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DESCRIPTION DES CONDITIONS DE VIE DANS LES BIDONVILLES ET SQUATS<br />

L’équipe de Lyon témoigne :<br />

Visite sur le bidonville de Bron, boulevard des Droits de l’Homme… Un nom qui ne s’invente pas, une de ces ironies de<br />

l’histoire qui décuple le sentiment d’impuissance…<br />

Une famille vient d’arriver d’Avignon. Un couple et cinq enfants.A notre arrivée, le père est en train de construire une<br />

cabane à l’aide de planches, presque collée à la tente igloo qui leur sert pour l’instant d’abri. Nous sommes à la fin de<br />

l’automne et le froid transperce nos semelles.<br />

La cabane est minuscule, un mètre cinquante sur un mètre cinquante, un toit pentu et déjà de la fumée qui s’élève par<br />

la cheminée. Les pieds gelés nous entamons le parcours téléphonique pour faire connaître la famille : PMI, MDR pour<br />

tenter d’obtenir une aide et une visite, DDASS pour signaler le besoin d’hébergement,Veille sociale… D’évaluations en<br />

rendez-vous, nous apprenons que la famille bénéficie de 3 nuits à la salle chauffée, un des accueils d’urgence <strong>du</strong> plan<br />

froid. Un abri de nuit et dehors la journée… Mais l’organisation <strong>du</strong> plan froid impose d’en passer par là pour espérer<br />

obtenir mieux ensuite.<br />

Afin d’expliquer cette organisation, j’appelle une amie tra<strong>du</strong>ctrice. Deux mots d’explication et je tends le téléphone au père.<br />

Immédiatement, la mère passe un bras sur les épaules de son mari et les voilà tous les deux collés au téléphone. La mélodie<br />

serbo-croate illumine leurs visages usés. Cet échange-là vaut plus que toutes nos démarches réunies, c’est en tous cas<br />

l’impression que nous avons. Ils entendent leur langue et le monde brusquement leur devient un peu moins étranger.<br />

Avant de partir, la mère nous invite à entrer dans la cabane en construction, le temps d’un café.<br />

A l’intérieur, il fait chaud… Chaleur <strong>du</strong> poêle et de ce partage d’un instant furtif de fraternité.<br />

Je repense à une phrase de Goran Bregovic : « la vie est une valise trop lourde quand tu la portes seul ».<br />

Extrait <strong>du</strong> rapport 2005 <strong>du</strong> Collectif national droits de l’homme Romeurope, au sujet des conditions de vie dans<br />

les bidonvilles et squats :<br />

Les or<strong>du</strong>res, qui préexistaient souvent à leur installation sur ces terrains à l’abandon, jonchent le sol ou s’accumulent<br />

dans d’immenses tas entraînant des risques sanitaires réels. Faute de ramassages municipaux réguliers ou effectués de<br />

manière suffisante, la situation s’aggrave quotidiennement. A Aubervilliers (93), sur un terrain de moins d’un hectare où<br />

ont trouvé refuge environ 200 personnes, la quantité de déchets amassés a été estimée à 650 tonnes ! Bien enten<strong>du</strong>,<br />

ce lieu est devenu le « paradis » des rats.<br />

Il n’y a généralement qu’un unique point d’eau pour des groupes de 100 à 200 personnes, encore celui-ci est-il souvent<br />

situé en dehors <strong>du</strong> terrain.A Aubervilliers(93) sur un autre site, le point d’eau est à 2000 mètres <strong>du</strong> terrain et il faut monter<br />

un escalier d’une cinquantaine de marches pour y accéder. En novembre à Réau (77), un homme qui devait parcourir<br />

2000 mètres le long d’une route départementale pour aller chercher de l’eau a été fauché par une voiture et est décédé.<br />

Il n’y a pas non plus d’accès à l’électricité, si ce n’est par des branchements de fortune qui ne sont pas sans danger.<br />

L’éclairage à la bougie comporte lui aussi des risques d’incendie. Pour mémoire, l’absence d’accès à l’électricité a coûté<br />

la vie à deux jeunes filles sur le bidonville de la rue de Surville, à Lyon, en 2004, et chaque hiver, les équipes de Médecins<br />

<strong>du</strong> <strong>Monde</strong> constatent des brûlures, notamment d’enfants.<br />

Le mode de chauffage le plus répan<strong>du</strong> est la plaque de cuisson à gaz butane allumée en permanence, parfois posée<br />

à même le sol, avec les risques que cela comporte pour les enfants qui vivent et jouent à proximité. Quelques uns réussissent<br />

à construire des poêles à bois, des tubes en métal de récupération faisant office de cheminée, mais souvent la<br />

fumée refoule à l’intérieur de la cabane, rendant l’atmosphère irrespirable. Ces modes de chauffage comportent des<br />

risques permanents d’incendie. Fin décembre 2005, à Réau (77), un jeune a mis par erreur de l’essence dans un poêle<br />

à pétrole : six caravanes ont brûlé, miraculeusement sans aucune victime. En janvier 2006, à Aubervilliers (93), 44 cabanes<br />

ont brûlé à la suite d’un dysfonctionnement d’un poêle à bois. .../...<br />

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