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4 - Les modes de contacts
et les motifs de recours à Médecins du Monde
Près de 70 % des patients se sont adressés à Médecins du Monde sans orientation préalable, 13 % ont été orientés par l’intermédiaire
d’une autre association, 5 % enfin par une structure de soins (censée assurer elle-même la prise en charge) ou
une institution administrative (tableau 6).
Les patients français sont plus fréquemment orientés vers Médecins du Monde que les patients étrangers par l’intermédiaire
d’une association (26.0 % vs 11.3 %) ou d’une institution administrative (11.5 % vs 4.9 %). Les étrangers, en revanche, ont
plus souvent recours spontanément à Médecins du Monde (71.6 % vs 44.8 %).
Le motif principal de recours est de rencontrer un médecin pour 7 patients sur 10 alors que 15 % d’entre eux souhaitent
rencontrer un travailleur social.
Notons que nos travailleurs sociaux doivent faire face à des demandes sociales de plus en plus complexes, très souvent
inextricables, pour lesquelles il existe souvent peu ou pas de réponses.
L’assistante sociale du Caso de Nice témoigne :
En juin 2005, M. P demande à me voir pour m’exposer la situation d’un compatriote :
- Adrien B, originaire du Congo, 39 ans, en France depuis 1991, actuellement sans titre de séjour ;
- Ayant cumulé un an et demi d’arriérés de loyers ainsi que des impayés pour l’électricité et le gaz, menacé de
coupure ;
- Et atteint d’une maladie neurologique dégénérative.
La demande première concerne le mode de subsistance et la prise en charge des dernières factures EDF/GDF.
Je contacte l’assistante sociale de secteur pour solliciter un fond d’aide aux impayés d’énergie et l’intervention d’un travailleur
social pour évaluer la situation.
Bien entendu, on m’oppose le fait que monsieur est en situation irrégulière et que ce n’est pas du ressort de la circonscription.
Je décide, donc, de me rendre sur place pour rencontrer ce monsieur à son domicile, en présence de M. P.
Adrien est sur le pas de la porte, dodelinant de la tête, avec des mouvements de bras incontrôlés. On se présente et il
m’invite à entrer dans son logement (une chambre de 6 m 2 , un taudis, les sanitaires sont bouchés depuis plusieurs mois).
Les compatriotes présents me font part de leurs inquiétudes :Adrien vit seul et n’est pas autonome pour les gestes du
quotidien (il ne peut se faire à manger, ni se raser ou se laver seul). Eux-mêmes ne peuvent s’investir davantage et souhaiteraient
convaincre leur ami de retourner au pays. Adrien dit qu’il poursuivait des hautes études et que, dès qu’il
sera guéri, il pourra occuper un emploi qualifié. Il considère la France comme son pays.
En effet, jusqu’en 99, il était titulaire d’une carte de séjour étudiant. Puis, la maladie s’est déclarée et il n’a pu continuer
son cursus.
Adrien fait son possible pour avoir un discours cohérent, mais force est de constater que ses fonctions intellectuelles et
mentales sont dégradées.
On prend congés et le parcours du combattant commence pour trouver une solution.
1/ Obtention d’informations précises sur la maladie :
CHOREE DE HUNTINGTON, maladie héréditaire, incurable, qui s’accompagne d’une dégradation progressive du système
neurologique (prise de contact avec les neurologues de ville et hospitalier qui ont reçu Adrien, et bien sur, les
psychiatres et neurologues du Caso)
2/ Ouverture des droits à l’AME
3/ La piste du retour au pays est abandonnée ; il ne lui reste qu’un frère cadet qui risque aussi d’être atteint et qui s’occupe
des autres frères et sœurs malades (les parents sont décédés). .../...
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