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L’équipe témoigne :<br />

Clichy, Une famille victime <strong>du</strong> saturnisme, et d’un marchand de sommeil.<br />

Le 17 novembre 2003, nous accompagnons le médecin pédiatre pour une campagne de dépistage dans un immeuble<br />

insalubre de Clichy. Les murs de la cage d’escalier sont délabrés, les fils électriques sont décrochés, l’eau a été coupée<br />

dans certains logements et la distribution d’eau est assurée dans les étages par un tuyau en caoutchouc raccordé à la<br />

bouche de lavage sur le trottoir. Nous avons rencontré les familles présentes ce jour là pour les informer sur les risques<br />

<strong>du</strong> saturnisme.Au vu de la situation sociale de la famille D, le médecin a décidé d’ouvrir un dossier médical pour le suivi<br />

des jeunes enfants.<br />

Trois mois plus tard, nous recevons les résultats des plombémies par la famille, une petite fille de 7 ans est imprégnée<br />

(93,6 µg/l) et le garçon de 6 ans est intoxiqué (108,16 µg/l). Nous avons vérifié le 13 février 2004, auprès de la DDASS,<br />

que la déclaration d’intoxication par le plomb avait été faite par le médecin.Avril 2004, la DDASS fait l’étude environnementale<br />

pour identifier les zones d’accès au plomb. Elle constate qu’il n’y a pas de danger pour les enfants dans le<br />

logement, mais les risques d’accès au plomb sont situés dans la cage d’escalier. Il faudra attendre 7 mois (septembre<br />

2004) pour que le préfet notifie aux copropriétaires les travaux à réaliser d’urgence pour protéger les zones d’accès<br />

au plomb dans les parties communes de l’immeuble.<br />

En décembre 2004, on constate, 11 mois après avoir signalé l’enfant intoxiqué par le plomb au préfet, que les travaux<br />

d’urgence ne sont toujours pas réalisés dans l’immeuble. Nous intervenons auprès de la société d’aménagement de la<br />

ville de Clichy (SEMERCLY), responsable d’une opération programmée d’amélioration de l’habitat sur le quartier, pour<br />

apprendre, que le syndic de la copropriété est en difficulté financière et que l’immeuble fait l’objet d’un plan de sauvegarde.Vu<br />

le coût des travaux de protection notifiés par le préfet, le syndic n’a rien fait, l’Etat ne s’est pas substitué pour<br />

faire les travaux d’office à la place des copropriétaires dans les délais fixés. Il n’a pas respecté la loi <strong>du</strong> 29 juillet 1998<br />

d’orientation relative à la lutte contre les exclusions.<br />

Après les interventions de Médecins <strong>du</strong> <strong>Monde</strong> dans la presse et les médias, pour dénoncer deux autres situations de<br />

familles victimes <strong>du</strong> saturnisme à Clichy et Villeneuve La Garenne, le 7 janvier 2005, le Préfet des Hauts-de-Seine, crée<br />

une « mission saturnisme » pour améliorer les procé<strong>du</strong>res de traitement des immeubles présentant des risques de<br />

contamination pour leurs occupants. Un des trois objectifs de cette mission est « un strict resserrement des délais de<br />

traitement des dossiers, afin de favoriser la décontamination des logements dans un délai maximal de 6 mois à compter<br />

<strong>du</strong> signalement, au lieu d’un an en moyenne à l’heure actuelle ». Le 1er avril 2005, nous rencontrons le sous préfet<br />

pour faire un point d’information sur la mise en place des procé<strong>du</strong>res pour protéger les 40 enfants victimes <strong>du</strong> saturnisme<br />

suivis par Médecins <strong>du</strong> <strong>Monde</strong>.<br />

Plus d’un an après la déclaration d’intoxication de l’enfant de la famille D, les travaux de protection ne sont toujours<br />

pas réalisés dans l’immeuble. Le 12 avril 2005, nous demandons au préfet de reloger en priorité la famille D dans le<br />

cadre de son droit de désignation des ménages prioritaires pour les 50 logements HLM réservés pour les familles victimes<br />

<strong>du</strong> saturnisme dans l’accord collectif départemental, signé avec les organismes HLM.<br />

En mai 2005, la famille D nous informe que son propriétaire lui a donné congé de son contrat de location pour vente<br />

<strong>du</strong> logement. Il ne pouvait pas financer les travaux de protection notifiés par le préfet. Fin juin 2005, la famille se retrouve<br />

dans son logement sans titre d’occupation. Depuis le 1 er juillet 2005, le propriétaire a accepté de recevoir les loyers en<br />

argent liquide, mais avec une augmentation de 17 %.A force d’intervention auprès des services de l’Etat, on constate,<br />

début décembre 2005, que les travaux de protection ont été faits dans les parties communes de l’immeuble insalubre.<br />

Aujourd’hui la famille est toujours dans son logement, sans titre d’occupation et peut être expulsée <strong>du</strong> jour au<br />

lendemain.<br />

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