FRANCK LOZAC'H ÉLÉMENTS DE RÉFLEXION

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I L’inspiration apparaît aussi comme un immense réservoir de mots qui s’associent, se combinent et se multiplient. Il y a donc interférence, - indispensable nécessité d’union, de frottements, de refus, d’accouplements. Voilà ! Il y a acte physique entre les mots qui doivent former un bel accord, comme deux êtres forment un beau couple. L’impulsion, l’élan vital de l’inspiré est passé par là. Il fallait bien qu’il eût ce que l’on peut appeler “ Énergie ” pour favoriser cet accouplement. C’est vrai, de nombreux obstacles, des retards, des blocages ont constamment tenté de condamner ce droit à l’orgasme littéraire. Le plus virulent est certainement l’interdit du critique, qui est un gendarme redoutable, doutant de tout, et réglant la circulation du flux sans réellement connaître les règles du déplacement. La conscience du poète le pousse le plus souvent vers une impasse : pourquoi produire cela ? Quel intérêt y a-t-il à caramboler de cette sorte ? Le raisonnement de la critique virulente provoque en lui une volonté de refus, je dirai - de stérilité. 106

II La poésie nous introduit dans le monde de l’imaginaire. Elle nous montre la relation de non-vie entre un mot, masse inerte ou objet instrumental et un autre mot, qui associés formeront un bel accord, ou une combinaison criarde. Tout dépendra de l’analyse auditive du poète ou de sa volonté à obtenir l’effet recherché. Il suffit d’écouter sa conscience, et de décider d’après le choix arrêté. Parfois c’est une liberté absolue qui dicte la marche à suivre. Le poète devient joueur de jazz, à l’inspiration vagabonde au plan indéterminé. C’est juste une question de feeling. L’exercice de poésie dite libre s’apparente assez sensiblement à ce type de travail. L’auteur subit, ou voltige papillon hoqueteux, de fleur en fleur, ou pour reprendre l’exemple du pianiste, d’accords en accords, de combinaisons en combinaisons. Mais la comparaison cesse là. Car le poète, à sa table, possède ce que l’on appelle des blancs. Ce sont des laps de temps d’une certaine durée qui vont de quelques secondes à deux ou trois heures... 107

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L’inspiration apparaît aussi comme un immense<br />

réservoir de mots qui s’associent, se combinent et se multiplient.<br />

Il y a donc interférence, - indispensable nécessité d’union, de<br />

frottements, de refus, d’accouplements. Voilà ! Il y a acte<br />

physique entre les mots qui doivent former un bel accord, comme<br />

deux êtres forment un beau couple.<br />

L’impulsion, l’élan vital de l’inspiré est passé par là. Il<br />

fallait bien qu’il eût ce que l’on peut appeler “ Énergie ” pour<br />

favoriser cet accouplement. C’est vrai, de nombreux obstacles,<br />

des retards, des blocages ont constamment tenté de condamner ce<br />

droit à l’orgasme littéraire. Le plus virulent est certainement<br />

l’interdit du critique, qui est un gendarme redoutable, doutant de<br />

tout, et réglant la circulation du flux sans réellement connaître les<br />

règles du déplacement. La conscience du poète le pousse le plus<br />

souvent vers une impasse : pourquoi produire cela ? Quel intérêt y<br />

a-t-il à caramboler de cette sorte ? Le raisonnement de la critique<br />

virulente provoque en lui une volonté de refus, je dirai - de<br />

stérilité.<br />

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