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Un psychologue du Caso de Lyon témoigne :
J’ai rencontré ce couple d’origine algérienne à la demande d’une interprète qui travaillait par ailleurs avec moi. Elle
avait rencontré Madame et était traversée par une intense angoisse percevant la détresse de cette femme arrivée en
France depuis peu pour fuir l’Algérie avec sa dernière fille de 8 ans suite aux menaces qu’elle sentait peser sur elle
après que son mari ait été victime d’une tentative d’assassinat.
Alors qu’il conduisait un camion, des hommes cagoulés lui tirent dessus le laissant pour mort.
Il est conduit à l’hôpital, le décès constaté, il est placé sur une civière dans une pièce froide.
Il reprend conscience et est pris d’une panique incontrôlable. Ce temps où il était « mort-vivant » va laisser des séquelles
psychiques sur le versant de la persécution. Il ne cessera de se remémorer la terreur liée à la froideur et l’enfermement
dans cette pièce pour les morts.
Il sera pris en charge en Algérie sur le plan psychiatrique avec une hospitalisation.
Le retour à son domicile devient invivable assailli par l’angoisse permanente que ces assassins s’en prennent de nouveau
à lui. Il lie cette tentative d’assassinat à ses propos sur les français, soutenant les colonisateurs, car pour lui il
rattache leur présence à des souvenirs d’enfance les considérant comme des « sauveurs » car ils lui auraient permis
de s’éloigner grâce à l’école d’une vie familiale douloureuse.
Sa femme décrit le retour à la maison tout aussi invivable pour elle et sa fille avec un envahissement des éléments persécuteurs
entraînant une importante agitation, une alcoolisation, un discours hallucinatoire.
Il s’enfuit pour la France et se fait arrêter en Espagne ce qui rendra complexe sa demande d’asile.Alors qu’il ne devrait
pas pouvoir l’effectuer, il la fait ici et elle est enregistrée, il obtiendra un refus.
Sa femme effrayée par les craintes de son mari vient le rejoindre en France.
Ils sont alors logés dans la « cellule » d’un foyer dans une dramatique promiscuité.
Elle présente une symptomatologie dépressive importante, renforcée par l’état psychique de son conjoint identique à
celui de son départ d’Algérie. Il est hagard, perdu dans ses idées persécutoires et a développé un fonctionnement obsessionnel
grave ne cessant de nettoyer leur « cellule » et se lavant très souvent.
Comme séquelle physique, il a perdu son œil droit.
Accueilli au Caso, il est pris en charge par l’assistante sociale, le médecin pour son œil, et confié au psychiatre pour un
traitement indispensable.
Il sera orienté sur un service spécialisé qui lui reconstruira son orbite, le traitement psychiatrique associé aux entretiens
apaisera le versant persécutoire. Il sera plus épanoui avec toujours une angoisse majeure.
La vie du couple avec la présence de leur fille devient intolérable, la détresse de chacun entrant en résonance et étant
renforcée par la promiscuité. Ils obtiendront une place dans un « hôtel » avec deux pièces séparées.
Pendant tout ce temps, soit environ 2 ans et demi, ils auront un refus à leur demande d’asile et au recours. Ils seront
alors expulsés de leur « hôtel », Madame trouvera un logement chez une jeune femme compatriote qui la traitera
comme une esclave, elle quittera ce logement et obtiendra une pièce dans un foyer pour elle et sa fille. Loin du premier
logement et pour éviter à sa fille une rupture supplémentaire, elles se lèvent chaque matin à 6h pour arriver à
l’heure à l’école. Pendant cette période Monsieur a vécu dans la rue alternant avec les foyers d’accueil de nuit, il a
reçu un avis d’expulsion du territoire. Madame a pris une avocate pour faire une demande de carte de séjour pour
raisons de santé.
6 - La santé bucco-dentaire
Plus de 5 % des patients (soit 1 128 personnes) se sont adressés à Médecins du Monde en 2005 (tous centres confondus)
pour rencontrer un dentiste.
Sept centres de Médecins du Monde assurent spécifiquement des consultations dentaires, Nancy et Le Havre proposent des
consultations dentaires hors de leurs locaux,Toulouse enfin propose des consultations de prévention et oriente ensuite en
externe le cas échéant.
Ont ainsi été délivrées 5 737 consultations dentaires durant cette même année (tableau 51), pour 2 568 patients différents.
Le nombre moyen de consultations dentaires s’élève à 2.23 par patient.
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