Démocratie participative - Tourcoing

19 REGARD
Il aimerait tant savoir jouer d’un instrument, même
s’il en pratique plusieurs à la fois. Il ne lit pas les
partitions, même si écrire une chanson accompagnée
par un clavier, une guitare et une batterie, il sait
faire… Bienvenue dans le monde d’Arnaud Keipo,
celui de la MAO, Musique Assistée par Ordinateur.
Un univers aux apparences virtuelles, mais qui
permet de distiller une musique,
elle, bien réelle.
Arnaud
Kéipo
Sa musique,
un « puzzle »
reconstitué
C’est «
à partir d’un ordinateur et
de logiciels spécifiques que je
crée mes musiques,
notamment à partir de
« samples », c’est-à-dire de
petites bandes de sons préenregistrées. »
Arnaud Kéipo, 24 ans, est intarissable sur
sa passion. Musicien, il l’est, assurément.
Mais alors que d’autres jouent du violon
ou soufflent dans une trompette, lui,
tapote sur son clavier pour mixer ses
morceaux : son ordinateur est son
instrument. Le résultat est là aussi : au
bout de ces longues heures de composition,
c’est bien une mélodie cadencée qui en
ressort, à ceci près que la partition est, elle,
enregistrée sur disque dur. « Moi qui
regrettais de ne pas savoir jouer d’un
instrument, je peux maintenant à partir
d’un gros boîtier qu’on appelle une MPC
en « maîtriser » plusieurs. J’assemble
ensuite les sons que j’ai produits à partir de
chaque instrument et je crée ma mélodie,
comme on reconstitue un puzzle. »
Musicien, chef d’orchestre, Arnaud
chante, aussi. « Un autre moyen de
communiquer », pour celui qui a
longtemps eu du mal à exprimer ses
sentiments à sa mère, « par timidité et
retenue… Mais maintenant ça va mieux ! »,
sourit le jeune homme pour qui la musique
a offert d’écrire des textes - oui, il écrit
aussi - sur le pays qui l’a vu naître et
grandir, la Côte d’Ivoire. Depuis deux ans
d’ailleurs, il a réuni
autour de lui
le « Black
hostile crew »,
groupe à quatre
voix qui distille un
rap très rythmé
aux sonorités soul.
Pour le moment,
les jeunes gens travaillent
leurs textes
pour réunir ce qui pourrait bien être
demain un véritable album, encouragés
qu’ils sont par leurs grands frères
d’Effectifs Dameurs, un autre groupe de
rap tourquennois, reconnu désormais
« dans le milieu », comme le veut l’expression
consacrée. Car le rap et la MAO - l’un
« Je suis, comme beaucoup
d’autres qui font de la MAO, un
autodidacte. Il n’y a pas
véritablement de conservatoire
pour apprendre cela, même si, ici
et là, on s’entraide et on échange
des conseils. »
ne va généralement pas sans l’autre -, c’est
avant tout un univers. C’est avant tout un
état d’esprit. « C’est une autre manière
d’écouter et de vivre sa musique. » Une
autre manière d’évoluer et de se
perfectionner dans son art aussi. « Je suis,
comme beaucoup d’autres qui font de la
MAO, un autodidacte. Il n’y a
pas véritablement de
conservatoire pour
apprendre cela,
même si, ici et là,
on s’entraide et
on échange des
conseils. » D’ailleurs,
il n’est pas rare
que l’on demande à
Arnaud de revêtir
une autre casquette,
de formateur cette fois, pour animer un
atelier de MAO et transmettre à de
jeunes musiciens en herbe quelques
« samples » de ses connaissances en la
matière. Et le voilà prof pour le festival
Hip Hop High School !
e
Samira Zériah-Bouaoud
Novembre 2008