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CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

<strong>Conseil</strong> <strong>Général</strong> de la Martinique<br />

DIAGNOSTIC SYNTHETIQUE DU TERRITOIRE MARTINIQUAIS<br />

DANS UNE PERSPECTIVE DE DEVELOPPEMENT<br />

DURABLE ET SOLIDAIRE<br />

Document final<br />

Décembre 2006<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 1 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

INTRODUCTION<br />

DECLARATION POUR UN AGENDA 21 POUR LA MARTINIQUE<br />

« …<strong>Le</strong> développement durab<strong>le</strong> est plus que jamais une priorité mondia<strong>le</strong> et la prise de<br />

conscience est généra<strong>le</strong>. Il est donc urgent de transformer la prise de conscience en action. <strong>Le</strong><br />

développement durab<strong>le</strong> se concrétise par un Agenda 21 local, qui est un instrument privilégié pour<br />

définir <strong>le</strong>s axes d’un développement durab<strong>le</strong> et solidaire et un outil de mise en cohérence, ciment<br />

de tous <strong>le</strong>s outils contractuels et de planification existants.<br />

L’Agenda 21 Martinique est l’opportunité de renforcer la cohérence de nos politiques en<br />

coordonnant l’ensemb<strong>le</strong> des actions menées sur notre territoire dans une logique de transversalité.<br />

L’Agenda 21 Martinique doit permettre de sensibiliser et de rassemb<strong>le</strong>r toutes <strong>le</strong>s parties<br />

prenantes du développement local grâce à un processus de concertation approfondi. Il répond en<br />

cela à une demande socia<strong>le</strong> et citoyenne croissante. L’Agenda 21 Martinique doit éga<strong>le</strong>ment<br />

permettre de valoriser notre territoire en mobilisant <strong>le</strong> maximum de ses acteurs <strong>au</strong>tour d’un projet<br />

ambitieux et porteur d’innovation sur <strong>le</strong> long terme.<br />

<strong>Le</strong> <strong>Conseil</strong> général a voulu rendre effectif <strong>le</strong> principe de participation qui est fondamental dans<br />

la démarche du développement durab<strong>le</strong>. Il associe ainsi <strong>le</strong>s acteurs du territoire et <strong>le</strong>s habitants<br />

dès la phase de conception du projet, de manière à trouver des solutions adaptées <strong>au</strong>x demandes<br />

exprimées loca<strong>le</strong>ment. <strong>Le</strong> <strong>Conseil</strong> partenarial regroupant <strong>le</strong>s col<strong>le</strong>ctivités, <strong>le</strong>s services de l'Etat, <strong>le</strong>s<br />

acteurs économiques, <strong>le</strong>s associations, <strong>le</strong>s responsab<strong>le</strong>s d’ateliers et la société civi<strong>le</strong> est mis en<br />

place, par la présente convention d’objectifs, pour renforcer cette volonté.<br />

L’Agenda 21 vient renforcer <strong>le</strong>s réf<strong>le</strong>xions engagées pour <strong>le</strong> développement durab<strong>le</strong> et<br />

solidaire en Martinique. Il a éga<strong>le</strong>ment l’ambition de se rapprocher de l’Agenda 21 des î<strong>le</strong>s initié en<br />

1994 par l’Unesco à la Conférence de Barbade et revu en 2002 après <strong>le</strong> Sommet mondial de<br />

Johannesburg… »<br />

La Martinique, Département Français d’Amérique et région ultrapériphérique européenne, a connu<br />

un développement rapide <strong>au</strong> cours des 30 dernières années, attesté par la plupart des indicateurs<br />

économiques et soci<strong>au</strong>x; cela malgré d’importants handicaps structurels liés à son caractère<br />

ultrapériphérique, et à des caractéristiques géographiques et climatiques porteuses de risques. Mais<br />

ces caractéristiques sont <strong>au</strong>ssi porteuses d’opportunités, notamment par une position privilégiée et<br />

stratégique <strong>au</strong> croisement des flux économiques et culturels de la Caraïbe et des Amériques.<br />

<strong>Le</strong>s importants transferts publics réalisés dans la période ne suffisent pas à expliquer ce rattrapage<br />

rapide, qui traduit éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> dynamisme économique et de l’entreprise. Cette poursuite des<br />

objectifs de croissance économique et de rattrapage du nive<strong>au</strong> de vie, avec l’accroissement<br />

correspondant de la consommation et du pouvoir d’achat des populations martiniquaises, se<br />

traduisent par des pressions croissantes sur <strong>le</strong>s ressources, espaces et milieux naturels de l’î<strong>le</strong>, et sur la<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 2 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

capacité de ces systèmes à produire <strong>le</strong>s biens et services indispensab<strong>le</strong>s à la poursuite de<br />

l’amélioration des conditions de vie dans la région.<br />

<strong>Le</strong>s évolutions des 10 dernières années, tant sur <strong>le</strong>s marchés des produits agrico<strong>le</strong>s, que sur ceux de<br />

l’énergie, ou encore l’émergence d’économies compétitives <strong>au</strong> sein de l’ensemb<strong>le</strong> caribéen, ont induit<br />

en Martinique de profonds changements, éga<strong>le</strong>ment couplés à l’émergence de tendances<br />

démographiques nouvel<strong>le</strong>s. La réf<strong>le</strong>xion en cours sur <strong>le</strong> statut des Régions Ultrapériphériques<br />

européennes, <strong>le</strong>s échéances de programmation 2007‐2013, renforcent éga<strong>le</strong>ment l’opportunité d’une<br />

réf<strong>le</strong>xion approfondie sur <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> de développement martiniquais, et <strong>le</strong>s conditions de sa viabilité<br />

dans un contexte national, commun<strong>au</strong>taire et international en mutation rapide.<br />

Comme <strong>le</strong> montre l’enquête d’opinion réalisée sur la demande du <strong>Conseil</strong> général pour l’Agenda 21<br />

de l’î<strong>le</strong>, la population martiniquaise s’interroge sur <strong>le</strong>s perspectives d’un avenir que be<strong>au</strong>coup<br />

projettent bien <strong>au</strong>‐delà de l’espace insulaire, parfois plus perçu comme un « cadre de vie », que<br />

comme un véritab<strong>le</strong> pays qui susciterait initiative et responsabilité.<br />

Comme dans <strong>le</strong>s <strong>au</strong>tres régions monodépartementa<strong>le</strong>s, la distribution harmonieuse des compétences<br />

entre l’Etat, la Région, <strong>le</strong> Département, <strong>le</strong>s communes, et <strong>au</strong>jourd’hui <strong>le</strong>s commun<strong>au</strong>tés<br />

d’agglomération, est en toi<strong>le</strong> de fond de l’ensemb<strong>le</strong> des réf<strong>le</strong>xions sur la gouvernance. Dans ce<br />

contexte, l’Agenda 21 doit être vu comme un projet fédérateur des initiatives, d’abord tourné et porté<br />

par l’initiative de la société civi<strong>le</strong> martiniquaise et de ses représentants élus.<br />

L’élaboration de l’agenda 21 Martinique s’effectue dans un contexte éga<strong>le</strong>ment marqué par <strong>le</strong><br />

développement de diverses initiatives de planification et de développement territorial, non<br />

seu<strong>le</strong>ment <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> de certaines communes (Sainte Anne, <strong>le</strong> Marin, Lamentin), mais <strong>au</strong>ssi des<br />

commun<strong>au</strong>tés de communes (3 territoires), ainsi qu’à l’échel<strong>le</strong> régiona<strong>le</strong> à l’initiative du <strong>Conseil</strong><br />

régional de la Martinique (Schéma de Développement Economique de la Martinique), ou encore de la<br />

Préfecture (préparation du Programme opérationnel 2007‐2013).<br />

L’ensemb<strong>le</strong> de ces initiatives constitue une trame comp<strong>le</strong>xe que l’agenda 21 doit intégrer, valoriser, et<br />

contribuer à en renforcer la cohérence. <strong>Le</strong> processus Agenda 21, lancé par <strong>le</strong> <strong>Conseil</strong> <strong>Général</strong> en<br />

consensus avec la Région, a débuté il y an environ un an, et même si quelques difficultés ont pu être<br />

rencontrées, en particulier dans l’assistance et <strong>le</strong> suivi de certains ateliers, il reste que <strong>le</strong> dispositif est<br />

toujours en place, fonctionnel, et devrait se voir redynamisé à partir de 2007, abordant une nouvel<strong>le</strong><br />

étape : une démarche de communication élargie, lancement d’appels à projets, démarche <strong>Conseil</strong><br />

général exemplaire.<br />

L’existence constatée d’<strong>au</strong>tres démarches porteuses d’une vision de développement durab<strong>le</strong> (et/ou<br />

prospective) à l’échel<strong>le</strong> de la Martinique doit être considérée comme une opportunité. Cette situation<br />

témoigne en effet dans <strong>le</strong>s faits de la convergence des initiatives pour la mise en œuvre d’un Agenda<br />

21 impliquant de fait l’ensemb<strong>le</strong> des acteurs à l’échel<strong>le</strong> du territoire. La conception et la mise en place<br />

d’un dispositif effectif et unifié de suivi‐capitalisation de ces différentes actions, dont certaines sont<br />

déjà en cours d’exécution, seraient opportune en vue de démontrer la réalité des efforts déjà engagés<br />

dans ce sens par <strong>le</strong>s différents acteurs institutionnels, mais <strong>au</strong>ssi associatifs, et dans certains cas du<br />

secteur privé.<br />

L’AGENDA 21 DE LA MARTINIQUE, EN COURS DE FORMULATION, S’ETABLIT DONC DEJA COMME UN<br />

CADRE DE CONVERGENCE COMMUN ET PARTAGE DE MISE EN APPLICATION DE LA STRATEGIE<br />

NATIONALE DE DEVELOPPEMENT DURABLE NATIONALE A L’ECHELLE DU TERRITOIRE INSULAIRE.<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 3 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

La mission a recueilli diverses interrogations concernant l’appropriation du processus par <strong>le</strong>s<br />

différentes catégories d’acteurs et la population martiniquaise. Indépendamment du plan de<br />

communication, dont la mise en œuvre, à l’initiative du <strong>Conseil</strong> général, débutera en 2007, la nécessité<br />

d’une maturation de l’approche du débat public, et de la définition de messages clairs constitue un<br />

préalab<strong>le</strong> dans l’étape actuel<strong>le</strong> à un élargissement de la concertation qui sera poursuivi sur 2007.<br />

Cette structuration progressive de la démarche Agenda 21 initia<strong>le</strong> en une « approche programme »<br />

phasée constitue une évolution naturel<strong>le</strong> et positive du processus, qui peut être, d’ores et déjà,<br />

considéré dans sa dimension pluri‐annuel<strong>le</strong>.<br />

Ce document de travail s’articu<strong>le</strong> sur 5 thèmes transvers<strong>au</strong>x, identifiés dans une phase initia<strong>le</strong> comme<br />

clés pour <strong>le</strong> développement durab<strong>le</strong> en Martinique :<br />

• LIEN SOCIAL ET IDENTITE CULTURELLE<br />

• COHERENCE TERRITORIALE ET EQUILIBRES ENVIRONNEMENTAUX<br />

• MODERNITE ECONOMIQUE<br />

• CAPACITE D’ADAPTATION AUX CHANGEMENTS<br />

• RELATIONS INTERNATIONALES ET COOPERATION REGIONALE<br />

Ce diagnostic externe est accompagné de 15 fiches thématiques présentées en annexe 1, ainsi que d’un<br />

document de perspectives intitulé pistes pour l’action en annexe 2.<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 4 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

Sommaire<br />

INTRODUCTION ____________________________________________________ 2<br />

Sommaire _________________________________________________________ 5<br />

Lien social et identité culturel<strong>le</strong> _______________________________________ 8<br />

1. Patrimoine humain et social __________________________________________ 8<br />

1.1. Une population jeune mais vieillissante : un cas unique dans <strong>le</strong>s DOM_____________ 9<br />

1.2. Un t<strong>au</strong>x de monoparentalité é<strong>le</strong>vé et préoccupant ____________________________ 10<br />

2. Monde du travail : un accès à l’emploi inéquitab<strong>le</strong>_______________________ 11<br />

2.1. Un t<strong>au</strong>x de chômage é<strong>le</strong>vé et persistant doub<strong>le</strong> de celui de la France hexagona<strong>le</strong>… _ 11<br />

2.2. …Qui touche particulièrement <strong>le</strong>s jeunes, <strong>le</strong>s femmes et <strong>le</strong>s moins qualifiés…______ 11<br />

2.3. … Malgré une reprise récente, la croissance des emplois est encore insuffisante, alors<br />

que <strong>le</strong> t<strong>au</strong>x d’activité est éga<strong>le</strong>ment en baisse _____________________________________ 12<br />

2.4. Alors qu’un regain d’activité encourageant est constaté dans certains secteurs _____ 12<br />

3. Précarité et exclusion ______________________________________________ 12<br />

4. Délinquance et incivilités : une situation préoccupante___________________ 12<br />

5. Un nive<strong>au</strong> d’accès <strong>au</strong>x services proche de celui de la Métropo<strong>le</strong>___________ 13<br />

5.1. Education et <strong>format</strong>ion en progrès ________________________________________ 13<br />

5.2. Un système de santé parmi <strong>le</strong>s meil<strong>le</strong>urs de l’espace régional, mais des évolutions à<br />

entreprendre pour s’adapter <strong>au</strong> contexte démographique_____________________________ 14<br />

5.3. Un accès <strong>au</strong>x soins contrasté____________________________________________ 14<br />

6. L’entreprise : reconstruction du dialogue social ________________________ 14<br />

7. Un territoire historiquement tourné vers <strong>le</strong> Sport et la culture _____________ 15<br />

7.1. Un intérêt partagé pour <strong>le</strong> sport __________________________________________ 15<br />

7.2. Patrimoine culturel et identité ____________________________________________ 15<br />

8. Lien social et identité culturel<strong>le</strong> : Synthèse et enjeux ____________________ 18<br />

Cohérence territoria<strong>le</strong> et équilibres Environnement<strong>au</strong>x __________________ 19<br />

1. Un territoire structuré mais peu coordonné ____________________________ 19<br />

1.1. Un territoire d’étendue restreinte, montagneux et dissymétrique _________________ 19<br />

1.2. Une structuration intercommuna<strong>le</strong> dynamique _______________________________ 20<br />

1.3. Désaffection et dévitalisation des vil<strong>le</strong>s centres et des bourgs rur<strong>au</strong>x, dispersion de<br />

l’habitat 20<br />

1.4. Un fort déséquilibre de la distribution des zones d’activités et des populations. _____ 21<br />

1.5. Une congestion importante et quotidienne des princip<strong>au</strong>x itinéraires routiers _______ 21<br />

1.6. Transports col<strong>le</strong>ctifs interurbains: vers une meil<strong>le</strong>ure structuration de l’offre ________ 22<br />

1.7. Des perspectives d’amélioration avec la mise en service prévue du TCSP _________ 22<br />

1.8. L’alternative maritime : des investissements en infrastructures, mais des difficultés<br />

d’organisation ______________________________________________________________ 22<br />

1.9. Habitat : des progrès notab<strong>le</strong>s, et une meil<strong>le</strong>ure coordination des initiatives publiques 23<br />

2. Un patrimoine naturel exceptionnel à préserver _________________________ 23<br />

2.1. Conditions climatiques : un climat tropical maritime contrasté ___________________ 23<br />

2.2. Interface et écosystèmes côtier : un littoral omniprésent, riche et varié ____________ 24<br />

2.3. Des <strong>format</strong>ions coralliennes remarquab<strong>le</strong>s, mais menacées et sous-valorisées _____ 25<br />

2.4. Occupation et aménagement du littoral ____________________________________ 27<br />

2.5. Biodiversité et conservation _____________________________________________ 27<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 5 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

2.6. Un dispositif comp<strong>le</strong>xe de protection / conservation___________________________ 28<br />

2.7. <strong>Le</strong>s 48 î<strong>le</strong>ts de la Martinique : un patrimoine méconnu. ________________________ 28<br />

3. Une forêt multifonctionnel<strong>le</strong> _________________________________________ 28<br />

3.1. Une forêt riche et diversifiée _____________________________________________ 28<br />

3.2. La surfréquentation des forêts littora<strong>le</strong>s menace <strong>le</strong>ur pérennité __________________ 29<br />

4. Des ressources en e<strong>au</strong> importantes et fragi<strong>le</strong>s__________________________ 30<br />

4.1. Une ressource en e<strong>au</strong> suffisante mais mal distribuée _________________________ 30<br />

4.2. Des e<strong>au</strong>x superficiel<strong>le</strong>s très sollicitées …___________________________________ 30<br />

4.3. Avec des exigences de qualité diffici<strong>le</strong>s à maintenir … ________________________ 30<br />

4.4. L’assainissement: une question prioritaire __________________________________ 31<br />

5. Une gestion des déchets correcte mais perfectib<strong>le</strong> ______________________ 31<br />

5.1. Un gisement bien identifié et une filière structurée pour <strong>le</strong>s déchets ménagers… ____ 31<br />

5.2. Autres déchets : des filières de valorisation émergentes _______________________ 32<br />

5.3. … Mais des solutions restent à rechercher _________________________________ 33<br />

6. Patrimoines archéologique et bâti ____________________________________ 33<br />

6.1. Sites archéologiques et monuments classés ________________________________ 33<br />

6.2. Un habitat dispersé peu différencié de la vil<strong>le</strong> à la campagne ___________________ 33<br />

7. Cohérence territoria<strong>le</strong> et équilibres environnement<strong>au</strong>x : Synthèse et enjeux _ 34<br />

Modernité économique _____________________________________________ 35<br />

1. Vers une économie de services ______________________________________ 35<br />

1.1. Un « émiettement » du tissu économique et de l’entreprise_____________________ 35<br />

1.2. Une forte croissance du secteur des services _______________________________ 36<br />

2. Tourisme : une valorisation inéga<strong>le</strong> des potentiels … ____________________ 36<br />

2.1. Dans un contexte de décroissance des performances du secteur …______________ 37<br />

2.2. … notamment due à une faib<strong>le</strong> différenciation du produit ______________________ 37<br />

3. Valorisation des ressources halieutiques : une filière <strong>au</strong>jourd’hui inadaptée _ 38<br />

3.1. Une activité traditionnel<strong>le</strong>, des embarcations adaptées à la pêche artisana<strong>le</strong> côtière _ 38<br />

3.2. De la surexploitation des stocks démers<strong>au</strong>x <strong>au</strong> transfert de la pression de pêche sur <strong>le</strong>s<br />

ressources pélagiques________________________________________________________ 39<br />

3.3. Des déficits d’in<strong>format</strong>ion pour une gestion raisonnée et anticipative des stocks ____ 39<br />

3.4. Une production insuffisante pour couvrir la demande__________________________ 40<br />

3.5. Ega<strong>le</strong>ment handicapée par <strong>le</strong> manque d’infrastructures et d’équipements _________ 40<br />

3.6. Une filière aquaco<strong>le</strong> récente et peu développée _____________________________ 40<br />

4. Filière bois : un potentiel à optimiser__________________________________ 40<br />

4.1. Une valorisation insuffisante du bois … ____________________________________ 40<br />

4.2. Au travers d’une filière à consolider … _____________________________________ 41<br />

5. Activités agrico<strong>le</strong>s : un secteur historique menacé ______________________ 41<br />

5.1. L’agriculture, un secteur économique en profonde mutation ____________________ 41<br />

5.2. Une volonté de diversification agrico<strong>le</strong> …___________________________________ 43<br />

5.3. … qui doit surmonter <strong>le</strong>s contraintes de pollution des sols______________________ 43<br />

6. Modernité économique : synthèse et enjeux____________________________ 45<br />

Adaptation <strong>au</strong> changement __________________________________________ 47<br />

1. Un territoire en mutation rapide ______________________________________ 47<br />

1.1. La Martinique : 20 ans de trans<strong>format</strong>ions socia<strong>le</strong>s et économiques qui ont pris plus d’un<br />

sièc<strong>le</strong> en métropo<strong>le</strong>. _________________________________________________________ 47<br />

1.2. Face <strong>au</strong>x évolutions démographiques : un vieillissement marqué de la population… _ 47<br />

1.3. Face <strong>au</strong>x évolutions socia<strong>le</strong>s : un contexte où la famil<strong>le</strong> évolue éga<strong>le</strong>ment_________ 47<br />

1.4. Face <strong>au</strong>x évolutions du tissu économique: <strong>format</strong>ion, employabilité et évolutions<br />

professionnel<strong>le</strong>s_____________________________________________________________ 48<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 6 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

1.5. Un tissu économique fragi<strong>le</strong>, essentiel<strong>le</strong>ment composé de petites entreprises souvent<br />

vulnérab<strong>le</strong>s ________________________________________________________________ 48<br />

1.6. Une faib<strong>le</strong> ouverture internationa<strong>le</strong> et une forte dépendance par rapport à la France<br />

hexagona<strong>le</strong>, à l’Europe et <strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres DFA. ________________________________________ 48<br />

2. Des risques <strong>au</strong>jourd’hui connus, à gérer et prévenir _____________________ 48<br />

2.1. Des risques naturels qui concernent l’ensemb<strong>le</strong> du territoire ____________________ 49<br />

2.2. Un risque technologique géographiquement concentré ________________________ 50<br />

2.3. Pollutions marines accidentel<strong>le</strong>s : un risque réel _____________________________ 50<br />

3. Une forte dépendance énergétique, des besoins qui s’accroissent _________ 50<br />

3.1. Une consommation en h<strong>au</strong>sse ___________________________________________ 50<br />

3.2. Energies renouvelab<strong>le</strong>s : un potentiel mal exploré qui reste à valoriser. ___________ 50<br />

3.3. Economies et maîtrise de l’énergie : une marge de progrès importante ___________ 51<br />

4. Capacité et accompagnement de l’innovation __________________________ 52<br />

4.1. L’innovation essentiel<strong>le</strong>ment portée par <strong>le</strong> secteur public ______________________ 52<br />

4.2. Des moyens financiers néanmoins en forte croissance ________________________ 52<br />

4.3. Innovation et dispositif de recherche à renforcer _____________________________ 52<br />

4.4. In<strong>format</strong>ion pour l’aide à la décision : une in<strong>format</strong>ion riche mais cloisonnée _______ 53<br />

4.5. Un accès <strong>au</strong>x rése<strong>au</strong>x numériques en cours de rattrapage _____________________ 54<br />

5. Adaptation <strong>au</strong>x changements : synthèse et enjeux ______________________ 55<br />

Insertion régiona<strong>le</strong> et coopération internationa<strong>le</strong>s_______________________ 56<br />

1. Une ouverture internationa<strong>le</strong> limitée __________________________________ 56<br />

1.1. Une situation d’appartenance multip<strong>le</strong> <strong>au</strong> sein d’un ensemb<strong>le</strong> caribéen hétérogène et<br />

fortement contrasté __________________________________________________________ 56<br />

1.2. Un ensemb<strong>le</strong> régional plus concurrentiel ___________________________________ 56<br />

1.3. <strong>Le</strong>s entités non indépendantes des Caraïbes sont peu associées <strong>au</strong>x institutions<br />

régiona<strong>le</strong>s _________________________________________________________________ 57<br />

2. Des échanges fortement déséquilibrés ________________________________ 58<br />

2.1. Des échanges fortement déséquilibrés en faveur de la France hexagona<strong>le</strong> et de l’Europe<br />

58<br />

2.2. Des performances du secteur tertiaire qui favorisent l’insertion régiona<strong>le</strong> __________ 59<br />

3. Une offre incomplète en dessertes externes ____________________________ 59<br />

3.1. Dessertes aériennes : un trafic en h<strong>au</strong>sse sur <strong>le</strong>s destinations nationa<strong>le</strong>s _________ 59<br />

3.2. Dessertes maritimes : un trafic en h<strong>au</strong>sse sur <strong>le</strong>s destinations nationa<strong>le</strong>s__________ 60<br />

4. Une coopération régiona<strong>le</strong> multiforme et diffici<strong>le</strong> à cerner ________________ 60<br />

4.1. L’absence d’une vision stratégique partagée par tous <strong>le</strong>s acteurs ________________ 60<br />

4.2. Des instruments diversifiés mais <strong>au</strong>ssi porteurs de contraintes …________________ 60<br />

4.3. … et souvent diffici<strong>le</strong>s à articu<strong>le</strong>r avec <strong>le</strong>s moyens classiques de la coopération<br />

internationa<strong>le</strong> de la France ____________________________________________________ 61<br />

4.4. Transferts de technologie et de savoir-faire : l’émergence récente des PPP <strong>au</strong> service<br />

d’une coopération régiona<strong>le</strong> à vocation économique ________________________________ 61<br />

5. Insertion régiona<strong>le</strong> et coopération internationa<strong>le</strong> : synthèse et enjeux ______ 63<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 7 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

Lien social et identité culturel<strong>le</strong><br />

L’enquête menée en 2005 <strong>au</strong>près de la population martiniquaise sur <strong>le</strong> sujet du<br />

développement durab<strong>le</strong> est éloquente concernant <strong>le</strong>s liens soci<strong>au</strong>x et la perception<br />

qu’ont <strong>le</strong>s martiniquais de <strong>le</strong>ur propre î<strong>le</strong> et de <strong>le</strong>ur avenir.<br />

Ainsi, un « profond malaise » et une absence de perspective marquent<br />

profondément <strong>le</strong>s avis recueillis, tant <strong>au</strong> regard des difficultés économiques,<br />

socia<strong>le</strong>s, d’emplois, que de va<strong>le</strong>urs sociéta<strong>le</strong>s et commun<strong>au</strong>taires qui<br />

« s’effritent ».<br />

Ce délitement du lien social, peu perceptib<strong>le</strong> pour un observateur extérieur, se<br />

traduit par exemp<strong>le</strong> <strong>au</strong> travers d’un repli « consumériste ». Ainsi, <strong>le</strong>s priorités<br />

données à l’acquisition d’un 4x4, à une maison individuel<strong>le</strong> climatisée à la<br />

campagne, sont <strong>au</strong>tant d’indices d’une évolution rapide des va<strong>le</strong>urs de la société<br />

créo<strong>le</strong>.<br />

Pourtant, cette société riche d’une histoire et d’une culture qui marquent encore<br />

<strong>au</strong>jourd’hui <strong>le</strong>s habitudes de la vie quotidienne, doit pouvoir continuer à évoluer<br />

(sur <strong>le</strong>s thématiques de l’emploi, de l’égalité des chances, du dialogue social…)<br />

tout en préservant ses piliers fondateurs (culture créo<strong>le</strong>, liens famili<strong>au</strong>x, accès <strong>au</strong>x<br />

services…).<br />

1. Patrimoine humain et social<br />

La population de la Martinique est estimée à 400.000 habitants <strong>au</strong> 1 er janvier 2006. En dix ans,<br />

el<strong>le</strong> a <strong>au</strong>gmenté de 42.000 personnes, ce qui est considérab<strong>le</strong>. Cela s’explique par l’accroissement<br />

naturel important en raison d’un t<strong>au</strong>x de natalité encore é<strong>le</strong>vé (17,8‰), et d’un t<strong>au</strong>x faib<strong>le</strong> de mortalité<br />

(6,5‰). La population active était estimée à 159 998 personnes en 2005. Cette population compte<br />

seu<strong>le</strong>ment 1% de résidents étrangers (essentiel<strong>le</strong>ment haïtiens – qui sont ici 10 fois moins nombreux<br />

qu’en Guadeloupe – et Saint Luciens).<br />

<strong>Le</strong>s projections à horizon 2030 anticipent ce fort vieillissement, et prévoient un arrêt de la<br />

croissance démographique. Selon <strong>le</strong>s scénarios, la Martinique pourrait alors compter entre<br />

411.000 (scénario central) et 455.000 (variante h<strong>au</strong>te). Cette croissance, bien que plus modérée,<br />

s’accompagnera de nombreux enjeux déjà identifiés dans <strong>le</strong> SAR de 1996: besoins en logements,<br />

nouvel<strong>le</strong>s infrastructures et services afin de répondre à une densité de plus en plus forte ; pressions<br />

accrues sur l’environnement, <strong>le</strong> foncier, la ressource en e<strong>au</strong> ; accentuation des déséquilibres spati<strong>au</strong>x<br />

<strong>au</strong> détriment du Nord Martinique…<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 8 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

1.1. Une population jeune mais vieillissante : un cas unique dans <strong>le</strong>s DOM1<br />

La Martinique enregistre une diminution de la la croissance démographique depuis plusieurs<br />

années (moins de 0,5%). <strong>Le</strong> t<strong>au</strong>x de natalité est éga<strong>le</strong>ment en baisse (13,5%), et en voie de rejoindre<br />

celui de la métropo<strong>le</strong>. 17,4% de la population a plus de 60 ans. En 2030, la Martinique pourrait être<br />

<strong>le</strong> second département plus vieux de France. Cette population reste toutefois assez jeune avec 30%<br />

des habitants âgés de moins de 20 ans.<br />

Données<br />

INSEE<br />

Estimation de<br />

population<br />

(Année 2002)<br />

Jeunes – de 20<br />

ans (% de la<br />

population)<br />

<strong>Le</strong>s 60 ans et +<br />

(% de la<br />

population)<br />

T<strong>au</strong>x de natalité<br />

(‰)<br />

T<strong>au</strong>x de<br />

mortalité (‰)<br />

Indice de<br />

fécondité<br />

(enfants/femme<br />

)<br />

MARTINIQUE GUADELOUPE GUYANE REUNION METROPOLE<br />

390 500 438 500 178 330 753 800 59 342 000<br />

30% 32,4% 44,7% 36,2% 25,2%<br />

16,8% 14,4% 5,8% 10% 20,6%<br />

14,9‰ 17,7‰ 30,9‰ 19,8‰ 13‰<br />

7,5‰ 6,6‰ 4,3‰ 5,4‰ 9‰<br />

2 2,2 3,9 2,5 1,9<br />

1 Départements d’Outre mer<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 9 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

La caractérisation de la population martiniquaise doit éga<strong>le</strong>ment prendre en compte d’<strong>au</strong>tres aspects :<br />

Mobilité et retours-retraites : La gestion institutionnel<strong>le</strong> des migrations des martiniquais vers la<br />

métropo<strong>le</strong> depuis <strong>le</strong>s années 60, avec <strong>le</strong>s flux <strong>le</strong>s plus importants entre 1968 et 1975, se traduit<br />

<strong>au</strong>jourd’hui par une accélération des retours-retraites, qui contribue <strong>au</strong> vieillissement de la<br />

population, et introduit des exigences nouvel<strong>le</strong>s en termes de cadre et de qualité de vie. Depuis <strong>le</strong>s<br />

15 dernières années <strong>le</strong>s migrants retour sont plus nombreux que <strong>le</strong>s départs.<br />

L’évolution démographique est sensib<strong>le</strong>ment déséquilibrée. Alors que <strong>le</strong> Sud-ouest et <strong>le</strong> centre<br />

engrangent une forte croissance de la population, <strong>le</strong> Nord voit son nombre d’habitants évoluer à la<br />

baisse (carte ci-dessous).<br />

Source : <strong>Diagnostic</strong> du territoire Espace Sud, 2003.<br />

1.2. Un t<strong>au</strong>x de monoparentalité é<strong>le</strong>vé et préoccupant<br />

<strong>Le</strong> t<strong>au</strong>x d’enfants issus de famil<strong>le</strong>s monoparenta<strong>le</strong>s est extrêmement important, puisqu’il s’établit à<br />

41,7%.<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 10 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

2. Monde du travail : un accès à l’emploi inéquitab<strong>le</strong><br />

2.1. Un t<strong>au</strong>x de chômage é<strong>le</strong>vé et persistant 2 doub<strong>le</strong> de celui de la France hexagona<strong>le</strong>…<br />

La forte accélération de la croissance connue depuis <strong>le</strong>s années 80, et des prémices de reprise <strong>au</strong><br />

début des années 90, n’ont malheureusement pas suffi à absorber la croissance du nombre des<br />

actifs, qui se traduit par un t<strong>au</strong>x de chômage é<strong>le</strong>vé et persistant, établi à 22,4% en 2004 (19,9%<br />

pour <strong>le</strong>s hommes, et 24,7% pour <strong>le</strong>s femmes). Notons que ce t<strong>au</strong>x était de 26,4% en 2000, et s’est<br />

donc réduit considérab<strong>le</strong>ment.<br />

L’enquête de 2005 souligne l’importance que <strong>le</strong> chômage occupe dans l’esprit des<br />

martiniquais. Ainsi, <strong>le</strong> chômage est la première raison sou<strong>le</strong>vée (40% des<br />

réponses !) pour expliquer <strong>le</strong>s doutes des habitants envers l’avenir de l’î<strong>le</strong>.<br />

2.2. …Qui touche particulièrement <strong>le</strong>s jeunes, <strong>le</strong>s femmes et <strong>le</strong>s moins qualifiés…<br />

Ce t<strong>au</strong>x est particulièrement é<strong>le</strong>vé pour <strong>le</strong>s jeunes (39,8 % en 2004 pour <strong>le</strong>s moins de 30 ans). Pour<br />

<strong>le</strong>s moins de 20 ans, <strong>le</strong> ratio t<strong>au</strong>x de chômage/proportion de la population est <strong>le</strong> plus é<strong>le</strong>vé des DOM.<br />

Dans <strong>le</strong>s 6 ZUS 3 de Martinique, <strong>le</strong> t<strong>au</strong>x de chômage moyen des moins de 24 ans atteignait 61%<br />

en 1999.<br />

<strong>Le</strong>s femmes représentent 59% des personnes inscrites à l’ANPE 4 , et 61% des chômeurs de<br />

longue durée.<br />

<strong>Le</strong> chômage touche surtout <strong>le</strong>s personnes non qualifiées, et la possession d’un diplôme<br />

universitaire apparaît comme un élément déterminant dans l’insertion professionnel<strong>le</strong>. Au-delà<br />

des personnes non qualifiées, la situation de l’il<strong>le</strong>ttrisme est éga<strong>le</strong>ment préoccupante, si l’on considère<br />

que 11% des élèves sortent du système éducatif sans qualification ni diplôme.<br />

2 Ces éléments doivent être pondérés en prenant en compte l’importance du travail informel estimé à 8 % des<br />

emplois, considérant éga<strong>le</strong>ment que 44% des Martiniquais ayant un emploi informel se déclarent chômeurs.<br />

3 Zone Urbaine Sensib<strong>le</strong><br />

4 Agence Nationa<strong>le</strong> pour l’Emploi<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 11 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

2.3. … Malgré une reprise récente, la croissance des emplois est encore insuffisante, alors<br />

que <strong>le</strong> t<strong>au</strong>x d’activité est éga<strong>le</strong>ment en baisse<br />

La Martinique a enregistré la plus faib<strong>le</strong> croissance des emplois des DOM dans la période<br />

décenna<strong>le</strong> 1993-2003. <strong>Le</strong> t<strong>au</strong>x d’activité est en baisse de 1% (INSEE 2004), restant plus important<br />

pour <strong>le</strong>s hommes que pour <strong>le</strong>s femmes (H=56,3%; F=48,9%). On note toutefois des signes de<br />

reprise, si l’on considère que <strong>le</strong> rythme de création des emplois s’accélère (<strong>le</strong> rythme doub<strong>le</strong> entre<br />

1999-2002 – 2,12% - par rapport à 1990-1999 – 1,08%).<br />

2.4. Alors qu’un regain d’activité encourageant est constaté dans certains secteurs<br />

<strong>Le</strong>s services <strong>au</strong>x entreprises (sécurité, nettoyage, assainissement), offrant des emplois peu<br />

qualifiés sont néanmoins en forte croissance, de même que <strong>le</strong>s emplois liés <strong>au</strong> tourisme, loisirs, <strong>au</strong><br />

sport et <strong>au</strong>x activités récréatives et culturel<strong>le</strong>s. A titre indicatif <strong>le</strong>s services <strong>au</strong>x entreprises ont motivé<br />

la création de 31,5% des 2 437 entreprises créées en 2004. <strong>Le</strong>s services représentaient en 2002<br />

70% des 110 650 emplois de la Martinique. Ce développement décou<strong>le</strong> de l’externalisation par <strong>le</strong>s<br />

entreprises des tâches qu’el<strong>le</strong>s effectuaient el<strong>le</strong>s-mêmes <strong>au</strong>paravant.<br />

3. Précarité et exclusion<br />

<strong>Le</strong>s CDD représentent à la Martinique 13% des contrats de travail. Par ail<strong>le</strong>urs, de nombreux<br />

emplois sont informels, dissimulés, et ne relèvent donc pas des garanties existantes en matière de<br />

protection socia<strong>le</strong> et de droit du travail.<br />

La situation socia<strong>le</strong> en Martinique reste très précaire: <strong>le</strong> nombre de bénéficiaires d’allocations, toutes<br />

prestations confondues représente 10% de la population en 2004 (soit trois fois plus qu’en métropo<strong>le</strong>).<br />

<strong>Le</strong>s ayant droits représentent <strong>au</strong> total 20% de la population martiniquaise (contre 6% en métropo<strong>le</strong>).<br />

Concernant <strong>le</strong> RMI, 8,3% de la population du Département en bénéficie, contre 1,7% en métropo<strong>le</strong>.<br />

L’exclusion touche principa<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s moins qualifiés, <strong>le</strong>s jeunes et <strong>le</strong>s femmes. 56% des<br />

allocataires du RMI sont des femmes. <strong>Le</strong>s allocataires du RMI sont <strong>au</strong> nombre de 32 437 en<br />

décembre 2004 (soit 3,2% de plus depuis 2003). La tendance est pratiquement constante depuis<br />

1995.<br />

Une étude réalisée en 2004 par l’ODIS 5 a permis d’évaluer la qualité du lien social dans chacune des<br />

26 régions françaises. La Martinique se retrouve placée <strong>au</strong> 23 ème rang (la Guadeloupe 26 ème , la<br />

Guyane 16 ème ), en raison de nombreux conflits soci<strong>au</strong>x, d’un t<strong>au</strong>x de chômage é<strong>le</strong>vé, une très faib<strong>le</strong><br />

participation <strong>au</strong>x é<strong>le</strong>ctions, etc.<br />

4. Délinquance et incivilités : une situation préoccupante<br />

<strong>Le</strong>s faits <strong>le</strong>s plus marquants de la délinquance à la Martinique concernent essentiel<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s vols<br />

avec vio<strong>le</strong>nce et avec armes (+ de 5% en 2004). Dans plus de 5% des véhicu<strong>le</strong>s contrôlés à la<br />

Martinique, des armes sont trouvées.<br />

5 ODIS (Observatoire du dialogue social) : L’état social de la France, Rapport 2004.<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 12 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

<strong>Le</strong> nombre de mineurs impliqués dans <strong>le</strong>s faits délictueux est alarmant (environ 22%), alors que<br />

parallè<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> nombre des personnes écrouées tend à diminuer.<br />

D’<strong>au</strong>tres modes de délinquance tendent éga<strong>le</strong>ment à croître, comme <strong>le</strong>s infractions relatives à<br />

l’usage et <strong>au</strong> trafic de stupéfiants (crack en particulier), ou encore cel<strong>le</strong>s relatives à la délinquance<br />

routière. Si on constate à partir des chiffres glob<strong>au</strong>x, une baisse relative de la délinquance en 2005,<br />

on enregistre parallè<strong>le</strong>ment une croissance des actes vio<strong>le</strong>nts.<br />

On enregistre éga<strong>le</strong>ment une nette diminution des résultats des services en matière de travail illégal.<br />

<strong>Le</strong>s performances de l’appareil judiciaire sont éga<strong>le</strong>ment insuffisantes: on juge actuel<strong>le</strong>ment 3<br />

500 affaires par an, alors qu’on en relève 8 000.<br />

<strong>Le</strong>s étrangers en situation irrégulière sont estimés à 16% du nombre total d’étrangers, par ail<strong>le</strong>urs<br />

limité, puisqu’il ne dépasse pas 1% de la population. <strong>Le</strong>s reconduites à la frontière ont fortement<br />

progressé (15% en 2002).<br />

5. Un nive<strong>au</strong> d’accès <strong>au</strong>x services proche de celui de la Métropo<strong>le</strong><br />

Des services de qualité, mais des adaptations à entreprendre dans <strong>le</strong> secteur de la santé par rapport<br />

<strong>au</strong> vieillissement de la population. Un équilibre de la distribution des services sur <strong>le</strong> territoire qui doit<br />

être amélioré.<br />

5.1. Education et <strong>format</strong>ion en progrès<br />

Grâce à de nombreux partenariats, à la mobilisation des col<strong>le</strong>ctivités territoria<strong>le</strong>s, comme <strong>le</strong> <strong>Conseil</strong><br />

<strong>Général</strong>, qui a mis en place un dispositif de bourses d’enseignement supérieur, la Martinique montre<br />

<strong>au</strong>jourd’hui des performances encourageantes en matière d’éducation et de <strong>format</strong>ion dans un<br />

contexte socio-culturel où l’accès à l’enseignement a historiquement été une source de libération<br />

et d’<strong>au</strong>tonomie.<br />

Avec 349 établissements, dont 78 du second degré, la population atteint un t<strong>au</strong>x de scolarisation<br />

satisfaisant, qui ne doit pas masquer <strong>le</strong>s difficulté, notamment en matière d’échecs et de retards<br />

scolaires (en 1999, un homme sur 2 entre 23 et 25 ans n’avait <strong>au</strong>cun diplôme, 10% de la population<br />

avait <strong>le</strong> bac).<br />

71 % des élèves accèdent <strong>au</strong>jourd’hui <strong>au</strong> baccal<strong>au</strong>réat. L’Université des Antil<strong>le</strong>s et de la Guyane<br />

(UAG) accueil<strong>le</strong> sur ses différentes sites quelques 5 500 étudiants. Environ 7 000 étudiants suivent<br />

chaque année des études supérieures. <strong>Le</strong>s <strong>format</strong>ions spécialisées et professionnel<strong>le</strong>s sont<br />

éga<strong>le</strong>ment bien représentées avec différentes classes préparatoires <strong>au</strong>x grandes éco<strong>le</strong>s, et 8 lycées<br />

agrico<strong>le</strong>s.<br />

La <strong>format</strong>ion professionnel<strong>le</strong> sous ses différentes formes (apprentissage, validation des acquis<br />

de l’expérience, AFPA) draine environ 5000 personnes par an.<br />

<strong>Le</strong>s progrès en matière de <strong>format</strong>ion tout <strong>au</strong> long de la vie sont facilités par la mise en place de<br />

partenariats avec <strong>le</strong>s entreprises et la mutualisation des moyens.<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 13 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

5.2. Un système de santé parmi <strong>le</strong>s meil<strong>le</strong>urs de l’espace régional, mais des évolutions à<br />

entreprendre pour s’adapter <strong>au</strong> contexte démographique<br />

Avec 13 hôpit<strong>au</strong>x, dont <strong>le</strong> Centre Hospitalier Universitaire de Fort-de-France, et 4 cliniques privées, la<br />

Martinique jouit de conditions sanitaires et hospitalières qui comptent parmi <strong>le</strong>s meil<strong>le</strong>ures <strong>au</strong> sein<br />

de l’espace régional, même si certaines de ces infrastructures sont en cours de rénovation, et si<br />

l’adaptation <strong>au</strong>x évolutions récentes comme <strong>le</strong> vieillissement de population reste à<br />

entreprendre, l’offre de soins adaptés étant inférieure de moitié <strong>au</strong>x chiffres de la métropo<strong>le</strong>, et <strong>le</strong>s<br />

services de gériatrie étant pratiquement inexistants.<br />

<strong>Le</strong>s installations hospitalières sont d’une qualité comparab<strong>le</strong> à cel<strong>le</strong> de la métropo<strong>le</strong>, avec une<br />

capacité en hospitalisation de courte durée importante (4,6 lits/1000 habitants).<br />

5.3. Un accès <strong>au</strong>x soins contrasté<br />

L’accès <strong>au</strong>x soins est cependant contrasté du fait (i) de la distribution géographique des<br />

installations dans la zone centre; (ii) d’une densité médica<strong>le</strong> réduite par rapport à cel<strong>le</strong> de la métropo<strong>le</strong><br />

(212 médecins pour 1000 habitants contre 302 en métropo<strong>le</strong>), et des personnes âgées pour<br />

<strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s déplacements restent diffici<strong>le</strong>s.<br />

<strong>Le</strong>s pathologies rencontrées incluent <strong>le</strong>s drépanocytoses et différentes arboviroses endémiques dans<br />

la région. <strong>Le</strong> diabète connaît une préva<strong>le</strong>nce é<strong>le</strong>vée. Dans un contexte de diversification des<br />

productions agrico<strong>le</strong>s, la rémanence des organochlorés dans <strong>le</strong>s sols pourrait être à l’origine de<br />

nouvel<strong>le</strong>s pathologies, si ce problème n’est pas maîtrisé. S’y ajoutent <strong>le</strong>s toxicomanies, notamment<br />

cannabis et surtout crack, à l’origine de comportements vio<strong>le</strong>nts. La préva<strong>le</strong>nce de l’alcoolisme est<br />

éga<strong>le</strong>ment é<strong>le</strong>vée, particulièrement chez <strong>le</strong>s populations marginalisées.<br />

La qualité globa<strong>le</strong> de l’offre de soins à la Martinique détermine une opportunité reconnue de<br />

développement d’un « tourisme de santé », à l’image des stratégies adoptées par certains états<br />

du Sud du Brésil, ou même par Cuba; avec toutefois des contraintes de coûts qui devront être<br />

compensées par l’excel<strong>le</strong>nce et l’innovation.<br />

6. L’entreprise : reconstruction du dialogue social<br />

<strong>Le</strong>s conflits soci<strong>au</strong>x apparaissent en forte régression (10 à 15 par an depuis 1998 – jusqu’à 40-50<br />

<strong>au</strong> début des années 90), mais généra<strong>le</strong>ment de plus longue durée. La conception de l’emploi salarié<br />

qui prév<strong>au</strong>t semb<strong>le</strong> malgré tout liée <strong>au</strong> modè<strong>le</strong> du fonctionnariat, peu compatib<strong>le</strong> avec la recherche<br />

d’une compétitivité accrue dans un monde concurrentiel. Cette remarque est particulièrement fondée<br />

dans <strong>le</strong> secteur du tourisme.<br />

<strong>Le</strong>s démarches et la gestion entrepreneuria<strong>le</strong>s restent souvent plus tournées sur l’analyse et la<br />

gestion des contraintes que sur l’initiative et la valorisation des opportunités 6 . Retrouve-t-on à ce<br />

nive<strong>au</strong> une certaine passivité proche de cel<strong>le</strong> observée dans <strong>le</strong>s comportements individuels <br />

6 IIIème session régiona<strong>le</strong> de l’INTEFP pour améliorer <strong>le</strong> dialogue social à la Martinique<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 14 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

7. Un territoire historiquement tourné vers <strong>le</strong> Sport et la culture<br />

7.1. Un intérêt partagé pour <strong>le</strong> sport<br />

<strong>Le</strong> sport occupe une place privilégiée à la Martinique (i) en matière d’image et de renommée du<br />

fait des nombreux succès enregistrés par <strong>le</strong>s sportifs martiniquais; (ii) comme un vecteur de<br />

coopération contribuant à la cohésion et à la rest<strong>au</strong>ration du lien social. La Martinique demeure en<br />

effet un pô<strong>le</strong> d’excel<strong>le</strong>nce pour <strong>le</strong> sport de h<strong>au</strong>t nive<strong>au</strong> (1 ère région française <strong>au</strong> titre des sportifs<br />

classés 25/1 000 licenciés. El<strong>le</strong> peine toutefois à licencier ses pratiquants (14% de la population<br />

seu<strong>le</strong>ment), et surtout ses pratiquantes (26% de licences féminines).<br />

La marche est particulièrement pratiquée (plus de 10 000 personnes) favorisant ainsi <strong>le</strong> contact avec<br />

la nature <strong>au</strong> sein des espaces naturels préservés, la redécouverte des patrimoines naturels, et même<br />

des activités de réhabilitation de ces milieux(nettoyages de la Montagne Pelée).<br />

<strong>Le</strong> Tour annuel des Yo<strong>le</strong>s est une <strong>au</strong>tre manifestation mobilisant l’ensemb<strong>le</strong> de la société<br />

martiniquaise dans une même démarche de valorisation des paysages et des traditions, qui est<br />

éga<strong>le</strong>ment une opportunité de mobilisation et de visibilité des acquis techniques existants (comme <strong>le</strong><br />

SIGMA durant <strong>le</strong> Tour 2006).<br />

Enfin, par la dynamique d’aménagement des espaces – notamment naturels - qu’il stimu<strong>le</strong>, et par <strong>le</strong>s<br />

va<strong>le</strong>urs qu’il porte, <strong>le</strong> sport contribue éga<strong>le</strong>ment à accroître <strong>le</strong> potentiel touristique de l’î<strong>le</strong>.<br />

7.2. Patrimoine culturel et identité<br />

Malgré la mise en place de dispositifs législatifs et administratifs (lois de décentralisation et<br />

d’orientation pour l’outre-mer) en vue de la reconnaissance et de la valorisation de l’identité culturel<strong>le</strong>,<br />

des progrès restent à faire dans différents domaines. La reconstruction et la valorisation de<br />

l’identité culturel<strong>le</strong> créo<strong>le</strong> sous-tendent toute démarche de développement durab<strong>le</strong> à la Martinique.<br />

« La société martiniquaise témoigne de l'histoire du long métissage de divers groupes humains. Du<br />

point de vue ethnique, la population martiniquaise est composée à 87% de Noirs et de Métis. La<br />

population blanche demeure très minoritaire (9%) et se partage, d’une part, entre <strong>le</strong>s<br />

"Békés"(commun<strong>au</strong>té d'environ 2000 à 3000 personnes qui sont <strong>le</strong>s descendants des premiers colons<br />

français et qui contrô<strong>le</strong>nt une bonne partie de l'économie de l'î<strong>le</strong> : plantations de bananes, distribution,<br />

agro-alimentaire) et, d’<strong>au</strong>tre part, <strong>le</strong>s Métropolitains résidant en Martinique pour la durée d’un contrat.<br />

La population comprend éga<strong>le</strong>ment des populations d’origine indienne, chinoise et du proche-orient<br />

(<strong>le</strong>s Syriens). Il existe enfin une commun<strong>au</strong>té martiniquaise d'environ 180 000 personnes en France<br />

hexagona<strong>le</strong>. La culture Martiniquaise est un mélange de culture française, africaine et indienne. Si la<br />

langue officiel<strong>le</strong> est <strong>le</strong> français, la langue la plus utilisée est <strong>le</strong> créo<strong>le</strong>, qui a été reconnue comme<br />

langue régiona<strong>le</strong>. La littérature martiniquaise est particulièrement riche et la richesse du monde créo<strong>le</strong><br />

s'exprime éga<strong>le</strong>ment <strong>au</strong> travers de la musique, la danse, l'architecture, <strong>le</strong>s coutumes et <strong>le</strong>s fêtes<br />

traditionnel<strong>le</strong>s, etc. Il existe certaines tensions entre <strong>le</strong>s différentes commun<strong>au</strong>tés, des problèmes de<br />

s<strong>au</strong>vegarde et de valorisation des identités, notamment linguistiques (<strong>le</strong> créo<strong>le</strong>). »<br />

Une identité culturel<strong>le</strong> d’abord caribéenne<br />

Cette quête d’identité est encore renforcée par la forte dépendance de la Martinique à la<br />

métropo<strong>le</strong>, et son faib<strong>le</strong> nive<strong>au</strong> d’insertion <strong>au</strong> sein de l’arc caribéen, alors que l’identité culturel<strong>le</strong><br />

martiniquaise est certainement d’abord caribéenne.<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 15 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

La Martinique : « Pays comp<strong>le</strong>xe comp<strong>le</strong>xé » 7<br />

Lors du IIIème colloque de l’INTEFP (2001) sur <strong>le</strong> dialogue social, deux contraintes majeures étaient<br />

recueillies « un passé qui ne passe pas », « une recherche d’identité qui pose problème »<br />

« Si <strong>le</strong> citoyen martiniquais est un citoyen à part entière de la col<strong>le</strong>ctivité nationa<strong>le</strong> à laquel<strong>le</strong> il<br />

appartient, il se sent souvent entièrement à part <strong>au</strong> sein de cel<strong>le</strong>-ci, non acteur, individu passif, voire<br />

comp<strong>le</strong>xé »<br />

Cette posture particulière contribue certainement à expliquer la difficulté de l’action col<strong>le</strong>ctive à la<br />

Martinique; particulièrement concernant la promotion d’attitudes privilégiant l’intérêt public, et <strong>le</strong> bienêtre<br />

col<strong>le</strong>ctif, <strong>au</strong> détriment des bénéfices individuels (comportements éco citoyens). <strong>Le</strong>s rapports entre<br />

l’individu et la société restent souvent conflictuels, dans un contexte où la recherche d’identité se<br />

traduit par un individualisme persistant et exacerbé.<br />

La nature conflictuel<strong>le</strong> des relations socia<strong>le</strong>s s’exprime bien sûr dans <strong>le</strong> contexte de l’entreprise (qui<br />

participe des représentations socia<strong>le</strong>s), où <strong>le</strong>s conflits sont fréquents, avec en toi<strong>le</strong> de fond la<br />

rémanence et <strong>le</strong> rejet de l’image du travail servi<strong>le</strong>, mais <strong>au</strong>ssi une démarche de revendication, qui<br />

fonde une action col<strong>le</strong>ctive syndica<strong>le</strong> dynamique.<br />

Subjectivité, passions, rése<strong>au</strong>x<br />

L’effectif relativement restreint de la population martiniquaise détermine l’existence, dans un espace<br />

insulaire éga<strong>le</strong>ment exigu, de liens inévitab<strong>le</strong>s, parfois anciens et non exempts de contentieux, entre<br />

<strong>le</strong>s famil<strong>le</strong>s. L’individu est donc partie prenante de dynamiques de rése<strong>au</strong>x qu’il subit ou qui <strong>le</strong><br />

portent selon <strong>le</strong>s cas. Dans <strong>le</strong> même temps, <strong>le</strong>s formes ancestra<strong>le</strong>s ou traditionnel<strong>le</strong>s d’organisation<br />

socia<strong>le</strong>, peut-être plus porteuses de solidarité et de réciprocité, s’estompent avec l’expansion rapide<br />

d’un modernisme parfois tr<strong>au</strong>matique.<br />

La nécessité de régu<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s discours dans ce microcosme social conduit souvent <strong>au</strong> doub<strong>le</strong> langage,<br />

et à l’inst<strong>au</strong>ration d’une certaine méfiance dans <strong>le</strong>s rapports et relations socia<strong>le</strong>s faisant éga<strong>le</strong>ment<br />

obstac<strong>le</strong> <strong>au</strong> développement de partenariats transparents et évolutifs.<br />

On doit toutefois remarquer la reconstruction et la forte émergence de nouvel<strong>le</strong>s formes<br />

d’organisation solidaire, notamment <strong>au</strong> travers d’un mouvement associatif dynamique et vivant<br />

qui, dans bien des cas, supplée <strong>au</strong>x déficiences des services publics, notamment dans <strong>le</strong><br />

domaine de l’action sanitaire et socia<strong>le</strong>, et de l’accueil des personnes en situation de détresse.<br />

Une société fortement cloisonnée<br />

La société martiniquaise s’est constituée à partir du métissage d’apports multip<strong>le</strong>s, descendants des<br />

esclaves noirs d’Afrique, colons d’origine européenne, migrants venus d’Asie et du sous continent<br />

indien. Malgré l’émergence et la consolidation d’une identité créo<strong>le</strong> (mondialisation précoce ) et<br />

multiculturel<strong>le</strong>, des clivages persistent <strong>au</strong> sein de cette société, alimentés notamment par des<br />

inégalités économiques et foncières héritées et incontestab<strong>le</strong>s.<br />

La Martinique: entre pays et paysage<br />

Plus de 45% des martiniquais entre 25 et 50 ans ont passé plus de 10 ans hors de l’î<strong>le</strong>, qui reste<br />

souvent plus appréciée comme « un cadre de vie agréab<strong>le</strong> » 8 , que comme un véritab<strong>le</strong> pays, dans la<br />

construction et <strong>le</strong> développement duquel chacun se sentirait partie prenante et responsab<strong>le</strong>. Ici <strong>au</strong>tant<br />

qu’ail<strong>le</strong>urs, l’identité culturel<strong>le</strong> et <strong>le</strong> territoire sont intimement liés, alors que cette identité est en<br />

perpétuel<strong>le</strong> (re)construction.<br />

7 Aimé Césaire<br />

8 Enquête d’opinion menée par <strong>le</strong> <strong>Conseil</strong> général de la Martinique dans <strong>le</strong> cadre de l’Agenda 21<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 16 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

L’accès à la culture soumis à de nombreuses contraintes<br />

L’accès à la culture reste éga<strong>le</strong>ment diffici<strong>le</strong>. Il n’existe que 3 médiathèques et <strong>au</strong>cun plan <strong>le</strong>cture n’est<br />

opérationnel. <strong>Le</strong>s sal<strong>le</strong>s de spectac<strong>le</strong>, notamment de musique, sont rares et localisées, situation qui,<br />

compte tenu des difficultés connues par <strong>le</strong>s transports col<strong>le</strong>ctifs n’incite pas à une large diffusion des<br />

créateurs et artistes.<br />

Identité culturel<strong>le</strong> et enseignement : vers des humanités créo<strong>le</strong>s <br />

L’enseignement reste mal adapté à la diffusion et à la reproduction de la culture créo<strong>le</strong>, qui doit<br />

contribuer à la construction identitaire de plus en plus importante dans un contexte marqué par des<br />

mutations rapides.<br />

On constate en effet que <strong>le</strong>s programmes et supports pédagogiques réfèrent bien peu <strong>au</strong>x<br />

spécificités insulaires et loca<strong>le</strong>s (insularité, contexte climatique et géographique, histoire, langue et<br />

expressions culturel<strong>le</strong>s créo<strong>le</strong>s), pourtant fondamenta<strong>le</strong>ment distinctes de cel<strong>le</strong>s de France<br />

hexagona<strong>le</strong>, et qui présentent pourtant une richesse, une originalité et un intérêt considérab<strong>le</strong>s.<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 17 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

8. Lien social et identité culturel<strong>le</strong> : Synthèse et enjeux<br />

HANDICAPS - MENACES<br />

• Un « malaise social » et une absence de<br />

perspective fortement ressentis par la<br />

population martiniquaise<br />

• Vieillissement de la population et<br />

monoparentalité fréquente contribuent à<br />

modifier profondément <strong>le</strong>s mécanismes de<br />

solidarité intergénérationnel<strong>le</strong> liés à la<br />

cohésion familia<strong>le</strong><br />

• Malgré des améliorations notab<strong>le</strong>s, <strong>le</strong> t<strong>au</strong>x de<br />

chômage reste doub<strong>le</strong> de celui de la<br />

métropo<strong>le</strong>. <strong>Le</strong>s moins qualifiés, <strong>le</strong>s femmes et<br />

<strong>le</strong>s jeunes sont <strong>le</strong>s plus touchés. Ils <strong>le</strong> sont<br />

<strong>au</strong>ssi parmi <strong>le</strong>s personnes en difficultés<br />

(bénéficiaires des minima soci<strong>au</strong>x…)<br />

• Un sentiment d’insécurité lié à la croissance<br />

de la délinquance et de la vio<strong>le</strong>nce et des<br />

infractions relatives <strong>au</strong> trafic et à l’usage de<br />

stupéfiants.<br />

ATOUTS - OPPORTUNITES<br />

• Une culture très riche, profondément<br />

enracinée, qui structure la société et est un<br />

gage de l’attachement des martiniquais à <strong>le</strong>ur<br />

î<strong>le</strong><br />

• Un nive<strong>au</strong> d’accès <strong>au</strong>x services comparab<strong>le</strong> à<br />

la France métropolitaine, tant pour <strong>le</strong>s<br />

services publics que <strong>le</strong>s services de santé ou<br />

d’éducation<br />

• Un net progrès sur l’éducation et la <strong>format</strong>ion<br />

et une lutte contre l’il<strong>le</strong>ttrisme qui commence<br />

à porter ses fruits malgré un handicap de<br />

départ important<br />

• Un système de santé parmi <strong>le</strong>s meil<strong>le</strong>urs de<br />

l’ensemb<strong>le</strong> régional<br />

• Un dialogue social historiquement diffici<strong>le</strong><br />

mais en passe de se renouer<br />

ENJEUX STRATEGIQUES<br />

Une opportunité de développement à l’échel<strong>le</strong> des Caraïbes en s’appuyant sur <strong>le</strong>s<br />

forces de la Martinique en terme de services h<strong>au</strong>t de gamme, et notamment de services<br />

de soins : vers un pô<strong>le</strong> caribéen de santé vers une télémédecine caribéenne<br />

organisée <strong>au</strong>tour du pô<strong>le</strong> martiniquais <br />

une distribution équilibrée de l’accès <strong>au</strong>x services dans <strong>le</strong>s zones <strong>le</strong>s plus enclavées<br />

du territoire, conjuguée à une adaptation et un renforcement du dispositif sanitaire<br />

privilégiant l’accompagnement de l’évolution des besoins spécifiques liés <strong>au</strong><br />

vieillissement de la population.<br />

Toute démarche de développement durab<strong>le</strong> doit à la Martinique ménager une place<br />

particulière <strong>au</strong> sport, comme vecteur de l’insertion socia<strong>le</strong>, et du développement des<br />

comportements (éco)citoyens.<br />

Réorganiser <strong>le</strong>s services soci<strong>au</strong>x, de l’insertion, de la <strong>format</strong>ion professionnel<strong>le</strong> et de<br />

l’emploi (<strong>au</strong>tour de lieux mutualisés par exemp<strong>le</strong>) pour assurer la réinsertion dans <strong>le</strong><br />

monde professionnel<strong>le</strong> de personnes en grande difficulté<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 18 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

Cohérence territoria<strong>le</strong> et équilibres<br />

Environnement<strong>au</strong>x<br />

D’une surface de 1128 km², la Martinique est caractérisée par une forte densité de<br />

population (347 habitants/km²), concentrée en majeure partie sur l’étroite frange<br />

côtière du fait des difficultés de viabilisation liées <strong>au</strong>x reliefs vigoureux et<br />

accidentés de l’intérieur de l’î<strong>le</strong>. Ce déséquilibre conditionne l’aménagement de<br />

l’î<strong>le</strong>. Face à ces enjeux, la Martinique possède un patrimoine naturel riche mais à<br />

protéger.<br />

1. Un territoire structuré mais peu coordonné<br />

1.1. Un territoire d’étendue restreinte, montagneux et dissymétrique<br />

Occupé en large proportion par des reliefs montagneux, <strong>au</strong>x versants accidentés, <strong>le</strong> territoire de la<br />

Martinique recè<strong>le</strong> éga<strong>le</strong>ment des plaines rares et localisées. Une frange littora<strong>le</strong> étroite borde un<br />

plate<strong>au</strong> continental dissymétrique.<br />

<strong>Le</strong>s reliefs volcaniques é<strong>le</strong>vés et récents du Nord (Montagne Pelée, Piton du Carbet) sont séparés de<br />

ceux plus anciens et moins é<strong>le</strong>vés du Sud par une vaste zone d’effondrement <strong>au</strong> centre de l’î<strong>le</strong>.<br />

La croissance de la population, qui atteint <strong>au</strong>jourd’hui 395 000 habitants, et <strong>le</strong> redressement<br />

économique intervenus <strong>au</strong> cours des 25 dernières années, ont conforté deux dynamiques majeures,<br />

qui affectent profondément <strong>le</strong>s milieux naturels et <strong>le</strong>s paysages actuels de la Martinique:<br />

<strong>Le</strong> mitage quasi généralisé des espaces naturels et agrico<strong>le</strong>s (30% des constructions ne<br />

disposent pas de permis)<br />

L’éta<strong>le</strong>ment urbain<br />

<strong>Le</strong> relief, comme l’exiguïté des espaces viabilisab<strong>le</strong>s, conditionnent naturel<strong>le</strong>ment l’organisation et <strong>le</strong>s<br />

coûts d’entretien é<strong>le</strong>vés d’un rése<strong>au</strong> routier, en grande partie littoral ou proche du littoral, pour <strong>le</strong>quel<br />

<strong>le</strong>s possibilités d’itinéraires de dé<strong>le</strong>stage en cas d’entretien ou d’incident naturel (inondations par<br />

exemp<strong>le</strong>) sont limitées. <strong>Le</strong>s fermetures de voies accompagnant <strong>le</strong>s trav<strong>au</strong>x accroissent encore <strong>le</strong>s<br />

difficultés d’un transit routier déjà diffici<strong>le</strong> du fait du nive<strong>au</strong> important, et en croissance, de<br />

l’équipement <strong>au</strong>tomobi<strong>le</strong> (environ 200 000 véhicu<strong>le</strong>s).<br />

Malgré un développement économique rapide, et <strong>le</strong>s profondes mutations socia<strong>le</strong>s correspondantes<br />

qui touchent l’organisation de la société martiniquaise, <strong>le</strong>s héritages coloni<strong>au</strong>x, et notamment la<br />

matrice foncière liée <strong>au</strong>x productions agrico<strong>le</strong>s historiques, continuent de marquer profondément<br />

l’organisation des paysages de l’î<strong>le</strong>.<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 19 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

1.2. Une structuration intercommuna<strong>le</strong> dynamique<br />

La Martinique compte 34 communes de surface étendue (en moyenne 33km²), toutes parties<br />

prenantes de structures intercommuna<strong>le</strong>s à fiscalité propre. Cette extension contribue <strong>au</strong> coût é<strong>le</strong>vé<br />

des services publics, dont la plupart sont <strong>au</strong>jourd’hui gérés dans un cadre intercommunal. Trois<br />

structures intercommuna<strong>le</strong>s à fiscalité propre ont été mises en place :<br />

Commun<strong>au</strong>té d'Agglomérations du Centre de la Martinique (CACEM), créée el<strong>le</strong> <strong>au</strong>ssi fin<br />

2000, el<strong>le</strong> regroupe 4 communes et 166 000 habitants.<br />

Commun<strong>au</strong>té des Communes du Nord (CCNM) : la plus ancienne (décembre 1995), el<strong>le</strong><br />

concerne 18 communes et regroupe 109 000 habitants.<br />

Commun<strong>au</strong>té de l'Espace Sud de la Martinique (CESM) : créée fin 2000, el<strong>le</strong> s'étend sur<br />

12 communes et regroupe 105 000 habitants.<br />

L’enquête de 2005 démontre la faib<strong>le</strong> connaissance des citoyens de l’existence de<br />

ces structures intercommuna<strong>le</strong>s, et a fortiori de <strong>le</strong>ur appartenance à l’une d’entre<br />

el<strong>le</strong>s. Ainsi, si près de 60% des personnes interrogées ne connaissent pas la<br />

Commun<strong>au</strong>té de communes à laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong>ur vil<strong>le</strong> est attachée<br />

A cel<strong>le</strong>s-ci s’ajoute l’initiative du Parc Naturel Régional de la Martinique, dont la charte est en cours<br />

de révision, et qui développe éga<strong>le</strong>ment une démarche de développement territorial. Il f<strong>au</strong>t noter que<br />

<strong>le</strong> PNRM, parmi ses différentes activités, est à l’origine de l’élaboration d’une charte paysagère.<br />

La mise en cohérence de ces différentes initiatives reste à améliorer, notamment dans <strong>le</strong> but de<br />

bénéficier d’économies d’échel<strong>le</strong>s, d’une meil<strong>le</strong>ure coordination, catalysant <strong>le</strong>s solidarités et<br />

<strong>le</strong>s réciprocités, ainsi que d’une mutualisation/capitalisation des expériences.<br />

La Martinique dispose d’un SAR, <strong>au</strong>quel est adossé un SMVM. Ce document de planification, qui<br />

organise <strong>le</strong> territoire en 6 zones date de 1996, et mériterait d’être revu pour mieux prendre en compte<br />

<strong>le</strong>s évolutions récentes tant en matière d’aménagement du territoire, qu’en matière de développement<br />

économique, notamment par rapport <strong>au</strong>x tendances lourdes marquant l’évolution de secteurs clés<br />

comme <strong>le</strong> tourisme ou l’agriculture.<br />

1.3. Désaffection et dévitalisation des vil<strong>le</strong>s centres et des bourgs rur<strong>au</strong>x, dispersion de<br />

l’habitat<br />

L’armature urbaine de la Martinique souffre de profonds déséquilibres induits (i) par une<br />

urbanisation diffuse, parfois sans solution de continuité avec <strong>le</strong>s agglomérations existantes, (ii) un<br />

« tropisme » caraïbes, notamment pour <strong>le</strong>s installations touristiques, <strong>au</strong> détriment de la côte<br />

atlantique; (iii) une désaffection du Nord <strong>au</strong> profit du Sud touristique, doublée d’une extension de la<br />

conurbation foyalaise vers <strong>le</strong>s espaces de Ducos et même Rivière Salée, où la concurrence pour<br />

l’espace affecte surtout <strong>le</strong>s surfaces agrico<strong>le</strong>s; (iv) un « tropisme » littoral généralisé qui conduit à une<br />

pression foncière croissante sur <strong>le</strong>s espaces naturels et agrico<strong>le</strong>s, à mesure que l’on s’approche<br />

de la côte, et alors qu’<strong>au</strong>cun point de l’î<strong>le</strong> n’est situé à plus de 12km du rivage. <strong>Le</strong>s documents<br />

d’urbanisme sont l’objet d’un respect tout relatif.<br />

<strong>Le</strong> recul enregistré de l’activité agrico<strong>le</strong> et la modernisation des exploitations conduisent à une<br />

dévitalisation des communes rura<strong>le</strong>s, avec un accès plus diffici<strong>le</strong> <strong>au</strong>x services qui, compte tenu du<br />

vieillissement prononcé de la population, peut conduire à l’émergence de territoires sensib<strong>le</strong>s.<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 20 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

1.4. Un fort déséquilibre de la distribution des zones d’activités et des populations.<br />

La conurbation foyalaise (Schoelcher, Saint Joseph, Fort de France, Lamentin) regroupe <strong>au</strong>jourd’hui<br />

plus de 50 % de la population, et 60% des emplois, sur moins de 15% du territoire de l’î<strong>le</strong>.<br />

Population par commune (source INSEE)<br />

Cette concentration des activités entraîne éga<strong>le</strong>ment une concentration des risques industriels dans la<br />

conurbation foyalaise.<br />

Inversement, <strong>le</strong>s communes du Nord de l’î<strong>le</strong> connaissent une dévitalisation rapide et<br />

accentuée, accompagnée de déficits d’attractivité liés à l’enclavement, <strong>au</strong>x équipements insuffisants,<br />

avec une activité économique centrée sur <strong>le</strong>s secteurs traditionnels (agriculture notamment) en<br />

récession rapide.<br />

1.5. Une congestion importante et quotidienne des princip<strong>au</strong>x itinéraires routiers<br />

La concentration des emplois dans cette zone, comme <strong>le</strong> mitage des espaces rur<strong>au</strong>x, et la dispersion<br />

de l’habitat hors des agglomérations, induisent de fortes nécessités en matière de transport individuel,<br />

qui se traduisent par une congestion importante et quotidienne des princip<strong>au</strong>x itinéraires<br />

routiers, entraînant des pertes de productivité importantes, pollution atmosphérique, et un inconfort<br />

quotidien et persistant des populations.<br />

<strong>Le</strong>s difficultés liées <strong>au</strong>x transports apparaissent <strong>au</strong> 3 ème rang des contraintes<br />

identifiées par <strong>le</strong>s martiniquais dans l’enquête d’opinion 2005 mise en œuvre à<br />

l’initiative du <strong>Conseil</strong> <strong>Général</strong>.<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 21 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

La moitié des actifs occupés changent <strong>au</strong>jourd’hui de commune pour se rendre sur <strong>le</strong>ur lieu de<br />

travail (51,4 % en 1999 contre 44,8 % en 1990). Plus des deux tiers des actifs martiniquais circu<strong>le</strong>nt<br />

<strong>au</strong>jourd'hui en voiture, et seu<strong>le</strong>ment 14 % se déplacent en transport en commun. 47 % des ménages<br />

ont une voiture en 1999 (en <strong>au</strong>gmentation en 9 ans de 41 %), et 17 % en ont deux (en <strong>au</strong>gmentation<br />

de 74 % sur la même période).<br />

1.6. Transports col<strong>le</strong>ctifs interurbains: vers une meil<strong>le</strong>ure structuration de l’offre<br />

Un déficit de cadre juridique et rég<strong>le</strong>mentaire caractérise <strong>le</strong>s relations entre <strong>le</strong>s différents acteurs<br />

du transport (la Loi Sapin de 1993 n’est pas appliquée à la Martinique. Jusqu’en 1982 - loi LOTI –<br />

<strong>au</strong>cune rég<strong>le</strong>mentation nationa<strong>le</strong> n’était applicab<strong>le</strong> <strong>au</strong>x transports dans <strong>le</strong>s DOM).<br />

<strong>Le</strong>s transports col<strong>le</strong>ctifs interurbains à la Martinique souffrent d’une surcapacité liée à la<br />

désaffectation du public pour un service peu régulé, et souvent aléatoire, tant dans ses horaires que<br />

dans ses destinations.<br />

<strong>Le</strong> secteur est caractérisé par la prééminence de l’entreprise individuel<strong>le</strong>, parfois informel<strong>le</strong> (en<br />

1990, 70% des transporteurs ne possédaient pas <strong>le</strong> permis de transport en commun), et la<br />

multiplication des transporteurs. L’offre de transports col<strong>le</strong>ctifs s’avère diffici<strong>le</strong>ment coordonnée<br />

avec la demande, et surtout peu fiab<strong>le</strong>. La faib<strong>le</strong> capacité d’investissement des entreprises<br />

individuel<strong>le</strong>s se traduit éga<strong>le</strong>ment par des déficits dans l’état et l’entretien des véhicu<strong>le</strong>s, notamment<br />

en matière d’émissions de GES et <strong>au</strong>tres polluants.<br />

Des démarches visant à normaliser <strong>le</strong> secteur sont entreprises, notamment par <strong>le</strong> <strong>Conseil</strong><br />

<strong>Général</strong> (incitations <strong>au</strong>x cessations d’activité des plus âgés), avec plus de 300 départs en retraite<br />

depuis 2001. <strong>Le</strong>s taxis col<strong>le</strong>ctifs sont <strong>au</strong>jourd’hui <strong>au</strong> nombre de 480 pour une capacité de transport<br />

certainement encore excédentaire, incluant <strong>le</strong>s transporteurs grandes lignes, de 5700 places. Une<br />

procédure de délégation de service public a été lancée en 2006 par <strong>le</strong> <strong>Conseil</strong> <strong>Général</strong>.<br />

Une situation similaire affecte <strong>le</strong> transport de marchandises et en particulier <strong>le</strong> transport des<br />

matéri<strong>au</strong>x et granulats extraits <strong>au</strong> Nord, avec un parc vieillissant de poids lourds gérés par des<br />

entreprises pour la plupart individuel<strong>le</strong>s. <strong>Le</strong> transport de marchandises en général, et de matéri<strong>au</strong>x en<br />

particulier par voie maritime reste par contre une alternative probab<strong>le</strong>ment viab<strong>le</strong>, si <strong>le</strong>s questions<br />

socia<strong>le</strong>s liées à la reconversion des transporteurs routiers trouvent une solution acceptab<strong>le</strong>.<br />

1.7. Des perspectives d’amélioration avec la mise en service prévue du TCSP 9<br />

Une solution à cette congestion du centre de l’î<strong>le</strong> peut résider dans la mise en place d’un TCSP de 12<br />

km de long entre <strong>le</strong> Lamentin et Fort de France, d’une capacité de 2 700 passagers /heure. Cel<strong>le</strong>-ci<br />

doit être accompagnée de la mise en place de plateformes multimoda<strong>le</strong>s de raccordement <strong>au</strong>x<br />

transports urbains, et de parkings de dissuasion <strong>au</strong>x termin<strong>au</strong>x du TCSP.<br />

1.8. L’alternative maritime : des investissements en infrastructures, mais des difficultés<br />

d’organisation<br />

La mise en place ou la rest<strong>au</strong>ration de 23 appontements par <strong>le</strong> <strong>Conseil</strong> <strong>Général</strong>, ainsi que<br />

l’aménagement et l’agrandissement du terminal maritime de Fort de France, montrent tout l’intérêt<br />

suscité par <strong>le</strong> transport maritime et intermodal, alternative <strong>au</strong> transport routier. Il s’agit toutefois d’une<br />

activité non cadrée par la LOTI, et qui souffre de l’absence d’une Autorité Organisatrice.<br />

Pour l’instant seul <strong>le</strong> trafic transrade (Trois ï<strong>le</strong>ts – Fort de France) est fonctionnel, avec une desserte<br />

évaluée à 3 000 passagers/jour. Différentes sociétés privées ont été créées (Somatour, Martinik<br />

9 Transport Col<strong>le</strong>ctif en Site Propre<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 22 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

Cruise Line, SSTM) sans études préalab<strong>le</strong>s, et sur un marché restreint où, f<strong>au</strong>te de régulation, la<br />

concurrence est forte.<br />

Malgré de nombreuses études en cours ou terminées, un développement significatif du transport<br />

maritime nécessitera une amélioration de l’intermodalité, et notamment des transports urbains de Fort<br />

de France, ainsi que la mise en place effective d’une délégation de service public et de cahiers des<br />

charges pour <strong>le</strong>s opérateurs.<br />

1.9. Habitat : des progrès notab<strong>le</strong>s, et une meil<strong>le</strong>ure coordination des initiatives publiques<br />

On note une disparition progressive de l’habitat précaire grâce <strong>au</strong>x opérations de Résorption de<br />

l’Habitat Insalubre (RHI), et <strong>au</strong>x mesures d’Aide à l’Amélioration de l’Habitat (AAH). Mais il existe<br />

encore des déficits à comb<strong>le</strong>r: de trop nombreux logements n’ont toujours pas accès à l’é<strong>le</strong>ctricité, ne<br />

possèdent pas de sal<strong>le</strong> de bain ou de WC, ou encore de raccordement <strong>au</strong> tout à l’égout.<br />

L’offre de logements soci<strong>au</strong>x reste très insuffisante par rapport à la demande : entre 500 et 800<br />

logements nouve<strong>au</strong>x sont proposés chaque année, alors qu’il en f<strong>au</strong>drait 2000. Ce déficit devient<br />

d’<strong>au</strong>tant plus important que la demande subit une forte croissance : +18% entre 2000 et 2001, alors<br />

que l’offre n’<strong>au</strong>gmentait que de 3% 10 .<br />

2. Un patrimoine naturel exceptionnel à préserver<br />

2.1. Conditions climatiques : un climat tropical maritime contrasté<br />

<strong>Le</strong> climat tropical maritime de la Martinique comprend deux saisons déterminées par <strong>le</strong> régime<br />

pluviométrique : la saison sèche (Carême de janvier à juin) et la saison pluvieuse (hivernage de juil<strong>le</strong>t<br />

à décembre). <strong>Le</strong>s températures sont agréab<strong>le</strong>s, voire ch<strong>au</strong>des, toute l’année, avec une moyenne de<br />

26°C (minima – 17,5°C, maxima 33,5°C), toutefois adoucies par des alizés généra<strong>le</strong>ment constants<br />

durant la majeure partie de l’année.<br />

La Martinique se situe sur la trajectoire des cyclones issus des côtes africaines ou du Golfe du<br />

Mexique. <strong>Le</strong> risque cyclonique est maximal dans la période d’Août à Septembre.<br />

<strong>Le</strong>s contrastes et gradients climatiques dépendent de l’orientation des sites et de l’altitude. La<br />

zone Sud est plus sèche et enso<strong>le</strong>illée, tandis que <strong>le</strong>s reliefs accidentés du Nord sont plus arrosés,<br />

avec une pluviométrie particulièrement é<strong>le</strong>vée sur <strong>le</strong>s reliefs <strong>le</strong>s plus h<strong>au</strong>ts (5m <strong>au</strong> sommet de la<br />

Montagne Pelée). La côte Est « <strong>au</strong> vent » est plus humide (environ 1m / an) que la côte Caraïbes<br />

(« sous <strong>le</strong> vent »).<br />

10 DDE Martinique.<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 23 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

2.2. Interface et écosystèmes côtier : un littoral omniprésent, riche et varié<br />

L’î<strong>le</strong> de la Martinique compte environ 350 km de côtes, soit un indice côtier de 0,31. <strong>Le</strong> plate<strong>au</strong><br />

continental est particulièrement étroit sur la côte Caraïbes (500m en moyenne), be<strong>au</strong>coup plus<br />

développé sur la côte Atlantique (environ 20km).<br />

<strong>Le</strong> régime des alizés conduit à déterminer une côte <strong>au</strong> vent à l’Est (atlantique) et la côte sous <strong>le</strong> vent<br />

(Caraïbes). <strong>Le</strong>s e<strong>au</strong>x de surface ont une température qui oscil<strong>le</strong> de 26 à 28°, avec un t<strong>au</strong>x de salinité<br />

relativement é<strong>le</strong>vé compte tenu de la l’évaporation é<strong>le</strong>vée et des apports restreints en e<strong>au</strong>x douces.<br />

Comme dans tous <strong>le</strong>s milieux coralliens, <strong>le</strong>s e<strong>au</strong>x sont généra<strong>le</strong>ment claires, avec une visibilité variant<br />

de 3 à 15 mètres. <strong>Le</strong> marnage est faib<strong>le</strong> (moins d’un mètre) pour une à 4 marées selon <strong>le</strong>s lieux et la<br />

saison. Par contre, <strong>le</strong>s courants sont assez puissants dans <strong>le</strong>s can<strong>au</strong>x de la Dominique <strong>au</strong> nord<br />

et de Ste Lucie <strong>au</strong> Sud. <strong>Le</strong> trait de côte présente une morphologie variée :<br />

Alternance de falaises rocheuses et de petites plaines alluvia<strong>le</strong>s peu profondes dans la<br />

partie Nord. Sur <strong>le</strong> versant Est, <strong>le</strong>s zones <strong>le</strong>s plus basses sont prolongées de plages minces<br />

de sab<strong>le</strong> noir, sur <strong>le</strong> versant Ouest, plus abrité, on remarque quelques cordons sab<strong>le</strong>ux plus<br />

larges.<br />

La partie Sud de la côte Atlantique est extrêmement découpée, et constituée s’une<br />

succession de baies, de caps et notamment d’î<strong>le</strong>ts émergeant d’un vaste lagon délimité par <strong>le</strong><br />

récif barrière.<br />

Plus <strong>au</strong> Sud, la côte est basse jusqu’à h<strong>au</strong>teur du Diamant, puis en remontant vers la Baie de<br />

Fort de France, on retrouve une succession d’anses et de caps montagneux.<br />

La Baie de Fort de France correspond à une zone d’effondrement entre <strong>le</strong>s reliefs<br />

volcaniques récents du Nord de l’î<strong>le</strong>, et ceux plus anciens du centre et du Sud. <strong>Le</strong> fond de<br />

baie est occupé par la principa<strong>le</strong> mangrove de l’Î<strong>le</strong> <strong>au</strong> Lamentin.<br />

<strong>Le</strong>s zones humides <strong>au</strong> sens large (y compris non littora<strong>le</strong>s) couvrent 18% de la région. La carte ciaprès<br />

décrit <strong>le</strong>s différents types d’occupation des sols.<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 24 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

On dénombre 120 plages généra<strong>le</strong>ment de petite tail<strong>le</strong>, mais bien distribuées pour un linéaire<br />

total de 50km. Cel<strong>le</strong>s-ci sont souvent peu stab<strong>le</strong>s, et soumises à des épisodes d’engraissement et de<br />

dégraissement parfois massifs et rapides, notamment sous l’effet des hou<strong>le</strong>s cycloniques. Ces<br />

plages de petite tail<strong>le</strong> sont éga<strong>le</strong>ment très sensib<strong>le</strong>s <strong>au</strong>x aménagements côtiers (installations<br />

portuaires, constructions, « durcissement » et artificialisation des h<strong>au</strong>ts de plage), et à <strong>le</strong>urs effets sur<br />

la courantologie loca<strong>le</strong>.<br />

<strong>Le</strong>s e<strong>au</strong>x de baignade sont généra<strong>le</strong>ment de qualité moyenne à bonne. On note toutefois loca<strong>le</strong>ment<br />

des e<strong>au</strong>x de m<strong>au</strong>vaise qualité (catégorie D). <strong>Le</strong>s apports sédimentaires et terrigènes sont importants<br />

en cas de pluies, liés à la déforestation, <strong>au</strong> brûlage des cannes, <strong>au</strong>x surfaces imperméab<strong>le</strong>s<br />

correspondant à l’urbanisation. La pollution organique diffuse des sols conduit loca<strong>le</strong>ment à la<br />

prolifération d’algues vertes (comme observé à Anse d’Ar<strong>le</strong>t).<br />

2.3. Des <strong>format</strong>ions coralliennes remarquab<strong>le</strong>s, mais menacées et sous-valorisées<br />

L’attractivité du littoral de la Martinique est non seu<strong>le</strong>ment dû à sa variété géomorphologique,<br />

mais <strong>au</strong>ssi à l’existence de <strong>format</strong>ions coralliennes remarquab<strong>le</strong>s qui, paradoxa<strong>le</strong>ment, sont<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 25 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

peu valorisées dans <strong>le</strong>s représentations de la Martinique portées par <strong>le</strong>s actions de<br />

communication et de publicité du territoire et du produit touristique.<br />

Ces <strong>format</strong>ions coralliennes particulièrement diversifiées (récif frangeant, barrière, et cor<strong>au</strong>x non<br />

bioconstructeurs), et <strong>le</strong>s milieux associés, herbiers, mangroves, bordent la côte martiniquaise sur<br />

plus de la moitié de son périmètre côtier, de la presqu’î<strong>le</strong> de la Caravel<strong>le</strong> vers <strong>le</strong> Sud jusqu’<strong>au</strong> Nord<br />

de la Baie de Fort de France. El<strong>le</strong>s couvrent environ 150 km². Au sein de cet ensemb<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s<br />

mangroves, qui jouent un rô<strong>le</strong> vital dans la reproduction des stocks halieutiques, semb<strong>le</strong>nt<br />

particulièrement menacées<br />

Quelques sites sont particulièrement remarquab<strong>le</strong>s comme la ZNIEFF de Sainte Luce par<br />

exemp<strong>le</strong>, éga<strong>le</strong>ment menacée par une fréquentation balnéaire importante, et du fait de son<br />

accessibilité aisée depuis la plage. <strong>Le</strong> récif barrière de la côte ouest est un élément patrimonial<br />

important de la Martinique, moins menacé du fait des difficultés d’accès. Par ail<strong>le</strong>urs, <strong>le</strong>s baies<br />

profondes qui jalonnent la côte martiniquaise abritent d’importants herbiers de phanérogames<br />

marines, <strong>format</strong>ions en forte régression à l’échel<strong>le</strong> mondia<strong>le</strong>. Si l’on ne retrouve pas ici <strong>le</strong>s mêmes<br />

richesses spécifiques que dans la zone indo-pacifique, on doit considérer que de nombreuses<br />

espèces (cor<strong>au</strong>x, poissons, éponges, etc..) sont endémiques des Antil<strong>le</strong>s, et à ce titre d’un intérêt<br />

biologique particulier.<br />

Cet ensemb<strong>le</strong> écologique d’importance vita<strong>le</strong> à la fois pour <strong>le</strong>s activités récréatives et touristiques,<br />

mais <strong>au</strong>ssi pour <strong>le</strong> secteur de la pêche, pour la protection des paysages et investissements littor<strong>au</strong>x<br />

(stabilité du trait de côte), et pour la conservation de la biodiversité, se trouve actuel<strong>le</strong>ment<br />

fortement menacé, si l’on considère que plus de 80% de ces écosystèmes se trouvent à différents<br />

stades de dégradation (IFRECOR) sur la côte Caraïbes; cette dégradation étant observée depuis <strong>le</strong>s<br />

années 80.<br />

Actuel<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong>s <strong>format</strong>ions coralliennes semb<strong>le</strong>nt pratiquement condamnées sur une large<br />

partie de la Baie de Fort de France, pourtant la plus riche, <strong>le</strong>s recouvrements en cor<strong>au</strong>x dans <strong>le</strong>s<br />

<strong>au</strong>tres secteurs étant rapidement décroissants <strong>au</strong> bénéfice des algues. <strong>Le</strong>s mangroves ont régressé<br />

de plus de 30% en 10 ans (tout particulièrement dans la Baie de Fort de France où la principa<strong>le</strong><br />

mangrove du Lamentin a vu sa superficie initia<strong>le</strong> réduite de plus de 30%). Parmi <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>s<br />

pressions sur ces écosystèmes il f<strong>au</strong>t citer :<br />

<strong>Le</strong>s épisodes cycloniques : apports massifs d’e<strong>au</strong> douce contribuant à modifier loca<strong>le</strong>ment<br />

<strong>le</strong>s caractéristiques physico-chimiques du milieu marin côtier, accroissement de la turbidité<br />

des e<strong>au</strong>x côtières par <strong>le</strong>s apports de sédiments.<br />

<strong>Le</strong>s pollutions chroniques : d’origine agrico<strong>le</strong> (fertilisants et pesticides), rejets<br />

d’hydrocarbures (des concentrations ont été re<strong>le</strong>vées dans des organismes marins <strong>au</strong> Nord et<br />

Nord-Ouest de Fort de France); <strong>le</strong>s mét<strong>au</strong>x lourds (des concentrations importantes de zinc ont<br />

été re<strong>le</strong>vées dans <strong>le</strong> fond de la Baie de Fort de France chez <strong>le</strong>s huîtres des palétuviers et <strong>le</strong>s<br />

crevettes); <strong>le</strong>s rejets agro-industriels (vinasse des distil<strong>le</strong>ries); <strong>le</strong>s e<strong>au</strong>x usées, compte tenu<br />

des performances contrastées de l’assainissement.<br />

<strong>Le</strong>s apports sédimentaires liés à l’urbanisation diffuse et <strong>au</strong>x défrichements correspondants,<br />

<strong>au</strong>x pratiques agrico<strong>le</strong>s inadéquates, ou encore dans <strong>le</strong> Nord-Est <strong>au</strong>x e<strong>au</strong>x de lavage de<br />

carriers qui sont rejetées directement en mer. L’accroissement de la turbidité des e<strong>au</strong>x liée à<br />

l’hypersédimentation procède éga<strong>le</strong>ment des déblais et remblais générés par <strong>le</strong>s trav<strong>au</strong>x<br />

d’aménagement entrepris sur <strong>le</strong> littoral (draguage, endiguage, etc..).<br />

L’action mécanique du piétinement des cor<strong>au</strong>x dans <strong>le</strong>s zones <strong>le</strong>s plus fréquentées, ou<br />

encore <strong>le</strong>s effets du mouillage des plaisanciers contribuent éga<strong>le</strong>ment à dégrader ce<br />

patrimoine.<br />

D’<strong>au</strong>tres facteurs participent de la dégradation des écosystèmes coralliens, comme <strong>le</strong>s épisodes de<br />

réch<strong>au</strong>ffement des e<strong>au</strong>x liés à l’oscillation <strong>au</strong>stra<strong>le</strong>, qui entraînent <strong>le</strong> blanchiment des cor<strong>au</strong>x,<br />

différentes pathologies d’origine bactériologique, ou encore <strong>le</strong>s fluctuations de certaines populations<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 26 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

d’espèces clé comme l’oursin diadème (Diadema antillarum), qui a connu en 1983 un épisode<br />

épidémique c<strong>au</strong>sant une mortalité particulièrement é<strong>le</strong>vée.<br />

<strong>Le</strong> suivi de l’état des récifs est à la Martinique mis en œuvre sur quelques stations témoins par<br />

l’IFRECOR qui communique ses résultats <strong>au</strong> GCRMN 11 . <strong>Le</strong> dispositif est encore limité mais devra<br />

être étendu progressivement. Des méthodes de suivi plus extensives comme Reef Check ne sont pas<br />

envisagées à la Martinique. L’IFREMER dispose d’un rése<strong>au</strong> de stations sur <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s différentes<br />

caractéristiques physico-chimiques des e<strong>au</strong>x côtières font l’objet d’un suivi régulier.<br />

2.4. Occupation et aménagement du littoral<br />

L’Agence des 50 pas a pour mandat de gérer l’occupation du pas géométrique littoral. De nombreuses<br />

installations y sont recensées, initia<strong>le</strong>ment établies hors de tout cadre légal. Actuel<strong>le</strong>ment, la<br />

politique qui prév<strong>au</strong>t consiste à régulariser <strong>le</strong>s situations de fait <strong>au</strong> travers de la vente des terrains<br />

concernés.<br />

<strong>Le</strong> développement du tourisme (« mise en tourisme » du littoral), outre <strong>le</strong>s effets loc<strong>au</strong>x dus à la<br />

densification du bâti, a éga<strong>le</strong>ment entraîné dans certains cas une fragmentation du territoire littoral en<br />

matière de nive<strong>au</strong>x d’aménagements et d’équipement. Ces discontinuités (Trois I<strong>le</strong>ts par exemp<strong>le</strong>) se<br />

traduisent par de véritab<strong>le</strong>s clivages socio-spati<strong>au</strong>x entre la zone « touristifiée », et <strong>le</strong> reste du<br />

territoire, qui nuisent à une gestion équilibrée de l’espace littoral. <strong>Le</strong> paysage est encore considéré<br />

comme une ressource « gratuite », et donc dans <strong>le</strong> cas des infrastructures touristiques notamment, ne<br />

fait pas l’objet d’une gestion spécifique.<br />

Une future « montée en gamme » des infrastructures touristiques (différenciation vertica<strong>le</strong>)<br />

risque de conduire à une démission complète en matière d’insertion paysagère des structures<br />

d’accueil, rendue possib<strong>le</strong> par la création d’environnements artificiels accueillants <strong>au</strong> sein même de<br />

ces structures (cfr <strong>le</strong> cas des installations m<strong>au</strong>riciennes ou de Saint Domingue par exemp<strong>le</strong>). <strong>Le</strong>s<br />

touristes communiquent alors peu avec la société nationa<strong>le</strong>, ce qui se traduit par un impact réduit sur<br />

l’économie loca<strong>le</strong>. Cette situation tendrait à accentuer la fragmentation du territoire déjà évoquée. Ce<br />

déficit d’insertion dans <strong>le</strong>s logiques loca<strong>le</strong>s se traduit éga<strong>le</strong>ment par des conflits d’usage avec <strong>le</strong>s<br />

premiers occupants (pêcheurs notamment), déjà observés, et qui ne facilitent pas l’intégration loca<strong>le</strong><br />

de l’activité.<br />

L’extension urbaine <strong>le</strong> long du littoral pose <strong>au</strong>jourd’hui dans de nombreux secteurs <strong>le</strong><br />

problème de son accessibilité. L’urbanisation progresse rapidement (i) dans <strong>le</strong>s fonds de baie ; (ii)<br />

sur <strong>le</strong>s pointes, voire sur <strong>le</strong>s î<strong>le</strong>ts. <strong>Le</strong>s mornes côtiers, qui offrent des panoramas attractifs sont<br />

colonisés, tandis que l’arrière littoral est l’objet d’un mitage progressif souvent lié à la déprise agrico<strong>le</strong>.<br />

<strong>Le</strong> risque d’une « privatisation » de fait des parties <strong>le</strong>s plus attractives du littoral doit être<br />

considéré.<br />

2.5. Biodiversité et conservation<br />

D’après l’enquête de 2005, la s<strong>au</strong>vegarde de l’environnement ne fait pas partie des<br />

principa<strong>le</strong>s préoccupations des martiniquais, qui voient <strong>le</strong>s thèmes de la sécurité<br />

et de l’emploi comme bien plus prioritaires<br />

Cependant, <strong>le</strong>s martiniquais apparaissent sensibilisés et portent une attention<br />

particulière quant <strong>au</strong>x menaces qui pèsent sur la biodiversité et la richesse<br />

écologique insulaire<br />

Du fait de sa situation écoclimatique, de la diversité des paysages, des conditions orographiques et<br />

d’exposition, de la variété de l’interface littora<strong>le</strong>, la Martinique abrite une riche diversité biologique.<br />

11 Global Coral Reel Monitoring Network<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 27 AGENDA 21 MARTINIQUE


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On dénombre plus de 1 950 espèces végéta<strong>le</strong>s dont 400 ligneux, l’avif<strong>au</strong>ne regroupe 190 espèces<br />

dont 45 sont nicheuses et résidentes, la zone humide est considérée d’importance internationa<strong>le</strong> pour<br />

<strong>le</strong>s migrateurs. Du fait de l’insularité, certaines de ces espèces sont endémiques et<br />

emblématiques (fer de lance ou trigonocépha<strong>le</strong>, myga<strong>le</strong> macouba, moqueur à gorge blanche, etc..).<br />

L’insularité détermine toutefois la faib<strong>le</strong> résilience des systèmes naturels, notamment par<br />

rapport <strong>au</strong>x espèces invasives.<br />

2.6. Un dispositif comp<strong>le</strong>xe de protection / conservation<br />

Dans <strong>le</strong> cadre de l’approche orientée écosystèmes adoptée en 2000 par la Convention sur la Diversité<br />

Biologique, la pérennité de ce patrimoine biologique dépend de la capacité à conserver <strong>le</strong>s<br />

écosystèmes et <strong>le</strong>s habitats naturels.<br />

<strong>Le</strong> dispositif de protection est comp<strong>le</strong>xe, incluant différents statuts : réserves naturel<strong>le</strong>s<br />

d’importance nationa<strong>le</strong> (2 réserves pour 427,5 ha), espaces protégés par arrêté de biotope (14 pour<br />

115,35 ha). <strong>Le</strong> Conservatoire du Littoral est éga<strong>le</strong>ment actif avec un total de 1 595 ha acquis (29km<br />

de linéaire côtier), 6 parcs et jardins sont classés en monuments historiques (anciennes habitations).<br />

Des inventaires sont éga<strong>le</strong>ment conduits dans <strong>le</strong>s ZNIEFF (types I et II) qui, cumulées, couvrent<br />

9 012,87 ha. <strong>Le</strong> Parc Naturel Régional de la Martinique, créé en 1976, et dont la Charte est en cours<br />

de révision, couvre 62 725 hectares.<br />

Cette comp<strong>le</strong>xité de ces différents statuts ne facilite guère une communication aisée avec <strong>le</strong>s<br />

élus et la population.<br />

2.7. <strong>Le</strong>s 48 î<strong>le</strong>ts de la Martinique : un patrimoine méconnu.<br />

<strong>Le</strong>s î<strong>le</strong>ts de la Martinique constituent des refuges essentiels pour une flore variée incluant plusieurs<br />

espèces endémiques, et une avif<strong>au</strong>ne marine bien souvent reléguée dans certains de ces sites<br />

encore peu perturbés. D’<strong>au</strong>tres sont soumis à une forte action anthropique.<br />

Malgré la prise récente de 11 arrêtés de biotope permettant la protection d’une partie des 48 î<strong>le</strong>ts de<br />

la Martinique, ceux-ci et <strong>le</strong>s écosystèmes marins et côtiers apparaissent encore sousreprésentés<br />

dans <strong>le</strong> dispositif de conservation de la Martinique, alors qu’une large part de la<br />

biodiversité et de l’attractivité du territoire reposent sur ses ressources littora<strong>le</strong>s.<br />

3. Une forêt multifonctionnel<strong>le</strong><br />

3.1. Une forêt riche et diversifiée<br />

La forêt martiniquaise couvre <strong>au</strong>jourd’hui 47 000 ha soit 43% de la surface tota<strong>le</strong> de l’î<strong>le</strong> 12 . El<strong>le</strong><br />

inclut des systèmes naturels très variés allant de la mangrove sur <strong>le</strong>s côtes (1 840 ha en particulier <strong>au</strong><br />

Lamentin), à divers types de forêts sèches ou semi-humides dans <strong>le</strong> sud, et à la forêt hygrophi<strong>le</strong> sur<br />

<strong>le</strong>s reliefs du nord.<br />

<strong>Le</strong>s forêts martiniquaises abritent 400 espèces d’arbres, soit trois fois plus qu’en métropo<strong>le</strong>.<br />

12 Mémento agrico<strong>le</strong> 2005<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 28 AGENDA 21 MARTINIQUE


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Cette forêt martiniquaise est avant tout multifonctionnel<strong>le</strong>, et assure des fonctions de protection,<br />

de préservation des captages, récréatives et de loisir, accessoirement de production.<br />

El<strong>le</strong> est pour partie publique (15 000 ha). La forêt privée (de l’ordre de 30 000 ha) est peu connue,<br />

que ce soit en surface, structure et composition. El<strong>le</strong> est issue en grande partie de reconstitutions et<br />

recolonisations de friches. Cette méconnaissance de la ressource n’<strong>au</strong>torise pas une gestion<br />

soutenab<strong>le</strong> et optimisée de la ressource.<br />

<strong>Le</strong>s dessertes d’accès <strong>au</strong>x massifs forestiers sont éga<strong>le</strong>ment multifonctionnel<strong>le</strong>s permettant, outre<br />

l’accueil du public, la desserte de zones agrico<strong>le</strong>s, et <strong>le</strong> désenclavement de petits territoires.<br />

La carte ci-après décrit <strong>le</strong>s zones forestières protégées de Martinique.<br />

3.2. La surfréquentation des forêts littora<strong>le</strong>s menace <strong>le</strong>ur pérennité<br />

La forêt martiniquaise constitue <strong>le</strong> principal espace public d’accès libre pour <strong>le</strong>s activités récréatives et<br />

de loisirs d’une population de plus en plus urbaine, mais pas toujours consciente ni intéressée par <strong>le</strong><br />

milieu forestier lui-même. La fréquentation des forêts publiques gérées par l’ONF a lieu principa<strong>le</strong>ment<br />

sous deux formes: l’accueil en périphérie des sites balnéaires, et l’accueil dans <strong>le</strong>s massifs de<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 29 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

l’intérieur. La fréquentation des forêts du littoral est souvent excessive, et mettant en c<strong>au</strong>se la<br />

pérennité même de ces milieux naturels menacés.<br />

4. Des ressources en e<strong>au</strong> importantes et fragi<strong>le</strong>s<br />

4.1. Une ressource en e<strong>au</strong> suffisante mais mal distribuée<br />

<strong>Le</strong>s cours d’e<strong>au</strong> martiniquais ont pour la plupart un régime torrentiel avec des débits é<strong>le</strong>vés et<br />

rapides en situation de crue, et des étiages très prononcés. <strong>Le</strong> bilan global ressources/besoins<br />

est cependant positif grâce à une pluviométrie importante, même si <strong>le</strong>s prélèvements des e<strong>au</strong>x<br />

superficiel<strong>le</strong>s en saison sèche prennent peu en compte <strong>le</strong>s débits minim<strong>au</strong>x biologiques, avec des<br />

risques réels pour l’équilibre des écosystèmes fluvi<strong>au</strong>x.<br />

Plus de 80% des écou<strong>le</strong>ments annuels sont concentrées sur <strong>le</strong> Nord et <strong>le</strong> Centre, sur 60% du<br />

territoire. Cette situation conduit à des déficits importants, notamment dans <strong>le</strong> Sud en saison sèche,<br />

alors que <strong>le</strong>s ressources en e<strong>au</strong> souterraine sont mal connues et donc peu exploitées.<br />

Enfin, <strong>le</strong> système local est caractérisé par un rése<strong>au</strong> de distribution peu performant, avec des pertes<br />

en rése<strong>au</strong> non négligeab<strong>le</strong>s, et vulnérab<strong>le</strong> <strong>au</strong>x risques sismiques et cycloniques; d’<strong>au</strong>tant que<br />

l’extension du rése<strong>au</strong> est importante du Nord jusqu’<strong>au</strong>x points de desserte éloignés du centre.<br />

4.2. Des e<strong>au</strong>x superficiel<strong>le</strong>s très sollicitées …<br />

<strong>Le</strong>s 600 millions de m 3 d’e<strong>au</strong>x superficiel<strong>le</strong>s sont mis à contribution pour différents usages :<br />

97% de l’alimentation en e<strong>au</strong> potab<strong>le</strong> (140 000 m3/jour) pour la consommation humaine<br />

proviennent des captages en rivière.<br />

<strong>Le</strong>s prises d’e<strong>au</strong> en rivière alimentent la totalité des e<strong>au</strong>x agrico<strong>le</strong>s d’irrigation. <strong>Le</strong>s<br />

prélèvements agrico<strong>le</strong>s sont gérés par la DDAF, mais tous ne sont pas <strong>au</strong>torisés, donc<br />

connus.<br />

<strong>Le</strong>s activités industriel<strong>le</strong>s et agroalimentaires s’alimentent à 85% par <strong>le</strong> rése<strong>au</strong> d’AEP pour<br />

des raisons de qualité.<br />

La population desservie par des unités de distribution strictement conformes est en diminution<br />

passant de 130 296 habitants en 1999 à 46 237 habitants en 2003.<br />

4.3. Avec des exigences de qualité diffici<strong>le</strong>s à maintenir …<br />

La qualité des e<strong>au</strong>x superficiel<strong>le</strong>s détermine évidemment <strong>le</strong> volume des rejets polluants en mer. Ces<br />

e<strong>au</strong>x superficiel<strong>le</strong>s sont soumises à de nombreux facteurs de dégradation:<br />

Rejets diffus de l’agriculture (é<strong>le</strong>vage, pesticides, notamment pour la culture de la banane),<br />

des habitations et des productions artisana<strong>le</strong>s<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 30 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

Rejets ponctuels des industries (notamment <strong>le</strong>s distil<strong>le</strong>ries, responsab<strong>le</strong>s de 85 % de la<br />

pollution organique, et <strong>le</strong>s carrières, à l’origine de 90% des flux de matières en suspension).<br />

Peu d’industries sont équipées de dispositifs de traitements d’effluents. Certaines<br />

renvoient <strong>le</strong>urs rejets vers une STEP (28%, source SDAGE). Dans l’ensemb<strong>le</strong> <strong>le</strong>s rejets<br />

industriels sont en diminution, s<strong>au</strong>f pour <strong>le</strong>s matières en suspension qui ont doublé entre 2001<br />

et 2002.<br />

Rejets directs d’e<strong>au</strong>x usées, traitées ou non dans <strong>le</strong>s rivières (45 % des foyers seu<strong>le</strong>ment<br />

sont raccordés à des rése<strong>au</strong>x d’assainissement col<strong>le</strong>ctifs). <strong>Le</strong>s principa<strong>le</strong>s stations<br />

d’épuration assurent un traitement insuffisant, <strong>le</strong>s 250 micro-stations existantes sont peu<br />

entretenues, tandis que la question de la gestion des boues d’épuration n’est pas résolue.<br />

85% des installations d’assainissement <strong>au</strong>tonome ne sont pas conformes, <strong>le</strong> traitement<br />

des matières de vidange n’est pas résolu.<br />

<strong>Le</strong>s analyses effectuées <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> des unités de distribution de la DSDS révè<strong>le</strong>nt généra<strong>le</strong>ment des<br />

e<strong>au</strong>x de bonne qualité. Des dépassements des limites rég<strong>le</strong>mentaires en pesticides liées à la pollution<br />

de certaines rivières (rivière Monsieur) sont parfois mises en évidence. <strong>Le</strong>s nive<strong>au</strong>x de concentration<br />

rencontrés n’ont toutefois pas justifié la mise en place de mesures de restriction de la consommation.<br />

4.4. L’assainissement: une question prioritaire<br />

La question de l’assainissement doit être considérée comme prioritaire. L’assainissement individuel<br />

devrait être abandonné dans de très nombreux cas, compte tenu de l’existence de dispositifs peu<br />

entretenus, non contrôlés, et souvent inadaptés d’un point de vue technique.<br />

<strong>Le</strong>s communes jouent un rô<strong>le</strong> prépondérant, car el<strong>le</strong>s prennent en charge <strong>le</strong>s dépenses et <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong><br />

de l’assainissement non col<strong>le</strong>ctif, et peuvent prendre en charge <strong>le</strong>s dépenses d’entretien de ces<br />

systèmes. <strong>Le</strong>s communes ont achevé <strong>le</strong>s études de zonages d’assainissement, 5% ont terminé<br />

l’enquête publique. Selon <strong>le</strong> dernier diagnostic des STEP, une importante modification du parc est<br />

prévue pour <strong>le</strong>s années à venir avec:<br />

• Un rajeunissement sensib<strong>le</strong> du parc<br />

• La suppression d’un grand nombre de micro-stations<br />

• Une <strong>au</strong>gmentation de la capacité globa<strong>le</strong> de traitement et des performances épuratoires.<br />

2 stations ont déjà été supprimées et remplacées par des installations neuves de capacité plus<br />

importantes: à Case Pilote-bourg et à St Anne Belfond.<br />

5. Une gestion des déchets correcte mais perfectib<strong>le</strong><br />

La gestion des déchets fait partie des grandes satisfactions de l’enquête de 2005<br />

<strong>au</strong>près de la population. En effet, <strong>le</strong>s notions de tri sé<strong>le</strong>ctif et d’économies<br />

d’énergies semb<strong>le</strong>nt rentrées dans <strong>le</strong>s mœurs insulaires, grâce principa<strong>le</strong>ment à<br />

une campagne de communication efficace sur ce sujet. Cette sensibilisation se<br />

retrouve dans <strong>le</strong>s pratiques des martiniquais.<br />

5.1. Un gisement bien identifié et une filière structurée pour <strong>le</strong>s déchets ménagers…<br />

La Martinique produit annuel<strong>le</strong>ment 370 000 tonnes de déchets ménagers et assimilés, soit<br />

955kg/hab./an, dont 44% d’ordures ménagères.<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 31 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

La filière de gestion est <strong>au</strong>jourd’hui structurée <strong>au</strong>tour de 4 établissements publics de coopérations<br />

intercommuna<strong>le</strong>s : la CACEM, CCNM, CESM, SMITOM. L’analyse du secteur démontre 3 points<br />

essentiels (voir <strong>au</strong>ssi la fiche « déchets ») :<br />

Une col<strong>le</strong>cte performante des ordures ménagères, encombrants et déchets verts<br />

Une col<strong>le</strong>cte sé<strong>le</strong>ctive opérationnel<strong>le</strong> pour certains emballages recyclab<strong>le</strong>s<br />

Un parc d’équipements à développer<br />

5.2. Autres déchets : des filières de valorisation émergentes<br />

<strong>Le</strong>s boues de Station d’Epuration, <strong>le</strong>s matières de vidange bénéficient de schémas<br />

département<strong>au</strong>x actés.<br />

<strong>Le</strong>s déchets industriels banals (DIB) sont col<strong>le</strong>ctés, mais faib<strong>le</strong>ment valorisés (6750 T sur<br />

un total de 94 000)<br />

<strong>Le</strong>s Déchets Toxiques en Quantité Dispersée sont col<strong>le</strong>ctés par <strong>le</strong> biais d’associations<br />

professionnel<strong>le</strong>s ou de rése<strong>au</strong>x de col<strong>le</strong>ctes (pi<strong>le</strong>s, batteries et hui<strong>le</strong>s de vidange)<br />

<strong>Le</strong>s déchets d’activité de soins à risque infectieux sont récoltés par <strong>le</strong> biais d’un plan régional.<br />

<strong>Le</strong>s Déchets agrico<strong>le</strong>s (50 000t/an): <strong>le</strong>s déchets organiques de producteurs de bananes et<br />

ananas bénéficient d’une bonne valorisation, mais <strong>le</strong>s déchets plastiques (films banane) sont<br />

insuffisamment valorisés.<br />

Aucune gestion n’est prévue pour <strong>le</strong>s emballages vides de produits phytosanitaires, et<br />

<strong>le</strong>s produits non utilisés, même si des réf<strong>le</strong>xions sont en cours.<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 32 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

<strong>Le</strong>s déchets industriels spéci<strong>au</strong>x (DIS) sont peu nombreux, et une filière est diffici<strong>le</strong> à créer<br />

(car diffici<strong>le</strong> à amortir compte tenu des volumes limités). L’amélioration de <strong>le</strong>ur élimination<br />

nécessite <strong>au</strong>jourd’hui une sensibilisation et un contrô<strong>le</strong> plus rigoureux des entreprises et<br />

artisans.<br />

5.3. … Mais des solutions restent à rechercher<br />

<strong>Le</strong>s déchets de nettoiement de voirie ne bénéficient d’<strong>au</strong>cune col<strong>le</strong>cte spécifique, ils sont<br />

mélangés <strong>au</strong>x Ordures Ménagères.<br />

<strong>Le</strong>s Déchets d’équipements E<strong>le</strong>ctroniques et E<strong>le</strong>ctroniques (DEEE) sont col<strong>le</strong>ctés avec <strong>le</strong>s<br />

encombrants ou apportés en déchèterie, mais principa<strong>le</strong>ment en CET<br />

<strong>Le</strong>s Véhicu<strong>le</strong>s Hors d’Usage (VHU) ont fait l’objet de mesures diverses, et l’Association TDA<br />

VHU est chargée de mettre en place une filière de valorisation pérenne pour ces déchets,<br />

dont <strong>le</strong>s estimations d’élèvent à 20 000 véhicu<strong>le</strong>s à traiter d’ici à 2010.<br />

<strong>Le</strong>s déchets du BTP : sont acceptés en déchèterie, car il n’existe pas de filière de valorisation<br />

spécifique.<br />

<strong>Le</strong>s Déchets d’activité de soins non contaminés : <strong>au</strong>cune organisation spécifique à la col<strong>le</strong>cte<br />

et <strong>au</strong> traitement de ces déchets, qui suivent la même filière que <strong>le</strong>s ordures ménagères.<br />

6. Patrimoines archéologique et bâti<br />

6.1. Sites archéologiques et monuments classés<br />

On recense 844 sites archéologiques à la Martinique, dont la plupart (80%) relèvent de<br />

l’archéologie industriel<strong>le</strong> liée à l’activité sucrière historique (distil<strong>le</strong>ries, habitations). Seu<strong>le</strong>ment<br />

5% concernent des sites amérindiens et précolombiens surtout localisés sur la côte atlantique et dans<br />

<strong>le</strong> Nord pour la culture Saladoïde, dans <strong>le</strong> Sud pour la culture Suazoïde plus tardive. <strong>Le</strong> plus connu<br />

est certainement <strong>le</strong> site de Vivé <strong>au</strong> Lorrain. L’archéologie sous-marine est éga<strong>le</strong>ment riche, avec 78<br />

épaves recensées.<br />

La Martinique compte 17 monuments classés, et 59 inscrits à l’Inventaire Supplémentaire. Ceux-ci<br />

comprennent bien sur des habitations, mais <strong>au</strong>ssi des édifices religieux (églises, presbytères,<br />

calvaires), moulins, des ruines d’ouvrages d’art et de bâtiments administratifs coloni<strong>au</strong>x.<br />

6.2. Un habitat dispersé peu différencié de la vil<strong>le</strong> à la campagne<br />

La case, dernier témoignage du langage architectural créo<strong>le</strong>, témoigne <strong>au</strong>ssi des diverses évolutions<br />

de la société martiniquaise tout <strong>au</strong> long de l’histoire de la Martinique.<br />

Si l’habitation-sucrerie s’opposait à la genèse d’un terroir vécu et pratiqué, la case créo<strong>le</strong> soulignait <strong>le</strong>s<br />

diversités loca<strong>le</strong>s et l’expression d’une adaptation dont <strong>le</strong>s évolutions et <strong>le</strong>s « modernisations » ont<br />

accompagné toute l’histoire de la Martinique. El<strong>le</strong> disparaît <strong>au</strong>jourd’hui pour être remplacée par des<br />

habitations en dur, conçues sur <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> urbain, y compris dans <strong>le</strong>s zones rura<strong>le</strong>s.<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 33 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

7. Cohérence territoria<strong>le</strong> et équilibres environnement<strong>au</strong>x : Synthèse<br />

et enjeux<br />

HANDICAPS - MENACES<br />

• Un net déséquilibre d’occupation de l’î<strong>le</strong>, tant<br />

démographique qu’économique, caractérisé<br />

par une périurbanisation forte, un mitage des<br />

campagnes, une « désertification » du Nord,<br />

une concentration du tourisme <strong>au</strong> sud, et une<br />

désaffection pour <strong>le</strong> centre vil<strong>le</strong> de<br />

l’agglomération foyalaise.<br />

• Un rése<strong>au</strong> routier saturé et des transports<br />

col<strong>le</strong>ctifs inadaptés<br />

• Une offre de logements, notamment soci<strong>au</strong>x,<br />

inadaptée<br />

• Un littoral soumis à de fortes pressions issues<br />

du tourisme et des différentes activités<br />

humaines<br />

• Des structures intercommuna<strong>le</strong>s qui<br />

communiquent peu, et dont l’action peut<br />

manquer de cohérence et de synergies<br />

ATOUTS - OPPORTUNITES<br />

• Un patrimoine naturel exceptionnel, d’abord<br />

basé sur un littoral et une forêt<br />

multifonctionnels, produisant d’importants<br />

biens et services environnement<strong>au</strong>x :<br />

biodiversité, potentiel touristique, e<strong>au</strong>x,<br />

ressources naturel<strong>le</strong>s (bois, poisson…) et<br />

<strong>au</strong>tres aménités pour la population loca<strong>le</strong><br />

• une population déjà sensibilisée à la<br />

s<strong>au</strong>vegarde de l’environnement (mais qui n’en<br />

fait pas pour <strong>au</strong>tant sa priorité)<br />

• Un fort potentiel face <strong>au</strong>x futures contraintes :<br />

des ressources importantes en e<strong>au</strong>, dont<br />

l’exploitation peut être optimisée, et une<br />

gestion des déchets globa<strong>le</strong>ment satisfaisante<br />

même si perfectib<strong>le</strong><br />

• Un territoire bien couvert par 3 structures<br />

intercommuna<strong>le</strong>s, et par un parc naturel<br />

régional<br />

ENJEUX STRATEGIQUES<br />

L’équilibrage et la mise en cohérence du territoire départemental, prenant en compte<br />

l’articulation et <strong>le</strong>s synergies entre <strong>le</strong>s différents pô<strong>le</strong>s qui structurent l’armature<br />

urbaine, tant en termes de transports, que de services, ou encore de promotion des<br />

activités économiques. Ce rééquilibrage doit privilégier <strong>le</strong> développement de<br />

l’attractivité des zones Nord du territoire.<br />

La gestion intégrée, et <strong>le</strong> suivi des espaces littor<strong>au</strong>x, par des mesures effectives (i) de<br />

mise en défens et de renforcement du dispositif de protection/conservation; (ii) de<br />

renforcement de la maîtrise foncière; (ii) d’implication active des populations et<br />

corporations du littoral dans la veil<strong>le</strong> sur l’état et l’évolution des systèmes naturels<br />

côtiers ; (iv) d’in<strong>format</strong>ion du public.<br />

<strong>Le</strong> renforcement des synergies, de la coordination, et des échanges d’expériences<br />

entre <strong>le</strong>s trois territoires de projet, dans <strong>le</strong> respect d’une subsidiarité départementa<strong>le</strong> et<br />

régiona<strong>le</strong> mieux identifiée.<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 34 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

Modernité économique<br />

L’économie de la Martinique a montré des performances assez remarquab<strong>le</strong>s dans<br />

la valorisation des transferts publics <strong>au</strong> service du redressement économique<br />

enregistré depuis 30 ans. Ce redressement économique n’est pas imputab<strong>le</strong> à ces<br />

seuls transferts, mais <strong>au</strong>ssi <strong>au</strong>x dynamiques entrepreneuria<strong>le</strong>s qui se sont<br />

développées dans un contexte de restructuration et de modernisation profonde<br />

des piliers économiques historiques de l’î<strong>le</strong>, face <strong>au</strong>x évolutions des marchés des<br />

produits agrico<strong>le</strong>s, et à la forte concurrence des destinations touristiques voisines<br />

des Caraïbes.<br />

Malgré l’ensemb<strong>le</strong> de ces contraintes, l’économie martiniquaise reste diversifiée<br />

même si <strong>le</strong>s poids relatifs des différents secteurs évoluent en faveur du secteur<br />

des services, qui représente <strong>au</strong>jourd’hui 37,1% de l’activité (<strong>le</strong>s services<br />

administrés représentent eux 32,2% contre 20% en métropo<strong>le</strong>). D’éventuel<strong>le</strong>s<br />

sources de déséquilibre seraient à rechercher dans la réduction progressive de<br />

l’activité du secteur secondaire – industrie, classiquement sous-représenté<br />

lorsque <strong>le</strong> marché intérieur est limité.<br />

1. Vers une économie de services<br />

1.1. Un « émiettement » du tissu économique et de l’entreprise<br />

<strong>Le</strong>s caractéristiques de l’économie martiniquaise relèvent de différentes contraintes. Au-delà de<br />

l’enclavement insulaire, <strong>le</strong> marché interne est évidemment limité, et encore très dépendant de la<br />

dépense publique (<strong>le</strong> relatif redressement observé récemment du secteur du BTP est largement lié<br />

<strong>au</strong>x investissements publics en logements soci<strong>au</strong>x).<br />

Indépendamment des agro-industries, où une certaine concentration (historique) est encore<br />

observab<strong>le</strong>, on observe un « émiettement » du tissu économique martiniquais dans de<br />

nombreux secteurs (transports, tourisme, services, commerce), avec un foisonnement de TPE et<br />

PME particulièrement vulnérab<strong>le</strong>s (dont 89% ont entre 1 et 5 salariés) compte tenu (i) du caractère<br />

de plus en plus concurrentiel d’un marché local peu structuré et différencié; (ii) de <strong>le</strong>urs faib<strong>le</strong>s<br />

capacités d’investissement liée à <strong>le</strong>ur tail<strong>le</strong>, et à une implication insuffisante du secteur bancaire;<br />

(iii) <strong>le</strong>s nive<strong>au</strong>x de <strong>format</strong>ion de l’encadrement souvent insuffisants en matière de gestion et de<br />

management.<br />

De fait, si <strong>le</strong> nombre d’entreprises créées annuel<strong>le</strong>ment semb<strong>le</strong> é<strong>le</strong>vé, un faib<strong>le</strong> pourcentage<br />

d’entreprises arrivent à maturité (8% <strong>au</strong> bout de 5 ans, contre près de 40% en métropo<strong>le</strong>).<br />

L’accueil des entreprises par <strong>le</strong>s services publics est unanimement reconnu comme défaillant,<br />

particulièrement en matière d’accompagnement de la gestion des étapes de transmission, du<br />

fait du vieillissement de la population des artisans et chefs d’entreprises.<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 35 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

1.2. Une forte croissance du secteur des services<br />

<strong>Le</strong> développement rapide du secteur des services marchands s’accompagne éga<strong>le</strong>ment d’une<br />

diversification de ceux-ci :<br />

La croissance des services <strong>au</strong>x entreprises résulte de l’externalisation par cel<strong>le</strong>s-ci dans<br />

différents domaines : entretien, maintenance, techniques de l’in<strong>format</strong>ion. Tous <strong>le</strong>s nive<strong>au</strong>x de<br />

qualification se retrouvent dans cet ensemb<strong>le</strong>.<br />

<strong>Le</strong>s services sanitaires et soci<strong>au</strong>x connaissent éga<strong>le</strong>ment une forte progression du fait du<br />

vieillissement de la population. Ils recrutent essentiel<strong>le</strong>ment du personnel qualifié.<br />

2. Tourisme : une valorisation inéga<strong>le</strong> des potentiels …<br />

La Martinique offre <strong>le</strong>s nombreux avantages d’une destination balnéaire doublée d’<strong>au</strong>thenticité. Il reste<br />

que l’activité touristique est géographiquement mal distribuée dans l’î<strong>le</strong>, essentiel<strong>le</strong>ment<br />

concentrée <strong>au</strong> Sud, accessoirement éga<strong>le</strong>ment à Schoelcher pour l’hôtel<strong>le</strong>rie; en émergence dans <strong>le</strong><br />

Nord.<br />

Dans <strong>le</strong> seul secteur du tourisme, 4 communes cumu<strong>le</strong>nt la moitié des emplois du secteur, et <strong>le</strong>s<br />

trois communes Sainte Luce, Sainte Anne et Trois î<strong>le</strong>ts regroupent 55% de la capacité hôtelière de<br />

l’î<strong>le</strong>. Cette fréquentation très déséquilibrée est éga<strong>le</strong>ment visib<strong>le</strong> sur la carte ci-dessus.<br />

L’agritourisme connaît cependant un développement limité mais régulier, en particulier dans <strong>le</strong><br />

Nord, ouvrant des perspectives (i) de rééquilibrage géographique de la pression et des recettes<br />

touristiques ; (ii) de diversification des revenus rur<strong>au</strong>x; (iii) de valorisation durab<strong>le</strong> des espaces<br />

naturels protégés et/ou des terroirs agrico<strong>le</strong>s traditionnels.<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 36 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

La Martinique s’est dotée en 1999, sur l’initiative de la Commission Tourisme du <strong>Conseil</strong> Régional,<br />

d’un Schéma de Développement et d’Aménagement Touristique, qui envisage différentes<br />

orientations :<br />

La création de 4 Espaces d'Aménagement Touristiques (EAT) : Be<strong>au</strong>séjour (Trinité),<br />

Pointe-F<strong>au</strong>la (V<strong>au</strong>clin), Macabou (V<strong>au</strong>clin) et Grand'Anse (Anses d'Ar<strong>le</strong>t) sur <strong>le</strong>s dix ans à<br />

venir;<br />

<strong>Le</strong> réaménagement des centres bourgs des communes à vocation touristique;<br />

La valorisation des pô<strong>le</strong>s et des sites touristiques de l'î<strong>le</strong>.<br />

2.1. Dans un contexte de décroissance des performances du secteur …<br />

<strong>Le</strong> tourisme reste un des moteurs de l’économie martiniquaise, et un important pourvoyeur<br />

d’emplois (13 000 emplois en 2004). Toutefois on note un « essouff<strong>le</strong>ment » du secteur dû notamment<br />

à la forte décroissance de l’accueil des croisiéristes (- 48% entre 2003 et 2004), en partie à c<strong>au</strong>se de<br />

difficultés d’adaptation de l’infrastructure portuaire, mais <strong>au</strong>ssi de la concurrence de destinations<br />

voisines.<br />

Après une nette embellie <strong>au</strong> cours des années 90, marquée par un pic de fréquentation en 1998 à 1<br />

million de visiteurs, une forte décroissance des performances du secteur est donc enregistrée<br />

depuis 1999 (23% de baisse du chiffre d’affaires entre 1999 et 2003). Ayant subi une forte baisse (de<br />

53,3% en 2000 à 42,7% en 2002), <strong>le</strong>s t<strong>au</strong>x d’occupation des chambres se stabilisent de nouve<strong>au</strong> à<br />

53,3% en 2003, <strong>au</strong> travers de la réduction du nombre de chambres. La surcapacité hôtelière reste<br />

néanmoins une des caractéristiques du secteur.<br />

<strong>Le</strong> secteur du tourisme à la Martinique se présente comme un secteur « ouvert » tant à l’entrée<br />

qu’à la sortie. A l’entrée, du fait des investissements « dopés » par <strong>le</strong>s mesures de défiscalisation<br />

(Loi Pons et suivantes); à la sortie du fait notamment des plus-values foncières. Cette situation ne<br />

favorise pas la professionnalisation des opérateurs loc<strong>au</strong>x, par ail<strong>le</strong>urs soumis <strong>au</strong>x règ<strong>le</strong>s fixées par<br />

<strong>le</strong>s grands opérateurs et tour-opérateurs de la métropo<strong>le</strong>, qui apportent plus de 45% de la clientè<strong>le</strong><br />

de l’î<strong>le</strong> (70% de cette clientè<strong>le</strong> étant française).<br />

Ces différents éléments concourent <strong>au</strong> développement d’une représentation très subjective du<br />

marché pour <strong>le</strong>s entrepreneurs. Par ail<strong>le</strong>urs <strong>le</strong> maintien des aides (notamment défiscalisation) accroît<br />

<strong>le</strong>s menaces sur une industrie hôtelière déjà en surcapacité, et composée d’entreprises de petite tail<strong>le</strong><br />

et vulnérab<strong>le</strong>s. A l’image d’<strong>au</strong>tres secteurs tertiaires, <strong>le</strong>s TPE et PME dominent <strong>le</strong> marché. 72% des<br />

entreprises disposent de moins de 10 salariés.<br />

<strong>Le</strong> secteur est donc peu concentré, et la concurrence tarifaire prime sur la différenciation des<br />

produits, entraînant une forte vulnérabilité à la compétition croissante de nouvel<strong>le</strong>s destinations<br />

en émergence comme Cuba. Il f<strong>au</strong>t rappe<strong>le</strong>r que <strong>le</strong>s coûts salari<strong>au</strong>x représentent 45% des charges<br />

dans <strong>le</strong> secteur 13 , alors que l’on enregistre une forte sensibilité de la clientè<strong>le</strong> <strong>au</strong> prix 14 .<br />

2.2. … notamment due à une faib<strong>le</strong> différenciation du produit<br />

La majorité des établissements hôteliers de la Martinique sont de gamme moyenne, et la<br />

différenciation vertica<strong>le</strong> du secteur reste tout à fait insuffisante dans un environnement toujours<br />

13 Etude CPHTM sur la période 1997/1999<br />

14 Etude réalisée par Interdeco pour <strong>le</strong> compte du Quotidien du Tourisme (« Destinations, seul <strong>le</strong> prix compte »,<br />

1er octobre 2004) indiquant qu’un tiers des français est prêt à changer de destination pour un tarif plus<br />

avantageux.<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 37 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

plus concurrentiel. La trans<strong>format</strong>ion de ce produit globa<strong>le</strong>ment homogène requiert dans ces<br />

conditions un dynamisme qui semb<strong>le</strong> faire déf<strong>au</strong>t en matière d’innovation, d’entretien et de<br />

rénovation des infrastructures, de <strong>format</strong>ion des personnels.<br />

Des évolutions du marché en matière d’hébergement sont toutefois déjà enregistrées avec une<br />

progression nette depuis 2000 des hébergements non hôteliers (villas et chambres d’hôtes).<br />

3. Valorisation des ressources halieutiques : une filière <strong>au</strong>jourd’hui<br />

inadaptée<br />

Du fait de l’origine volcanique de l’î<strong>le</strong>, <strong>le</strong> plate<strong>au</strong> continental s’avère particulièrement restreint<br />

notamment sur la façade caraïbes. Comme dans la majorité des î<strong>le</strong>s tropica<strong>le</strong>s, la dégradation des<br />

milieux côtiers et coralliens, jointe à une pression de pêche é<strong>le</strong>vée, a conduit à une forte diminution<br />

du potentiel exploitab<strong>le</strong> des espèces démersa<strong>le</strong>s à forte va<strong>le</strong>ur ajoutée (« poissons de fond du<br />

plate<strong>au</strong> continental»), dés lors incapab<strong>le</strong>s de satisfaire une demande loca<strong>le</strong> forte, à laquel<strong>le</strong> s’ajoute la<br />

demande liée à l’industrie touristique.<br />

3.1. Une activité traditionnel<strong>le</strong>, des embarcations adaptées à la pêche artisana<strong>le</strong> côtière<br />

L’activité de pêche est conduite par une flottil<strong>le</strong> artisana<strong>le</strong> composée en majeure partie de yo<strong>le</strong>s de<br />

pêche pratiquant essentiel<strong>le</strong>ment une petite pêche artisana<strong>le</strong> côtière à la journée. Ces yo<strong>le</strong>s<br />

pratiquent éga<strong>le</strong>ment une pêche <strong>au</strong> large, dite pêche à « miquelon ».<br />

Type de pêche Durée des sorties Proportion de l’activité en nombre<br />

de navires ou unités (2004)<br />

Petite pêche jusqu’à 24h 1166<br />

Pêche côtière entre 24 et 96 heures 5<br />

Pêche <strong>au</strong> large supérieure à 96 heures 6<br />

La flotil<strong>le</strong> compte 1177 navires de tail<strong>le</strong> modeste, dont seu<strong>le</strong>ment 6 dépassent 12m avec une<br />

population de 1286 marins pêcheurs déclarés en 2005. L’âge moyen de la flottil<strong>le</strong> n’est pas très é<strong>le</strong>vé,<br />

<strong>le</strong> renouvel<strong>le</strong>ment des yo<strong>le</strong>s se faisant régulièrement, notamment par la mise en place des aides du<br />

<strong>Conseil</strong> régional.<br />

100%<br />

80%<br />

60%<br />

40%<br />

20%<br />

0%<br />

>60 ans<br />

40-60<br />

ans<br />

30-40ans<br />


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

65% des pêcheurs ont plus de 40 ans et seu<strong>le</strong>ment 10% ont moins de 30 ans. Plus qu’un<br />

vieillissement de la population des pêcheurs, cette répartition reflète pour partie, <strong>le</strong> mode de<br />

« recrutement » des pêcheurs professionnels en Martinique. Ceux-ci adoptent en effet tardivement<br />

<strong>le</strong> statut professionnel après une période d’activité assez longue en tant que journaliers.<br />

La pêche en zone côtière concerne principa<strong>le</strong>ment la frange littora<strong>le</strong> des communes entre 30 et 100<br />

mètres. <strong>Le</strong> nombre très important d’engins de pêche utilisés (fi<strong>le</strong>ts et casiers) ne respectant pas<br />

toujours <strong>le</strong> maillage rég<strong>le</strong>mentaire, implique non seu<strong>le</strong>ment une surexploitation des stocks démers<strong>au</strong>x,<br />

mais éga<strong>le</strong>ment une forte pression sur <strong>le</strong>s juvéni<strong>le</strong>s, empêchant un renouvel<strong>le</strong>ment normal des<br />

populations halieutiques.<br />

3.2. De la surexploitation des stocks démers<strong>au</strong>x <strong>au</strong> transfert de la pression de pêche sur<br />

<strong>le</strong>s ressources pélagiques<br />

<strong>Le</strong> déplacement assez récent de la pression de pêche vers des stocks pélagiques plus<br />

abondants, sans modification profonde des matériels, a été rendu possib<strong>le</strong> par la mise en<br />

place de DCP 15 ancrés expérimentés dans <strong>le</strong>s petites Antil<strong>le</strong>s depuis <strong>le</strong>s années 80.<br />

Ces DCP, à la Martinique, sont encore individuels, mais la région met en place des dispositifs<br />

col<strong>le</strong>ctifs appuyés par des financements publics. Des incertitudes demeurent cependant, notamment<br />

en matière de sécurité dans un contexte où la navigation se densifie <strong>au</strong>tour de ces dispositifs, et où<br />

<strong>le</strong>s embarcations ne sont pas toujours adaptées à la manutention des prises pélagiques de grande<br />

tail<strong>le</strong> et des matériels. Cette pêche pélagique représente cependant une part croissante (60%) de la<br />

production.<br />

3.3. Des déficits d’in<strong>format</strong>ion pour une gestion raisonnée et anticipative des stocks<br />

En 1992, la production tota<strong>le</strong> des produits de la mer était estimée à 6 304 tonnes (avec une marge<br />

d’erreur d’environ plus ou moins 25%).<br />

Poisson blanc Poisson rouge Langouste Oursin Autres espèces<br />

3.684 tonnes 1.276 tonnes 189 tonnes 13 tonnes 1.142 tonnes<br />

En 1994, cette production était chiffrée à environ 5 500 tonnes, avec un chiffre d’affaires évalué à<br />

environ 33,5 Millions d’euros. Depuis 1994, <strong>au</strong>cun suivi statistique de la production n’a pu être<br />

réalisé. <strong>Le</strong>s marins pêcheurs ne déclarent pas <strong>le</strong>ur pêche, et <strong>le</strong> système de vente directe <strong>au</strong><br />

consommateur sans intermédiaire, ou <strong>au</strong>x « marchandes » (l’équiva<strong>le</strong>nt des mareyeurs), ne permet<br />

pas d’obtenir de chiffres fiab<strong>le</strong>s de production. La production de poissons, a priori considérée comme<br />

stab<strong>le</strong> f<strong>au</strong>te de statistiques, connaît en fait des variations importantes suivant <strong>le</strong>s conditions<br />

météorologiques favorab<strong>le</strong>s ou non à l’accès à la ressource pélagique.<br />

<strong>Le</strong> marché du poisson en Martinique reste très traditionnel. La commercialisation des produits de<br />

la mer s’effectue selon plusieurs circuits différents <strong>le</strong> plus souvent indépendants <strong>le</strong>s uns des <strong>au</strong>tres,<br />

selon qu’il s’agit de la pêche loca<strong>le</strong> ou de l’importation. La pêche loca<strong>le</strong> est vendue soit directement <strong>au</strong><br />

canot soit sur <strong>le</strong> quai par <strong>le</strong>s marins pêcheurs eux-mêmes ou <strong>le</strong>urs famil<strong>le</strong>s. <strong>Le</strong>s marins pêcheurs<br />

dépendent pour <strong>le</strong> reste des marchandes ambulantes qui exécutent à partir du port de débarquement<br />

un circuit à l’intérieur des terres, avec des moyens précaires de conservation du produit.<br />

15 Dispositif de Concentration de Poissons<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 39 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

L'IFREMER, l'EFPMA, <strong>le</strong> C.R.P.M.E.M. et <strong>le</strong>s Affaires maritimes participent à la mise en place d'un<br />

système de statistiques des produits de la pêche.<br />

3.4. Une production insuffisante pour couvrir la demande<br />

Pour faire face à une forte consommation de poissons par <strong>le</strong>s martiniquais (40 kg/hab/an), la<br />

production loca<strong>le</strong> est complétée par <strong>le</strong> poisson d’importation (Venezuela et Saint Vincent) évalué à<br />

1600 tonnes par année pour <strong>le</strong> poisson frais et 8400 tonnes pour <strong>le</strong> poisson transformé.<br />

3.5. Ega<strong>le</strong>ment handicapée par <strong>le</strong> manque d’infrastructures et d’équipements<br />

Il existe environ 169 sites de débarquement disséminés <strong>le</strong> long du littoral, qui compte tenu de <strong>le</strong>ur<br />

nombre, sont souvent sous-équipés (froid, ravitail<strong>le</strong>ment en carburant et en glace, points de<br />

conditionnement et vente).<br />

Au plan administratif, cinq ports ont été classés ports de pêche département<strong>au</strong>x (Trinité, François,<br />

V<strong>au</strong>clin, Marin et Case Pilote), et à ce titre relèvent de la compétence du <strong>Conseil</strong> <strong>Général</strong>. Ils<br />

comportent des infrastructures de réception, de conditionnement et de premier stockage des produits.<br />

3.6. Une filière aquaco<strong>le</strong> récente et peu développée<br />

L’aquaculture, qui ne représente que 1% de la consommation loca<strong>le</strong>, doit faire des efforts pour baisser<br />

ses coûts de production afin de s’insérer sur <strong>le</strong> marché local. La liquidation judiciaire en 1996 de la<br />

SICA Aquaco<strong>le</strong>, qui regroupait l’ensemb<strong>le</strong> des producteurs aquaco<strong>le</strong>s de la Martinique, est à l’origine<br />

du déficit de développement de la filière de l’aquaculture d’e<strong>au</strong> douce. L’aquaculture marine connaît<br />

néanmoins une expansion importante grâce à la maîtrise du cyc<strong>le</strong> biologique de l’espèce du loup des<br />

caraïbes, et à l'ADEPAM (Association de défense des producteurs d'aquaculture à la Martinique).<br />

L’aquaculture marine bénéficie d’un fort potentiel de développement en Martinique. Néanmoins, cette<br />

aquaculture est une importante source de pollution organique localisée, et <strong>le</strong> choix des sites<br />

aquaco<strong>le</strong>s marins doit être soigneusement étudié, pour la faisabilité technique du projet, mais <strong>au</strong>ssi<br />

pour la préservation de la ressource marine, et donc des zones d’herbier et coralliennes.<br />

<strong>Le</strong>s sites retenus dans <strong>le</strong> SMVM sont prioritairement situés sur la façade atlantique dans <strong>le</strong>s lagons<br />

protégés du récif barrière, sur fonds sab<strong>le</strong>ux, et en dehors des zones récifa<strong>le</strong>s et d’herbier pour <strong>le</strong>s<br />

entreprises artisana<strong>le</strong>s. Un grand projet se met actuel<strong>le</strong>ment en place à Case-Pilote.<br />

4. Filière bois : un potentiel à optimiser<br />

4.1. Une valorisation insuffisante du bois …<br />

L’exploitation des forêts (pour l’artisanat..) <strong>au</strong>trefois importante, ne concerne plus que quelques<br />

plantations de Mahogany, et quelques essences indigènes tel<strong>le</strong>s <strong>le</strong> Poirier Pays, et la fabrication (mal<br />

connue) de charbon de bois.<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 40 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

Sur <strong>le</strong>s 13 603 ha de forêts publiques de Martinique gérées par l’ONF, seuls 1200 ha ont été<br />

aménagés (plantation de Mahogany) pour la production de bois. <strong>Le</strong>s plantations de Mahogany<br />

assurent une ressource annuel<strong>le</strong> variant entre 4000 et 5500 m3 de bois.<br />

<strong>Le</strong>s ressources de la forêt privée sont mal connues et évaluées ne permettant pas une gestion<br />

optima<strong>le</strong> et sécurisée de l’exploitation.<br />

4.2. Au travers d’une filière à consolider …<br />

Aidée par <strong>le</strong>s pouvoirs publics, une filière bois de première trans<strong>format</strong>ion s’est mise en place depuis<br />

25 ans : 650 entreprises, 1700 employés, pour un chiffre d’affaires estimé à 122 millions d’euros. <strong>Le</strong><br />

plus grand nombre des entreprises appartient à la filière de seconde trans<strong>format</strong>ion. L’ébénisterie, la<br />

menuiserie, la fabrication de meub<strong>le</strong>s et plus récemment, la construction de charpentes et de maisons<br />

en bois constituent l’essentiel des entreprises de façonnage du bois. La filière de première<br />

trans<strong>format</strong>ion, très fragi<strong>le</strong>, compte 4 scieries, ne tournant pas en p<strong>le</strong>in régime, et un exploitant équipé<br />

d’une scie mobi<strong>le</strong>. Des volumes de bois sciés sont importés, composés à 30% de bois tropic<strong>au</strong>x<br />

provenant du Brésil et de Guyane française. La concurrence des bois brésiliens, certifiés ou non,<br />

ne facilite pas <strong>le</strong> développement et la structuration de la filière bois martiniquaise.<br />

5. Activités agrico<strong>le</strong>s : un secteur historique menacé<br />

5.1. L’agriculture, un secteur économique en profonde mutation<br />

La banane et la canne à sucre pour <strong>le</strong> rhum (40% des recettes de l’exportation) sont <strong>le</strong>s piliers<br />

de l’agriculture de l’î<strong>le</strong>.<br />

L’activité agrico<strong>le</strong> représente 14% de la population active en 2004, souvent sur des postes peu<br />

qualifiés. <strong>Le</strong> secteur voit son importance décroître. Ainsi <strong>le</strong> nombre d’exploitations (pour la plupart de<br />

petite tail<strong>le</strong>) a diminué de 46% entre 1980 et 2000. Par ail<strong>le</strong>urs, en 30 ans, de 1973 à 2000, 37 % de<br />

la SAU martiniquaise a ainsi été détournée de l’usage agrico<strong>le</strong> (pression urbaine, friches), ce qui pose<br />

<strong>le</strong> problème du maintien de l’activité agrico<strong>le</strong>. La carte ci-dessous décrit <strong>le</strong> recul des terres agrico<strong>le</strong>s<br />

(notamment cultures vivrières et ananas) <strong>au</strong> profit des zones artificialisées et des friches et d’une<br />

spécialisation sur la banane et la canne à sucre.<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 41 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

La banane et la canne à sucre, qui occupent en 2004 respectivement 29 % et 12 % de la SAU de l’î<strong>le</strong>,<br />

sont <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>s cultures. La banane constitue la majeure partie de la va<strong>le</strong>ur de la production<br />

agrico<strong>le</strong> de l’î<strong>le</strong>.<br />

La bananeraie martiniquaise est localisée principa<strong>le</strong>ment <strong>au</strong> nord-est de l’î<strong>le</strong>. Depuis 1990, el<strong>le</strong><br />

s’implante <strong>au</strong> sud-est grâce à l’irrigation. La production est assurée par de petites exploitations et<br />

par quelques grandes structures (2% de plus de 50ha),qui produisent la moitié du tonnage total. La<br />

production de bananes d’exportation <strong>au</strong>x Antil<strong>le</strong>s est tributaire des accords de l’Organisation mondia<strong>le</strong><br />

du Commerce pour la Banane (OMCB), qui entérinent une situation d’exception pour <strong>le</strong>s bananes<br />

françaises dans <strong>le</strong> contexte européen, <strong>au</strong> moins jusqu’<strong>au</strong>x prochains accords prévus en 2006.<br />

La culture de la canne à sucre est la deuxième activité agrico<strong>le</strong> et nourrit une filière canne-rhumsucre<br />

qui totalise 2400 UTA, et des saisonniers. <strong>Le</strong> Rhum Martiniquais bénéficie d’une «Appellation<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 42 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

d’Origine Contrôlée» qui contribue à une meil<strong>le</strong>ure valorisation économique. Une seu<strong>le</strong> sucrerie,<br />

subventionnée, <strong>au</strong> Galion, produit environ la moitié de la consommation en sucre de la Martinique.<br />

L’ananas, troisième activité d’exportation de l’î<strong>le</strong>, localisée dans <strong>le</strong> nord, est en régression depuis <strong>le</strong><br />

début des années 90.<br />

<strong>Le</strong>s grandes cultures traditionnel<strong>le</strong>s sont donc en déclin constant, concurrencées sur <strong>le</strong><br />

marché international, et dépendantes des aides publiques.<br />

5.2. Une volonté de diversification agrico<strong>le</strong> …<br />

Diversifier <strong>le</strong>s productions a pour objectif de répondre à une demande du marché interne et de<br />

développer des filières pour l’exportation.<br />

Cultures fruitières, maraîchères, vivrières (dans <strong>le</strong>s « jardins créo<strong>le</strong>s » <strong>au</strong> rô<strong>le</strong> culturel important),<br />

hortico<strong>le</strong>s et aromatiques sont <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>s alternatives. Mais ces filières ne prennent qu’une place<br />

très margina<strong>le</strong> économiquement parlant, sont souvent peu organisées, et sont assurées par de petites<br />

structures, parfois non professionnel<strong>le</strong>s.<br />

On note <strong>au</strong>ssi une volonté de relancer l’é<strong>le</strong>vage, bien que celui-ci soit <strong>au</strong>jourd’hui en baisse et<br />

artisanal. L’économie agro-alimentaire loca<strong>le</strong> est pour partie informel<strong>le</strong> et <strong>le</strong>s liens directs<br />

producteurs/consommateurs sont nombreux.<br />

L’agriculture bio est très faib<strong>le</strong>ment représentée, mais des possibilités de développement sont à<br />

l’étude.<br />

L’agritourisme, encore marginal, constitue enfin une orientation de diversification importante dans <strong>le</strong><br />

cadre d’un rééquilibrage de la pression touristique vers <strong>le</strong> Nord de l’î<strong>le</strong>.<br />

5.3. … qui doit surmonter <strong>le</strong>s contraintes de pollution des sols<br />

<strong>Le</strong>s sols martiniquais sont actuel<strong>le</strong>ment pollués par des produits utilisés antérieurement.<br />

L’utilisation répétée d’organochlorés (chlordécone et βHCH) dans <strong>le</strong>s plantations de bananes jusqu’en<br />

1993 a entraîné des nive<strong>au</strong>x de contamination importants des sols (voir carte ci-après).<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 43 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

Sur <strong>le</strong>s parcel<strong>le</strong>s concernées (15% de la SAU), <strong>le</strong> t<strong>au</strong>x de contamination varie selon la capacité de<br />

rétention du sol, <strong>le</strong>s quantités de produit apportées, et <strong>le</strong> nombre d’années de culture de banane. A ce<br />

jour, 40% des parcel<strong>le</strong>s analysées, destinées à une culture vivrière, comportent des traces de<br />

chlordécone. Pour l’agriculteur, un problème de choix de cultures sur ces parcel<strong>le</strong>s contaminées<br />

s’impose donc dans un contexte où f<strong>au</strong>te d’une traçabilité impossib<strong>le</strong> à mettre en œuvre, <strong>le</strong><br />

consommateur tend, par prudence à privilégier <strong>le</strong>s produits importés.<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 44 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

6. Modernité économique : synthèse et enjeux<br />

FAIBLESSES – MENACES<br />

• Exiguïté du territoire et marché local réduit :<br />

peu de débouchés loc<strong>au</strong>x / mais une<br />

économie peu ouverte sur l'extérieur (cf.<br />

chapitre "insertion régiona<strong>le</strong> »<br />

• Un tissu socio-économique peu structuré et<br />

compétitif, face à des difficultés: atomisation,<br />

faib<strong>le</strong> rentabilité, micro entreprises, forts coûts<br />

salari<strong>au</strong>x, faib<strong>le</strong> mobilité des salariés, sousencadrement,<br />

système bancaire défaillant,<br />

structures d'aide <strong>au</strong> démarrage et de<br />

financement de capital développement encore<br />

émergentes…<br />

• Une économie encore très dépendante de la<br />

dépense publique<br />

• Déclin de la production agrico<strong>le</strong> traditionnel<strong>le</strong> ;<br />

remise en c<strong>au</strong>se des soutiens européens<br />

• Risques d'un enfoncement dans la crise du<br />

secteur du tourisme face à la montée en<br />

puissance des destinations caraïbéennes<br />

concurrentes / inadéquation du produit<br />

"Martinique", dépendance <strong>au</strong> marché<br />

métropolitain, nécessité d'un<br />

repositionnement global…<br />

• <strong>Le</strong>s effets pervers d'un régime protecteur du<br />

secteur productif, et la prégnance du modè<strong>le</strong><br />

fonctionnariat / <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> de l'entreprise<br />

• Risques de débordement par l'économie<br />

informel<strong>le</strong> devant <strong>le</strong> développement de la<br />

désocialisation, et la marginalisation des<br />

populations <strong>le</strong>s plus fragi<strong>le</strong>s<br />

ATOUTS – OPPORTUNITES<br />

• Historiquement, une remarquab<strong>le</strong> capacité<br />

d'adaptation <strong>au</strong>x mutations économiques et<br />

sociéta<strong>le</strong>s<br />

• Une progression très rapide et forte de la<br />

richesse globa<strong>le</strong> : progression du PIB,<br />

progression globa<strong>le</strong> du nombre des<br />

entreprises, réduction des écarts de<br />

productivité avec la Métropo<strong>le</strong> et<br />

<strong>au</strong>gmentation des gains moyens de<br />

productivité, croissance de l'emploi,<br />

<strong>au</strong>gmentation globa<strong>le</strong> des nive<strong>au</strong>x de vie…<br />

• Des systèmes productifs traditionnels en<br />

restructuration, et un développement rapide<br />

des services marchands…<br />

• L'apparition de nouvel<strong>le</strong>s générations<br />

d'entrepreneurs et d'acteurs économiques<br />

soucieux de développer des logiques<br />

innovantes, capab<strong>le</strong>s d'initiative, mieux<br />

formés…<br />

• Outre <strong>le</strong>s services supérieurs, des sources<br />

d'activités, de richesse et d'emplois encore<br />

peu explorées (notamment dans <strong>le</strong>s métiers<br />

de l'environnement: déchets, assainissement,<br />

énergies de substitution…) et des potentiels<br />

sous valorisés (filière bois, cultures<br />

maraîchères, vivrières et fruitières,<br />

productions aquaco<strong>le</strong>s…)<br />

ENJEUX STRATEGIQUES<br />

Un impératif majeur et global, re<strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s défi de la modernité et de la compétitivité<br />

économique :<br />

• Développement de la culture entrepreneuria<strong>le</strong>,<br />

• Modernisation du dialogue social,<br />

• Différenciation des productions et structuration des filières économiques,<br />

• Augmentation de la productivité du travail et accroissement de la va<strong>le</strong>ur<br />

ajoutée, notamment par une généralisation des démarches qualité et de<br />

certification<br />

• Accompagnement des entreprises dans l'appropriation et la valorisation des<br />

techniques innovantes,<br />

• Amélioration de la rentabilité et du financement des entreprises,<br />

• Formation…<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 45 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

<strong>Le</strong>s capacités à renforcer <strong>le</strong>s secteurs économiques traditionnels viab<strong>le</strong>s <strong>au</strong> travers<br />

d'une forte diversification sur <strong>le</strong>s filières émergentes : TIC et économie de la<br />

connaissance, protection et développement des ressources aquatiques, agro<br />

économies, énergies renouvelab<strong>le</strong>s …<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 46 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

Adaptation <strong>au</strong> changement<br />

<strong>Le</strong>s systèmes insulaires (économiques, naturels) présentent généra<strong>le</strong>ment, du fait<br />

de <strong>le</strong>ur exiguïté et de <strong>le</strong>ur iso<strong>le</strong>ment relatif, une diversité réduite et donc une faib<strong>le</strong><br />

résilience face <strong>au</strong>x changements qui se multiplient, et s’accélèrent dans différents<br />

domaines (changement climatique, évolutions économiques de la globalisation, et<br />

<strong>au</strong>jourd’hui d’une post globalisation en émergence).<br />

La notion de durabilité du développement implique d’inscrire celui-ci dans une<br />

trajectoire stabilisée par (i) la diversification des réponses possib<strong>le</strong>s face <strong>au</strong>x<br />

changements, (ii) la réduction de la vulnérabilité des systèmes soci<strong>au</strong>x,<br />

économiques et environnement<strong>au</strong>x.<br />

1. Un territoire en mutation rapide<br />

1.1. La Martinique : 20 ans de trans<strong>format</strong>ions socia<strong>le</strong>s et économiques qui ont pris plus<br />

d’un sièc<strong>le</strong> en métropo<strong>le</strong>.<br />

S’agit-il uniquement d’adaptations nécessaires <strong>au</strong>x changements de l’environnement extérieur<br />

de la Martinique, ou éga<strong>le</strong>ment des ajustements nécessaires face à ses propres changements<br />

internes<br />

La Martinique a multiplié par 7 son nive<strong>au</strong> de vie en 50 ans, et supporte <strong>au</strong>jourd’hui la comparaison<br />

avec bien des régions européennes. El<strong>le</strong> est placée <strong>au</strong> 29 ème rang mondial pour l’IDH. Ce<br />

développement rapide affecte déjà <strong>le</strong>s systèmes soci<strong>au</strong>x, tandis que l’accélération de la<br />

consommation se traduit par des externalités environnementa<strong>le</strong>s importantes, affectant <strong>le</strong>s<br />

systèmes naturels et <strong>le</strong> cadre de vie.<br />

1.2. Face <strong>au</strong>x évolutions démographiques : un vieillissement marqué de la population…<br />

Ce vieillissement de la population, qui impacte toute la structure de la société, nécessitera tout<br />

particulièrement une adaptation correspondante des services publics.<br />

1.3. Face <strong>au</strong>x évolutions socia<strong>le</strong>s : un contexte où la famil<strong>le</strong> évolue éga<strong>le</strong>ment<br />

La famil<strong>le</strong> martiniquaise a profondément évoluée. En 1974, environ 30% des ménages comptaient <strong>au</strong><br />

moins 6 personnes. Cette proportion passait à 14% en 1990. La tail<strong>le</strong> moyenne des ménages passait<br />

de 4,2 personnes en 1974 à 3 personnes en 1996. <strong>Le</strong> célibat <strong>au</strong>gmente et 41,7% des enfants<br />

évoluent dans une famil<strong>le</strong> monoparenta<strong>le</strong>. Dans ce contexte, <strong>le</strong>s mécanismes de solidarité et de<br />

réciprocité intergénérationnel<strong>le</strong> sont profondément bou<strong>le</strong>versés, et de plus en plus inopérants<br />

face à des situations d’exclusion qui se consolident et se multiplient.<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 47 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

1.4. Face <strong>au</strong>x évolutions du tissu économique: <strong>format</strong>ion, employabilité et évolutions<br />

professionnel<strong>le</strong>s<br />

Avec un t<strong>au</strong>x brut de scolarisation de plus de 90%, et de réussite <strong>au</strong> baccal<strong>au</strong>réat dépassant <strong>le</strong>s 70%,<br />

la Martinique occupe une position privilégiée parmi <strong>le</strong>s DOM. 42% des jeunes poursuivent <strong>le</strong>urs<br />

études après <strong>le</strong> baccal<strong>au</strong>réat. Plus de 45% des femmes de 15 à 19 ans en 2000 <strong>au</strong>ront <strong>le</strong>ur bac à la<br />

fin de <strong>le</strong>ur scolarité (contre 30% pour <strong>le</strong>s hommes). Dans <strong>le</strong>s années 1960, ce t<strong>au</strong>x moyen atteignait à<br />

peine 5%.<br />

Toutefois une forte proportion de la population active reste peu qualifiée, et donc vulnérab<strong>le</strong> face à<br />

une évolution du marché du travail qui privilégie <strong>le</strong>s emplois qualifiés.<br />

1.5. Un tissu économique fragi<strong>le</strong>, essentiel<strong>le</strong>ment composé de petites entreprises souvent<br />

vulnérab<strong>le</strong>s<br />

Avec un marché interne <strong>au</strong>ssi restreint que celui de la Martinique, et son relatif enclavement<br />

international, <strong>le</strong>s possibilités de développement des entreprises sont <strong>au</strong>ssi limitées. De fait, 81,4% des<br />

entreprises martiniquaises comptent moins de 10 salariés. La plupart des salariés se trouvent<br />

dans des entreprises de 20 à 49 salariés (21,9% des effectifs). Cette simp<strong>le</strong> observation met en<br />

évidence la fragilité, et la forte vulnérabilité du tissu économique face <strong>au</strong>x évolutions des marchés,<br />

compte tenu de la faib<strong>le</strong> résilience des entreprises sur des segments de marché à la fois très<br />

concurrentiels et soumis à de fortes variations conjoncturel<strong>le</strong>s.<br />

1.6. Une faib<strong>le</strong> ouverture internationa<strong>le</strong> et une forte dépendance par rapport à la France<br />

hexagona<strong>le</strong>, à l’Europe et <strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres DFA 16 .<br />

La Martinique est, sur <strong>le</strong> plan économique, h<strong>au</strong>tement dépendante de ses échanges avec la<br />

métropo<strong>le</strong> (70% des exportation) et <strong>le</strong>s DFA. <strong>Le</strong>s destinations des exportations sont par ail<strong>le</strong>urs peu<br />

stabilisées, et des changements importants essentiel<strong>le</strong>ment conjoncturels sont remarquab<strong>le</strong>s. En,<br />

2005 l’Espagne devenait <strong>le</strong> premier client de la Martinique hors pétro<strong>le</strong> (<strong>le</strong> h<strong>au</strong>t nive<strong>au</strong> des<br />

exportations avec <strong>le</strong>s USA étant dû <strong>au</strong>x hydrocarbures raffinés et réexporté dans un contexte<br />

notamment marqué par l’ouragan Katryna). L’Al<strong>le</strong>magne, 1 er client en 2004 passait <strong>au</strong> 18 ème rang.<br />

Mais cette plus grande ouverture <strong>au</strong> monde semb<strong>le</strong> <strong>au</strong>ssi une nécessité sociéta<strong>le</strong>.<br />

Ainsi, l’enquête de 2005 démontre un certain « étouffement » des martiniquais<br />

dans <strong>le</strong>ur î<strong>le</strong>, caractérisé par un goût particulièrement fort pour <strong>le</strong>s voyages (sans<br />

nécessaire retour) et de la dégradation des rapports soci<strong>au</strong>x<br />

Ainsi, la mise en va<strong>le</strong>ur des réussites loca<strong>le</strong>s et expatriées, l’aide <strong>au</strong> départ et <strong>au</strong><br />

retour des volontaires à l’expatriation et l’organisation d’événements de dimension<br />

internationa<strong>le</strong> sont des pistes pour faire « respirer » cette société martiniquaise.<br />

2. Des risques <strong>au</strong>jourd’hui connus, à gérer et prévenir<br />

16 Départements Français d’Amérique<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 48 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

2.1. Des risques naturels qui concernent l’ensemb<strong>le</strong> du territoire<br />

La Martinique connaît des risques naturels divers et très présents, mais un bon nive<strong>au</strong> de<br />

préparation: placée en zone de sismicité III, la Martinique est éga<strong>le</strong>ment soumise <strong>au</strong> risque<br />

cyclonique, volcanique, <strong>au</strong>x glissements de terrain, et <strong>au</strong>x inondations. <strong>Le</strong>s risques de tsunami sont<br />

éga<strong>le</strong>ment considérés depuis peu.<br />

La Martinique est <strong>le</strong> premier département français à être entièrement couvert par des plans de<br />

prévention des risques naturels multi-aléas.<br />

Il f<strong>au</strong>t noter que <strong>le</strong>s PPR de la Martinique ont une spécificité à l’échel<strong>le</strong> nationa<strong>le</strong>. Il s’agit de plans<br />

de prévention multirisques intégrant l’ensemb<strong>le</strong> des risques et des enjeux sur une même<br />

représentation cartographique. La méthodologie adoptée est standardisée à l’échel<strong>le</strong> du département.<br />

Ils incluent une « zone orange » 17 incitant à la mise en place préalab<strong>le</strong> d’un aménagement global<br />

nécessaire <strong>au</strong> « dégel » des constructions dans la zone, ainsi qu’à une réf<strong>le</strong>xion des élus sur l’avenir<br />

du territoire et <strong>le</strong>s orientations de son aménagement.<br />

Hormis <strong>le</strong>s plans POLMAR Terre et Mer élaborés en 2001/2002, l’organisation de la gestion<br />

d’éventuel<strong>le</strong>s crises à grande échel<strong>le</strong> reste peu unifiée entre <strong>le</strong>s différents intervenants pour<br />

l’ensemb<strong>le</strong> de l’î<strong>le</strong>.<br />

La coopération régiona<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> domaine de la gestion des risques majeurs est émergente. D’<strong>au</strong>tres<br />

dispositifs existent pour la télégestion et télésurveillance des risques naturels, notamment avec<br />

l’observatoire de volcanologie, la mise en place d’un système de stations météo, et du logiciel<br />

Cascades en collaboration avec Météo France; ainsi que d’un système é<strong>le</strong>ctronique de surveillance<br />

des crues.<br />

Ces différents éléments complètent <strong>le</strong>s données de base gérées <strong>au</strong> travers du modè<strong>le</strong> numérique de<br />

terrain et du SIG intégré <strong>au</strong> sein du SIGMA du <strong>Conseil</strong> <strong>Général</strong> (www.sigma972.org)<br />

Extrait zonage risques mouvement de terrain (source Préfecture)<br />

17 Ces zones oranges couvrent 8,4% du territoire, soit 9 400 hectares.<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 49 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

2.2. Un risque technologique géographiquement concentré<br />

La Martinique possède un certain nombre d’installations à risques, localisées <strong>au</strong>tour de Fort de<br />

France, où pèse l’ensemb<strong>le</strong> des risques industriels de l’î<strong>le</strong>.<br />

<strong>Le</strong>s installations à risque font l’objet, conformément <strong>au</strong>x objectifs prioritaires définis par <strong>le</strong> Ministère de<br />

l’Environnement, d’un suivi particulier de l’administration, mais celui-ci reste insatisfaisant dans<br />

l’objectif d’une mise <strong>au</strong>x normes rapide des établissements du département, malgré <strong>le</strong>s efforts<br />

engagés, et f<strong>au</strong>te de moyens.<br />

2.3. Pollutions marines accidentel<strong>le</strong>s : un risque réel<br />

La Martinique est bordée par <strong>le</strong>s can<strong>au</strong>x de la Dominique et de Sainte Lucie, à la fois étroits et<br />

fréquemment soumis à des conditions de navigation relativement diffici<strong>le</strong>s. El<strong>le</strong> est située <strong>au</strong> carrefour<br />

de deux importantes routes maritimes, alors qu’on ne dispose que d’une in<strong>format</strong>ion très partiel<strong>le</strong><br />

sur <strong>le</strong> contenu des cargaisons de matières polluantes ou à risques. <strong>Le</strong>s pétroliers à destination de la<br />

Louisiane empruntent en particulier <strong>le</strong> canal de Sainte Lucie.<br />

3. Une forte dépendance énergétique, des besoins qui<br />

s’accroissent<br />

3.1. Une consommation en h<strong>au</strong>sse<br />

La croissance de la consommation énergétique est évaluée à 4% par an en Martinique, alors<br />

que la région dépend à 97% des hydrocarbures.<br />

95% de ses besoins sont actuel<strong>le</strong>ment couverts. Cette consommation tota<strong>le</strong> a été multipliée<br />

par 2,2 en 20 ans. <strong>Le</strong> seul transport représente plus de 60% de la consommation tota<strong>le</strong>.<br />

<strong>Le</strong>s émissions de GES sont estimées à 5,3 Tonnes de CO2 par habitant, soit 1,44 tonnes de<br />

carbone par habitant (en métropo<strong>le</strong> l’émission moyenne est évaluée à 2T/habitant).<br />

<strong>Le</strong>s pointes de consommation doivent être couvertes par l’implantation d’une unité de production en<br />

hydrocarbures <strong>au</strong> Galion permettant de couvrir une capacité de 40MW permettant de pondérer <strong>le</strong>s<br />

variations de tension en l’absence d’interconnexion ou en cas de difficultés affectant <strong>le</strong> rése<strong>au</strong> de<br />

distribution.<br />

Un projet de gazoduc depuis Trinidad est à l’étude.<br />

3.2. Energies renouvelab<strong>le</strong>s : un potentiel mal exploré qui reste à valoriser.<br />

La production est estimé à 20 000 Tonnes d’équiva<strong>le</strong>nt pétro<strong>le</strong> – 200 000 MWH (environ 3% de<br />

l’approvisionnement).<br />

<strong>Le</strong> solaire photovoltaïque: 1 750 sites isolés sont équipés en photovoltaïque pour un gisement<br />

potentiel de 3 500 maisons isolées. Pour <strong>le</strong> rése<strong>au</strong> raccordé, la forte croissance de la quantité<br />

d’énergie produite et revendue à EDF est encourageante (430 KWc en 2003, 1 100 KWc en<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 50 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

2004), et souligne <strong>le</strong>s potentialités de cette solution, à pondérer toutefois compte tenu des<br />

tensions observab<strong>le</strong>s à terme sur la disponibilité et <strong>le</strong> marché du silicium.<br />

<strong>Le</strong> solaire thermique: avec un t<strong>au</strong>x annuel d’équipement en ch<strong>au</strong>ffe-e<strong>au</strong> solaires de 15 à<br />

20%/an, et 20 000 ch<strong>au</strong>ffe-e<strong>au</strong> installés, <strong>le</strong> solaire thermique connaît une croissance<br />

régulière. L’objectif est actuel<strong>le</strong>ment de 2000 unités/an. L’introduction et la diffusion de<br />

solutions thermiques pour l’habitat col<strong>le</strong>ctif doivent être encouragés.<br />

Energie éolienne: 4 aérogénérateurs représentant une capacité de 275 KW chacun sont déjà<br />

installés <strong>au</strong> V<strong>au</strong>clin, procurant une production annuel<strong>le</strong> de 2 145 MKW. <strong>Le</strong> potentiel<br />

« installab<strong>le</strong> » serait estimé à 60 MW. Une première évaluation du gisement a donné lieu à un<br />

atlas éolien accompagnant <strong>le</strong> SAR; mais dont <strong>le</strong>s données doivent encore être confirmées<br />

par des mesures récurrentes sur une longue période. <strong>Le</strong>s principa<strong>le</strong>s contraintes de la mise<br />

en œuvre de l’énergie éolienne relèvent de questions foncières et des contraintes paysagères<br />

d’implantation posées notamment par <strong>le</strong> SMVM.<br />

Géothermie : des forages effectués dans la plaine du Lamentin en 2001 n’ont pas détecté<br />

l’existence de source de cha<strong>le</strong>ur à h<strong>au</strong>te température. D’<strong>au</strong>tres études ont été menées en<br />

2003 dans <strong>le</strong>s secteurs de la Montagne Pelée (Morne Rouge) et du Diamant, mettant en<br />

évidence des zones géothermiques à h<strong>au</strong>te température d’un potentiel intéressant. <strong>Le</strong>s<br />

études complémentaires à conduire représentent cependant un investissement important,<br />

sans certitude de déboucher sur des résultats fina<strong>le</strong>ment probants, et avec la perspective de<br />

forages initia<strong>le</strong>ment coûteux en cas de viabilité avérée de la ressource.<br />

Microhydr<strong>au</strong>lique : une première centra<strong>le</strong> est fonctionnel<strong>le</strong> <strong>au</strong> domaine de Depaz (10 KW) 7<br />

880 000 m 3 Une seconde sur la rivière Capot doit être rénovée. Compte tenu des<br />

caractéristiques des cours d’e<strong>au</strong>, <strong>le</strong>s solutions « <strong>au</strong> fil de l’e<strong>au</strong> » sont préconisées. Des<br />

possibilités de valorisation de la ressource <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> de la retenue de Manzo 18 , et de la rivière<br />

du Lorrain mais avec des contraintes, notamment environnementa<strong>le</strong>s.<br />

Biomasse : l’existence d’un centre de valorisation organique <strong>au</strong> Robert laisse envisager des<br />

possibilités de méthanisation, néanmoins conditionnées à la généralisation et systématisation<br />

des tri et col<strong>le</strong>cte sé<strong>le</strong>ctifs. La valorisation énergétique de la bagasse est développée depuis<br />

plusieurs années (3/4 de la production d'énergie renouvelab<strong>le</strong> en 1999). <strong>Le</strong>s rég<strong>le</strong>mentations<br />

européennes qui imposent à partir de 2010 un t<strong>au</strong>x de 5% de biocarburant relancent <strong>le</strong>s<br />

projets de fabrication d’éthanol. Toutefois, compte tenu des tensions sur la surface agrico<strong>le</strong><br />

disponib<strong>le</strong>, la production de canne à la Martinique s’avérerait insuffisante pour alimenter une<br />

unité industriel<strong>le</strong> rentab<strong>le</strong>. L’importation de mélasse serait une alternative pour viabiliser une<br />

tel<strong>le</strong> initiative, qui resterait de toutes façons de portée probab<strong>le</strong>ment limitée.<br />

Autres opportunités : l’incinération des déchets (115 000 tonnes en 2004) a permis en 2002<br />

de produire 4MW.<br />

3.3. Economies et maîtrise de l’énergie : une marge de progrès importante<br />

Il existe probab<strong>le</strong>ment d’importants gisements d’économie d’énergie à la Martinique, tant <strong>au</strong><br />

nive<strong>au</strong> des comportements individuels et de consommation qu’<strong>au</strong> nive<strong>au</strong> des équipements industriels<br />

et domestiques. Cette voie a été initiée par <strong>le</strong> Programme Régional de Maîtrise de l’Energie avec une<br />

campagne de sensibilisation qui a abouti à l’achat de 239 000 lampes basse consommation. La<br />

pénétration des ch<strong>au</strong>ffe-e<strong>au</strong> solaires devrait être encouragée par <strong>le</strong> crédit d’impôts associé à une<br />

prime du PRME.<br />

18 Barrage en enrochement d’une h<strong>au</strong>teur de 32m, longueur de 365m, retenue : 7 880 000 m 3.<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 51 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

4. Capacité et accompagnement de l’innovation<br />

4.1. L’innovation essentiel<strong>le</strong>ment portée par <strong>le</strong> secteur public<br />

Une analyse de l’emploi des fonds structurels 2000-2006 consacrés à l’innovation met en évidence<br />

que la Martinique compte parmi <strong>le</strong>s régions où <strong>le</strong>s projets <strong>le</strong>s moins coûteux ont été mis en œuvre (20<br />

projets pour 7,8 M d’euros).<br />

La Martinique est éga<strong>le</strong>ment la région où la part consacré à l’innovation dans <strong>le</strong>s fonds structurels de<br />

l’objectif 1 et 2 a été la plus faib<strong>le</strong> (0,70%). C’est éga<strong>le</strong>ment en Martinique qu’on n’enregistre <strong>au</strong>cune<br />

contribution du secteur privé <strong>au</strong> financement de ces projets 19 .<br />

4.2. Des moyens financiers néanmoins en forte croissance<br />

<strong>Le</strong>s moyens financiers pour la recherche apparaissent néanmoins en forte croissance, notamment<br />

grâce <strong>au</strong> Contrat de plan Etat-Région, et <strong>au</strong> DOCUP (fonds structurels).<br />

L'ensemb<strong>le</strong> des mesures spécifiquement en faveur de la R&D totalise 21,6 Meuros (hors<br />

constructions universitaires) pour la Martinique.<br />

Il reste que la multiplication observée des sources de financement entraîne de nouvel<strong>le</strong>s difficultés (i)<br />

en matière de structuration globa<strong>le</strong> de l’effort de recherche ; (ii) en matière de prévisibilité des<br />

moyens permettant d’engager des démarches de recherche sur <strong>le</strong> moyen, et même long terme.<br />

4.3. Innovation et dispositif de recherche à renforcer<br />

Plusieurs institutions (EPST) sont présentes en Martinique : l’IPG avec 8 personnes, l’IRD avec une<br />

vingtaine de personnes, et une antenne de l’INRA.<br />

L’Université des Antil<strong>le</strong>s et de la Guyane (UAG) est implantée à Schoelcher avec un campus<br />

fonctionnel et modernisé en 1995. Cette Université affronte différentes difficultés, dont <strong>le</strong> caractère<br />

compartimenté des DFA, <strong>au</strong>quel s’ajoute la revendication guyanaise récurrente d’une Université<br />

<strong>au</strong>tonome. La gestion centralisée des crédits de recherche a éga<strong>le</strong>ment pu poser problèmes pour<br />

l’attribution des fonds <strong>au</strong>x différents laboratoires de la Martinique.<br />

<strong>Le</strong>s équipes de recherche de l’UAG constituent néanmoins un ensemb<strong>le</strong> de plus en plus<br />

reconnu, surtout dans certains domaines, comme par exemp<strong>le</strong> <strong>le</strong> pô<strong>le</strong> risques naturels (unité DS3),<br />

ou <strong>le</strong> pô<strong>le</strong> de recherche en droit de l’Université de la Martinique. Plus développées en Guyane, <strong>le</strong>s<br />

<strong>format</strong>ions en DUT restent cependant en retrait à la Martinique. <strong>Le</strong> renforcement de ces<br />

<strong>format</strong>ions constitue certainement un axe permettant une meil<strong>le</strong>ure adéquation de la <strong>format</strong>ion<br />

universitaire par rapport <strong>au</strong>x besoins des entreprises.<br />

<strong>Le</strong>s différents acteurs de la recherche s’investissent notamment dans <strong>le</strong>s domaines suivants:<br />

19 « <strong>Le</strong> défi de l’innovation, l’enjeu de la gouvernance ». Contribution à la réf<strong>le</strong>xion sur <strong>le</strong> cadre de référence<br />

stratégique national et la préparation des programmes opérationnels de la politique régiona<strong>le</strong> européenne 2007 –<br />

2013 dans <strong>le</strong> domaine de l’innovation.<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 52 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

La recherche universitaire : l’UAG développe des recherches médica<strong>le</strong>s et des recherches<br />

en in<strong>format</strong>ique et mathématiques appliquées (GRIMAAG), ainsi que des recherches en<br />

sciences socia<strong>le</strong>s, en linguistique, en économie, en politologie et en géographie.<br />

La recherche agro-environnementa<strong>le</strong> : el<strong>le</strong> est regroupée <strong>au</strong> sein du Pô<strong>le</strong> de recherche<br />

agro-environnementa<strong>le</strong> de la Martinique (PRAM) qui réunit trois instituts de recherche : <strong>le</strong><br />

CIRAD, l’IRD, et <strong>le</strong> CEMAGREF.<br />

La recherche en aquaculture : outre ses missions de service public, l’IFREMER dispose de<br />

laboratoires d’aquaculture tropica<strong>le</strong> et de recherche halieutique.<br />

Sciences de la terre : l’IPGP dirige <strong>le</strong> laboratoire volcanologique et sismologique de la<br />

montagne Pelée (en liaison avec l’institut national des sciences de l’univers du CNRS).<br />

Transfert de technologie et innovation : PARM, CACEM, CTCS, OSEO/ANVAR.<br />

Globa<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong>s différents efforts de structuration de la recherche en partenariats interinstitutionnels<br />

débouchent <strong>au</strong>jourd’hui sur 5 pô<strong>le</strong>s fédérateurs susceptib<strong>le</strong>s d’être valorisés<br />

dans une perspective de rayonnement et de coopération régiona<strong>le</strong> de la Martinique:<br />

Biodiversité, agroenvironnement et l’agrotrans<strong>format</strong>ion<br />

Sciences de l’Homme et de la Société<br />

Risques Naturels<br />

Santé<br />

Ressources halieutiques et aquaco<strong>le</strong>s<br />

La question reste cependant posée de développer l’articulation et la coopération entre la<br />

recherche et l’innovation, et <strong>le</strong>s entreprises martiniquaises, dont la tail<strong>le</strong> réduite correspond à des<br />

capacités d’investissement limitées qui <strong>le</strong>s rendent tributaires des actions mises en œuvre pour<br />

stimu<strong>le</strong>r et accompagner <strong>le</strong>s entreprises montrant un potentiel innovant. Ces dispositifs restent<br />

globa<strong>le</strong>ment limités et doivent être significativement renforcés.<br />

4.4. In<strong>format</strong>ion pour l’aide à la décision : une in<strong>format</strong>ion riche mais cloisonnée<br />

La Martinique dispose globa<strong>le</strong>ment d’une in<strong>format</strong>ion détaillée, riche, mais souvent relativement<br />

différée. <strong>Le</strong>s capacités en matière d’in<strong>format</strong>ion géographique doivent être considérées comme<br />

remarquab<strong>le</strong>s à l’échel<strong>le</strong> régiona<strong>le</strong> Caraïbes, avec la mise en place d’outils de nouvel<strong>le</strong> génération<br />

progressivement tournés vers <strong>le</strong> public, comme <strong>le</strong> SIGMA mis en place par <strong>le</strong> <strong>Conseil</strong> général ou<br />

encore l’accès <strong>au</strong>x PPR commun<strong>au</strong>x par Internet. <strong>Le</strong>ur p<strong>le</strong>ine valorisation nécessite encore un<br />

important effort « de marketing », d’in<strong>format</strong>ion, et de <strong>format</strong>ion des utilisateurs. Ces savoir-faire sont<br />

du plus h<strong>au</strong>t intérêt dans la perspective de mise en œuvre de coopérations régiona<strong>le</strong>s, comme cel<strong>le</strong><br />

déjà engagée par <strong>le</strong> <strong>Conseil</strong> général avec Sainte Lucie.<br />

Des contraintes existent éga<strong>le</strong>ment, qui sont liées <strong>au</strong> fort cloisonnement hérité des différents<br />

services et des différentes institutions, qui contrarient la mutualisation de l’in<strong>format</strong>ion actualisée, et sa<br />

mise à la disposition des utilisateurs.<br />

Malgré l’existence de cette in<strong>format</strong>ion abondante et souvent de bonne qualité, même parfois peu<br />

accessib<strong>le</strong>, on note éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> très faib<strong>le</strong> développement des démarches prospectives dans <strong>le</strong><br />

cadre des exercices de planification. Ce n’est que récemment que cel<strong>le</strong>s-ci sont mises à<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 53 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

contribution dans <strong>le</strong> cadre du Schéma de Développement Economique de la Martinique, à l’initiative<br />

du <strong>Conseil</strong> régional.<br />

4.5. Un accès <strong>au</strong>x rése<strong>au</strong>x numériques en cours de rattrapage<br />

Avec 31% des foyers équipés en ordinateurs, dont 16% sont connectés à Internet; 80% des<br />

entreprises équipées, dont 53% disposent d’un accès Internet, la Martinique poursuit son rattrapage<br />

dans un domaine, où el<strong>le</strong> reste néanmoins en retrait.<br />

Si la couverture ADSL couvre déjà plus de 50% de la population, certaines communes du Nord en<br />

sont exclues, et <strong>le</strong>s prestations tant en qualité qu’<strong>au</strong> nive<strong>au</strong> des tarifs restent très en dessous de la<br />

moyenne nationa<strong>le</strong>. Sur <strong>le</strong>s 41.000 foyers connectés à Internet en Martinique en 2005, seuls 25 % ont<br />

un accès h<strong>au</strong>t débit.<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 54 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

5. Adaptation <strong>au</strong>x changements : synthèse et enjeux<br />

HANDICAPS - MENACES<br />

• Un système de tail<strong>le</strong> réduite peu résilient face<br />

<strong>au</strong>x changements<br />

• Des externalités environnementa<strong>le</strong>s<br />

importantes c<strong>au</strong>sées par un développement<br />

rapide<br />

• Une population vieillissante<br />

• Des mécanismes famili<strong>au</strong>x et soci<strong>au</strong>x<br />

bou<strong>le</strong>versés. Une <strong>au</strong>gmentation forte de la<br />

monoparentalité<br />

• Un analphabétisme fort et un nive<strong>au</strong> de<br />

qualification qui reste bas, malgré <strong>le</strong>s progrès<br />

• Un tissu économique fragi<strong>le</strong>, composé en<br />

grande partie de TPE<br />

• Une faib<strong>le</strong> ouverture internationa<strong>le</strong> et une<br />

forte dépendance à la France métropolitaine<br />

• Une forte dépendance énergétique<br />

• Une capacité d’innovation propre assez faib<strong>le</strong><br />

et portée par <strong>le</strong> secteur public<br />

ATOUTS - OPPORTUNITES<br />

• Un nive<strong>au</strong> de vie x 7 en 50 ans, et un IDH de<br />

h<strong>au</strong>t nive<strong>au</strong><br />

• Une population jeune<br />

• Des traditions et un système familial qui<br />

structurent la société<br />

• Une scolarisation en net progrès<br />

• Un système de veil<strong>le</strong> multirisques adapté à<br />

l’î<strong>le</strong><br />

• Un très fort potentiel et un savoir faire sur <strong>le</strong>s<br />

énergies renouvelab<strong>le</strong>s<br />

• Des marges importantes de progrès en<br />

économies d’énergie<br />

• Des marges financières en croissance pour la<br />

recherche<br />

• Un accès <strong>au</strong>x rése<strong>au</strong>x numériques en cours<br />

de rattrapage<br />

ENJEUX STRATEGIQUES<br />

Une nécessaire diversification des réponses <strong>au</strong>x changements, notamment<br />

économiquement, avec une différenciation/diversification, et une <strong>au</strong>gmentation de la<br />

va<strong>le</strong>ur ajoutée des produits.<br />

Une innovation et dispositifs de recherche à renforcer <strong>au</strong>tour des pô<strong>le</strong>s d’excel<strong>le</strong>nce :<br />

Biodiversité, agroenvironnement et agrotrans<strong>format</strong>ion ; Sciences de l’Homme et de la<br />

Société ; Risques Naturels ; Santé ; Ressources halieutiques et aquaco<strong>le</strong>s ; énergies<br />

renouvelab<strong>le</strong>s<br />

Réduction de la dépendance énergétique : (i) <strong>au</strong> travers de la poursuite du<br />

développement des énergies renouvelab<strong>le</strong>s; mais surtout <strong>au</strong> travers d’un renforcement<br />

prononcé des efforts de maîtrise et d’économie d’énergie.<br />

Un accès à l’in<strong>format</strong>ion à décloisonner, structurer, rendre plus accessib<strong>le</strong>s et à élargir<br />

<strong>au</strong> nive<strong>au</strong> international. Des échanges à développer avec l’espace caraïbes pour <strong>le</strong><br />

partage d’expériences <strong>au</strong>tour de l’adaptation <strong>au</strong>x changements (Plans d’atténuation et<br />

d’adaptation de la Convention Changements Climatiques).<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 55 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

Insertion régiona<strong>le</strong> et coopération<br />

internationa<strong>le</strong><br />

Comme tous <strong>le</strong>s DFA, et à l’instar de be<strong>au</strong>coup de pays ou régions insulaires, la<br />

Martinique est caractérisée par une situation d’appartenance multip<strong>le</strong>: (i) une<br />

histoire et un statut partie intégrante de la Nation française avec la<br />

départementalisation de 1946; (ii) une inscription <strong>au</strong> sein de l’Europe dans <strong>le</strong> statut<br />

de région ultrapériphérique; (iii) une appartenance géographique, mais <strong>au</strong>ssi<br />

culturel<strong>le</strong>, à l’arc caribéen, et à l’ensemb<strong>le</strong> des Antil<strong>le</strong>s, (iv) une inscription<br />

indéniab<strong>le</strong> dans la sphère d’influence des états américains, de l’Amérique du Nord,<br />

mais <strong>au</strong>ssi du Sud et Centra<strong>le</strong>.<br />

1. Une ouverture internationa<strong>le</strong> limitée<br />

1.1. Une situation d’appartenance multip<strong>le</strong> <strong>au</strong> sein d’un ensemb<strong>le</strong> caribéen hétérogène et<br />

fortement contrasté<br />

La proximité géographique des î<strong>le</strong>s de l’arc caribéen et des Antil<strong>le</strong>s – 33 territoires dont 22<br />

indépendants - (la Guadeloupe est à 200 km de la Martinique, mais Saint Lucie et la Dominique n’en<br />

sont qu’à une trentaine de kilomètres) ne doit pas faire oublier <strong>le</strong>s différences notab<strong>le</strong>s entre ces<br />

petits Etats, dues à l’histoire et <strong>au</strong>x rivalités colonia<strong>le</strong>s, mais <strong>au</strong>ssi à la diversité linguistique (4<br />

langues), et enfin <strong>au</strong>x statuts actuels des différents Etats, dont <strong>le</strong>s nive<strong>au</strong>x de développement<br />

économique sont éga<strong>le</strong>ment très contrastés.<br />

L’intégration régiona<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s Caraïbes a connu plusieurs tentatives infructueuses, comme cel<strong>le</strong> de<br />

la West Indies Federation. La mise en place en 1945 du CARIFTA (Caribbean Free Trade<br />

Association) a précédé l’émergence du CARICOM (Caribbean Community and Common Market),<br />

orienté <strong>au</strong> départ vers la coopération fonctionnel<strong>le</strong> et l’intégration économique. Ces notions<br />

évolueront avec <strong>le</strong> Traité de Charamaguas vers la notion d’une économie unique, correspondant<br />

<strong>au</strong>ssi <strong>au</strong>x échéances de négociation des Accords de Partenariat Economique avec <strong>le</strong>s pays de<br />

l’Union Européenne dans <strong>le</strong> cadre des Accords de Cotonou. Ces Accords ont été signés par 16 Etats<br />

indépendants dans l’espace régional.<br />

1.2. Un ensemb<strong>le</strong> régional plus concurrentiel<br />

Avec la négociation des APE et <strong>le</strong>s orientations d’unification économique <strong>au</strong> sein du CARICOM, la<br />

Martinique va voir ses handicaps structurels <strong>au</strong>gmenter notamment en matière de productivité et de<br />

coûts salari<strong>au</strong>x.<br />

Accords de Cotonou et APE<br />

« <strong>Le</strong>s accords signés à Cotonou <strong>le</strong> 23 juin 2000 (en remplacement des accords de Lomé IV) ont<br />

incontestab<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> mérite d'assurer la promotion du secteur privé dans <strong>le</strong>s relations entre l'Union<br />

Européenne et <strong>le</strong>s Etats ACP. Ils en font éga<strong>le</strong>ment un acteur de la coopération <strong>au</strong> côté de l'Etat dans<br />

ces pays. Cette innovation n'est pas sans intérêt pour <strong>le</strong>s entreprises de la Martinique : el<strong>le</strong> <strong>le</strong>ur offre<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 56 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

en effet la possibilité de réaliser des projets d'investissement dans la Caraïbe, dans un cadre de<br />

coopération novateur faisant une large place à un secteur privé invité à adhérer <strong>au</strong>x lois du marché.<br />

<strong>Le</strong> secteur privé dont <strong>le</strong> développement est ainsi encouragé, couvre un champ d'activités relativement<br />

vaste allant de l'é<strong>le</strong>ctricité <strong>au</strong> tourisme en passant par <strong>le</strong>s télécommunications, <strong>le</strong>s transports, la<br />

gestion portuaire et aéroportuaire et l'hôtel<strong>le</strong>rie, sans oublier <strong>le</strong>s NTIC. En outre, <strong>le</strong>s accords de<br />

Cotonou prévoient la création de zones régiona<strong>le</strong>s de libre échange dont l'objectif est d'<strong>au</strong>gmenter <strong>le</strong><br />

volume des affaires et d'attirer <strong>le</strong>s investisseurs dans <strong>le</strong>s Etats ACP. »<br />

Source : Association of Caribbean States; http://www.acs-aec.org/SG/map2.htm<br />

1.3. <strong>Le</strong>s entités non indépendantes des Caraïbes sont peu associées <strong>au</strong>x institutions<br />

régiona<strong>le</strong>s<br />

<strong>Le</strong> CARICOM est avant tout anglophone, puisque seuls deux Etats ne <strong>le</strong> sont pas. Plus restreinte, et<br />

proche de la Martinique, il f<strong>au</strong>t <strong>au</strong>ssi mentionner l’existence de l’OECO <strong>au</strong> sein du CARICOM, qui<br />

regroupe <strong>le</strong>s états de la Caraïbe Orienta<strong>le</strong>. En matière d’organisation interrégiona<strong>le</strong>, <strong>le</strong> CARICOM est<br />

à l’origine de l’initiative de l’Association des Etats de la Caraïbe, créée en 1994, et qui regroupe 38<br />

Etats de p<strong>le</strong>in droit ou membres associés.<br />

C’est la seu<strong>le</strong> organisation à laquel<strong>le</strong> appartiennent <strong>le</strong>s 3 DFA par <strong>le</strong> biais de la métropo<strong>le</strong>. Son<br />

poids en matière d’intégration économique reste faib<strong>le</strong>, et se limite <strong>au</strong> renforcement de la coopération<br />

régiona<strong>le</strong> dans différents domaines : tourisme durab<strong>le</strong>, transports, prévention et gestion des risques<br />

majeurs. <strong>Le</strong> développement durab<strong>le</strong> fait partie des orientations prioritaires de l’AEC.<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 57 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

Répartition du PIB en 2001 dans l’espace Caraïbe et dans <strong>le</strong>s î<strong>le</strong>s de la Caraïbe.<br />

<strong>Le</strong>s disparités économiques sont importantes entre <strong>le</strong>s différents pays de l’espace Caraïbes, et<br />

<strong>le</strong>s territoires non indépendants affichent évidemment des PIB supérieurs. La Martinique est <strong>au</strong><br />

quatrième rang, s’affirmant ainsi comme une des entités <strong>le</strong>s plus avancées tant en termes de richesse<br />

créée que de développement humain – La Martinique occupe <strong>le</strong> 29 ème rang de l’IDH du PNUD.<br />

<strong>Le</strong> t<strong>au</strong>x d’ouverture sur l’extérieur représente par contre une situation spécifique de la<br />

Martinique, puisqu’il n’est que de 37% en 2001, alors qu’il atteint 77% dans l’espace caraïbes,<br />

et 91% dans <strong>le</strong>s î<strong>le</strong>s antillaises.<br />

2. Des échanges fortement déséquilibrés<br />

2.1. Des échanges fortement déséquilibrés en faveur de la France hexagona<strong>le</strong> et de<br />

l’Europe<br />

La Martinique importe 6 fois plus qu’el<strong>le</strong> n’exporte. <strong>Le</strong>s échanges de biens sont très largement<br />

tournés vers la France continenta<strong>le</strong> et l’Europe, à 7 000 km, (74% des exportations vers la métropo<strong>le</strong>,<br />

DOM compris, en 2005), et sont donc fortement grevés par <strong>le</strong> coût croissant des transports. A<br />

titre indicatif, <strong>le</strong>s exportations avec <strong>le</strong>s Etats-Unis et l’Europe sont inférieures de 8 fois <strong>au</strong>x<br />

importations avec ces mêmes Etats.<br />

En va<strong>le</strong>ur, <strong>le</strong>s exportations restent faib<strong>le</strong>s (23 M€ hors produits pétroliers) puisque <strong>le</strong> rapport des<br />

exportations vers l’étranger sur <strong>le</strong> PIB n’est que de 1,3 %, contre environ 20% pour la moyenne<br />

nationa<strong>le</strong>.<br />

Avec <strong>le</strong>s pays de la Caraïbe, ces échanges restent très modestes, puisqu’ils ne comptent que pour<br />

4,5% du total des importations et 2,8% des exportations. L’accès <strong>au</strong>x marchés d’Amérique du Nord et<br />

du Sud reste diffici<strong>le</strong>, et souvent conjoncturel<strong>le</strong> (cas des réexportations d’hydrocarbures raffinés vers<br />

<strong>le</strong>s USA en 2005).<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 58 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

2.2. Des performances du secteur tertiaire qui favorisent l’insertion régiona<strong>le</strong><br />

Différents secteurs traditionnels de l’économie martiniquaise (agriculture, tourisme, construction)<br />

connaissent des difficultés, essentiel<strong>le</strong>ment liées à <strong>le</strong>ur faib<strong>le</strong> compétitivité. Il s’agit là d’une<br />

caractéristique structurel<strong>le</strong> contrariant <strong>le</strong>s possibilités de s’aligner sur <strong>le</strong>s prix des pays concurrents,<br />

dans <strong>le</strong> cadre d’un repli des subventions, pour des raisons évidentes de coûts de production bien plus<br />

é<strong>le</strong>vés que ceux des pays en développement.<br />

L’agriculture, longtemps structurante de l’économie martiniquaise, n’échappe pas <strong>au</strong>x ajustements<br />

que connaît ce secteur dans <strong>le</strong>s pays développés face <strong>au</strong>x évolutions du contexte défini par l’OMC,<br />

tandis <strong>le</strong> secteur secondaire se modernise.<br />

L’externalisation croissante des entreprises a conduit à un fort développement du secteur tertiaire,<br />

éga<strong>le</strong>ment stimulé par une dynamique d’appropriation technologique intéressant des marchés<br />

généra<strong>le</strong>ment porteurs dans la région: NTIC, maintenance et froid industriel, techniques de<br />

construction anti-sismique et anticyclonique.<br />

Ces services à va<strong>le</strong>ur ajoutée ne sont pas comptabilisés dans <strong>le</strong>s exportations de la Martinique, bien<br />

qu’ils représentent un volume croissant à destination des pays voisins de la Caraïbe, en particulier<br />

dans <strong>le</strong>s pays de l’OECS. <strong>Le</strong>s effets des programmes d’actions sectoriel<strong>le</strong>s à l’export (PARDI) ont des<br />

effets notab<strong>le</strong>s, en particulier dans <strong>le</strong>s domaines des TIC, des technologies de l’assainissement, de la<br />

maintenance industriel<strong>le</strong>, de l’architecture et de la construction en zone cyclonique et sismique.<br />

3. Une offre incomplète en dessertes externes<br />

Compte tenu de l’insularité et de son iso<strong>le</strong>ment relatif, <strong>le</strong>s dessertes externes représentent un enjeu<br />

vital pour la Martinique. Si <strong>le</strong>s infrastructures sont globa<strong>le</strong>ment performantes, l’évolution des<br />

marchés débouche sur une offre encore incomplète, excepté vers la métropo<strong>le</strong>, avec des coûts<br />

généra<strong>le</strong>ment é<strong>le</strong>vés sur <strong>le</strong>s destinations internationa<strong>le</strong>s, en particulier régiona<strong>le</strong>s, peu propices à<br />

l’ouverture de la Martinique <strong>au</strong> sein de l’arc caribéen.<br />

3.1. Dessertes aériennes : un trafic en h<strong>au</strong>sse sur <strong>le</strong>s destinations nationa<strong>le</strong>s<br />

La Martinique compte une plateforme aéroportuaire principa<strong>le</strong> (Fort de France – <strong>Le</strong> Lamentin) gérée<br />

par la CCI de la Martinique. L’aéroport draine un trafic annuel de 1,5 millions de passagers pour<br />

une capacité maxima<strong>le</strong> de 2,5 millions.<br />

Ce trafic est essentiel<strong>le</strong>ment tourné vers la métropo<strong>le</strong>, en <strong>au</strong>gmentation depuis la mise en service<br />

récente d’une nouvel<strong>le</strong> compagnie aérienne vers la métropo<strong>le</strong>, alors que <strong>le</strong> trafic international, y<br />

compris inter-î<strong>le</strong>s régional, est en recul en 2004 de 1% sur l’année précédente avec 109 212<br />

passagers, soit 7% du trafic global (on a enregistré 19% de recul entre 2001 et 2004).<br />

<strong>Le</strong>s destinations nationa<strong>le</strong>s sont essentiel<strong>le</strong>ment dirigées vers la plateforme d’Orly (56,5%),<br />

accessoirement de Roissy CDG (5,5%). <strong>Le</strong> trafic vers <strong>le</strong>s <strong>au</strong>tres DFA concerne d’abord la Guadeloupe<br />

(22,5%) suivie de loin par la Guyane (6%) en 2004.<br />

La capacité de fret est de 30 000 tonnes / an, éga<strong>le</strong>ment en recul régulier depuis 2000.<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 59 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

3.2. Dessertes maritimes : un trafic en h<strong>au</strong>sse sur <strong>le</strong>s destinations nationa<strong>le</strong>s<br />

<strong>Le</strong>s équipements du Port d’intérêt national de Fort de France ont été récemment complétés par la<br />

mise en place d’un terminal conteneurs, répondant à la croissance régulière du trafic (1,5%/an) à la<br />

Pointe des Grives, équipé de 3 portiques d’une capacité de <strong>le</strong>vage de 4 tonnes, avec une capacité de<br />

150 000 EVP. Ce port multifonctionnel occupe évidemment une place centra<strong>le</strong> dans l’économie de la<br />

Martinique (plus de 400 navires/an). Avec un trafic maritime concentré sur la façade caraïbes, la<br />

localisation du port est éga<strong>le</strong>ment à l’origine de risques de déversements et de pollution de la Baie de<br />

Fort de France.<br />

<strong>Le</strong> terminal croisière a vu son activité décliner très fortement dans <strong>le</strong>s dernières années,<br />

connaissant des difficultés d’adaptation <strong>au</strong>x évolutions de la croisière (transit et croisière basée), mais<br />

<strong>au</strong>ssi et surtout suite à la forte concurrence des î<strong>le</strong>s voisines. <strong>Le</strong> trafic inter-î<strong>le</strong>s a éga<strong>le</strong>ment connu<br />

une forte décroissance, comme à la Guadeloupe.<br />

4. Une coopération régiona<strong>le</strong> multiforme et diffici<strong>le</strong> à cerner<br />

4.1. L’absence d’une vision stratégique partagée par tous <strong>le</strong>s acteurs<br />

<strong>Le</strong>s dispositions de la Loi d’Orientation sur l’Outremer de décembre 2000 ont amené différentes<br />

évolutions, notamment <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> de la capacité des DFA à négocier des traités avec des Etats tiers,<br />

dans <strong>le</strong> but d’adresser <strong>au</strong> gouvernement français des propositions en vue de conclure des accords de<br />

coopération régiona<strong>le</strong>. <strong>Le</strong>s conférences sur la coopération régiona<strong>le</strong>, qui réunissent <strong>le</strong>s princip<strong>au</strong>x<br />

acteurs sont une de ces avancées, la 3 ème conférence s’étant tenue à la Martinique en Avril 2006.<br />

Ce travail d’in<strong>format</strong>ion et de coordination reste cependant insuffisant, surtout si l’on considère la<br />

diversité des acteurs impliqués (Etat, Région, Département, communes ayant signé des accords de<br />

jumelages n particulier avec des communes de Cuba, organisations non gouvernementa<strong>le</strong>s,<br />

institutions ou organismes de recherche – CIRAD, IRD, etc..).<br />

Un consensus de l’ensemb<strong>le</strong> des acteurs <strong>au</strong>tour d’axes stratégiques reste nécessaire tant il<br />

semb<strong>le</strong> diffici<strong>le</strong> d’accéder à une vision de synthèse de l’ensemb<strong>le</strong> des relations de coopération<br />

entretenues par <strong>le</strong>s institutions et la société martiniquaises avec <strong>le</strong>s pays tiers de l’ensemb<strong>le</strong> régional<br />

et de l’espace caribéen.<br />

4.2. Des instruments diversifiés mais <strong>au</strong>ssi porteurs de contraintes …<br />

La mise en oeuvre de cette coopération régiona<strong>le</strong> s’effectue à partir de la mobilisation de<br />

financement et cofinancements variés avec une forte proportion assurée par (i) <strong>le</strong> FCR (entre<br />

2001 et 2006, 85 projets à h<strong>au</strong>teur de 3 009 618 E, soit 33% de <strong>le</strong>ur coût global estimé à 9 059 926<br />

euros) ; (ii) <strong>le</strong> programme européen Interreg pour <strong>le</strong>s régions ultrapériphériques; (iii) <strong>le</strong> FEDER.<br />

La mobilisation de ce dernier fonds dans <strong>le</strong> cadre de programmes région<strong>au</strong>x financés par <strong>le</strong> FED pour<br />

<strong>le</strong>s pays ACP pose souvent de sérieuses difficultés de synchronisation et d’articulation des<br />

procédures d’engagement et de décaissement, qui sont peu propices à une présence efficace des<br />

DFA <strong>au</strong> sein de ces programmes région<strong>au</strong>x.<br />

Il f<strong>au</strong>t <strong>au</strong>ssi noter que <strong>le</strong>s bure<strong>au</strong>x d’étude de la Martinique sont très peu présents sur <strong>le</strong>s marchés<br />

d’assistance technique des projets FED dans la région, alors que <strong>le</strong> potentiel commercial dans ce<br />

domaine n’est pas négligeab<strong>le</strong>, avec des retombées en termes d’images et d’établissement de liens<br />

de coopération régiona<strong>le</strong>.<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 60 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

Globa<strong>le</strong>ment, la coopération régiona<strong>le</strong> s’oriente surtout vers <strong>le</strong>s domaines de la culture, de l’éducation,<br />

du sport, de la santé publique, de la recherche agronomique, de l’amélioration du transport<br />

interrégional, de la préservation de l’environnement. El<strong>le</strong> aborde éga<strong>le</strong>ment des problématiques où la<br />

subsidiarité régiona<strong>le</strong> est évidente, comme la défense contre <strong>le</strong>s catastrophes naturel<strong>le</strong>s, la lutte<br />

contre <strong>le</strong> narco-trafic et l’immigration illéga<strong>le</strong>.<br />

4.3. … et souvent diffici<strong>le</strong>s à articu<strong>le</strong>r avec <strong>le</strong>s moyens classiques de la coopération<br />

internationa<strong>le</strong> de la France<br />

Dans certains cas, <strong>le</strong>s institutions de la Martinique sont amenées à coopérer dans <strong>le</strong> cadre de<br />

programmes région<strong>au</strong>x financés par <strong>le</strong> FSP 20 . Ce fonds géré par <strong>le</strong> Ministère des Affaires Etrangères<br />

bénéficie essentiel<strong>le</strong>ment <strong>au</strong>x pays de la ZSP (90% des engagements dans la région), et parmi ceuxci<br />

essentiel<strong>le</strong>ment à Haïti, qui concentre 75% des moyens d’intervention. <strong>Le</strong> FSP maintient un<br />

dispositif régional d’une vingtaine d’assistants techniques. <strong>Le</strong> MAE 21 soutient éga<strong>le</strong>ment un dispositif<br />

d’une vingtaine d’alliances françaises dans la région.<br />

L’AFD opère éga<strong>le</strong>ment dans la Région Caraïbes, dans différents secteurs potentiels :<br />

• L’énergie et l’interconnexion des rése<strong>au</strong>x énergétiques de la zone (gazoduc Trinidad-<br />

Caraïbes)<br />

• <strong>Le</strong>s <strong>au</strong>toroutes de l’in<strong>format</strong>ion (liaison numérique inter-caraïbes)<br />

• L’environnement englobant <strong>le</strong>s problématiques de l’e<strong>au</strong>, de l’assainissement et cel<strong>le</strong> des<br />

énergies renouvelab<strong>le</strong>s (solaire, éolienne et géothermique - géothermie caraïbes).<br />

• <strong>Le</strong> développement des transports et la promotion touristique concertée (faciliter <strong>le</strong> transport de<br />

personnes et favoriser <strong>le</strong>s stratégies communes en matière d’éco-tourisme) ;<br />

• <strong>Le</strong> développement de la coopération régiona<strong>le</strong> en matière de santé.<br />

• <strong>Le</strong> financement de projets créateurs d’emplois afin de limiter <strong>le</strong>s flux d’émigration vers <strong>le</strong>s<br />

DFA.<br />

Il f<strong>au</strong>t souligner qu’une récente évaluation interministériel<strong>le</strong> des actions de la France en faveur<br />

du développement durab<strong>le</strong> dans la coopération internationa<strong>le</strong> de la France souligne la<br />

nécessité de consolider ces approches régiona<strong>le</strong>s, et de stimu<strong>le</strong>r dans ce cadre la vocation<br />

des DOM/TOM à s’établir en pô<strong>le</strong>s de compétences région<strong>au</strong>x, à l’image par exemp<strong>le</strong> du pô<strong>le</strong><br />

de recherche agro-environnementa<strong>le</strong> de la Martinique, qui regroupe <strong>le</strong> CIRAD, <strong>le</strong> CEMAGREF,<br />

l’INRA et l’IRD.<br />

4.4. Transferts de technologie et de savoir-faire : l’émergence récente des PPP 22 <strong>au</strong> service<br />

d’une coopération régiona<strong>le</strong> à vocation économique<br />

Des initiatives récentes mettent en relief <strong>le</strong>s opportunités offertes par ces pô<strong>le</strong>s de compétence, et par<br />

la valorisation des transferts de technologies et des savoir faire acquis en Martinique dans l’espace<br />

régional. On constate que ces expériences visent généra<strong>le</strong>ment des secteurs « modernes » liés<br />

directement ou indirectement <strong>au</strong>x stratégies de développement durab<strong>le</strong>.<br />

<strong>Le</strong> projet Eurocolombus de création par <strong>le</strong> groupe martiniquais SEEN d’un rése<strong>au</strong> de col<strong>le</strong>cte des<br />

déchets recyclab<strong>le</strong>s des î<strong>le</strong>s de l’OECO à partir de la Martinique vise à valoriser <strong>le</strong>s économies<br />

d’échel<strong>le</strong> résultant de la création d’un rése<strong>au</strong> régional de recyclage et de traitement des déchets<br />

intégré incluant la Martinique, la Guadeloupe, <strong>le</strong>s pays de l’OECS, la Barbade, Trinidad et Tobago.<br />

20 Fonds de Solidarité Prioritaire<br />

21 Ministère des affaires étrangères<br />

22 Partenariats public - privé<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 61 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

Cette initiative bénéficie du concours du <strong>Conseil</strong> Régional, du <strong>Conseil</strong> général, du FCR, du FEDER et<br />

de la l’ADEME.<br />

<strong>Le</strong> regroupement d’une vingtaine de PME et TPE du secteur des TIC <strong>au</strong> sein de l’association<br />

Open IT est un <strong>au</strong>tre exemp<strong>le</strong> d’initiative visant une valorisation des savoir faire technologique<br />

présents en Martinique.<br />

La Martinique constitue un pô<strong>le</strong> d’excel<strong>le</strong>nce reconnu à l’échel<strong>le</strong> régiona<strong>le</strong> en matière de santé;<br />

positon qu’il importe de valoriser en bénéficiant (i) de l’expérience acquise en matière de<br />

développement touristique; (ii) dans <strong>le</strong>s nouvel<strong>le</strong>s technologies <strong>au</strong> travers du développement de la<br />

télémédecine.<br />

Ces nouvel<strong>le</strong>s orientations, éga<strong>le</strong>ment convergentes avec la forte croissance du secteur des services<br />

à la Martinique, montrent que la capacité de projection et d’insertion de la Martinique <strong>au</strong> sein de<br />

l’ensemb<strong>le</strong> régional ne dépend pas uniquement de la volonté politique ou des financements<br />

mobilisab<strong>le</strong>s, mais <strong>au</strong>ssi de sa capacité interne (i) à transférer et acquérir des savoir faire dans<br />

<strong>le</strong>s technologies de pointe; (ii) à fédérer et structurer <strong>le</strong>s compétences sectoriel<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong><br />

cadre de partenariats impliquant <strong>au</strong>ssi bien <strong>le</strong> public que <strong>le</strong> privé; (iii) à évaluer et mieux<br />

connaître ses propres avantages comparatifs.<br />

Ainsi, <strong>le</strong>s opportunités de coopération régiona<strong>le</strong> sont étroitement dépendantes des progrès<br />

enregistrés à la Martinique dans la mise en place d’une démarche de développement durab<strong>le</strong>.<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 62 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

5. Insertion régiona<strong>le</strong> et coopération internationa<strong>le</strong> : synthèse et<br />

enjeux<br />

FAIBLESSES - MENACES<br />

• Un territoire confronté <strong>au</strong>x contraintes de son<br />

insularité, de son iso<strong>le</strong>ment régional et de son<br />

ultrapériphicité<br />

• Un débat récurrent sur l'insuffisante<br />

intégration de l’î<strong>le</strong> dans sa zone<br />

géographique, vecteur d'un mal-être des<br />

habitants tant sur <strong>le</strong>s plans identitaire et<br />

culturel qu'économique, politique ou social<br />

• Un ratio exportations / PIB régional très faib<strong>le</strong><br />

• Un déséquilibre structurel des échanges et<br />

des obstac<strong>le</strong>s (handicaps) qui se conjuguent :<br />

dépendance à la Métropo<strong>le</strong>, mentalités peu<br />

tournés vers l'export, accroissement des<br />

nive<strong>au</strong>x de vie favorisant <strong>le</strong>s importations,<br />

produits traditionnels d'exportation de plus en<br />

plus concurrencés, faib<strong>le</strong> compétitivité liée<br />

<strong>au</strong>x coûts du travail, droits de douane,<br />

obstac<strong>le</strong>s de la logistique et des moyens de<br />

transports…<br />

• Des handicaps accrus pour <strong>le</strong> commerce intra<br />

Caraïbes : non réciprocité des dispositions<br />

entre DOM et Etats tiers (ACP notamment),<br />

degré de coopération économique encore<br />

faib<strong>le</strong>, proximité de pays en développement<br />

bénéficiant d'accords privilégies avec l'UE…<br />

• Risque de déstabilisation économique et<br />

socia<strong>le</strong> / libéralisation des échanges,<br />

concurrence et compétitivité des états<br />

émergents, immigration clandestine,<br />

délinquance "exportée" par <strong>le</strong>s différences de<br />

nive<strong>au</strong>x de vie…<br />

ATOUTS - OPPORTUNITES<br />

• Positionnement stratégique d'interface<br />

Europe, Caraïbe, continent américain<br />

• Importance des relations historiques,<br />

culturel<strong>le</strong>s, identitaires avec <strong>le</strong>s Etats voisins<br />

de la Caraïbe<br />

• En termes de richesses créées et de<br />

développement humain, l'une des entités <strong>le</strong>s<br />

plus avancées de l'espace caraïbéen<br />

• Des évolutions législatives ou rég<strong>le</strong>mentaires<br />

récentes renforçant <strong>le</strong>s compétences des<br />

DFA en matière de coopération internationa<strong>le</strong><br />

• La diversité du dispositif institutionnel (AEC,<br />

CARICOM, CAIC, CARIFORUM, OECS…) et<br />

des moyens financiers (FCR, FCD, Fonds<br />

Européens, AFD…) mobilisab<strong>le</strong>s<br />

• Des acquis dans des domaines d'échanges et<br />

de coopération : culture, santé, recherche,<br />

TIC, protection de l'environnement…<br />

• Des réussites illustrant <strong>le</strong>s échanges et<br />

partenariats public-privé possib<strong>le</strong>s sur la<br />

coopération : distribution, <strong>format</strong>ion, déchets,<br />

savoir-faire technologiques, santé…<br />

• <strong>Le</strong>s potentiels liés à l'exportation de services<br />

et de savoir-faire<br />

• L'impulsion que peuvent représenter : <strong>le</strong>s<br />

Accords de partenariat économique (APE) en<br />

cours de négociation entre l'UE et <strong>le</strong>s pays<br />

ACP (ils succéderont à partir de 2008 <strong>au</strong>x<br />

accords de Cotonou), la création d'un Centre<br />

caraïbéen du développement durab<strong>le</strong><br />

ENJEUX STRATEGIQUES<br />

<br />

Un impératif majeur : Assurer l'ancrage et l'ouverture de la Martinique à son espace<br />

géographique d'appartenance.<br />

<strong>Le</strong>s capacités à être partie prenante du processus d'intégration en marche dans la<br />

Caraïbe et à en garantir <strong>le</strong>s conditions : projet stratégique unifié, système politique<br />

adapté (vers "un espace délégué de souveraineté", cf. <strong>au</strong>ssi <strong>le</strong> débat récurrent <strong>au</strong>tour<br />

de la question du statut départemental et des compétences précisées), systèmes<br />

administratif et financier adaptés, transports, inst<strong>au</strong>ration du multilinguisme dans <strong>le</strong>s<br />

éco<strong>le</strong>s,…<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 63 AGENDA 21 MARTINIQUE


CONSEIL GENERAL DE LA MARTINIQUE Etat des lieux préparatoire à l’Agenda 21<br />

<strong>Le</strong>s capacités à développer des pô<strong>le</strong>s de coopération dans <strong>le</strong>s domaines à h<strong>au</strong>te va<strong>le</strong>ur<br />

ajoutée : recherche agronomique, biodiversité, santé publique, systèmes d'a<strong>le</strong>rte<br />

environnement<strong>au</strong>x (volcans, sismicité…), océanographie, services supérieurs<br />

(logistique internationa<strong>le</strong>, SSII, bure<strong>au</strong>x d'études, conseils juridiques, services<br />

bancaires…)…<br />

<strong>Diagnostic</strong> externe<br />

RCT / BRLi – décembre 2006 64 AGENDA 21 MARTINIQUE

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