS-Sonderlagers Hinzert und des 

Erweiterten Polizeigefängnisses Neue Bremm zeigen, dass die Ausdifferenzierung des 

nationalsozialistischen Verfolgungsapparates eine Ursache in der Konkurrenz zwischen SS 

und Sicherheitspolizei – zwischen WVHA und RSHA – hatte. 

Michael Wildt hat in seiner Studie über das Reichssicherheitshauptamt 

festgehalten, das RSHA hätte „idealtypisch im Sinne seiner Konstrukteure [...] politische 

Initiative, Problemanalyse, Organisations- und Handlungsauftrag sowie praktischen 

Vollzug in einer Institution vereinigen sollen“ 49 . Kraft und Macht dieser genuin 

nationalsozialistischen Institution habe sich dabei vor Ort entfaltet 50 . In den Erweiterten 

Polizeigefängnissen zeigt sich – überspitzt formuliert – zugleich Höhepunkt und Zerfall 

dieser Konzeption: In den regionalen Staatspolizeistellen verband sich die 

Machtvollkommenheit über eigene terroristische Lagerkontingente mit dem 

Handlungsauftrag der Gegnerbekämpfung. Die Definitionshoheit darüber, wer überhaupt 

als Gegner einzustufen sei lag dabei ebenfalls bei der Gestapo. Dieser Machtzuwachs der 

regionalen Polizeidienststellen erfolgte auf Kosten der zentralisierten Strukturen des 

RSHA sowie auf Kosten von Himmlers KZ-System. Er ist Indiz für die einsetzenden 

Zerfalls- und Auflösungserscheinungen des nationalsozialistischen Herrschaftssystems. 

Für die Gewaltdynamik und den Vernichtungswillen des Dritten Reiches ist aber 

bezeichnend, dass diese Auflösungstendenzen weder ein Machtvakuum hinterließen, noch 

zu einer Schwächung des Verfolgungs- und Repressionsapparates führten. Der 

Machtzuwachs der regionalen Gestapo-Dienststellen wie auch die Ausdifferenzierung des 

nationalsozialistischen Terrors sind vielmehr Zeichen der zunehmenden Entgrenzung der 

Gewalt. 

48 Karin ORTH, Konzentrationslager-SS, S. 300. 

49 Michael WILDT, Generation des Unbedingten. Das Führungskorps des Reichssicherheitshauptamtes, Ham- 

burg 2002, S. 861. 

50 Vgl. ebd.


ABKÜRZUNGEN 

AEL Arbeitserziehungslager 

AOF Archives de l’Occupation Française en Allemagne et en Autriche 

BA Bundesarchiv 

Gestapo Geheime Staatspolizei 

IdS Inspekteur der Sicherheitspolizei und des SD 

IKL Inspektion der Konzentrationslager 

IMG Verhandlungen und Beweisdokumente des Prozesses gegen die 

Hauptkriegsverbrecher vor dem Internationalen Militärgerichtshof, 

Nürnberg, 14. November 1945 - 1. Oktober 1946, 42 Bde. 

KZ Konzentrationslager 

LA Landesarchiv 

NS Nationalsozialismus / nationalsozialistisch 

OT Organisation Todt 

RFSS Reichsführer-SS 

RSHA Reichssicherheitshauptamt 

SS Schutzstaffel 

Stapo Staatspolizei 

WVHA SS-Wirtschafts-Verwaltungshauptamt 

AUSWAHLBIBLIOGRAPHIE 

Gabriele LOTFI, KZ der Gestapo, Arbeitserziehungslager im Dritten Reich, Stuttgart u. 

München 2000. 

Gabriele LOTFI, SS-Sonderlager im nationalsozialistischen Terrorsystem. Die Entstehung 

von Hinzert, Stutthof und Soldau, in: Norbert FREI, Sybille STEINBACHER u. Bernd C. 

WAGNER (Hrsg.), Ausbeutung, Vernichtung, Öffentlichkeit. Neue Studien zur 

nationalsozialistischen Lagerpolitik, München 2000. 

Karin ORTH, Die Konzentrationslager-SS. Sozialstrukturelle Analysen und biographische 

Studien, Göttingen 2000. 

Karin ORTH, Das System der nationalsozialistischen Konzentrationslager. Eine politische 

Organisationsgeschichte, Hamburg 1999. 

Volker SCHNEIDER, Waffen-SS SS-Sonderlager „Hinzert“. Das Konzentrationslager im 

„Gau Moselland“ 1939-1945. Untersuchungen zu einem Haftstättensystem der 

Organisation Todt, der Inspektion der Konzentrationslager und des Wirtschaftsverwaltungshauptamtes 

der SS, Nonnweiler-Otzenhausen 1998. 

Gudrun SCHWARZ, Die nationalsozialistischen Lager, Frankfurt a. M. 1996. 

Elisabeth THALHOFER, Neue Bremm – Terrorstätte der Gestapo. Ein Erweitertes 

Polizeigefängnis und seine Täter 1943-1944, mit einem Vorwort von Rainer Hudemann, 2. 

erw. Aufl., St. Ingbert 2003. 

Michael WILDT, Generation de Unbedingten. Das Führungskorps des Reichssicherheitshauptamtes, 

Hamburg 2002.

154 

Elisabeth Thalhofer

SCIENCES ET POLITIQUE EN MOSELLE ANNEXEE DE 1940 A 1944 

155 

Wolfgang FREUND * 

L’été 1940, le Reich allemand occupait une grande partie de la France et annexait 

pour la deuxième fois les trois départements de l’Est. Les départements de l’Alsace étaient 

annexés au Gau national-socialiste Baden ; la Moselle était donnée en fief à Josef Bürckel, 

Gauleiter du Palatinat et du Saarland. Bien que la diplomatie allemande évitait de 

prononcer le rattachement officiel de l’Alsace-Moselle à l’Allemagne hitlérienne, 

l’annexion administrative, économique et juridique des trois départements devenait un fait. 

Pour l’accomplir, il ne manquait que l’annexion culturelle. 

L’intégration culturelle se déroulait principalement par l’éducation et par la 

persécution de la langue française. Les noms et des signes publics en français étaient 

remplacés par des termes allemands ; les utilisateurs de la langue française étaient expulsés 

ou risquaient de lourdes peines. L’enseignement endoctrinait les enfants tandis que la 

presse, le théâtre et la musique, le cinéma, la littérature, les musées, les bibliothèques et les 

sciences tentaient de convaincre les Alsaciens-Lorrains de leur germanité. Les sciences, ou 

plus exactement, les sciences sociales jouaient un grand rôle dans cette politique. En 

Alsace, les Nazis créèrent la Reichsuniversität Straßburg. Faute de moyens, 

l’administration civile allemande en Moselle se contentait d’installer des institutions 

scientifiques qui contribuaient à la politique de germanisation et d’expulsion. 

Hitler et son Gauleiter Bürckel, devenu le chef de l’administration civile en Moselle 

(« Chef der Zivilverwaltung in Lothringen », CdZ) avaient comme objectif de faire du 

département de la Moselle une partie intégrante du Reich allemand et du Gau, appelé la 

« Marche occidentale », la Westmark. Ils voulaient germaniser la Moselle culturellement, 

faire oublier toute réminiscence française, effacer l’identité lorraine et expulser la 

population indésirable, d’abord les paysans francophones et les Mosellans d’origine juive, 

ensuite les travailleurs industriels non-germaniques, surtout les ouvriers originaires 

d’Europe de l’Est. 

Les Allemands, y compris les savants, venus en Moselle en 1940 partageaient un ou 

plusieurs de ces objectifs, mais il faut distinguer entre différentes attitudes allemandes 

envers la Moselle et ses habitants. Tous les savants allemands étaient convaincus que 

l’Alsace-Moselle appartenait légitimement au Reich ; ce qui n’est pas très étonnant, étant 

donné que l’Allemagne avait perdu la région, il y avait seulement un peu plus de vingt ans. 

De plus, on acceptait la germanisation culturelle, car on soupçonnait l’administration 

française de l’entre-deux-guerres d’une politique de romanisation active. Vu que la 

propagande nazie modelait les cerveaux allemands depuis des années, il est plus que 

vraisemblable que la plupart soutenait aussi les expulsions antisémites, et même la 

déportation de la population d’origine juive vers l’Europe de l’Est et dans les camps de 

concentration. 

En revanche, l’effacement d’une identité régionale en Lorraine était refusé par 

certains savants. Certaines institutions nazies n’approuvaient pas les expulsions de Bürckel 

en Moselle ; la SS lui reprochait même d’avoir renforcé l’ennemi par du « sang allemand » 

expulsé vers la « France de l’intérieur ». 

* Professeur, IEP de Paris I, cycle de Nancy.

156 

Wolfgang Freund 

L’introduction donne un bref aperçu sur l’administration scientifique dans le Gau 

de Josef Bürckel. Ensuite quelques institutions scientifiques installées en Moselle sont 

présentées, notamment leurs travaux et leurs savants les plus importants. Les sciences dans 

le Gau étaient très enfermées ; Bürckel ne tolérait pas d’influence de l’extérieur, ni du 

Ministère de l’éducation à Berlin, ni de la puissante « Westdeutsche Forschungsgemeinschaft 

» (la Communauté de recherche de l’Allemagne de l’Ouest). Comme il n’y 

avait pas d’université dans le Gau, le chef des services culturels et scientifiques, Hermann 

Emrich, pouvait agir sans tenir compte d’instructions ou d’usages académiques. Emrich, 

membre du NSDAP du Gau Rheinpfalz (Palatinat) depuis 1931 et son expert sur la 

politique de la science, mettait au pas, en 1933, la « Pfälzische Gesellschaft zur Förderung 

der Wissenschaften » (Société palatine pour la promotion des sciences, abrégée PGFW) 

dont il était le président jusqu’en 1945. Au sein de cette PGFW, Emrich fonda, en 1936, à 

Kaiserslautern le « Saarpfälzisches Institut für Landes- und Volksforschung » (Institut 

sarro-palatin pour la recherche régionale et ethnique) qui, en 1940, deviendra le 

« Westmark-Institut für Landes- und Volksforschung » (Institut de la Marche occidentale 

pour la recherche régionale et ethnique). Après le rattachement du territoire de la Sarre au 

Gau Rheinpfalz de Bürckel, Emrich devint fonctionnaire dans l’administration du 

Commissariat du Reich pour le Saarland où il dirigea le département Sciences et Arts. En 

été 1940, Emrich occupa les mêmes fonctions dans l’administration civile de la Lorraine 

où il dissolvait toutes les associations culturelles et scientifiques mosellanes pour les 

remplacer par de nouvelles structures allemandes. 

Ces institutions scientifiques installées par l’administration allemande étaient toutes 

concentrées à Metz. Séparée de la bibliothèque municipale de Metz, la 

« Westraumbibliothek Metz » (qui signifie : Bibliothèque pour l’Europe occidentale) 

dirigée par Hans Wegener, était riche d’un fond de près de 800 000 volumes interdits au 

grand public non-scientifique, parce qu’elle contenait trop de livres français ; elle volait 

des livres précieux des Lorrains évacués, en fuite, expulsés ou déportés et s’installa, en 

1943, dans l’ancien cloître des franciscains à Metz. Le Musée de Metz sous la direction 

Edmund Hausen amassait les biens des Lorrains expulsés ou déportés (d’une valeur 

estimée de 3,5 millions de Reichsmark) et collaborait avec les services de la SS, 

notamment avec le Service de sécurité (le SD), le « Reichskommissar für die Festigung 

deutschen Volkstums » (Commissaire du Reich pour l’Affermissement de l’Ethnie 

Allemande) et le SS-Ahnenerbe, l’organisation scientifique de Heinrich Himmler. Les trois 

institutions suivantes seront présentées en détail : d’abord le « Lothringische Institut für 

Landes- und Volksforschung » (Institut lorrain pour la recherche régionale et ethnique), 

ensuite, la « Mittelstelle Westmark » « Landsleute drinnen und draußen » et enfin les 

archives de l’État. 

Afin d’intégrer la Moselle dans le Reich, il fallait effacer l’identité française et 

même remplacer l’identité lorraine par l’idéologie de la « Marche occidentale ». 

« Westmark », c’était le nom que Bürckel avait obtenu pour son grand Gau à la frontière de 

l’ouest. « Westmark » signifiait la lutte des Allemands contre des invasions françaises que 

l’historiographie et la propagande allemande trouvaient dans l’histoire depuis des siècles : 

Richelieu, Napoléon I er et Raymond Poincaré étaient tous soupçonnés de mener le même 

combat contre la nation allemande. En souffrant le plus de la politique antigermanique de 

la France, les régions allemandes de l’Ouest étaient considérées comme l’avant-poste 

d’une bataille pour la survie nationale. L’idéologie francophobe de la « Westmark » devait 

uniformiser et unifier la population hétérogène du Gau, comme Bürckel et ses savants le 

supposaient.

L’INSTITUT LORRAIN 

Sciences et politique en Moselle annexée de 1940 à 1944 157 

L’idéologie de la « Westmark » était largement propagée par les publications et 

manifestations du Lothringisches Institut für Landes- und Volksforschung. Installé à Metz 

en 1940, l’Institut lorrain était situé 20, en Nexirue (à l’époque Bankstraße 20) où, 

aujourd’hui, se trouve « l’Académie nationale de Metz ». L’Institut lorrain était fondé 

comme institution sœur du Westmark-Institut de Kaiserslautern. En centralisant toute la 

recherche régionale et locale, l’Institut lorrain se procurait des biens de la « Société 

d’Histoire et d’Archéologie de la Lorraine » (SHAL), qui fut dissout par Emrich, en tant 

que responsable pour les organisations culturelles auprès du commissaire allemand pour 

les associations lorraines. L’institut lorrain à Metz était dirigé par l’historien Christian 

Hallier, le fils d’un pasteur pan-germaniste de Thionville, expulsé après la Première Guerre 

mondiale. Christian Hallier, qui a grandi à Francfort-sur-le-Main, était le bibliothécaire de 

« l’Institut scientifique des Alsaciens-Lorrains dans le Reich », institut révisionniste de 

recherche scientifique sur la germanité des territoires perdus. 

Du fait que l’Institut lorrain était en pleine reconstruction, son directeur Hallier 

avait très peu de temps pour la recherche scientifique. Il était occupé par la dépense des 

fonds considérables qui en fin de compte venaient du capital confisqué de la SHAL. 

Comme l’Institut lorrain devait devenir l’objet de renommée de la science allemande en 

territoire annexé, l’immeuble de la Nexirue fut bientôt acheté et avant tout embelli d’un 

escalier généreux en chêne, d’une salle de conférence, d’une chambre noire, d’une 

chambre d’hôte et d’un chauffage central. 

Pendant sa présence à Metz, Hallier ne parvint à publier qu’un seul livre 

scientifique : Das Elsaß: Deutsches Kern- und Grenzland, une œuvre collective avec des 

articles sur l’histoire, le folklore et la politique actuelle en Alsace, par exemple une histoire 

de la « Elsaß-Lothringische Jungmannschaft » du SS-Standartenführer Hermann Bickler. 

Hallier ne s’occupait pas d’autres tâches scientifiques avant 1943 quand il publiait 

la revue scientifique du Gau, les Westmärkischen Abhandlungen zur Landes- und 

Volksforschung, fondé en 1937 par l’institut à Kaiserslautern. L’autre publication 

périodique de l’Institut lorrain était la Erbe und Heimat (ce qui signifie : « Héritage et 

petite patrie »). En 1944, il paraît deux numéros de cette nouvelle revue folklorique pour la 

Moselle. Bien entendu, la Erbe und Heimat n’était pas une revue du Gau entier, de la 

Westmark, mais une revue explicitement pour la partie récemment annexée. Mais pourquoi 

enfin, les Allemands, créèrent-ils une revue pour la Moselle, s’ils voulaient éradiquer toute 

conscience régionaliste en Lorraine ? A cause de la pénurie de papier. Faute de papier, il 

était impossible de constituer de nouvelles revues scientifiques dans les limites de 

l’Allemagne avant-guerre ; par contre, pour l’intégration des territoires annexés, on pouvait 

obtenir des autorisations spéciales. Ainsi, les articles dans la Erbe und Heimat devraient 

tous traiter des sujets lorrains, mais pas sans leur donner un aspect de l’idéologie de la 

« Westmark » et du Reich allemand. 

S’adressant à un large public, cette nouvelle revue était destinée à réagir contre les 

influences culturelles françaises en Moselle. L’histoire, la Volkskunde, la recherche sur les 

clans et les comparaisons linguistiques et folkloristes devraient éclairer les Mosellans sur 

leurs relations familiales avec les Rhénans pour enfin repousser l’identité lorraine et pour 

éveiller chez les lecteurs la pensée et le sentiment allemand. Les premiers articles de l’Erbe 

und Heimat satisfaisaient les exigences de la « Westmark » : Emrich comparait la guerre 

actuelle avec le combat historique de la Westmark et Ernst Christmann, l'éminent 

folkloriste palatin, apercevait dans la région historique du Westrich un précurseur

158 


toponymique du Gau de Bürckel ; dans le sort frontalier commun de la région, Hallier 

trouvait le modèle de la nouvelle unité politique du Gau et Ernst Drumm évoquait « l’unité 

du sang » de la Westmark. 

A côté d’Hallier, travaillait un jeune folkloriste palatin : Otto Bertram. 

Contrairement à Hallier, Bertram était membre de la SA (la Sturmabteilung - la section 

d’assaut) et du parti nazi. En charge de la germanisation de tous les toponymes français, 

Bertram collectionnait les noms des petites colonies et les noms des lieux-dits en Moselle 

et traduisait ses formes romanes en allemand. Notamment dans le contexte francoallemand, 

la recherche toponymique avait, dès sa création dans la deuxième moitié du 

XIX e siècle, une fonction très politique. Avec la preuve linguistique d’une colonisation 

germanique antérieure, une région était revendiquée pour le peuple allemand. Mais la 

collection des noms des lieux-dits demanda la coopération des Mosellans qui connaissaient 

ces noms. Après les expulsions massives, qui avaient complètement vidé certains villages, 

il n’y restait plus personne qui se souvenait des noms des lieux-dits. Dans le Pays de 

Bitche, où les habitants, tout récemment rentrés du Sud-Ouest, ont dû céder devant 

l’élargissement du camp militaire, Bertram rassembla les meubles rustiques d’une valeur 

folklorique qui, ensuite, étaient distribués parmi les musées et l’administration allemande. 

En janvier 1942, Bertram fut appelé par la Wehrmacht, laissant Hallier comme seul 

chercheur de l’Institut lorrain. Il ne manquait pas d’argent pour les institutions de 

l’annexion, il manquait de savants pour les occuper. Ce n’était qu’en 1943 qu’un deuxième 

scientifique entra à l’Institut lorrain, le géographe Hermann Overbeck qui avait longtemps 

travaillé dans la propagande scientifique pour le retour du territoire de la Sarre en 

Allemagne. 

Hallier et Bertram essayaient en vain de recruter des chercheurs autochtones en 

Moselle. Il n’en restait pas beaucoup et ceux qui restaient n’acceptaient pas l’interprétation 

allemande de l’histoire lorraine. Le seul chercheur alsacien-mosellan qui se mettait 

volontairement au service de l’administration de l’annexion en Moselle était un professeur 

de Strasbourg, Émile Linckenheld, qui, en 1941, soutenait la collection et la germanisation 

des noms des lieux-dits mosellans de Bertram. En mai 1941, Hallier demanda à l’historien 

local du Pays de Sarreguemines, Henri Hiegel, de collaborer avec l’Institut lorrain. Mais 

l’article de Hiegel sur l’histoire moderne de la Lorraine n’était pas du goût de Hallier : « Il 

s’agit d’un ouvrage fait avec soin, mais qui s’ouvre complètement aux détails territoriaux. 

Sous cette forme, le travail n’est pas publiable ». C’était exactement cette historiographie 

locale, déjà bannie dans les régions allemandes, une historiographie régionale qui était 

dénoncée par les savants allemands : l’historiographie du clocher du village. Cette 

historiographie campaniliste devait faire place à l’historiographie d’un Reich uni et toutpuissant. 

Par contre, les chercheurs allemands sur la Lorraine collaboraient largement avec 

les nouvelles installations scientifiques en Moselle. Tout d’abord le collectionneur des 

contes mosellans, Angelika Merkelbach-Pinck, la sœur du collectionneur des chants 

populaires mosellans, l’Abbé Louis Pinck. Merkelbach-Pinck habitait Francfort et 

connaissait la famille Hallier depuis longtemps. A plusieurs reprises, elle contribua par des 

articles folkloriques aux publications scientifiques de l’Institut lorrain. Malgré son 

appartenance au parti nazi, Merkelbach-Pinck avait des difficultés avec des autorités 

allemandes, particulièrement avec la SS parce qu’elle protesta contre l’expulsion des 

religieuses du couvent de St. Jean de Bassel. 

D’autres savants allemands contribuaient aux publications de Hallier, notamment à 

son livre sur l’Alsace et dans la Erbe und Heimat. En hiver 1943/44, l’Institut lorrain invita 

des chercheurs allemands renommés pour une série de conférences sur le Reich, 

l’Allemagne occidentale, la Rhénanie, l’Alsace et la Lorraine et sur leur combat contre la


France. La « Reichsuniversität Straßburg » (Université du Reich de Strasbourg) récemment 

refondée fournissait quelques conférenciers : le juriste national-socialiste Ernst Rudolf 

Huber et le médiéviste Hermann Heimpel qui raisonnait sur les relations entre la 

Bourgogne et l’Empire allemand. Les interventions sur la frontière ethnique et linguistique 

franco-allemande de Franz Petri et du celtologue et collaborateur du mouvement 

autonomiste breton Leo Weisgerber étaient d’un intérêt particulier. Ce rendez-vous de la 

science la plus réputée de l’Allemagne de l’ouest devait être seulement l’annonce d’un 

projet plus ambitieux : la ville de Metz était destinée à un centre de recherche et 

d’enseignement scientifique à l’Ouest construit autour de l’Institut lorrain. Après la guerre, 

la science allemande devait dominer l’Europe occidentale et une université à Metz devait 

être son avant-poste. Cependant, faute de contacts avec la science universitaire, les plans 

du Gau sur sa structure scientifique à venir en Moselle annexée étaient vagues et 

incertains. 

En 1945, Hallier fut arrêté à Francfort par l’armée française et accusé d’atteinte à 

l’intégrité du territoire français. Pourtant ce n’était pas son travail et ses fonctions pendant 

la deuxième annexion qui était en question, mais son appartenance à « l’Institut 

scientifique des Alsaciens-Lorrains » dans l’entre-deux-guerres. Acquitté en 1947, Hallier 

retourna à Francfort où il trouva un emploi dans la bibliothèque universitaire et refonda 

« l’Institut scientifique des Alsaciens-Lorrains » sous la forme d’une fondation. 

LA « MITTELSTELLE WESTMARK » 

La « Mittelstelle Westmark » « Landsleute drinnen und draußen » (la traduction de 

ce nom est difficile : « Office de médiation » ou « Office d’entremise de la Marche 

occidentale pour les compatriotes à l’intérieur et à l’extérieur des frontières allemandes ») 

fut fondée, comme l’Institut de la Marche occidentale, en 1936 à Kaiserslautern en 

Palatinat. Elle était dirigée par le chercheur sur l’émigration historique Fritz Braun qui 

d’ailleurs était un activiste pour la germanité à l’étranger et membre du NSDAP depuis 

1936. En rétablissant des relations familiales entre des Palatins et Sarrois et les 

descendants des émigrants à l’étranger, particulièrement en Europe de Sud-Est et en 

Amérique du Nord, Braun créait des liens culturels et surtout des liens politiques entre son 

Gau nazi et les « Allemands à l’étranger ». Dans la politique intérieure, la démonstration 

d’une émigration en masse historique affirmait la thèse du « peuple sans espace » et 

préparait le public pour l’expansion agressive. 

En 1940, Braun qui devenait un des personnages clé dans la politique culturelle 

nazie en Moselle établit son antenne de la « Mittelstelle Westmark » à Metz. En vue de 

soutenir la propagande nazie en Moselle, la « Mittelstelle Westmark » était directement 

installée dans l’immeuble de la « Deutsche Volksgemeinschaft », du mouvement allemand 

pour rassembler les Mosellans. Demandé par l’Office d’endoctrinement du Gau, Braun 

convoqua un groupe de travail pour la germanisation des noms de famille en Moselle. Au 

printemps 1941, des professeurs d’école, des folkloristes-germanistes, des généalogistes et 

des secrétaires s’enfermaient pendant un mois dans un petit village viticole en Palatinat et 

changeaient les noms romans des Lorrains en noms germaniques. Le résultat était 42 pages 

de prénoms et plus de 330 pages de noms de famille et de leur germanisation. Braun fit son 

propre éloge : « Je suis très content du résultat de notre travail et les Lorrains, eux aussi, 

peuvent en être contents ». Mais la liste des noms germanisés n’était pas seulement 

destinée aux Lorrains ; dans les papiers de la « Mittelstelle Westmark » aux Archives 

départementales de la Moselle se trouve une lettre de Braun à l’administration civile de 

Bürckel qui indique que ces listes étaient également prévues pour la germanisation des 

noms romans en Palatinat et dans le Saarland. Cette dernière germanisation était reportée

160 


pour l’après-guerre, mais pas celle des noms des Lorrains. Juste à temps pour 

l’incorporation de force dans la Wehrmacht, tous les Lorrains étaient obligés de porter des 

noms allemands choisis par Braun et ses collaborateurs. 

La germanisation des noms de famille en Moselle et l’aide indirecte pour 

l’incorporation de force n’étaient pas les seuls crimes de Braun et sa « Mittelstelle 

Westmark ». Il faisait aussi partie de la politique raciale dans les territoires annexés. Braun 

employa la littérature, la chanson et le film allemand pour persuader les Mosellans et les 

« Allemands à l’étranger » de leur appartenance au Reich. Par la propagande raciste, Braun 

essayait d’éloigner les Mosellans des travailleurs étrangers, particulièrement des 

travailleurs déportés de l’Europe de l’Est. En collaboration avec la « Völkische 

Schutzarbeit » (la protection ethnique) de la « Volksdeutsche Mittelstelle » de la SS à 

Berlin, il soumit à une ségrégation raciste les travailleurs étrangers des régions industrielles 

de la Moselle pour les remplacer par des colons allemands venus des pays de l’Europe du 

Sud-Est. 

La « Mittelstelle Westmark » de Braun était même comprise dans la politique 

raciale meurtrière dans le « Gouvernement Général des Territoires Polonais Occupés ». En 

1941, le bureau du chef de la police et de la SS à Lublin, Odilo Globocnik, demanda le 

soutien de la « Mittelstelle Westmark » pour la colonisation allemande dans son 

arrondissement de Zamosc. A Zamosc, la SS assassinait la population juive, expulsait ou 

déportait en Allemagne pour le travail forcé ou aux camps de concentration les paysans 

polonais et les remplaçait par des colons allemands. Mais, parmi les paysans polonais, il se 

trouvait des descendants des colons palatins émigrés 150 ans auparavant. En identifiant ces 

Polonais d’origine allemande et en les endoctrinant, Braun contribuait aux crimes 

sanglants de la SS. 

En 1942, l’officier Braun fut appelé par la Wehrmacht. Après la guerre, il refonda à 

Kaiserslautern la « Mittelstelle Westmark », cette fois-ci sous le nom de « Heimatstelle 

Pfalz » qui deviendra « l’Institut für pfälzische Geschichte und Volkskunde » (Institut pour 

l’histoire et le folklore palatin) d’aujourd’hui. 

LES ARCHIVES D’ETAT 

Parmi les chercheurs allemands installés en Moselle pendant la Seconde Guerre 

mondiale les archivistes étaient les savants institutionnellement et politiquement les moins 

attachés au régime de Bürckel. D’abord, les archives d’État prussiennes faisaient obstacle 

aux tentatives de Bürckel de s’emparer des Archives départementales de la Moselle et de 

celles de Meurthe-et-Moselle. Le chef des archives d’État à Berlin n’acceptait pas les 

chercheurs palatins destinés par Bürckel à Metz et Nancy, Fritz Braun et Johannes Postius, 

qui n’avaient même pas de formation d’archiviste, et envoya l’ancien directeur des 

archives impériales, Aloys Ruppel, sur son poste d’avant 1918 à Metz. 

Ruppel n’était pas un ami du parti nazi ; en 1934, il fut chassé comme chef des 

archives et de la bibliothèque municipale de Mayence. A Metz, Ruppel était toujours 

ignoré par l’administration de Bürckel. En octobre 1940, Ruppel échoua dans la 

reconstruction de la « Société d’Histoire et d’Archéologie de la Lorraine » (SHAL), dont il 

avait également été le secrétaire général avant 1918. 

Comme Ruppel était mal vu chez les autorités nazies, il était même exclu du 

rapatriement des archives et des objets de valeur du Sud-Ouest de France en Moselle. 

C’étaient Fritz Braun et Rembert Ramsauer, tous deux de l’Institut à Kaiserslautern, qui 

voyagèrent plusieurs fois à Paris et au sud-ouest de la France où ils cherchaient les 

archives et répertoires des administrations mosellanes et récupéraient les objets de valeur, 

comme les vitraux et le trésor de la cathédrale St. Etienne, des collections du Musée ou les


clés de la ville. D’ailleurs Ramsauer essaya de voler des objets d’art des châteaux privés 

mosellans, qui étaient également évacués à l’ouest. 

A partir de 1941, Ruppel récupérait les documents des archives de l’État. Parmi les 

archives récupérées du Sud-Ouest de la France, Ruppel remarqua des papiers privés et 

surtout une partie de la riche bibliothèque de Robert Schuman, l’ancien député et secrétaire 

d’État qui fut séquestré par Bürckel et les SS. Afin de ne pas laisser tomber les livres aux 

mains de la Gestapo, Ruppel les cacha dans les fonds de ses archives de l’État. 

En dehors des devoirs habituels de l’archiviste, il s’occupait de la préservation des 

archives des communes lorraines dont les habitants étaient expulsés. Mais Bürckel lui 

refusa l’autorisation d’utiliser une voiture pour inspecter les communes mosellanes. 

Fatigué du combat avec les autorités du Gau, Ruppel retourna à Mayence où il reprit ses 

anciens postes. 

Son jeune assistant, Eugen Ewig, devint son successeur commissaire aux archives 

de l’État à Metz. Ewig qui n’était pas lui non plus membre de la NSDAP ne satisfaisait pas 

aux désirs des nazis. Son Gauleiter cherchait des légitimations historiques pour les 

expulsions des Lorrains. Comme beaucoup d’Allemands, Bürckel soupçonnait le roi soleil, 

Louis XIV, d’avoir installé des francophones en Lorraine de l’Est pour romaniser la région 

germanophone à la fin du XVII e siècle. Après avoir fouillé les archives de Metz et de 

Nancy, Ewig n’avait pas d’indice pour cette théorie. Au contraire, il rendra un 

mémorandum à l’administration de Bürckel indiquant que Louis XIV ne poursuivait pas de 

buts nationalistes. La couronne française avait besoin de repeupler les régions dévastées 

par la Guerre de Trente Ans et ne distinguait pas les langues des nouveaux paysans. Ewig 

souligna que, parmi les colons appelés par Louis XIV, il y avait des Picards ainsi que des 

Suisses alémaniques et des Allemands des régions limitrophes. Bien qu’ils aient été des 

adversaires du régime national-socialiste, les archivistes allemands, eux aussi, étaient 

convaincus que la Moselle et l’Alsace appartenaient légitimement à l’Allemagne. Mais 

cette conviction ne les avait pas obligés à trahir leur humanisme et leur science. 

Contribuant à la presse locale, Ewig écrivait de petits articles sur l’histoire messine. 

Un de ses articles pour la NSZ Westmark de Metz était déformé par la rédaction : La ville 

médiévale de Metz n’était plus la ville impériale avec des liens vers la France que Ewig 

avait décrite ; malgré lui, son article était devenu une manifestation de propagande pour la 

germanité de Metz et pour son combat éternel contre une agression française. 

Pendant que tous les savants allemands quittaient la Moselle en septembre 1944, 

Ewig restait dans les archives de l’État dans la Préfecture de Metz où il se trouvait au 

moment de la libération. Comme il était le seul dans la Préfecture à parler l’anglais, il fut 

choisi comme parlementaire pour la reddition des troupes allemandes restantes : un 

lieutenant et un soldat. Après la Seconde Guerre mondiale, Ewig deviendra le premier 

directeur de l’Institut historique allemand à Paris, et Ewig et Ruppel seront décorés 

chevaliers de la Légion d’honneur. 

En 1940, les chercheurs allemands venaient en Moselle en tant qu’occupants. Que 

certains parmi eux soient perçus comme des Allemands « d’avant quatorze » ne changeait 

rien à ce fait. Une communication fructueuse entre les savants allemands et la population 

mosellane ou les chercheurs lorrains ne pouvait pas se développer dans ces conditions. 

Pendant la Seconde Guerre mondiale, la recherche allemande sur les phénomènes 

populaires en Moselle était une science sans objet réel. 

L’attitude des archivistes allemands plus ou moins opposés à la politique de 

Bürckel était certainement un comportement exceptionnel parmi les savants allemands 

installés en Moselle annexée. La plupart suivait sans protestation les ordres du régime 

national-socialiste, même s’ils n’étaient pas, comme Hallier, enthousiastes devant la

162 


nazification de la Lorraine. Le fait que son Institut lorrain n’était pas plus impliqué dans la 

politique raciale en Moselle n’était pas un mérite de son directeur; il était plutôt dû à la 

désorganisation structurelle des sciences allemandes en Moselle. Par contre, l’adhésion de 

Braun au NSDAP et sa proximité des locaux nazis à Metz facilitaient son implication dans 

la politique criminelle de purification raciale. 

Les sciences allemandes ont joué un rôle dans la germanisation de la Moselle 

pendant la Seconde Guerre mondiale. Elles défendaient par des arguments historiques et 

linguistiques l’idée que la Moselle appartenait légitimement au Reich allemand. En 

germanisant les noms de lieux-dits, l’Institut lorrain préparait le terrain pour une 

implantation allemande à terme. Mais l’utilité des sciences pour le régime n’alla pas loin. 

A l’exception de la Mittelstelle Westmark, les décisions politiques étaient prises sans les 

conseils érudits des savants allemands.

« LA RESISTANCE OUVRIERE EN ALSACE » 

163 

Témoignage de Léon TINELLI * 

On m’a demandé d’apporter, à ce colloque, une contribution sur la résistance de la 

classe ouvrière alsacienne. Je tiens à vous signaler que les éléments que je vous apporte ne 

sont que des compléments à une histoire qui n’est pas encore écrite. Ce sont quelques 

témoignages d’une vie dans le milieu ouvrier que j’ai essayé de croiser avec l’histoire telle 

que l’a vécue la France d’en-bas. Pour ce milieu, la résistance ouvrière au nazisme n’est 

pas née en 1940. Elle n’a pas débuté au moment où les dignitaires du régime nazi, chargés 

de mettre en place l’administration et le mécanisme d’annexion, se sont installés dans la 

région. Elle est née, en 1933, au moment où Hitler a pris le pouvoir. Dans un premier 

temps, elle s’est concrétisée à travers l’accueil et l’hébergement des militants 

communistes, socialistes, syndicalistes et démocrates allemands qui avaient réussi à 

échapper aux arrestations de la Gestapo. Elle s’est développée par l’acheminement 

clandestin, vers l’Allemagne nazie, de matériel d’information et de propagande dénonçant 

les violations des libertés et les arrestations arbitraires. Elle était au centre des 

préoccupations des partis communiste, socialiste et des syndicats C.G.T. et C.G.T.U. qui 

dénonçaient les méfaits du régime nazi et qui mobilisaient les salariés contre le danger 

fasciste en France. Cette opposition et ces dénonciations se sont concrétisées, avec force, 

lors des manifestations contre le fascisme qui, le 12 février 1934, ont rassemblé, dans les 

grandes villes alsaciennes, des dizaines de milliers de personnes. C’est sous le signe de la 

lutte contre le fascisme et la solidarité pour les démocrates allemands que, le 11 janvier 

1936, se sont réunifiées les Unions départementales C.G.T. et C.G.T.U. d’Alsace. En 1936, 

lorsque le général Franco, soutenu par l’Allemagne nazie et les fascistes italiens, s’attaque 

à la République espagnole, c’est encore les organisations ouvrières qui apportent leur 

soutien au gouvernement élu démocratiquement en Espagne. C’est toujours les 

organisations ouvrières qui sont les plus actives pour dénoncer l’expansionnisme de 

l’Allemagne nazie. C’est encore elles qui attirent l’attention des travailleurs sur le danger 

que représentaient pour la paix les accords de Munich.Les animateurs les plus actifs dans 

ces campagnes, notamment les militants communistes, mais aussi d’autres démocrates, ont 

payé très cher leur engagement dans cette lutte contre le fascisme hitlérien. 

Témoin de cette époque, je me rappelle ce mois de décembre 1938. La presse et les 

partis de la droite alsacienne se félicitaient de la venue, le 6 décembre 1938 à Paris, de Von 

Ribbentrop, ministre des affaires étrangères nazi. La publicité faite autour de la visite du 

ministre nazi coïncidait avec le licenciement, par la direction des mines de potasse, d’une 

centaine de syndicalistes et militants communistes et l’expulsion d’une quinzaine de 

mineurs étrangers. Ainsi, neuf mois avant l’entrée des troupes allemandes en Pologne, on 

assurait à la population alsacienne que Hitler n’a pas l’intention de modifier les frontières 

allemandes de l’Ouest. 

La résistance ouvrière au régime nazi et à l’annexion de l’Alsace était donc la suite 

logique de toutes ces campagnes et actions menées contre le fascisme, par les organisations 

de la CGT, les partis de gauche et les démocrates alsaciens. Les autorités nazies qui, au 

mois de juin 1940, s’installent avec la Wehrmacht en Alsace, ne se sont d’ailleurs pas 

* Ancien secrétaire du Comité Régional d’Alsace de la CGT, Président d’honneur de l’Institut CGT Alsace d’Histoire 

sociale, Auteur du livre : « L’Alsace résistante ».

164 

Léon Tinelli 

trompées. Le 24 juin 1940, deux jours après la signature de l’Armistice, Robert Wagner, 

chef de l’administration civile auprès du commandement supérieur de la 7 ème Armée, 

interdit à la population, sous peine de sanction, d’entrer en contact avec les prisonniers de 

guerre. Dès les premiers jours de leur arrivée, les dignitaires nazis interdisent à des 

citoyens français, d’approcher et d’alimenter des prisonniers de guerre français. Mais les 

nouveaux maîtres de l’Alsace ne viennent pas seuls. La police secrète nazie les 

accompagne et s’installe en même temps que le Dr Ernst, le gauleiter Wagner et le nazi 

Maas en Alsace. La première tâche de la police secrète du Reich consiste, comme lors de la 

prise du pouvoir par les nazis en 1933, à recenser et arrêter les militants du mouvement 

ouvrier. Selon le rapport des services de sécurité du Reich de Strasbourg, communiqué le 

19 septembre 1940, au service central de Heinrich Himmler à Berlin, la Gestapo avait, dès 

la première semaine du mois de juillet 1940, procédé aux premières arrestations de 

militants. A titre d’exemple, je me permets de vous lire la deuxième page, sur une 

trentaine, du document rédigé par la Gestapo. 

Mulhouse-Ville- principaux responsables : 

- Emile Geng, cheminot né le 1. 7. 1904 à Mulhouse, domicilié à Habsheim ; 

- Ernest Stahl, né le 8. 4.1997 à Mulhouse, domicilié 20 rue de Battenheim à Mulhouse, 

arrêté le 12 juillet 1940 et interné au camp de sécurité de Vorbruck ; 

- Charles Aschbacher, secrétaire syndical, né le 16. 6. 1897 à Huttenheim, domicilié 23 

rue Nordfeld à Mulhouse, séjour inconnu. 

Mulhouse-Nord : 

- Edouard Griesbaum, charpentier, né le 16. 1. 1899 à Mulhouse, domicilié à Pfastatt, 

absent, séjour inconnu. 

Cernay : 

- Eugène Luttringer, manœuvre, né le 22. 2. 1896 à Geishouse, domicilié à Cernay, 

interné par les Français et pas encore de retour. 

Wittelsheim : 

- Eugène Boeglin, domicilié à Rouffach, séjour encore inconnu, l’enquête se poursuit. 

Guebwiller : 

- Joseph Stehlin, secrétaire syndical, né le 19. 8. 1902 à Rimbach-Zell, domicilié à 

Guebwiller, arrêté le 11 juillet 1940 et interné au camp de sécurité de Vorbruck. 

St-Louis : 

- Un certain Weider, l’enquête se poursuit. 

Du fait que la ville de Strasbourg et les villes de sa banlieue étaient encore 

évacuées, la situation était différente dans le Bas-Rhin. Ces enquêtes et arrestations de la 

Gestapo ont eu un impact direct dans un milieu ouvrier qui, depuis des années et 

notamment depuis 1936, accordait une grande confiance aux militants arrêtés. Cette chasse

La résistance ouvrière en Alsace 165 

aux sorcières a immédiatement créé des conditions d’une résistance à l’annexion. Dès le 

retrait de l’armée française, des responsables du monde ouvrier ont pris l’initiative pour 

récupérer, avant que les nazis ne mettent la main dessus, des armes et des munitions 

abandonnées. Deux dépôts d’armes sont constitués, un se situant à Réguisheim et l’autre à 

Pfastatt. Par la suite, ces dépôts ont été alimentés par des détonateurs et des explosifs 

subtilisés par les mineurs aux Mines de potasse. Les objectifs, d’ailleurs confirmés par les 

actes d’accusation, étaient clairs. Il s’agissait de combattre le nazisme, mener la lutte 

contre le fascisme et contre l’occupant. 

Cette situation imposait aux militants ouvriers de la zone industrielle de Mulhouse 

et du bassin potassique, dès les premières heures de l’occupation, les conditions d’une 

coordination de leurs activités clandestines. Dans un premier temps, celles-ci se 

résumaient : 

- par l’aide aux prisonniers de guerre, interdite depuis le 24 juin, 

- la collecte de fonds pour soutenir les familles touchées par les internements opérés 

par les autorités françaises en 1939 et les arrestations de la Gestapo survenues dès 

le mois de juillet 1940. 

Une première coordination de l’action apparaît le 10 août 1940. Il s’agit de 

l’organisation, par le mineur Henri Weber et de l’ouvrier René Kern, de la fuite de 

Edouard Griesbaum. Celui-ci, responsable de la section Mulhouse-Nord du Parti 

communiste est, comme le confirme le document que j’ai cité, recherché par la Gestapo. 

Edouard Griesbaum qui a réussi à échapper aux griffes de la Gestapo, s’est engagé par la 

suite, aux côtés du colonel Fabien, dans le maquis du Doubs. Il succombe, le 27 août 1942, 

près de Clerval sous les balles de la police de Vichy. 

Avec le retour des populations évacuées et des Alsaciens mobilisés dans l’armée 

française, ces premiers actes de résistance vont s’amplifier. Dès le mois de septembre, une 

première coordination pour le secteur industriel de Mulhouse et du bassin potassique se 

met en place. Elle est animée par le mineur de potasse Egmond Halm de Pfastatt. Selon le 

témoignage du mineur du puits Anna, Henri Weber, qui, au mois d’août 1940, avait déjà 

aidé Edouard Griesbaum à échapper à la Gestapo, la résistance aux mines de potasse était 

déjà active à la fin de l’année 1940. Sous l’impulsion de Edouard Ledermann, avaient 

commencé les premiers vols d’explosifs et des sabotage au puits ANNA. Sous l’incitation 

de Egmond Halm, les mineurs Alphonse Bruder au puits Fernand et René Richert au puits 

Amélie, commençaient à mettre une coordination sur pied. Aux Mines de potasse, des 

sabotages de matériels électriques et du roulage commencent à être organisés. Ces 

sabotages vont de pair avec le vol de détonateurs et d’explosifs. 

Des contacts entre les militants s’opèrent également avec les cheminots 

communistes de Mulhouse dont un grand nombre fait partie de la section communiste de 

Mulhouse-Nord. Selon le témoignage de Paul Bohn, cheminot à la gare du Nord, ou 

travaille également Émile Schmitt, responsable CGT, les collectes pour les familles des 

militants déjà emprisonnés ont commencé au mois de septembre. Cette solidarité s’est 

accompagnée par la diffusion de tracts écrits à la main appelant à la résistance contre les 

nazis. Déjà avant Noël 1940, des boulons sont jetés dans les engrenages du grand pont 

transbordeur pour l’immobiliser. Puis ce fut un brasero qui se renverse sur le toit des 

ateliers qui prennent feu. Au mois de septembre 1940, avec le retour des populations 

évacuées, notamment à Strasbourg et sa banlieue ouvrière, le résistance s’organise dans le 

Bas-Rhin. L’arrestation, dès leur retour, de Marcel Rosenblatt et d’autres militants, et leur 

transfert au camp de concentration de Dachau n’entravent pas cette organisation. Les

166 

Léon Tinelli 

cheminots bas-rhinois ont des contacts avec ceux du Haut-Rhin et de la Moselle. La 

liaison ferroviaire Bâle-Mulhouse-Strasbourg-Metz devient le lien qui alimente les 

contacts et la coordination sur les trois départements annexés. 

Le régime nazi ne se trompe pas. Dès le mois de décembre 1940, il prend de 

nouvelles dispositions pour affaiblir le mouvement ouvrier. Ainsi, avec les expulsions des 

ressortissants d’origine française, on expulse également des militants politiques et 

syndicaux. Parmi les expulsés du mois de décembre 1940, il y a, Auguste Wicky et 

Édouard Richard, maires socialistes de Mulhouse et Colmar. Les deux ont été élus en 1935 

sur une liste Front populaire. Parmi les expulsés se trouvent également, Frédéric Blind 

membre de la direction de l’UL-CGT de Mulhouse, Ernest Burr, trésorier du syndicat CGT 

des mineurs de potasse, Jean Rauh et Alphonse Joos, militants syndicaux et politiques à la 

mine Fernand. Selon le Dr Ströbling, bourgmestre des Allemands de l’étranger à Stuttgart 

« les Alsaciens furent rudement choqués par les expulsions, exécutées pour la plupart avec 

violence ». Le renforcement de la répression et la dénonciation par le PCF, au mois de 

janvier 1940, de l’annexion de l’Alsace multiplient les actes de résistance. Avec la venue 

en Alsace, dès le mois de janvier 1940, de Georges Wodli, coordinateur du Comité central 

du PCF, la résistance ouvrière alsacienne, mais aussi mosellane, va renforcer son activité. 

La coordination se développe au niveau des trois départements. Selon les témoignages de 

Egmond Halm et de Paul Bohn, des réunions avec Wodli se tiennent à Pfastatt, 

Réguisheim, Mulhouse et dans d’autres localités, de même que dans des localités du Bas- 

Rhin et en Moselle. Ces témoignages sont confirmés par les enquêtes de la Gestapo et lors 

des procès intentés, en 1943, par le « Volksgerichtshof » contre les militants ouvriers. 

Dans une brochure intitulée « La vie du parti », saisie par la Gestapo et transmise, 

le 7 décembre 1940, au « Reichssicherheitshauptamt », la direction nationale du parti 

demandait aux militants communistes de s’informer sur « l’état d’esprit des anciens 

membres du Front populaire dans les localités … et faire un travail sérieux de front unique 

à la base, pour rassembler ceux qui sont opposés à la destruction des libertés populaires 

en France, tous ceux qui se dressent contre le gouvernement de Vichy ». Selon les 

directives du Comité central, les militants devaient, je cite : « tendre une main fraternelle 

aux travailleurs catholiques …. Pour réaliser un front unique à la base et rassembler 

autour de la classe ouvrière et du Parti tous ceux qui veulent que la France soit « Libre et 

Indépendante » et non réduit à la vassalité ». Cette résistance est confirmée par Maas, 

intronisé par le régime nazi maire de Mulhouse. Dans une allocution adressée, le 3 février 

1941, aux fonctionnaires municipaux, il prie ceux-ci d’éduquer la population afin « qu’on 

ne puisse pas arriver à croire qu’une organisation protestataire aurait des chances de 

réussite ». Il ajoute : « Ceux qui s’imaginent qu’en mettant des inscriptions tendancieuses 

sur les murs, en parlant français, ou même en coupant les toits des autos du Reich 

allemand, nous créent des difficultés, se trompent. S’ils savaient que nous connaissons 

déjà leur nom et que nous ne n’agissons pas encore pour frapper à la tête, il y a longtemps 

qu’ils auraient franchi la frontière ». Pour le maire nazi de Mulhouse, « aucun pays ne met 

au monde autant de bobards que l’Alsace.(…) Nous ouvrons les yeux pour savoir dans 

quel but ils sont lancés et nous les jugeons très objectivement ». 

C’est à partir de cette période que sont mis en place les conditions pour 

l’impression de la presse clandestine. Une presse clandestine coordonnée et diffusée dans 

les trois départements annexés. Pour le Haut-Rhin, les premiers journaux sont imprimés à 

Pfastatt, à Morschwiller et à Hattstatt. Des imprimeries fonctionnent également dans la 

banlieue de Strasbourg et en Moselle. Cette presse clandestine aura une audience


importante au sein d’une population ouvrière déjà sérieusement ébranlée et opposée au 

régime. Les mesures prises à son encontre, à partir du 10 janvier 1940, notamment 

l’application des lois répressives en vigueur en Allemagne, confirment cette opposition 

populaire. A ce sujet, je me permets de rappeler : 

- la loi du 20 décembre 1934 concernant toutes les attaques sournoises dirigées contre 

l’État, le parti et ses uniformes. En application de cette législation est condamné à des 

peines de travaux forcés y compris à la peine de mort, tout individu qui par ses actes 

contribue à saper la confiance du peuple vis à vis de sa direction politique ; 

- l’ordonnance, du 11 août 1938, qui instaure une procédure spéciale en temps de 

guerre, qui prévoit les mêmes peines que la loi du 20 décembre 1934 pour toute 

personne qui encourage ou organise la désertion d’individu appelé à faire son service 

militaire ; 

- l’ordonnance du 4 septembre 1939 qui punit toute personne qui détruit, abîme ou 

endommage des matières premières et des produits destinés à l’approvisionnement de 

la population ; 

- l’ordonnance du 25 novembre 1939 qui sanctionne lourdement , y compris par la 

condamnation à mort, toute personne qui sabote la production ou qui par négligence, 

contribue à affaiblir la force de frappe de la Wehrmacht. 

L’application de ces textes renforce davantage l’opposition au régime. Visant 

essentiellement tout acte de résistance, même limité, cette législation répressive va 

contribuer à accentuer l’audience de la presse clandestine ouvrière. Cette audience 

grandissante va permettre de renforcer la résistance et sera à l’origine de son élargissement. 

Cet élargissement est confirmé par les actes d’accusation contre des militants non 

communistes du réseau Wodli. Pour exemple, je me permets de citer, parmi d’autres, un 

extrait de l’acte d’accusation dirigé contre 5 militants syndicaux de Rouffach et environs. 

Selon le président du « Volksgerichtshof » Roland Freisler « les cinq accusés(…) font 

partie d’un groupe de citoyens allemands d’origine alsacienne qui, après la libération de 

l’Alsace de la domination française, ont participé à un travail de sape communiste et créé, 

particulièrement dans le Haut-Rhin, des groupes de trois et diffusé des tracts 

d’agitations(…). Ils ne sont sûrement pas les principaux exécutants, ni les instigateurs, ni 

les dirigeants et absolument pas les fonctionnaires de direction. Pourtant, dans l’intérêt de 

la sécurité du Reich, leurs actes doivent être punis sévèrement (…) ». Comme le 

confirment les enquêtes de la Gestapo, ce ne sont là pas des cas isolés. Aux Mines de 

potasse comme dans les grandes entreprises, de nombreux militants socialistes, salariés 

chrétiens et non engagés politiquement participent à la diffusion du matériel imprimé par le 

réseau Wodli. Les contacts noués avec les militants syndicaux qui étaient engagés dans les 

luttes du Front populaire et des grèves du mois de juin 1936, se multiplient. Je me permets 

de rappeler que le choix de ces militants n’était pas très large puisque le PCF était le seul 

parti politique existant en Alsace qui avait, en tant que parti, organisé la résistance du 

monde ouvrier. 

Avec l’Humanité d’Alsace-Lorraine apparaît également la presse syndicale comme 

« Der freie Gewerkschafftler » et le « Kalikumpel » dans le Bassin potassique. En plus des 

journaux, la résistance ouvrière publie et diffuse des tracts et des appels à la désobéissance, 

au sabotage et à la résistance. Avec l’invasion de l’URSS, le 21 juin 1941, naissent des 

espérances nouvelles au sein de la classe ouvrière. La résistance prend de l’ampleur et la 

presse clandestine, malgré l’appareil répressif en place, est diffusée assez régulièrement 

dans les grandes entreprises alsaciennes, le bassin potassique et dans les ateliers, les dépôts 

et les gares de la SNCF. Le 30 juin 1941, neuf jours après le début de l’invasion de la

168 

Léon Tinelli 

Russie par l’armée allemande, le chef de la sécurité du Reich de Metz informe ses 

supérieurs à Berlin, je cite : « A l’occasion du début de la guerre en Russie, de la 

propagande et de l’agitation communistes ont été constaté pour la première fois en 

Lorraine ». Un mois après l’invasion de l’URSS, « l’Humanité d’Alsace-Lorraine » écrit : 

« A peine après 4 semaines de durs combats (…) un million de soldats allemands ont 

payé par la vie ou de graves blessures la politique criminelle des despotes sanguinaires 

(…) Adressez-vous aux soldats allemands et montrez leur de quel crime ils se rendent 

coupables s’ils continuent à suivre les nazis ». L’article se termine par un appel à toutes les 

couches laborieuses afin qu’elles refusent de supporter plus longtemps « les conséquences 

de l’économie de guerre nazie en exigeant de meilleurs salaires, une meilleure et plus 

d’alimentation et en brisant les contraintes qui pèsent sur vous ». 

Le 5 décembre 1941, l’offensive de l’Armée rouge repousse les troupes allemandes 

à une centaine de kilomètres de Moscou. C’est la première défaite des armées allemandes 

depuis le début de la guerre. Dans un appel diffusé à plusieurs milliers d’exemplaires, les 

communistes font le bilan catastrophique de 18 mois de politique de nazification. Tenant 

compte de l’opposition grandissante de la population à l’annexion et du développement de 

la résistance, ils proposent la réalisation d’un front commun rassemblant : « catholiques, 

socialistes, autonomistes abandonnés par leurs dirigeants, patriotes alsaciens et lorrains 

sans parti et les sympathisants du mouvement gaulliste qui ont intérêt de réunir leurs 

efforts pour « la libération de la France et de la région ». Cet appel coïncide avec la 

défaite de la Wehrmacht devant Moscou et l’intervention du général De Gaulle qui le 20 

janvier déclare à Radio Londres : « C’est avec enthousiasme que le peuple français salue 

le succès et l’ascension du peuple russe (….). Voilà pourquoi la France qui combat va lier 

son effort renaissant à l’effort de l’Union Soviétique (…) ». 

Dans la même période, les militants syndicaux éditent la presse syndicale, 

dénoncent les conditions de travail et organisent l’action revendicative. A ce sujet, ils 

appellent les travailleurs à faire pression sur les sbires nazis de la DAF (le syndicat nazi) en 

exigeant des augmentations de salaires. Elle dénonce les retenues de 30 % effectuées sur 

les salaires des ouvriers polonais et justifiées par les directions des entreprises sous 

prétexte de reconstruire la Pologne. A partir de 1942, la presse syndicale dénonce 

également les traitements inhumains infligés aux prisonniers de guerre et aux travailleurs 

étrangers contraints, par la force, de venir travailler dans les entreprises alsaciennes. En 

même temps, la presse syndicale demande aux salariés de saboter la production de guerre, 

de retarder les départs des transports de matériel militaire, de refuser de participer aux 

collectes de vêtements, de métaux et d’autres matériaux indispensables à l’économie de 

guerre. Cette résistance est confirmée par une lettre adressée, le 23 février 1942, par le chef 

du service de sécurité de Strasbourg aux services de Heinrich Himmler à Berlin. Le 

responsable strasbourgeois signale à ses supérieurs que le journal L’Humanité a été trouvé 

dans le train circulant entre Haguenau et Strasbourg. Selon les mêmes renseignements, de 

nombreux cas analogues se sont répétés les derniers temps dans les trains assurant le trafic 

frontalier. Toujours selon les mêmes sources, des tracts intitulés « Führer befiehl wir 

folgen dir » et « Pourquoi l’Allemagne va perdre la guerre » ont été trouvés le 31 décembre 

1941 dans l’express Saarbrücken-Metz-Luxembourg et le 1 janvier 1942 à la gare de 

Saarbrücken. Pour le chef des services de sécurité du Reich de Strasbourg, cette activité ne 

pouvait être menée que « (…) par des communistes expérimentés dans la propagande 

illégale qu’il faut chercher dans le milieu d’anciens responsables ».


La défaite de la Wehrmacht devant Moscou, et les pertes énormes en hommes et en 

matériel subies par l’armée allemande depuis le début de la guerre, amènent Hitler et ses 

généraux à discuter de l’incorporation de nouvelles classes pour combler les vides et 

renforcer les unités de la Wehrmacht. On parle déjà de l’incorporation des Alsaciens dans 

la Wehrmacht. Dans un tract clandestin intitulé « Liberté et indépendance de notre pays », 

saisi par la Gestapo le 5 avril 1942, les animateurs du réseau Wodli informent la population 

que l’administration nazie envisage une éventuelle incorporation de la jeunesse alsacienne 

dans la Wehrmacht. Selon les auteurs du tract, qui sont en possession de preuves écrites, 

l’administration envisage de lancer une grande campagne de propagande et de 

consultation pour, je cite, « inciter les Alsaciens et les Lorrains à s’intégrer dans le Reich 

allemand ». Sur un formulaire imprimé, chaque famille peut, sous la foi du serment, se 

prononcer pour la nationalité allemande ». Le tract signé par le Parti communiste d’Alsace 

Lorraine appelle la population à boycotter la consultation. Tenant compte de l’échec de la 

nazification et de l’opposition grandissante de la population, l’administration nazie renonce 

à la consultation. Pour les autorités nazies d’Alsace, c’est un échec qui les contraint, au 

mois d’août 1942, en violation des droits de l’homme et de la convention internationale de 

la Haye, à octroyer d’office à tous les Alsaciens la nationalité allemande. 

Pour faire face à cette opposition grandissante, la Gestapo organise, contre les 

militants « communistes expérimentés dans la propagande illégale (…) notamment dans le 

milieu d’anciens responsables » une série d’arrestations dans toute l’Alsace. Quelques 200 

militants, connus pour leurs engagements au cours des années trente et recensés depuis le 

mois de juillet 1940, sont arrêtés par la gestapo. Les arrestations touchent particulièrement 

la résistance organisée dans les secteurs industriels de Mulhouse et le bassin potassique, là 

où, je cite un extrait de l’acte d’accusation contre Albert Sorgus, « un vaste réseau 

d’agitateurs communistes (…) a sapé la résistance du peuple (…) afin d’obtenir la chute 

de l’Allemagne ». Je me permets de rappeler que 9 des militants de ce secteur ont été 

condamnés à mort par le « Volksgerichtshof » et décapités à la prison de Stuttgart au mois 

de juin 1943. C’est aussi la période où des responsables du groupe francophile René 

Mengus cherchent à entrer en contacts avec le réseau Wodli. Selon l’acte d’accusation 

contre Mengus, ces contacts sont animés par les frères Léo et Lucien Kempf, tous les deux 

membres du syndicat des métaux CGT du Bas-Rhin. Selon l’enquête de la Gestapo, Lucien 

Kempf était d’ailleurs, en 1936, membre de la direction de l’Union syndicale des 

travailleurs de la métallurgie (USTM) du Bas-Rhin. Ces contacts ont abouti, au mois de 

septembre 1942, à la rencontre entre René Mengus et un certain « Otto » responsable du 

réseau Wodli. Ceci confirme que l’activité du réseau Wodli s’est poursuivie après la 

grande rafle de la Gestapo du printemps 1942. Une coordination entre le groupe Mengus et 

la résistance, animée par les communistes, est décidée. Des cartes d’identité et tampons de 

la Reichsbahn sont procurés à la résistance ouvrière par des cadres du groupe René 

Mengus. René Mengus et trois de ses camarades seront, comme les militants du 

mouvement ouvrier, décapités à la hache le 10 novembre 1943, à la prison de Stuttgart. Ce 

matériel officiel va faciliter les déplacements des responsables du réseau Wodli. Malgré la 

répression de plus en plus sévère et les condamnations prononcées dès le mois de janvier 

1943, la presse clandestine continue à être diffusée. A la fin de l’année 1942, au moment 

où les premiers contingents d’incorporés de force sont en route pour le front russe, 

L’Humanité d’Alsace-Lorraine écrit : « À Léningrad comme à Moscou , les meilleures 

troupes d’Hitler mordent la poussière. (…)Des milliers d’avions, de pièces d’artilleries 

pilonnent la cité héroïque ; mais en vain. Le fascisme ne passera pas. (…) C’est pour nous, 

pour notre liberté que luttent nos camarades de l’Union Soviétique. (…) Il faut qu’à 

l’exemple des autres peuples opprimés d’Europe, de la Norvège à la Grèce, de la Belgique

170 

Léon Tinelli 

à la Pologne, nous comprenions que seule une action efficace hâtera l’heure de la 

délivrance ». La capitulation de l’armée allemande à Stalingrad marque le tournant de la 

guerre. Au mois de janvier 1943, le Führer proclame la guerre totale et dans ce cadre, le 

Gauleiter Wagner accentue la terreur en annonçant à Haguenau qu’il n’y aura plus de 

pardon pour les traîtres. 

La terreur instaurée en Alsace dès le mois de janvier 1943 et les condamnations à 

mort et aux lourdes peines de travaux forcés prononcées hebdomadairement par le 

« Volksgerichtshof » et le « Tribunal spécial de Strasbourg », n’arrêtent nullement l’activité 

de résistance du réseau Wodli. Ainsi une semaine après la condamnation à mort de René 

Birr, Auguste Sontag, Adolphe Murbach et Eugène Boeglin, la Gestapo trouve dans un 

tramway de Strasbourg un tract appelant les jeunes Alsaciens à s’opposer à l’incorporation 

ou à passer dès leur engagement sur le front dans les rangs des armées alliées. Après 

l’assassinat de Georges Wodli au mois d’avril, les journaux clandestins et des feuilles 

volantes annoncent l’exécution par la Gestapo de Georges Wodli. Malgré la disparition et 

l’arrestation de nombreux responsables la presse clandestine continue à être diffusée. A 

l’occasion du 1 er mai 1943, « l’Humanité d’Alsace Loraine » dénonce l’incorporation de 

force et informe la population sur l’attitude des 196 incorporés qui, au camp de Wittich, 

ont refusé de prêter serment à Hitler. Le journal signale également : 

- l’attitude courageuse des jeunes de Ballersdorf qui ont tenté d’échapper, par la force, à 

l’incorporation, 

- la manifestation des jeunes de Waldhambach qui ont défilé dans les rues en chantant la 

marseillaise et avec le drapeau tricolore, 

- la manifestation des jeunes incorporés lorrains dans le train qui les amène de 

Sarrebourg à Saarbrücken, de nombreux jeunes de ce convoi ont été arrêtés et 

transférés au camp de Schirmeck, 

- une manifestation identique survenue dans le train entre Molsheim et Saverne. 

L’article pour le 1 er mai se termine par un appel au sabotage de la production, à des actions 

communes et à des inscriptions sur les murs dénonçant le régime. 

Malgré les difficultés qui résultent des arrestations et de l’extermination des 

militants, la résistance s’enracine de plus en plus dans les entreprises. C’est l’échec total de 

la nazification. Cet échec est confirmé le 3 juillet 1943, par le Dr Ströbling, responsable de 

l’institut nazi des Allemands de l’étranger. 

Dans un mémoire adressé à ses supérieurs, le Dr Ströbling écrit « Aujourd’hui (…) 

on se trouve confronté au fait d’un profond mécontentement relatif aux circonstances se 

manifestant parmi les milieux les plus étendus de la population ». Le mécontentement 

général, qui a pour origine la dégradation des conditions de travail et de vie appliquées par 

la contrainte et la terreur à des salariés dont les enfants ont été incorporés de force, rend 

encore plus sensible les appels aux sabotages. Le traitement inhumain des prisonniers de 

guerre russe et des travailleurs et travailleuses des pays de l’Est, obligés par la force de 

travailler comme des esclaves dans les entreprises locales, élargit la contestation à d’autres 

couches de la population. Les sabotages de la production, des installations et des machines 

deviennent souvent pour de nombreux ouvriers, malgré une surveillance accrue, un acte 

normal. 

Ayant été obligé, après mon CAP d’ébéniste, de travailler dans l’industrie de 

guerre, je peux témoigner de cette automaticité de sabotage. J’ai dû travailler à Mulhouse 

dans une usine qui produisait les obus pour les canons anti-char 88. Employé à une presse 

avec un prisonnier de guerre italien dans l’atelier d’emboutissage et d’étirage, j’étais,


comme d’autres ouvriers, obligé de passer quelques 1 200 plaques de métal sous la presse. 

La moindre rayure dans le piston ou la matrice de calibrage endommageait les douilles et 

risquait de faire éclater l’obus au moment de l’allumage. Malgré la surveillance des 

contrôleurs nazis, et en accord avec le prisonnier de guerre et les autres ouvriers alsaciens, 

nous laissions, malgré les menaces, passer les pièces rayées. Comme le passage des pièces 

rayées endommageait également l’outillage, il fallait régulièrement arrêter la presse pour 

polir la matrice de calibrage. C’était autant de temps perdu pour la production. Ce n’est 

qu’un exemple, mais de loin pas un cas isolé. 

La résistance ouvrière se poursuivra et s’intensifiera surtout après le débarquement 

des armées alliées en Normandie. Au mois d’août 1944, la Gestapo ouvre une enquête dans 

le milieu cheminot de la mine Fernand. Elle arrête 4 cheminots accusés de sabotage de 

trains de ravitaillement à la gare de Richwiller. Accusés d’avoir percé les citernes de vins 

et ouvert des wagons de ravitaillement, les cheminots seront emprisonnés à la prison de 

Mulhouse d’où ils sont libérés le 21 novembre 1944 par les soldats de la 1 ère Armée 

française. Avec le débarquement en Normandie et sur la côte méditerranéenne et à mesure 

que le territoire était libéré, les tentatives d’échapper à l’incorporation de force se 

multipliaient dans le milieu ouvrier. 

Pour illustrer mes propos, je ne citerai que deux cas. Un qui concerne des jeunes 

mineurs du puits Fernand, et l’autre deux jeunes ouvriers de la Manurhin. Dans le premier 

cas, il s’agit de Louis Dussourd et Frédéric Seitz. Au moment de leur incorporation, les 

deux s’échappent et se cachent, avec leurs épouses, d’autres camarades et un prisonnier de 

guerre soviétique dans les Vosges près de la Lechterwand. En liaison avec la résistance de 

la vallée de Munster, ils se procurent des armes pour éventuellement combattre et se 

défendre. Dénoncés par un collaborateur qui s’était infiltré dans le groupe, la gendarmerie 

allemande et la SS lancent l’assaut contre le bunker qui leur servait de cache. Quatre 

d’entre eux sont tués et les autres arrêtés. Frédéric Seitz qui était en mission de 

ravitaillement échappe à l’arrestation. Louis Dussourd, quoique blessé, échappe à ses 

tortionnaires au moment de son transfert vers l’Allemagne. En ce qui concerne les jeunes 

ouvriers Paul Svec et Jean Vignot de la Manurhin, dès leur convocation pour 

l’incorporation de force, ils s’organisent pour passer la frontière vers la Suisse. Sachant 

que la frontière entre la Suisse et l’Alsace est particulièrement surveillée, ils tentent de 

passer la frontière à Lörrach dans le pays de Bade. Le passage réussit, mais par contre une 

fois passée la frontière, les douaniers suisses les refoulent, leur imposant, jusqu’à la 

libération du Sundgau par l’armée française, quelques semaines de clandestinité. Ces deux 

cas n’étaient pas, loin de là, les seuls exemples. Cela fait partie de la résistance ouvrière. 

Pour illustrer le rôle et la place prise par la classe ouvrière alsacienne dans la 

résistance contre l’occupation de la France et l’annexion de l’Alsace et il est temps, malgré 

le retard accumulé, d’écrire cette histoire. Une résistance qui, selon l’enquête menée en 

1963 par l’office national des A.C.V.G., se résumait par, je cite : 

- refus d’incorporation dans l’armée allemande, 

- lutte contre la pénétration des idées nazies, 

- propagande résistante, 

- appels aux sabotages, 

- récupérations d’armes,

172 

Léon Tinelli 

- dépôts de munitions explosives, 

- sabotage direct du potentiel de guerre et industriel de l’ennemi : matériel, machines, 

locomotives, câbles téléphoniques, mines, 

- passage de prisonniers de guerre évadés, aides aux réfractaires dans l’armée 

allemande 

- hébergement de résistants traqués, établissement de fausses pièces d’identité, 

- éditions, transport et diffusion de tracts etc. 

Comme je l’ai signalé au début de ma contribution, ce ne sont là que des compléments à 

l’histoire de l’Alsace concernant particulièrement la résistance. Dans l’intérêt de notre 

jeunesse, j’estime que celle-ci mérite d’avoir sa place au mémorial de Schirmeck, c’est-àdire 

là où une grande majorité des militants du mouvement ouvrier alsacien, que j’ai 

côtoyés, a subi les humiliations de leurs tortionnaires nazis.

173 

ANTIFASCISME ET RESISTANCE OUVRIERE ORGANISES AUTOUR DE LA 

CGT ET DU PARTI COMMUNISTE EN MOSELLE ANNEXEE (1940-1945) : 

ENTRE HISTOIRE ET MEMOIRE 

INTRODUCTION : DES VISAGES DE LA RESISTANCE 

Pierre SCHILL * 

Cette communication tente de répondre aux attentes de Jean-Louis English au sujet 

du Mémorial d’Alsace-Moselle : « ouvrir les yeux. A tous. Sans tabou. Sans raccourci. 

Avec rigueur. Avec émotion aussi » 1 . 

Aborder la Résistance en Moselle annexée ne va pas de soi : trop longtemps 

occultée, comme en Alsace, elle a encore du mal à se faire une place aux côtés de la 

tragédie des Malgré-nous 2 . 

Au sein de la Résistance, évoquer sa composante ouvrière revient, pour l’essentiel, 

à se pencher sur le Groupe Mario, organisation dirigée par l’instituteur communiste messin 

Jean Burger 3 . Une appartenance idéologique qui à défaut de lui fermer les portes de 

l’Histoire, a longtemps freiné son inscription mémorielle, en dehors du monde cégétiste et 

communiste d’Alsace-Moselle. 

Parler de ce monde de la Résistance ne se fait pas non plus sans émotion : 

l’engagement face au nazisme engendre souvent l’emprisonnement et la torture au Fort de 

Queuleu dans la banlieue messine ou à celui de la Neue Bremm près de Sarrebruck 

(Allemagne), puis l’internement dans les camps de concentration. 

Nous essaierons de retracer quelques parcours significatifs en donnant, dans la 

mesure du possible, un visage à ces femmes et à ces hommes qui surent s’élever contre 

l’oppression nazie. 

L’ENTREE DES MILITANTS DANS LA RESISTANCE 

Les militants de la CGT, du PC et de la SFIO sont particulièrement surveillés dès le 

début des années vingt par les services de police et les « mouchards » des entreprises 

industrielles dans lesquelles la plupart travaille. Dans le contexte de la fin du Front 

populaire et de la montée des tensions avec l’Allemagne limitrophe, cet « encadrement » se 

renforce encore et aboutit à l’interdiction du PC. Le déclenchement de la guerre, 

l’annexion de fait au Reich et la répression deviennent pour beaucoup des obstacles 

insurmontables. 

* 

Professeur d’histoire-géographie à Montpellier, Collaborateur du Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier 

français (Le Maitron). 

1 

Réaction à un article d’André Glucksmann. Jean-Louis English, « Les raccourcis de l’histoire », Le Courrier du 

Mémorial, n° 3, juillet 2002, p. 16. 

2 

Le documentaire sur cette « résistance oubliée » diffusé en janvier 2002 sur France 3 Lorraine Champagne-Ardenne est 

un outil utile pour diffuser cette histoire. « Éloge d’une résistance oubliée », documentaire de deux fois 26 minutes, 

réalisé par Hervé Lachize, coproduction Paris-Barcelone Films et France 3 Lorraine Champagne-Ardenne, 2001. 

3 

Les militants dont les noms sont soulignés possèdent déjà une courte notice biographique dans le Dictionnaire 

biographique du mouvement ouvrier français (Le Maitron) pour la période de l’entre-deux-guerres. Des compléments 

sont prévus pour l’édition des notices qui seront revues dans le cadre de la parution, à partir de 2004, des volumes 

couvrant la période 1940-1968. Les militants évoqués ici et dont les noms ne sont pas soulignés ne possèdent pas encore 

de notice dans les précédentes éditions du Maitron : ils seront présentés dans les volumes de la période 1940-1968. Nous 

ne mentionnons pas ici les sources : elles sont, ou seront, précisées de manière exhaustive lors de la parution de ces 

biographies. Pour plus de précisions voir le site Internet du Maitron (http://www.maitron.org).

174 

Pierre Schill 

La répression contre la CGT et le PC au début de l’annexion 

(1940-1941) 

Si un certain nombre de militants syndicaux et politiques choisissent de ne pas 

rentrer en Moselle annexée en raison des risques encourus, la plupart d’entre eux 

souhaitent retrouver leur terre natale. 

Les arrestations sont parfois assez précoces et touchent les militants communistes 

avant même la rupture du pacte germano-soviétique. Prenons deux exemples dans le bassin 

houiller lorrain, limitrophe de la Sarre et zone sensible depuis que les militants antifascistes 

allemands y trouvèrent refuge après le plébiscite de 1935. 

Évoquons d’abord le sort du responsable communiste Pierre Muller. Il naît le 4 

avril 1901 à Dalem (Lorraine annexée). Fils de mineur, il entre lui-même à 14 ans aux 

mines de La Houve à Creutzwald avant de travailler aux houillères de Sarre et Moselle à 

Merlebach et de gagner, après son renvoi, les Houillères de Petite-Rosselle où il travaille 

jusqu’en 1936. 

C’est à cette date qu’il devient secrétaire du Syndicat confédéré des mineurs de la 

Moselle où il milite depuis les années vingt et se montre très actif lors des grèves. Militant 

communiste depuis 1923, Pierre Muller se charge à partir de 1933, et jusqu’au début de la 

Seconde Guerre mondiale, de venir en aide aux antifascistes allemands originaires de Sarre 

ou du Palatinat. Il met en place à partir de 1936, en tant que secrétaire du syndicat des 

mineurs CGT, une chaîne de solidarité qui leur apporte un logement et des secours 

financiers pour qu’ils puissent poursuivre leur engagement contre le régime hitlérien à 

partir du bassin houiller lorrain. Il siège au même moment au comité régional du PC 

mosellan où il anime le Front populaire. Il se présente, sans succès, aux élections 

législatives dans la circonscription de Boulay-Saint-Avold où il affronte notamment Victor 

Antoni. Au mois d’octobre 1937, Pierre Muller se présente aux élections cantonales dans le 

canton de Saint-Avold face au député de la circonscription Alexis Wiltzer. Il est élu au 

deuxième tour dans une triangulaire en obtenant 2 267 voix sur 5 410 suffrages exprimés. 

En 1938, il siège dans les instances dirigeantes de l’Union départementale CGT de 

la Moselle. C’est donc à la veille de la guerre, alors qu’il n’a pas quarante ans, une des 

figures de la CGT et du PC en Moselle. 

Révoqué du Conseil général de la Moselle par le préfet qui appliquait le décret du 

26 septembre 1939 portant dissolution des organisations communistes, il est évacué à 

Pressac (Vienne) avec sa famille. A la fin de l’année, il gagne Champagnac-lès-Mines 

(Cantal) où il travaille comme mineur avant d’être incorporé dans l’armée française en 

janvier 1940. Suite à l’armistice, Pierre Muller rentre en Moselle à l’automne 1940. Il est 

arrêté par les Allemands dès le 9 octobre 1940, en raison de ses activités politiques et 

syndicales ainsi que pour l’aide apportée aux communistes sarrois exilés en Moselle. 

L’interrogeant, la Gestapo note à son sujet : « Muller est connu comme un communiste 

fanatique. Il a une très grande influence sur le mouvement ouvrier lorrain ». Il est d’abord 

emprisonné à la prison du Lerchesflur à Sarrebruck en détention préventive. Après le 

bombardement de la prison, Pierre Muller est transféré à la prison voisine de Zweibrücken. 

Il est condamné à la fin du mois de juillet 1942 par le tribunal de Sarrebruck, avec quatorze 

autres résistants communistes dont Eugène Kloster (voir infra), pour « haute trahison ». 

Pierre Muller écope d’une peine de trois ans et six mois de prison. Il est ensuite interné à 

Dachau puis à Buchenwald où il retrouve quelques camarades communistes membres du 

groupe de résistants mosellans « Mario ». Il est libéré en avril 1945. Son épouse fut arrêtée 

en février 1944 et emprisonnée au Fort de Queuleu à Metz (Moselle annexée) puis internée

Antifascisme et résistance ouvrière organisés autour de la CGT et … 175 

au camp de Schirmeck (Bas-Rhin annexé). Pierre Muller passa donc l’essentiel de la guerre 

dans les geôles allemandes 4 . 

Évoquons ensuite le destin d’un militant « de base » : Eugène Kloster de 

Merlebach. Né le 13 janvier 1906 à Merlebach (Lorraine annexée), fils de mineur, il entre 

également aux Houillères de Sarre et Moselle. 

Membre du Syndicat des ouvriers mineurs CGT, Eugène Kloster est secrétaire de la 

section communiste de Merlebach. Dès 1933, il accueille au domicile familial des 

antifascistes allemands et rédige des tracts antihitlériens que sa jeune sœur va distribuer à 

Sarrebruck. 

Animateur du Front populaire, il participe aux grèves et intervient lors de réunions 

publiques à Merlebach. 

Lorsque sa famille est évacuée à Civray dans la Vienne, il va travailler aux mines 

du Chambon-Feugerolles (Loire) puis finit par rejoindre les siens. A leur retour à 

Merlebach un an après leur départ, il manifeste la volonté de rejoindre les Forces 

françaises libres en Angleterre. Mais sa mère supplie son dernier fils encore vivant de 

rester auprès d’elle. Il reprend alors son travail au puits V des houillères de Sarre et 

Moselle. 

Le 12 août 1941, il est arrêté à son retour du travail par deux agents de la Gestapo. 

Incarcéré pendant un an à la prison de Sarrebruck, il est lui aussi accusé par les nazis de 

« haute trahison ». Il reçoit la visite de sa mère et de sa sœur à laquelle il déclare que les 

Allemands lui avaient promis de le libérer s’il s’engageait pour combattre sur le front 

russe. Sa mère demande alors à son dernier fils vivant d’accepter mais il refuse de 

combattre avec l’uniforme allemand. 

Suite à son procès, le 28 juin 1942, il est condamné à trois ans de détention (pour 

« préparation de haute trahison ») et transféré à la prison de Francfort où il reste détenu 

deux ans. Il est ensuite conduit au camp de concentration de Natzweiler-Struthof (Bas- 

Rhin annexé) avant d’être interné à la fin de l’été 1944 au camp de Dachau. Il travaille à la 

carrière proche du camp et meurt d’épuisement le 7 octobre 1944, quelques semaines à 

peine après son arrivée. Sur proposition du maire de Merlebach, le conseil municipal du 23 

novembre 1945 décide de changer la dénomination de la rue de l’Hôpital en rue Eugène 

Kloster. 

La constitution du Groupe Mario 

Des militants qui ne sont pas arrêtés aussi rapidement choisissent de s’engager dans 

la Résistance. 

Le Groupe Mario se constitue en juillet 1941 lorsque le cheminot alsacien Georges 

Wodli 5 , membre du Comité central du Parti communiste (PC), vient au domicile messin de 

Jean Burger tout juste échappé d’un camp de prisonniers en Allemagne. Georges Wodli qui 

4 A la Libération, il devient à nouveau l’un des principaux animateurs du PC mosellan : il est réélu au conseil général et 

siège au Conseil de la République (1946-1951) puis à l’Assemblée nationale (1951-1956). 

5 Le Maitron a publié en octobre 2003 un dictionnaire thématique sur la corporation des cheminots : Marie-Louise 

Goergen (sous la direction de), Cheminots et militants. Un siècle de syndicalisme ferroviaire, Les Éditions de l’Atelier, 

2003, 429 p. Certains cheminots résistants du Groupe Mario, comme certains de leurs camarades alsaciens, sont présentés 

dans cet ouvrage. Voir la biographie de Georges Wodli pp. 422 à 424. De nombreuses biographies n’ont pu paraître dans 

ce dictionnaire corporatif en raison des contraintes éditoriales. Les cheminots évoqués plus loin auront leur biographie 

(inédite ou complétée) dans un Cd-rom encore en cours d’élaboration à l’hiver 2003.

176 

Pierre Schill 

vivait dans la clandestinité à Paris depuis 1939, apporte des instructions de la capitale et 

charge l’instituteur de l’organisation de la résistance communiste en Moselle annexée. 

Le Groupe Mario s’organise dès lors en secteurs géographiques regroupant 

plusieurs petits groupes de résistants. Léon Burger, premier historien du Groupe et frère de 

Jean Burger, en distingue ainsi vingt-sept 6 . La localisation géographique de ces 

« secteurs » indique clairement que le Groupe est surtout présent à Metz et en Lorraine 

industrielle du fer et du charbon et beaucoup moins en Lorraine rurale. 

Groupe Mario : approche statistique socioprofessionnelle 7 

Mineurs de charbon 

Situation professionnelle 

(proportion des situations 

connues) 

8 12 % 

Mineurs de fer 9 10 % 

Cheminots 10 11 % 

Ouvriers d’usines 11 57 % 

Artisans, commerçants 3 % 

Divers 

profession 

et sans 7 % 

Cette dichotomie s’explique d’abord par le fait que le Groupe, constitué par des 

militants communistes, trouve ses relais « naturels » dans les régions industrieuses où la 

CGT et le PC sont les plus présents. Si l’influence du Groupe Mario dépasse cette 

mouvance, ce sont bien les militants communistes qui en forment le noyau central. L’étude 

du Groupe dans le bassin houiller nous a montré que ses membres étaient souvent des 

adhérents ou des sympathisants de la CGT et du Parti communiste. L’analyse des parcours 

des cheminots du Groupe Mario permet d’aboutir à la même conclusion. Une hypothèse 

d’autant plus crédible à l’échelle du mouvement tout entier quand on sait que le PC et la 

CGT étaient mieux implantés en Lorraine du fer où le Groupe comptait ses plus forts 

contingents. 

Pour l’ensemble du Groupe, nous avons pu recenser et identifier nominativement 

huit cent soixante membres 12 . Il s’agit des membres actifs dont la plupart ont été arrêtés et 

déportés. Les militants de la CGT constituent le premier cercle des résistants du Groupe 

Mario : comme pour certains mouvements de résistance français, le modèle syndical offre 

en Moselle annexée une forme de légitimité qui permet à la structure clandestine de se 

6 

L. BURGER, Le Groupe « Mario », une page de la Résistance Lorraine, Metz, Imprimerie Louis Hellenbrand, 1965, 194 

p., pp. 1 à 42. 

7 

D’après les chiffres cités par M. NEIGERT, Internements et déportation en Moselle 1940-1945, Metz, Centre de 

recherches relations internationales de l’Université de Metz, 1978, 105 p., p. 45. L’auteur s’appuie sûrement sur la liste 

de 866 noms publiée par Léon Burger dans Le Groupe Mario…, 1 ère édition, 1965. 

8 

Ou salarié d’une houillère. 

9 

Les Italiens, nombreux dans le Groupe, représentaient une part notable de cette corporation (voir infra). 

10 

Ou salarié des chemins de fer. 

11 

Il s’agit surtout d’ouvriers métallurgistes de Lorraine du fer. 

12 

Pour la méthode de dénombrement voir P. SCHILL, « Les mineurs de charbon étrangers membres du groupe de 

résistance « Mario » en Lorraine annexée (1940-1945) », pp. 243 à 261 dans Institut d’Histoire Sociale Minière, Mineurs 

immigrés. Histoire, témoignages XIXè-XXè siècles, VO éditions, 2000, 296 p.


constituer. On retrouve souvent aux avant-postes des militants aguerris mobilisés dans les 

grèves de l’entre-deux-guerres et notamment celles du Front populaire 13 . 

Léon Burger estime lui à trois mille, dans son ouvrage sur le Groupe Mario, le total 

des membres organisés et ayant activement participé à la Résistance. Les huit cent soixante 

membres du Groupe en forment donc le premier cercle, celui qui est amené à s’engager 

dans des actions individuelles immédiatement « dangereuses », alors que les quelques 

centaines d’autres forment un deuxième cercle, aux limites plus floues, celui dont la 

solidarité, passive ou active, rend possible les actions de la Résistance organisée 14 . Cette 

limite « floue » explique que l’évaluation numérique est par nature approximative et donc 

sujette à débat 15 . Cela ne remet malgré tout pas en cause le fait que le Groupe Mario fut 

bien l’organisation de résistance la plus importante de Moselle annexée. 

PARCOURS COLLECTIFS ET DESTINS INDIVIDUELS 

La résistance cheminote 

La corporation cheminote occupe une place à part dans l’histoire et la mémoire de 

la Résistance en France 16 . En Alsace-Moselle annexée aussi, elle est sur le devant de la 

scène : d’abord par la figure de l’ajusteur alsacien Georges Wodli et par le rôle important 

joué en Moselle, aux côtés de Jean Burger, par les cheminots de la CGT 17 . 

Au-delà de leur importance numérique, autour de 10 % des membres du Groupe 

Mario, les cheminots ont une part importante en raison du rôle névralgique du réseau ferré 

d’Alsace-Lorraine dans la volonté allemande d’intégration de ces territoires au Grand 

Reich et en raison du trafic de transit entre Allemagne et France occupée 18 . 

Si les attentats et les sabotages sur les lignes sont rares, mais pas inexistants, les 

résistants sont plus actifs dans les ateliers où ils travaillent : autour de Metz avec les 

ateliers de Montigny-lès-Metz et de Basse-Yutz, aux ateliers de Sarreguemines à l’est du 

département et dans une moindre mesure à Sarrebourg, au sud. Ici le sabotage du matériel 

ferroviaire est, avec la lutte politique et l’aide aux passeurs, au cœur de l’action résistante. 

13 Nos recherches effectuées dans le cadre du Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français (Le Maitron) le 

montrent fréquemment. Les militants qui survivent à la guerre s’impliquent par ailleurs souvent dans les luttes politiques 

de l’immédiat après-guerre, notamment lors des élections municipales de 1945 et 1947 et des grèves « rouges » de 1947 

et 1948. 

14 Cette conception globale de la Résistance est empruntée à F. MARCOT, « Pour une sociologie de la Résistance : 

intentionnalité et fonctionnalité », pp. 21 à 41 dans A. PROST (direction), « Pour une histoire sociale de la Résistance », Le 

Mouvement social, n° 180, juillet-septembre 1997. Il distingue ainsi une « Résistance-organisation », minoritaire, et une 

« Résistance-mouvement », phénomène social plus vaste (p. 23). 

15 Certains résistants du Groupe ont par exemple fait reconnaître leur engagement au titre d’autres organisations car le 

Groupe Mario en tant que tel ne fut reconnu qu’en 1985. C’est le cas d’un certain nombre de cheminots homologués dans 

la « Résistance-Fer ». Il y a aussi les incertitudes liées au fait que certains résistants appartenaient à un « triangle » 

(groupe de trois, caractéristique de l’organisation clandestine de la CGT) du Groupe Mario sans connaître l’appartenance 

« organisationnelle » de leur « tête ». Nous avons pu identifier quelques cas dans le bassin houiller. 

16 Voir sur ce point : C. CHEVANDIER, « La résistance des cheminots : le primat de la fonctionnalité plus qu’une réelle 

spécificité », pp. 147 à 158 dans Antoine Prost (sous la direction de), « Pour une histoire sociale de la Résistance », op. 

cit. et Association pour l’histoire des chemins de fer en France, Une entreprise publique dans la guerre. La SNCF 1939- 

1945, PUF, 2001, 414 p. 

17 Il faut aussi remarquer que « l’Espoir français », qui fut l’une des premières organisations mosellanes de résistance à 

l’annexion, était animé, entre autres, par l’ouvrier des ateliers de Montigny-lès-Metz, Jean Geiger* (* indique que le 

témoignage figure dans le documentaire d’Hervé Lachize). 

18 E. RIEDWEG, « La SNCF en Alsace et en Moselle de 1939 à 1945 : le rôle des cheminots », pp. 205 à 211 dans 

Association pour l’histoire des chemins de fer en France, Une entreprise publique dans la guerre. La SNCF 1939-1945, 

op. cit. p. 207. Pour approfondir cet aspect on peut aussi lire dans le même recueil : J. FORTHOFFER, « La SNCF en Alsace 

et Moselle de 1939 à 1945 : le rôle des transports ferroviaires », pp. 195 à 204. Il faut cependant corriger l’erreur qui fait 

de Jean Burger un cheminot (p. 202). Pour un point de vue « militant » on peut se reporter à la publication de l’Union des 

Syndicats des cheminots A.-L. CGT, Heimat unterm Hakenkreuz, Strasbourg, 1953, 196 p.

178 

Pierre Schill 

Évoquons trois figures de cette résistance dans les principaux centres cheminots de 

Moselle annexée. 

Tout d’abord Charles Hoeffel dit Stahl (acier), l’un des bras droits de Jean Burger. 

Il est né le 25 janvier 1894 à Troisfontaines (Lorraine annexée). Fils d’un forgeron, Charles 

Hoeffel est l’aîné d’une famille de huit enfants installée dans le sud de la Moselle. Vers 

1910, il apprend le métier de forgeron à l’atelier paternel de Troisfontaines. Mobilisé dans 

l’armée impériale allemande pendant la Grande Guerre, il milite après l’armistice dans les 

organisations d’anciens combattants. Il travaille au début des années vingt à l’arsenal de 

Metz avant d’exercer, à partir de 1923, son métier aux ateliers de la Société des chemins de 

fer d’Alsace-Lorraine à Montigny-lès-Metz. Il milite activement au syndicat unitaire des 

cheminots et au Parti communiste. 

En septembre 1939, Charles Hoeffel et sa famille restent à Montigny-lès-Metz. 

Après l’armistice de 1940 et l’annexion de fait de l’Alsace et de la Moselle à l’Allemagne 

nazie, il tente de reconstituer un embryon de structure syndicale et politique pour résister 

aux nazis. À la fin de l’année, sur instruction du PC, il sillonne à bicyclette, en compagnie 

de sa jeune camarade Marguerite Durrmeyer* (voir infra), les principaux centres 

industriels du département pour faire un état des lieux auprès des militants de la CGT et 

ceux du Parti communiste libérés des camps d’internement où ils avaient été placés suite à 

l’interdiction du PC. Il faut aussi faire le point après les déplacements de population liés à 

l’évacuation. 

Charles Hoeffel, apprenant le retour de captivité de Jean Burger, participe, avec 

Georges Wodli, à la rencontre de juillet 1941. Grâce à sa « tournée » de la fin 1940, il peut 

leur décrire la situation dans les principales zones où la CGT et le PC étaient le mieux 

implantés à la fin des années trente. Une connaissance de la géographie communiste en 

Moselle qui s’explique aussi par son appartenance, au début des années trente, à la 

commission de contrôle des cellules et sous rayons de la Moselle. 

Lorsque Jean Burger met ainsi sur pied le Groupe Mario, Charles Hoeffel en 

devient l’un des principaux dirigeants. Dès le mois de juillet 1941 il participe à 

l’organisation de la direction du mouvement et à la répartition des tâches. Charles Hoeffel 

est arrêté par la Gestapo le 25 septembre 1943 à Biesheim (Haut-Rhin annexé) où il s’était 

réfugié après l’arrestation de Jean Burger. Son épouse Hélène est arrêtée le même jour à 

Metz. Charles Hoeffel est ensuite détenu à la prison militaire de Metz avec les autres 

responsables du Groupe Mario arrêtés dans les jours précédents. Il y séjourne quelques 

semaines jusqu’à ce que l’aménagement de la cellule n° 1 du Fort de Queuleu soit achevé. 

Il est ensuite interné au camp de Dachau, après un passage au camp de concentration de 

Natzweiler-Struthof. Charles Hoeffel est libéré de Dachau par l’avancée des Alliés à la fin 

du mois d’avril 1945 19 . Son épouse fut emprisonnée au Grand séminaire de Metz puis à la 

prison de Sarreguemines (Moselle annexée). 

Les cheminots jouent aussi un rôle important dans le bassin houiller. C’est ici 

qu’émerge la figure de Jean Matz (Auguste dans la Résistance), né le 11 août 1908 à Metz 

(Lorraine annexée). 

19 Après la guerre Charles Hoeffel est reconnu comme « ancien responsable départemental des FTPF » et homologué 

dans le grade de sous-lieutenant avec Croix de guerre. Il obtient le titre de déporté résistant et la Médaille de la 

Résistance. Il édite une brochure dans laquelle il décrit sa détention et celle de ses camarades au Fort de Queuleu : C. 

HOEFFEl, Helden und Märtyrer der lothringischen Widerstandsbewegung im SS Sonderlager Queuleu, Strasbourg, Impr. 

ICAL, sd.


Issu d’une famille cheminote de dix enfants, Jean Matz est employé à la Société des 

chemins de fer d’Alsace-Lorraine dès l’âge de quinze ans après sa réussite à un examen qui 

lui permet de travailler dans les bureaux. Il est ainsi employé à Creutzwald et Saint-Avold, 

en gare de Béning et à Rémilly (Moselle). Il milite au syndicat CGT des cheminots. 

De septembre 1939 à octobre 1940 il travaille pour la SNCF à Pommérieux-Verny 

(Moselle) où il s’installe avec sa famille. Il revient ensuite dans le bassin houiller pour 

travailler en gare de Béning où il occupe les fonctions de sous-chef de gare. Il fait partie du 

groupe de résistance « Mario », dont il devient à partir de juin 1942 responsable pour 

l’ensemble du bassin houiller sous le pseudonyme d’Auguste. 

Il assure la coordination des actions résistantes, joue un rôle important dans le 

transfert des prisonniers évadés vers la France et participe à des actes de sabotage de voies 

ferrées. Son domicile à Béning est par ailleurs une des caches utilisées par Jean Burger 

lorsqu’il sillonne le département pour organiser la résistance. 

Il est activement recherché par la Gestapo à partir de décembre 1943. Après 

l’arrestation de Jean Burger en septembre 1943, Jean Matz devient l’un des responsables 

du Front national en Moselle annexée. Sentant la vigilance des Allemands redoubler, les 

arrestations de membres du Groupe Mario se multipliant, Jean Matz décide de ne plus se 

rendre à son travail en gare de Béning. Pour que son absence n’éveille pas les soupçons il 

veut être déclaré en congé de maladie, ce qui nécessite une visite au médecin de contrôle 

installé à Sarrebruck. A son retour par le train, il sort du dernier wagon et aperçoit 

plusieurs hommes de la Gestapo entourant une jeune collègue de la gare. Lorsqu’elle 

aperçoit Jean, son regard lui fait comprendre qu’il est déjà recherché et qu’elle a été choisie 

pour l’identifier à la descente du train. Faire marche arrière aurait éveillé les soupçons, 

Jean Matz fait semblant de réajuster son chapeau et réussit à se coller discrètement la 

fausse moustache qu’il conservait avec lui. Il échappe ainsi à la Gestapo : cet épisode 

l’incite à entrer dans la clandestinité. 

Sa sœur Marguerite est arrêtée à Paris en mars 1944 puis transférée et torturée au 

Fort de Queuleu, dans le but de le débusquer. Mais lui-même n’est finalement pas arrêté, 

contrairement à la plupart des membres du Groupe, car il réussit à se cacher chez des amis 

à Merlebach ou chez ses parents chez lesquels il avait aménagé une cachette sous une 

meule de foin 20 . 

Évoquons enfin les cheminots du secteur de Sarreguemines. Ils constituent ici les 

trois-quarts de l’effectif du Groupe Mario sous l’autorité de Fritz Bohn 21 . 

Eugène Steinmetz est l’un des seuls cheminots sarregueminois à revenir vivant de 

son internement en Allemagne. Il naît le 30 mars 1894 à Haguenau (Bas-Rhin annexé). 

Mobilisé pendant la Première Guerre mondiale dans l’armée impériale allemande, il est 

affecté, en tant que mécanicien au sol à la « Luftstaffel Richthoffen », le groupe d’aviation 

de chasse où sert également Hermann Goering. Blessé au bras au cours du conflit, il en 

revient profondément marqué et devient pacifiste. Il est embauché au lendemain de la 

guerre aux ateliers de la Société des chemins de fer d’Alsace-Lorraine à Haguenau. Il est 

muté au début des années vingt au dépôt de Sarreguemines. Il milite activement tout au 

long de l’entre-deux-guerres au syndicat CGT des cheminots et au PC, en Alsace comme 

en Moselle. 

20 Jean Matz devient maire de Merlebach à la Libération. Il n’est pas répertorié dans la liste de Léon Burger car il ne fut 

pas arrêté : cet exemple montre que la liste, seule, ne peut suffire à appréhender l’importance du Groupe Mario. 

21 Voir sa biographie dans M.-L. GOERGEN (sous la direction de), Cheminots et militants. Un siècle de syndicalisme 

ferroviaire, op. cit., pp. 89 et 90.

180 

Pierre Schill 

Le 1 er septembre 1939, alors que la cité des faïences est évacuée, Eugène Steinmetz 

est muté au dépôt SNCF de Reims car ses deux sœurs résident à Cormentreuil dans la 

banlieue de la capitale champenoise. A l’approche des troupes allemandes, il est muté à 

Béziers (Hérault) tandis que sa famille est évacuée à Roumazières (Charente) où se 

trouvent déjà d’autres réfugiés sarregueminois. En septembre 1940, la famille Steinmetz 

peut regagner Sarreguemines et Eugène reprendre son travail aux chemins de fer 

administrés par la Reichsbahn. La Gestapo découvre dans les archives de la préfecture de 

Sarreguemines, une liste de militants communistes établie avant la guerre. A la mi-octobre, 

les Allemands décident de rassembler à Bénestroff (Moselle annexée) les personnes 

répertoriées pour les expulser vers la France. La famille Steinmetz est concernée par ces 

représailles mais avant son départ, Eugène prend soin de cacher le drapeau de la CGT qu’il 

possédait à son domicile. Lors du contrôle de l’identité des communistes sarregueminois, 

les nazis relèvent dans ses papiers qu’il a servi pendant la Grande Guerre dans le groupe de 

chasse d’Hermann Goering. Cela les incite à suspendre son expulsion et à le renvoyer avec 

sa famille à Sarreguemines. 

Pendant la Seconde Guerre mondiale, il fait partie du groupe de résistance 

« Mario ». Son activité clandestine, et probablement syndicale d’avant-guerre, lui vaut 

d’être arrêté par la Gestapo le 7 juillet 1944 au dépôt sarregueminois des chemins de fer. 

Interrogé, il est d’abord enfermé quelques jours à la prison de Sarreguemines avant d’être 

emprisonné pendant soixante et onze jours au Sonderlager de Neue Bremm puis interné au 

camp de Dachau où il arrive à la fin du mois de novembre 1944. Il est libéré le 28 avril 

1945 22 . 

La part des femmes 

Les Mosellanes aussi s’engagent dans la lutte contre le fascisme où elles jouent un 

rôle parfois important. 

Leur engagement dans la lutte antifasciste 

Les sœurs Koenig 23 continuent pendant la guerre à aider les antifascistes sarrois qui 

s’étaient réfugiés en Moselle après le plébiscite de 1935. Elles diffusent également au 

début de l’annexion de la Moselle des brochures anti-allemandes. 

Odile Koenig est née le 26 avril 1896 à Klarenthal (Sarre, Allemagne), son époux, 

Pierre Robert est mineur aux Houillères de Petite-Rosselle puis cordonnier. Il est secrétaire 

de la section CGTU de Petite-Rosselle et de la cellule communiste de la ville. 

Née en Allemagne elle a acquis la nationalité française après son mariage. À partir 

de 1931 elle gère une épicerie à Petite-Rosselle et milite au PC. Comme sa sœur elle est 

membre des organisations féminines communistes et milite aussi au Secours rouge 

international. 

Le domicile familial sert pendant l’annexion de support logistique aux antifascistes 

sarrois. Le couple est arrêté le 19 février 1941 par les Allemands. Pierre Robert passe 

cinquante mois dans les geôles nazies de Sarrebruck, Zweibrücken, Stuttgart et 

Ludwigsburg après avoir été condamné le 22 février 1942 à trois ans et huit mois de prison 

pour incitation à la « haute trahison ». Son épouse est condamnée pour les mêmes motifs à 

22 Il obtint le titre de déporté résistant et fut reconnu au grade de sous-lieutenant de la Résistance. 

23 Renseignements fournis par Rose Marie Schmitt et par Daniel Deutsch. L’essentiel de leurs parcours est relaté dans L. 

BIES, Widerstand an der Grenze. Des deux côtés d’une frontière. Saarländer und Lothringer gegen des Faschismus. 

Sarrois et Lorrains contre le fascisme (1933-1945), Blattlaus-Verlag, Saarbrücken, 2002, 108 p.


deux ans de prison et passe vingt-deux mois en prison notamment à Schwäbisch et 

Gotteszell. 

Odile Robert est interrogée à plusieurs reprises par les nazis. La Gestapo indique 

dans un rapport d’interrogatoire du 11 mars 1941 que « d’après son comportement, elle 

demeure aujourd’hui encore une communiste convaincue ». Malgré la torture elle ne livre 

pas ses camarades de résistance. Après sa libération elle devient dépressive et se suicide en 

juillet 1954. 

Catherine Koenig est née le 24 mai 1884 à Klarenthal. Épouse de Henri Beer 

mineur militant de la CGTU et proche des communistes, elle participe au Front populaire à 

Petite-Rosselle. 

Elle est arrêtée par la Gestapo vers la fin du mois de février ou le début du mois de 

mars 1941 car elle était chargée de transmettre une aide financière, collectée par la CGT 

clandestine, aux épouses des antifascistes sarrois incarcérés. Son arrestation est 

probablement liée à celle de sa sœur dans les jours précédents. Condamnée pour « haute 

trahison », elle est incarcérée à la prison du Lerchesflur à Sarrebruck où elle décède le 11 

juin 1941 probablement suite aux interrogatoires nazis. 

Des résistantes du Groupe Mario 

On compte une trentaine de femmes sur environ huit cent soixante membres dans le 

premier cercle du Groupe. Ce faible pourcentage s’explique par la composition socioprofessionnelle 

du groupe où le monde ouvrier domine une organisation regroupant en 

grande majorité des militants de la CGT et du PC. Il s’agit ici souvent de filles ou 

d’épouses de résistants ou de militants syndicaux et politiques impliqués dans le 

mouvement ouvrier mosellan de l’entre-deux-guerres. Certaines d’entre elles jouent un rôle 

primordial au sein du Groupe Mario. 

Marguerite (Margot) Durrmeyer est née le 10 janvier 1920 à Hagondange 

(Moselle). Sixième enfant d’une famille de sept dont le père, Pierre Durrmeyer, militant 

communiste, fut ouvrier puis employé à la mairie communiste d’Hagondange. 

Elle-même membre des Jeunesses communistes de la Moselle, elle entame des 

études d’infirmière sans pouvoir les achever en raison de la déclaration de guerre. En 

septembre 1939 elle commence à travailler à la cimenterie de Rombas (Moselle). Après 

l’annexion de la Moselle à l’Allemagne, elle est convoquée par l’Arbeitsamt (le service du 

travail allemand) pour travailler à l’hôpital militaire de Metz au service des Allemands. 

Marguerite Durrmeyer refuse et se retrouve un temps sans travail. 

C’est alors qu’à la fin de l’année 1940, comme nous l’avons déjà signalé, elle 

sillonne à bicyclette, en compagnie du cheminot communiste Charles Hoeffel, les 

principaux centres industriels du département pour reconstituer un embryon de structure 

syndicale et politique de résistance face aux nazis. 

Elle commence à travailler au début de l’année 1941 à la Reichsbahn et participe à 

des actions politiques : le 1 er mai 1941 elle distribue dans sa commune des tracts du PC 

indiquant « Vive le 1 er mai, fête de la classe ouvrière » et le 14 juillet de la même année 

participe à l’affichage d’un placard proclamant : « Vive le 14 juillet, vive la prise de la 

Bastille, vive la victoire du peuple sur ses oppresseurs » 24 . 

Dès que le Groupe Mario est « opérationnel », elle participe à de nombreuses 

actions de résistance. Elle est notamment chargée par Jean Burger, sous le pseudonyme de 

24 Témoignage recueilli dans L’Humanité d’Alsace-Lorraine, « Resistance im annektierten Elsass und Lothringen », n° 

spécial, janvier 1965, p. 43.

182 

Pierre Schill 

« madame Simone », de rentrer en contact avec les prisonniers de guerre soviétiques que 

les Allemands ont internés depuis l’été 1941 au Ban-Saint-Jean, un camp situé non loin de 

Boulay (Moselle annexée). Jean Burger espérait réussir une évasion collective d’une partie 

des milliers de prisonniers pour leur faire prendre le maquis. 

À l’été 1942 elle est désignée avec trois autres membres du groupe pour dérober à 

l’imprimerie Klein d’Hagondange le papier nécessaire à l’impression des tracts 

clandestins. Margot Durrmeyer est par ailleurs chargée de collecter des renseignements et 

de diffuser des tracts dans plusieurs centres industriels du nord de la Moselle où le groupe 

est particulièrement bien implanté. Elle assure aussi quelques transports d’armes. 

Elle est renvoyée de la Reichsbahn après que les Allemands se furent rendu compte 

qu’elle traversait la frontière avec la France à Novéant-sur-Moselle. Elle est dès lors 

obligée d’occuper un emploi de pontonnier de laminoir à l’usine métallurgique 

d’Hagondange. Se sachant surveillée par la Gestapo, elle décide de se cacher chez une 

camarade à Mondelange (Moselle annexée). C’est là qu’elle est arrêtée le 11 octobre 1943. 

Elle passe d’abord près de trois semaines dans les caves de la Gestapo à Metz où elle est 

torturée. Elle est ensuite transférée à Sarrebruck et détenue à la prison du Lerchesflur 

jusqu’au début de l’été 1944, privée de sortie et de courrier. Elle est transférée au début du 

mois de juillet 1944 au Fort de Queuleu. Le 14 juillet, elle chante la Marseillaise avec 

quelques unes de ses co-détenues. Après quelques semaines de détention elle est transférée 

au camp de Schirmeck puis au camp de Rothenfells près de Gaggenau dans le sud de 

l’Allemagne. Elle tente d’y organiser un noyau de résistance mais est dénoncée par une codétenue. 

Elle est immédiatement interrogée par la Gestapo de Strasbourg et transite par le 

camp de Natzweiler-Struthof alors que celui-ci commence à être évacué par les Allemands 

devant l’avancée des troupes alliées. Elle est finalement à nouveau transférée au camp de 

Schirmeck lui aussi en pleine effervescence. Elle en profite pour se cacher et réussit à 

s’échapper vers la fin du mois de novembre 1944 pour trouver refuge au couvent des 

Carmélites de Molsheim (Bas-Rhin annexé) au moment où les troupes alliées libèrent 

l’Alsace. En décembre 1944, elle peut rentrer à Hayange. 

Anne Schulz occupe elle aussi une place à part au sein du Groupe Mario. Née le 14 

avril 1910 à Dieuze (Lorraine annexée), Anne Thoni est issue d’une famille de quatre 

enfants dont elle est la troisième. Elle entre aux chemins de fer en janvier 1937 peu de 

temps après le décès de son époux, Jean Nicolas Schulz, suite à un accident du travail alors 

qu’il était cheminot à la Société des chemins de fer d’Alsace-Lorraine. 

Travaillant aux guichets de la gare de Metz, elle milite au syndicat CGT des 

cheminots où son mari avait lui-même milité et s’était notamment engagé dans le combat 

antifasciste. Au moment du Front populaire, la famille Schulz réside à Mondelange où 

enseigne Jean Burger qui est alors l’instituteur de leur fils Paul Schulz*. C’est 

probablement à ce moment que Jean Burger fait la connaissance de la famille Schulz, ce 

qui explique qu’il peut s’installer en toute confiance au domicile messin d’Anne Schulz au 

moment de son entrée dans la Résistance. Le 3 de la rue Vauban présentait en effet 

l’avantage d’être à deux issues. Anne Schulz est arrêtée par la Gestapo le 21 septembre 

1943 à l’ancienne gare de Metz. Le commissaire Kaeppel prend ses clefs et peut ainsi 

s’introduire à son domicile et y arrêter Jean Burger. Le fils d’Anne Schulz, témoin de la 

scène, réussit à s’échapper et prévient Léon Burger de l’arrestation de son frère. Anne 

Schulz est d’abord emprisonnée à la prison de Sarrebruck puis transférée au début du mois 

de janvier 1944 au Fort de Queuleu. En août 1944, elle est déportée au camp de Schirmeck 

où elle est libérée le 21 novembre 1944 par l’armée française du général Leclerc.


Dans le bassin houiller, Julie Klein est l’un des éléments clés du Groupe Mario. 

Julie Schoumacher est née le 1 er décembre 1900 à Steinbach (Lorraine annexée). Elle 

épouse le mineur Joseph Klein militant communiste et CGT, lui aussi impliqué dans la 

Résistance. 

C’est à leur domicile à Merlebach que Jean Burger et Jean Matz décident en juin 

1942 de créer une branche du Groupe Mario dans le bassin houiller. Julie Klein en devient 

l’une des responsables et assure la distribution de tracts, la collecte d’argent et de tickets 

d’alimentation pour les membres du groupe entrés dans la clandestinité. Son domicile sert 

aussi à héberger des déserteurs de l’armée allemande et des résistants. Julie Klein vient 

prendre à Metz les tracts qu’elle diffuse dans le bassin houiller et emporte parfois jusqu’à 

Strasbourg. À son retour d’Alsace elle est chargée d’autres tracts destinés à être diffusés en 

Moselle annexée. Elle transporte parfois aussi de fausses cartes d’identité et des armes. 

Son activité clandestine lui vaut d’être arrêtée, avec son mari, le 2 novembre 1943 

et d’être emprisonnée au Fort de Queuleu. Elle est détenue dans la cellule n° 1 que la 

Gestapo réservait aux résistants les plus importants. Devant l’avancée des troupes alliées, 

les détenus du fort commencent à être évacués à l’été 1944. Julie Klein, avec treize autres 

camarades dont Jean Burger, gardés par une vingtaine de gendarmes, quitte ainsi sa geôle 

lorraine pour la prison des femmes de Mannheim (Allemagne). Elle est ensuite transférée à 

Heidelberg (Allemagne) d’où elle est libérée le 20 avril 1945. 

LA POSTERITE DE LA RESISTANCE : ENTRE AFFIRMATION ET DENI DE LA MEMOIRE 

Si les premiers militants syndicaux et politiques sont arrêtés dans les mois qui 

suivent l’annexion, la majorité des membres du Groupe Mario est capturée à partir d’août 

1943 après l’arrestation de Jean Burger. À l’été 1944, l’organisation est décimée 25 . 

Au lendemain de la guerre, la mémoire de ce sacrifice dans la sphère publique se 

limite au PC et à ses organisations satellites. Une mémoire qui reste le plus souvent 

familiale. 

La mémoire communiste « officielle » 

Si l’engagement syndical et politique d’avant-guerre pouvait être un prélude à une 

« entrée » en résistance, d’autres résistants, nous l’avons signalé, s’appuient sur leur 

implication dans la lutte contre le nazisme pour légitimer un engagement politique à partir 

de la Libération. Comme cela peut se passer lors de certaines grèves, la Résistance a pu 

renforcer la conscience de classe d’une partie du monde ouvrier mosellan 26 . 

À la Libération, les communistes mosellans mettent en avant la lutte contre le 

nazisme pour retrouver une place centrale sur l’échiquier politique départemental. Le 

Républicain Lorrain publie la nécrologie de Jean Burger le 25 août 1945 et salue le 

« héros » qui avait été « fidèle jusqu’au dernier souffle à son idéal de militant et de 

25 Il faut tenir compte dans cette répression des informations qu’ont pu livrer les résistants arrêtés et soumis dans la 

plupart des cas à la torture dans les locaux de la Gestapo et au Fort de Queuleu. Il semble d’autre part qu’Alphonse Rieth, 

secrétaire général du syndicat confédéré des mineurs de Moselle, ait livré en décembre 1940 à la Gestapo de Sarrebruck 

des informations nominatives concernant les syndiqués. Parmi les dizaines de militants ainsi dénoncés figurent tous les 

responsables de la CGT et du PC mosellan et plusieurs membres du Groupe Mario qui sont ainsi déjà recherchés par la 

police allemande. D’après L. BIES, Gestapo contra CGT Lothringen. Die Auskünfte des Alphonse Rieth von 1940, 

Saarbrücken, VVN-Bund der Antifaschisten, Landesverband Saar, 2000, 27 p. 

26 Ce qui peut être, parmi d’autres bien sûr, une explication du succès électoral des listes issues de la Résistance dans 

certaines communes jusqu’alors plutôt classées à « droite ». Par exemple à Merlebach, où le cheminot Jean Matz est élu 

maire.

184 

Pierre Schill 

résistant lorrain » 27 . Dans les mois qui suivent la fin de la guerre, l’organe de presse de la 

fédération communiste de la Moselle, La Voix de la Moselle, indique en une la mention : 

« rédacteur dans la clandestinité : Jean Burger ». Pierre Muller mentionne quant à lui sur 

ses documents électoraux, comme d’autres militants communistes, la mention 

« résistant » 28 . 

Cet « activisme » à mettre en avant Jean Burger et le rôle des communistes dans la 

Résistance joua peut-être en défaveur de la reconnaissance officielle de ce sacrifice. En 

avril 1946, le conseil municipal de Metz refuse ainsi de donner le nom d’une rue de la ville 

à Jean Burger, pourtant natif de la commune. Il faut attendre la municipalité de Raymond 

Mondon pour que le conseil municipal accepte de dénommer « Jean Burger » la petite allée 

qui mène au Fort de Queuleu 29 . Il est peu d’exemples en France d’une commune rendant 

un si mince hommage à l’un des siens qui joua un rôle si important dans la Résistance. Si 

le contexte de guerre froide de l’après-guerre peut l’expliquer, souhaitons que le temps 

d’une histoire apaisée permette à la mémoire de Jean Burger d’être justement honorée 30 . 

La mémoire familiale : l’exemple des travailleurs immigrés 

Les résistants étrangers représentent une part conséquente (31,9 %) du Groupe 

Mario, avec une proportion majoritaire d’Italiens surtout présents en Lorraine du fer, et 

presque un tiers de Polonais (29,2 %) davantage présents dans le bassin houiller 31 . 

Groupe Mario : approche par origine nationale 

Effectif total du Groupe Mario recensé 

860 

Dont Français 586 (68,1%) 

Dont Etrangers 274 (31,9%) 

Polonais 80 (29,2 %) 

Italiens 155 (56,6 %) 

Allemands 13 (4,7 %) 

Yougoslaves 10 (3,6 %) 

Divers 16 (5,9 %) 

Si l’on compare la proportion des étrangers dans le Groupe et celle des étrangers 

dans la population mosellane à la fin des années trente (12,5 %), on observe une nette 

surreprésentation au sein de l’organisation résistante. Dans un mouvement de sensibilité 

communiste, elle peut s’expliquer par la présence massive des étrangers dans l’industrie où 

l’engagement syndical et politique peut être une passerelle vers l’engagement résistant. 

C’est pourtant pour les résistants étrangers que le déni de mémoire a été le plus fort. 

27 

Le Républicain Lorrain, 25 août 1945. 

28 

Reprise au sens strict, cette mention est dans son cas abusive puisque nous avons vu qu’il passa l’essentiel de la guerre 

en captivité. 

29 

Renseignements fournis par Léon Steinling. 

30 

Cela devrait être possible lorsque l’on sait que Metz est l’une des rares communes françaises à encore honorer la 

mémoire d’Alexis Carrel qui prônait l’amélioration biologique des « races » et écrivait dans L’homme cet inconnu 

(1935), à propos des plus faibles et des malades mentaux : « Un établissement euthanasique, pourvu de gaz, permettrait 

d’en disposer de façon humaine et économique ». Ces dernières années une cinquantaine de villes de France ont 

débaptisé leur rue « Alexis-Carrel ». 

31 

Pour la méthode de dénombrement voir P. SCHILL, « Les mineurs immigrés… », op. cit., pp. 259 et 260.


De quelques bouts de papier : les « billets » du Fort de Queuleu … 

Ce sont souvent les familles immigrées qui eurent le plus de mal à faire reconnaître 

le sacrifice de l’un des leurs. 

Prenons l’exemple d’un mineur polonais. En mars 1952, la famille de Michel 

Muraszko, membre du Groupe Mario dans le bassin houiller, obtient du Secrétariat d’État 

aux forces armées, un certificat de son appartenance à la Résistance intérieure française. Sa 

veuve sollicite le 21 avril 1956 l’obtention de la mention « Mort pour la France ». La 

réponse négative du Ministère des Anciens combattants et victimes de guerre du 31 janvier 

1957 indique que Michel Muraszko n’a pas droit à l’attribution de la mention « Mort pour 

la France » car il était étranger 32 . 

Pour ces familles il ne reste parfois que de minces souvenirs du sacrifice d’un des 

leurs pour leur pays d’adoption. Une « mémoire enfouie ». La fille de Michel Muraszko 

conserve ainsi deux « billets » que son père réussit à faire sortir clandestinement du Fort de 

Queuleu pour lui souhaiter un joyeux anniversaire. 

Au « roman » familial : les Filippetti en Moselle du fer 

Cette mémoire familiale resurgit parfois de manière inattendue. Dans son livre, 

« Les derniers jours de la classe ouvrière », Aurélie Filippetti rappelle l’épisode de 

l’arrestation des mineurs d’Audun-le-Tiche membres du Groupe Mario parmi lesquels trois 

de ses familiers. Écoutons-la raconter cet épisode douloureux, dans un récit qui mêle de 

manière intime le combat pour la Résistance et les luttes politiques des mineurs de fer 

italiens, la répression de la Gestapo et celle des maîtres de forges 33 : 

« Ils descendirent au fond de la mine d’Audun-le-Tiche, au matin du 3 février 1944. 

(…) Accompagnés par le directeur de la mine, deux soldats allemands, et deux hommes en 

civil (…). Ils descendirent au fond de la mine, avec la bénédiction de ceux qui la 

dirigeaient. (…) Cette phrase incessamment répétée au fil des années, comme si elle 

ajoutait encore à l’horreur de l’arrestation, de la torture, de la mort, celle de l’humiliation 

de n’avoir pu se laver, se préparer, dire adieu aux siens (…). L’histoire retiendra : les de 

Wendel 34 faisant tourner leurs hauts-fourneaux à plein régime pour les canons du Reich, 

les patrons de la Société des Mines Terres-rouges complices des arrestations. (…). 

Ils ramenèrent de cette pêche souterraine des proies humaines, chaudes et vivantes. 

Quatorze mineurs pris sur leur lieu de travail (…). Dans les années trente, ceux-là qui déjà 

fuyaient Mussolini avaient mis sur pied une section locale de la Société des droits de 

l’homme. (…) Militants communistes aussi pour nombre d’entre eux. (…). 

Ce jour de février 1944, une fourgonnette les attendait sur le carreau, garée là avec 

la complicité assidue des maîtres des forges. (…) Menottes aux mains sales, on les force à 

pénétrer dans la gendarmerie par la fenêtre de l’arrière-cour afin qu’il n’y ait pas d’émeute. 

32 Archives de la famille Muraszko. Alors que l’article L. 488 du code des pensions d’invalidité prévoit que les Alsaciens 

ou Mosellans incorporés de force dans l’armée allemande ont droit à l’attribution de la mention « Mort pour la France ». 

33 A. FILIPPETTI, Les derniers jours de la classe ouvrière, Stock, 2003, pp. 21 à 29. 

34 La famille de Wendel expulsée, leurs usines étaient en réalité administrées par les Allemands. Sur les conditions, 

complexes, de cette cession, les dédommagements obtenus après-guerre et le « procès » en collaboration fait à la dynastie 

de Wendel, notamment par les communistes, voir D. WORONOFF, François de Wendel, Presses de Sciences-Po, 2001, pp. 

67 à 90. En étudiant les carnets personnels de François de Wendel, de septembre 1939 à la fin août 1944, Philippe 

Mioche montre que l’une des figures emblématiques des « deux cents familles » eut globalement une attitude favorable à 

la Résistance. P. MIOCHE, « Quand François de Wendel disait non », pp. 231 à 240, dans J. GOTOVITCH et R. FRANK 

(direction), La Résistance et les Européens du Nord, Centre de recherches et d’études de la Seconde Guerre mondiale 

(Bruxelles) – IHTP (Paris), 1994, 460 p.

186 

Pierre Schill 

Les quatorze mineurs, noirs encore, resteront là plusieurs jours, avant leur transfert pour le 

Fort de Queuleu, près de Metz. (…). 

Son mari n’est pas mort, il est disparu. De Metz, parti pour le camp de Dora, en 

Allemagne, avec ses deux frères, toujours. L’un Filippo, revint, n’en parla pas. L’autre 

resta à jamais avec lui en Allemagne. Disparu. Lui mourut à Bergen-Belsen – savait-il où 

était son frère – en mai 1945, après la libération du camp par les Anglais. (…). 

Mais leurs yeux se sont fermés et ils étaient des héros. 

Ce que leurs yeux ont vu, chacun toujours l’emmène avec soi, inscrit dans son 

esprit comme sur un linge fragile. Leurs descendants croulent sous le poids de cette 

dignité » 35 . 

CONCLUSION : LES ENJEUX DE LA MEMOIRE DE LA RESISTANCE 

Toute mémoire est une construction qui s’alimente à plusieurs sources : la mémoire 

personnelle des témoins d’abord, la mémoire sociale ensuite, c’est-à-dire la manière dont 

les générations et les groupes sociaux et politiques d’Alsace-Moselle « mettent en scène » 

ce passé, et la mémoire des historiens enfin qui obéit à des règles de reconstruction plus 

strictes. Le « jeu » complexe et mouvant de ces mémoires, accentué par le fait 

qu’Alsaciens et Mosellans attachent de l’importance au regard des « Français de 

l’intérieur », aboutit à l’élaboration d’une mémoire plurielle. 

S’il n’est bien sûr pas question de chercher à obtenir une mémoire « uniforme » de 

la guerre, le temps de l’Histoire devrait permettre d’aboutir à une mémoire apaisée qui 

pourrait rappeler : 

- la réalité de la Résistance sous toutes ses formes : organisations de résistance 

active, réseaux de renseignements et de passeurs, mais aussi refus de l’enrôlement dans la 

Wehrmacht ou désertions. Montrer qu’il était possible de dire non au totalitarisme nazi 

suppose de ne pas mettre sur le même plan collaboration et résistance, de montrer qu’il 

existait, même en régime totalitaire, une « liberté interstitielle » 36 . 

- les différences entre les situations mosellane et alsacienne : « moins 

périphérique » géographiquement parlant, plus francophone, moins consciente aussi d’une 

identité propre que l’Alsace (…), c’est la Moselle qui a manifesté le plus massivement et le 

plus ouvertement son hostilité à la germanisation et à la nazification » 37 . La répression que 

les nazis mettent en place ne présente pas non plus les mêmes caractéristiques dans les 

trois départements annexés 38 . La situation de la Moselle n’est pas un simple avatar de celle 

de l’Alsace. 

35 Mario et Tommaso Filippetti, grand-oncle et grand-père d’Aurélie Filippetti, sont morts en déportation. Seul Filippo, 

un autre grand-oncle, a survécu. Renseignements fournis par Aurélie Filippetti. Les noms des mineurs arrêtés figurent 

dans L BURGER, Le Groupe « Mario »…, op. cit. pp. 33 et 34. 

36 L’expression est du sociologue Freddy Raphaël. Entretien avec Nicole Gauthier. Libération, 28 décembre 1999. 

37 P. RIGOULOT, L’Alsace-Lorraine pendant la guerre 1939-1945, PUF, 1997, p. 116. 

38 Une recherche, encore en cours à l’hiver 2003, devrait permettre de faire le point sur cet aspect de l’annexion : C. 

NEVEU, La répression allemande en Alsace-Moselle annexée, mémoire de DEA d’histoire sous la direction de Jean 

Quellien, Université de Caen, 2004.


- que les Malgré-nous, les résistants et les opposants politiques ne sont pas les seuls 

à avoir subi l’oppression : entre juin 1940 et avril 1942, 110 homosexuels (les triangles 

roses) d’Alsace furent arrêtés et envoyés dans les camps 39 . 

Le mémorial de Schirmeck pourra alors permettre la mise en œuvre d’une 

dialectique déconstruction-reconstruction de la mémoire de la guerre en Alsace-Moselle. 

Et faire ainsi vivre une identité collective qui ne s’élabore pas sans une recomposition du 

passé intégrant la strate refoulée de la Résistance. 

Une Résistance qui alors seulement, ne s’écoulera pas « eau vaine, dans les rigoles 

de l’Histoire » 40 . 

39 

G. GRAU (Ed.), Homosexualität in der NS-Zeit-Dokumente einer Diskrimienirung und Verfolgung, Francfort/Main. Des 

Mosellans furent probablement aussi concernés. 

40 

A. FILIPPETTI, Les derniers jours de la classe ouvrière, op. cit., p. 19.

188 

Pierre Schill

189 

LES INSTITUTEURS EN MOSELLE ET AU LUXEMBOURG DE 1940 A 1944 

Fabrice WEISS * 

Le régime national-socialiste se considérait comme porteur d’une nouvelle 

conception du monde et désirait la mise en place d’un nouveau système de valeurs basé en 

grande partie sur des théories raciales. Afin de changer la société et l’homme, il devait, 

pour assurer son avenir, imposer son idéologie. Aussi, à travers le corps enseignant, le 

désir sous-jacent était également de conditionner les parents d’élèves et donc ainsi une 

partie importante de la population. « Il ne faut jamais oublier que le parti nationalsocialiste 

a été très tôt conscient de l’effet récurrent de l’endoctrinement dispensé en 

classe ou dans les mouvements de jeunes : de la salle de classe, de la réunion, le message 

doit passer aux parents » 1 . Les principaux efforts de la politique totalitaire devaient donc 

s’appuyer sur la propagande et l’éducation. Dans cet engagement, les enseignants jouaient 

un rôle primordial car ils devenaient ainsi un des relais privilégiés entre la politique du 

régime et la population. Dans ce nouvel ordre de valeur le corps enseignant avait la tâche 

de former les jeunes générations qui devaient devenir la garantie d’un avenir riche et 

fécond. 

En théorie, dès 1933, mais surtout dès 1937 avec les nouveaux décrets concernant 

les Volksschule (écoles primaires élémentaires) et la mise en pratique dès 1940 des 

Lehrerbildungsanstalt (école de formation des maîtres), l’enseignement et le système 

scolaire étaient intégrés à la vision nationale-socialiste par une refonte des institutions 

scolaires. L’instruction et la politique éducative étaient mises au service de l’Etat afin de 

transformer les nouvelles générations en membres utiles de la communauté et ainsi 

participer à son expansion. 

Dès le 7 août 1940, le Gauleiter Joseph Bürckel devenait Chef de l’Administration 

civile en Lorraine (Moselle) et le Gauleiter Gustav Simon, Chef de l’Administration civile 

au Luxembourg. Au début de l’hiver, la dernière étape qui devait marquer le début de 

l’annexion des deux régions était entreprise : le département de Moselle était réuni à la 

Sarre et au Palatinat pour former le Gau Westmark, le Luxembourg était intégré au Gau 

Moselland. Sans plus tarder, de nouvelles lois, pour certaines déjà en vigueur en 

Allemagne, remplaçaient les lois françaises et luxembourgeoises. La fonction publique 

était assujettie à une déclaration de fidélité et épurée. L’ensemble des services 

administratifs était placé sous la tutelle des services allemands. La langue française était 

interdite tant au Luxembourg qu’en Moselle et était bien évidemment bannie de 

l’enseignement. L’allemand devenait la seule langue officielle et obligatoire. Dans le projet 

de germanisation et de nazification des pays annexés voulu par Hitler, et mis en œuvre par 

chacun des deux Gauleiter, l’éducation devenait l’un des axes majeurs du projet. Il était 

question d’établir de nouvelles valeurs et de nouveaux modes de pensée. Il s’agissait de 

permettre une diffusion prégnante des idéaux nationaux-socialistes auprès des jeunes 

générations. Fortes d’une expérience acquise en Allemagne les autorités imposaient son 

modèle éducatif. 

* Doctorant, Université de Metz. 

1 F. IGERSHEIM, Lycéens alsaciens sous la croix gammée, in : Revue d’Alsace, numéro 121, 1995, pp 175- 

273.

190 

Fabrice Weiss 

LA MISE EN PLACE DU SYSTEME SCOLAIRE ALLEMAND (1940 - FIN 1941) 

Orientations générales 

Les autorités allemandes, nouvellement en place, tant en Moselle qu’au 

Luxembourg avaient fixé la reprise des cours au 1 er octobre 1940 2 . Pour la Moselle, le 

Regierungsdirektor Fritz Wambsganss 3 , scellait les nouvelles orientations incombant au 

corps enseignant : « cela signifie pour vous, enseignants de Lorraine, d’oublier ce qui est 

derrière vous et d’adhérer aux idées et comportements nationaux-socialistes allemands 

auxquels vous êtes liés par vos origines et vos ascendances. Celui qui est convaincu de cet 

attachement est sur la bonne voie de la coopération dans la vision nationale-socialiste du 

monde. Il ne faudra pas seulement se résigner à accomplir ce tournant dans sa vie, mais 

jurer de combattre avec foi pour son avenir. L’avenir sera pour lui le très grand honneur 

d’être citoyen et enseignant du III ème Reich. Donc accomplissez toujours et partout votre 

devoir pour le renouveau de l’école allemande et pour l’entente avec le peuple allemand 

de lorraine » 4 . Lors d’une réunion, qu’il tenait à Metz le 23 juillet 1940 en présence des 

enseignants de Metz et des alentours 5 , Fritz Wambsganss, précisa ce qu’il attendait des 

enseignants. La nouvelle administration scolaire venant du Palatinat avait la conviction 

d’obtenir la confiance des enseignants, notamment celle des frontaliers dans la mesure « où 

une recherche généalogique démontrerait des liens de parenté entre les peuples habitant 

de part et d’autre de la frontière ». Le corps enseignant devait faire confiance à 

l’Allemagne nationale-socialiste. A l’exemple de l’armée allemande, reconnue, par eux, 

comme la meilleure du monde, l’éducation allemande s’imposerait également comme la 

plus compétente. Le national-socialisme considérait que ce qui est bien culturellement pour 

un pays ne pouvait être différent ailleurs. Pour cette première année, considérée comme 

transitoire, il était prévu, d’organiser, sur invitation du Gauleiter Bürckel, la visite d’école 

en Sarre et au Palatinat, afin que les enseignants mosellans puissent se faire une idée de ce 

qu’est l’école nationale-socialiste. « Sur l’enseignement primaire lorrain souffle un vent 

nouveau, enseignants et élèves ouvrez lui les portes et les fenêtres » 6 . 

Au Luxembourg au cours d’un entretien 7 avec le Gauleiter Gustav Simon, des 

orientations similaires étaient révélées. Les enseignants avaient notamment pour tâche de 

« redresser le caractère allemand du pays », de « faire la chasse au français ». Son 

objectif était avant tout de reconquérir dans le cœur des luxembourgeois la place perdue de 

la patrie allemande et il y voyait principalement un obstacle. Celui de la préférence des 

Luxembourgeois pour la culture française, qui était due, non pas à un choix, mais à une 

propagande française favorisée par le gouvernement luxembourgeois et un à système 

scolaire proche du système français. Il concluait en disant que « le Reich pourrait renoncer 

au Luxembourg, mais que le Luxembourg ne pouvait pas renoncer au Reich ». La politique 

2 

Archives Départementales de la Moselle, 1 W 6 / Amtsblatt für das Schulwesen in Lothrigen n°1, année 

1940-1941. 

Archives Municipales de Metz, 1 Z 5 / Schulverwaltung von Lothringen, Vorläufige, Anweisung zur 

Aufnahme des Unterrichts. 

Archives Nationales Grand Duché du Luxembourg A 2-2 131, / circulaire non datée 

3 

Ancien instituteur et auteur de la majorité des ordonnances et circulaires, il fut d’abord le chef du bureau 

scolaire du commissariat du Reich ainsi que le dirigeant de l’association des enseignants nationauxsocialistes 

pour le Gau avant de devenir un des personnages clés de la vie éducative en Moselle. A la 

direction des Volksschule et Hauptschule du Luxembourg fut nommé jusqu’en août 1942 Heinrich Diehls 

venant de Trêves puis l’inspecteur Fiala. 

4 

ADM, 1 W 6 / Amtsblatt für das Schulwesen in Lothrigen n°1, année 1940-1941 

5 

AMM, 3 Z 1 / Article de presse du Neue Zeitung du 30 07 1940. 

6 

AMM, 3 Z 1 / Article de presse du Neue Zeitung du 30 07 1940. Conclusion de l’article de presse. 

7 

ANGDL A 5-4 030 / Copie d’un entretien avec Gustav Simon, non daté mais probablement de fin 1940.

Les instituteurs en Moselle et au Luxembourg de 1940 à 1944 191 

allemande devait donc mettre au pas le Luxembourg et dans le cadre scolaire former les 

enseignants pour permettre l’introduction du national-socialisme dans les écoles et ainsi 

avec l’appui de la Jeunesse hitlérienne diriger et former la jeunesse. 

Effectif du corps enseignant 

Afin de connaître l’effectif enseignant disponible, pour débuter l’année scolaire, les 

autorités avaient procédé à des estimations. En 1939 l’ensemble de la Moselle comptait un 

effectif d’instituteurs et institutrices de 2500 8 et le Luxembourg 1220 9 . Les enseignants des 

régions annexées avaient un choix difficile à faire : rester en place ou se préparer à l’exil. 

Les chiffres montrent qu’une proportion d’enseignants avait fait le choix de ne pas être 

présents pour la reprise de l’année scolaire 1940/1941. Un rapport établi par les autorités 

allemandes au Luxembourg, pour l’année scolaire 1940/1941, donne un effectif de 1092 

enseignants. Un comptage 10 , concernant la circonscription de Metz, laissait apparaître que 

sur 366 enseignants 322 avaient rejoint leur école pour reprendre leur cours. Des 44 

manquants, 20 étaient encore mobilisés ou prisonniers de guerre, pour les autres la 

hiérarchie scolaire ne disposait d’aucune information. Une analyse plus détaillée, montre 

que parmi les présents 16 sont des religieuses enseignantes, 40 ne comprenaient pas ou peu 

l’allemand, 76 n’étaient en Moselle que depuis moins de 5 ans et 45 avait plus de 35 ans de 

service. Plusieurs mesures devaient aggraver cette défaillance de personnel enseignant. 

Additionné aux demandes de départ à la retraite 11 , un rapport du 7 juillet 1940, en Moselle, 

sur la réouverture des écoles de Metz-ville stipulait que les enseignants non mosellans 

étaient invités à se tenir à l’écart de l’enseignement 12 . Ils faisaient donc partie des grandes 

vagues d’expulsion de l’année 1940. Le Gauleiter Joseph Bürckel avait autorisé les départs 

volontaires 13 jusqu'à fin mars ; au 3 avril 1941 100 enseignants, notamment des régions 

ouest du département de la Moselle avaient fait cette demande 14 . La décision de fermer 

toutes les écoles privées et de congédier le personnel enseignant appartenant aux ordres 

religieux 15 pour les deux régions annexées devait aggraver la situation. Il semblait que dans 

un premier temps, pour les religieuses enseignantes mosellanes la révocation devait 

s’accompagner d’une abrogation de leur pension. Mais dès janvier 1941, une circulaire 

confidentielle précise que ce point était révisé et qu’une distinction serait faite, pour 

l’obtention ou non des pensions, en fonction du degré d’investissement des soeurs 

enseignantes pour la cause allemande 16 . Une enquête devait suivre. Celle-ci comportant 

trois points était faite auprès de toutes les écoles de Moselle qui employaient du personnel 

enseignant appartenant à des ordres religieux. Les autorités scolaires demandaient si les 

soeurs enseignantes s’étaient rendues coupables de haine envers l’Allemagne et le peuple 

8 

H. HIEGEL, L’enseignement en Moselle sous l’occupation allemande de 1940-1944, in : Cahiers Lorrains, 

1983, pp 227-248. NSZ Westmark 30 avril 1942. 

9 

ANGDL A 2-2 131 / Rapport de 1940 faisant état des statistiques concernant l’année scolaire 1938/39. 

10 

ADM 1 w 759/1 / Rapport statistique. 

11 

AMM 1 Z 5 / CdZ ( Chef der Zivilverwaltung ) 23 August 1940. 

12 

AMM 1 Z 5 / Bericht über die Wiederöffnung der öffentlichen Schulen der Stadt Metz, 05 Juli 1940. 

13 

D. WOLFANGER, Nazification de la Lorraine mosellane, Pierron, Sarreguemines, 1982, 230 p. 

14 

AMM 1 Z 26 / CdZL ( Chef der Ziviverwaltung in Lothringen ), Der Beauftragte für die Präfektur, 

Abteilung Schulwesen, An die Herren Kreisschulräte des Bezirkes Lothringen, Metz 03 april 1941. 

15 

ADM 1 W 6 / Amtsblatt für das Schulwesen in Lothrigen n°1, année 1940-1941 

ADM 1 W 6 / Regierungsrat Metz 12 12 1940. Confirmation de la radiation des personnes des congrégations 

religieuses. La lettre stipule qu’un décret sera pris début janvier 1941. 

ANGDL A 2-2 131 / Rapport non daté. D. WOLFANGER, op. cit, 1982. 

16 

AMM 1 Z 6 / CdZL, Der Beauftragte für die Präfektur, Abteilung Schulwesen, An den Herrn 

Stadtkommissar in Metz, Metz, 22 01 1941.

192 

Fabrice Weiss 

allemand, si elles s’étaient comportées loyalement et à quelles occasions elles s’étaient 

montrées méritantes envers la cause allemande 17 . 

Dans un rapport 18 sur l’état de l’enseignement pour les années scolaires 1940/1941 

et 1941/1942 il était constaté que le manque de personnel enseignant dans le Altreich se 

propageait au Luxembourg mais que la situation pouvait être considérée comme meilleure. 

Comme en Moselle on procédait à des exclusions d’enseignants jugés peu sûrs 

politiquement 19 . 

Dès le début les autorités allemandes durent faire face au problème, qui devenait 

récurrent, du manque de personnel enseignant. Une lettre datée du 18 février 1941 de 

Bürckel à Bormann annonce un chiffre de 1200 enseignants mosellans 20 . Cette situation 

correspondait à un contexte similaire en Allemagne à la même époque 21 . Un rapport 

statistique confidentiel 22 , prenant en considération le contexte dès le 15 novembre 1941, 

élaboré par l’office des statistiques du Reich pour le ministre de l’éducation Rust, prévoyait 

notamment pour fin 1945, par le jeu des départs en retraite, des décès (en excluant les 

conditions de guerre), l’augmentation des effectifs des enfants scolarisables, un manque, à 

prévoir, de l’ordre de 18178 enseignants pour un effectif total le 15 novembre 1941 de 

198491 enseignants, et ceci sans prendre en compte les enrôlements dans l’armée et les 

nouvelles régions annexées. 

Pour faire face à cette situation, outre les solutions pédagogiques comme les 

regroupements de classes, plusieurs mesures étaient proposées mais pas toujours 

appliquées à l’exemple de celle émanant du ministre des finances du Reich 23 consistant à 

réduire les années d’enseignement à la Volksschule (école primaire élémentaire) de 8 à 6 

années, ce qui devait permettre ainsi de consacrer les deux années manquantes à la 

formation pratique de futurs instituteurs. Ceux-ci seraient pris en charge par les écoles de 

formation des maîtres. Ces candidats, âgés de 14 ans, pouvaient ainsi être mis face à des 

élèves de Volksschule. Les deux principaux moyens envisagés et pratiqués, en Moselle et 

au Luxembourg, et déjà en vigueur en Allemagne, suite aux décrets du ministre de 

l’éducation des 5 janvier 1940, 28 mai 1940 et 19 août 1940 24 , était celui d’engager des 

auxiliaires d’enseignement (Schulhelfer) et les suppléances effectuées par les élèves des 

écoles de formation des maîtres, notamment ceux des classes terminales, dans le cadre de 

leur pratique. Un article paru dans la presse le 6 septembre 1941 en Moselle 25 , dans le but 

de trouver des candidats, stipule que ceux-ci devaient avoir suivi une scolarisation 

notamment dans l’enseignement secondaire ou tout autre établissement de même niveau, 

avoir entre 19 et 26 ans et qu’ils seraient après un stage de trois mois chez un maître 

expérimenté, immédiatement engagés comme auxiliaires d’enseignement 26 (Schulhelfer). 

Une autre possibilité était celle du réemploi d’instituteurs à la retraite, « sous réserve qu’ils 

17 AMM 1 Z 6 / Der Stadtkommissar, Schulwesen, An die Schulleitung der Schule, Metz, 06 02 1941. 

18 ANGDL A 2-2 103 / Schulrat Fiala, An Herrn Regierungs-Vizepräsident Dr Münzel in Luxembourg, 09 11 

1942. 

19 ANGDL A 2-2 103 / Schulrat Fiala, An Herrn Regierungs-Vizepräsident Dr Münzel in Luxembourg, 09 11 

1942. 

20 D. WOLFANGER, op. cit., 1982. 

21 H. SCHONRBACH, Lehrer und Schule unterm Hakenkreuz, Dokumente des Widerstands von 1930 bis 1945, 

Athenäum Verlag GmbH, Königstein/Ts, 1983. 

22 ANGDL A 2-2 485 / Der Reichsminister für Wissenschaft, Erziehung und Volksbildung, Berlin 13 mai 

1943. 

23 ANGDL A 2-2 140 / Studienrat Dr ....., Schulabteilung, Metz 12 12 1940. 

24 AMT 19/491 / CdZL, An die Herren Kreisschulbeauftragten in Lothringen, 21 02 1941. 

25 AMM 1 Z 32 / NSZ Westmark, 6 09 41. 

26 AMT 19/491 / Richtlinien für die Ausbildung von Schulhelfern. Une circulaire donne détail du recrutement 

des Schulhelfer.


étaient encore aptes physiquement et mentalement » 27 . Un état des lieux des écoles 

primaires élémentaires de Metz en 1941 précisait que sur 162 enseignants 25 étaient des 

auxiliaires d’enseignement (Schulhelfer) et 6 étaient des pensionnés 28 . Un second état des 

personnels enseignants des Hauptschule (école primaire supérieure) montrait que sur 52 

enseignants, 25 étaient des auxiliaires d’enseignement et 1 était un élève des écoles de 

formation des maîtres, soit la moitié de l’effectif 29 . 

Les stages de rééducation (Umschulung) 

De nombreux enseignants mosellans et luxembourgeois devaient se résigner, dès le 

début de l’annexion, à suivre des stages de reconversion (Umschulung), car c’était une des 

conditions essentielles de leur réintégration définitive dans le corps enseignant. Du 5 août 

au 30 septembre 1940, 750 enseignants mosellans avaient participé à des stages de 15 jours 

en Sarre et au Palatinat 30 . Ses stages devenaient systématiques et passaient de 15 jours à 

plusieurs mois. Les enseignants mosellans étaient dirigés soit vers Annweiler et vers 

Neustadt 31 , dans des Gauschule c’est à dire des Instituts de formation du parti nationalsocialiste 

ou encore à l’école normale de Montigny-lès-Metz 32 . Début octobre 1940 33 les 

enseignants luxembourgeois devaient suivre des formations similaires, organisées en trois 

semaines de stage à Friedewald et Stromberg et ce jusqu’à la fin 1941 34 . Ces stages étaient 

organisés avec la collaboration du NSDAP et du NSLB (Nationalsozialistischer 

Lehrerbund) l’association nationale-socialiste des enseignants. Plus que de familiariser les 

enseignants avec le système scolaire allemand, les plans d’enseignements et les 

programmes appliqués, il s’agissait pour les instructeurs-conférenciers d’insuffler les 

orientations du national-socialisme à travers l’analyse de plusieurs disciplines 35 . Le 

national-socialisme était présenté non pas comme une doctrine purement politique, mais 

comme un mouvement ayant pour fondement une vision du monde (Weltanschauung) qui 

se voulait révolutionnaire et capable de modifier les rapports humains. La politique 

éducative du III ème Reich se basait sur deux principes. Le principe de race où le comte 

Arthur Gobineau était montré en exemple notamment avec son Essai sur l’inégalité des 

races humaines. Tout mélange racial était vu comme un affaiblissement et dans cette 

optique de nombreuses séances d’étude raciale présentaient les lois de l’hérédité de Mendel 

et la supériorité de la race aryenne. La survie d’un peuple, notamment celui de 

l’Allemagne, devait passer par la préservation de son identité héréditaire. Le principe du 

sang était montré comme le seul déterminant dans la possession de la citoyenneté 

allemande. Le second principe mis en avant était celui du Führerprinzip, appliqué dans la 

Jeunesse hitlérienne et dans la nouvelle organisation scolaire où seules les capacités et les 

preuves faites devaient compter. Au travers de la Volkskunde qui était l’étude des 

caractères des peuples, le but essentiel était de démontrer le caractère profondément 

27 

AMM 1 Z 5 / CdZ, An Herrn Stadtkommissar in Metz, Metz 23 08 1940. 

28 

AMM 1 Z 32 / Rapport sur l’état des lieux des écoles de Metz, 1941. 

29 

AMM 1 Z 6 / Stadtschulrat, An den CdZ - Abteilung Schulwesen, 18 03 1941. 

30 

H. HIEGEL, op. cit, 1983, pp 227-248. 

31 

ADM 1 W 756 / Circulaire datée du 20 novembre 1940 où il est stipulé que les personnels masculins à 

Annweiler et les personnels féminins à Neustadt devront suivre une formation politique de deux semaines. 

32 

H. WILMIN, Souvenirs messins d’un instituteur lorrain novembre 1940-février 1941, Mémoires de 

l’Académie Nationale de Metz, 1985. 

33 

P. DOSTERT, Luxemburg zwischen Selbstbehauptung und nationaler Selbstaufgabe : die deutsche 

Besatzungspolitik und die Volksdeutsche Bewegung 1940-1945, Luxembourg, Imprimerie Saint-Paul, 1985. 

ANGDL A 2-2 131 / CdZ Lux, Abt IIB Fach II-1, An den Herrn Reichsminister 23 11 40. 

34 

ANGDL A 2-2 103 / Referat II B, An das Referat H. Org., 06 12 1941. 

35 

H. WILMIN, op. cit, 1985, L SIDOT, L’identité française dans la Lorraine annexée et nazifiée, Gourdon, 

1995, 173 p.

194 

Fabrice Weiss 

allemand de la Moselle et du Luxembourg. Dans la littérature allemande certains grands 

auteurs étaient mis en avant : Wolfram von Eschenbach avec son Parzifal, Luther qui était 

considéré comme le plus grand génie de la langue et la littérature allemande, ou encore 

Goethe qui était présenté comme le plus grand poète du monde. L’histoire était étudiée 

avec un prisme déformant. A travers les grandes lignes de l’évolution historique, du traité 

de Verdun (843) à l’analyse du XX ème siècle, l’objectif était de démontrer que les actions 

allemandes se justifiaient car elles étaient des réponses aux abus exercés par les autres 

Etats ou peuples à son encontre : Richelieu était rendu coupable du morcellement de 

l’Allemagne par le Traité de Westphalie, Louis XIV de l’annexion de l’Alsace, et de la 

mainmise notamment sur la Lorraine, des ingérences de Napoléon I er et le traité de 

Versailles dont les Français étaient rendus coupables d’en avoir fait un Diktat. Le 

cinquième des cours consacrés à l’histoire présentait Hitler et les actions politiques 

allemandes depuis 1933. Certains enseignants mosellans, suivant qu’ils furent à Annweiler, 

Neustadt ou Montigny-les-Metz, avaient eu droit à une présentation du programme officiel 

du NSDAP en 25 points adopté en 1920 suivi de ses explications. Une attaque contre les 

Juifs était un thème sous-jacent tout au long des cours. 

Des dispositions plus particulières étaient prises à l’encontre des directeurs des 

écoles primaires élémentaires (Volksschule). Plusieurs circulaires laissaient apparaître 

qu’un grand nombre d’enseignants mosellans nommés directeurs étaient en fait jugés 

incapables d’assumer leur tâche ou qu’ils montraient de la mauvaise volonté 36 . Dès le 1 er 

mars 1941 37 , les autorités scolaires prenaient la décision de former régulièrement leurs 

directeurs en les faisant participer à des stages spécifiques organisés à Annweiler. Deux 

critères de sélection devaient être pris en compte. Il s’agissait de choisir en priorité des 

directeurs d’écoles importantes, d’un point de vue numérique, et surtout sélectionner ceux 

dont la position politique n’était pas irréprochable. Ainsi par exemple, à peu près 8 

directeurs furent choisis par circonscription pour participer à un stage à Annweiler du 21 

juillet 1941 au 2 août 1941 38 . 

Les stages de remises à niveau et l’organisation de groupe de travail 

Au Luxembourg comme en Moselle les autorités scolaires constataient qu’une 

grande partie du corps enseignant avait des lacunes dans un certain nombre de matières 

considérées comme fondamentales : la pratique sportive et l’hygiène corporelle, la 

musique, l’éducation manuelle, l’histoire et la géographie ainsi que les sciences naturelles. 

Il était donc institué dans les plus grandes villes du Luxembourg et de Moselle des centres 

de formation 39 . La plupart des stages de remise à niveau se déroulaient, en fait, dans les 

centres de formation des instituteurs. Un effort était consenti plus particulièrement à la 

pratique sportive répondant ainsi aux recommandations du Führer dans Mein Kampf. Le 

31 mars 1941 un stage de gymnastique était organisé pour tous les enseignants nés après 

1890 de la circonscription de Metz 40 . Ces stages étaient confiés à des Kreissportlehrer qui 

devaient s’occuper de la formation sportive de tous les enseignants des Volks- et 

Hauptschule. A l’exemple d’autres Gau du Reich, le ministère de l’éducation avait prévu 

de titulariser ces enseignants qui dépendaient jusqu’alors de la DRB (Deutschen 

Reichsbund für Leibesübungen). Cet enseignement devenait prioritaire en effet malgré le 

36 

AMM 1 Z 6 / CdZL, Der Beauftragte für die Präfektur, Abteilung Schulwesen, An die Herren 

Kreisschulräte des Bezirkes Metz, 20 02 1941. 

37 


Kreisschulräte des Bezirkes Metz, 01 03 1941. 

38 

AMM 1 Z 6 / RWCdZL, Metz, 15 07 1941. 

39 

ANGDL A 2-2 103 / Circulaire, 6 12 1941. 

40 

AMM 1 Z 4 / Stadtschulamt, An alle Schulleitungen, 28 03 1941.


manque extraordinaire d’enseignants en Moselle il fallait s’arranger pour procurer 

suffisamment de décharge de cours 41 . La situation semblait identique au Luxembourg où il 

était préconisé de faire passer l’ensemble du corps enseignant, âgé de moins de 40 ans, par 

des remises à niveau, d’une durée de 5 jours, dans le domaine corporel et sportif 42 . Sous la 

conduite de directeurs allemands des groupes de travail (kleine Arbeitsgemeinschaft) et des 

conférences (grosse Arbeitgemeinschaft) étaient institués au Luxembourg. Dans le cadre de 

ces groupes de travail les enseignants se rencontraient une à deux fois tous les 15 jours 

pour travailler sur des thèmes précis. A l’issue de ces réunions les enseignants devaient 

fournir un travail écrit sur une question choisie au sein de thèmes définis, par exemple : les 

Germains envahissent l’empire romain, l’histoire du chant populaire, les magiciens et les 

sorciers dans les contes luxembourgeois, le paysan germain ou encore Thor le dieu 

paysan 43 . 

Les écoles de formation d’instituteurs et institutrices 

La formation des futurs enseignants devait s’appuyer essentiellement sur les écoles 

de formation des maîtres. Les autorités allemandes allaient utiliser les structures existantes 

au Luxembourg et en Moselle. La Hochschule für Lehrerbildung (Institut universitaire de 

formation des instituteurs) de Sarrebruck fut transférée en novembre 1940 à Montigny-lès- 

Metz et occupait les bâtiments de l’école normale des garçons 44 . A la même période 

l’Ecole Normale d’instituteurs avait repris ses cours à Luxembourg 45 . Depuis quelques 

années déjà, l’Allemagne connaissait une polémique quant au système de formation des 

enseignants du secteur primaire. Les modèles des Hochschule für Lehrebildung étaient 

souvent remis en question. Ces discussions prirent fin lorsque Hitler prit la décision, en 

décembre 1940, d’introduire, en commençant d’abord dans les nouveaux Gau, le modèle 

existant dans l’Ostmark et particulièrement en Autriche. Par la suite, ce modèle, les 

Lehrerbildungsanstälte s’imposaient à l’ensemble du Reich 46 . A partir de 1940 il était 

accordé des moyens considérables pour la mise en route de ces nouvelles écoles de 

formation des instituteurs 47 tant dans le Altreich que dans les régions nouvellement 

annexées 48 . Ainsi dès le début 1941 il était créé, sur les bases existantes, une 

Lehrerbildungsanstalt à Montigny-lès-Metz et l’équivalent pour les filles à Metz. L’école 

normale d’instituteurs à Luxembourg, transformée, était déplacée définitivement à 

Ettelbruck pour les garçons et à Walferdange pour les filles. Les directions ainsi que la 

plupart des enseignements étaient confiés à des Allemands 49 . Servant parallèlement à la 

rééducation d’enseignants en place, en priorité des jeunes entre 19 et 25 ans et à la 

formation complémentaire des auxiliaires d’enseignement (Schulhelfer) avec un stage 

minimum de 4 mois 50 , elles dispensaient un enseignement étalé sur 5 ans et donnant droit à 

41 AMM 1 Z 6 / RWCdZL, Abt V, An die Herren Kreisschulräte in Lothringen, Saabrücken, 05 12 1941. 

42 ANGDL A 2-2 131 / CdZLux, Abt. IIb, Fach II-1, An den Herrn Reichsminister, 23 11 40. 

43 ANGDL A 2-2 281 / Exemple de travaux du 27 03 au 12 12 1941. 

44 H. HIEGEL, op. cit, 1983, pp 227-248. 

45 

H 

KOCH., L’enseignement supérieur, moyen et normal du Grand Duché de Luxembourg sous l’occupation 10 

mai 1940 – 10 septembre 1944, Etablissement d’enseignement secondaire, 1948. 

46 

ANGDL A 2-2 140 / NSDAP, Reichsleitung, Hauptamt für Erzieher, An alle Gau und Kreisamtsleitungen 

des Amtes für Erzieher zur « erteilung an die Kreisabschnitte », Bayreuth, 12 12 1940. 

47 

Enzyclopédie 

48 

ANGDL A 2-2 103 / Schulrat Fiala, An Herrn Regierungs-Vizepräsident Dr. Münzel in Luxemburg, 09 11 

1942. 

49 


1942. H. HIEGEL, op. cit, 1983, pp 227-248. 

50 

AMT 19/491 / Richtlinien für die Ausbildung von Schulhelfern.

196 

Fabrice Weiss 

un diplôme de valeur équivalente aux autres établissements du cycle secondaire 51 . Ces 

écoles représentaient, pour les Allemands, une continuité logique du cycle primaire 

supérieur, les Hauptschule, qui avaient été introduites, tant au Luxembourg qu’en Moselle, 

dès 1941. Pouvaient être candidats les élèves ayant suivi les 8 classes de l’école primaire 

élémentaire (Volksschule) et de préférence 8 années comprenant les 4 années de cours de 

l’école primaire supérieure (Hauptschule). Les sélections d’entrée devaient se dérouler 

dans des centres de sélection pendant 14 jours. Ce choix devait se faire après un examen en 

allemand à l’écrit et à l’oral (avec un exposé laissé au choix du candidat), un écrit en 

mathématique, et un examen en musique et en sport. C’était en collaboration avec des 

responsables de la Jeunesse hitlérienne, que le directeur décidait de l’acceptation ou non 

des candidats comme futurs élèves 52 . Pour l’inscription définitive les candidats devaient 

présenter : les résultats scolaires de leur dernière année avec une appréciation de 

l’instituteur (trice), un certificat des services effectués dans la Jeunesse hitlérienne, la 

preuve de leur descendance aryenne et un certificat médical accréditant la capacité 

d’effectuer le métier d’enseignant ainsi que la santé génétique des candidats (la vérification 

de tares héréditaires). C’était le médecin scolaire ou le médecin de la Hitlerjugend qui était 

chargé de ces vérifications. La sélection des candidats était donc fortement politisée. Le 

nombre des matières enseignées et les heures consacrées à ces différentes disciplines 

étaient élevées : 25 matières et sous-matières constituant un volume horaire hebdomadaire 

de 35 heures minima toutes années confondues. Des stages pratiques en écoles étaient 

réservés aux deux dernières années : respectivement quatre heures en quatrième année et 

dix heures en cinquième année. Beaucoup de disciplines pouvaient prêter un terrain 

favorable à l’endoctrinement. Un exemple de thèmes abordés dans les cours d’histoire de 

la Lehrerbildungsanstälte de Montigny-lès-Metz peut nous donner une idée de 

l’orientation des enseignements prodigués : 

• Les hommes de races nordiques à l’époque du néolithique : la particularité d’une 

culture paysanne et guerrière 

• Frédéric le Grand 

• Les abus de la Révolution française et l’émancipation des Juifs 

• La politique d’encerclement de la Grande-Bretagne 

• Le Traité de Versailles 

• Adolf Hitler et la nouvelle Allemagne 

• Combat pour l’espace vital de l’Allemagne 

• Adolf Hitler libère le peuple allemand des chaînes du passé 

Le côté engagé et partisan ressort dans le choix de ces thèmes d’étude. Le peuple 

allemand était défini comme l’héritier le plus authentique de « l’homme nordique » et de sa 

race. L’avènement du règne nouveau était perçu comme le résultat logique de l’évolution 

du peuple allemand en raison de ses nombreux combats et de l’animosité des autres pays à 

son encontre. Son rôle était perçu comme primordial dans l’histoire de l’Europe en raison 

des injustices dont il avait été victime. L’objectif final de ces écoles de formation était 

similaire à celui du Altreich c’est à dire prodiguer un enseignement politisé pour initier les 

élèves au national-socialisme, au passé germanique et à la vie du Führer. Plus 

particulièrement il fallait être capable de façonner des enseignants servant à la 

germanisation et la nazification des régions annexées. 

Un article de presse 53 du Metzer Zeitung du 5 septembre 1941 se faisait l’écho du 

résultat de la première année d’enseignement et des inscriptions qui étaient en cours. Ce 

sont 230 garçons et filles de toute la Moselle qui devaient débuter leur formation à la 

51 ADM 1 W 6 / Amstblatt für das Schulwesen in Lothringen, n°1, 2, 3. 

52 AMM 1 Z 19 / Amtlicher Schulanzeiger für Lothringen, Ausgegeben am 01 März 1941. 

53 AMM 1 Z 6 / Metzer Zeitung Am Abend, 05 09 1941.


prochaine rentrée. Sur les six Lehrerbildungsanstalt que comptait le Gau Westmark 

(Ottweiler, 2 à Kaiserslautern, Speyer et 2 à Metz) seules celles de Metz avaient des 

effectifs complets. Soit pour l’ensemble du Gau : 480 élèves. Les autorités scolaires 

semblaient se réjouir de cette recrudescence de candidats car sur les 1800 postes 

disponibles en Moselle un faible nombre était pourvu. Le directeur de Montigny-lès-Metz 

certifiait qu’il avait rarement eu autant de plaisir que cette année. D’après lui les élèves 

s’intéressaient beaucoup à l’histoire et à la biologie et il trouvait l’intuition des élèves pour 

la pratique de la langue remarquable. Il avouait tout de même un certain nombre de renvois 

par manque de caractère, de connaissance en allemand et par manque de condition 

physique. Les quelques autres lacunes supplémentaires qu’il constatait étaient dues 

essentiellement à la guerre et devaient d’après lui s’arranger dans les cinq ans à venir. 

Les échanges d’enseignants 

Un nombre déjà considérable d’enseignants mosellans, qui avaient participer à des 

stages à Annweileir et Neustadt, étaient à quelques exceptions près placés, à l’issue de leur 

formation, pour une période plus ou moins longue en Sarre-Palatinat en tant que stagiaires 

afin d’y assurer un certain nombre de cours. Leur retour en Moselle n’était pas envisagé 

dans l’immédiat 54 . 

Une circulaire 55 classée confidentielle du Regierungsdirektor Fritz Wambsganss, du 

18 février 1941 révélait l’intention future d’échanger des fonctionnaires entre le Altreich et 

la Moselle dans le cadre du Gau Westmark. Le corps enseignant était pris en compte selon 

deux critères : la maîtrise de la langue allemande et le comportement politique. Un premier 

groupe était constitué d’enseignants maîtrisant la langue allemande. Il devait s’agir 

essentiellement, pour les autorités scolaires, d’enseignants ayant fréquenté les écoles 

normales allemandes de la période de la première annexion ; donc d’après leur calcul tous 

les enseignants de moins de 40 ans. Un second groupe devait être constitué par des 

enseignants réfractaires au Reich et tous ceux dont les résultats professionnels étaient jugés 

en dessous de la moyenne. L’emploi dans le Altreich était prévu pour 1 ou 2 ans. Ceux qui 

au bout de cette période pouvaient démontrer une aptitude certaine avaient la perspective 

d’un retour en Moselle. Cette circulaire allait officialiser, ce qui était déjà plus ou moins 

pratiqué de manière sporadique et au cas par cas en Moselle. Cet échange d’enseignants 

allait également entrer en vigueur au Luxembourg dès le mois d’avril 1941 56 . Ces 

mutations forcées 57 devaient avoir plusieurs objectifs : des objectifs affichés et des 

objectifs masqués. Les buts affichés étaient la formation des enseignants en langue 

allemande - moins vrai pour le Luxembourg - et leur formation politique dans un sens 

national-socialiste, en les immergeant au sein du système scolaire allemand et au centre de 

la population allemande. Les buts sous-jacents étaient d’augmenter la présence allemande 

sur le sol des territoires annexés car n’oublions pas que l’objectif commun des deux 

Gauleiter était de germaniser dans un sens national-socialiste le Luxembourg et la Moselle. 

Ensuite il fallait combler le manque d’enseignants préoccupant du Reich. Les Gauleiter 

avaient la responsabilité de chercher des solutions locales et provisoires à cette situation. 

54 AMM 1 Z 6 / CdZL, Abt Schulwesen, An die Herren Schulräte des Bezirkes, 27 02 1941. 

55 AMM 1 Z 6 / Der Chef der Zivilverwaltung in Lothringen, Sachgebiet Schulwesen, An die Herren 

Kreisschulbeauftragten in Lothringen, 18 02 1941. 

56 H. KOCH, op. cit, 1948. 

ANGDL A 2-2 103 / Schulrat Fiala, An Herrn Regierungs-Vizepräsident Dr Münzel in Luxembourg, 09 11 

1942. 

57 AMM 1 Z 6 / Chef der Zivilverwaltung für Lothringen, Der Beauftragte für die Präfektur, Abteilung 

Schulwesen, An die Herren Kreisschulräte des Bezirkes Metz, 25 04 1941.

198 

Fabrice Weiss 

En Moselle, cette décision de Joseph Bürckel de pratiquer l’échange d’enseignant, 

prise sans doute entre la fin de l’année 1940 et le début de l’année 1941, était préparée par 

les inspecteurs de circonscription avant son entrée en vigueur officielle et cela pour éviter 

toute précipitation. Une réunion de tous les inspecteurs à Metz devait se tenir pour 

procéder rapidement à la répartition des postes destinés aux enseignants allemands. Il 

s’agissait de nommer les enseignants allemands dans la mesure du possible dans les 

endroits où pour des raisons scolaires et politiques cela semblait nécessaire tous en 

préparant des listes d’enseignants mosellans, de préférence des jeunes, pour être envoyés 

en Allemagne 58 . 

A ces déplacements d’enseignants entre la Moselle et le reste du Gau Westmark, 

devaient s’ajouter des échanges de postes entre la région francophone et la région 

germanophone du département. En effet dans la politique de germanisation un des facteurs 

essentiels à prendre en considération était l’acquisition de la langue allemande, et à ce titre 

il fallait nommer dans la zone francophone de la Moselle des instituteurs pratiquant 

parfaitement l’allemand. Pour ces raisons dès fin février 1941, les autorités scolaires se 

rendaient compte qu’une partie des enseignants des zones francophones n’étaient pas à la 

hauteur du travail exigé. La germanisation, tant attendue, ne portait pas ses fruits. Des 

dispositions furent prises dans ce sens. D’abord il fallait éviter de nommer des auxiliaires 

d’enseignement (Schulhelfer) dont les difficultés linguistiques et pédagogiques étaient 

jugées trop importantes. Ils étaient retirés, dans la mesure des possibilités, et remplacés par 

du personnel enseignant provenant des zones germanophones de la Moselle. Comme il 

était presque impossible, dorénavant d’obtenir, sans le système d’échange, des enseignants 

allemands, les responsables scolaires mettaient à contribution les circonscriptions de 

Sarreguemines, Sarrebourg, Boulay, Château-Salins et Forbach. Seuls les enseignants non 

concernés par les échanges avec le Reich devaient entrer en ligne de compte. Pour ce faire, 

toutes les écoles, où l’on pratiquait les cours par regroupement, devaient avoir la possibilité 

de dégager un instituteur, quitte à ce que le travail en pâtisse un peu, puisque la nouvelle 

priorité devenait la germanisation des zones francophones et en particulier Metz 59 . 

Ces mutations forcées, particulièrement vers l’Allemagne, engendraient, en avril 

1941, chez les enseignants mosellans concernés, des levées de boucliers. D’après une 

circulaire, le premier essai avait engendré une véritable « révolution ». La grande majorité 

des intéressés avait demandé des audiences à l’administration scolaire à Metz avec un 

« grand énervement mais aussi un fort entêtement » en déclarant ne jamais avoir été 

d’accord avec ces mutations vers le Altreich. Les enseignants se déclaraient méfiants, 

mettaient en avant que la guerre était loin d’être terminée et certains cherchaient à 

provoquer une résistance chez les autres enseignants mutables. Le 25 avril 1941, le 

Gauleiter Joseph Bürckel, réitérait sa position, en ajoutant que quiconque s’obstinait à 

refuser d’obéir se verrait immédiatement refoulé à la frontière avec la confiscation de 

l’ensemble de ses biens. Toutefois, il se déclarait plus souple concernant les femmes 

mariées 60 . 

58 

AMM 1 Z 6 / Chef der Zivilverwaltung in Lothringen, Abt.Schulwesen, An die Herren Kreisschulräte des 

Bezirks, 31 01 1941. 

59 


Kreisschulräte des Bezirks 28 02 1941. CdZL, Der Beauftragte für die Präfektur, Abteilung Schulwesen, An 

die Herren Kreisschulräte des Bezirks 03 04 1941. 

60 

AMM 1 Z 6 / CdZL,Der Beauftragte für die Präfektur, Abteilung Schulwesen, An die Herren 

Kreisschulräte des Bezirkes, Metz 25 04 1941.


Comportement des enseignants 

Le comportement des enseignants jusqu'à la fin de l’année 1941 est difficile à 

cerner dans sa généralité. Ceux des enseignants mosellans ou luxembourgeois qui avaient 

décidé de rester en poste et qui n’étaient pas poussés à l’exil se retrouvaient pour la plupart 

dans une position d’attente. Dès l’automne 1940, beaucoup avaient la certitude d’un 

effondrement allemand à plus ou moins brève échéance. Il fallait donc tenir et attendre sur 

place la libération 61 . Les attitudes de nette opposition ou de franche collaboration étaient 

surtout le fruit d’un comportement individuel. A de rares occasions le corps enseignant 

marqua une opposition qu’on pourrait qualifier de corporatiste. En Moselle les 

déplacements forcés en Allemagne dans le cadre des échanges de fonctionnaires, en avril 

1941, donnèrent lieu à ce type d’opposition. Un rapport fait sur la ville de Metz le 19 

septembre 1941 précisait que le corps enseignant était particulièrement mauvais non pas 

d’un point de vue des compétences, mais de son attitude générale faisant « trop preuve 

d’un esprit français » 62 . Au Luxembourg, à l’occasion d’une réunion inscrite dans le cadre 

des « grosse Arbeitsgemeinschaften » le 10 octobre 1941, 350 enseignants manifestaient 

leur opposition à la suite de la lecture d’un communiqué du Chef de l’Administration civile 

faite par un inspecteur. Une sanction pécuniaire équivalente au quart du salaire était prise à 

l’encontre de tous les enseignants. La possibilité de levée cette amende était donnée : il 

fallait que les enseignants mettent par écrit qu’ils se désolidarisaient des meneurs. Cette 

option ne correspondait pas au choix fait par la grande majorité des enseignants qui 

voulaient se montrer solidaires. Très peu avaient fait appel de la décision. Pour les autorités 

scolaires il était clair qu’il s’agissait là d’une action politique s’inscrivant dans un contexte 

de tensions déjà évident dans le corps enseignant mais également dans la population. Les 

responsables scolaires étaient plus ennuyés encore par l’attitude hostile de deux 

enseignants ayant des activités dans le VdB (Volksdeutsche Bewegung). Non seulement ils 

avaient participé aux manifestations mais en plus ils étaient restés solidaires des meneurs 

dans la mesure où ils n’avaient pas cherché à bénéficier de la possibilité d’appel. A priori 

le sentiment d’appartenir à une corporation avait pris le dessus sur l’activité politique 63 . De 

manière individuelle un certain nombre d’enseignants s’opposaient, dans la mesure de leur 

possibilité, aux symboles du nouveau régime en place. D’abord dès que la possibilité de 

pratiquer le français leur était donnée les enseignants reprenaient goût à la langue. En 

dehors mais aussi au sein même du cadre scolaire par exemple entre eux lors des 

récréations 64 . Ensuite en évitant autant qu’ils le pouvaient la pratique du salut hitlérien. 

Certains d’entre eux rentraient également en conflit avec les représentants des diverses 

organisations nationales-socialistes 65 , mais souvent en restant dans un cadre strictement 

scolaire. Sous le couvert de défendre leur pédagogie, leurs élèves, leur enseignement, les 

enseignants trouvaient un moyen, certes détourné, de montrer une opposition. Enfin 

61 AMT 19/461 / Note sur l’annexion de fait de l’Alsace-Lorraine par l’Allemagne (1940 -1944). Il n’est pas 

mentionné le nom de l’auteur la seule chose que l’on peut présumer c’est qu’il s’agit peut-être d’un agent de 

renseignement au service du régime de Vichy, car celui-ci en quittant Metz laisse derrière lui un réseau 

d’agents pour récolter des informations qu’il transmet par la suite aux autorités françaises. 

62 ADM 1 W 211 / Arbeitsstelle für Volksforschung im Deutschen Ausland-Institut Stuttgart, 19 09 1941. 

63 ANGDL A 2-2 271 / CdZLux, Abt II b, H. Pers., Lux Herrn Schulrat.... 22 10 1941. Der Kreisleiter, 

Politischer Kommissar, An den Ständigen Vertreter des Chef der Zivilverwaltung, Hernn Reg. Präs. Pg. 

Siekmeier 25 11 1941. Referat II b, U.m, Anl. dem Herrn Regierungspräsidenten Siekmeier in Luxemburg, 28 

11 1941. Der ständige Vertreter, An Herrn Kreisleiter Dr Schroeder, Luxemburg 6 12 1941. Der Kreisleiter, 

Politischer Kommissar Dr. Schr./sT,. An den Ständigen Vertr, Des Chef der Zivilverwaltung Herrn Reg. 

Präs. Siekmeier 16 12 1941. 

64 AMM 1 Z 32 / CdZL, Rundschreiben an alle Lehrkräfte im Bezirk Lotringen, 21 02 1941. 

65 ANGDL A 2-2 006 / VdB, Ortsgruppr Düdelingen, An die Kreisleitung Esch/Alzig, 10 07 1941.

200 

Fabrice Weiss 

beaucoup s’arrangeaient pour faire leur cours en diluant autant que possible la couche 

nationale-socialiste. 

La défense du sentiment religieux par les enseignants avait pu donner lieu à un 

certain nombre de conflits avec les autorités scolaires. Dès le début de l’annexion toute 

trace d’appartenance religieuse devait disparaître des écoles. Si des heures de religion 

étaient maintenues c’était uniquement parce que les parents en avaient expressément fait la 

demande. Malgré le souhait des autorités de ne confier les cours de religion qu’à des 

enseignants volontaires la présence notamment de prêtres dans les écoles était maintes fois 

attestée 66 . Cette conscience religieuse avait pu fonctionner comme un lien unissant la 

communauté du corps enseignant mosellan et luxembourgeois. Lors de la visite d’un 

inspecteur le 7 mars 1941 dans une école de la ville de Metz un conflit ouvert se produisait 

entre ce dernier et l’instituteur. L’inspecteur avait fait remarquer que les prières en début 

de cours n’étaient plus pratiquées et se lança dans une diatribe contre la religion. 

L’enseignant, « dans un grand énervement déclarait qu’il n’admettait aucune remarque 

critique concernant l’Eglise catholique et qu’il ne se laisserait pas blesser dans ses 

convictions religieuses » 67 . A plusieurs reprises les autorités scolaires devaient rappeler les 

enseignants à l’ordre 68 au sujet de la religion. Si le régime national-socialiste avait fait 

appliquer en Allemagne d’abord, dans les régions annexées ensuite, des décrets qu’on peut 

qualifier d’anti-religieux, c’était qu’il était clair pour eux que le sentiment religieux des 

populations serait difficile à combattre. Une lettre 69 envoyée par Martin Bormann au 

Gauleiter Joseph Bürckel le 10 février 1941 confirmait cet état de fait. Il admettait qu’il 

était effectivement trop tôt pour interdire tout enseignement religieux dans les écoles de 

Moselle, tout en stipulant que cette matière devait être supprimée à la longue. Dans la 

mesure du possible cette matière ne devait pas être dispensée par le clergé mais par le 

corps enseignant car même si celui-ci pouvait avoir des tendances religieuses leur 

enseignement était toujours moins dangereux que celui prodigué par les personnels 

cléricaux. L’autorisation d’enseigner la religion ne pouvait être donnée qu’à des membres 

du clergé loyal envers l’Etat national-socialiste. Il concluait sa lettre en suggérant qu’à 

l’avenir, si un enseignant religieux venait à décéder ou à être muté il fallait veiller à ce 

qu’aucun autre curé ne puisse prendre sa place. Il voyait d’ailleurs d’un bon œil que la 

même chose se fasse progressivement en Sarre et Palatinat. 

Un courrier 70 adressé par le Kreisleiter de Metz au Gauleiter le 21 mars 1941 

montrait les divergences de point de vue entre les responsables du parti national-socialiste, 

la direction de l’administration scolaire et la difficulté de nommer des enseignants loyaux. 

Il suggérait à Joseph Bürckel de montrer plus de patience à l’égard du corps enseignant 

mosellan : « A l’époque où il fallait pourvoir les postes de directeurs je n’avais pas la 

possibilité de tester à 100% les instituteurs pouvant convenir pour ces postes, cela devait 

se faire ultérieurement. [...] Comme je vous l’avais signalé dans mon rapport de situation, 

le directeur X était, il y a deux jours, arrêté par la police parce qu’il avait apparemment 

fait disparaître à l’époque de notre arrivée des documents comprenant des déclarations de 

loyauté envers les français. [celui-ci] un homme d’environ 60 ans s’était déclaré 

volontaire, dès le début, pour participer activement au renouveau du système scolaire 

primaire. A ma demande il avait organisé et fait progresser les cours de langue allemande 

et ceci à mon entière satisfaction. Il se peut que [celui-ci] ait montré des faiblesses de 

66 

ANGDL A 2-2 123 / Stadt Luxemburg, Schulamt, 29 06 1941. 

67 

AMM 1 Z 6 / CdZL, Beauf. Präf., Abt. Schul. Erklärung, 11 03 1941. 

68 

AMM 1 Z 32 / Stadtschulamt Metz, An alle Schulleiter, 28 02 1941. 

ADM 1 W 754 / RWCdZL, Abt V, An die Leiter aller Schulen in Lothringen, 04 09 1941. 

69 

ADM 1 W 6 / NSDAP, Der Stellvertreter des Führers, Stabsleiter, An den Gauleiter des Gaues Westmark 

der NSDAP, Munich 10 02 1941. 

70 

AMM 1 Z 6 / Der Kreisleiter, An Herrn Gauleiter Bürckel, Saarbrücken, 21 03 1941.


caractère. Faire porter aujourd’hui aux Lorrains le poids de leur péchés commis pendant 

les 22 dernières années serait aller trop loin. Si ce chemin était suivi nous en subirons 

dans tous les cas les conséquences : les prisons ne seraient plus assez grandes et la 

population vivrait dans une incertitude constante. L’arrestation dans ce contexte d’un 

fonctionnaire de l’éducation par la police a eu comme conséquence la demande 

d’émigration volontaire de trois fonctionnaires de l’administration scolaire et de 12 

enseignants des Volksschule de Metz. Autant je salue le fait de remplacer les jeunes 

enseignants de moins de 40 ans par ceux du Altreich autant je déplore les mesures prises 

et appliquées pour les enseignants plus âgés. De toute façon les enseignants de Metz vivent 

actuellement dans une psychose de peur. Ce sentiment de peur a entraîné dès le départ un 

manque d’entrain pour toute activité éducative. Je considère [cette lettre] urgente pour 

que vous « Gauleiter » puissiez vous faire une opinion précise sur les réelles conditions de 

l’enseignement en Lorraine ». 

Plusieurs points peuvent être soulignés. L’administration scolaire semblait vouloir 

compter sur les enseignants ayant eu leur formation pendant la période de la première 

annexion car elle les jugeait plus sûrs politiquement et ils maîtrisaient la langue allemande. 

Celui d’une différence d’attitude au sein même des instances scolaires, mais aussi au sein 

des membres du parti national-socialiste par rapport aux mesures appliquées à l’encontre 

du corps enseignant mosellan. La vision d’un système fortement hiérarchisée où les ordres 

d’un Gauleiter étaient exécutés sans remarques doit être nuancée. Enfin ce document 

montre à quel point il peut être difficile de juger de la résistance ou de la collaboration des 

enseignants mosellans. 

A la suite d’expulsions, de nominations dans le Altreich par l’échange ou non 

d’enseignants, la présence d’enseignants allemands dans les territoires annexés est forte. 

Pour l’année 1941 la circonscription de Metz-Campagne II comptait un effectif de 96 

enseignants. Plus de la moitié de ce corps était composée d’enseignants allemands, soit 

67 71 . Il est encore plus difficile d’apprécier l’attitude de ces enseignants pour cette période. 

Des rapports d’inspections 72 laissaient entendre qu’il s’était créé « une bonne entente et 

camaraderie » entre les enseignants mosellans et allemands. Le comportement des 

enseignants allemands semblait avoir été conditionné, dans un premier temps, en grande 

partie, par une circulaire confidentielle destinée à gérer leur attitude : « Cet enseignement 

uniquement en langue allemande aura incontestablement des répercussions sur le milieu 

familial, surtout si l’enseignant comprend qu’il faut tisser des liens avec [ la famille ] par 

des visites de parents à l’école, par l’organisation de soirées à thèmes avec les parents non 

pas uniquement pour les mettre en confiance avec le système éducatif allemand mais aussi 

pour leur montrer des oeuvres de la culture allemande et les ouvrir à la connaissance de 

notre pays et de ses habitants. Ces efforts ne seront couronnés de succès que si les 

enseignants obtiennent la totale confiance de la population en Lorraine. Les enseignants 

qui se permettront des critiques et des dénigrements, n’auront pas cette confiance 

recherchée. Je vous prie avec insistance de ne pas formuler de critique en public même si 

l’on croit ainsi pouvoir régler certains malentendus. [...] Les élèves et les parents doivent 

voir dans leur enseignant un ami et un aide. De même votre manière de vivre ne doit 

pouvoir susciter aucune remarque [...] car [vous représentez] aux yeux de la population, 

le reflet de tout le peuple allemand national-socialiste. Celui ou celle qui a demandé à 

enseigner en Lorraine a aussi, à côté de son rôle éducatif un grand devoir politique » 73 . 

71 ADM 1 W 756 / Rapport d’inspection pour l’année 1941/1942 Metz-Campagne II. 

72 ADM 1 W 756 / Rapport d’inspection pour l’année 1941/1942 Metz-Campagne II. 

73 AMM 1 Z 4 / RWCdZL, Sachgebiet Va Päd. V Vertraulich ! An die nach Lothringen abgeordneten 

reichsdeutschen Lehrer und Lehrerinnen der Volksschulen, 28 08 1941.

202 

Fabrice Weiss 

LA RADICALISATION POLITIQUE ET LES REALITES D’UNE GUERRE TOTALE 

(FIN 1941-1944) 

C’est essentiellement à la fin 1941 et début 1942 que les autorités allemandes 

purent se rendre réellement compte du résultat de leur politique en matière de 

germanisation et de nazification. Cette politique devait maintenant s’accomplir plus 

rapidement et pour ce faire elle se radicalisa alors même que le contexte devenait moins 

propice, car l’Allemagne allait entrer dans une politique de guerre totale. 

Radicalisation de la formation du corps enseignant 

Dès le début de l’année 1942, les autorités allemandes en place au Luxembourg et 

en Moselle se rendaient compte d’un sous-effectif considérable dans le corps enseignant 

qui gênait ainsi les projets de nazification. Un rapport 74 émanant du ministère de 

l’éducation prévoyait, pour les années à venir, une augmentation nécessaire de 30 % de 

recrutement dans les écoles de formation des maîtres, pour palier en partie le manque 

d’enseignants. Ainsi des moyens considérables étaient mis à disposition pour ouvrir dans 

l’ensemble du Reich des Lehrerbildungsanstälte supplémentaires. Le Luxembourg et la 

Moselle devaient bénéficier de cette manne. Trois Lehrerbildungsanstälte supplémentaires 

furent ouvertes au Luxembourg : une à Pépange pour les garçons et deux autres à Wiltz et 

Feldgen pour les filles 75 . En Moselle deux Lehrerbildungsanstälte pour filles étaient 

ouvertes à Sierstahl et à Sierck en 1942 une pour garçon à Sarrebourg en 1944 76 . Il était 

même prévu, que dans la mesure où la situation était meilleure, notamment au 

Luxembourg, ses cinq Lehrerbildungsansälte devaient mettre à disposition du Altreich une 

partie des élèves formés. Les conditions d’acceptation des candidats dans les écoles de 

formation des maîtres s’étaient radicalisées dans un sens racial. Dorénavant, en Moselle, 

pour justifier de leur descendance aryenne les candidats devaient fournir obligatoirement 

un certain nombre d’actes de naissance en plus du leur : ceux de leurs parents mais 

également ceux de leurs grands-parents. Ces actes de naissance devaient dans la mesure du 

possible préciser la religion. A défaut les candidats devaient se munir d’actes de baptême 77 . 

Parallèlement à cela, d’un point de vue plus matériel, de sécurité et d’hygiène il était noté 

une très forte dégradation des locaux notamment à Metz et à Montigny-lès-Metz. Un 

courrier du directeur de la Lehrerbildungsanstalt de Metz daté du 18 novembre 1943 

dressait un tableau alarmant de la situation : 160 élèves vivaient dans des conditions 

déplorables. Les locaux étaient vétustes, il n’y avait plus de chauffage, on ne comptait plus 

les fuites dans les toits et les cabinets de toilette n’existaient plus : par conséquent le 

nombre de malades parmi les élèves internes était très élevé. 

Les stages de perfectionnement, au sein de ces écoles, pour les enseignants en poste 

allaient se multiplier et se radicaliser dans un sens national-socialiste. Plusieurs thèmes 

avaient été abordés. Pour l’enseignement de la lecture les formateurs montraient aux 

enseignants mosellans comment manipuler pédagogiquement une lecture de poésie et 

comment appréhender la lecture en se servant de « Mein Kampf » 78 . En 1944 ces 

formations allaient connaître un nombre croissant en Moselle. Pas moins de 8 stages dont 

un au moins allaient durer 6 jours entre le 14 et le 20 juillet. Le thème abordé allait être : 

74 

ANGDL A 2-2 485 / Der Reichsminister für Wissenschaft, Erziehung und Volksbildung, E VI a Nr. 457/43, 

E II, Z II ( a ) Vertraulich ! Berlin, 13 05 1943. 

75 


1942. 

76 


77 

ADM 1440 W 19 / Lehrerbildungsanstalt, Der Direktor, An den Klassenleiter der Klasse, 26 10 1942. 

78 

AMM 1 Z 6 / Fortbildungsbezirk I Metz, 04 05 1942.


l’idée de la patrie à l’école et comment aborder cette notion avec deux exemples, celui des 

églises et celui de la préhistoire lorraine à la lumière des nouvelles découvertes et 

exhumations archéologiques 79 . Au Luxembourg des actions similaires étaient menées. Des 

intervenants extérieurs au milieu scolaire, notamment des éducateurs du NSDAP venaient 

faire des conférences destinées aux corps enseignant. Le 27 avril 1944 une telle 

conférence 80 avait eu lieu et quatre thèmes étaient abordés avec de multiples exemples : 

a) La conception du monde 

La conception nationale-socialiste du monde comme potentiel de guerre 

Le national-socialisme, un combat décisif de notre temps 

La vision nationale-socialiste de l’homme et sa capacité à le diriger 

La vision nationale-socialiste et les sciences de l’éducation 

Le sens de la performance national-socialiste et l’école 

La Volkskunde comme science politique 

b) Politique 

Le sens des guerres d’un point de vue racial 

Notre vie est un chemin vers le Führer 

Mythe de la jeunesse, du peuple et du Reich 

c) Politique raciale 

Discipline de race, manière de vivre nordique et éducation politique 

La stratégie de vie dans l’épanouissement de nos forces raciales 

Les impératifs d’une politique des traditions populaires 

Le paysan comme l’homme intègre d’un peuple 

Ville et campagne : main dans la main 

d) Politique culturelle 

Les fonctions biologiques du peuple comme élément culturel 

L’art dans la guerre - une aide vers la victoire 

Médecine et pédagogie 

Avec l’intensification des conflits armés et l’augmentation d’appelés de plus en 

plus jeunes le facteur belligérant entrait de plus en plus à l’école. Maintenant les 

instituteurs devaient enseigner le sport d’une manière plus régulière et devaient avoir pour 

objectif de familiariser les élèves avec les exigences des « commandos » militaires 81 .Les 

stages d’enseignement sportif devaient se multiplier car les autorités et notamment les 

Kreissportlehrer notaient de plus en plus un manque d’intérêt sportif chez les enseignants 

et un manque de comportement sportif chez les élèves notamment lors d’épreuves 

athlétiques organisées pour les écoles 82 . Les stages laissaient apparaître de plus en plus une 

connotation militaire. Lors d’une journée de stage le 9 avril 1942 dans les bâtiments de la 

Lehrerbildungsanstalt de Montigny-lès-Metz, les enseignants pouvaient écouter une 

conférence du chef de la propagande de la division blindée de l’Est 83 . Il était fait plus de 

place à l’armée au sein du système éducatif. Lors de réunions pédagogiques ou de fêtes 

scolaires il n’était pas rare d’avoir des exposés faits par des officiers pour rappeler le rôle 

de l’éducation politique 84 . Des officiers étaient nommés comme officiers de liaison entre 

79 

AMM 1 Z 6 / Schulungswoche der Lehrerschaft des Stadtkreises Metz, 14 - 20 juillet 1944. 

80 

ANGDL A 2-2 424 / Der Regierungspräsident NSDAP, Der Reichsorganisationsleiter, 

Hauptschulungsamts, An Herrn Direktor Lux, Lehrerbildungsanstalt, Reichsbeauftragter für die 

weltanschauliche Schulung der Erzieher, 27 04 1944. 

81 

ADM 331 W / Document épave. 

82 

AMM 1 Z 49 / Der Kreissportlehrer Metz-Stadt, An den Ob-Stadtsschulamt, Metz, 06 08 1943. 

83 

ADM 1 w 756 / LBA Montigny, 09 04 1942. 

84 

ADM 1 W 756 / Rapport d’inspection pour la circonscription de Metz-Campagne I pour l’année 1942/43 

date de référence 08 09 1943.

204 

Fabrice Weiss 

l’école et l’armée particulièrement pour faire des conférences aux enseignants et leur 

donner des directives car dorénavant il fallait encourager l’éducation politique et militaire 

de la jeunesse en faisant en classe le commentaire des rapports militaires des trois armées 

(Terre-Air-Mer). Les faits héroïques des soldats devaient être mis en valeur 85 . Au 

paroxysme de la situation pour l’anniversaire du Führer en avril 1944 il était demandé aux 

enseignants d’éclairer les enfants sur le combat que livrait Hitler : « Pour l’anniversaire du 

Führer les enseignants doivent sous son image joliment décorée [...] raconter la vie [de 

celui-ci] et le sens de son combat contre le capitalisme judéo-démocratique, contre le 

judéo-bolchévisme et sa lutte pour une solution sociale malgré les conditions actuelles. 

[...] Cette journée de commémoration sera ratée si nous n’éveillons pas dans le cœur des 

enfants ce désir d’aider le Führer dans ses idées sociales et contre un monde rempli 

d’ennemis » 86 . 

De multiples obligations 

Dans le contexte de guerre totale qui était annoncé par Goebbels, ministre de la 

propagande, à Berlin, le 18 février 1943 et qui faisait suite à la capitulation de Stalingrad le 

31 janvier 1943, la population enseignante allait être mise de plus en plus à contribution 

dans le cadre de leur fonction certes, mais également en dehors de toutes activités 

scolaires. Dans le cadre de leur activité les responsables scolaires leur demandaient « un 

soutien total pour la victoire ». La hiérarchie éducative estimait que l’impact éducatif 

auprès des jeunes s’était gravement amoindri, par les enrôlements massifs dans l’armée. 

Aussi considéraient-ils que cette situation ne pouvait être résorbée que si, malgré la 

restriction du corps enseignant, les instituteurs et institutrices jetaient leurs dernières 

énergies dans la bataille. L’horaire devait être allongé de 4 heures par semaine 

particulièrement dans les écoles primaires supérieures (Hauptschule). Toutefois il était 

précisé que l’emploi de personnel non qualifié ne devait se justifier que dans les cas d’un 

manque sérieux de personnel enseignant qualifié car l’école ne devait pas devenir un 

refuge pour des personnes voulant se soustraire à d’autres obligations 87 . Ainsi beaucoup 

d’enseignants se voyaient imposer des heures de cours supplémentaires pour suppléer ci et 

là les postes laissés vacants. L’état de fatigue de certains enseignants, surtout dans les 

campagnes où les écoles pouvaient être très éloignées les unes des autres, était très élevé 88 . 

Dans une école de fille à Metz la directrice faisait état d’un épuisement total des trois 

enseignantes encore en poste. Elles étaient en charge de 6 classes et une enseignante, en 

particulier, s’occupait d’une classe de 66 enfants 89 . Enfin la politique raciale s’intensifiait 

car au sein des écoles les inspecteurs avaient désormais l’obligation de demander aux 

instituteurs et institutrices de signaler au service de santé, qui faisait un travail sur les 

maladies biologiques héréditaires, tous les élèves qui avaient des inaptitudes intellectuelles, 

des troubles moraux et qui systématiquement étaient proposés aux redoublements 90 . 

A côté de leur activité professionnelle, les personnels enseignants devaient faire 

face à de nombreuses activités extrascolaires. En février 1942, en Moselle, sous la 

direction personnelle du Gauleiter, des actions culturelles dans les campagnes devaient être 

mises en place, sous la responsabilité des Kreisleiter et Ortsgruppenleiter, dans un but 

85 

AMM 1 Z 4 / RWCdZL, Abt. V-Erziehung und Unterricht-V, E I-A 8, An alle Schulen im Gau Westmark, 

31 10 1942. 

86 

AMM 1 Z 32 / Stadtschulamt, An alle Lehrkräfte, 18 04 1944. 

87 

ADM 1 W 754 / RWCdZL, Abt V Erz,. An die Herren Schulräte und Herren Schulleiter des Haupts-Volksund 

Hilfsschulen, 13 05 1943. 

88 

ADM 1 W 756 / Rapport d’inspection pour la circonscription de Metz-Campagne II année 1942/1943. 

89 

AMM 1 Z 4 / Schillerschule Mädchen An Herrn Stadtschulrat in Metz, 26 01 1944. 

90 

AMM 1 Z 4 / Stadtschulrat, An die Schulleiter im Stadtbezirk Metz, 01 03 1943.


d’éducation populaire. Les enseignants, et en particulier ceux des Volksschule devaient être 

mis à contribution car estimait-on, ils étaient en contact direct avec la population des 

campagnes et connaissaient donc mieux les traditions, les manières de vivre particulières et 

la force culturelle du milieu rural 91 . Dès juin 1942 le personnel enseignant ne pouvait plus 

disposer librement de ses congés 92 . Le Gauleiter avait décidé qu’en tant que fonctionnaires 

ils se devaient de renoncer à leurs vacances et devaient se mettre à disposition pour l’aide 

aux travaux agricoles pendant au minimum trois semaines. Les Ortsgruppenleiter des 

régions de service devaient leur fournir un certificat de présence. Si leur utilité n’était pas 

nécessaire dans certains secteurs, ils devaient se mettre à la disposition de l’administration 

scolaire, du Parti, de la protection anti-aérienne ou d’autres organisations d’utilité 

publique. Ils avaient cependant la possibilité de faire ce service dans le cadre de fermes 

familiales. Ce que devaient essayer de faire un nombre considérable d’enseignants 

mosellans. Enfin début 1944, au paroxysme de la situation, des enseignants furent libérés 

de cours et réquisitionnés par les services municipaux pour participer au comptage des 

poules et des cochons. Face à de telles obligations et dans un contexte de guerre totale, il 

semblait que désormais le projet éducatif passait en arrière plan. 

Une fonte des effectifs 

La pratique des échanges d’enseignants avec le Altreich devait continuer et se 

renforcer contre l’avis même de certains inspecteurs comme celui de la circonscription 

d’Esch II au Luxembourg qui préconisait au 2 mars 1942 de modifier la méthode, pour 

peut-être mieux la faire admettre. Au lieu de se débarrasser de 50 % d’enseignants en une 

seule fois il valait mieux procéder au cas par cas pour les éléments récalcitrants en se 

basant sur une échelle de conduite sévère ce qui aurait pu permettre au 1 er avril d’en 

expulser au moins 15 % 93 . Cette remarque ne semble pas avoir eu l’écho espéré puisque les 

départs d’enseignants luxembourgeois allaient se faire en masse en 1942 en direction de 

Düsseldorf, Coblence et Trêve. Il était notamment question de 200 à 300 enseignants 94 . Ce 

mouvement allait continuer également en Moselle d’autant plus que le Gauleiter Joseph 

Bürckel avait obtenu l’accord de principe de la chancellerie du Parti de pouvoir envoyer les 

enseignants mosellans au dehors de son Gau comme par exemple ceux de Thüringe et de 

Würtemberg 95 . Une des raisons invoquées fut que son propre Gau avait déjà envoyé en 

Moselle plusieurs centaines d’instituteurs. Par l’augmentation des enrôlements dans 

l’armée et les déplacements d’enseignants, ces régions appauvrissaient leur corps 

enseignant. L’échange prévu entre enseignants luxembourgeois et allemands de novembre 

1942 qui devait se faire à une hauteur de 200-300 enseignants se réduisait à 200 

Luxembourgeois mais seulement à un nombre de 178 Allemands 96 . Il n’était plus 

envisageable, pour l’instant, de procéder à un nouvel échange. Cette situation était encore 

bien plus inquiétante pour les autorités scolaires luxembourgeoises et mosellanes. Il se 

trouvait qu’une partie, qui est difficilement estimable, des enseignants allemands mutés 

n’était pas considérés comme de bons éléments. Au Luxembourg plusieurs circulaires 

91 

AMM 1 Z 4 / RWCdZL, Abteilung V/Vd/EI, An die Lehrerschaft aller Schulen in Gau Westmark. 

92 

AMM 1 Z 4 / RWCdZL, Abt. V-Erziehung u. Unterricht, An die Herren Schulräte ( mit Überdrucken für 

die Herren Schulleiter im Gau Westmark, 05 06 1942. 

93 

ANGDL A 2-2 271 / Der .Schulrat Esch II, An den Chef der Zivilverwaltung, Abt.IIb Luxemburg, 2 3 

1942. 

94 

ANGDL A 2-2 265 / CdZLux, Abt IIb, 6 11 1942. A 2-2 103 / Schulrat Fiala, An Herrn Regierungs- 

Vizepräsident Dr. Münzel in Luxemburg, 09 11 1942. 

95 

D. WOLFANGER, Nazification de la Lorraine mosellane, Pierron, Sarreguemines, 1982, 230 p. 

96 


Vizepräsident Dr. Münzel in Luxemburg, 09 11 1942.

206 

Fabrice Weiss 

laissaient entendre qu’il fallait à tout prix veiller à ce que les enseignants mutés soient des 

membres du NSDAP car leur travail était aussi politique. Il fallait non seulement 

transformer le système scolaire et sa pédagogie mais aussi implanter dans ces régions les 

bases du national-socialisme 97 . Ce constat était le même pour la Moselle. Selon un 

inspecteur il figurait parmi ces enseignants allemands des personnes dont la position 

politique n’était pas irréprochable et qui n’auraient jamais du être envoyés en Moselle. 

Leur pratique et leur performance scolaire semblaient également avoir été remises en 

question car certains d’entre eux « pensaient pouvoir passer au-dessus de pas mal de 

choses » 98 . Il constatait tout de même une certaine amélioration. Il devait s’ajouter à ces 

considérations politiques et pédagogiques une santé parfois défaillante. Bien qu’un décret 

de 1941 stipulant que les Reichsdeutsche devaient être en pleine possession de leurs 

moyens physiques ce ne fut pas toujours le cas, pour preuve le rapport d’un inspecteur à 

propos d’un de ses enseignants : « Toute personne, qui maintenant connaît les conditions 

économiques de la ville, sait qu’il est impossible d’avoir dans un restaurant un repas 

diététique pour une personne à qui il ne manque pas seulement un rein mais qui souffre 

aussi de la vésicule biliaire. En outre je me permets de vous faire remarquer que sur les 83 

enseignants [ allemands ] de la ville [ Metz ] il y a déjà un nombre considérable 

d’enseignants venus à Metz suite à une [ mauvaise ] estimation de leur condition physique. 

Pour cette raison je vous prie, de n’envisager une mutation vers Metz que s’il s’agit 

d’enseignants en pleine possession de leurs moyens pour qu’à la fin cette ville ne devienne 

pas un asile pour malades. En plus il y a un manque urgent de jeunes enseignants et par le 

fait de mutation de telles personnes à Metz il y aura un vieillissement de la population 

enseignante » 99 . Apparemment une concurrence existait entre la Moselle, le Luxembourg 

et les régions allemandes qui étaient censées donner une partie de leur population 

enseignante. Les unes en profitaient, semble-t-il pour se débarrasser d’éléments peu sûrs ou 

de personnels âgés et malades. 

A la suite d’enrôlements de plus en plus massifs d’instituteurs allemands dans 

l’armée leur présence dans les territoires occupés avait tendance à nettement diminuer. Les 

autorités allemandes se repliaient alors sur les grandes villes comme Metz et Luxembourg 

pour essayer de maintenir leur présence au moins aussi forte qu’en 1940/1941. Pour la 

circonscription de Metz-Campagne II 100 , le nombre global d’enseignants chutait, il était 

passé de 96 enseignants pour l’année scolaire 1940/1941 à 81 enseignants pour l’année 

1943/1944. La proportion d’enseignants allemands passait de 69.8 % à 41.98 % en 

considérant les mêmes années. Une autre évolution qui est dépendante de la première est la 

féminisation du corps enseignant : leur proportion augmente entre 1940 et 1944, elle passe 

respectivement de 55.20 % à 67 %. Pour la germanisation et la nazification du 

Luxembourg et de la Moselle les autorités allemandes devaient faire face aux 

conséquences induites par une guerre dont ils ne maîtrisaient pas l’issue. Les responsables 

scolaires se battaient pour maintenir en poste l’effectif enseignant allemand. En accord 

avec la direction du Parti et le ministre de l’éducation, les enseignants et enseignantes 

allemands ne pouvaient plus donner suite à un rappel de leur autorité d’origine sans un 

accord formel des responsables scolaires mosellans et uniquement si des situations 

familiales urgentes l’exigeaient 101 . Les autorités allemandes devaient faire face à un 

97 


Vizepräsident Dr. Münzel in Luxemburg, 09 11 1942. 

98 

AMM 1 Z 6 / Der Oberbürgermeister, An den Reichstatthalter in der Westmark und Chef der 

Zivilverwaltung in Lothringen, Sachgebiet : V a Päd V/VI 21 12 1942. 

99 

AMM 1 Z 6 / Schulrat., An den Reichstatthalter in der Westmark und Chef der Zivilverwaltung in 

Lothringen, Schulabteilung. 06 11 1941. 

100 

ADM 1 W 756 / Rapports d’inspection de la circonscription de Metz-Campagne II entre 1941 et 1944. 

101 

AMM 1 Z 4 / RWCdZL, Abt V, An die Herren Schulräte in Lothringen, 30 10 1943.


dilemme. D’un côté l’utilité de la présence allemande dans les régions nouvellement 

conquises et de l’autre les exigences d’un conflit de plus en plus gourmand en hommes. 

Résistance et collaboration 

La collaboration active avait existé en Moselle comme au Luxembourg. Certains, 

en Moselle, s’enrôlaient volontairement dans la Allgemeine SS, organisaient les SA ou 

d’autres avaient contribué à des déplacements de population vers les pays de l’Est 102 . En 

fait la collaboration active semblait avoir été le fait que d’un nombre restreint de personnel 

enseignant. Les dossiers d’épuration laissent apparaître différentes formes de 

collaboration : l’appartenance à des formations du parti national-socialiste avec une 

fonction dirigeante, les dénonciations, la participation aux expulsions ou encore leur 

relation avec la presse, et enfin une collaboration professionnelle. Le nombre de dossiers 

d’épuration du personnel de l’enseignement primaire semble avoir été légèrement 

supérieur à 200. « Les propositions de sanctions de la commission départementale 

d’épuration de la Moselle auraient touché près de 17.5 % d’enseignants du primaire. Avec 

la révocation proposée dans 15 cas, la mise à la retraite dans 27, et la suspension de 

pension à titre temporaire ou définitif dans 6 . Plus fréquemment la sanction proposée fut 

le déplacement. Enfin la commission avait proposé 71 classements sans suite ou maintiens 

en poste avec parfois un blâme » 103 . 

Apprécier le degré de résistance ou de collaboration chez les enseignants n’est pas 

une chose aisée. Si on se réfère aux documents d’archives et au travail fait par Marcel 

Neigert 104 sur les internements et la déportation en Moselle entre 1940 et 1945 on constate 

qu’il n’est pas fait mention d’enseignants. Cela voudrait-il dire que les enseignants n’ont 

pas résisté ? Oui, si nous entendons par là, la création de mouvements de résistance 

structurés, armés et hiérarchisés au sein du corps enseignant. Non, si la résistance est 

comprise comme tout acte individuel ou collectif destiné à montrer son opposition à toutes 

mesures imposées par autrui ou ici une autorité illégitime et allant à l’encontre de ses 

convictions personnelles. A de rares occasions collectives, les actes de résistance furent 

souvent des cas de prises de positions individuelles. L’année 1942 devait être pour la 

Moselle et le Luxembourg l’année la plus importante. Le 8 août lors d’une réunion 105 , en 

présence du Führer, de Joseph Bürckel, Gustav Simon et Robert Wagner tout était mis au 

point pour octroyer la nationalité allemande aux Mosellans et Luxembourgeois avec 

comme objectif, particulier, la possibilité de les enrôler dans l’armée 106 . En Moselle le 

Gauleiter allait, pour accorder la nationalité allemande, s’appuyer sur les inscrits à la 

Deutsche Volkssgemeinschaft, DVG (Communauté du Peuple allemand), introduite en 

1940, car d’après lui 90 % des Mosellans y avaient adhérés. Au Luxembourg Gustav 

Simon procéda différemment. Il n’allait pas nécessairement s’appuyer sur le Volksdeutsche 

Bewegung VDB 107 (Mouvement pour l’intégration au peuple allemand) estimant que les 

102 


103 

C. HIEGEl, La répression de la collaboration et l’épuration en Moselle, in : Moselle et Mosellans dans la 

Seconde Guerre Mondiale, Editions Serpenoise, Société d’Histoire et d’Archéologie de la Lorraine, Metz, 

1983, pp 335-369. 

104 

M. NEIGERT, Internements et déportations en Moselle 1940-1945, Metz, 1978, 110 p. 

105 

M. NEIGERT, op. cit, 1978, 110 p. 

106 

AMM 1 Z 6 / RWCdZL, An den Herrn Oberbürgermeister - Stadtschulamt- in Metz und die Herren 

Landräte -Kreisschulämter - in Lothringen. L’arrêté du Führer, sur l’octroi de la nationalité allemande est 

daté du 22 11 1942. 

107 

P. DOSTERT, Luxemburg zwischen Selbstbehauptung und nationaler Selbstaufgabe : die deutsche 

Besatzungspolitik und die Volksdeutsche Bewegung 1940-1945, Luxembourg, Imprimerie Saint-Paul, 1985. 

Fondé en juin 1940 et dirigé par un professeur de l’enseignement secondaire, Damian Kratzenberg (1878- 

1946)

208 

Fabrice Weiss 

Luxembourgeois étaient de souche allemande et que leur inscription ou non au mouvement 

n’y changeait rien, ce qui pourrait éventuellement expliquer que finalement les deux tiers 

n’y avaient pas adhéré. Tant au Luxembourg qu’en Moselle, l’adhésion à ces organismes, 

qui n’étaient rien d’autre que des copies du parti national-socialiste, ne prouve une 

quelconque collaboration. Les pressions exercées, particulièrement en Moselle, auprès de 

la population furent extrêmes. Quelques rapports 108 les décrivent : « Je tiens à ajouter pour 

ma part qu’étant donné l’ambiance de terreur de la vie alsacienne-lorraine, depuis deux 

ans, il faut considérer comme douée d’une singulière force de caractère -doublée 

d’ailleurs d’une incontestable indépendance économique- toute personne qui a osé résister 

de façon durable à la pression sourde ou ouverte, mais constante des autorités, en se 

tenant à l’écart de cette organisation. Sans cesse ceux qui refusaient de s’inscrire étaient 

l’objet de menaces appuyées : menaces d’expulsion vers la France avec la confiscation des 

biens, menaces de déportation vers la Pologne ou l’Allemagne avec aussi la confiscation 

des biens, expulsion de son emploi, menaces de représailles contre les familles, menaces 

d’internement dans des camps ». « Dans certains quartiers de Metz, des démarcheurs de la 

DVG, venaient à domicile plusieurs fois par semaine, parfois plusieurs fois par jour ». 

Au Luxembourg la proclamation du service militaire obligatoire, le 30 août avait 

provoqué de vives protestations. Les ouvriers et des employés se mettaient en grève. Le 1 er 

septembre une grève scolaire éclatait notamment dans le secteur secondaire chez les élèves 

comme chez les professeurs. Sans doute des enseignants du secteur primaire en faisaient 

partie. A la suite d’arrestations, le lendemain, les manifestations d’élèves devenaient plus 

importantes. A la Lehrerbildungsanstalt pour filles de Walferdange 43 élèves faisaient la 

grève. Elles furent arrêtées et envoyées en Allemagne dans un camp de rééducation. Les 

conséquences étaient graves : révocation et déportation 109 . La grande implication des 

professeurs du secondaire explique peut-être pourquoi le 19 mai 1943 un inspecteur 

Luxembourgeois désirait diminuer l’influence des enseignants du secondaire dans les 

écoles de formation des maîtres et désirait les remplacer progressivement par des 

enseignants chevronnés venant du secteur primaire 110 . Un rapport 111 de l’inspecteur de la 

circonscription d’Esch faisait la constatation, dès 1942, que 80 % politisaient - plus ou 

moins - leur cours et même si il n’y avait pas de résistance franche, les envies de résister 

étaient grandes. Il estimait que les enseignants avaient très peur d’être déplacés vers le 

Reich et que dans la mesure où ils s’attendaient à une intensification des conflits, ils 

voulaient rester auprès de leur famille. Il pensait qu’à ce jour ceux qui étaient mutés en 

Allemagne n’étaient pas revenus meilleurs et qu’ils tenaient avec plaisir des propos 

négatifs. Un autre inspecteur à propos d’un enseignant remarquait que celui-ci appartenait 

au nombre d’instituteurs qui avaient accompli leur métier en respectant les consignes 

nationales-socialistes. Des circulaires peuvent fournir quelques exemples de cas 

individuels, comme celui d’un enseignant sanctionné pour avoir laisser ses élèves chanter 

la Marseillaise lors d’une sortie en forêt 112 ou ce directeur qui s’énerve lors d’une réunion 

en disant : « le Führer a perdu quelque chose [de son corps] lors de la dernière guerre, 

mais on ne doit rien dire ! Hess est un traître, mais on ne doit rien dire ! » 113 . 

En Moselle la situation est identique. Le nombre de plaintes et de remarques 

concernant le personnel enseignant et les conflits, particulièrement, avec les représentants 

de la Jeunesse hitlérienne ou les Ortsgruppenleiter était en augmentation dès le début de 

108 

AMT 19/461 / Note sur l’annexion de fait de l’Alsace-Lorraine par l’Allemagne (1940 -1944), op. cit. 

109 

H. KOCH, op. cit, 1948. 

110 

ANGDL A 2-2 272 / Schulrat Fiala, An Herrn Regierungs-Vizepräsident, 19 05 1943. 

111 

ANGDL A 2-2 271 / Der Schulrat, EschII, An den Chef der Zivilverwaltung Luxemburg, 02 03 1942. 

112 

ANGDL A 2-2 242 / Schulaufsichtsbezirk, 29 06 1941. 

113 

ANGDL A 2-2 242 / Sicherheitsdienst des Reichsführers SS/SD-Abschnitt Koblenz, Hauptaussenstelle 

Lux, An den CdZ Abt IIb Regierungs und Schulrat Fiala, 23 06 1944.


l’année 1942. Des enseignants se faisaient remettre à leur place car ils tenaient des propos 

désobligeants sur le système scolaire 114 , un autre était accusé de ridiculiser dès que 

possible et publiquement le Zellenleiter du village en faisant remarquer qu’il était sans 

doute la personne le plus haïe du lieu 115 . Une autre circulaire montrait l’existence, du 

moins pour l’année 1944 de certificats médicaux de complaisance. Dès 1943 les autorités 

scolaires avaient renforcé les contrôles, ceux à l’issue d’inspection qui avaient la mention 

suffisant devaient être mutés en dehors de la ville de Metz, qui devenait visiblement le 

bastion à défendre, et ceux qui avaient insuffisant seraient renvoyés de l’enseignement car 

l’Etat avait le droit de demander le maximum de ses fonctionnaires. Les élèves de Metz 

devaient avoir un enseignement de haute qualité et il fallait donner la possibilité à de bons 

éléments des campagnes d’enseigner en ville. Pour conclure l’inspecteur affirmait avoir 60 

à 80 % d’enseignants avec des mentions satisfaisantes. Enfin des instituteurs furent arrêtés 

pour propagande anti-nazie, pour avoir des relations avec des prisonniers français, pour 

avoir aidé des réfractaires ou encore avoir fourni une aide aux déserteurs. 

Que dire des enseignants allemands en poste dans les territoires annexés ? Le non 

historien pourrait se limiter à la vision parfois trop simpliste ou trop partisane de certains 

rapports qui décrivent les institutrices allemandes enseignant aux jeunes filles comme 

devant « au Führer un cadeau vers 16 ou 17 ans, et que le plus beau cadeau est un petit 

enfant ; qu’à partir de 15 ans, elles n’avaient pas le droit de se refuser aux soldats qui les 

sollicitaient, et qu’il était normal d’avoir plusieurs enfants avant le mariage » 116 ou encore 

que « la plupart des dirigeants de la DVG ; pour ne pas dire la totalité, étaient de petits 

instituteurs, élevés brusquement à la charge de seigneurs. Mais que leur vertu essentielle 

demeurait l’alcool et le tabac » 117 . Il est vrai que le corps enseignant du primaire était une 

des catégories socioprofessionnelles dont les proportions d’adhésions au NSDAP étaient 

une des plus fortes en Allemagne, après celle des médecins 118 . S’il est vrai que certains 

enseignants allemands avaient joué un rôle considérable dans la politique de germanisation 

et de nazification, par leur conviction politique affirmées, par leur désir de jeter en Moselle 

et au Luxembourg les bases solides du national-socialisme il n’est pas moins vrai que 

certains d’entre eux montraient dans leurs attitudes un rejet des idéaux nationauxsocialistes 

et qu’ils essayaient de faire des cours épurés, autant que possible, de toute 

coloration politique. Certaines circulaires montraient bien l’envoi au Luxembourg et en 

Moselle d’enseignants dont la position politique n’était pas irréprochable et que certains 

sous le couvert d’être inscrits dans les multiples sous organisations affiliées au NSDAP 

n’en étaient, pendant la période étudiée, pas membres. Des témoignages 119 d’anciens 

élèves et instituteurs à la retraite confirment la gentillesse et la non-propagande de certains 

ou certaines d’entre-eux : « jeunes ou plus âgés, ils avaient leur CAP et m’ont semblé tout 

à fait compétents et le plus souvent humainement de valeur » s’ils étaient pour certains 

« acquis au projet du Reich de Mille ans » ils n’étaient pas tous « nécessairement des 

militants nazis ». 

114 

AMM 1 Z 6 / RWCdZL, Abt V, An die Herren Landräte - Kreisschulämter - in lothringen, 09 01 1942. 

115 

AMM 1 Z 6 / RWCdZL, Abt V An die Herren Schulräte in Lothringen, 10 06 1942. 

116 

AMT 19/461 / Note sur l’annexion de fait de l’Alsace-Lorraine par l’Allemagne (1940 -1944), op. cit. 

117 

ADM J 6958 / Rapport sur l’œuvre de germanisation en Lorraine de 1940 à 1944. 

118 

P. AYCOBERRY, La question nazie. Les interprétations du national-socialisme 1922-1975, Ed. du Seuil, 

coll. « Points. Histoire », 315 p, 1979. 

119 

Fabrice Weiss, témoignages recueillis à l’occasion d’un travail de thèse sur le sujet.

210 

Fabrice Weiss

211 

L’AFFAIRE D’ORADOUR DE 1953 ET LA CONSTRUCTION MEMORIELLE DES 

« MALGRE-NOUS » 

Guillaume JAVERLIAT * 

Je remercie M. François Cochet et M. Sylvain Schirmann de me donner 

l’opportunité de parler devant vous aujourd’hui. Je vais vous dire quelques mots sur les 

observations que j’ai pu relever lors de mes recherches sur le procès de Bordeaux de 1953 

mettant en cause vingt et un soldats dont treize « malgré-nous ». Ces hommes étaient 

accusés de crime de guerre, commis à Oradour-sur-Glane le 10 juin 1944 au sein de la 

Division SS Das Reich. Treize des quatorze Français présents sur les bancs des accusés 

avaient été enrôlés de force au début de l’année 1944 dans les Waffen SS : beaucoup 

d’entre eux n’étaient pas majeurs au moment du massacre d’Oradour. L’objet de nos 

propos n’est pas de faire un récit exhaustif du déroulement du procès mais d’essayer de 

déterminer dans quelle mesure le massacre du 10 juin 1944 pèse sur la construction 

mémorielle des « malgré-nous». Même si tous les « malgré-nous » jugés à Bordeaux sont 

tous d’origine alsacienne, il convient de rappeler que l’incorporation forcée a également 

touchée la Moselle, pour cette dernière il s’avère indispensable d’entreprendre une étude 

particulière. 

Avant d’évoquer le procès des hommes jugés pour crime de guerre à Oradour-sur- 

Glane, il est nécessaire de rappeler brièvement l’histoire tragique de ce village hautviennois. 

Le 10 juin 1944 cent cinquante soldats du régiment Der Führer, appartenant à la 

division SS Das Reich, prennent position dans ce village paisible de la Haute-Vienne. En 

quelques heures les hommes, les femmes et les enfants sont massacrés méthodiquement : la 

tuerie avait été préparée comme une opération militaire. Pourquoi ce massacre de 642 

innocents ? Cette question ne sera pas soulevée au moment du procès huit ans et demi plus 

tard, cela s’explique en partie par l’absence des donneurs d’ordre. Aucun officier ne se 

trouve alors sur les bancs des accusés : beaucoup sont morts sur le front de Normandie, 

d’autres ont disparus et certains n’ont pas été extradés (c’est le cas notamment du général 

Lammerding dont les autorités françaises et alliées connaissaient l’adresse). Cette absence 

d’officiers a pour effet direct de rejeter la responsabilité du massacre sur les exécutants des 

ordres iniques. Cela contribue à fausser le procès dès le départ et à passionner les débats : 

les Français, tous d’origine alsacienne, se retrouvent deux fois plus nombreux sur les bancs 

des accusés que les Allemands. Ce sont eux qui apparaissent au premier rang des 

coupables du massacre le plus retentissant de la Seconde Guerre mondiale en France. 

En effet l’autre élément qu’il faut avoir à l’esprit pour comprendre le déchaînement 

des passions à l’époque est la puissance symbolique du nom d’Oradour. La population 

française connaît l’histoire de ce petit village, le procès est donc particulièrement attendu. 

Cela est la conséquence directe de l’action des hommes politiques depuis la Libération : le 

général de Gaulle se rend dans la cité martyre le 4 mars 1945 et, dès cet instant, Oradoursur-Glane 

devient un des symboles forts des atrocités commises par les nazis en France. A 

la suite du général les plus hauts dignitaires de l’Etat, à commencer par le président de la 

République Vincent Auriol, prennent le relais de la politique de reconnaissance de 

l’Etat. Ainsi Vincent Auriol vient poser la première pierre du nouveau bourg le 10 juin 

1947 et révèle à cette occasion que le gouvernement prépare une loi permettant la tenue 

* Université de Limoges.

212 

Guillaume Javerliat 

prochaine d’un procès avec le maximum d’accusés. Inversement une reconnaissance 

nationale aussi appuyée n’est pas accordée aux victimes du crime de l’incorporation 

forcée. Alors que l’on compte 130 000 victimes de l’incorporation forcée, l’Etat et 

l’opinion publique ne perçoivent pas l’ampleur des souffrances des victimes de ce crime de 

guerre. C’est ainsi que les « malgré-nous » ne bénéficient pas, loin s’en faut, de la qualité 

de martyrs conférés aux victimes du massacre du 10 juin 1944 par l’ensemble des Français. 

En 1953 ils sont plus nombreux à savoir ce qui est advenu des habitants de ce village du 

Limousin que ceux à aptes à se forger une idée précise du sort enduré par les populations 

de l’Est. A l’occasion des audiences certains témoins et le président du tribunal lui-même 

avouent avoir pris conscience de toutes les contraintes imposées par l’incorporation forcée. 

Néanmoins la connaissance de l’ensemble des souffrances psychologiques et physiques 

n’altérait en rien pour les familles des victimes d’Oradour la responsabilité des accusés 

français. 

Ainsi la puissance symbolique d’Oradour, de même que la présence de Français sur 

les bancs des accusés, engendrent des réactions passionnées dans une partie importante de 

l’opinion nationale : les autorités résistantes et religieuses notamment multiplient les 

interventions. Ces dernières appellent au calme des esprits, et elles se montrent d’un 

profond soutien en Alsace, où elles possèdent une très grande influence, en faveur des 

accusés incorporés de force. Ainsi l’archevêque de Strasbourg, Mgr Meyer, appelle au 

calme tout en réaffirmant son soutien envers ses compatriotes. Cela se traduit par des 

rassemblements, par des appels à la prière ; en Limousin la position des autorités 

ecclésiastiques diverge : l’évêque de Limoges, Mgr Rastouil, reste discret et incite ses 

ouailles et les familles des victimes à la compassion et au pardon. L’affaire est d’emblée 

placée en dehors du cadre restreint de la petite salle d’audience du tribunal militaire de 

Bordeaux : les enjeux mémoriels et politiques sont alors trop puissants. 

Lorsque le procès s’ouvre en janvier 1953 les « malgré-nous» d’Alsace et de 

Moselle forment un groupe très important (130 000 personnes ont connu le drame de 

l’incorporation forcée dans ces territoires annexés) et uni autour d’une construction 

mémorielle solide. L’Association des Déportés Evadés et Incorporés de Force mène une 

action militante : la recherche des disparus en Russie se poursuit (le dernier homme n’est 

de retour qu’en 1955). Les membres de l’association travaillent également à perpétrer la 

mémoire de ce groupe d’hommes victimes de ce crime de guerre. Il convient de rappeler 

que l’incorporation forcée des Alsaciens dans les armées du Reich est effective dès le 25 

août 1942 à la suite des démarches entreprises par le Gauleiter Wagner (promoteur 

principal de l’incorporation forcée auprès de Hitler). 

En 1953 le procès de Bordeaux très médiatisé permet de mettre l’opinion nationale 

face à la réalité de la tragédie vécue par l’Alsace et la Moselle pendant le second conflit 

mondial. Cette tribune est l’occasion de laisser libre cours à des sentiments contenus 

depuis la fin de la guerre. Les responsables politiques, associatifs, mais aussi religieux, 

expriment avec force leurs sentiments après des années de silence et de manque d’écoute. 

Leurs voix se font entendre au sein de la salle d’audience du tribunal militaire de Bordeaux 

où les grands noms de la résistance alsacienne viennent expliquer aux juges la réalité de 

l’incorporation forcée. Cette même lutte contre l’incompréhension et la méconnaissance du 

sort enduré par ces populations se poursuit dans les médias régionaux et nationaux. Les 

parlementaires d’Alsace portent le message au gouvernement, au président de la 

République ainsi qu’à l’Assemblée nationale et au Conseil de la République. De cette 

manière l’ensemble des acteurs et des décideurs de l’époque peuvent agir en toute 

connaissance de cause. Les forces vives de la société alsacienne se mobilisent et prennent

L’affaire d’Oradour de 1953 et la construction mémorielle des « Malgré-nous » 213 

fait et cause pour ces treize hommes. Ce travail considérable de sensibilisation ne porte pas 

ses fruits au tribunal militaire, mais il s’avère précieux et efficace au moment de plaider la 

cause des treize « malgré-nous » condamnés auprès des parlementaires. 

Sans entreprendre une étude exhaustive de la construction mémorielle des victimes 

de l’incorporation forcée depuis la Libération, il s’agit d’en analyser les traits palpables 

pendant l’affaire en 1953. En premier lieu la construction mémorielle des incorporés de 

force s’est édifiée autour du thème de la dénonciation des gouvernements successifs, 

fautifs à plusieurs égards. Plus que le silence de Vichy sur l’annexion de fait en 1940 et 

une France qui les a abandonnés, les Alsaciens et les Mosellans estiment que tout le 

possible n’a pas été entrepris pour accélérer le retour des prisonniers des camps soviétiques 

à cause de raisons politiques (l’U.R.S.S. est un allié de poids de la France à la Libération). 

Cette attitude de l’U.R.S.S., qui ne livre les prisonniers français qu’au compte-goutte (de 

même que le comportement des ministres communistes, comme celui du ministre des 

Anciens Combattants et victimes de guerre Daniel Casanova sous les gouvernement Gouin 

et Bidault en 1946) condamne en partie tout avenir pour l’extrême-gauche en Alsace. 

Pendant les débats à l’Assemblée nationale en février 1953 les promoteurs de la loi 

d’amnistie n’hésitent pas à culpabiliser l’ensemble de la classe politique d’avant-guerre. 

Personne n’échappe aux critiques plus ou moins directes : les gouvernements de la IIIème 

République responsables de la défaite de 1940, le gouvernement de Vichy qui les a 

abandonné (il n’a fait tout du moins aucune protestation publique) et, plus étonnant la 

France Libre qui avait promis qu’il n’y aurait aucune poursuite à l’encontre des incorporés 

forcés. 

La justice est également pointée du doigt. L’instruction de l’affaire, par ses 

égarements, portait en germe les tensions qui ont éclaté au grand jour lors des audiences. 

Dans un premier temps les enrôlés de force n’ont pas été inquiétés par la justice ; ils 

n’étaient entendus qu’à titre de témoins. Une loi votée le 15 septembre 1948 change une 

première fois la donne. Ce texte est appelé lex Oradour tant il apparaît qu’il a été conçu 

pour l’affaire du 10 juin 1944. Cette loi inique au sens du droit français (elle est rétroactive 

et demande à la défense de prouver l’innocence et non à l’accusation de prouver la 

culpabilité) permet de placer sur les bancs des accusés les hommes victimes de 

l’incorporation forcée. Cette même justice refuse de disjoindre le cas des Allemands de 

celui des Alsaciens et ce sont finalement les parlementaires qui tranchent en abrogeant le 

texte de 1948 (qui seul permettait de mettre en accusation la plupart des « malgré-nous »). 

Néanmoins ce revirement, qui se déroule en plein procès, ne change rien au final : les 

treize enrôlés de force sont condamnés à des peines de prison et de travaux forcés allant de 

cinq à huit ans. Les peines des Allemands sont légèrement plus lourdes (allant jusqu’à 

douze années) : le statut d’incorporés forcés n’a joué que comme une circonstance 

atténuante. Face à ce qui est ressenti comme des trahisons successives le repli sur eux de 

ces victimes d’un crime de guerre n’ayant pas la reconnaissance méritée est d’autant plus 

profond. 

Ce qui reste dominant dans les prises de paroles des différentes autorités 

alsaciennes est le sentiment d’être totalement incompris. Ce groupe de personnes estime 

que l’opinion publique ne peut pas comprendre leurs revendications parce qu’elle ne 

connaît pas (et dans certains cas qu’elle ne peut même pas se représenter) l’étendue des 

contraintes, des vexations et des souffrances endurées pendant quatre et demi par les 

populations des territoires annexés. Ce sentiment d’incompréhension est toujours palpable 

aujourd’hui, car après les multiples articles évoquant le drame alsacien, la fin de l’affaire

214 


en 1953 met un coup d’arrêt aux protestations alsaciennes. En effet la consigne donnée par 

les responsables politiques, après la libération des treize « malgré-nous », est l’apaisement 

des esprits. Cela nécessitait une totale discrétion de la part des amnistiés, afin de ne pas 

exciter la rancœur des familles des martyrs d’Oradour. C’est donc par un consensus 

général que, dès la fin du mois de février, sans être taboue, l’évocation de l’affaire 

d’Oradour et des accusés alsaciens, est l’objet d’un silence imposé qui ne permet pas de 

combler l’incompréhension entre l’Alsace et Oradour et la méconnaissance générale des 

Français quant aux blessures engendrées par la guerre à la province. 

Néanmoins la médiatisation de l’affaire à l’époque contribue à faire connaître les 

réalités du drame vécu par l’Alsace à l’ensemble de l’opinion publique, qui suit avec 

attention le procès. La découverte du sort enduré par les provinces annexées est aussi le fait 

des principaux acteurs du procès, à savoir les juges et les familles des victimes d’Oradour. 

Cependant toutes les précisions apportées, quant aux problèmes concrets soulevés par 

l’incorporation forcée, ne changent pas l’attitude des juges et des familles des martyrs 

envers les treize « malgré-nous » présents sur les bancs des accusés. 

Malgré les témoignages de résistants ou de simples citoyens alsaciens en faveur de 

leurs compatriotes, l’attitude des treize pose problème : leur mutisme et le peu d’émotions 

affichées constituent des points négatifs pour leur image auprès des juges et de l’opinion 

nationale. Les Dernières Nouvelles d’Alsace, quotidien bas-rhinois qui soutient la cause 

défendue par les forces vives de la région, ne peuvent s’empêcher de relever et de critiquer 

le comportement de la majorité des accusés, y compris alsaciens. Mais plus que sur la 

personnalité des accusés le débat s’articule en 1953 autour du problème de la contrainte, 

l’obéissance à un ordre militaire. Ces jeunes hommes avaient-ils la possibilité d’agir 

autrement ? 

Il s’agit là d’un enjeu mémoriel fondamental : la majorité des autorités résistantes 

répondent par l’affirmative et demandent des peines exemplaires. Le danger pour elles est 

de voir nier la possibilité d’une alternative qui a été le point de départ de l’engagement 

résistant. Néanmoins certaines organisations adoptent un ton péremptoire sans tenir compte 

des contraintes qu’imposait l’incorporation forcée. Tout déserteur était automatiquement 

condamné à mort, mais pour les Alsaciens leur seule personne n’était pas concernée par 

leur décision : en prenant la fuite c’était toute la famille qui payait les conséquences de la 

fuite. L’ensemble des associations d’Alsace, ainsi que quelques organisations régionales et 

nationales apportent un soutien massif aux treize, devenus des symboles des victimes d’un 

crime de guerre que les Français de l’intérieur n’ont jamais connu. Ici ressort toute la 

complexité de l’affaire qui s’inscrit à plusieurs niveaux : moral, mémoriel et politique. 

Les sentiments d’amertume, de frustration ou de colère s’expriment réellement avec 

force une fois le verdict prononcé : la condamnation des treize « malgré-nous » est un choc 

considérable pour les plus fervents défenseurs des accusés et plus généralement pour la 

majorité des Alsaciens. Elle apparaît comme une preuve supplémentaire de 

l’incompréhension totale de l’histoire de l’Alsace de la part de la France de l’intérieur. Le 

jugement est considéré comme la condamnation des «malgré-nous», et par conséquent de 

l’Alsace (du fait de l’assimilation des hommes accusés à Bordeaux à l’ensemble des 

victimes de l’enrôlement de force). C’est ainsi qu’est ressenti le verdict par une partie de la 

population de cette région. Le choc est d’autant plus brutal que l’opinion publique 

alsacienne avait placé ses espoirs de reconnaissance dans la justice. 

Les émotions déjà à vif, la réaction est terrible : on voit resurgir des signes 

d’autonomisme que l’on croyait mort, tué par les nazis. Même s’il apparaît que la menace 

n’est pas sérieuse cela est révélateur du malaise qui saisit une partie des Alsaciens. Surtout


cela impressionne considérablement la classe politique de l’époque et, ce qui apparaît 

comme une résurgence des « vieux démons » alsaciens, confère à l’affaire une dimension 

supplémentaire et une plus grande attention de la part des représentants de la Nation. On 

peut affirmer que la population, même sous le choc, n’était pas prête à se laisser séduire 

par les sirènes autonomistes. Les nouveaux partis qui font surface au mois de février 

avaient des visées purement électorales (en vue des élections municipales se tenant trois 

mois plus tard) et leur audience auprès de l’opinion régionale était mineure. Néanmoins les 

signes d’autonomisme existaient (notamment dans le Haut-Rhin qui s’est montré le plus 

virulent pendant l’affaire) et les hommes politiques régionaux ont su s’en servir pour 

donner plus de poids à leur discours. Peut-être certains redoutaient réellement la menace 

autonomiste mais ce qui est certain c’est que la description de la situation était alarmiste. 

La situation est présentée comme quasi-insurrectionnelle, pour les hommes politiques de la 

région le point de non-retour est proche, le seul moyen d’écarter le risque est une 

intervention des autorités en faveur des condamnés. Dès la fin de l’affaire il n’est plus 

question d’une menace autonomiste qui s’envole en même temps que le vote de la loi 

d’amnistie en faveur des treize « malgré-nous » condamnés à Bordeaux. 

La loi d’amnistie ramène le calme dans les esprits instantanément : cette fois l’Etat 

a pris ses responsabilités. Mais déjà en 1953 beaucoup jugeaient cette mesure insuffisante 

et militaient pour la réhabilitation. Une fois les treize libérés il n’en a plus été question 

mais aujourd’hui certains mettent en avant la nécessité d’une révision du procès. C’est bien 

que tous les enjeux mémoriels n’ont pas été satisfaits à l’époque : le verdict du tribunal 

militaire continue à peser lourd sur la construction mémorielle des incorporés de force 

alsaciens. C’est également pour cela qu’après quelques tentatives de rapprochement ces 

dernières années, le dialogue se fait plus difficile entre les responsables associatifs 

alsaciens et les familles des martyrs d’Oradour. Déjà en 1953 ils avaient des positions 

opposées résultant d’attentes antagonistes (les familles d’Oradour souhaitant des peines 

pour tous les accusés et les Alsaciens espérant l’acquittement des « treize »), aujourd’hui 

les positions n’ont pas évolué. La bataille pour la mémoire engendre une recrudescence 

édifiante des tensions : face aux questions laissées en suspend, face aux thèmes polémiques 

il s’agit de fixer la mémoire avant que tous les témoins ne disparaissent. L’édification d’un 

mémorial d’Alsace-Moselle à Schirmeck s’inscrit dans ce cette logique. La réaction n’est 

pas la même en Moselle, directement concernée par l’affaire à double titre, pour laquelle il 

est nécessaire d’observer une étude particulière. 

Les prises de position des Mosellans pendant l’affaire sont la résultante logique de 

la tactique employée par les élus, par les responsables associatifs et par les avocats 

alsaciens. Les déclarations de ces personnalités ont contribué à transformer les treize 

«malgré-nous» accusés à Bordeaux en symbole de l’incorporation forcée. Même si ces 

derniers ne sont pas représentatifs du sort enduré par l’ensemble des incorporés de force (le 

plus souvent envoyés sur le front de l’Est, en tous cas hors de France), ils sont érigés en 

symbole « malgré eux » des 130 000 victimes de ce crime de guerre. Le but de cette 

tactique était de mettre tout le poids des souffrances de la province dans la balance afin 

obtenir l’acquittement des treize, et plus que cela la reconnaissance, par la nation, du 

drame vécu par les Alsaciens. La condamnation n’est alors pas comprise par les 

responsables de la région comme une peine infligée aux soldats présents à Oradour, mais 

comme une insulte faite à la mémoire de l’annexion. En effet ce sont les 130 000 «malgrénous» 

qui se trouvent impliqués dans cette condamnation si l’on suit la tactique employée 

par la défense, ou plus exactement 100 000.

216 


100 000 parce que la Moselle a adoptée une attitude en opposition totale avec les 

positions défendues en Alsace pendant la quasi-totalité de l’affaire. Les responsables 

politiques et associatifs ont toujours refusé l’assimilation de « leurs » «malgré-nous» aux 

treize jugés à Bordeaux. Pourquoi cette attitude de la part de voisins ayant connus le même 

sort tragique ? Peut-être ces responsables sentaient le danger de s’associer aux treize : une 

condamnation apparaissait comme probable et ne manquerait pas d’entacher l’image des 

« malgré-nous » mosellans si ces derniers se montraient solidaires des positions 

alsaciennes. Il est probable également que la nature des relations entre les deux provinces 

forgées par l’histoire n’a pas favorisé un élan naturel de soutien envers les frères ennemis. 

Surtout l’explication est d’ordre historique : en dépassant les querelles existant entre la 

Lorraine et l’Alsace qui peuvent expliquer certaines réactions il faut en revenir au 

massacre du 10 juin 1944. 

Les Waffen SS comptent dans leurs rangs des Alsaciens mais aucun Lorrain, plus 

encore se trouvaient à Oradour les ressortissants du village de Charly (en Moselle) : ces 

derniers font partie des martyrs d’Oradour. Schématiquement on se trouve en face d’une 

Alsace sur le banc des accusés (même s’il ne faut pas oublier les trois victimes alsaciennes) 

et une Moselle sur le banc des parties civiles alors que les deux provinces ont connu la 

même annexion au Reich nazi. Ces aléas historiques s’expliquent plus généralement par les 

politiques différentes mises en place par les Gauleiter ayant eu en charge l’Alsace et la 

Moselle. Le Gauleiter Joseph Bürckel, contrôlant la Moselle, avait opté pour des 

expulsions massives (plus de 80 000 personnes, en premier lieu les francophones) pour 

permettre une intégration rapide des population restantes dans le Reich : ces populations se 

retrouvent en zone sud et notamment à Oradour ; et il n’a pas instauré l’incorporation de 

force dans les SS. Son collègue d’Alsace, Robert Wagner, (qui sera condamné à mort et 

exécuté à la Libération) a adopté une attitude différente : c’est le promoteur de 

l’incorporation forcée et cela comprenait les SS à la fin de la guerre. 

Le procès fait donc surgir des tensions entre les deux provinces, celles-ci ont pour 

origine les politiques différentes employées pour assimiler les populations locales. Ces 

brandons de discordes semés par les nazis enveniment les relations entre l’Alsace et la 

Moselle pendant l’affaire et opèrent une césure nette dans la construction mémorielle 

opérée par les hommes ayant connu l’incorporation forcée. C’est ainsi qu’il est 

symptomatique d’entendre M. Pflimlin parler des 100 000 incorporés au moment où la 

tension est la plus vive (entre le verdict et le vote de la loi d’amnistie une semaine plus 

tard) alors que jusqu’à présent il avait toujours été question de 130 000. Les responsables 

mosellans refusant de se solidariser au sort des treize accusés, les défenseurs alsaciens 

mettent un bémol à leur discours unitaire. Ce dernier ne concerne alors uniquement 

l’Alsace, la Moselle étant mise à part après des tentatives d’union infructueuses. Les 

médias alsaciens ne donne pas d’échos des prises de positions mosellanes pendant l’affaire, 

et depuis celles-ci demeurent un sujet tabou, du moins peu connu et encore moins mis en 

avant. 

Si les responsables mosellans refusent cette assimilation, le verdict et l’émotion 

qu’il suscite en Alsace infléchissent la ligne adoptée jusqu’alors. En effet la condamnation 

des treize apparaît comme celle de tous les «malgré-nous» du fait de la tactique même mise 

en place par les Alsaciens, et cela malgré les prises de position des autorités lorraines. Ce 

qui importe alors pour les Mosellans c’est l’image qui est donnée de l’incorporation forcée 

à l’opinion publique nationale : celle d’hommes condamnés pour crime de guerre dans le 

massacre le plus retentissant de la guerre en France. Il s’agit alors de changer de tactique : 

l’image de « malgré-nous » construite en Alsace et en Moselle ne s’effondre pas dans ces 

provinces mais une mesure s’avère nécessaire pour que les Français de l’intérieur ne


perçoivent pas ce crime de guerre enduré par toute une province comme la participation 

systématique des 130 000 incorporés de force aux exactions perpétrées par les nazis. C’est 

pour cette raison que les parlementaires mosellans soutiennent unanimement le projet de 

loi d’amnistie qui est voté aux chambres une semaine après le verdict. De plus un vote 

négatif de leur part n’aurait pas changé le résultat du vote mais aurait été un motif de 

discorde supplémentaire entre Alsaciens et Lorrains. L’appui du gouvernement, par la voix 

du président du Conseil et du ministre de la Justice, ne laissait planer aucun doute quant à 

l’issue des discussions. De plus les prises de positions publiques de Charles de Gaulle et 

d’autres figures politiques de premier plan allaient toutes dans le sens de la préservation de 

l’unité nationale, que seule une loi d’amnistie pouvait garantir. 

Même si les problèmes soulevés dépassaient les clivages politiques traditionnels, on 

retrouve globalement une gauche qui s’est opposée au projet de loi et une droite qui l’a 

approuvée. Une seule formation politique a voté unanimement contre la loi d’amnistie : le 

parti communiste (y compris le seul parlementaire communiste d’Alsace Marcel 

Rosenblatt) entreprend une véritable instrumentalisation des souffrances. Il se sert de la 

tribune offerte par l’affaire pour critiquer la politique intérieure du gouvernement, 

s’attaquer à sa crédibilité, condamner un éventuel réarmement de l’Allemagne de l’Ouest 

de même que la guerre en Indochine. Sur le plan national ce sont bien les communistes qui 

apparaissent comme les exploiteurs des souffrances engendrées par l’affaire à des fins 

purement politiques, mais localement d’autres forces ont agi de la même manière (mais 

souvent avec plus de finesse). C’est en essayant de profiter des émotions suscitées par le 

procès en Alsace que les nouveaux partis autonomistes se projettent sur le devant de la 

scène. Ils constituent un danger potentiellement crédible pour les autorités uniquement au 

moment où la tension est à son summum en Alsace : ils tendent à profiter de l’émotion 

populaire pour refaire surface. Leur discours s’avère obsolète dès le retour au calme 

général dans la province. Cette exploitation politique de l’affaire a lieu au plan national et 

régional mais n’est pas le fait uniquement des extrêmes, ni même des seuls partis. Par 

exemple le président des familles des martyrs d’Oradour se sert du procès et des cicatrices 

laissées par son épilogue comme thème de campagne pour le gain de la mairie (et avec 

succès). 

Que ressort-il du procès de 1953 ? Un poids qui est inhérent à toute évocation de 

l’incorporation forcée et que le procès très médiatique d’un cent millième des victimes de 

ce crime continue à poser un problème de mémoire et une nécessité constante d’explication 

et de justification. Les sentiments des «malgré-nous» n’ont pas changé : les plus prégnants 

restent ceux d’incompréhension et de méconnaissance de leur drame. L’Etat est pointé du 

doigt une nouvelle fois : c’est à lui de donner la place qu’il convient à cet épisode 

dramatique dans les livres scolaires. Le verdict, jugé inacceptable, continue à peser lourd 

dans l’esprit de beaucoup d’Alsaciens : la loi d’amnistie votée une semaine plus tard, si 

elle a permis le retour au calme dans la région, n’a pas suffi pour faire oublier ce qui a été 

ressenti comme un affront. Cinquante ans après le procès de Bordeaux et bientôt soixante 

ans après le massacre d’Oradour, les victimes du nazisme ne parviennent pas à unir leurs 

souffrances. Deux dates, 25 août 1942-10 juin 1944, deux crimes de guerre 

particulièrement horribles, qui, bientôt trois générations plus tard, sont toujours porteurs de 

tension et de divisions entre Français.

218 

Guillaume Javerliat

CONCLUSION 

Jean-Louis English avait choisi de placer les rencontres de l’AMAM sous la 

thématique « Mémoire pour le futur ». Ce colloque, à la préparation duquel il avait 

activement participé, s’inscrit fidèlement dans cette perspective. « Annexion et nazification 

en Europe », la problématique choisie ne relève pas du hasard, tant la mémoire de ces 

processus reste au centre de la mémoire alsacienne et lorraine. Pour préparer l’avenir, 

comme nous y incite English, celle-ci doit sans cesse être confrontée, bousculée au bon 

sens du terme par les études historiques. En proposant au Centre de Recherche Histoire et 

Civilisation de l’Europe occidentale de l’université de Metz de préparer scientifiquement 

cette manifestation, Alfred Wahl et Jean-Louis English avaient certainement le souci de 

créer une confrontation féconde entre les gardiens de la mémoire et les historiens. 

Le choix des interventions présentées dans ces actes répond à trois critères. Il 

s’agissait de traiter d’abord des sujets peu évoquées localement. Cela a conduit à 

privilégier de nombreux jeunes chercheurs. Le plus important reste cependant la démarche 

comparative. Elle seule permet de saisir pleinement les phénomènes d’annexion et de 

nazification, empêche toute homologation abusive et tout nivellement sans nuances des 

faits. 

Des parallèles entre la situation de l’Alsace-Lorraine et celle d’autres régions de 

l’Europe viennent immédiatement lorsqu’on étudie les cas d’annexion et de nazification. 

La première partie du colloque livre ainsi d’utiles repères. Dans les cantons d’Eupen 

Malmédy, où vit une population de tradition linguistique et culturelle allemande, le 

rattachement à la Belgique au lendemain de la Première Guerre mondiale n’empêcha point 

les autorités allemandes (celles de la République de Weimar, comme les dignitaires du III° 

Reich) d’entretenir une intense propagande culturelle dès les années vingt. Cette 

valorisation culturelle, cette « préparation pro-germanique » s’accentua encore pendant la 

période nationale-socialiste. Rencontres sportives, activités culturelles, tout était bon pour 

rappeler aux populations des cantons de l’Est belge leur appartenance culturelle, voire 

ethnique au Reich. Dès lors faut-il s’étonner si les structures nazies sont rapidement 

opérantes dans la région dès mai 1940 ? Particulièrement visée, la jeunesse paya par la 

suite un lourd tribut à ce que l’on peut qualifier de « séduction nationaliste ». Le Grand 

Duché de Luxembourg présente des similitudes avec l’Alsace-Lorraine. Envahi par les 

troupes du Reich, le Grand Duché fut traumatisé par la politique du Gauleiter Simon. 

L’asservissement prit la forme de l’incorporation de force, des vexations en tout genre. Les 

populations « dangereuses », familles de réfractaires ou d’évadés, furent déplacées en 

Haute-Silésie ou en Bohême. Le camp de Hintzert accueillit l’essentiel des résistants du 

pays. L’exemple luxembourgeois prouve aussi l’existence d’une « résistance passive » à 

l’occupation, faite d’humour, de sens de la débrouille ou de refus d’assimilation, comme le 

montre le référendum sur la nationalité. Il faut cependant noter l’existence des les années 

trente de courants germanophiles, et surtout de mouvements extrémistes partageant 

nationalisme grand-ducal, attrait pour un pouvoir fort et pour certains antisémitisme. Dans 

ces milieux, parfois proche du rexisme, on rêve d’un Etat corporatiste. 

Le cas slovène est plus complexe, dans la mesure où cette région du nord de la 

Yougoslavie est confrontée à une présence d’une population de culture germanique dans sa 

partie septentrionale et d’une autre de culture italienne, dans sa partie occidentale. La 

région est également en proie dès les années vingt à une fascisation et à une 

« italianisation » (cf. Trieste), et un certain nombre de slovènes participèrent à la 

pacification de la Libye. En 1941, après la double invasion de la Yougoslavie par 

219

220 

Sylvain Schirmann 

l’Allemagne et l’Italie, la Slovénie est partagée en trois (comme la Yougoslavie) : le Nord 

à l’Allemagne, le Sud à l’Italie, l’Est à la Hongrie. La partie italienne sera reprise par les 

Allemands après la capitulation. La germanisation et la nazification y furent similaires à 

celles que l’on a pu observer en Alsace-Lorraine. L’originalité tient dans cette région au 

fait que la guerre se double d’une révolution communiste. Dès lors se pose un problème de 

statut pour les Slovènes qui ont servi dans l’armée allemande, et qui n’ont pas rallié la 

résistance-révolution. Le cas polonais est certainement et de loin le plus dramatique parmi 

les situations présentées pendant le colloque. Les caractéristiques ont été traitées dans 

plusieurs exposés. « Des Oradour-sur-Glane, il y en a quotidiennement » relève Bernd 

Martin. Et de ce fait, il faut insister sur l’importance de la Pologne dans la vision 

téléologique de l’histoire du III° Reich. C’est un espace ouvert à la colonisation allemande, 

au sein duquel l’élément slave devait être réduit à l’état d’esclave. C’est un espace qu’il 

faut débarrasser des Juifs. Mais la Pologne fut aussi confrontée en 1939 au quatrième 

partage de son histoire. La Posnanie, évoqué à travers deux exposés différents, devait 

fournir le modèle en matière de germanisation. Hitler projetait d’ailleurs d’y installer une 

résidence et ambitionnait de faire de Posen une ville allemande. Cette politique de 

germanisation d’ampleur fut également pratiquée en Poméranie. Enrôlés très tôt dans 

l’armée allemande, de nombreux Polonais durent ainsi combattre les Alliés de leur 

gouvernement en exil. 

L’Alsace – Lorraine, au cœur de la seconde partie de ce colloque, suscite toujours 

des études nouvelles. La germanisation et la nazification passèrent par l’éducation des 

masses. Cela supposa d’abord la fabrication d’un savoir, et des instituts pseudoscientifiques, 

encouragés par Bürckel, virent le jour à Metz. Leur travaux en sciences 

humaines et ethnologie visèrent à prouver l’appartenance des Mosellans à la communauté 

ethnique allemande. L’enseignement primaire fut l’objet de soins particuliers, une partie du 

corps enseignant épurée, une autre « recyclée ». Des instituteurs allemands vinrent 

également se substituer aux Mosellans. Malgré le contrôle sur l’enseignement primaire, la 

mise au pas ne fut cependant pas totale. Des formes de résistances apparurent déjà dès 

1940. Le témoignage de Léon Tinelli met en valeur que l’opposition ouvrière au fascisme 

n’a pas attendu 1940 pour se manifester, même si le PCF ne rentre qu’en juin 1941 dans la 

résistance. Cela ressort de l’itinéraire d’un Jean Burger, fondateur du réseau Mario. Dès 

lors, les bassins ouvriers furent des lieux de résistance importants en Moselle. La résistance 

ouvrière fut loin d’être la seule en Moselle, elle méritait simplement que des travaux lui 

soient consacrés pour qu’elle prenne sa place dans cette histoire du refus du nazisme. A 

côté d’elle, il convient également de relever l’action de ces passeurs anonymes, mis en 

valeur par de récentes études. La répression a ses hauts lieux en Moselle, Queuleu ; mais 

également près de Sarrebruck, le camp de la Neue Brem a accueilli de nombreux 

mosellans : réfractaires, résistants. Ces baraquements de sinistre mémoire furent tenus par 

la Gestapo et ouvrirent aux internés un quotidien de la terreur. 

La situation vécue par l’Alsace et la Moselle n’est cependant pas homogène, et les 

problèmes de mémoire marquent la différence parfois des situations comme le montre 

l’intervention de G. Javerliat sur la mémoire d’Oradour sur Glane. « La cicatrice n’est pas 

refermée ». Le rapprochement entre victimes limousines et incorporés de force est loin 

d’être réalisé. Souhaitons au Mémorial d’y contribuer !

TABLE DES MATIERES 

Annexion,nazification et mémoire de la Seconde Guerre mondiale. Introduction, par 

François Cochet……………………………………………………………………….. 5 

- Eupen-Malmedy (les « Cantons de l’Est » belges) : la question de la nationalité ; 

les conséquences, par Jacques Wynants………………………………………….... 9 

- Subversion nazie et action secrète. L’encadrement nazi et allemand des cantons 

de l’est de la Belgique. Épisodes, aperçus, constat, par Bruno Kartheuser……….. 27 

- Le Luxembourg sous l’occupation allemande 1940-1945 : collaboration et 

résistance, par Paul Dostert………………………………………………………... 47 

- Les extrême-droites luxembourgeoises dans l'entre-deux-guerres et les années 40, 

par Lucien Blau……………………………………………………………………. 55 

- L’occupation nazie dans le Wartheland, par Tomasz Schramm…………………... 71 

- Die Kaschuben in der deutschen Armee in den Jahren 1942-1945, par Leszek 

Ja�d�ewski…………………………………………………………………………. 81 

- Qui est frère et qui est ennemi ? Les Polonais dans la Wehrmacht sur le territoire 

français, par Ma�gorzata Gmurczyk-Wro�ska…………………………………….. 101 

- Deutsche Besatzungsherrschaft in Polen 1939-1945. Annexionspolitik – 

Bevölkerungstransfer – Terror – Vernichtung, par Bernd Martin………………… 109 

- Das Posener Schloß - von der „Kaiser-„ zur „Führerresidenz“, par Heinrich 

Schwendemann…………………………………………………………………… 119 

- La Slovénie entre fascisme, nazisme et communisme, par Antonia Bernard……... 133 

- „Haftraumschwierigkeiten“ –Die Ausdifferenzierung des national-sozialistischen 

Verfolgungssystems während des Zweiten Weltkrieges, par Elisabeth Thalhofer... 143 

- Sciences et politique en Moselle annexée de 1940 à 1944, par Wolfgang Freund... 155 

- « La Résistance ouvrière en Alsace », Témoignage de Léon Tinelli……………… 163 

- Antifascisme et résistance ouvrière organisés autour de la CGT et du Parti 

communiste en Moselle annexée (1940-1945) : entre histoire et mémoire, par 

Pierre Schill………………………………………………………………………... 173 

- Les instituteurs en Moselle et au Luxembourg de 1940 à 1944, par Fabrice Weiss 189 

- L’affaire d’Oradour de 1953 et la construction mémorielle des « malgré-nous », par 

Guillaume Javerliat………………………………………………………………... 211 

- Conclusion…………………………………………………………………………. 219 

- Table des matières………………………………………………………………… 221 

221

Annexion et nazi¾cation en Europe - Le Mémorial de l'Alsace-Moselle

Create successful ePaper yourself

Delete template?

Save as template?