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L’absence de sanitaires est ce qui est le plus mal vécu par les Rroms et ce qu’ils réclament en priorité. Sur certains terrains, selon la nature du sol, il arrive qu’ils puissent creuser des trous et mettre quelques planches autour pour faire une cabane W-C. Mais en ville où de telles installations de fortune sont impossibles, la situation est dramatique et humiliante, les personnes étant obligées de se rendre la nuit dans des recoins où elles sont parfois aperçues et montrées du doigt comme n’ayant aucune dignité. Citons une belle initiative de la Ligue des Droits de l’Homme, Médecins du Monde et Solidarité Laïque : « Opre Roma 87 ! Demain le monde… nos concitoyens Rroms » pour informer sur la situation des Rroms migrants qui ont choisi la France comme terre d’accueil. Il s’agit d’une remarquable exposition pédagogique, composée de 16 panneaux et d'un livret d'informations complémentaires, qui traite essentiellement des questions d’accès aux droits de ces migrants, de leurs conditions de vie dans leur pays d’origine et d’accueil. Cette exposition s’adresse à tous les citoyens (public scolaire lycéen, travailleurs sociaux, élus...). 88 87. Le titre « Opre Roma » signifie en romani : « Debout les Rroms ». 88. Pour toute information, s’adresser à Solidarité Laïque 22 rue Corvisart - 75013 Paris ; e-mail : demain-le-monde@club-internet.fr ; tél. : 01 45 35 02 82 155
Les personnes se prostituant Médecins du Monde mène en 2005 des programmes auprès de personnes se prostituant dans 6 villes : Metz, Montpellier, Nantes, Paris, Poitiers, Rouen. L’action de Médecins du Monde se traduit par des actions mobiles, de promotion de la santé et de réduction des risques liés aux pratiques prostitutionnelles, avec un accompagnement et/ou orientation social, médical, administratif et juridique. Les équipes s’attachent à donner une information adaptée et traduite si nécessaire sur les risques liés aux IST,VIH, hépatites et sur les droits. Se rendre sur les sites de prostitution, dialoguer avec les personnes se prostituant et instaurer une relation de confiance par l’échange et la régularité de nos interventions permettent d’établir un climat favorable aux démarches sociales et médicales qu’elles pourront effectuer avec l’équipe. Instaurée en mars 2003, la loi de sécurité intérieure, qui a créé le délit de racolage passif, et la présence policière massive ont contribué au contexte répressif qui restreint l’accès aux soins et au matériel de prévention des personnes se prostituant. Exposées aux risques d’infections sexuellement transmissibles, parfois toxicomanes et dans certains cas victimes de trafics, les personnes se prostituant se trouvent dans une situation de grande vulnérabilité, renforcée par leur criminalisation, avec un accès plus difficile aux associations et au matériel de prévention. Les difficultés d’hébergement et la lenteur de l’ouverture des droits sont des obstacles supplémentaires à l’accès aux soins. L’équipe du Lotus Bus de Paris 89 témoigne de la pression policière au détriment de la prévention : Nous nous arrêtons un mardi après-midi à Porte Dorée en croisant une femme qui ne semble pas nous avoir vus. Chloé descend de suite pour la rejoindre. La femme est d’abord effrayée et refuse de parler à Chloé. Chloé insiste. « T’es flic » demande la femme.Après quelques échanges, elle finira par monter dans le camion. Ce problème d’identification est régulier, avec l’ambiance « peur des flics » à tout va, notre intervention n’est pas évidente. Nous envisageons la réalisation d’une banderole en chinois à accrocher sur le camion afin d’améliorer notre identification. Et puis, comment faire passer des messages d’information lorsque la seule chose qui les préoccupe est la venue des policiers Lors de discussions autour des Infections Sexuellement Transmissibles ou du Sida, les femmes perdent parfois le fil. Inquiètes, elles regardent à droite à gauche, observent chaque voiture qui s’approche du camion. Un autre mardi, alors que nous tentions de discuter avec une femme particulièrement timide, une camionnette de police passe. La femme l’aperçoit et se cache immédiatement derrière Paulette, notre sinophone du jour, en se recroquevillant. Elle parait complètement terrorisée, elle transpire de peur. Elle ne parle pas trop, elle n’ose pas. Elle nous explique juste qu’elle souhaiterait volontiers rester un peu plus sur le bus pour discuter mais qu’elle se sent comme paralysée par sa peur. Elle nous remercie abondamment de notre aide avant de s’en aller. Cette femme est en demande d’asile. Un contrôle d’identité ne poserait donc pas de problème à priori. Mais c’est une « bonne » occasion pour les policiers de l’interpeller dans un second temps pour racolage passif. La présence de préservatifs dans le sac à main devient alors une terrible « preuve d’accusation ». Conséquence dramatique : certaines femmes refusent de prendre des préservatifs avec elles ou en prennent moins. D’autres les cachent sous leurs vêtements. « Il faut les cacher, il ne faut pas les avoir à la main » nous précisera l’une d’entre elle. Que faire Là encore, à nous de nous adapter. Nous envisageons la création de sachets à préservatifs avec message d’information bilingue inscrit, en soutien avec la DASS de Paris ou l’INPES. Ce n’est peut être pas la meilleure solution mais c’est une tentative de sensibilisation des forces de l’ordre et de réassurance des femmes chinoises : avoir des préservatifs sur soi n’est pas un délit. 89. L’équipe de Paris intervient auprès d’un public spécifique, les femmes chinoises. 156
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