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Télécharger - Médecins du Monde

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sans droit à la couverture maladie est multipliée par 2.5 par rapport à 2001.<br />

Parmi les personnes qui devraient avoir une couverture maladie, 82 % n’en ont pas.<br />

La première difficulté d’accès aux soins réside dans l’obligation de domiciliation. En 2005, la moitié des patients<br />

de Médecins <strong>du</strong> <strong>Monde</strong> en avait besoin pour l’ouverture de leurs droits et parmi eux, les trois quarts en étaient<br />

dépourvus.<br />

Parmi les obstacles à l'accès et à la continuité des soins tels qu'ils sont exprimés par les patients eux-mêmes,<br />

notons :<br />

- les difficultés financières (35 %), à cause par exemple des importants « restes à charge » empêchant l’accès<br />

aux soins en dentaire et en optique, des demandes abusives d’avance de frais à des personnes qui en sont exonérées<br />

ou à des dépassements d’honoraires (fréquents en région parisienne) ;<br />

- la méconnaissance des droits et des structures (25 %) par manque d’information ciblée auprès des étrangers<br />

en difficulté ; si les personnes ignorent souvent leurs droits, elles ignorent aussi les lieux où elles pourraient<br />

se faire soigner ;<br />

- les difficultés administratives (13 %), par la complexité des démarches, avec notamment des demandes de<br />

justificatifs de plus en plus compliqués à obtenir ;<br />

- et la barrière linguistique (11.5 %).<br />

Et lorsque les droits sont ouverts, les bénéficiaires de la Couverture Maladie Universelle (CMU) ou de l’Aide Médicale<br />

Etat (AME) ont des difficultés à trouver les professionnels de santé dont ils ont besoin, ou à accéder à certains services<br />

dans les conditions prévues par la loi CMU/AME. Médecins <strong>du</strong> <strong>Monde</strong> a ainsi mené début 2006 une enquête<br />

téléphonique auprès de 725 médecins généralistes dans 10 villes pour mesurer le taux de refus de soins des bénéficiaires<br />

de l’AME ou de la CMU. Près de 4 médecins sur 10 (37 %) refusent les soins pour un bénéficiaire<br />

de l’AME, quant aux bénéficiaires de la CMU, 10 % des médecins enquêtés leur refusent les soins.<br />

Des différences apparaissent selon le secteur d’activité des médecins : ceux <strong>du</strong> secteur 2 refusent pratiquement<br />

deux fois plus souvent les soins que les médecins <strong>du</strong> secteur 1, quel que soit le type de couverture maladie.<br />

Les motifs de consultations médicales sont multiples. Les patients que nous rencontrons ne présentent pas de<br />

pathologies spécifiques, mais ces dernières sont aggravées par les conditions de vie ou des retards d’accès aux<br />

soins. Les patients de Médecins <strong>du</strong> <strong>Monde</strong> consultent en premier lieu pour des pathologies ostéoarticulaires<br />

(13.4 % des consultations) et ORL (11.9 %). Les consultations liées à un problème gynécologique/obstétrical<br />

regroupent 10.7 % des consultations (soit 24.6 % de l’ensemble des consultations concernant des femmes),<br />

juste derrière les troubles psychiatriques (11.1 %) et les affections gastro-entérologiques (11.5 %).<br />

Avec la CISP 1 , nous constatons que 59 % des diagnostics posés correspondent à des pathologies nécessitant<br />

une prise en charge à moyen ou long terme, 29 % avec un besoin de prise en charge à court terme 2 .<br />

Et pourtant, comme nous l’avons vu, les patients n’ont, le plus souvent, pas de couverture maladie et n’ont de fait<br />

pas accès aux soins, alors que leur état de santé le nécessite.<br />

Par ailleurs, des signes évocateurs de souffrance psychique ont été repérés dans près <strong>du</strong> quart des consultations.<br />

Les troubles anxieux et le stress représentent la plus grosse partie des diagnostics d’affections<br />

psychologiques, suivis des syndromes dépressifs. Notons que lorsqu’un trouble anxieux a été codé lors des consultations,<br />

les médecins signalent une fois sur quatre un syndrome de stress post-traumatique.<br />

L’indice CAO (indice de santé bucco-dentaire) des patients de Médecins <strong>du</strong> <strong>Monde</strong> examinés s’élève à 10 témoignant<br />

d’un état bucco-dentaire très dégradé dans cette population.<br />

Citons les résultats spécifiquement recueillis par notre Caso de Paris, qui a mis en place une action pour permettre<br />

aux bénéficiaires d’accéder à des messages d’information et de prévention adaptés sur l’infection à VIH,<br />

mais aussi de les inciter au dépistage, puis le cas échéant d’orienter les patients séropositifs vers les structures<br />

de soins publiques adaptées. Les données recueillies montrent que 4.2 % des patients orientés vers un dépistage<br />

sont VIH+. De même, parmi les personnes orientées vers un dépistage de l’hépatite C, 6.5 % sont VHC+.<br />

Les centres Mission France, accueillant en majorité une population d’origine étrangère, jeune et en situation de<br />

précarité, doivent être des lieux privilégiés pour informer, prévenir, proposer un dépistage, puis accompagner vers<br />

les soins ces personnes particulièrement à risque mais insuffisamment prises en charge par les dispositifs existants.<br />

1. Classification Internationale des Soins de santé Primaires. Cette classification a été testée en 2005 par 13 médecins volontaires de 5 Caso lors de 855 consultations<br />

médicales.<br />

2. Les 12 % restant correspondent à des pathologies codées qui ne permettent pas d’identifier le type de prise en charge nécessaire.<br />

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