Les impacts du climat en Afrique de l'Ouest (pdf) - Locean

Les impacts du climat sur les sociétés
en Afrique de l’Ouestl
Benjamin Sultan (IRD – LOCEAN / ISPL)

Le plus grand déficit pluviométrique du siècle dernier

La Sécheresse au Sahel :
Depuis la fin des années 60 : une baisse générale de la pluviométrie, représentant
environ 20% de la moyenne annuelle sur l'ensemble du sous-continent.
A Niamey, par exemple, il est tombé 490 mm de pluie en moyenne par an de 1970 à
1990, contre 650 mm de 1950 à 1970.
Des impacts forts :
Cette diminution a eu des effets brutaux sur les débits des grands fleuves (le
minimum de la période d'étiage est passé de 50 à 3 m3/s sur le Niger à Niamey) et sur
le remplissage des retenues à vocation agricole ou hydro-électrique.
Associée à d'autres facteurs, cette sécheresse a également eu des répercussions sur les
rendements des cultures et sur le cheptel.

Des impacts sur…
Les ressources en eau
Les activités humaines
La santé

L’impact sur les
ressources en eau

Le fleuve Niger à Niamey (Niger)
le 3ème fleuve d’Afrique (4000 km
sur toute l’Afrique)
Irrigue 5 pays Africains
En 1984, une année très sèche:
le lit du fleuve Niger est à sec à
Niamey

Sahel region (last century)
Wet
I
Dry
I
I
I
I
Niger at Malanville: 2.10 6 km²
Réduction de 50 % du débit du Niger

Le paradoxe sahelien:
Les précipitations diminuent mais le contenu en
eau des sols augmente !
Au cours de la dernière
décennie, la nappe phréatique a
enregistré une hausse moyenne
de 10 cm/an.
Elle atteint aujourd'hui un
niveau comparable, voire
supérieur, à celui des années
1960
Crues éclaires pouvant emporter les récoltes et les villages

Le paradoxe sahelien
Dans la région de Niamey,
l’essentiel des pluies repart très vite
vers l’atmosphère en évaporation
du sol et transpiration des plantes.
Le reste ruisselle à la surface du sol et se concentre dans les
bas-fonds et s’infiltre vers la nappe.

Le paradoxe sahelien
Brousses
Plateaux non cultivables
Jachères
Cultures
Pour alimenter une
population toujours plus
nombreuse et compenser
des pluies plus faibles,
les paysans ont
augmenté les surfaces
cultivées.
La suppression de la végétation naturelle augmente la proportion
d’eau qui ruisselle à la surface du sol et s’accumule dans les
mares de bas-fond d’où elle s’infiltre vers la nappe phréatique.

Sahel = région très sensible à la pression anthropique

Dégradation de l’environnement Sahélien

Les impacts sur
l’agriculture

L’agriculture en Afrique de l’Ouest

Deux types de culture en Afrique de l’Ouest
Les cultures vivrières
(ex : mil, sorgho)
Les cultures de rente
(ex : coton)

La culture du mil au Sénégal
Mai-Juin (semis)
Juin-Juillet (levée)

La culture du mil au Sénégal
Chandelles de mil
Mil à maturité

Climat et agriculture en Afrique de l’Ouest

Le coton en Afrique
de l’Ouest
Evolution de la production du
coton au Cameroun
L’Afrique de
l’Ouest : 3e
producteur mondial,
3e exportateur
300
250
200
150
100
Surface
Production
Rendement
16
14
12
10
8
6
Une importante
source de devises
et de recettes
50
0
1961
1964
1967
1970
1973
1976
1979
1982
1985
1988
1991
1994
1997
2000
2003
4
2
0

Des impacts sur les autres activités humaines :
La pêche
Diminution de 50% des
poissons pêchés dans le
delta intérieur du Niger
en 10 ans
Baisse de la superficie des plaines
inondées dans le delta intérieur
Erosion des berges et ensablement du
fleuve
Baisse de la
superficie des
lieux de pontes
des poissons

Des impacts sur les autres activités humaines :
L’élevage
La grande sécheresse de 1984 a décimé plus
de 80% du cheptel bovin dans le delta
intérieur du Niger
Baisse de la superficie des plaines
inondées dans le delta intérieur
Moins de
pâturages
nourrissants
pour le bétail
malien mais
aussi des autres
pays africains

Les impacts sur les activités humaines entraînent
des conflits sociaux très importants
Conflits familiaux
Les populations sont
contraintes d’abandonner
des activités qu’elles
menaient depuis des temps
très anciens
Conflits territoriaux
Compétitions aux
terres fertiles

Impacts du climat
sur la santé

Pathologies dont le réservoir est l’homme : les anthroponoses
(à la différences des zoonoses)
Deux types de transmissions
Transmission
directe
HUMAINS
HUMAINS
Ex : méningite
Transmission
indirecte
VECTEUR
HUMAINS
HUMAINS
VECTEUR
Ex :
paludisme,
dengue

‣ Un vaccin existe
La méningite
‣ La Méningite est endémique en Afrique de l’Ouest depuis 1980
‣ 25 000 à 200 000 cas par an dont 10% mortels
‣ Le Méningocoque est une bactérie touchant exclusivement l’homme
dont la transmission se fait par voie aérienne
‣ Plusieurs facteurs favorables à la survenue de l’épidémie :
réceptivité immunologique, bas niveau socio-économique, transmission
d’une souche virulente et contexte climatique

La méningite Cérébro-Spinale
en Afrique
de l’Ouest
Le rôle du contexte climatique :
‣ Chronologie de l’épidémie (de février
à avril)
‣ circonscription dans la ceinture de
méningite en Afrique Soudano-
Sahélienne
La sécheresse stimule l’invasion du
méningocoque
L’humidité réduit le risque de
transmission

Climat / poussières et méningite
En hiver, l’Afrique
soudano-sahélienne subit de
fait l’influence des vents
d’Harmattan.
Ces vents chauds et secs, chargés de
poussières, fragilisent les muqueuses de
l’appareil respiratoire, favorisant le
passage de la bactérie dans le sang et,
ainsi, le déclenchement des épidémies
de méningite.

Climat / poussières et méningite

Pluie et érosion des sols en Mauritanie
Tendance de la pluviométrie à l’échelle
nationale. Moyennes nationales et moyennes
mobiles sur cinq ans des indices pluviométriques
moyens (IPM).
Tendance de l’ensemble des lithométéores.
Moyennes nationales et moyennes mobiles sur cinq
ans calculées à partir des indices (ILMT).

Les maladies à vecteurs

La dengue
Maladie virale présente dans
toute la ceinture intertropicale
Pas de dengue hémorragique
recensée en Afrique
Le vecteur aedes aegypti

Le rôle du climat dans les épidémies à
vecteurs
Températures et humidité espérance de vie
Transmission du virus
Ponte
Température temps entre 2
morsures, incubation du virus
émergence
Pluie favorise les gites larvaire
Température agit sur les stades biologique

Le paludisme (ou malaria)
Maladie parasitaire présente dans toute la ceinture intertropicale
Plasmodium transmis par la piqûre des anophèles dont les larves se
développent dans les eaux stagnantes (précipitations / mares favorisent les
gites larvaires)
Le vecteur anopheles
Chaque année, de 300 à
500 millions de cas sont à
l'origine de 1,5 à 2,7
millions de décès et la
maladie est la cause de
90% des décès d'enfants de
moins de 5 ans en Afrique.

Carte de risque de paludisme lié au climat
0 = transmission absente ou
très instable
1 = conditions très favorables
à la transmission

Climat et paludisme
Carte de risque de
paludisme lié au
climat
Risque mesuré de
paludisme (à partir
du nombre de cas
recensés)

Le risque de paludisme :
une évolution saisonnière liée au climat
ébut du risque de transmisson
Fin du risque de transmisson

Et si le climat change :
Quels impacts sur les populations africaines

Changement global et impacts
Et si le climat change :
Quels impacts sur les populations africaines

Les outils pour répondre à cette question :
Les modèles de climat
Les modèles de croissance de plante
Les modèles épidémiologique

Simuler le climat futur
L’estimation du climat futur repose sur
l’exploitation des modèles couplés océanatmosphère
On impose un forçage radiatif soit constant
(doublement du CO2) soit progressif au
cours du temps (scénario de développement
économique)
On obtient ainsi le climat perturbé i.e. les
régimes de temps moyens correspondant à
la perturbation
Les limites des prédictions sont donc associées aux limites des :
1- Scénarii de l’évolution de l’émission des gaz à effet de serre et
aérosols
2- Modèles eux-mêmes, c’est à dire leurs capacités intrinsèques à

Et dans 100 ans
Source: GIEC 2001

Projection de la température
Une moitié de la
dispersion est liée à notre
comportement (SRES)
L’autre moitié est liée au
comportement du
système climatique
(incertitudes des
modèles)
Moyenne : 3°C
(La moitié d’un changement
interglaciaire / glaciaire qui
prend 5000 ans !)
Le spectre des réponses couvre +1.4° à +5.8° selon les scénarii et les
modèles

Projection du rendement des principales cultures
% de changement dans
le rendement moyen
dans les principales
cultures (blé, mais et
riz)
Jaune, orange, marron :
tendance à la baisse
Tendance à la hausse
des rendements dans les
latitudes moyennes

Des incertitudes sur les impacts
agronomiques

Impact of climate change
Data
GCMs with IPCC scenarios sresb1 and sresa2
T proj
= T CRU
+ (T GCM(1970-2000)
–T GCM(2070-2100)
)
Results
Limited extension of the epidemic area
Strong extension of the endemic area
sresb1
sresa2

Impact of climate change
Data
GCMs with IPCC scenarios sresb1 and sresa2
T proj
= T CRU
+ (T GCM(1970-2000)
–T GCM(2070-2100)
)
Results
Limited extension of the epidemic area
Strong extension of the endemic area
sresb1
sresa2

Impact of climate change
Data
GCMs with IPCC scenarios sresb1 and sresa2
T proj
= T CRU
+ (T GCM(1970-2000)
–T GCM(2070-2100)
)
Results
Limited extension of the epidemic area
Strong extension of the endemic area
sresb1
sresa2

Impact of climate change
Data
GCMs with IPCC scenarios sresb1 and sresa2
T proj
= T CRU
+ (T GCM(1970-2000)
–T GCM(2070-2100)
)
Results
Limited extension of the epidemic area
Strong extension of the endemic area
sresb1
sresa2
0 2 4 6 8 10 % 0 5 10 15 20 %

Impact of climate change
Data
GCMs with IPCC scenarios sresb1 and sresa2
T proj
= T CRU
+ (T GCM(1970-2000)
–T GCM(2070-2100)
)
Results
Limited extension of the epidemic area
Strong extension of the endemic area
sresb1
sresa2
0 20 40 60 80 % 0 20 40 60 80 100

Conclusions
Les populations sahéliennes sont très dépendantes du climat
Des modifications du climat entraînent des impacts sur les
sociétés africaines (sécheresse récente, changement climatique)
Il est donc nécessaire de mieux comprendre le climat pour
anticiper ces impacts : c’est l’objectif du projet AMMA
Analyse Multidisciplinaire de la Mousson Africaine

AMMA est un projet international coordonné pour améliorer notre
connaissance et compréhension du système de la Mousson Africaine
et de sa variabilité
• Faire avancer nos connaissances sur la Mousson Africaine dans ses
aspects physiques, chimiques, écologiques
• Améliorer les bases scientifiques qui permettront d’aborder les
problèmes de ressources en eau, de sécurité alimentaire et de santé dans
les pays d’Afrique de l’Ouest et de définir les stratégies d’observations
adéquates
• S’assurer que la recherche multi-disciplinaire d’AMMA s’intègre
effectivement bien avec les activités de prévision et de décision

Décideurs
Approche multidisciplinaire
Systèmes d’alerte précoce, conseils, …
PREVISION DU TEMPS & CLIMAT & SES IMPACTS
Jour Semaine Saisonnier Interannuel Changement Climat
IMPACTS
Dynamique
Mousson
Aérosols
Chimie
Activités multi-
disciplinaire
Ressources en eau
Santé public
Agriculture
Socio-Economie

Agences fondatrices:
Centres Régionaux Africains
Agences supportant AMMA
ec la participation de
iversity of Cologne, Deutsches Zentrum für Luft-und Raumfharte, University of Leeds, Centre for Ecology and Hydrology,
iversity of Copenhagen, MEDIAS-France, University of Burgundy, Université Paris 12 - Val de Marne, Université Paul Sabatier,
ntre de coopération Internationale gen Recherche Agronomique pour le Développement, University of Bremen, Forschunggszentru
lsruhe, Leibniz-Institut für Meereswissenschaften, Ludwig-Maximilianns-Universitaet Muenchen, Rheinische Friedrich-Wilhelmsiversität
Bonn, Univerrsity of East Anglia, University of Liverpool, University of York, University of Leicester, University of
nchester, Chancellor, Masters and Scholars of University of Cambridge, Consiglio Nazionale delle Ricerche - Institute of
ospheric Sciences and Climate, Enea per Nuove Technologie, l'Energia e l'Ambiente, Consiglio Nazionale delle Ricerche -Institu
iometeorology , Universita' di Perugia, Universidad de Castilla- La Mancha, Universitad Complutense de Madrid, Universidad
itécnica de Cartagena, Université catholique de Louvain, European Ceeentre for Medium-range Weather Forecasts, Centre Région
RHYMET, Centre de Reecherche Médicale et Sanitaire, Ecole Inter-Etats d'Ingénieurs de l'Equipement JRural, African Centre of
teorological Application for development, Vaisala OYJ, Ocean Scientific International Ltd, Royal Netherlands Meteorological
titute, Agence pour la Sécurité de la Navigation Aérienne en Afrique et Madagascar, Kalsrhue University, Universite d Abomeylavi,
Universite de Dakar, Universite de Niamey, Directions de la Meteorologie et de l Hydrologie du Benin, Burkina Faso, Cote

Merci de votre attention….