Didactique, philosophie, transparence et séduction - Depositum

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104 pas en désaccord avec la pratique qui pouvait régner à l'Académie. Le maître reste toujours l'intermédiaire entre un savoir transcendant auquel il a accès (les thèses des différentes écoles et LA Thèse capable d'articuler ou de transcender cette diversité) et un élève qui, par son labeur patient et méthodique et par la grâce d'une certaine idiosyncrasie, accédera à la connaissance supérieure. Platon, dans le mythe de la Caverne, a eu aussi le mérite, selon nous, de mettre en évidence certains obstacles pédagogiques qui passeront longtemps inaperçus même s'il n'a pas fourni les moyens concrets pour les dépasser. Il a montré qu'apprendre, c'est douloureux, que cela nécessite, dans le langage de Bachelard et de Piaget, une désorganisation et une restructuration de notre perception, idée qui sera, comme le montre Bertrand (1992, p.67-82) affinée sur le plan pédagogique par certains cognitivistes comme Ausubel (1968), De la Garanderie (1988), Giordan et Vecci (1987), Larochelle et Desautels (1990). Platon met en évidence certaines résistances qui empêchent l'individu d'accéder à une vision des choses qui ébranle ses convictions habituelles. Ces obstacles épistémologiques se présentent comme des chaînes à la fois physiques, psychologiques, affectives et intellectuelles qui rivent fortement l'individu à son monde illusoire, son monde d'ombres. L'individu n'a pas l'habitude de certains déplacements. La nouveauté de la situation l'aveugle, le plonge dans une situation douloureuse où tout repère semble avoir disparu. Il se sent embarrassé, perdu, désorienté, épeuré. La réalité nouvelle semble manquer de consistance, de véracité et il lui préfère l'ancienne réalité dans laquelle au moins il fonctionnait. L'illusoire lui paraît plus vrai et le vrai illusoire. Pour accéder à la connaissance. il lui faudra donc, dira plus tard Bachelard (1938, 1940), «Changer de culture>>,

105 «renverser les obstacles amoncelés par la vie quotidienne», et tout cela . Le modèle didactique défini par Platon pose donc la vérité comme une réalité transcendante à laquelle doivent s'inféoder toutes entreprises éducatives et politiques. Le dialogue n'est plus une expression nécessaire et suffisante du philosopher comme chez Socrate et les sophistes, il devient un moyen au service de la conversion au vrai. La vérité est une et une la voie qui mène à elle. Connaître, apprendre deviendront des actes de purifications, de ruptures avec l'illusoire, actes qui prendront, selon l'expression de Quilliot, (1996, p. 16). «une forme métaphysico-religieuse>>. Cela nécessitera de l'effort. du travail, de la patience. Cela impliquera aussi le désir d'abandonner nos désirs > et à

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pas en désaccord avec la pratique qui pouvait régner à l'Académie. Le maître<br />

reste toujours l'intermédiaire entre un savoir transcendant auquel il a accès (les<br />

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grâce d'une certaine idiosyncrasie, accédera à la connaissance supérieure.<br />

Platon, dans le mythe de la Caverne, a eu aussi le mérite, selon nous, de<br />

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montré qu'apprendre, c'est douloureux, que cela nécessite, dans le langage de<br />

Bachelard <strong>et</strong> de Piag<strong>et</strong>, une désorganisation <strong>et</strong> une restructuration de notre<br />

perception, idée qui sera, comme le montre Bertrand (1992, p.67-82) affinée sur le<br />

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Garanderie (1988), Giordan <strong>et</strong> Vecci (1987), Larochelle <strong>et</strong> Desautels (1990). Platon<br />

m<strong>et</strong> en évidence certaines résistances qui empêchent l'individu d'accéder à une<br />

vision des choses qui ébranle ses convictions habituelles. Ces obstacles<br />

épistémologiques se présentent comme des chaînes à la fois physiques,<br />

psychologiques, affectives <strong>et</strong> intellectuelles qui rivent fortement l'individu à son<br />

monde illusoire, son monde d'ombres. L'individu n'a pas l'habitude de certains<br />

déplacements. La nouveauté de la situation l'aveugle, le plonge dans une<br />

situation douloureuse où tout repère semble avoir disparu. Il se sent embarrassé,<br />

perdu, désorienté, épeuré. La réalité nouvelle semble manquer de consistance,<br />

de véracité <strong>et</strong> il lui préfère l'ancienne réalité dans laquelle au moins il fonctionnait.<br />

L'illusoire lui paraît plus vrai <strong>et</strong> le vrai illusoire. Pour accéder à la connaissance. il lui<br />

faudra donc, dira plus tard Bachelard (1938,<br />

1940), «Changer de culture>>,

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