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Aspermie ou quand la graine n'est plus indispensable ou plus ...

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L’aspermie chez les p<strong>la</strong>ntes<br />

à fruits<br />

Alors que p<strong>ou</strong>r <strong>la</strong> plupart des fruits à noyau, <strong>la</strong> présence<br />

du noyau n’est pas un frein à leur consommation,<br />

p<strong>ou</strong>r de nombreux fruits à pépins, notamment<br />

ceux présentant des baies vraies (banane, raisin) <strong>ou</strong><br />

des baies fausses (agrumes), les consommateurs sont<br />

avides de fruits sans <strong>graine</strong>s. On parle alors d’aspermie<br />

(du <strong>la</strong>tin sperma, semence) <strong>ou</strong> d’apyrénie (du grec<br />

purên - ênos, noyau). Commercialement, les espèces<br />

fruitières à multiplication végétative présentent <strong>plus</strong><br />

s<strong>ou</strong>vent des variétés apyrènes, car <strong>la</strong> multiplication<br />

végétative permet de multiplier ces variétés dép<strong>ou</strong>rvues<br />

de <strong>graine</strong>s, mais il existe également des variétés<br />

apyrènes chez des espèces à reproduction par <strong>graine</strong>s<br />

comme <strong>la</strong> pastèque par exemple.<br />

On parle d’aspermie en cas d’absence complète de<br />

<strong>graine</strong>s, mais également dès lors que le nombre <strong>ou</strong> le<br />

poids des pépins est <strong>plus</strong> faible et les pépins non sclérifiés.<br />

En <strong>plus</strong> d’une meilleure qualité gustative, les<br />

fruits apyrènes peuvent avoir des durées de vie après<br />

récolte <strong>plus</strong> longue (Varoquaux et al, 2000).<br />

Dans <strong>la</strong> nature, de multiples causes d’aspermie sont<br />

rencontrées. N<strong>ou</strong>s présenterons ici majoritairement<br />

le cas des 3 espèces <strong>ou</strong> gr<strong>ou</strong>pes d’espèces horticoles<br />

pérennes sur lesquels nos équipes ont travaillé : <strong>la</strong><br />

banane, les agrumes et <strong>la</strong> vigne.<br />

Dans <strong>la</strong> conscience collective, <strong>la</strong> banane est le fruit<br />

sans <strong>graine</strong>s par excellence avec une absence complète<br />

de <strong>graine</strong>s dans le fruit ! Très peu de consommateurs<br />

en sont conscients, p<strong>ou</strong>rtant les collections de ress<strong>ou</strong>rces<br />

génétiques de <strong>la</strong> banane regorgent de variétés<br />

à <strong>graine</strong>s ! P<strong>ou</strong>r les agrumes et <strong>la</strong> vigne, l’apyrénie peut<br />

représenter une absence totale de pépins (ex. <strong>la</strong> variété<br />

emblématique “Sultanine”, <strong>ou</strong> certaines variétés<br />

d’orange Navel) <strong>ou</strong> alors des pépins non lignifiés et/<strong>ou</strong><br />

à l’état de traces (Figure 1) <strong>ou</strong> encore chez les agrumes<br />

un nombre réduit de pépins (0 à 6).<br />

Les causes naturelles<br />

(<strong>ou</strong> un peu moins !)<br />

de l’aspermie<br />

Trois grands mécanismes sont à l’origine de l’absence<br />

de <strong>graine</strong>s : les mécanismes qui empêchent <strong>la</strong> fertilisation<br />

des ovules, on parle alors de parthénocarpie, ceux<br />

inhibant <strong>la</strong> production des ovules, et enfin ceux inhibant<br />

<strong>ou</strong> avortant le développement des ovules, appelés<br />

sténospermocarpie.<br />

Fruits aspermes issus de parthénocarpie<br />

<strong>ou</strong> de problèmes de pollinisation<br />

Certains fruits dits parthénocarpiques peuvent se<br />

développer sans fertilisation comme par exemple les<br />

concombres : on parle alors de parthénocarpie végétative,<br />

alors que d’autres fruits apyrènes comme les<br />

citrus nécessitent le stimulus de <strong>la</strong> fécondation.<br />

La fertilisation de l’embryon nécessite <strong>la</strong> captation<br />

du pollen par le pistil, le développement des tubes<br />

polliniques depuis le grain de pollen jusqu’au sac<br />

embryonnaire et <strong>la</strong> fécondation proprement dite. T<strong>ou</strong>s<br />

mécanismes empêchant soit <strong>la</strong> germination soit le<br />

développement des tubes polliniques peuvent potentiellement<br />

conduire à des fruits aspermes.<br />

Dans le cas de <strong>la</strong> vigne, des baies parthénocarpiques se<br />

développent lors d’accidents de floraison (conditions<br />

climatiques défavorables) mais ce<strong>la</strong> ne concerne pas<br />

l’ensemble des baies d’une grappe. On parle alors de<br />

millerandage. Chez <strong>la</strong> variété ‘Corinthe noir’ qui produit<br />

les raisins de Corinthe, raisins principalement<br />

consommés secs, ce phénomène est systématique,<br />

t<strong>ou</strong>tes les baies étant apyrènes. L’absence de pépins est<br />

due à un blocage de fertilisation dont on connaît peu<br />

le déterminisme.<br />

Ce mécanisme est également important chez le bananier.<br />

Même en présence d’ovules conformes, potentiellement<br />

fécondables à <strong>la</strong> floraison, les variétés cultivées<br />

ne portent pratiquement jamais de <strong>graine</strong>s en conditions<br />

naturelles car les freins à <strong>la</strong> fertilisation sont<br />

nombreux chez les bananiers cultivés. Chez le triploïde<br />

‘Gros Michel’ par exemple, il y a suffisamment de sacs<br />

embryonnaires matures à <strong>la</strong> floraison p<strong>ou</strong>r produire<br />

normalement 100 fois <strong>plus</strong> de <strong>graine</strong>s qu’il n’est obtenu<br />

en pratique. Dodds (1945) a observé chez “P. Lilin” que,<br />

deux j<strong>ou</strong>rs après <strong>la</strong> pollinisation, il n’y avait aucun tube<br />

dans les ovules et ce, en dépit d’une progression normale<br />

de ces tubes polliniques dans les pistils. Chez les<br />

bananiers à cuire, Shepherd mentionnait (Com. Pers.)<br />

que l’absence de fertilisation chez les p<strong>la</strong>ntains était<br />

probablement due à un b<strong>ou</strong>rrelet de tissu obstruant,<br />

de façon <strong>plus</strong> <strong>ou</strong> moins étanche, le canal pistil<strong>la</strong>ire à <strong>la</strong><br />

jonction du pistil et l’ovaire, empêchant <strong>la</strong> progression<br />

des tubes polliniques jusqu’aux sacs embryonnaires.<br />

L’observation d’une germination des tubes polliniques<br />

dans les styles n’est donc pas garante d’une fertilisation<br />

ab<strong>ou</strong>tie chez le bananier. Enfin, Shepherd (1999)<br />

a rapporté aussi que l’immaturité morphologique <strong>ou</strong><br />

physiologique des styles et des stigmates à <strong>la</strong> floraison<br />

p<strong>ou</strong>vait entraîner l’inhibition de <strong>la</strong> croissance des<br />

tubes polliniques.

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