Didactique, philosophie, transparence et séduction - Depositum
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viii RÉSUMÉ À une époque complexe où la réflexivité critique s'avère indispensable. nous assistons, paradoxalement, à une volonté, soucieuse de rationalité technique, d'éliminer l'enseignement de la phllosophie qui a pour fonction de promouvoir cette attitude réflexive. Cette menace omniprésente pousse les enseignants de cette discipline à se justifier en se rabattant sur des techniques qui semblent avoir la caution de la science mais n'améliorent pas forcément l'intérêt des étudiants et leur enthousiasme pour la philosophie. Nous proposons dans cette étude de sonder la possibilité théorique d'une autre alternative. une didactique prenant en considération la séduction plutôt que la seule instrumentation technicienne. Pour atteindre notre objectif, nous avons analysé ce que cette relation sociale de séduction impliquait en utilisant l'étude sociologique de ce thème par Baudrillard (1979). Cet auteur nous a permis d'élaborer un cadre conceptuel susceptible de trouver quelques supports dans le discours des sciences de l'éducation [Daignault (1985); Laton (1991)] même si ce sujet ne semble pas intéresser généralement la recherche éducative. Ce cadre conceptuel décrit d'une manière plus référencée les conditions théoriques d'une didactique de la philosophie alimentée par Jo séduction, didactique qui ne peut se comprendre que par son opposition à une didactique axée sur la production et la rationalité technique. Soutenu alors par une hypothèse plus structurée, nous avons voulu lui donner plus de poids en tentant de révéler dans l'histoire de l'enseignement philosophique la présence de ces didactiques duelles et leurs errements possibles. Cette enquête a mis en évidence l'existence de leurs confrontations didactiques et leurs limites mutuelles. ce qui confère à notre projet théorique une certaine viabilité. non sur un plan normatif. mais sur un plan ontologique. en tant que mode relationnel possible. Pour terminer notre étude. nous proposons un modèle descriptif d'une didactique du philosopher qui intègre séduction et instrumentation technicienne sans sombrer dans leurs écueils respectifs. Ce modèle décrit une zone proxjmale de développement de Jo réflexivité critique où s'interpénètrent didactique de la séduction et didactique instrumentale de production. Cette description d'une zone. susceptible de générer davantage le goût du philosopher. pourrait éventuellement ouvrir la voie à d'autres études théoriques plus spécifiques et donner lieu à des recherches vérificatoires sur le terrain. Mots clefs: Didactique, Philosophie. Séduction. Complicité, Production. Transparence.
PRÉAMBULE On nous répète de tout c 6 té que nous vivons dans un monde complexe 1 où s'opposent et s' interpénètrent continuellement enjeux éthiques, économiques et technologiques, que les savoirs théoriques n'offrent plus toujours à l'action les garanties absolues dont elle aurait besoin, que le citoyen contemporain ne peut plus, sans se questionner, être à la hauteur des nouveaux défis sociaux que cette complexité mouvante impose. Dès lors, tout en cherchant à favoriser l'acquisition de régularités qui découpent dans la complexité des plaques de rationalité, les systèmes d 'éducation actuels peuvent-ils, sans faillir à leur mission, éviter de promouvoir chez les individus une attitude interrogative, gage d'une conduite critique autonome En France et au Québec, durant les deux premiers tiers de notre siècle, l'enseignement de la philosophie devait contribuer, malgré certaines réticences, à cette mission . Pourtant. depuis les deux dernières décennies, cette discipline intellectuelle, principalement réflexive et interrogative, est devenue l'objet d ' un ressentiment souvent avoué.2. Ouvertement ou tacitement, des instances socio- 1 Nous pensons ici aux réflexions classiques de Morin ( 1981,1 990), de Lesourne (1991), de Dupuy (1982, 1992), de SchOn (1983), de Morgan (1986, 1989), de Atlan (1991). 2 Voir GREPH (1977). En 1975, des politiciens français préconisaient la suppression de la philosophie et son remplacement par les «nouvelles humanités» comme la sociologie, l'économie, la politique.
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On nous répète de tout c 6 té que nous vivons dans un monde complexe 1<br />
où s'opposent <strong>et</strong> s' interpénètrent continuellement enjeux éthiques, économiques<br />
<strong>et</strong> technologiques, que les savoirs théoriques n'offrent plus toujours à l'action les<br />
garanties absolues dont elle aurait besoin, que le citoyen contemporain ne peut<br />
plus, sans se questionner, être à la hauteur des nouveaux défis sociaux que c<strong>et</strong>te<br />
complexité mouvante impose.<br />
Dès lors, tout en cherchant à favoriser l'acquisition de régularités qui<br />
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d 'éducation actuels peuvent-ils, sans faillir à leur mission, éviter de promouvoir chez<br />
les individus une attitude interrogative, gage d'une conduite critique autonome<br />
En France <strong>et</strong> au Québec, durant les deux premiers tiers de notre siècle,<br />
l'enseignement de la <strong>philosophie</strong> devait contribuer, malgré certaines réticences, à<br />
c<strong>et</strong>te mission . Pourtant. depuis les deux dernières décennies, c<strong>et</strong>te discipline<br />
intellectuelle, principalement réflexive <strong>et</strong> interrogative, est devenue l'obj<strong>et</strong> d ' un<br />
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1 Nous pensons ici aux réflexions classiques de Morin ( 1981,1 990), de<br />
Lesourne (1991), de Dupuy (1982, 1992), de SchOn (1983), de Morgan (1986,<br />
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2 Voir GREPH (1977).<br />
En 1975, des politiciens français préconisaient la suppression de la <strong>philosophie</strong> <strong>et</strong><br />
son remplacement par les «nouvelles humanités» comme la sociologie, l'économie,<br />
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