Jean-Louis ROUSSEL – Chef du Bureau Protection de la Forêt ...

Jean-Louis ROUSSEL – Chef du Bureau Protection de la Forêt – Ministère de
l'Agriculture et de la Pêche
Tout d'abord quelques éléments de cadrage. Quand on parle d'impacts
économiques et sociaux des feux de forêts, que ceux qui s'inquiéteraient de ne pas
voir le mot environnement soient rassurés parce que je l'intègre dans le volet social.
Cette conférence s'inscrit à mon sens dans le cadre d'une réflexion sur l'aide à la
décision, c'est à dire comment prendre en compte les impacts économiques et
sociaux pour raisonner la politique et la stratégie de prévention, de lutte et de
réparation des dommages des incendies de forêt. Comme vous le savez le sujet est
très vaste et les incendies de forêt ont des conséquences à la fois - hélas l'été
dernier nous le rappelle en France et ailleurs – sur les vies humaines, sur les
activités économiques, sur les activités sociales, sur les biens en général et sur
l'environnement. Ce constat facilement partagé par tout le monde sous-tend la
notion d'enjeu des feux de forêts.
L'enjeu de façon assez simple, du moins c'est la définition que j'en donne, est ce que
la collectivité risque de perdre après ou pendant un sinistre. L'inventaire et la
hiérarchisation de ces enjeux, sur lesquels je ne m'étendrai pas, consistent à
distinguer différents types d'enjeux. J'en ai au moins identifié trois grandes familles :
Ceux qui porte sur les zones urbanisées qui sont tout à la fois des zones d'habitat
dense ou diffus, ils sont également le siège d'activités économiques, industrielles ou
commerciales.
Deuxième grande famille par défaut : les espaces non urbanisés comprenant bien
sûr les espaces forestiers à fonction de production prioritaire ou à fonction de
production moins prioritaire, les zones agricoles, mais également les espaces
naturels à haute valeur patrimoniale, afin de maintenir la biodiversité, mais
également les espaces à vocation touristique et d'accueil.
Un troisième type d'enjeux porte sur les infrastructures, quelles soient de
communication, de télécommunication, voire énergétiques. Ceci étant dit, la question
de fond que tout le monde a sur le bout des lèvres peut s'inscrire dans le leitmotiv
que vous connaissez tous : la sécurité, et la sécurité en particulier relative aux feux
de forêts n'a pas de prix, mais elle a un coût. A partir de là, on a des questions qui
en découlent qui ne sont pas nécessairement spécifiques au risque feu de forêt qui
sont du type: Comment faire en sorte de partager les efforts (notamment
économiques) entre la prévention et la réparation des dommages
Autre question, éminemment sociologique : quel niveau de risque est - on prêt à
accepter, et surtout à quel prix
A partir de ces questions très génériques et qui pourraient susciter à elles-mêmes
une thèse ou un colloque tout entier, je propose de restreindre un peu le sujet de la
conférence en partant du point commun à tout ça qui est la forêt, et notamment les
relations que la forêt entretient avec les composantes et les enjeux que j'ai rappelés,
c'est-à-dire une approche assez fonctionnelle en terme de produit et de service
rendu par les forêts aux territoires dans lesquels elles se situent, que se soit en
matière économique (production de bois, support d'activités rémunératrices), que se

soit en matière d'environnement (protection de la qualité ou de la quantité des eaux,
protection de la biodiversité) ou que se soit en matière sociale, en matière de
support ou d'aire d'accueil ou de récréation pour les populations de ces territoires.
Dans ce cadre là, ça amène peut être à reformuler deux questions auxquelles on va
s'efforcer de répondre : la première est de dire est-ce qu'il est possible d'apprécier
ou d'appréhender le coût direct ou indirect d'un incendie de forêt Deuxième
question beaucoup plus ambitieuse mais je crois qu'on est dans le cadre de la
démarche "innovation", donc je crois qu'on ne doit pas s'interdire de se poser de
telles questions : est-il également possible de rapprocher voire d'établir une liaison
entre le coût d'un incendie, le coût de la lutte, le coût de la prévention et le coût de la
réparation Vous voyez, ambitieuse question. Pour se faire, nous partirons de deux
témoignages sur la façon de s'approprier le problème, et nous verrons dans quelle
mesure il peut être répondu aux questions. Le premier est celui de Mike
SHORROCK, notre ami Californien que vous connaissez, le deuxième est celui de
Francis SUSINI pour les Bouches du Rhône, après quoi nous essaierons de prendre
un peu de recul et de faire en sorte de se sécuriser au plan intellectuel et
méthodologique, et donc Patrick CLAUDEZ nous présentera ce que le Président a
appelé une thèse, le mot est peut être inexact, mais une approche me semble-t-il
assez pragmatique qui permet peut-être de mieux analyser la problématique, les
questions et les réponses qui peuvent être apportées.
Sans plus attendre, je passe la parole à Mike SHORROCK.