Le secteur bancaire suisse - Association suisse des banquiers

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25.12.2014 Views

fiscale et fraude fiscale correspond à la tradition juridique suisse et trouve ses racines dans la démocratie directe. La confiance et le respect entre les citoyens et l’Etat constituent un élément essentiel de la conception suisse de l’Etat. Les relations internationales butent toutefois sur le problème que les entraides administrative et judiciaire internationales requièrent l’existence de la fraude fiscale et ne sont pas applicables en cas de soustraction fiscale. Toutefois, la distinction entre soustraction fiscale et fraude fiscale est désormais supprimée dans le cas de l’entraide administrative en matière de conventions de double imposition ( cf. également chapitre 9.2 ). Pour ce qui est de l’entraide judiciaire, la distinction subsiste. 70 Le secteur bancaire suisse Entraide judiciaire internationale en matière pénale En vertu de la Convention européenne d’entraide judiciaire, des conventions bilatérales d’entraide judiciaire et de la Loi fédérale sur l’entraide judiciaire internationale en matière pénale de 1981 ( EIMP, révisée en 1995 ), la Suisse accorde l’entraide judiciaire à des autorités étrangères. Lors de procédures judiciaires, des informations peuvent être transmises et des valeurs patrimoniales peuvent être bloquées et remises, le cas échéant, aux autorités étrangères. Les conditions essentielles d’octroi de l’entraide judiciaire en matière pénale sont : la double incrimination, le respect du principe de la spécialité et l’observation du principe de la proportionnalité. Les tribunaux suisses n’appliquent des mesures de contrainte telles que la levée du secret professionnel du banquier que si les faits poursuivis sont punissables aussi bien aux termes du droit de l’Etat requérant que du droit suisse ( principe de la double incrimination ). Le principe de la spécialité prévoit que les informations obtenues par voie d’entraide judiciaire ne peuvent être utilisées que dans le cadre de la procédure pénale pour laquelle l’entraide est fournie. Quant au principe de la proportionnalité, il exige de la discrétion lors de cas de peu d’importance ou lorsque la procédure risque de porter atteinte aux intérêts de tiers non impliqués. Un recours de droit administratif peut être introduit auprès du Tribunal administratif fédéral ( TAF ) contre les jugements rendus en dernière instance par les tribunaux cantonaux et les décisions de l’Office fédéral de la justice ( OFJ ). S’il s’agit de livraisons, de saisies, de la remise d’objets et de valeurs patrimoniales ou de la transmission d’informations de la sphère privée, et s’il s’agit d’un cas particulièrement important, on peut également déposer un recours devant le Tribunal fédéral. Rapatriement des avoirs de potentats Par avoirs de potentats, on entend des capitaux acquis de manière illicite par des personnes politiquement exposées ( selon définition de l’Ordonnance de la FINMA sur le blanchiment d’argent, OBA-FINMA ) et leurs proches et souvent sortis du pays pour être investis sur les marchés financiers internationaux. Ces fonds peuvent représenter un problème non seulement pour le développement économique des pays dans lesquels l’argent a été détourné, mais ils nuisent également à la réputation de la Suisse et de sa place financière. La Suisse a donc un intérêt fondamental à ce que de telles valeurs patrimoniales ne soient pas investies sur sa place financière. Afin de s’attaquer à ce problème, la Suisse mise d’une part sur la prévention en vue d’éviter de prime abord l’entrée de tels fonds sur son territoire et de l’autre sur l’entraide judiciaire en vue de saisir les fonds de manière efficace et souple et de les restituer si tant est qu’ils arrivent jusqu’en Suisse en dépit de ces mesures de prudence.

Les mesures de prévention se fondent sur les standards internationaux du GAFI, la principale instance en matière de lutte internationale contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, qui ont été développés de concert avec le secteur bancaire. Ceux-ci sont à l’origine de la LBA, qui oblige les intermédiaires financiers à identifier les valeurs patrimoniales provenant éventuellement du crime organisé et de les communiquer au Bureau de communication en matière de blanchiment d’argent ( comme indiqué dans la LBA ). La restitution dans le cadre de l’entraide judiciaire est un autre pilier important dans la lutte contre les avoirs de potentats. La Suisse est le seul pays à s’occuper depuis vingt ans déjà de la restitution de fonds bloqués aux pays d’origine et a restitué à ce jour quelque CHF 1,7 milliard. Certains de ces cas ont d’ailleurs suscité un intérêt médiatique considérable en raison de la notoriété des personnes concernées ( Marcos, Abacha, Montesino et Salinas p. ex. ) et de l’ampleur des montants en question. L’entraide judiciaire connaît cependant des limites si les Etats concernés ne collaborent pas avec la Suisse, s’ils ne sont par exemple pas en état de le faire ( failing states ) ou tout simplement s’ils ne le veulent pas. A cet égard, il convient notamment de citer les cas Duvalier ( Haïti ) et Mobutu ( République démocratique du Congo ), dont les fonds sont respectivement bloqués depuis 1986 et 1997. En ce qui concerne le cas Mobutu, la Suisse a cependant dû lever le blocage après une décision du Tribunal pénal fédéral de juillet 2009 en raison de la prescription des faits reprochés à Mobutu, et remettre les fonds à la famille Mobutu. Afin de pouvoir éviter de tels cas à l’avenir, le Conseil fédéral a mandaté en décembre 2008 le Département fédéral des affaires étrangères ( DFAE ) pour élaborer un projet de loi sur la saisie, la confiscation et la restitution de valeurs patrimoniales illégales. Cette loi a pour but de garantir que les fonds soient restitués de manière transparente et profitent à la population du pays d’origine. La procédure de consultation de cette loi a pris fin au printemps 2010. La Suisse s’engage aussi au plan international dans la lutte contre la corruption et le détournement de fonds publics ainsi que pour leur rapatriement et a lancé plusieurs initiatives à cet effet. C’est ainsi qu’elle organise depuis 2001 des réunions informelles d’experts gouvernementaux à Lausanne lors desquelles les principales places financières ( surtout des pays du G8 ) essaient d’aboutir à une harmonisation des règles de rapatriement avec un certain nombre de pays du Sud et de l’Est. La Suisse collabore par ailleurs étroitement avec l’Initiative pour la restitution des avoirs volés ( Stolen Assets Recovery Initiative, StAR ) lancée conjointement en 2007 par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime ( ONUDC ) et la Banque mondiale. Elle soutient également financièrement l’International Center for Asset Recovery ( ICAR ) à Bâle depuis sa création en 2006. 71 Le secteur bancaire suisse 9 2 Conventions fiscales internationales Accords bilatéraux II Les accords bilatéraux II ont été signés le 26 octobre 2004 entre la Suisse et l’UE. Faisant suite aux Bilatérales I de 1999, cet ensemble d’accords prend en compte d’autres intérêts économiques ( industrie alimentaire, tourisme, place financière ) et élargit la collaboration entre la Suisse et l’UE au-delà du cadre économique habituel à de nouveaux domaines politiques importants tels que la sécurité, l’asile, l’environnement et la culture.

<strong>Le</strong>s mesures de prévention se fondent sur les standards internationaux du GAFI,<br />

la principale instance en matière de lutte internationale contre le blanchiment<br />

d’argent et le financement du terrorisme, qui ont été développés de concert avec le<br />

<strong>secteur</strong> <strong>bancaire</strong>. Ceux-ci sont à l’origine de la LBA, qui oblige les intermédiaires<br />

financiers à identifier les valeurs patrimoniales provenant éventuellement du crime<br />

organisé et de les communiquer au Bureau de communication en matière de blanchiment<br />

d’argent ( comme indiqué dans la LBA ).<br />

La restitution dans le cadre de l’entraide judiciaire est un autre pilier important<br />

dans la lutte contre les avoirs de potentats. La Suisse est le seul pays à s’occuper<br />

depuis vingt ans déjà de la restitution de fonds bloqués aux pays d’origine et a<br />

restitué à ce jour quelque CHF 1,7 milliard. Certains de ces cas ont d’ailleurs suscité<br />

un intérêt médiatique considérable en raison de la notoriété <strong>des</strong> personnes<br />

concernées ( Marcos, Abacha, Montesino et Salinas p. ex. ) et de l’ampleur <strong>des</strong><br />

montants en question.<br />

L’entraide judiciaire connaît cependant <strong>des</strong> limites si les Etats concernés ne collaborent<br />

pas avec la Suisse, s’ils ne sont par exemple pas en état de le faire ( failing<br />

states ) ou tout simplement s’ils ne le veulent pas. A cet égard, il convient notamment<br />

de citer les cas Duvalier ( Haïti ) et Mobutu ( République démocratique du<br />

Congo ), dont les fonds sont respectivement bloqués depuis 1986 et 1997. En ce<br />

qui concerne le cas Mobutu, la Suisse a cependant dû lever le blocage après une<br />

décision du Tribunal pénal fédéral de juillet 2009 en raison de la prescription <strong>des</strong><br />

faits reprochés à Mobutu, et remettre les fonds à la famille Mobutu.<br />

Afin de pouvoir éviter de tels cas à l’avenir, le Conseil fédéral a mandaté en décembre<br />

2008 le Département fédéral <strong>des</strong> affaires étrangères ( DFAE ) pour élaborer<br />

un projet de loi sur la saisie, la confiscation et la restitution de valeurs patrimoniales<br />

illégales. Cette loi a pour but de garantir que les fonds soient restitués de<br />

manière transparente et profitent à la population du pays d’origine. La procédure<br />

de consultation de cette loi a pris fin au printemps 2010.<br />

La Suisse s’engage aussi au plan international dans la lutte contre la corruption et<br />

le détournement de fonds publics ainsi que pour leur rapatriement et a lancé plusieurs<br />

initiatives à cet effet. C’est ainsi qu’elle organise depuis 2001 <strong>des</strong> réunions<br />

informelles d’experts gouvernementaux à Lausanne lors <strong>des</strong>quelles les principales<br />

places financières ( surtout <strong>des</strong> pays du G8 ) essaient d’aboutir à une harmonisation<br />

<strong>des</strong> règles de rapatriement avec un certain nombre de pays du Sud et de l’Est. La<br />

Suisse collabore par ailleurs étroitement avec l’Initiative pour la restitution <strong>des</strong><br />

avoirs volés ( Stolen Assets Recovery Initiative, StAR ) lancée conjointement en<br />

2007 par l’Office <strong>des</strong> Nations Unies contre la drogue et le crime ( ONUDC ) et la<br />

Banque mondiale. Elle soutient également financièrement l’International Center<br />

for Asset Recovery ( ICAR ) à Bâle depuis sa création en 2006.<br />

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<strong>Le</strong> <strong>secteur</strong> <strong>bancaire</strong> <strong>suisse</strong><br />

9 2 Conventions fiscales internationales<br />

Accords bilatéraux II<br />

<strong>Le</strong>s accords bilatéraux II ont été signés le 26 octobre 2004 entre la Suisse et l’UE.<br />

Faisant suite aux Bilatérales I de 1999, cet ensemble d’accords prend en compte<br />

d’autres intérêts économiques ( industrie alimentaire, tourisme, place financière )<br />

et élargit la collaboration entre la Suisse et l’UE au-delà du cadre économique<br />

habituel à de nouveaux domaines politiques importants tels que la sécurité, l’asile,<br />

l’environnement et la culture.

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