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Ainsi, l’enquête sur la santé mentale des sans abris à Paris 74 met en évidence une surmorbidité psychiatrique importante<br />

par rapport à la population générale parmi les personnes rencontrées dans les refuges ou les points de distribution de<br />

nourriture, associée très souvent à des troubles sévères de l’usage d’alcool ou de drogues. Les auteurs indiquent également<br />

que la présence d’un double diagnostic, troubles mentaux et troubles liés à l’usage de drogues ou d’alcool, augmente le risque<br />

d’être sans abri pour un malade mental.<br />

L’enquête sur la santé des sans-domicile usagers des services d’aide 75 fournit les mêmes observations.<br />

Cette étude indique que 16 % des sans-domicile s’estiment en mauvaise santé, contre 3 % de la population ayant un logement<br />

personnel. La fréquence des maladies de peau est élevée dans cette population (eczéma, mycoses, psoriasis…), le<br />

quart d’entre eux souffre en outre de troubles dépressifs. Les troubles <strong>du</strong> sommeil, liés à l’insécurité, au froid, à la promiscuité<br />

des centres d’hébergement, sont également massifs et concernent 75 % des sans abris soit dix fois plus que dans<br />

l’ensemble de la population.<br />

L’usage abusif d’alcool est également plus fréquemment observé parmi les sans domicile.<br />

L’enquête souligne enfin que l’état de santé se dégrade proportionnellement à la <strong>du</strong>rée passée dans la rue et ce quelle que<br />

soit la maladie.<br />

La santé n’est pas compatible avec la rue. Nos équipes le constatent tous les jours. L’absence de logement<br />

entraîne l’épuisement, la mauvaise alimentation, les difficultés face à l’hygiène. Elle rend les personnes plus<br />

vulnérables d’un point de vue sanitaire. Elle génère aussi une grande souffrance psychique. Elle rend difficile<br />

l’accès aux traitements et vaines les actions de soins.<br />

Exemple de courrier adressé par Médecins <strong>du</strong> <strong>Monde</strong> Nice aux service de la DDASS pour « plaider » la cause des personnes<br />

à la rue, comme s’il fallait encore et encore justifier la nécessité d’un hébergement :<br />

Au sujet de Madame X et de sa fille âgée de 7ans :<br />

«Je me permets d’insister au sujet de la situation de Madame X et de sa fille.<br />

S’il est vrai que Madame a posé des problèmes d’agressivité verbale, notamment auprès de gérants d’hôtel, s’il est vrai<br />

également qu’il y a quelques temps, elle a refusé des solutions qu’on lui proposait (notamment une cohabitation dans<br />

un appartement en Cada), il n’en demeure pas moins qu’elle est maintenant malade, rejetée par l’ensemble de la communauté,<br />

susceptible de rechute, pour une pathologie contagieuse (ce qui pose un problème de santé publique) et<br />

qu’une vie dans la rue ne pourrait qu’accélérer cette rechute : il est toujours difficile de maintenir une bonne observance<br />

aux traitements dans des conditions de vie précaires. [Madame X est atteinte de tuberculose].<br />

Par ailleurs, il y a sa fille, âgée de 7 ans qui est scolarisée et dort le plus souvent chez des amis mais reste parfois,<br />

comme sa mère, sans solution. Madame maintient avec sa fille une bonne relation : elle s’en préoccupe et veille à sa<br />

santé ; une séparation serait très préjudiciable.<br />

Madame convient maintenant de ses difficultés et est tout à fait prête à avoir un suivi psychologique dans notre centre<br />

: elle est maintenant épuisée, pleure tout le temps, l’agressivité semble avoir fait place au désespoir.<br />

Plus que d’une sanction, elle a besoin d’un soutien fort et ne pourra mettre en place des démarches thérapeutiques<br />

suivies qu’avec des conditions de vie décentes.<br />

Je pense, particulièrement pour sa fille, qu’il faudrait lui laisser une « dernière chance ».<br />

Sur un autre fax au sujet de cette même personne : « Nous avons eu le médecin hospitalier traitant de Mme X, il nous<br />

confirme que l’observance au traitement est difficile dans la rue : un des médicaments ne peut être pris à jeun ».<br />

74. Kovess V., Mangin-Lazarus C. La santé mentale des sans abris à Paris : résultats d’une enquête épidémiologique. La revue française de psychiatrie et de psychologie<br />

médicale, n° 9, juin 1997.<br />

75. De La Rochère B. La santé des sans-domicile usagers des services d’aide. Insee Première n° 893, avril 2003.<br />

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