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Nous avons contacté 627 médecins du secteur 1 et 98 médecins du secteur 2 22 . Des différences de traitement apparaissent
selon le secteur d’activité des médecins : ceux du secteur 2 refusent pratiquement deux fois plus souvent les
soins que les médecins du secteur 1, quel que soit le type de couverture maladie (tableau 32).
Tableau 32 : Les taux de refus selon le secteur d’activité des médecins (% en colonne)
AME
CMU
Secteur 1 Secteur 2 Total Secteur 1 Secteur 2 Total
% (n) % (n) % (n) % (n) % (n) % (n)
REFUS 34 (211) 59 (58) 37 (269) 8 (52) 22 (21) 10 (73)
ACCEPTATIONS 66 (416) 41 (40) 63 (456) 92 (575) 78 (77) 90 (652)
Le tableau suivant compare les types de refus selon la couverture maladie. L’AME est plus souvent refusée de manière
directe que la CMU (40.1 % vs 28.7 %). Les bénéficiaires de la CMU, quant à eux, ont plus souvent à faire face à des rendez-vous
tardifs (37.0 % vs 7.8 %).
Tableau 33 : Comparaison des types de refus selon la couverture maladie
Certains médecins ont pu évoquer plusieurs types de refus. Le pourcentage est calculé sur le nombre de médecins ayant refusé les soins. Le total peut dépasser
100 %.
AME
CMU
% n % n
TOTAL DE MÉDECINS AYANT REFUSÉ LES SOINS 269 73
Refus directs 40.1 108 28.7 21
Avance de frais 40.5 109 24.6 18
Rendez-vous tardifs 7.8 21 37.0 27
Fausses indisponibilités 14.1 38 11.0 8
Le Fonds CMU évoque dans son rapport 2005 que les refus de soins sont parfois vécus comme des humiliations 23 . Nous
avons choisi de retranscrire, ci-dessous, quelques remarques formulées par les médecins et relevées par nos enquêteurs.
Parmi les médecins ayant refusé de manière directe l’AME, l’un a déclaré « L’AME me révulse ». Un autre a répondu « Je ne
m’occupe pas de ces patients » ou encore « On ne peut pas vous prendre, allez à l’hôpital ».
D’autres évoquent les difficultés de remboursement qu’ils rencontrent : « On n’est jamais payé, on se fout du monde, tout le
monde vous dira pareil » ou encore « On n’est jamais payé, on en a déjà fait l’expérience. Désolé » ; « On n’est pas payé pendant
3 ans, c’est de la folie ».
Un autre a clairement dit : « On n’est jamais payé, je ne vous prendrai pas, même malade, car c’est pénible ».
D’autres évoquent des difficultés administratives ou des complexités… « On n’a pas la machine, on n’a pas d’interprète » ;
« je ne prends pas de nouveaux AME, car c’est trop compliqué », « J’ai un dispositif pour la carte vitale, ce n’est pas pour remplir des
papiers ». Un déclare qu’il « n’est pas agréé AME ».
Un refus direct de la CMU a été assorti d’un « Ca ne m’intéresse pas ». Un autre a déclaré « Je n’ai pas à vous réorienter, car
je ne vous connais pas ». Un autre médecin a dit « je ne prends que les CMU que je connais ».
D’autres méconnaissent le dispositif. Un médecin a déclaré ne pas savoir si l’AME donne droit à aller chez un médecin…
D’autres renvoient vers les urgences ou les centres de soins gratuits : « Je ne sais pas comment ça marche, je préfère que vous
alliez aux urgences » ou encore « Il n’y a que les hôpitaux et les dispensaires qui la prennent ».
C’est pour éviter aux patients de faire face à ce genre de remarques que les équipes de Médecins du Monde
dressent encore des listes de professionnels acceptant la CMU ou l’AME et leur orientent de fait les patients.
22. L’échantillon des médecins a été élaboré par la méthode des quotas. Nous avons cherché à joindre 50 % des médecins de chaque secteur. Nous estimons notre
échantillon représentatif à 65 % pour le secteur 1,60 % pour le secteur 2.
23. Rapport d’activité 2005 du Fonds de financement de la CMU.
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