Les Rencontres de Biarritz 2007 - THS 10

PROFILS SOCIO-MÉDICAUX DES PERSONNES DÉTENUES
SOUS TRAITEMENT DE SUBSTITUTION AUX OPIACÉS
OBRADOVIC I
RÉSUMÉ / ABSTRACT
Introduction : La faible disponibilité des traitements de substitution aux opiacés en milieu carcéral a
été mise en évidence dans de nombreux pays, alors même que leur rôle positif, dans la réduction des
risques comme dans la prévention de la récidive pénale, est aujourd’hui établi. En revanche, l’évaluation
de l’impact des traitements de substitution en milieu carcéral a fait l’objet de peu de recherches
: l’étude de cohorte menée par le RECAMS (Réseau d’études sur les conduites addictives, médicament
et société) et Clinsearch apporte des éléments intéressants pour décrire le profil socio-médical des personnes
bénéficiaires d’un traitement de substitution, qu’il soit poursuivi ou initié en milieu carcéral.
Matériels et Méthodes : L’objectif initial de l’enquête était d’étudier l’impact des TSO par buprénorphine
ou méthadone sur la réincarcération de détenus dépendants aux opiacés, de façon prospective,
sur une durée de trois ans. L’étude a été menée auprès de médecins volontaires exerçant dans 47 maisons
d’arrêt, sans distinction de pratique à l’égard de la substitution. Elle a permis de croiser des données
de nature médicale, pénale et liées à la mortalité pour chaque patient, en exploitant trois sources
: le médecin-enquêteur, la Direction de l’administration pénitentiaire et l’INSEE/INSERM. Les données
socio-médicales collectées lors de la phase d’inclusion portent sur 507 patients dépendants aux opiacés,
prévenus ou condamnés, interrogés lors de la première semaine d’incarcération (caractéristiques
socio-démographiques, dépendance aux opiacés, historique de la toxicomanie, antécédents médicaux,
prescriptions médicales). L’analyse statistique a permis de dresser le profil spécifique des personnes
détenues sous traitement de substitution et de d’analyser la relation complexe qui lie substitution et
réincarcération.
Résultats : Les résultats présentés ici se limitent aux données d’inclusion. La part de détenus dépendants
aux opiacés bénéficiant d’un traitement de substitution à l’incarcération avoisine 80%. Leur profil
socio-médical apparaît très différent selon qu’ils sont sous traitement de substitution ou non : les
premiers se distinguent par un meilleur recours aux soins, une meilleure couverture maladie, une situation
pénale et un historique d’incarcération plus lourds, ainsi que des épisodes d’overdose et des antécédents
psychiatriques plus fréquents. En revanche, l’usage de produits psychoactifs en détention est
plus répandu parmi les personnes « non substituées », qui s’avèrent également plus sujettes à la polytoxicomanie.
Discussion : Dès lors que les patients sous traitement de substitution à l’incarcération apparaissent plus
fragiles, la question de leur accompagnement sanitaire pendant la détention se pose de façon accrue.
La nécessité d’un encadrement socio-éducatif des personnes détenues sous traitement de substitution
ressort de cette étude comme étant un enjeu crucial.
MOTS CLÉS / KEYWORDS
Non communiqué...
OBRADOVIC Ivana
Observatoire français des drogues et des toxicomanies
Chargée d’étude, Pôle évaluation des politiques publiques
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