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Exemple d’un parcours de demandeur d’asile, notre équipe de Nice témoigne :
Mr Z est arrivé à Nice le 7 septembre 2005 avec sa famille, sa femme âgée de 18 ans, ses beaux parents, Mr âgé de
45 ans et Mme âgée de 38 ans et leurs deux derniers enfants âgés respectivement de 9 et 14 ans.
Ils sont arrivés de Tchétchénie, fuyant les persécutions dont ils étaient victimes dans leur pays : notamment Mr Z avait
été arrêté et violemment battu lors d’une rafle.
Ils ont payé des passeurs pour pouvoir fuir : 1500 $ environ par personne au départ. Mr nous dit : « je savais que j’allais
passer par la Pologne, mais je n’ai pas eu le temps de me renseigner sur la législation européenne avant de partir…
il fallait faire vite ». Ils ont voyagé cachés dans un camion où ils devaient se taire, les passeurs leur avaient pris leur passeport.
Arrivés à la frontière polonaise, ils ont été contrôlés à la douane : on a pris leurs empreintes digitales ; Mr Z nous dit
avoir vu une affiche dans le bureau de la douane informant les personnes qu’en cas de refus de prise d’empreinte, ils
seront renvoyés immédiatement dans leur pays d’origine : en l’occurrence, la Russie.
Une fois relâchés, ils retrouvent leurs passeurs et doivent payer à nouveau (environ 1000 $) pour que ces derniers les
acheminent en France.
Ils restent quelques jours en Pologne, pas loin d’un camp de demandeurs d’asile où ils peuvent parler à de nombreux
compatriotes. Les conditions de vie sont misérables : pas de scolarisation pour les enfants, peu de nourriture et de mauvaise
qualité, une douche commune par étage (pour environ une trentaine de personnes), une aide financière d’une
trentaine d’euros par mois, aucune possibilité de travail…
Le périple reprend jusqu’en France.
La famille se présente à la Préfecture de Nice pour déposer sa demande d’asile, le fichier des empreintes est consulté,
la procédure de réadmission commence : la France doit donc attendre la réponse de la Pologne. Mais la famille ne veut
pas retourner en Pologne compte tenu de ce qu’ils ont vu des conditions d’accueil là bas.
En attendant, ils ont un papier de convocation mensuelle à la Préfecture.
La famille reste donc à Nice : ils n’ont pas un statut de demandeurs d’asile (puisque la France se déclare non compétente
pour instruire leur demande en vertu de l’accord « Dublin 2 »), de ce fait il ne peuvent accéder au dispositif
national d’accueil. La famille est donc sans logement, sans ressource, sans couverture sociale, sans soutien (ou si peu),
à ce jour les enfants ne sont pas scolarisés (sans adresse, de quel établissement dépendent-ils ), les démarches sont
en cours. Seule l’aide de quelques compatriotes et d’associations leur permet de survivre.
Mr Z nous dit : « mon père m’a élevé avec un grand sens des valeurs d’honnêteté, avec une morale très stricte. Ce
serait plus facile pour moi, si je n’avais pas cette morale : je pourrais vivre de débrouille, voire de vol… mais je ne peux
pas. Moi qui ai passé ma vie sans enfreindre la moindre loi, je viens d’avoir ma première amende à Nice parce que je
n’avais pas pu payer le bus pour me rendre à la Préfecture ».
Les enfants et leurs parents ont fini par être logés à la fin du mois d’octobre, les enfants ont pu être scolarisés. Mr Z
et sa femme de 18 ans sont à la rue.
Mais à ce jour (avril 2006) la famille n’a toujours pas pu déposer sa demande d’asile en France, ils attendent…
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