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Cette surconsommation des français par rapport aux étrangers a été constamment mise en évidence notamment dans les
précédents rapports de l’Observatoire de l’accès aux soins de la Mission France de Médecins du Monde 38 .
L’enquête du CREDES 39 réalisée auprès d’une population similaire indique de même que les diagnostics d’alcoolisme ou de
toxicomanie sont plus fréquents chez les patients de nationalité française.
Les dernières données dont nous disposons concernant la consommation d’alcool et de tabac en population générale sont
issues de l’enquête Baromètre Santé 40 réalisée en 2005 (population des 12-75 ans).
Cette enquête confirme le recul global de la consommation de tabac en France et dénombre 29.9 % d’usagers actuels de
tabac (personnes qui fument au moins occasionnellement).
Elle indique d’autre part que 9.4 % des personnes interrogées présentent des signes d’usage problématique d’alcool.
Les patients français de Médecins du Monde sont quant à eux 51 % à consommer du tabac et 28 % de l’alcool.
Les patients étrangers, comme nous l’avons vu, sont beaucoup moins nombreux à déclarer des consommations abusives.
On observe cependant que l’usage abusif de substances psychoactives des patients étrangers évolue très sensiblement au
fur et à mesure que leur durée de résidence en France se prolonge (figures 9 et 10).
Cette relation entre croissance des consommations abusives et durée de résidence en France est tout à fait nette pour
l’alcool et le tabac (la relation entre consommation d’alcool et de tabac et durée de séjour en France persiste après ajustement
sur l’âge des patients). Ainsi, au-delà de 10 années passées en France, la fréquence des consommations abusives de
tabac et d’alcool augmente très nettement pour se rapprocher de celle des patients français.
Pour les autres substances (médicaments, cannabis et autres substances illicites), l’évolution péjorative des niveaux de
consommation des patients étrangers ne semble se développer qu’au-delà de trois années passées en France.
Cette augmentation progressive de la fréquence des comportements à risque avec la durée de résidence pourrait s’interpréter,
selon des travaux menés antérieurement 41 , en terme d’acquisition progressive dans le temps des habitudes de vie
du pays de résidence.
Si l’on fait de plus l’hypothèse que les conditions de vie et les difficultés sociales sont des déterminants forts de ce type de
comportement, l’installation durable des étrangers dans la précarité s’accompagne logiquement des mêmes conséquences
en matière de comportements à risque.
Figure 9 : Evolution de l’usage abusif d’alcool et de tabac des patients étrangers selon l’ancienneté de leur séjour en France
38. Rapports 2002, 2003 et 2004 de l’Observatoire de l’accès aux soins de la Mission France de Médecins du Monde.
39. Collet M., Menahem G., Paris V., Picard H. Précarité, risque et santé. CREDES, Question d’économie de la santé, n° 63, janvier 2003.
40. Guilbert Ph., Gautier A. (sous la dir.). Baromètre santé 2005. Premiers résultats. Saint-Denis, INPES, coll. Baromètres santé, 2006.
41. Picard H. Analyse de l’activité des centres Mission France de Médecins du Monde, Paris, juin 2001.
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