Télécharger - Médecins du Monde
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4/ Présentation de la situation au CMP en espérant une évaluation en vue d’une prise en charge hospitalière. Le fait<br />
qu’il s’agisse d’une affection neurologique et non psychiatrique nous vaut dans un premier temps un refus <strong>du</strong> centre.<br />
Il faut téléphoner à plusieurs reprises pour que le CMP accepte enfin de se rendre au domicile d’Adrien. Le psychiatre<br />
conclut que l’état de santé <strong>du</strong> patient peut être maîtrisé et que pour cela, il devrait être admis dans un centre de réé<strong>du</strong>cation<br />
fonctionnelle post-traumatique (mais qu’il ne relève ni <strong>du</strong> CMP ni d’une hospitalisation en psychiatrie). Or,<br />
l’admission dans ce type de structure ne peut être prescrite que suite à une hospitalisation.<br />
5/ En théorie, le secteur de psychiatrie et le service neuropsychiatrie hospitalière ne peuvent admettre ce patient qui<br />
n’est pas à proprement parler en demande de soins. Le neuropsychiatre qui suit le patient, refuse de demander une<br />
hospitalisation sur demande d’un tiers. Or, seule l’hospitalisation permettrait à Adrien d’être admis dans une structure<br />
de moyen ou long séjour, nous laissant le temps de demander une dérogation d’âge pour une entrée en maison de<br />
retraite.<br />
Le neuropsychiatre <strong>du</strong> Caso contacte alors le chef <strong>du</strong> service de neurologie, ce dernier accepte d’admettre Adrien sous<br />
réserve que l’assistante sociale <strong>du</strong> service transmette une demande d’entente préalable à la sécurité sociale pour la<br />
prise en charge à la sortie dans un centre de réé<strong>du</strong>cation. Malgré plusieurs appels téléphoniques et la demande <strong>du</strong><br />
chef de service, l’assistante sociale n’a jamais instruit cette demande, hypothéquant alors tout espoir de prise en charge<br />
à long terme.<br />
Pendant ce temps, Adrien est toujours dans son appartement. Le propriétaire qui a toléré sa présence sans encaisser<br />
de loyer depuis plus d’un an, commence à perdre patience, d’autant plus que les voisins se plaignent (<strong>du</strong> bruit, des<br />
odeurs, <strong>du</strong> comportement atypique <strong>du</strong> résidant <strong>du</strong> rez-de-chaussée dont la porte est défoncée) et entame une procé<strong>du</strong>re<br />
d’expulsion par la mairie (commission d’hygiène) qui sera effective le 22/03/06.<br />
6/ Nous interpellons la DDASS, se renseignant sur la procé<strong>du</strong>re de signalement d’a<strong>du</strong>lte en danger ou pour connaître<br />
les possibilités de prise en charge pour ce patient. Nous relançons la préfecture où une demande de régularisation pour<br />
soins avait été refusée ; le refus est maintenu.<br />
Courant mars, un des compatriotes me contacte pour m’informer qu’Adrien est à la rue et qu’il s’est fait renverser par<br />
une voiture.<br />
Peut-être qu’une fois admis aux Urgences, l’hôpital prendra enfin en compte la situation de cet homme de 39 ans, isolé,<br />
SDF, atteint d’une pathologie incurable pour laquelle aucune structure n’existe.<br />
Nous n’avons à ce jour plus aucune nouvelle.<br />
Notons que 90 % des personnes se présentent à Médecins <strong>du</strong> <strong>Monde</strong> pour un seul motif même si la prise en charge en aval<br />
fait intervenir plusieurs types de professionnels. Pour 10 % des patients au contraire la demande est multiple, en particulier<br />
lorsqu’il s’agit de patients français (15.5 % vs 9.2 %).<br />
On peut relever quelques variations des motifs de recours selon le sexe : les hommes sont deux fois plus nombreux à se<br />
présenter à Médecins <strong>du</strong> <strong>Monde</strong> pour consulter un dentiste (6.3 % vs 3.6 %), ainsi que selon la nationalité : 84.2 % des français<br />
souhaitent rencontrer un médecin contre 68.5 % des patients étrangers. Ces derniers ont davantage recours aux centres<br />
de Médecins <strong>du</strong> <strong>Monde</strong> pour tenter de trouver des solutions à leurs difficultés d’ordre administratif.<br />
Il est à noter que 20 % des patients étrangers, soit environ 3 800 personnes, se sont présentés pour « autre motif », essentiellement<br />
dans le centre de Saint-Denis (qui est agréé, tout comme celui de Nice pour instruire les demandes d’Aide<br />
Médicale Etat). D’ailleurs, dans 9 cas sur 10, il s’agit d’une demande d’AME, qui peut être assimilée à une demande sociale.<br />
Le motif de recours social concernerait donc 33 % des étrangers et non pas seulement 15 %.<br />
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