Rencontre du mois “ La question de la femme dans les hautes sphères de l’entreprise ne doit pas être un tabou ” Vous êtes propulsée directrice générale de l’entité luxembourgeoise en août 2012. Quel regard portez-vous sur le Luxembourg à votre arrivée? Je suis arrivée avec ma famille par un magnifique jour de mai. J’y ai découvert un beau pays, très vert, propre et où les citoyens sont courtois. Par ailleurs, contrairement à ce qui m’avait été rapporté, j’ai trouvé un pays animé et dynamique de par les manifestations qui s’y déroulent, à quoi s’ajoute une excellente qualité de vie. J’aime à l’envi à répéter que l’on ne peut pas rêver mieux que le Luxembourg pour y mener une vie de famille. Mon fils m’a d’ailleurs dit: «Maman, la prochaine fois, tu vas travailler dans le pays que tu veux, mais moi, cette fois, je reste ici». En revanche, il n’y a pas au Luxembourg la flexibilité au niveau de certaines commodités, les plages horaires des magasins et centres commerciaux n’étant pas aussi larges qu’ailleurs et le dimanche n’offrant que peu de possibilités de fairedes achats… si ce n’est dans les stations essence aux allures de superette, une autredécouverte que j’ai faite ici. Mais c’est un mal pour un bien, car depuis mon arrivée, j’ai réappris à apprécier le calme du dimanche. Avant de venir au Grand-Duché, j’ai travaillé quatre ans en Pologne où j’ai occupé chez Axa les fonctions de directrice marketing et directrice de la distribution. J’y ai côtoyé une population faisant preuve d’une forte volonté entrepreneuriale. Les jeunes dans mes équipes se battaient pour avoir un projet et faire leurs preuves. Amon arrivée au Luxembourg, j’ai ressenti un décalage au niveau de l’esprit d’entreprise, qui me semble moins développé, surtout chez les jeunes. On a l’impression d’assister à un véritable acharnement contre le Luxembourg depuis l’éclatement de l’affaire LuxLeaks, comme en témoignent les attaques personnelles de plus en plus féroces dirigées contre l’ancien Premier ministre Jean- Claude Juncker… L’image et la réputation du Luxembourg sont souvent attaquées, et le risque que l’on courtest celui du repli sur soi, comme on l’a trop souvent vécu dans l’histoire européenne. L’ouverture et la capacité d’intégration sont une des grandes forces du Luxembourg, et il convient d’être très vigilant afin de conserver cette force. Ace titre, devant les bouleversements réglementaires auquel le Luxembourg doit et devra encore faire face, la gestion du changement est àprendre très au sérieux. Le gouvernement et les entreprises en ont conscience et s’y préparent déjà depuis un certain temps, mais en estil de même au sein de la population? Je n’en suis pas certaine. Or c’est lorsque les choses vont encore bien qu’il faut agir. Une dernière question, celle de l’égalité homme/femme au travail. Vous faites part de ces très rares femmes – jeune et non-Luxembourgeoise qui plus est – à être à la tête de la filiale d’une multinationale au Luxembourg. Selon vous, le fait d’être une femme vous confère-t-il certains désavantages ou, au contraire, certains avantages à occuper le poste qui est le vôtre? Tout d’abord, je pense que si j’ai été nommée au poste de directrice générale d’Axa Luxembourg, c’est parce qu’on a estimé que j’avais le profil recherché. Il est vrai qu’au conseil d’administration de l’ACA (Association des Compagnies d’Assurances), je suis la seule femme, mais, en revanche, il y a une forte présence internationale. Je dois dire que l’accueil a été chaleureux, fidèle àce que je considère comme «l’esprit luxembourgeois» d’ouverture et de bienveillance. La question de la présence des femmes dans les hautes sphères de l’entreprise ne doit pas être un tabou, il faut encourager les dirigeants d’entreprise, souvent des hommes, à nommer des femmes. Sans vouloir faire dans la caricature, tandis qu’un homme lève la main lorsqu’un poste à responsabilité se créé ou se libère, une femme a trop souvent tendance à se demander si elle sera àla hauteur des responsabilités qui pourraient être les siennes. Il faut donc avoir une démarche proactive, aller chercher les femmes. Ce que je dis d’ailleurs à mes collègues dirigeants d’entreprise qui ont des filles sur le point d’entrer sur le marché du travail, c’est qu’ils ont la responsabilité de créer l’entreprise dans laquelle leurs filles travailleront. De cette façon, petit à petit, les choses évolueront. PhR 78 LG - Décembre 2014
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