Didactique, philosophie, transparence et séduction - Depositum

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29.12.2014 Views

64 Bilan Cette thèse révèle que les gens (non-enseignants. enseignants. étudiants) ont une perception de la séduction chargée d'ambivalence. Perçue comme toujours plus ou moins présente dans les relations humaines. la séduction séduit mais irrite par le pouvoir qu'elle exerce. Cette ambivalence pourrait. d'après notre lecture de Baudrillard, relever du désir sécurisant de se fusionner à la plénitude du réel, du vrai mais en même temps d'y échapper. de jouir de leur catastrophe possible. Laton révèle aussi que. dans la perspective psychanalytique. la séduction a sa source dans le désir de se fusionner avec la mère. qu'elle est présente dans la demande de savoir le désir de la mère et que cette quête inaccessible sublimée alimente l'investigation scientifique qui accepte son inéluctable inachèvement. Nous pouvons nous demander pourquoi. un tel processus, si enraciné dans notre structure psycho-affective et sans lequel le désir de savoir ne pourrait puiser son énergie. ne semble pas intéresser le discours officiel des sciences de l'éducation Si Baudrillard rejette la séduction en tant que désir psychanalytique. c'est qu'il y voit un désir orchestré, aliéné par un discours de vérité et auquel les individus se réfèrent pour réclamer leur part d'être. Tout discours officialisé devient la médiation instrumentale autorisée pour produire sa demande. produire au grand jour son existence comme si c 'était la seule manière d'être. Mais si Baudrillard condamne ces désirs aliénés. ses réticences n'infirment pas l'existence de cette dimension charnelle originelle dans laquelle la séduction et le désir de savoir trouveraient leur origine.

65 Enfin, l'étude de Laton nous invite aussi à gérer la séduction pour ne pas sombrer inconsciemment dans ses filets au moment de la transmission des savoirs. Cette gestion constituerait un dépassement de la séduction pédagogique teintée d'amateurisme au profit d'un savoir «pertinent» qui axerait le plaisir dans le savoir surmonté et non sur la relation à l'autre. L'auteur convie les éducateurs à faire le deuil de leur personne au nom d'une transmission des savoirs purgée des effets occultes de la séduction. Que conclure de ces considérations d'un chercheur impliqué dans l'enseignement La séduction trouble et on nous propose de neutraliser ce trouble au nom de la transparence du savoir. On nous propose donc d'exorciser ses charmes alors que la psychanalyse nous indique que c'est ce sortilège originel qui a donné naissance au désir de savoir. On nous propose aussi de faire le deuil de notre personne, d'accepter de disparaître pour que la transmission du savoir puisse être sans tache. Mais alors. comment pourrions-nous encore, dans cette optique, donner du sens à notre existence et aider l'élève à en trouver dans la sienne Si la séduction trouble, n'y a-t-il pas d'autre issue que de la supprimer et supprimer avec elle notre existence dans ce qu'elle a d'obscur, d'affectif, de fantasmatique au nom d'une pédagogie centrée sur la transparence du savoir N'y a-t-il pas dans cette quête religieuse de la transparence (Nietzsche, 1950) une illusion Illusion dans laquelle même les spécialistes de l'approche qualitative et clinique peuvent tomber. Laton en constitue une illustration. Mals elle n'est pas la seule. Prenons par exemple le livre de Friedberg (1993) Le Pouvoir et la Règle. Cet auteur, qui a formulé avec Crozier la célèbre analyse sur L'acteur et le système, va passer près des deux tiers d'une étude de quatre cents pages à

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Bilan<br />

C<strong>et</strong>te thèse révèle que les gens (non-enseignants. enseignants. étudiants)<br />

ont une perception de la séduction chargée d'ambivalence. Perçue comme<br />

toujours plus ou moins présente dans les relations humaines. la séduction séduit<br />

mais irrite par le pouvoir qu'elle exerce.<br />

C<strong>et</strong>te ambivalence pourrait. d'après notre lecture de Baudrillard, relever du<br />

désir sécurisant de se fusionner à la plénitude du réel, du vrai mais en même temps<br />

d'y échapper. de jouir de leur catastrophe possible.<br />

Laton révèle aussi que. dans la perspective psychanalytique. la séduction a<br />

sa source dans le désir de se fusionner avec la mère. qu'elle est présente dans la<br />

demande de savoir le désir de la mère <strong>et</strong> que c<strong>et</strong>te quête inaccessible sublimée<br />

alimente l'investigation scientifique qui accepte son inéluctable inachèvement.<br />

Nous pouvons nous demander pourquoi. un tel processus, si enraciné dans notre<br />

structure psycho-affective <strong>et</strong> sans lequel le désir de savoir ne pourrait puiser son<br />

énergie. ne semble pas intéresser le discours officiel des sciences de l'éducation Si<br />

Baudrillard rej<strong>et</strong>te la séduction en tant que désir psychanalytique. c'est qu'il y voit<br />

un désir orchestré, aliéné par un discours de vérité <strong>et</strong> auquel les individus se<br />

réfèrent pour réclamer leur part d'être. Tout discours officialisé devient la médiation<br />

instrumentale autorisée pour produire sa demande. produire au grand jour son<br />

existence comme si c 'était la seule manière d'être. Mais si Baudrillard condamne<br />

ces désirs aliénés. ses réticences n'infirment pas l'existence de c<strong>et</strong>te dimension<br />

charnelle originelle dans laquelle la séduction <strong>et</strong> le désir de savoir trouveraient leur<br />

origine.

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