Télécharger - Médecins du Monde
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Intro<strong>du</strong>ction<br />
2005 aura vu une augmentation des consultations données par les<br />
bénévoles des missions France de Médecins <strong>du</strong> <strong>Monde</strong> de 12.7 %<br />
soit 5 150 consultations de plus qu’en 2004 sans ouverture<br />
d’un nouveau centre. De quoi inquiéter…<br />
Les personnes que nous rencontrons sont jeunes puisque 71 % ont moins de 40 ans. Elles sont majoritairement étrangères<br />
dont 59 % résident en France depuis moins d’un an, ce qui explique en partie leurs difficultés à s’orienter dans le système<br />
de soins français.<br />
Elles sont toutes très pauvres, bien en-dessous <strong>du</strong> seuil de pauvreté. Une minorité dispose d’un logement fixe. Pour près<br />
d’un patient sur cinq, le logement est surpeuplé voire néfaste à la santé. Un tiers des patients rencontrés a été ou est en<br />
demande d’asile. L’augmentation continue des refus d’asile par la France nous laisse sans possibilité de soigner les maux des<br />
personnes déjà démolies par les violences auxquelles elles ont été confrontées, violences auxquelles s’ajoutent les mauvaises<br />
conditions d’accueil ici. Ces taux de refus de l’asile de la part de l’ancien pays des droits de l’homme expliquent une<br />
bonne partie <strong>du</strong> nombre de personnes vivant dans une situation administrative précaire. Ce qui au quotidien veut dire :<br />
l’impossibilité de subvenir aux besoins de sa famille, de louer un logement, d’accompagner ses enfants à l’école sans craindre<br />
l’arrestation.<br />
L’utilisation itérative des étrangers comme boucs émissaires des problèmes de notre société a culminé lors de la crise des<br />
banlieues où le Ministre de l’Intérieur a expliqué aux français que les étrangers mettaient le feu (ou bien entretenaient le feu<br />
qu’il avait allumé). Il n’a pas présenté d’excuses au vu de la dizaine d’étrangers passés au tribunal sur les quelques 800 français.<br />
Cette habitude depuis la campagne électorale de 2002 d’instiller le poison de la suspicion, sans vergogne, ne fait qu’accroître<br />
le sentiment d’injustice et de disqualification des personnes que nous rencontrons. Ni délinquants, ni fraudeurs, ni<br />
profiteurs, ils doivent cependant raser les murs de notre société qui est prise d’une confortable amnésie sur son passé.<br />
Dans le même état d’esprit de la France qui écrase les plus pauvres, constatons que la quasi totalité des modifications législatives<br />
vient empirer un quotidien déjà sombre : 10.5 % des femmes et hommes que nous rencontrons n’ont droit à aucune<br />
couverture maladie, non pas parce qu’ils sont de passage en France mais bien parce que les réformes les en écartent, ce<br />
qui va à l’encontre de l’esprit de la CMU et plus largement des impératifs de santé publique.<br />
Cela fait 5 ans que nous démontrons le caractère néfaste de l’obligation de prouver une domiciliation administrative (1 er<br />
obstacle à l’accès aux soins qui s’aggrave d’année en année) : rien ne bouge.<br />
Nous ne reprendrons pas ici l’ensemble des « mesurettes » restreignant toujours plus l’accès aux soins (à lire dans le rapport<br />
d’activité 2005 de la Coordination Mission France), mais rappelons la perversité de cette accumulation de petites<br />
modifications qui lancent un message clair aux administrations : tout ce qui va à l’encontre <strong>du</strong> plein droit est bon à prendre,<br />
le règne de l’arbitraire est érigé en sport préfectoral, la suspicion en sport national.<br />
Au même moment force est de constater que les professionnels de santé qui refusent les précaires, eux, ne sont guère<br />
inquiétés, pauvre Hippocrate.<br />
C’est ainsi que les difficultés financières arrivent en 2 ème plus fort obstacle à l’accès aux soins malgré la CMU et l’AME.<br />
Notons tout de suite que la méconnaissance des droits et des structures de soins arrive juste après : des profiteurs qui ne<br />
savent pas de quoi ils pourraient profiter !<br />
L’état de santé des personnes que nous rencontrons est encore cette année et pour la dernière fois difficile à décrire : le<br />
changement au 1er janvier 2006 <strong>du</strong> recueil de données médicales améliorera ce point pour la suite.<br />
Signalons le très faible taux de couverture vaccinale, le très fort taux de contaminations VIH et VHC, contaminations largement<br />
ignorées des patients avant notre rencontre.<br />
Notre responsabilité en terme de prévention et d’accompagnement au dépistage et aux traitements apparaît ici clairement.<br />
C’est dans ce climat d’intolérance que les bénévoles de Médecins <strong>du</strong> <strong>Monde</strong> essayent chaque jour d’améliorer l’état de santé<br />
des plus précaires. Des murs se lèvent mais l’espoir reste de renverser les empêcheurs d’égalité humaine.<br />
Intro<strong>du</strong>ction<br />
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