EUROEDITION LG171

Chaux de Contern 54
LETZEBUERGER GEMENGEN
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“
Ces révélations vendues
comme fracassantes ne sont
que l’expression de l’hypocrisie
monstre de toute la nomenklotura
européenne
EDITO
”
Un feu de paille
«LuxLeaks». Sous cette appellation quelque
peu malheureuse au niveau de la sonorité se
cache l’histoire d’une affaire aux allures de
scandale financier planétaire qui s’abat sur
un Luxembourg en pleine quête de virginité.
Motif? La grande complaisance dont ont fait
preuve les autorités luxembourgeoises en
matière de fiscalité avec de nombreuses
multinationales établies dans le pays.
Telles sont les conclusions irréfutables de
l’International Consortium of Investigative
Journalists qui s’appuie sur 28.000 pages de
documents confidentiels.
Que retenir de cette affaire qui s’est dégonflée
comme un ballon de baudruche? En tout
premier lieu qu’il s’agit d’une affaire qui n’en
est pas une. Ces révélations vendues comme
fracassantes ne sont que les révélations d’un
secret de polichinelle à l’échelle du continent,
l’expression de l’hypocrisie monstre de toute
la nomenklotura européenne.
Que dire des vierges effarouchées qui voient
dans l’action du Luxembourg un «pillage
méthodique des recettes des voisins»? Que
ces politiciens étrangers qui jettent l’opprobre
sont soit d’une naïveté aberrante
(à laquelle personne ne peut croire), soit en
quête d’électeurs, à l’instar notamment des
représentants de partis d’extrême droite ou
d’extrême gauche tels que Marine Le Pen du
Front National en France, de Nigel Farage de
l’Ukip au Royaume-Uni ou encore de Marco
Zanni du Mouvement 5 Etoiles en Italie.
Avec un Luxembourgeois - rien de moins
que l’ancien Premier ministre - à peine intronisé
à la tête de l’exécutif européen, l’occasion
était inespérée
Que ce pseudo-scandale financier serve de
leçon à l’Union européenne, dont 22 des
28 Etats pratiquent le «tax ruling», à une
époque où les gouvernements de tous bords
demandent aux citoyens et aux entreprises
de se serrer la ceinture comme jamais.
La toute jeune Commission Juncker a certes
tenu bon à la motion de censure des eurosceptiques
aux aguets, mais dès le départ,
elle y aura laissé des plumes. Pour parer à ces
pratiques d’une autre époque, c’est précisément
davantage d’intégration européenne,
davantage d’harmonisation qui sont nécessaires,
un argument que se gardent bien de
donner ces europhobes qui rêvent d’occuper
militairement le Luxembourg. PhR