Didactique, philosophie, transparence et séduction - Depositum

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76 coopération ludique tacite Mais cette invitation ne doit-elle pas tenir compte d'un séduit modèle éventuel Et pour cela. ne doit-elle pas s'efforcer de le construire en lui donnant la possibilité de se construire et en lui octroyant une place vivante et non la «place du mort» (Houssaye, 1988). Il faut donc laisser un espace où l'interpellé puisse participer à cette réverbération des signes. Il y a, nous dit Eco, des textes fermés qui ne visent qu'un lecteur cible passif. Ils ne cherchent pas à séduire, à inciter à une «adhésion>> libre, résistante comme le disaient Angenot (1993) et Perelman (1952), ils cherchent la fusion, «l'adhérence» absolue sans jeu aucun. Eco nous montre que ce type de texte ou de discours, sans espace de liberté, est le plus réversible des discours. Plus il s'enfonce dans son désir totalitaire de fusion, plus il prêtera à des interprétations qui en détourneront le sens originel comme par exemple la parodie, la caricature. Baudrillard parlait des catastrophes du réel que la séduction guette. Ce qui séduit dans le réel, ce n'est pas sa force, son pouvoir mais sa faiblesse, sa possibilité d'être détourné de sa voie, de son sens. Séduire sur le plan pédagogique, c'est donc peut-être créer un texte «Ouvert» (ouvert à différents jeux possibles) qui en appelle à la «coopération» complice, intellectuelle et affective d'un lecteur modèle étudiant envisagé à partir de la réalité de la classe et non d'un étudiant qui n'existerait que dans la tête de l'enseignant. Séduire, c'est garder une sensibilité ouverte à l'autre, tenter de l'entrevoir pour l'apprivoiser. l'inviter à ce jeu des signes en saisissant les prémisses de sa complicité et en lui permettant d'entrer dans le jeu.

77 CONCLUSION GÉNÉRALE Nous avons analysé les multiples dimensions du concept de séduction à travers l'étude de Baudrillard (1979). Nous avons tenté de réduire à quelques axes principaux ces multiples aspects. Nous avons vu que la relation de séduction constituait la négation de l'exhibition productive. la négation du culte de la transparence. Nous avons vu qu'elle résidait essentiellement dans la réversibilité des signes. dans le jeu de leur ambiguHé. dans le maintien de la part secrète du réel. Nous avons constaté que cette relation de séduction était principalement une relation interpellant la complicité tacite de l'autre et non un contrat sous l'ordre de la Loi. Nous avons établi aussi. qu'en tant que processus voué inéluctablement à passer. la séduction ne pouvait être strictement réduite à une technique stéréotypée qui l'enfermerait à jamais dans une prétention à l'être qu'elle refuse fondamentalement. Nous avons vu aussi que ces considérations sur la relation de séduction trouvaient un écho favorable dans le discours pédagogique. L'étude de Janine Laton (1991) a indiqué que la perception de la relation de séduction. dans le domaine de l'éducation. était chargée d'ambivalences affectives et intellectuelles. Attirant immanquablement tout en incitant à la peur et à la prudence. la relation de séduction semble être inhérente à la relation pédagogique. Si Laton considère qu'elle n'est que le reflet d'une insuffisance au niveau de la formation et. partant. une stratégie d'amateur dont on pourrait éventuellement se libérer. en référant à la psychanalyse. l'auteur nous montre

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CONCLUSION GÉNÉRALE<br />

Nous avons analysé les multiples dimensions du concept de séduction à<br />

travers l'étude de Baudrillard (1979).<br />

Nous avons tenté de réduire à quelques axes principaux ces multiples<br />

aspects. Nous avons vu que la relation de séduction constituait la négation de<br />

l'exhibition productive. la négation du culte de la <strong>transparence</strong>. Nous avons vu<br />

qu'elle résidait essentiellement dans la réversibilité des signes. dans le jeu de leur<br />

ambiguHé. dans le maintien de la part secrète du réel. Nous avons constaté que<br />

c<strong>et</strong>te relation de séduction était principalement une relation interpellant la<br />

complicité tacite de l'autre <strong>et</strong> non un contrat sous l'ordre de la Loi. Nous avons<br />

établi aussi. qu'en tant que processus voué inéluctablement à passer. la séduction<br />

ne pouvait être strictement réduite à une technique stéréotypée qui l'enfermerait à<br />

jamais dans une prétention à l'être qu'elle refuse fondamentalement. Nous avons<br />

vu aussi que ces considérations sur la relation de séduction trouvaient un écho<br />

favorable dans le discours pédagogique.<br />

L'étude de Janine Laton (1991) a indiqué que la perception de la relation<br />

de séduction. dans le domaine de l'éducation. était chargée d'ambivalences<br />

affectives <strong>et</strong> intellectuelles. Attirant immanquablement tout en incitant à la peur <strong>et</strong><br />

à la prudence. la relation de séduction semble être inhérente à la relation<br />

pédagogique. Si Laton considère qu'elle n'est que le refl<strong>et</strong> d'une insuffisance au<br />

niveau de la formation <strong>et</strong>. partant. une stratégie d'amateur dont on pourrait<br />

éventuellement se libérer. en référant à la psychanalyse. l'auteur nous montre

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