Télécharger - Médecins du Monde
Télécharger - Médecins du Monde
Télécharger - Médecins du Monde
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Les personnes se prostituant<br />
Médecins <strong>du</strong> <strong>Monde</strong> mène en 2005 des programmes auprès de personnes se prostituant dans 6 villes : Metz,<br />
Montpellier, Nantes, Paris, Poitiers, Rouen.<br />
L’action de Médecins <strong>du</strong> <strong>Monde</strong> se tra<strong>du</strong>it par des actions mobiles, de promotion de la santé et de ré<strong>du</strong>ction des risques<br />
liés aux pratiques prostitutionnelles, avec un accompagnement et/ou orientation social, médical, administratif et juridique.<br />
Les équipes s’attachent à donner une information adaptée et tra<strong>du</strong>ite si nécessaire sur les risques liés aux IST,VIH, hépatites<br />
et sur les droits. Se rendre sur les sites de prostitution, dialoguer avec les personnes se prostituant et instaurer une<br />
relation de confiance par l’échange et la régularité de nos interventions permettent d’établir un climat favorable aux démarches<br />
sociales et médicales qu’elles pourront effectuer avec l’équipe.<br />
Instaurée en mars 2003, la loi de sécurité intérieure, qui a créé le délit de racolage passif, et la présence policière massive<br />
ont contribué au contexte répressif qui restreint l’accès aux soins et au matériel de prévention des personnes se prostituant.<br />
Exposées aux risques d’infections sexuellement transmissibles, parfois toxicomanes et dans certains cas victimes de<br />
trafics, les personnes se prostituant se trouvent dans une situation de grande vulnérabilité, renforcée par leur criminalisation,<br />
avec un accès plus difficile aux associations et au matériel de prévention. Les difficultés d’hébergement et la lenteur<br />
de l’ouverture des droits sont des obstacles supplémentaires à l’accès aux soins.<br />
L’équipe <strong>du</strong> Lotus Bus de Paris 89 témoigne de la pression policière au détriment de la prévention :<br />
Nous nous arrêtons un mardi après-midi à Porte Dorée en croisant une femme qui ne semble pas nous avoir vus. Chloé<br />
descend de suite pour la rejoindre. La femme est d’abord effrayée et refuse de parler à Chloé. Chloé insiste. « T’es flic »<br />
demande la femme.Après quelques échanges, elle finira par monter dans le camion. Ce problème d’identification est<br />
régulier, avec l’ambiance « peur des flics » à tout va, notre intervention n’est pas évidente. Nous envisageons la réalisation<br />
d’une banderole en chinois à accrocher sur le camion afin d’améliorer notre identification.<br />
Et puis, comment faire passer des messages d’information lorsque la seule chose qui les préoccupe est la venue des<br />
policiers Lors de discussions autour des Infections Sexuellement Transmissibles ou <strong>du</strong> Sida, les femmes perdent parfois<br />
le fil. Inquiètes, elles regardent à droite à gauche, observent chaque voiture qui s’approche <strong>du</strong> camion.<br />
Un autre mardi, alors que nous tentions de discuter avec une femme particulièrement timide, une camionnette de police<br />
passe. La femme l’aperçoit et se cache immédiatement derrière Paulette, notre sinophone <strong>du</strong> jour, en se recroquevillant.<br />
Elle parait complètement terrorisée, elle transpire de peur. Elle ne parle pas trop, elle n’ose pas. Elle nous explique<br />
juste qu’elle souhaiterait volontiers rester un peu plus sur le bus pour discuter mais qu’elle se sent comme paralysée<br />
par sa peur. Elle nous remercie abondamment de notre aide avant de s’en aller. Cette femme est en demande d’asile.<br />
Un contrôle d’identité ne poserait donc pas de problème à priori. Mais c’est une « bonne » occasion pour les policiers<br />
de l’interpeller dans un second temps pour racolage passif. La présence de préservatifs dans le sac à main devient alors<br />
une terrible « preuve d’accusation ». Conséquence dramatique : certaines femmes refusent de prendre des préservatifs<br />
avec elles ou en prennent moins. D’autres les cachent sous leurs vêtements. « Il faut les cacher, il ne faut pas les<br />
avoir à la main » nous précisera l’une d’entre elle. Que faire Là encore, à nous de nous adapter. Nous envisageons la<br />
création de sachets à préservatifs avec message d’information bilingue inscrit, en soutien avec la DASS de Paris ou<br />
l’INPES. Ce n’est peut être pas la meilleure solution mais c’est une tentative de sensibilisation des forces de l’ordre et<br />
de réassurance des femmes chinoises : avoir des préservatifs sur soi n’est pas un délit.<br />
89. L’équipe de Paris intervient auprès d’un public spécifique, les femmes chinoises.<br />
156