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Les Rencontres de Biarritz 2007 - THS 10

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IMPACT DES TRAITEMENTS DE SUBSTITUTION AUX OPIACÉS<br />

SUR LES PRATIQUES D’INJECTION, DE SÉROCONVERSION ET<br />

SUR LA MORTALITÉ DES USAGERS DE DROGUE.<br />

RÉSUMÉ / ABSTRACT<br />

MICHEL L<br />

FREMAUX D<br />

LANCON C<br />

L’impact <strong>de</strong>s TSO sur la santé <strong>de</strong>s usagers <strong>de</strong> drogue est aisément perceptible par tous les cliniciens, qu’il s’agisse <strong>de</strong> santé physique ou mentale,<br />

<strong>de</strong> ré-insertion socio-professionnelle ou tout simplement <strong>de</strong> qualité <strong>de</strong> vie. L’impact sur <strong>de</strong>s critères comme la mortalité ou la séroconversion<br />

au VIH ou VHC ne peut se mesurer que dans <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s, suivis <strong>de</strong> cohorte, randomisées ou méta-analyses. Ce sont quelques-unes <strong>de</strong><br />

ces étu<strong>de</strong>s, parmi les plus démonstratives et pour la plupart très récentes que nous avons choisies <strong>de</strong> présenter ici.<br />

En premier lieu, <strong>de</strong>ux étu<strong>de</strong>s dont nous présentons les résultats en matière <strong>de</strong> diminution <strong>de</strong>s pratiques d’injection. L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> DUBURCQ et<br />

CHARPAK et coll. réalisée en France est un suivi <strong>de</strong> cohorte sur <strong>de</strong>ux ans <strong>de</strong> patients recevant pour la première fois un traitement par la BHD.<br />

La proportion d’injecteurs dans cette étu<strong>de</strong> passe <strong>de</strong> 52 à 11 %. Dans une étu<strong>de</strong> comparable menée en Australie par TEESON et coll., suivi <strong>de</strong><br />

cohorte sur un an <strong>de</strong> patients primo-accédants à un TSO par la méthadone, la proportion d’injecteurs passe <strong>de</strong> 78 à 7 % ; Ces <strong>de</strong>ux suivis <strong>de</strong><br />

cohorte réalisés dans <strong>de</strong>s pays différents mais dans <strong>de</strong>s conditions similaires, montrent que quels que soient les MSO utilisés, ils ont un impact<br />

favorable sur les pratiques d’injection <strong>de</strong>s UD.<br />

L’étu<strong>de</strong> suivante, est une étu<strong>de</strong> norvégienne randomisée. Elle montre que dans une population homogène d’UD, répartis <strong>de</strong> façon aléatoire<br />

dans un groupe BHD ou méthadone, le nombre <strong>de</strong> jours d’injection passe <strong>de</strong> 18 jours à 1 jour par mois dans le groupe méthadone, alors que<br />

dans le groupe BHD, ce nombre passe <strong>de</strong> 18 à 6 jours par mois. <strong>Les</strong> <strong>de</strong>ux MSO ont un impact positif sur les pratiques d’injection, mais dans<br />

cette étu<strong>de</strong> randomisée, comparant pour la première fois les fréquences d’injection avec un protocole aussi rigoureux, l’écart est significativement<br />

en faveur <strong>de</strong> la méthadone.<br />

L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> DOLAN est présentée ensuite. Car au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’impact <strong>de</strong>s MSO sur les pratiques d’injection, il est important <strong>de</strong> savoir si cela a un<br />

impact sur les séroconversions, notamment dans cette étu<strong>de</strong>, sur les séroconversions à l’hépatite C. Ce suivi <strong>de</strong> cohorte montre que <strong>de</strong>s<br />

pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> traitement par méthadone inférieures à 5 mois sont significativement associées à un risque accru d’infection par le virus <strong>de</strong> l’hépatite<br />

C. Comme pour la séroconversion au VIH (Gowing, L.;Farrell, M.;Bornemann, R.; Ali, R. The Cochrane Library. Chichester, UK: John<br />

Wiley & Sons; 2004. Substitution treatment of injecting opioid users for prevention of HIV infection [Cochrane Review]. Issue 4) , et en l’absence<br />

d’étu<strong>de</strong>s faites avec d’autres médicaments, le méthadone est le seul MSO ayant démontré un impact sur la séroconversion au VHC.<br />

L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> DOLAN apporte également <strong>de</strong>s réponses en terme <strong>de</strong> mortalité. L’existence d’un traitement méthadone, quelle qu’en soit sa durée,<br />

est associée à une réduction <strong>de</strong> la mortalité (aucun décès chez les patients traités par la méthadone – 17 décès chez les patients ne recevant<br />

pas un traitement par la méthadone).<br />

<strong>Les</strong> <strong>de</strong>ux étu<strong>de</strong>s suivantes rappellent l’impact <strong>de</strong>s TSO sur la réduction <strong>de</strong> la mortalité <strong>de</strong>s usagers <strong>de</strong> drogue. L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Strang notamment,<br />

met en gar<strong>de</strong> sur la fragilité <strong>de</strong>s usagers <strong>de</strong> drogue (dont une majorité traités par la méthadone) <strong>de</strong>venus abstinents à la suite d’un sevrage.<br />

Dans un sous-groupe d’usagers ayant réussi leur sevrage, le taux <strong>de</strong> mortalité annuel <strong>de</strong> 13,5 %, soit bien supérieur à celui d’une population<br />

d’usagers <strong>de</strong> drogue recevant un TSO. Dans l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Soyka et coll., suivi <strong>de</strong> cohorte <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 2700 patients allemands, usagers <strong>de</strong> drogue<br />

dépendants aux opiacés, le taux <strong>de</strong> mortalité annuel est comparable dans les groupes <strong>de</strong> patients traités soit par la méthadone, soit par la<br />

Bhd, autour <strong>de</strong> 1 %. Notons là également, qu’un tiers <strong>de</strong>s UD décédés à la suite d’une overdose (4/11) n’était plus sous traitement et que 17<br />

<strong>de</strong>s 28 décès ne sont pas liés à <strong>de</strong>s overdoses. Cette cohorte d’usagers allemands est probablement assez homogène dans la mesure où les<br />

conditions d’accès aux <strong>de</strong>ux traitements sont similaires. Une étu<strong>de</strong> comparant en France les taux <strong>de</strong> mortalité d’une cohorte d’usagers bénéficiant<br />

<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux MSO n’aurait pas la même signification, tant les conditions d’accès sont différentes. En effet, les UD <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur d’un TSO<br />

par la méthadone, sont plus souvent dans une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> traitement <strong>de</strong> secon<strong>de</strong> intention, et assez fréquemment en échec avec la BHD, qui<br />

rendrait la cohorte non homogène.<br />

Pour terminer avec la mortalité, les données du dispositif DRAMES confrontées au nombre d’usagers <strong>de</strong> drogue recevant un TSO par la méthadone,<br />

mettent en évi<strong>de</strong>nce que la diffusion croissante <strong>de</strong> la méthadone, notamment en mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> ville, par le biais <strong>de</strong>s délégations <strong>de</strong><br />

prescriptions <strong>de</strong>s services spécialisée vers les MG, n’a pas eu d’impact en terme <strong>de</strong> surmortalité. A l’inverse, en proportion, le nombre <strong>de</strong><br />

décès imputables à la méthadone (dans 82% <strong>de</strong>s cas en association avec d’autres psychotropes) est en baisse, si on tient compte <strong>de</strong> la forte<br />

évolution du nombre <strong>de</strong> patients traités en ville, <strong>de</strong> 4 500 en 2000 à 14 000 en 2005, alors que le nombre <strong>de</strong> décès imputable à la méthadone<br />

sur cette pério<strong>de</strong> est globalement resté stable.<br />

Cette évolution favorable est probablement à mettre au crédit d’une amélioration <strong>de</strong>s pratiques médicales en matière <strong>de</strong> MSO, et <strong>de</strong> l’efficacité<br />

<strong>de</strong> réseaux <strong>de</strong> professionnels formés (MG et pharmaciens d’officine) qui s’organisent autour <strong>de</strong> services primo-prescripteurs (CSST ou<br />

hospitaliers).<br />

MOTS CLÉS / KEYWORDS<br />

Non communiqué...<br />

Dr Laurent MICHEL, Centre <strong>de</strong> Traitement <strong>de</strong>s Addictions, Limeil-Brévannes<br />

Dr Didier FREMAUX, Unité Toxicomanie, CH Pinel, Amiens<br />

Pr Christophe LANCON, Hôpital Sainte Marguerite, Marseille<br />

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