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Aspermie ou quand la graine n'est plus indispensable ou plus ...

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<strong>Aspermie</strong> <strong>ou</strong> <strong>quand</strong> <strong>la</strong> <strong>graine</strong> n’est <strong>plus</strong><br />

<strong>indispensable</strong> <strong>ou</strong> devient indésirable !<br />

P. This et F. Bakry, UMR AGAP, Cirad-Inra - Montpellier Supagro, Montpellier, France<br />

Y. Froelicher, UMR AGAP, Cirad, San Giuliano, France,<br />

F. Luro, UR GEQA, Inra, San Giuliano, France<br />

P. Ollitrault, UMR AGAP, Cirad, IVIA Valencia, Espagne<br />

Résumé<br />

La <strong>graine</strong>, qui contient et protège l’embryon, est<br />

l’organe développé chez les p<strong>la</strong>ntes séminifères<br />

p<strong>ou</strong>r être le support de <strong>la</strong> reproduction sexuée. Ce<br />

type de reproduction permet également un brassage<br />

des gènes parentaux et est à ce titre un vecteur<br />

de l’évolution et de l’adaptation des p<strong>la</strong>ntes à l’environnement.<br />

La <strong>graine</strong> est s<strong>ou</strong>vent contenue dans les<br />

fruits, qui assurent sa dissémination. Son développement<br />

conditionne parfois le développement des<br />

fruits, par les hormones végétales qu’elle sécrète.<br />

Alors que p<strong>ou</strong>r <strong>la</strong> plupart des fruits à noyau, <strong>la</strong> présence<br />

du noyau n’est pas un frein à leur consommation,<br />

p<strong>ou</strong>r de nombreux fruits à pépins, les<br />

consommateurs sont avides de fruits sans <strong>graine</strong>s.<br />

On parle alors d’aspermie <strong>ou</strong> d’apyrénie. P<strong>ou</strong>r ces<br />

variétés, <strong>la</strong> reproduction est réalisée par multiplication<br />

végétative, très répandue chez les espèces<br />

fruitières.<br />

La présentation détaillera les principales causes de<br />

l’aspermie (freins à <strong>la</strong> fécondation, freins au développement<br />

de l’embryon…), fera le point sur les<br />

effets de l’absence de pépins sur le développement<br />

des fruits (notamment sur leur taille, leur composition)<br />

et les effets de l’environnement sur l’expression<br />

de l’aspermie, à partir d’illustrations tirées<br />

d’espèces travaillées dans nos équipes : le bananier,<br />

les agrumes et <strong>la</strong> vigne.<br />

Elle présentera également les moyens mis en œuvre<br />

par les sélectionneurs p<strong>ou</strong>r faciliter <strong>la</strong> création de<br />

n<strong>ou</strong>velles variétés à fruits sans <strong>graine</strong>s au service<br />

des professionnels.<br />

Introduction<br />

En botanique, les fruits, chez les p<strong>la</strong>ntes à fleurs, se<br />

développent à partir de certains tissus de <strong>la</strong> fleur, les<br />

ovaires, et de certains tissus accessoires comme les<br />

pétales et sépales. Ils contiennent et protègent les<br />

<strong>graine</strong>s. Les <strong>graine</strong>s se développent à partir des ovules<br />

après fertilisation par le noyau du pollen. Elles constituent<br />

l’organe développé chez les p<strong>la</strong>ntes séminifères<br />

p<strong>ou</strong>r être le support de <strong>la</strong> reproduction sexuée et à ce<br />

titre un vecteur de l’évolution et de l’adaptation des<br />

p<strong>la</strong>ntes à l’environnement. Les <strong>graine</strong>s se développent<br />

en même temps que les fruits et contribuent chez<br />

certaines espèces, comme <strong>la</strong> vigne par exemple, à <strong>la</strong><br />

croissance du fruit par une synthèse d’hormones de<br />

croissance. La taille des fruits est s<strong>ou</strong>vent proportionnelle<br />

au nombre d’ovules fécondés.<br />

Même si botaniquement, tomates, haricots et autres<br />

pois sont considérés comme des fruits, n<strong>ou</strong>s ne n<strong>ou</strong>s<br />

intéresserons ici qu’aux espèces considérées comme<br />

des fruits dans le <strong>la</strong>ngage c<strong>ou</strong>rant, tels que pommes,<br />

bananes, oranges, raisins…<br />

Les fruits sont des organes qui ont évolué p<strong>ou</strong>r permettre<br />

une conservation à c<strong>ou</strong>rt terme des <strong>graine</strong>s<br />

et surt<strong>ou</strong>t leur dissémination, notamment après<br />

consommation par les oiseaux et les mammifères. Ils<br />

représentent une part importante de l’alimentation<br />

humaine et, à ce titre, constituent une fraction substantielle<br />

de <strong>la</strong> production agricole mondiale et française.<br />

En France, <strong>la</strong> production de fruits (dont pommes,<br />

poires, abricots, cerises, pêches, kiwis, fraises et raisin<br />

de table) représentent 115 337 ha, soit 0,18 % de <strong>la</strong> SAU<br />

(données SCEES 2011). La production cumulée des 10<br />

principales cultures correspond à 2,544 millions de<br />

tonnes, dont environ 1,9 M de tonnes p<strong>ou</strong>r <strong>la</strong> pomme<br />

(données FranceAgriMer, 2009).<br />

Il convient de différencier différents types de fruits :<br />

fruits simples secs <strong>ou</strong> charnus (raisin, banane), fruits<br />

composés (ananas) <strong>ou</strong> faux-fruits (framboise, fraise).<br />

49


50<br />

L’aspermie chez les p<strong>la</strong>ntes<br />

à fruits<br />

Alors que p<strong>ou</strong>r <strong>la</strong> plupart des fruits à noyau, <strong>la</strong> présence<br />

du noyau n’est pas un frein à leur consommation,<br />

p<strong>ou</strong>r de nombreux fruits à pépins, notamment<br />

ceux présentant des baies vraies (banane, raisin) <strong>ou</strong><br />

des baies fausses (agrumes), les consommateurs sont<br />

avides de fruits sans <strong>graine</strong>s. On parle alors d’aspermie<br />

(du <strong>la</strong>tin sperma, semence) <strong>ou</strong> d’apyrénie (du grec<br />

purên - ênos, noyau). Commercialement, les espèces<br />

fruitières à multiplication végétative présentent <strong>plus</strong><br />

s<strong>ou</strong>vent des variétés apyrènes, car <strong>la</strong> multiplication<br />

végétative permet de multiplier ces variétés dép<strong>ou</strong>rvues<br />

de <strong>graine</strong>s, mais il existe également des variétés<br />

apyrènes chez des espèces à reproduction par <strong>graine</strong>s<br />

comme <strong>la</strong> pastèque par exemple.<br />

On parle d’aspermie en cas d’absence complète de<br />

<strong>graine</strong>s, mais également dès lors que le nombre <strong>ou</strong> le<br />

poids des pépins est <strong>plus</strong> faible et les pépins non sclérifiés.<br />

En <strong>plus</strong> d’une meilleure qualité gustative, les<br />

fruits apyrènes peuvent avoir des durées de vie après<br />

récolte <strong>plus</strong> longue (Varoquaux et al, 2000).<br />

Dans <strong>la</strong> nature, de multiples causes d’aspermie sont<br />

rencontrées. N<strong>ou</strong>s présenterons ici majoritairement<br />

le cas des 3 espèces <strong>ou</strong> gr<strong>ou</strong>pes d’espèces horticoles<br />

pérennes sur lesquels nos équipes ont travaillé : <strong>la</strong><br />

banane, les agrumes et <strong>la</strong> vigne.<br />

Dans <strong>la</strong> conscience collective, <strong>la</strong> banane est le fruit<br />

sans <strong>graine</strong>s par excellence avec une absence complète<br />

de <strong>graine</strong>s dans le fruit ! Très peu de consommateurs<br />

en sont conscients, p<strong>ou</strong>rtant les collections de ress<strong>ou</strong>rces<br />

génétiques de <strong>la</strong> banane regorgent de variétés<br />

à <strong>graine</strong>s ! P<strong>ou</strong>r les agrumes et <strong>la</strong> vigne, l’apyrénie peut<br />

représenter une absence totale de pépins (ex. <strong>la</strong> variété<br />

emblématique “Sultanine”, <strong>ou</strong> certaines variétés<br />

d’orange Navel) <strong>ou</strong> alors des pépins non lignifiés et/<strong>ou</strong><br />

à l’état de traces (Figure 1) <strong>ou</strong> encore chez les agrumes<br />

un nombre réduit de pépins (0 à 6).<br />

Les causes naturelles<br />

(<strong>ou</strong> un peu moins !)<br />

de l’aspermie<br />

Trois grands mécanismes sont à l’origine de l’absence<br />

de <strong>graine</strong>s : les mécanismes qui empêchent <strong>la</strong> fertilisation<br />

des ovules, on parle alors de parthénocarpie, ceux<br />

inhibant <strong>la</strong> production des ovules, et enfin ceux inhibant<br />

<strong>ou</strong> avortant le développement des ovules, appelés<br />

sténospermocarpie.<br />

Fruits aspermes issus de parthénocarpie<br />

<strong>ou</strong> de problèmes de pollinisation<br />

Certains fruits dits parthénocarpiques peuvent se<br />

développer sans fertilisation comme par exemple les<br />

concombres : on parle alors de parthénocarpie végétative,<br />

alors que d’autres fruits apyrènes comme les<br />

citrus nécessitent le stimulus de <strong>la</strong> fécondation.<br />

La fertilisation de l’embryon nécessite <strong>la</strong> captation<br />

du pollen par le pistil, le développement des tubes<br />

polliniques depuis le grain de pollen jusqu’au sac<br />

embryonnaire et <strong>la</strong> fécondation proprement dite. T<strong>ou</strong>s<br />

mécanismes empêchant soit <strong>la</strong> germination soit le<br />

développement des tubes polliniques peuvent potentiellement<br />

conduire à des fruits aspermes.<br />

Dans le cas de <strong>la</strong> vigne, des baies parthénocarpiques se<br />

développent lors d’accidents de floraison (conditions<br />

climatiques défavorables) mais ce<strong>la</strong> ne concerne pas<br />

l’ensemble des baies d’une grappe. On parle alors de<br />

millerandage. Chez <strong>la</strong> variété ‘Corinthe noir’ qui produit<br />

les raisins de Corinthe, raisins principalement<br />

consommés secs, ce phénomène est systématique,<br />

t<strong>ou</strong>tes les baies étant apyrènes. L’absence de pépins est<br />

due à un blocage de fertilisation dont on connaît peu<br />

le déterminisme.<br />

Ce mécanisme est également important chez le bananier.<br />

Même en présence d’ovules conformes, potentiellement<br />

fécondables à <strong>la</strong> floraison, les variétés cultivées<br />

ne portent pratiquement jamais de <strong>graine</strong>s en conditions<br />

naturelles car les freins à <strong>la</strong> fertilisation sont<br />

nombreux chez les bananiers cultivés. Chez le triploïde<br />

‘Gros Michel’ par exemple, il y a suffisamment de sacs<br />

embryonnaires matures à <strong>la</strong> floraison p<strong>ou</strong>r produire<br />

normalement 100 fois <strong>plus</strong> de <strong>graine</strong>s qu’il n’est obtenu<br />

en pratique. Dodds (1945) a observé chez “P. Lilin” que,<br />

deux j<strong>ou</strong>rs après <strong>la</strong> pollinisation, il n’y avait aucun tube<br />

dans les ovules et ce, en dépit d’une progression normale<br />

de ces tubes polliniques dans les pistils. Chez les<br />

bananiers à cuire, Shepherd mentionnait (Com. Pers.)<br />

que l’absence de fertilisation chez les p<strong>la</strong>ntains était<br />

probablement due à un b<strong>ou</strong>rrelet de tissu obstruant,<br />

de façon <strong>plus</strong> <strong>ou</strong> moins étanche, le canal pistil<strong>la</strong>ire à <strong>la</strong><br />

jonction du pistil et l’ovaire, empêchant <strong>la</strong> progression<br />

des tubes polliniques jusqu’aux sacs embryonnaires.<br />

L’observation d’une germination des tubes polliniques<br />

dans les styles n’est donc pas garante d’une fertilisation<br />

ab<strong>ou</strong>tie chez le bananier. Enfin, Shepherd (1999)<br />

a rapporté aussi que l’immaturité morphologique <strong>ou</strong><br />

physiologique des styles et des stigmates à <strong>la</strong> floraison<br />

p<strong>ou</strong>vait entraîner l’inhibition de <strong>la</strong> croissance des<br />

tubes polliniques.


Chez les citrus, les fruits aspermes sont le résultat<br />

d’auto-incompatibilité. Chez les oranges de type<br />

Navel, les clémentiniers <strong>ou</strong> les mandariniers, les fruits<br />

aspermes sont observés chez les variétés auto-incompatibles<br />

lorsque celles-ci sont cultivées en p<strong>la</strong>ntations<br />

monospécifiques. Chez les citrons ‘Xiangshui’, l’autoincompatibilité<br />

gamétophytique bloque ainsi <strong>la</strong> fertilisation<br />

à <strong>la</strong> base du stigmate (Zang et al, 2012).<br />

L’application d’hormones (gibbérelline, auxine <strong>ou</strong><br />

cytokinine) peut également provoquer <strong>la</strong> parthénocarpie<br />

p<strong>ou</strong>r des variétés dép<strong>ou</strong>rvues de ce caractère.<br />

Fruit aspermes issus d’absence<br />

de sacs embryonnaires<br />

Un des moyens de développer des fruits sans pépins est<br />

d’empêcher <strong>la</strong> formation des sacs embryonnaires dans<br />

les ovules. Un des moyens les <strong>plus</strong> c<strong>ou</strong>rants est sans<br />

d<strong>ou</strong>te <strong>la</strong> création de variétés triploïdes par croisement<br />

entre une variété diploïde et une variété tétraploïde.<br />

Des problèmes d’appariement lors de <strong>la</strong> méiose vont<br />

perturber le développement normal des gamètes. C’est<br />

le cas p<strong>ou</strong>r les pastèques apyrènes issues de <strong>graine</strong>s<br />

triploïdes donnant naissance à des individus à stérilité<br />

femelle.<br />

La plupart des cultivars commerciaux de banane sont<br />

également triploïdes, et des hybrides interspécifiques<br />

issus du croisement entre Musa acuminata et Musa<br />

balbisiana (de structure AAB). Cette nature triploïde<br />

ainsi que des anomalies structurelles au niveau de<br />

ses chromosomes sont responsables de <strong>la</strong> fertilité des<br />

cultivars tels que ‘Cavendish’, le clone le <strong>plus</strong> utilisé<br />

sinon le seul de banane.<br />

De <strong>la</strong> même manière, beauc<strong>ou</strong>p de variétés aspermes<br />

de citrus sont triploïdes. Les hybrides triploïdes<br />

de citrus sont généralement stériles, bien qu’ils<br />

puissent produire quelques fruits à <strong>graine</strong>s rares, et<br />

induisent <strong>la</strong> formation de fruits d’autres cultivars par<br />

cross-pollinisation.<br />

Fruits apyrènes issus<br />

de sténospermocarpie<br />

Dans le cas de <strong>la</strong> sténospermocarpie, les embryons<br />

issus de <strong>la</strong> fécondation des ovules commencent à se<br />

développer. P<strong>ou</strong>r des raisons encore inconnues, l’embryon<br />

stoppe son développement et il ne reste dans le<br />

fruit que quelques traces, s<strong>ou</strong>vent non sclérifiés donc<br />

imperceptibles (Figure 1). Selon le degré de développement<br />

du pépin, ces ébauches sont <strong>plus</strong> <strong>ou</strong> moins perceptibles<br />

par le consommateur.<br />

C’est le cas de <strong>la</strong> vigne. Un mutant d’origine naturelle,<br />

<strong>la</strong> sultanine, a été déc<strong>ou</strong>vert dans l’est de sa<br />

zone de culture. Chez ce cépage, les ovules fécondés<br />

commencent leur développement mais arrêtent leur<br />

croissance très rapidement, donnant naissance à des<br />

ébauches de pépins imperceptibles (Figure 1). Il a servi<br />

de géniteur p<strong>ou</strong>r <strong>la</strong> quasi-totalité des variétés apyrènes<br />

disponibles actuellement. Ses descendants présentent<br />

des pépins <strong>plus</strong> <strong>ou</strong> moins développés selon le stade<br />

d’avortement des ovules. Un des problèmes majeurs<br />

dans ce cas est l’effet induit sur <strong>la</strong> taille de <strong>la</strong> baie de<br />

raisin. Comme précisé précédemment, une baie apyrène<br />

est <strong>plus</strong> petite parce <strong>la</strong> <strong>graine</strong> synthétise les gibbérellines<br />

nécessaires à son grossissement. Dans de<br />

nombreux pays, hors <strong>la</strong> France, les p<strong>la</strong>ntations commerciales<br />

sont traitées aux gibbérellines p<strong>ou</strong>r augmenter<br />

<strong>la</strong> taille du fruit.<br />

De <strong>la</strong> même façon, chez certains fruits de citrus, après<br />

autofertilisation, les ovules avortent après 2 semaines,<br />

et disparaissent après 5 mois p<strong>ou</strong>r produire des fruits<br />

aspermes.<br />

Impact de l’environnement<br />

Les différents facteurs favorisant <strong>la</strong> stérilité femelle et<br />

mâle peuvent être influencés par l’environnement.<br />

La fertilité femelle p<strong>ou</strong>rrait ainsi être impactée par<br />

les conditions environnementales. Ortiz et Vuylsteke<br />

(1995) rapportent que <strong>la</strong> production de <strong>graine</strong>s et de<br />

tétraploïdes de banane suit une variation saisonnière,<br />

les pollinisations artificielles chez les p<strong>la</strong>ntains étant<br />

<strong>plus</strong> efficaces durant les périodes de haute température,<br />

fort ensoleillement et faible humidité re<strong>la</strong>tive. La<br />

qualité de <strong>la</strong> nutrition des p<strong>la</strong>ntes p<strong>ou</strong>rrait aussi influer<br />

sur cette fertilité : <strong>la</strong> moindre turgescence des tissus<br />

en période sèche favoriserait peut-être l’<strong>ou</strong>verture du<br />

canal pistil<strong>la</strong>ire à <strong>la</strong> jonction du pistil et de l’ovaire.<br />

En Guadel<strong>ou</strong>pe, les variations en production de<br />

<strong>graine</strong>s des clones diploïdes parthénocarpiques sont<br />

fortes et peuvent être dues à des causes de natures<br />

très diverses. Cependant, on constate aussi de fortes<br />

variations de résultats p<strong>ou</strong>r un même clone dont les<br />

causes sont probablement à rechercher, <strong>ou</strong>tre le choix<br />

du pollinisateur, dans des variations de <strong>la</strong> physiologie<br />

de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nte (facteurs humains mis à part).<br />

De même, des températures basses affectent significativement<br />

le développement du pistil et du gamétophyte<br />

mâle et de <strong>la</strong> fertilisation chez les citrus (Hedhly<br />

et al. 2009 ; Huang et al. 2010). La température affecte<br />

également <strong>la</strong> germination du pollen et <strong>la</strong> croissance<br />

des tubes polliniques dans le pistil.<br />

51


Utilisation des différents systèmes p<strong>ou</strong>r<br />

<strong>la</strong> création de variétés sans pépins<br />

Selon les espèces et le type d’apyrénie <strong>ou</strong> d’aspermie, <strong>la</strong><br />

tâche des sélectionneurs est <strong>plus</strong> <strong>ou</strong> moins ardue p<strong>ou</strong>r<br />

obtenir des variétés sans pépins.<br />

Chez <strong>la</strong> vigne, seule l’apyrénie sténospermocarpique<br />

peut être utilisée. Les études sur <strong>la</strong> génétique de ce<br />

caractère ont montré qu’il est dû à un gène majeur,<br />

correspondant le <strong>plus</strong> probablement à un gène de type<br />

MADS-box (un gène régu<strong>la</strong>teur du développement,<br />

Mejia et al, 2012). Ce gène majeur est <strong>indispensable</strong><br />

mais pas suffisant et des gènes mineurs interviennent<br />

également. P<strong>ou</strong>r obtenir des variétés apyrènes stables,<br />

il est préférable d’accumuler <strong>plus</strong>ieurs gènes mineurs.<br />

Le marquage molécu<strong>la</strong>ire de ce caractère facilite le<br />

travail du sélectionneur, dans <strong>la</strong> mesure où il évite de<br />

passer par des croisements entre 2 variétés apyrènes<br />

nécessitant le sauvetage d’embryons (Lahogue et al,<br />

1998). Un des challenges chez <strong>la</strong> vigne est de p<strong>ou</strong>voir<br />

créer des variétés à fruits sans pépins qui aient une<br />

croissance suffisante (Figure 1). La variété ‘Danuta’<br />

a réussi ce chalenge (Figure 2) ! Des applications<br />

externes d’hormones végétales peuvent dans certains<br />

cas permettre le grossissement du fruit sans modifier<br />

le développement des pépins.<br />

Figure 1<br />

L’apyrénie sténospermocarpique : les embryons<br />

issus de <strong>la</strong> fécondation des ovules commencent à<br />

se développer, stoppent leur développement et il ne<br />

reste dans le fruit que quelques traces, s<strong>ou</strong>vent non<br />

sclérifiés donc imperceptibles.<br />

Figure de gauche, une variété en c<strong>ou</strong>rs de sélection.<br />

Figure de droite, c<strong>ou</strong>pes longitudinales des baies<br />

des 2 parents apyrènes (‘75 Pirovano’ et ‘Sultanine’)<br />

et de <strong>la</strong> variété en c<strong>ou</strong>rs de sélection. On observe<br />

<strong>la</strong> différence de taille de <strong>la</strong> baie de ces 3 variétés<br />

apyrènes. (Photographies : A<strong>la</strong>in B<strong>ou</strong>quet)<br />

Dans le cas des triploïdes, <strong>la</strong> difficulté réside dans<br />

l’obtention des génotypes triploïdes eux-mêmes. Ils<br />

peuvent être obtenus à partir de croisements 2x par<br />

2x comme dans le cas des citrus. Le gamète femelle,<br />

n’ayant pas subi une réduction du nombre de chromosomes,<br />

produit une p<strong>la</strong>nte 3n après fécondation par un<br />

pollen haploïde. Ils peuvent également être produits<br />

en croisant des individus diploïdes par des individus<br />

tétraploïdes, comme c’est le cas chez <strong>la</strong> banane <strong>ou</strong> les<br />

citrus (Aleza et al, 2012).<br />

En résumé, <strong>la</strong> <strong>graine</strong>, <strong>indispensable</strong> à <strong>la</strong> multiplication<br />

sexuée des p<strong>la</strong>ntes à fleurs, est <strong>indispensable</strong> à l’évolution<br />

et à l’adaptation des p<strong>la</strong>ntes à l’environnement.<br />

Elle peut cependant devenir un frein à <strong>la</strong> consommation<br />

des fruits à pépins. Les sélectionneurs ont développé<br />

divers moyens de créer des variétés sans pépins,<br />

aspermes <strong>ou</strong> apyrènes.<br />

Les fruits sans pépins sont le résultat de problèmes de<br />

fertilisation, de production <strong>ou</strong> de développement des<br />

ovules. Des schémas de sélections <strong>plus</strong> <strong>ou</strong> moins compliquées<br />

permettent d’obtenir des variétés sans pépins<br />

chez <strong>la</strong> vigne, les citrus et les bananes.<br />

Figure 2<br />

La variété ‘Danuta’, développée à l’Inra<br />

de Montpellier.<br />

© Photothèque INRA<br />

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