Les Rencontres de Biarritz 2007 - THS 10
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ADDICTION ET TROUBLE DE PERSONNALITÉ BORDERLINE<br />
RÉSUMÉ / ABSTRACT<br />
BARDOT V<br />
La prise en charge <strong>de</strong>s troubles <strong>de</strong> la personnalité représente un enjeu important en addictologie. Ces troubles existeraient<br />
chez 40% <strong>de</strong>s patients alcoolodépendants et constitueraient un facteur aggravant <strong>de</strong>s autres troubles psychiatriques. Ils peuvent<br />
être à l' origine <strong>de</strong> rechute en ne permettant pas une amélioration <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s patients.<br />
A travers l’illustration d' une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> cas, nous tenterons <strong>de</strong> montrer qu' un trouble <strong>de</strong> personnalité bor<strong>de</strong>rline peut être pris<br />
en charge en consultation ambulatoire d' alcoologie.<br />
La patiente, âgée <strong>de</strong> 53 ans est alcoolodépendante en rémission prolongée complète. Elle a suivi un programme <strong>de</strong> prévention<br />
<strong>de</strong> la rechute. Cependant la variété et l' alternance <strong>de</strong>s troubles <strong>de</strong> l' axe I du DSM puis les échecs successifs <strong>de</strong>s différentes<br />
tentatives <strong>de</strong> prises en charge comportementales et cognitives classiques nous ont conduits à l' exploration <strong>de</strong> l' axe II.<br />
L’évaluation <strong>de</strong> la patiente concernant un éventuel trouble <strong>de</strong> la personnalité s' est faite avec le SIDP IV <strong>de</strong> Pfolh et coll: les<br />
critères diagnostiques généraux et 6 manifestations parmi 9 sont présents.<br />
Ce trouble se traduit par une instabilité <strong>de</strong> l' humeur, une notion <strong>de</strong> soi perturbée, une labilité émotionnelle, une impulsivité<br />
importante conduisant à <strong>de</strong>s troubles alimentaires importants (boulimique à poids normal)et à <strong>de</strong> l' auto agressivité (auto mutilations).<br />
La patiente présente par ailleurs une anxiété sociale modérée (échelle <strong>de</strong> phobie sociale <strong>de</strong> Liebowitz) et un déficit<br />
d’assertivité (échelle <strong>de</strong> Rathus)<br />
L’analyse fonctionnelle (basic i<strong>de</strong>a) nous amène à proposer à la patiente ce protocole <strong>de</strong> prise en charge:<br />
- explication succincte <strong>de</strong>s bases théoriques <strong>de</strong>s thérapies comportementales et cognitives<br />
- attentes et objectifs <strong>de</strong> la thérapie dans les domaines individuels, familiaux et sociaux<br />
- propositions <strong>de</strong> stratégies thérapeutiques.<br />
<strong>Les</strong> techniques thérapeutiques qui vont être utilisées sont <strong>de</strong>s techniques classiques <strong>de</strong> restructuration cognitive auxquelles<br />
on couplera un entraînement aux habiletés sociales.<br />
La thérapie débute par un travail d’apprentissage <strong>de</strong> reconnaissance et <strong>de</strong> distinction <strong>de</strong>s émotions (utilisation <strong>de</strong> relevés<br />
d’auto observation à 2 colonnes: situation/émotion). Le but étant à terme <strong>de</strong> pouvoir repérer la chaîne d’événements cognitifs<br />
à l' origine <strong>de</strong> l’émotion pénible. L’enjeu est d' autant plus important pour la patiente que ce sont ses émotions pénibles<br />
intenses et envahissantes qui génèrent les conduites impulsives d' auto agressivité.<br />
L’étape suivante consiste à apprendre à repérer les pensées automatiques (relevé d'auto observation à 3 colonnes<br />
situation/émotion/pensée automatique). <strong>Les</strong> pensées automatiques vont nous permettre d’accé<strong>de</strong>r aux croyances du sujet,<br />
aux schémas dysfonctionnels à l' oeuvre dans le trouble <strong>de</strong> la personnalité. Il est postulé dans la théorie cognitivo comportementale<br />
<strong>de</strong>s troubles <strong>de</strong> la personnalité que les schémas se sont construits dés l’enfance par <strong>de</strong>s mécanismes<br />
d’assimilation/accommodation et sont le filtre rigidifié à travers duquel la réalité est appréhendée. Tout fonctionne en boucle:<br />
la pensée régule l’action qui vient confirmer la pensée. <strong>Les</strong> pensées automatiques qui découlent <strong>de</strong>s schémas s’expriment sans<br />
avoir été traitées consciemment sur le plan cognitif.<br />
Une fois les pensées automatiques bien repérées, on peut passer à la restructuration cognitive où il va s' agir <strong>de</strong> décentrer le<br />
patient <strong>de</strong> son idée première afin <strong>de</strong> faire diminuer l' émotion qui accompagne la pensée dysfonctionnelle qu' on qualifie d'<br />
automatique (relevé d' auto observation à 5 colonnes situation/émotion/pensée automatique/croyance en la pensée automatique/pensées<br />
alternatives/réévaluation <strong>de</strong> la croyance en la pensée automatique).<br />
L’entraînement aux habiletés sociales consiste en un programme classique d’affirmation <strong>de</strong> soi en individuel (engager la<br />
conversation/faire et recevoir <strong>de</strong>s compliments/maîtriser sa communication non verbale/savoir faire <strong>de</strong>s critiques/savoir<br />
recevoir <strong>de</strong>s critiques/savoir dire non...).<br />
L’évaluation après un an et <strong>de</strong>mi <strong>de</strong> prise en charge à raison d’une séance par semaine montre l’absence <strong>de</strong>s critères diagnostiques<br />
généraux et la présence <strong>de</strong> 2 manifestations au lieu <strong>de</strong> 6 en pré traitement au SIDP. <strong>Les</strong> scores sont également améliorés<br />
à l’échelle <strong>de</strong> phobie sociale <strong>de</strong> Liebowitz (57 à 35) et au Rathus ( -15 à 3). Cependant les conduites d’automutilations<br />
persistent encore même si leur fréquence et leur intensité ont diminué. La patiente continue à avoir une notion <strong>de</strong> soi perturbée<br />
mais pense pouvoir continuer à gérer ses pensées automatiques perturbatrices grâce au travail <strong>de</strong> restructuration<br />
cognitive. <strong>Les</strong> schémas <strong>de</strong> pensée semblent s'être assouplis mais sont toujours présents. Ces schémas en tant que structures<br />
cognitives stables sont très durs à modifier et risquent <strong>de</strong> se réactiver lors <strong>de</strong> nouvelles expériences <strong>de</strong> vie pénibles.<br />
MOTS CLÉS / KEYWORDS<br />
Addiction; trouble <strong>de</strong> la personnalité; thérapie cognitivo comportementale; schémas; anxiété sociale; assertivité.<br />
Bardot véronique<br />
Psychologue CCAA Saint-Dizier<br />
veroniquebardot@msn.com<br />
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