Fumeur opéré
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1<br />
v i v r e s a n s f u m é e s<br />
<strong>Fumeur</strong> <strong>opéré</strong><br />
Patient fragilisé<br />
> Divisez par trois vos risques opératoires<br />
en arrêtant de fumer<br />
Monique Osman • Bertrand Dautzenberg<br />
P S Y C H O S O C I O M É D I C O I N F O
<strong>Fumeur</strong> <strong>opéré</strong><br />
Patient fragilisé<br />
> Divisez par trois<br />
vos risques opératoires<br />
en arrêtant de fumer
Dans la collection<br />
v i v r e s a n s f u m é e s<br />
• Le tabac et les 4 000 pollueurs. Les substances toxiques de la cigarette et de sa<br />
fumée<br />
• Je fume si je veux ! Comment parler tabac avec vos ados<br />
• Fumer au féminin. Les risques spécifiques du tabagisme chez la femme<br />
• Chicha, cannabis et tabac à rouler. Les dangers des nouvelles façons de fumer<br />
• Vivez léger sans la fumée ! Conseils nutritionnels pour réussir votre sevrage<br />
tabagique<br />
• J’arrête la cigarette. Une décision salutaire pour ma santé bucco-dentaire<br />
Office français de prévention du tabagisme (OFT)<br />
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Direction de la publication : Joseph Osman<br />
Direction scientifique : Joëlle Visier<br />
Édition : Pascale Sommero<br />
Conception graphique de couverture et maquette intérieure : Nord Compo<br />
© OFT Entreprise, 2009<br />
ISBN 978-2-35587-000-2<br />
Tabacologia est une marque déposée de l’OFT.<br />
OFT Entreprise est une filiale de l’Office français de prévention du tabagisme,<br />
association Loi 1901 reconnue d’intérêt général.
v i v r e s a n s f u m é e s<br />
Monique Osman • Bertrand Dautzenberg<br />
<strong>Fumeur</strong> <strong>opéré</strong><br />
Patient fragilisé<br />
> Divisez par trois<br />
vos risques opératoires<br />
en arrêtant de fumer
A V A N T- P R O P O S<br />
Vous êtes fumeur, actif ou passif, et vous devez subir une intervention chirurgicale.<br />
Ces pages peuvent vous être utiles. Elles soulèvent des questions<br />
qui concernent votre tabagisme et son incidence sur l’opération que vous allez<br />
affronter. Elles proposent aussi des solutions pour dépasser les antagonismes<br />
qui existent entre votre comportement tabagique et l’épreuve de l’intervention<br />
que vous allez devoir surmonter.<br />
Les connaissances accumulées depuis plus de soixante ans sur les méfaits<br />
du tabac ne sont plus à démontrer. Elles sont universellement reconnues par<br />
la communauté scientifique. Des études approfondies, conduites par les<br />
meilleurs spécialistes réunis en conférence d’experts 1 , viennent les conforter<br />
au fur et à mesure. Elles confirment les conséquences particulièrement néfastes<br />
des effets du tabagisme sur les interventions chirurgicales et les suites<br />
opératoires.<br />
Ces données médicales mettent en évidence de façon indiscutable l’augmentation<br />
significative des risques opératoires consécutifs à l’inhalation de<br />
la fumée du tabac chez les sujets <strong>opéré</strong>s. La connaissance de ces risques<br />
doit vous inciter à réfléchir aux résolutions qu’il vous faudrait prendre pour<br />
que votre tabagisme ne compromette pas le succès de votre opération.<br />
Bertrand Dautzenberg<br />
Professeur de pneumologie, Groupe hospitalier<br />
Pitié-Salpêtrière, Paris<br />
Président de l’Office français de prévention<br />
du tabagisme<br />
1. Conférence d’experts sur le tabagisme périopératoire, Les journées de la Sfar, Paris, 23 septembre 2005. Le texte des conclusions<br />
des experts est disponible sur les sites de la Sfar (www.sfar.org) et de l’OFT (www.oft-asso.fr).<br />
5
TABLE DES MATIÈRES<br />
Introduction ....................................................................8<br />
Chapitre 1.......................................................................13<br />
Pourquoi est-ce judicieux d’arrêter<br />
de fumer quand on doit se faire opérer ? ..............................................13<br />
Chapitre 2 ......................................................................17<br />
Quand faut-il arrêter de fumer : avant ou après l’opération ? ...............17<br />
Grossesse et tabac ................................................................................19<br />
Chapitre 3......................................................................23<br />
Comment faire pour arrêter de fumer ?.................................................23<br />
Arrêter de fumer peut générer du stress,<br />
se faire opérer aussi. Comment concilier les deux ? .............................24<br />
Comment arrêter de fumer en optimisant<br />
ses chances de succès ?........................................................................24<br />
Les substituts nicotiniques............................................................26<br />
Les autres aides médicamenteuses...............................................28<br />
Les thérapies comportementales et cognitives (TCC) ....................28<br />
Les autres méthodes .....................................................................29<br />
Chapitre 4 ......................................................................31<br />
Quelques conseils pour essayer de rester non fumeur .........................31<br />
Conclusion.....................................................................34<br />
Ressources ....................................................................35<br />
Pour aller plus loin, tout seul ...............................................................35
TABACOLOGIA<br />
vivre sans fumées<br />
<strong>Fumeur</strong> <strong>opéré</strong>, patient fragilisé<br />
INTRODUCTION<br />
Chacun sait aujourd’hui qu’il est nécessaire de subir un certain<br />
nombre d’examens systématiques avant toute opération chirurgicale<br />
et qu’il faut être à jeun six heures au moins avant l’intervention pour prévenir<br />
les désagréments ou les risques qui peuvent résulter de l’administration<br />
des produits anesthésiants. Votre chirurgien vous aura sans doute rappelé<br />
qu’il est le plus souvent indispensable de ne pas prendre, les jours qui précèdent<br />
l’opération, de médicaments qui auraient pour effet de diminuer la<br />
coagulation, tels l’aspirine, pour ne pas accroître les risques d’hémorragies.<br />
Peut-être aura-t-il ajouté qu’il est souhaitable de vous abstenir de fumer la<br />
veille de l’intervention. Ces précautions de base, qu’elles soient obligatoires<br />
ou souhaitables, visent un objectif précis : diminuer vos risques opératoires.<br />
Ce que vous ne savez peut-être pas, c’est qu’en réalité, il est fortement recommandé<br />
de ne pas fumer, ou de ne pas être exposé à la fumée des autres,<br />
plusieurs semaines avant votre opération et qu’il est salutaire de prolonger<br />
cette abstinence au-delà.<br />
D ÉFINITION<br />
La période de temps qui entoure l’intervention chirurgicale est appelée, dans<br />
le jargon médical, le périopératoire. Avant l’intervention, c’est le<br />
préopératoire, après, le postopératoire.<br />
En France, chaque année, plus de deux millions de fumeurs subissent une<br />
opération, sans compter les opérations qui concernent leurs conjoints non<br />
fumeurs et leurs enfants. Il conviendrait également d’ajouter à ce nombre<br />
une partie des interventions réalisées par les chirurgiens-dentistes.<br />
8
Introduction<br />
LE CONSEIL DU SPÉCIALISTE<br />
Le tabagisme passif des jeunes enfants exposés à la fumée du tabac est à<br />
l’origine de nombreuses interventions oto-rhino-laryngologiques. Il ne doit<br />
pas être pris à la légère non plus.<br />
Cela dit, s’il a été scientifiquement démontré que l’arrêt du tabac était fortement<br />
conseillé avant toute opération, les fumeurs savent que le sevrage<br />
est plus facile à envisager qu’à mener à bien. Votre médecin peut vous aider<br />
à vous arrêter de fumer. Il peut aussi vous adresser à un confrère tabacologue.<br />
Il existe aujourd’hui en France près de six cent cinquante consultations<br />
spécialisées de tabacologie où exercent huit cents tabacologues 2 (il n’est<br />
pas exclu qu’il y en ait une dans l’établissement<br />
où vous allez être <strong>opéré</strong>). Nous<br />
vous conseillons d’avoir recours aux services<br />
de ces spécialistes, si votre médecin<br />
ou votre chirurgien n’a pas le temps<br />
de vous prendre en charge.<br />
Pensez-y<br />
Pour les femmes enceintes, le tabagisme,<br />
qu’il soit actif ou passif, est un problème<br />
sérieux qui mérite toute leur attention. Elles<br />
devront d’autant plus le prendre en compte<br />
qu’il existe toujours un risque de subir une<br />
césarienne. Reportez-vous au Chapitre 2<br />
pour davantage d’informations à ce sujet.<br />
Si, par un malencontreux oubli, personne<br />
ne vous mettait spontanément en garde<br />
contre les risques liés à votre tabagisme<br />
avant votre opération, n’hésitez pas à<br />
prendre les devants et à interroger votre<br />
médecin. Si votre intervention est programmée et non décidée dans l’urgence,<br />
vous vous trouvez dans le cas le plus favorable pour essayer d’arrêter<br />
de fumer avant d’affronter l’épreuve du bistouri.<br />
2. Vous trouverez les coordonnées de la consultation de tabacologie la plus proche de chez vous en vous connectant au site de<br />
l’Office français de prévention du tabagisme (www.ofta-asso.fr). Cet annuaire peut également vous être envoyé dans sa version<br />
imprimée. N’hésitez pas à le demander.<br />
9
TABACOLOGIA<br />
vivre sans fumées<br />
<strong>Fumeur</strong> <strong>opéré</strong>, patient fragilisé<br />
Il est clair que les fumeurs actifs sont statistiquement plus menacés que les<br />
non-fumeurs par les complications qui peuvent résulter d’un acte chirurgical<br />
qu’ils auraient à subir. Mais, les recommandations de sevrage tabagique<br />
concernent tout autant ceux qui sont exposés passivement à la fumée des<br />
autres, qu’il s’agisse d’un conjoint, d’enfants ou de toute autre personne vivant<br />
dans l’environnement d’un fumeur.<br />
LE CONSEIL DU SPÉCIALISTE<br />
Pour confirmer les effets du tabagisme passif chez un enfant ou un conjoint<br />
non fumeur, on peut éventuellement procéder à une analyse de leurs urines.<br />
On y retrouve la cotinine, produit de dégradation de la nicotine qu’ils inhalent<br />
involontairement avec la fumée secondaire du tabac qu’ils respirent.<br />
10
Pensez-y<br />
Il faut noter que, chez les jeunes fumeurs et<br />
plus encore chez ceux qui sont en situation<br />
de surpoids, certains risques périopératoires,<br />
notamment les risques respiratoires,<br />
sont nettement augmentés.<br />
11
CHAPITRE 1
Pourquoi est-ce judicieux<br />
d’arrêter de fumer<br />
quand on doit se faire opérer ?<br />
13
TABACOLOGIA<br />
vivre sans fumées<br />
<strong>Fumeur</strong> <strong>opéré</strong>, patient fragilisé<br />
Il faut savoir que la principale substance incriminée dans les processus<br />
morbides qui peuvent survenir à l’occasion d’une intervention<br />
chirurgicale est contenue dans la fumée de la cigarette : c’est le<br />
monoxyde de carbone ou CO.<br />
D ÉFINITION<br />
Le monoxyde de carbone est un gaz inodore, incolore, mais dangereux. Il se<br />
fixe sur les globules rouges du sang, au détriment de l’oxygène indispensable<br />
au bon fonctionnement de nos organes, notamment de notre cœur et de notre<br />
cerveau, qui dès lors ne sont plus convenablement oxygénés. À tout moment,<br />
il peut favoriser la survenue d’accidents cardio-vasculaires.<br />
Nous avons depuis des années la preuve que le tabagisme accroît de manière<br />
significative les risques opératoires à toutes les phases de l’intervention, y<br />
compris au moment de l’anesthésie, et qu’il peut compromettre votre rétablissement.<br />
Il augmente les risques d’incidents respiratoires, cardio-pulmonaires,<br />
ainsi que le risque d’un séjour prolongé<br />
Pensez-y<br />
Les autres substances toxiques contenues<br />
dans la fumée du tabac, comme les goudrons,<br />
agissent défavorablement sur l’organisme<br />
du fumeur, mais sur une période de<br />
temps bien plus longue. À quelques jours<br />
d’une opération chirurgicale, ils ne jouent<br />
plus un rôle primordial, mais ils ont peutêtre<br />
déjà occasionné des dégâts dans<br />
l’organisme du fumeur.<br />
en unité de réanimation en cas de complications.<br />
Nous savons maintenant que la<br />
fumée de tabac compromet aussi le processus<br />
de cicatrisation des plaies. Les<br />
risques infectieux sont majorés, comme<br />
les risques d’éventrations après incision<br />
de l’abdomen, de lâchages de sutures, de<br />
thromboses vasculaires ou de retards de<br />
consolidations osseuses.<br />
Au pire, le tabagisme périopératoire peut<br />
favoriser la survenue de handicaps irréversibles<br />
et même d’un décès prématuré.<br />
14
Pourquoi est-ce judicieux d’arrêter de fumer quand on doit se faire opérer ?<br />
LE CONSEIL DU SPÉCIALISTE<br />
Ces complications ont été décrites dans plusieurs études. Elles menacent un<br />
fumeur sur deux ou sur trois, contre un non-fumeur sur quatre à vingt, selon<br />
le type d’intervention pratiquée.<br />
MAJORATION DES RISQUES POSTOPÉRATOIRES CHEZ LE FUMEUR<br />
Infections x 3<br />
On constate statistiquement trois fois plus d’infections et trois fois<br />
plus de complications du site opératoire chez le fumeur au cours de<br />
son intervention chirurgicale que chez le non-fumeur.<br />
Passage en unité de réanimation x 2<br />
Le fumeur encourt deux fois plus de risques de passer en unité de<br />
réanimation au décours de son opération.<br />
Hospitalisation<br />
Le fumeur risque un allongement significatif de son séjour à l’hôpital.<br />
+2 jours<br />
Consolidation osseuse x 8<br />
On constate chez le fumeur une multiplication par huit du risque de<br />
retard ou d’absence de consolidation osseuse en cas d’intervention<br />
sur l’os.<br />
Sutures x 3<br />
Le risque de lâchage des sutures des tissus sous-cutanés,<br />
des sutures vasculaires, des sutures digestives est également multiplié<br />
par trois chez le fumeur par rapport au risque du non-fumeur.<br />
Tous ces risques sont également accrus chez les fumeurs passifs qui sont <strong>opéré</strong>s.<br />
15
CHAPITRE 2
Quand faut-il<br />
arrêter de fumer :<br />
avant ou après l’opération ?<br />
17
TABACOLOGIA<br />
vivre sans fumées<br />
<strong>Fumeur</strong> <strong>opéré</strong>, patient fragilisé<br />
Le fait est qu’il faut arrêter de fumer. Dans l’idéal, il est préférable<br />
d’arrêter six à huit semaines avant votre opération, ne pas reprendre<br />
pendant toute la phase de cicatrisation et essayer de rester non<br />
fumeur après. Avant l’intervention, plus l’arrêt du tabagisme est précoce,<br />
plus les chances pour que tout se déroule sans complications<br />
sont importantes. Mais, en toute hypothèse, mieux vaut s’arrêter<br />
tard que jamais. Le seul fait de diminuer le nombre de cigarettes<br />
fumées sous substituts nicotiniques est déjà bénéfique !<br />
Pourquoi ? Si vous arrêtez de fumer pendant vingt-quatre heures, le monoxyde<br />
de carbone (CO) contenu dans la fumée de vos cigarettes, responsable de la<br />
mauvaise oxygénation de votre organisme, est éliminé. Les globules rouges<br />
qu’il parasitait sont libérés et peuvent à nouveau fixer correctement l’oxygène<br />
indispensable au bon fonctionnement de vos organes.<br />
DÉLAI ENTRE ARRÊT DU TABAC ET INTERVENTION<br />
01234567j 14 j 21 j 4 sem 6 sem 8 sem<br />
Intensité des différents risques<br />
Toux, sécrétions bronchiques<br />
Complications cicatrices<br />
Hyperréactivité VADS<br />
Baisse HbCO<br />
Figure 1 : Présentation schématique de la cinétique d’accentuation et de régression des principales<br />
conséquences du tabagisme lors d’une intervention (VADS : voies aériennes digestives<br />
supérieures). Source : Tabagisme péripératoire. Conférence d’experts, Elsevier, 2006.<br />
18
Quand faut-il arrêter de fumer : avant ou après l’opération ?<br />
LE CONSEIL DU SPÉCIALISTE<br />
Avec un arrêt du tabagisme de six à huit semaines avant une opération et de<br />
trois mois après, l’incidence des aggravations à mettre au compte de la<br />
fumée du tabac est pratiquement nulle.<br />
Cependant, si la décision de vous opérer devait être prise dans l’urgence, il<br />
vous faut savoir qu’un arrêt même bref – y compris la veille de l’opération –<br />
peut déjà réduire les risques de complications opératoires liés à votre tabagisme,<br />
surtout si vous ne reprenez pas durant toute la phase de cicatrisation.<br />
D ÉFINITION<br />
La carboxyhémoglobine (HbCO) est le résultat de l'association de l'hémoglobine<br />
avec le monoxyde de carbone (CO). Cette liaison empêche la fixation et<br />
le transport de l'oxygène par l'hémoglobine, ce qui asphyxie le corps.<br />
En vous abstenant de fumer après une intervention, vous favorisez la consolidation<br />
osseuse, la cicatrisation des tissus et en particulier celle de la peau.<br />
GROSSESSE ET TABAC<br />
Il est particulièrement crucial de rappeler aux femmes enceintes combien<br />
il est urgent qu’elles cessent de fumer dès qu’elles ont connaissance de<br />
leur état. Peut-être savent-elles déjà que leur tabagisme augmente les<br />
risques d’avortement spontané, d’accouchement prématuré, de grossesse<br />
extra-utérine, d’accident placentaire, sans compter les dangers que<br />
peut connaître leur futur bébé avant même de naître. Mais savent-elles<br />
que leurs risques périopératoires seraient aggravés si elles devaient subir<br />
une césarienne sous anesthésie ? Sans doute le supposent-elles pour<br />
le moins, mais, pour se rassurer, elles ont en général tendance à minimiser<br />
ou à minorer leur tabagisme tant elles sont gênées d’en parler à ce<br />
stade ! C’est le rôle du gynécologue et celui de tous les acteurs de santé<br />
de prévenir ces difficultés et de fixer des objectifs minimaux à leurs<br />
19
TABACOLOGIA<br />
vivre sans fumées<br />
<strong>Fumeur</strong> <strong>opéré</strong>, patient fragilisé<br />
patientes 3 . Dans le moins mauvais des cas, il est absolument indispensable<br />
de tout mettre en œuvre pour que les femmes enceintes cessent de<br />
fumer au moins au cours des trois derniers mois de la grossesse.<br />
Pensez-y<br />
Attention, en diminuant le nombre de cigarettes<br />
fumées, la femme enceinte modifie<br />
simultanément, sans s’en rendre compte,<br />
sa façon de tirer sur la cigarette, en inhalant<br />
plus profondément la fumée ou en démultipliant<br />
les bouffées, ce qui entraîne un effet<br />
de compensation. De ce fait la quantité de<br />
monoxyde de carbone qu’elle absorbe ne<br />
varie pas à la baisse !<br />
La plupart d’entre elles développent une<br />
dépendance nicotinique élevée qui rend<br />
les tentatives d’arrêt problématiques et<br />
parfois même illusoires. Certaines<br />
d’entre elles parviennent au prix de la<br />
culpabilité, voire du désespoir, ou à<br />
force de ténacité, à diminuer le nombre<br />
de cigarettes fumées. Elles éprouvent<br />
alors un sentiment de soulagement à<br />
l’idée de parvenir à diminuer les effets<br />
néfastes pour elles-mêmes et pour l’embryon<br />
des substances toxiques contenues<br />
dans la fumée. Ce serait effectivement<br />
important, car il est avéré que le monoxyde de carbone passe la<br />
barrière placentaire et intoxique le fœtus !<br />
Il est vrai que si plus de la moitié des femmes enceintes arrêtent de fumer<br />
pendant leur grossesse, trop souvent elles reprennent après. Or il est tout<br />
aussi important de s’arrêter après qu’avant. Pourquoi ? Pour toutes les raisons<br />
directement liées au tabagisme durant la grossesse bien sûr, mais il<br />
y en a d’autres : souhaitent-elles allaiter ? Voilà une première bonne raison.<br />
Il y en a des dizaines d’autres, rarement bénignes, jamais anodines,<br />
souvent graves et parfois dramatiques. Si vous souhaitez vous informer<br />
davantage sur les problèmes particuliers du tabagisme féminin, consultez<br />
le livret Fumer au féminin. Les risques spécifiques du tabagisme chez la<br />
femme, dans la collection Tabacologia Vivre sans fumées.<br />
3. Les 7 et 8 octobre 2004, s’est tenue à Lille la Conférence de consensus « Grossesse et tabac » qui a permis d’élaborer des<br />
recommandations pour prévenir, diagnostiquer et prendre en charge le tabagisme pendant la grossesse. Le texte de ces<br />
recommandations est disponible sur le site de l’HAS (Haute autorité de la santé) www.has-sante.fr.<br />
20
Chapitre 2<br />
Pensez-y<br />
Rappelons que les risques supplémentaires<br />
directement liés au tabagisme sont annulés,<br />
y compris pour la femme enceinte, si<br />
elle arrête de fumer six à huit semaines<br />
avant toute chirurgie et trois mois après<br />
mais, en tout état de cause, un arrêt même<br />
tardif est toujours bénéfique.<br />
21
CHAPITRE 3
Comment faire<br />
pour arrêter<br />
de fumer ?<br />
23
TABACOLOGIA<br />
vivre sans fumées<br />
<strong>Fumeur</strong> <strong>opéré</strong>, patient fragilisé<br />
L’arrêt du tabagisme est rarement spontané. Mieux vaut y réfléchir à<br />
l’avance et décider d’un point de départ du sevrage longtemps avant<br />
votre opération, quand c’est possible ! Contrairement à une idée<br />
reçue largement répandue, il n’est pas facile dans la plupart des cas<br />
d’arrêter de fumer et encore moins d’arrêter seul. D’ailleurs, si les<br />
fumeurs interrogés proclament volontiers leur souhait d’arrêter, ils<br />
n’y parviennent pas toujours pour autant.<br />
ARRÊTER DE FUMER PEUT GÉNÉRER DU STRESS,<br />
SE FAIRE OPÉRER AUSSI.<br />
COMMENT CONCILIER LES DEUX ?<br />
Il est vrai que nous sommes presque tous angoissés – à des degrés<br />
divers – avant une opération chirurgicale. On peut imaginer que l’anxiété du<br />
patient tabagique, qui connaît les méfaits que le tabac a pu causer à son organisme,<br />
est globalement supérieure à celle d’un non-fumeur qui aurait à<br />
subir la même intervention. Cette anxiété peut être judicieusement atténuée<br />
si le fumeur sait qu’arrêter de fumer avant de se faire opérer va diminuer ses<br />
risques de complications périopératoires. La perspective de sortir d’une intervention<br />
chirurgicale dans des conditions optimales et de maîtriser en partie<br />
les risques peut considérablement atténuer le stress dû au fait d’arrêter<br />
de fumer, voire le faire totalement disparaître.<br />
Pensez-y<br />
Se faire opérer constitue, pour le patient<br />
fumeur, une excellente opportunité pour<br />
envisager de s’arrêter de fumer. Cette motivation<br />
opportunément renforcée ne peut<br />
que favoriser la réussite de son sevrage<br />
tabagique.<br />
COMMENT ARRÊTER DE FUMER<br />
EN OPTIMISANT SES CHANCES<br />
DE SUCCÈS ?<br />
Votre chirurgien peut vous orienter vers<br />
votre médecin, une infirmière ou vous<br />
proposer un rendez-vous avec un tabacologue<br />
de l’établissement (hôpital ou clinique)<br />
dans lequel vous allez vous faire<br />
24
Comment faire pour arrêter de fumer ?<br />
opérer. Les conseillers et tabacologues de la ligne téléphonique<br />
Tabac Info Service 4 peuvent utilement répondre à toutes vos demandes de<br />
renseignements ou de conseils.<br />
Comme vous le savez, il est interdit de fumer dans les locaux où vous<br />
allez être hospitalisé. C’est une raison de plus pour profiter de votre<br />
opération et de votre séjour à l’hôpital pour faire les premiers pas vers<br />
l’abstinence.<br />
LE CONSEIL DU SPÉCIALISTE<br />
En matière de sevrage tabagique, le pourcentage de réussite est plus élevé<br />
quand le fumeur se fait aider par un professionnel de santé.<br />
Arrêter de fumer n’est pas une affaire de volonté mais de désir et de motivation.<br />
Vous voulez arrêter de fumer, mais jusqu’à quel point en avez-vous<br />
vraiment envie ? Votre corps réclame sa dose de nicotine quand vous êtes<br />
en manque, comme il réclame à manger et à boire quand vous avez faim ou<br />
soif. Votre désir d’en finir avec la cigarette peut vous permettre de surmonter<br />
vos dépendances, s’il est suffisamment puissant pour dominer l’automate<br />
qui habite votre cerveau et vous oblige à tirer sur vos cigarettes.<br />
Fumer engendre des dépendances subtiles qu’il faut parvenir à maîtriser,<br />
puis à surmonter. Dans ces dépendances s’entremêlent des mécanismes<br />
complexes, à la fois comportementaux, psychologiques et pharmacologiques.<br />
L’opération à laquelle vous allez vous soumettre peut constituer le<br />
déclic facilitateur. Après tout, il y a, dans la vie de tous les jours, d’autres<br />
circonstances moins dramatiques où vous êtes obligé de vous abstenir de<br />
fumer. Par exemple au bureau, au cinéma, au concert ou encore dans l’avion.<br />
Mais voilà, maîtriser son tabagisme pendant quelques heures, en sachant<br />
que cela ne durera pas éternellement est une chose, le dompter plusieurs<br />
4- 3989. Ligne santé de l’Inpes (Institut national de prévention et d’éducation pour la santé). 0,15€ la minute.<br />
25
TABACOLOGIA<br />
vivre sans fumées<br />
<strong>Fumeur</strong> <strong>opéré</strong>, patient fragilisé<br />
semaines durant, voire plusieurs mois et pourquoi pas définitivement, est<br />
une toute autre affaire.<br />
Les médecins et les tabacologues disposent de techniques et de médicaments<br />
efficaces pour vous aider et vous<br />
Pensez-y<br />
Si l’arrêt du tabac est une décision salutaire<br />
pour vous-même et votre famille, c’est<br />
aussi une action citoyenne pour la collectivité.<br />
Le déficit des établissements de santé<br />
et de la sécurité sociale, lié aux dépenses<br />
engendrées par le tabac, s’allège quand un<br />
fumeur arrête de fumer.<br />
accompagner. Ils détermineront avec<br />
vous votre degré de dépendance à la cigarette,<br />
votre niveau de motivation pour<br />
arrêter de fumer et vous proposeront un<br />
traitement et une stratégie adaptés à<br />
votre cas. Vous pouvez aussi avoir recours<br />
au service téléphonique Tabac Info<br />
Service (3989). Les tabacologues, médecins<br />
et psychologues, qui exercent sur la<br />
ligne ont tous une longue expérience clinique<br />
et maîtrisent parfaitement les problèmes du tabagisme périopératoire.<br />
Ils vous prendront en charge si vous le désirez et vous guideront de leurs<br />
conseils sur une période de temps suffisamment longue pour vous amener à<br />
arrêter de fumer dans de bonnes conditions.<br />
Il existe fondamentalement trois façons de vous aider efficacement, et beaucoup<br />
d’autres plus aléatoires que nous mentionnons ici par souci d’exhaustivité,<br />
car, au gré de vos démarches, on pourrait vous les proposer un jour<br />
et vous pourriez être tenté de les essayer.<br />
Les substituts nicotiniques<br />
Il existe aujourd’hui plusieurs formes de substituts nicotiniques adaptées à<br />
chaque cas, avec des modes d’action et des dosages différents selon les besoins<br />
du fumeur. Ils permettent un sevrage progressif, pratiquement sans effets<br />
secondaires, qui satisfont vos besoins en nicotine tout en vous évitant<br />
d’inhaler les autres produits toxiques contenus dans la fumée de vos cigarettes<br />
et responsables de l’augmentation des complications périopératoires.<br />
26
Comment faire pour arrêter de fumer ?<br />
LE CONSEIL DU SPÉCIALISTE<br />
Vous pouvez prendre des substituts nicotiniques, y compris jusqu’au<br />
moment de l’opération, car leur absorption par voie buccale ou transdermique<br />
n’interfère pas avec l’obligation d’être à jeun.<br />
Rappelez-vous : ce n’est pas la nicotine qui est la substance la plus dangereuse<br />
du tabac. Elle est surtout addictive (elle crée la dépendance) ! C’est<br />
le monoxyde de carbone (CO) contenu dans la fumée de combustion du tabac<br />
qui est particulièrement dangereux pour votre cœur et votre système<br />
vasculaire.<br />
Rappelez-vous encore : si vous avez le sentiment que ces substituts sont<br />
sans effet, ou au contraire qu’ils provoquent des effets secondaires, parlezen<br />
à votre médecin avant de les abandonner. C’est certainement leur dosage<br />
qui est en cause ; il peut être facilement corrigé. Rappelez-vous enfin : vous<br />
ne risquez rien à fumer, si vous n’arrivez pas à vous en empêcher, quand<br />
vous prenez des substituts nicotiniques. Si vous fumiez deux paquets de cigarettes<br />
par jour et que, grâce aux substituts, vous n’en consommez plus<br />
qu’un, c’est un grand progrès ! Mais attention, le but est de vous aider à vous<br />
libérer totalement de votre dépendance à la nicotine délivrée par la cigarette,<br />
puis, progressivement, de vous libérer de la nicotine de substitution.<br />
Dans certains cas, votre médecin vous prescrira plusieurs formes de substituts,<br />
à prendre selon les circonstances. Même si les doses indiquées vous<br />
semblent importantes, suivez les conseils du praticien à la lettre.<br />
LE CONSEIL DU SPÉCIALISTE<br />
Il n’y a pas de risque d’interférence entre les agents utilisés pour l’anesthésie<br />
et le contenu des substituts nicotiniques dont l’usage peut être poursuivi<br />
jusqu’au matin de l’intervention, puis repris immédiatement après l’acte<br />
chirurgical.<br />
27
TABACOLOGIA<br />
vivre sans fumées<br />
<strong>Fumeur</strong> <strong>opéré</strong>, patient fragilisé<br />
Les autres aides médicamenteuses<br />
Il existe aussi depuis quelques années des molécules chimiques actives<br />
contre la dépendance au tabac, délivrées sous forme de comprimés. Des<br />
études médicales et les tests cliniques ont montré qu’elles pouvaient s’avérer<br />
efficaces pour vous aider à vous libérer de la nicotine. Si votre médecin<br />
vous les prescrit, il suivra vos progrès et vérifiera que vous les tolérez bien,<br />
mais il n’est pas actuellement recommandé de les commencer juste avant une<br />
intervention chirurgicale.<br />
Les thérapies comportementales et cognitives (TCC)<br />
Dans certains cas, même si votre dépendance à la nicotine est maîtrisée, il<br />
vous faudra, pour vous arrêter de fumer, avoir recours aux thérapies comportementales<br />
et cognitives (TCC), prodiguées par un psychiatre ou un psychologue<br />
informé des mécanismes de dépendance comportementale à la cigarette.<br />
En effet, au-delà de la dépendance à la nicotine, le fumeur est en<br />
prise à une autre aliénation, d’ordre gestuel, qui l’incite à tirer automatiquement<br />
sur ses cigarettes à des moments précis de la journée, ou dans des circonstances<br />
particulières. À cette dépendance<br />
d’ordre environnemental et<br />
Pensez-y<br />
comportemental s’ajoutent les dépendances<br />
psychiques reliées à la recherche<br />
Il peut y avoir des contre-indications à la délivrance<br />
de ces médicaments ; votre médecin<br />
les connaît bien, parlez-en avec lui.<br />
du plaisir que la cigarette procure au fumeur<br />
lorsqu’elle le stimule intellectuellement,<br />
l’aide à lutter contre son stress,<br />
son anxiété voire sa peur de la mort, et à l’extrême, lorsqu’elle satisfait son<br />
besoin confus de la défier.<br />
Au cours de ces séances de thérapies comportementales et cognitives, le fumeur<br />
apprendra à défumer selon l’expression chère au professeur<br />
Robert Molimard 5 .<br />
5- Considéré comme le précurseur de la tabacologie en France, le professeur Robert Molimard est président de la Société de<br />
tabacologie et exerce au Centre de tabacologie Paul Guiraud à Villejuif. Il est notamment l’auteur du Petit manuel de défume<br />
(Éditions SIDES, 2007).<br />
28
Comment faire pour arrêter de fumer ?<br />
Les autres méthodes<br />
Il existe bien d’autres méthodes qui prétendent vous aider dans votre<br />
démarche pour arrêter de fumer. Certaines, dont il n’a pas été scientifiquement<br />
démontré qu’elles étaient efficaces, ne présentent pas de risques. Ce<br />
sont les méthodes dites alternatives ou douces : l’acupuncture, l’hypnose,<br />
la mésothérapie, l’homéopathie, la sophrologie, la phytothérapie, etc. Si<br />
vous croyez aux vertus d’une de ces méthodes, vous pouvez l’essayer. Vous<br />
trouverez sans doute dans votre entourage quelqu’un pour certifier que cela<br />
a été efficace pour lui, mais n’oubliez pas<br />
que, contrairement aux méthodes médicamenteuses,<br />
elles n’ont pas fait la<br />
preuve qu’elles donnaient de meilleurs<br />
résultats que le placebo.<br />
Pensez-y<br />
S’il est important de choisir la bonne méthode,<br />
désir et motivation sont les conditions<br />
préalables au succès.<br />
Par exemple, si l’hypnose vous tente et si<br />
vous souhaitez vraiment arrêter de fumer, cette pratique marchera peut-être<br />
pour vous, à moins qu’il ne faille mettre son succès, en ce qui vous concerne,<br />
au crédit du charisme de l’hypnotiseur !<br />
Pour autant, nous ne prétendons pas que les méthodes qui ont la faveur des<br />
autorités sanitaires et que nous vous conseillons « marchent » à tous les<br />
coups ; mais elles sont les seules à avoir démontré scientifiquement leur efficacité<br />
et les seules recommandées par les autorités de santé.<br />
Certaines techniques prétendent vous faire arrêter par la seule force de la<br />
persuasion, la lecture d’un livre ou l’utilisation d’un gadget. Elles peuvent<br />
se révéler efficaces si vous êtes peu dépendant et très motivé pour arrêter<br />
de fumer, mais elles ne sont pas toujours anodines. Elles peuvent vous fragiliser<br />
moralement et même passer à côté d’un problème médical ou psychologique<br />
sérieux. Elles relèvent souvent du bourrage de crâne et tendent<br />
à considérer qu’on peut mieux surmonter le tabagisme par la seule puissance<br />
de sa volonté ou des techniques de marketing, plutôt que de l’envisager<br />
sous un angle de santé classique.<br />
29
CHAPITRE 4
Quelques conseils<br />
pour essayer<br />
de rester non fumeur<br />
31
TABACOLOGIA<br />
vivre sans fumées<br />
<strong>Fumeur</strong> <strong>opéré</strong>, patient fragilisé<br />
Si avant votre opération et après celle-ci, vous êtes parvenu à ne pas<br />
fumer, c’est-à-dire si vous avez tenu au total quatre à six mois sans<br />
allumer une cigarette, il serait fort dommage de ne pas essayer de<br />
rester non fumeur.<br />
Pensez-y<br />
Les études nous indiquent qu’un fumeur<br />
qui s’est abstenu pendant six mois, s’il ne<br />
peut pas encore être considéré comme un<br />
ex-fumeur, a néanmoins 85 % de chances<br />
de ne pas replonger.<br />
Vous l’aurez peut-être remarqué, mais<br />
à raison d’un paquet de cigarettes en<br />
moins chaque jour, vous avez déjà réalisé<br />
quelques économies.<br />
C’est une bonne raison pour rester en<br />
contact avec le tabacologue qui vous a<br />
accompagné jusque-là, afin qu’il vous<br />
aide à poursuivre votre démarche d’arrêt<br />
du tabagisme.<br />
Pour vous aider à persévérer, voici les<br />
bienfaits médicalement vérifiés à l’arrêt.<br />
Vous le savez peut-être, après deux<br />
heures passées sans fumer, votre organisme<br />
a éliminé 50 % de la nicotine qu’il<br />
a absorbée. Après six heures de sevrage,<br />
le monoxyde de carbone, véritable poison,<br />
a disparu à plus de 50 % et continue<br />
de s’éliminer pour moitié toutes<br />
les six heures. Vous en êtes débarrassé<br />
en vingt-quatre heures. Bientôt, votre<br />
rythme cardiaque redevient normal, votre<br />
pression sanguine également. Vous toussez davantage ? C’est bon signe !<br />
Vos poumons commencent déjà à réagir pour éliminer les particules<br />
toxiques qui les encombrent, Cette augmentation transitoire de la toux est<br />
un des facteurs qui conduit à recommander de ne pas fumer six à huit semaines<br />
avant une intervention chirurgicale, afin de laisser le temps au poumon<br />
de se nettoyer. Bien sûr, le fait d’avoir fumé pendant un certain nombre<br />
d’années a occasionné des dommages. Pour autant, rien n’est compromis ;<br />
ils sont presque totalement réversibles.<br />
Si vous vous êtes abstenu de fumer pendant<br />
au moins deux à trois semaines, vous<br />
n’êtes plus dépendant à la nicotine. Vous<br />
n’avez plus besoin de fumer. Cela ne signifie<br />
pas pour autant que vous n’en ayez plus<br />
envie ! Ce serait trop simple !<br />
32
Quelques conseils pour essayer de rester non fumeur<br />
SCORE MOYEN DE LA TOUX EN FONCTION DU DÉLAI D’ABSTINENCE<br />
1<br />
0,8<br />
0,6<br />
Abstinents<br />
Non-fumeurs<br />
0,4<br />
0,2<br />
0<br />
Précessation 1 2 3 7 14 21 28<br />
Jours d’abstinence tabagique<br />
Figure 2 : Évolution de la toux durant l’abstinence tabagique. Source : Tabagisme péripératoire.<br />
Conférence d’experts, Elsevier, 2006.<br />
LES BIENFAITS DE L’ARRÊT DU TABAC<br />
1 semaine Au bout d’une semaine, vous respirez déjà mieux. Votre odorat<br />
retrouve les sensations oubliées et votre palais la saveur et le goût<br />
des aliments. Vous dormez mieux.<br />
1 mois Après un mois d’abstinence, votre souffle s’améliore, votre voix<br />
s’éclaircit, votre teint aussi. Vous respirez de mieux en mieux.<br />
6-8 semaines Six à huit semaines après l’arrêt, votre peau, vos muscles, vos vaisseaux,<br />
votre tube digestif, vos os ont récupéré leur capacité normale<br />
de cicatrisation.<br />
6 mois Au bout de six mois, si vous avez été raisonnable et avez suivi les<br />
conseils d’un tabacologue, d’un nutritionniste ou d’une diététicienne,<br />
vous avez réussi à stabiliser votre poids et vous avez retrouvé un<br />
bon équilibre général. Vous êtes de moins en moins stressé. Tout va<br />
bien.<br />
1 an En un an, le risque de faire un infarctus ou de déclarer une maladie<br />
vasculaire a diminué de moitié. Votre capacité respiratoire s’est<br />
accrue.<br />
5 ans En cinq ans, le risque de faire un cancer des voies aériennes supérieures<br />
s’est réduit de moitié, de même que le risque de déclarer un<br />
cancer du pancréas ou de la vessie. Votre risque de faire un infarctus<br />
du myocarde est celui d’un non-fumeur.<br />
10 ans Après dix années sans fumer, l’augmentation du risque de déclarer<br />
un cancer du poumon est réduit de moitié.<br />
15 ans Au bout de quinze ans, votre risque de faire un cancer du poumon<br />
approche pratiquement celui d’un non-fumeur.<br />
33
TABACOLOGIA<br />
vivre sans fumées<br />
<strong>Fumeur</strong> <strong>opéré</strong>, patient fragilisé<br />
CONCLUSION<br />
Vous, ou l’un de vos proches, allez bientôt vous faire opérer. Vous avez parfaitement<br />
retenu nos explications… Vous êtes décidé à suivre nos conseils…<br />
Nous vous souhaitons bonne chance !<br />
Vous êtes conscient des bienfaits liés à l’arrêt du tabac, mais n’êtes pas certain<br />
de pouvoir arriver à arrêter de fumer aussi vite. Vous n’êtes pas sûr non<br />
plus d’être suffisamment motivé pour le faire ou, plus simplement de le vouloir<br />
vraiment, alors que vous connaissez parfaitement les risques encourus<br />
à rester fumeur. Vous devriez en parler sans tarder à votre médecin traitant,<br />
à un tabacologue ou appeler la ligne Tabac Info Service (3989).<br />
Si vous n’êtes pas convaincu et désirez mieux connaître le rôle des<br />
substances contenues dans le tabac et sa fumée, nous vous recommandons<br />
la lecture du livret Le tabac et les 4 000 pollueurs. Les substances toxiques<br />
de la cigarette et de sa fumée, rédigé par le professeur Bertrand Dautzenberg<br />
dans la collection Tabacologia Vivre sans fumées.<br />
Si votre enfant fume et que vous ne trouvez pas aisément les mots justes<br />
pour en parler avec lui, lisez Je fume si je veux ! Comment parler tabac avec<br />
vos ados, de Monique Osman, dans la même série. S’il consomme autre<br />
chose que du tabac industriel habituel, qu’il fume le narghilé (chicha) par<br />
exemple ou encore des cigarettes roulées, voire du cannabis, la lecture de<br />
Chicha, cannabis et tabac à rouler. Les dangers des nouvelles façons de fumer,<br />
du professeur Dautzenberg vous sera précieuse. Communiquer avec les<br />
adolescents est une tâche difficile ; quant à ces nouvelles façons de fumer,<br />
à la mode dans de nombreux pays, elles sont loin d’être aussi anodines que<br />
ne le pensent naïvement les jeunes consommateurs et leurs parents.<br />
34
RESSOURCES<br />
POUR ALLER PLUS LOIN,<br />
TOUT SEUL<br />
Vous avez été intéressé par la lecture de cet ouvrage. Les conseils prodigués<br />
vous auront donné envie d’approfondir la question du tabagisme. Peut-être<br />
même êtes-vous convaincu et décidé à arrêter, mais vous avez besoin de réfléchir<br />
encore avant d’aller plus avant. Voici quelques références utiles et notamment<br />
les adresses des sites Web des associations, sociétés savantes et<br />
autres organisations qui ont été parties prenantes à la conférence d’experts<br />
sur le tabagisme périopératoire. Vous pouvez les consulter pour en savoir plus.<br />
Pour découvrir de manière exhaustive et approfondie le travail réalisé par<br />
les experts, vous pouvez vous procurer le livre Tabagisme périopératoire<br />
paru aux éditions Elsevier, dans la collection de la Sfar (Société française<br />
d’anesthésie et de réanimation, www.sfar.org). Vous pouvez également<br />
consulter les documents publiés à ce sujet par l’Office français de prévention<br />
du tabagisme (www.ofta-asso.fr), à l’origine de la conférence d’experts<br />
qui s’est tenue en 2005 sur le sujet.<br />
En tapant les mots tabac, tabagisme, sevrage, nicotine, monoxyde de carbone,<br />
périopératoire et bien d’autres termes, vous arriverez sur des dizaines<br />
d’autres sites qui pourront vous être utiles. Si vous avez une hésitation<br />
concernant le bien-fondé d’une information, n’hésitez pas à appeler Tabac<br />
Info Service (3989) ou le cas échéant l’OFT.<br />
Enfin, les livres sur le tabac (les plus récemment parus), recensés ci-après,<br />
pourront vous être utiles.<br />
35
TABACOLOGIA<br />
vivre sans fumées<br />
<strong>Fumeur</strong> <strong>opéré</strong>, patient fragilisé<br />
BIBLIOGRAPHIE<br />
• S’arrêter de fumer pour les nuls,<br />
Bertrand Dautzenberg. First<br />
Éditions, mai 2009<br />
• Pourquoi la cigarette vous tente,<br />
Monique Osman. De La Martinière<br />
Jeunesse, 2 e édition, août 2007<br />
•Tout ce que vous ne savez pas<br />
sur la chicha, Bertrand Dautzenberg<br />
et Jean-Yves Nau. Margaux<br />
Orange/OFT, juin 2007<br />
• Petit manuel de la défume,<br />
Robert Molimard. SIDES, mai 2007<br />
• Travailler sans tabac. Le guide,<br />
Bertrand Dautzenberg.<br />
Margaux Orange/OFT, janvier 2007<br />
• Le petit livre pour arrêter de fumer,<br />
Bertrand Dautzenberg.<br />
First Éditions, janvier 2007<br />
• L’arrêt du tabac en périopératoire,<br />
Conférence d’experts.<br />
Elsevier, septembre 2006<br />
• Arrêter de fumer, Gilbert Lagrue.<br />
Odile Jacob, nouvelle édition,<br />
mai 2006<br />
SITOGRAPHIE<br />
AFC<br />
http://afc.caducee.net<br />
Association française de chirurgie<br />
AFU<br />
www.urofrance.org<br />
Association française d’urologie<br />
APHP<br />
www.aphp.fr<br />
Assistance publique-Hôpitaux de Paris<br />
Appri<br />
www.appri.asso.fr<br />
Association périnatalité prévention<br />
recherche information<br />
CNGOF<br />
www.cngof.asso.fr<br />
Collège national des gynécologues<br />
et obstétriciens français<br />
ENSH<br />
www.ensh.eu<br />
Réseau européen hôpital sans tabac<br />
FFC<br />
www.fedecardio.com<br />
Fédération française de cardiologie<br />
Inpes<br />
www.inpes.sante.fr<br />
Institut national d’éducation et de prévention<br />
pour la santé<br />
OFT<br />
www.ofta-asso.fr<br />
Office français de prévention du tabagisme (vous y<br />
trouverez tout ce qu’il vous faut savoir sur le tabagisme,<br />
sa prévention et les actions menées par l’association<br />
pour aider les particuliers comme les entreprises ;<br />
également en ligne la liste, mise à jour en temps réel,<br />
des consultations de tabacologie en France)<br />
RHSCT<br />
www.hopitalsanstabac.org<br />
Réseau français hôpital sans tabac<br />
Prévenir les pratiques addictives<br />
Sfar<br />
www.sfar.org<br />
Société française d’anesthésie et de réanimation<br />
SFC<br />
www.cardio-sfc.org<br />
Société française de cardiologie<br />
SFCTC<br />
www.fstcvs.org<br />
Société française de chirurgie thoracique<br />
et cardio-vasculaire<br />
SFT www.societe-francaise-de-tabacologie.com<br />
Société française de tabacologie<br />
Sofcot<br />
www.sofcot.com.fr<br />
Société française de chirurgie orthopédique<br />
et traumatologique<br />
SPLF<br />
www.splf.org<br />
Société de pneumologie de langue française<br />
UFSBD<br />
www.ufsbd.fr<br />
Union française pour la santé bucco-dentaire<br />
36
<strong>Fumeur</strong> <strong>opéré</strong><br />
Patient fragilisé<br />
> Divisez par trois vos risques opératoires<br />
en arrêtant de fumer<br />
1<br />
Deux millions d’interventions chirurgicales concernent<br />
chaque année en France des fumeurs. Savez-vous<br />
qu’en arrêtant de fumer six à huit semaines avant une<br />
opération programmée, les risques de complications<br />
dues au tabac disparaissent ?<br />
Vous-même, ou l’un de vos proches, devez subir une intervention<br />
chirurgicale. Prenez quelques minutes pour lire ce livret. Vous y<br />
découvrirez que les bénéfices à l’arrêt du tabac avant une opération<br />
sont considérables : moins de complications infectieuses,<br />
coronariennes, respiratoires, cicatricielles, moins de retards de<br />
consolidation osseuse, une durée d’hospitalisation moins longue<br />
et des séjours en service de soins intensifs moins fréquents…<br />
Même un non-fumeur, un enfant par exemple, soumis au tabagisme<br />
passif, bénéficiera de l’arrêt du tabac de ses parents lors<br />
de son opération. Sachez aussi que, si l’intervention est prévue<br />
dans l’urgence, l’arrêt complet du tabac, même 48 heures avant<br />
d’être <strong>opéré</strong>, apporte des bienfaits non négligeables.<br />
Parlez-en à votre chirurgien ou à votre médecin traitant ; ils vous<br />
guideront pour vous aider à mettre en place un plan de sevrage<br />
tabagique dans de bonnes conditions. Et si vous parvenez durant<br />
cette période à contrôler votre tabagisme, profitez-en pour transformer<br />
l’essai en arrêt définitif !<br />
COLLECTION<br />
v i v r e s a n s f u m é e s<br />
Les livrets de la collection Tabacologia, rédigés par les tabacologues de<br />
l’Office français de prévention du tabagisme dans un langage clair et<br />
accessible, tentent de répondre aux questions les plus complexes que chacun<br />
se pose naturellement sur le tabac. Leur expertise permettra d’éclairer<br />
fumeurs et non-fumeurs sur de multiples sujets liés aux aspects médicaux,<br />
psychologiques ou sociologiques du tabagisme.<br />
Gageons que ces informations, souvent ignorées et peu diffusées, susciteront<br />
et encourageront le dialogue entre fumeurs et non-fumeurs. Les<br />
premiers y trouveront un accompagnement complémentaire – voire une<br />
autre source de motivation – dans leur démarche d’arrêt ; les seconds<br />
un éclairage nouveau et une meilleure compréhension des mécanismes<br />
complexes qui lient le fumeur à sa cigarette.<br />
Monique Osman est diplômée<br />
en sciences, en psychologie<br />
et en tabacologie ; elle est<br />
également titulaire d’un DIU<br />
sur les aspects biologiques et<br />
psychosociologiques du stress.<br />
Elle enseigne aujourd’hui<br />
la biologie dans plusieurs<br />
Instituts de formation en soins<br />
infirmiers et intervient comme<br />
conférencière pour différentes<br />
associations de lutte<br />
contre le tabagisme.<br />
Bertrand Dautzenberg est<br />
praticien hospitalier<br />
à l'Assistance publique<br />
– Hôpitaux de Paris au groupe<br />
hospitalier Pitié-Salpêtrière.<br />
Professeur de pneumologie<br />
à l'université médicale<br />
Pierre-et-Marie-Curie (Paris-VI),<br />
il préside plusieurs associations<br />
dont l’Office français<br />
de prévention du tabagisme,<br />
Paris sans tabac et Actif<br />
(Action contre le tabac<br />
en Ile-de-France).<br />
ISBN 972-2-35587-000-2<br />
Code : TAB01PERIOP<br />
9 782355 870002<br />
Conception : Nord Compo