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Fascicule_E52MCC.pdf - Atelier des Sciences du Langage

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- 1 -<br />

ANALYSE DES INTERACTIONS<br />

<strong>E52MCC</strong><br />

2008-2009<br />

(Cours de Mme Béal-Hill)<br />

BIBLIOGRAPHIE<br />

Ouvrages de travail pour les étudiants (Les indispensables)<br />

KERBRAT-ORECCHIONI C., 1996, La Conversation, Seuil, coll., « Mémo ».<br />

KERBRAT-ORECCHIONI C., 2001, Les actes de langage dans le discours,<br />

Nathan Université, coll “Fac”.<br />

TRAVERSO V., 1999, L’analyse <strong>des</strong> conversations, Nathan, coll. « 128<br />

Linguistique ».<br />

Ouvrages de référence<br />

• Ouvrages généraux<br />

BANGE P., 1992, Analyse conversationnelle et théorie de l'action, Paris, Hatier/<br />

Didier.<br />

VION R., 1992, La Communication verbale, Paris, Hachette.<br />

• Champs disciplinaires et problématiques abordés<br />

- Sociologie et anthropologie<br />

GOFFMAN E., 1973, La Mise en scène de la vie quotidienne, 2t, Paris, Minuit;<br />

1974, Les Rites d'interaction, Paris, Minuit ; 1987, Façons de parler, Paris,<br />

Minuit.<br />

- Linguistique<br />

AUSTIN J.L. (1962) 1970, Quand dire c'est faire, Paris, Seuil.<br />

KERBRAT-ORECCHIONI C., 1980, L'Énonciation, Paris, A. Colin.<br />

- Non-verbal<br />

COSNIER J., BROSSARD A., 1984, La Communication non verbale,<br />

Neuchâtel/ Delachaux et Niestlé.<br />

HALL E.T., 1978, La Dimension cachée, Paris, Seuil, coll. « Points ».<br />

CALBRIS, G. 2003, L’expression gestuelle de la pensée d’un homme politique,<br />

Paris :CNRS éditions.


- 2 -<br />

- Analyse <strong>des</strong> interactions<br />

KERBRAT-ORECCHIONI C., 1990-92-94, Les Interactions verbales, 3t., Paris,<br />

A. Colin.<br />

KERBRAT-ORECCHIONI C., 2005, Le discours en interaction, Paris, A. Colin<br />

- Les types d’interactions<br />

TRAVERSO V., 1996, La Conversation familière, Lyon, PUL.<br />

CHARAUDEAU P. & GHIGLIONE R., 1997, La parole confisquée— un genre<br />

télévisuel: le talk-show<br />

DUCCINI H. La télévision et ses mises en scène, 1998, La télévision et ses<br />

mises en scène, Paris:Nathan, coll « 128 ».<br />

- La dimension interculturelle<br />

TRAVERSO V. (éd.), 1999, Perspectives interculturelles sur l'interaction,<br />

Lyon, PUL<br />

BÉAL C. & TRAVERSO V. (éds) 2002, Actes <strong>des</strong> Journées d’étu<strong>des</strong> "Analyse<br />

<strong>des</strong> interactions et interculturalité" organisées par GRIC/Praxiling décembre<br />

2000/mai 2001. Marges linguistiques, http://www.marges-linguistiques.com<br />

BÉAL C. 2002 "Air rage sparked by 'say please' " : Sources et formes <strong>du</strong><br />

malenten<strong>du</strong> interculturel à partir d'exemples authentiques en anglais entre<br />

locuteurs natifs et non-natifs. Actes <strong>du</strong> 8ème congrès international de l'ARIC,<br />

Recherches et pratiques interculturelles: nouveaux espaces, nouvelles<br />

complexitsé ?<br />

http://www.unifr.ch/ipg/sitecrt/ARIC/Ouverture.htm


- 3 -<br />

L’ANALYSE DES INTERACTIONS<br />

PLAN DU COURS MAGISTRAL<br />

I. L’APPROCHE INTERACTIONNISTE DANS LES SCIENCES DU<br />

LANGAGE<br />

1.1 De la <strong>des</strong>cription <strong>du</strong> langage comme système à la langue en<br />

interaction.<br />

Intro<strong>du</strong>ction<br />

1.1.1 Le langage/les langues<br />

1.1.2 La parole<br />

1.1.3 L’analyse <strong>du</strong> discours<br />

1.1.4 L’analyse <strong>des</strong> interactions<br />

1.1.4.1 Caractéristiques <strong>des</strong> interactions verbales<br />

1.1.4.2 Interaction et conversation<br />

1.2 L’analyse <strong>des</strong> interactions : un champ de recherche pluridisciplinaire<br />

1.2.1 Les approches de type psychologique/psychiatrique<br />

1.2.2 Les approches de type sociologiques/ethnographiques/ anthropologiques<br />

1.2.3 Les approches linguistiques<br />

1.3 Méthodologie de la recherche en analyse <strong>des</strong> interactions<br />

CONCLUSION


- 4 -<br />

2. L’ANALYSE DES INTERACTIONS<br />

2.1 Les éléments constitutifs de la situation<br />

2.1.1 Les participants<br />

2.1.2 Le cadre<br />

2.1.3 L’objectif<br />

Conclusion : rôle <strong>du</strong> contexte.<br />

2.2 La structure globale : le découpage en unités hiérarchisées<br />

• L’interaction<br />

• La séquence<br />

• L’échange<br />

• L’intervention<br />

• L’acte de langage<br />

2.3 La stucture locale : la gestion <strong>des</strong> tours de parole<br />

2.3.1 Principes d’alternance<br />

2.3.2 Le réglage de l’alternance<br />

2.3.2 1 Répartition <strong>des</strong> tours de parole<br />

2.3.2.2 Stratégies pour conserver son tour<br />

2.3.2.3 La co-construction de l’interaction<br />

2.3.2.4 Entorses aux règles et ratés<br />

2.4 Les aspects rituels et routiniers<br />

2.4.1 Choix préférentiels, routines conversationnelles, rituels.<br />

2.4.2 Deux exemples de séquences fortement ritualisées : l’ouverture et la<br />

clôture<br />

CONCLUSION


- 5 -<br />

3. LE FONCTIONNEMENT DE LA POLITESSE LINGUISTIQUE<br />

3.1 La notion de politesse linguistique<br />

3.2 La notion de face et de FTA<br />

3.3 Les stratégies de politesse dans l’interaction<br />

3.3.1. Les trois facteurs intervenant dans le choix <strong>des</strong> stratégies de politesse<br />

3.3.2 Les cinq gran<strong>des</strong> stratégies<br />

CONCLUSION<br />

4. PAROLE ET GESTUALITÉ<br />

4.1 Gestualité référentielle<br />

4.1.1 Gestes emblèmes<br />

4.1.2 Gestes déictiques<br />

• spatiaux<br />

• temporels<br />

• désignation et auto-désignation<br />

4.1.3 Gestes illustratifs ou icôniques<br />

• disposition spatiale<br />

• forme<br />

4.2 Gestualité <strong>des</strong> affects<br />

4.2.1 Gestualité émotionnelle / gestualité émotive<br />

4.2.3 Affects de base / affects phasiques<br />

4.2.3 Implicite et non-dit


- 6 -<br />

4.3 Aspects cognitifs et régulation<br />

4.3.1 Gestes régulateurs de la parole<br />

4.3.1.1 Autosynchronie<br />

• illustratifs de la pensée abstraite<br />

• batôniques<br />

• micro-gestualité<br />

4.3.1.2 Intersynchronie<br />

4.3.2 Gestes régulateurs de la situation sociale<br />

• gestes barrière<br />

• ajustements proxémiques<br />

CONCLUSION


- 7 -<br />

SUJETS D’EXPOSÉS<br />

Cette liste de sujets n’est pas exhaustive, il s’agit seulement de suggestions et de<br />

pistes à explorer et les étudiants peuvent proposer leur propre sujet. Il devra<br />

cependant être préalablement soumis à l’enseignant.<br />

1) Les noms d’adresse dans une perspective pragmatique et<br />

interactionniste.<br />

Il s’agit d’analyser l’emploi <strong>des</strong> noms d’adresse (noms, prénoms, diminutifs) par<br />

opposition aux pronoms d’adresse (tu/vous) en français à partir de corpus<br />

authentiques. La question de départ est : à quoi servent les noms d’adresse et<br />

dans quel cas y recourt-on ?<br />

Les étudiants essayeront de déterminer leurs diverses fonctions et leur fréquence<br />

dans différents types de situation : en particulier, leur rôle par rapport à la<br />

gestion de l’interaction (fonction de hélage et d’interpellation, prise à témoin<br />

d’un tiers, gestion <strong>des</strong> tours), par rapport à la relation interpersonnelle (égalité vs<br />

hiérarchie, amadouage, épiso<strong>des</strong> conflictuels et moments de “tension”, emplois<br />

ludiques, polémiques ou injurieux), et enfin par rapport aux actes de langage<br />

associés (salutations, requêtes, sommations, déclarations, reproches, excuses,<br />

désaccord).<br />

Ces différentes fonctions doivent être envisagées en relation avec :<br />

– La structure syntaxique de l’énoncé contenant le nom d’adresse.<br />

– Le placement dans l’énoncé/ le tour de parole/ l’interaction (ouverture-clôture<br />

vs corps).<br />

– Le type d’activité en cours et le type d’interaction ; et à l’intérieur, le rôle<br />

interactionnel (intervieweur vs interviewé, prof vs élève, etc.)<br />

Les corpus choisis peuvent être <strong>des</strong> débats télévisés, <strong>des</strong> émissions<br />

radiophoniques, <strong>des</strong> réunions de travail enregistrées, <strong>des</strong> interactions dans une<br />

salle de classe etc… Les étudiants peuvent soit comparer les emplois dans <strong>des</strong><br />

types d’interaction différents, soit analyser en détail un corpus particulier (débat<br />

politique par exemple).<br />

2) La variation culturelle dans les pronoms d’adresse : comparaison de<br />

l’usage <strong>du</strong> tu et <strong>du</strong> vous en français et dans une autre langue qui dispose<br />

également de 2 formes d’adresse pour l’allocutaire voire plus (par exemple 3 ème<br />

personne <strong>du</strong> singulier). Les étudiants mettront au point un questionnaire qui<br />

couvrira les principales relations interpersonnelles (relations familiales,<br />

amicales, professionnelles etc) et les principaux contextes de la vie quotidienne.<br />

Ils intervieweront ensuite une dizaine de personnes <strong>des</strong> deux langues/cultures,<br />

puis analyseront les résultats en essayant de faire apparaître les principales<br />

variables qui entrent en jeu dans la sélection <strong>du</strong> pronom d’adresse. Finalement,


- 8 -<br />

ils essayeront de rattacher ces résultats à l’éthos communicatif <strong>des</strong> deux<br />

cultures.<br />

Enquête possible également à l’intérieur de plusieurs variétés de français :<br />

canadien, belge, suisse, pays francophones d’Afrique par exemple.<br />

Une autre variante possible sans questionnaire est l’usage <strong>des</strong> pronoms<br />

d’adresse dans deux langues/cultures dans les médias : à la radio entre<br />

journalistes et invités (différents types d’invités : politiciens, célébrités…) et<br />

entre journalistes et auditeurs (dans les émissions où l’on peut téléphoner), à la<br />

télévision (par exemple dans les journaux télévisés et les émissions de plateaux)<br />

et dans les publicités et les magazines lorsqu’ils s’adressent directement au<br />

consommateur. Les données sont différentes mais le but de l’analyse reste<br />

identique.<br />

3) La variation culturelle dans les formules de politesse routinisées:<br />

« merci » et « s’il-vous-plaît ».<br />

Comme dans le sujet précédent, les étudiants mettront au point un questionnaire<br />

qui couvrira les principales relations interpersonnelles (relations familiales,<br />

amicales, professionnelles etc) et les principaux contextes de la vie quotidienne<br />

dans lesquels il est approprié de dire « merci » ou « s’il-vous-plaît ». Ils<br />

intervieweront ensuite une dizaine d’étudiants français pour vérifier la validité<br />

de leurs intuitions de départ (et les éventuelles variations) et une dizaine<br />

d’étudiants d’une culture réputée différente ou éloignée (culture slave, culture<br />

chinoise ou japonaise, culture arabe etc…). Là où les comportements s’avèrent<br />

différents, ils essayeront, en approfondissant l’interview, d’obtenir <strong>des</strong><br />

explications sur la logique ou les valeurs qui, <strong>du</strong> point de vue <strong>des</strong> locuteurs<br />

natifs, justifient leur non-emploi. Ils poseront aussi la question de savoir si,<br />

inversement, ces personnes ont remarqué <strong>des</strong> contextes dans lesquels elles<br />

diraient « merci » ou « s’il-vous-plaît » ou tout autre formule de politesse<br />

routinisée alors que les Français ne le font pas.<br />

4) Les obstacles à la communication interculturelle : les Français vus par<br />

les étrangers<br />

Les étudiants choisiront un groupe d’une dizaine d’étrangers venus de pays<br />

différents et à l’aide d’interviews semi-directifs, ils essayeront de faire<br />

apparaître les aspects <strong>du</strong> comportement interactionnel <strong>des</strong> Français qui les<br />

surprennent le plus et l’idée qu’ils se font de l’éthos communicatif français.<br />

Dans un deuxième temps, ils essayeront de voir dans quelle mesure ces<br />

témoignages se recoupent, et lorsque les points de vue ne sont pas partagés, dans<br />

quelle mesure cela peut être lié à la proximité/non proximité <strong>des</strong> cultures. Y a-til<br />

un stéréotype universel <strong>des</strong> Français ?


- 9 -<br />

Attention :Il est important de bien centrer les interviews sur la relation<br />

interpersonnelle et les comportements langagiers pour éviter les stéréotypes<br />

prévisibles de « la mode et la cuisine »…<br />

5) Un repas de famille ou un repas entre amis : les étudiants enregistreront<br />

(ou, mieux encore, filmeront, s’ils en ont la possibilité) les interactions verbales<br />

au cours d’un repas pour les analyser <strong>du</strong> point de vue de la dynamique <strong>des</strong><br />

rapports interpersonnels. Quelles sont les marques linguistiques de la place de<br />

chacun dans le groupe ? Existe-t-il une hiérarchie familiale ou un ou <strong>des</strong><br />

« meneurs » (qui peuvent très bien être les « boute en train ») <strong>du</strong> groupe ?<br />

Existe-t-il <strong>des</strong> relations privilégiées ou affectives entre certains <strong>des</strong> membres ?<br />

ou <strong>des</strong> tensions latentes ? Les outils méthodologiques utilisés seront : l’analyse<br />

préalable <strong>du</strong> contexte de situation (en particulier le rôle interactionnel de chacun<br />

à cette occasion), les taxèmes et relationèmes, le découpage en séquences <strong>du</strong><br />

point de vue thématique (qui intro<strong>du</strong>it les thèmes ? qui les fait changer ? par<br />

quels moyens ?) ou pragmatique (qui organise le déroulement <strong>des</strong><br />

événements ?), les tours de parole (y en a-t-il certains qui dominent la<br />

conversation ?), les désaccords et les négociations (les éventuels conflits sur les<br />

contenus cachent-ils <strong>des</strong> conflits de rôles ?).<br />

Après cette analyse générale <strong>des</strong> interactions, les étudiants présenteront une<br />

analyse détaillée d’un ou deux petits passages particulièrement représentatifs<br />

qu’ils auront transcrits en détail.<br />

Une analyse de même type peut éventuellement être proposée à partir d’un<br />

extrait de film approprié, mais il faudra alors mettre aussi en évidence comment<br />

la scène, si vraisemblable soit-elle, reste une scène de fiction et non une série<br />

d’échanges authentiques.<br />

6) L’humour dans les interactions entre amis : ce sujet s’adresse aux<br />

étudiants qui ont la possibilité de filmer <strong>des</strong> échanges entre amis, au cours de<br />

visites par exemple. Il s’agit d’explorer l’humour dans sa dimension verbale et<br />

non verbale dans les interactions ordinaires. Les questions auxquelles ils<br />

essayeront de répondre sont : sur quels critères peut-on décider qu’un énoncé est<br />

humoristique ? Quels sont les différentes formes d’humour (blagues, anecdotes,<br />

jeu de mots, ironie, « mise en boîte », auto-dérision etc…) qu’ils ont pu relever<br />

dans leur corpus ? Quelles sont les différentes fonctions interpersonnelles de<br />

l’humour qu’ils peuvent mettre en évidence (créer de la complicité ou au<br />

contraire « agresser », « remettre en place », ou déjouer une agression etc…) ?<br />

Quel rôle jouent les comportements paraverbaux (intonation, accent, sens <strong>du</strong><br />

« timing ») et non verbaux (mimiques, postures etc…) dans la « réussite »<br />

d’échanges humoristiques ?<br />

Les étudiants choisiront ensuite un exemple d’échange qu’ils transcriront en<br />

suivant les conventions ICOR et qu’ils analyseront en détail.


- 10 -<br />

7) Qui parle dans les débats télévisés ? Les débats et talk-shows sont-ils un<br />

forum où chacun a enfin le droit de s’exprimer ou sont-ils au contraire comme<br />

dans le titre <strong>du</strong> livre de P. Charaudeau, le royaume de « la parole confisquée » ?<br />

Les étudiants choisiront un enregistrement d’une émission de débat qu’ils<br />

analyseront en détail. Les outils méthodologiques utilisés seront entre autres : le<br />

contexte de situation (bien identifier l’identité <strong>des</strong> participants et ne pas oublier<br />

le cadre spatial qui joue ici un rôle fondamental), la distribution de la parole<br />

(comment les participants prennent la parole, la gardent ou la cèdent ? qui<br />

contrôle ? comment ? qui parle le plus — chronométrer les interventions de<br />

chacun y compris celles de l’animateur… —), la progression thématique<br />

(comment passe-t-on d’un sujet à un autre à l’intérieur d’une même<br />

thématique ?), la gestion <strong>des</strong> conflits (s’agit-il de faire avancer la réflexion ou de<br />

mettre en scène <strong>des</strong> émotions ?) les séquences d’ouverture et de clôture.<br />

Après une analyse globale de l’émission, les étudiants présenteront une analyse<br />

détaillée d’un ou deux courts extraits qu’ils analyseront en détail.<br />

8) Analyse de la gestualité co-verbale <strong>des</strong> personnalités politiques<br />

Les étudiants choisiront une ou deux personnalités politiques connues et ils<br />

analyseront la façon dont leur communication non verbale interagit avec les<br />

idées qu’ils défendent. Ils chercheront en particulier à repérer les gestes les plus<br />

fréquents qui symbolisent <strong>des</strong> notions abstraites ou qui révèlent une dimension<br />

affective. Ils se poseront également la question <strong>du</strong> degré de spontanéité ou au<br />

contraire <strong>du</strong> côté « affiché » de cette gestualité. Il est possible de travailler soit<br />

sur la même personnalité dans <strong>des</strong> contextes différents (débats, interviews,<br />

discours officiels etc.) soit sur deux personnalités dans <strong>des</strong> contextes similaires<br />

(invités ensemble ou à une date différente dans une même émission de<br />

télévision, par exemple).


- 11 -<br />

DOCUMENTS POUR « INTERACTIONS VERBALES »<br />

1- Rôle <strong>du</strong> contexte<br />

• F et S se sont rencontrés la veille au soir à l’occasion d’une soirée. S est parti tôt<br />

alors que F a largement prolongé sa sortie nocturne. Le lendemain S téléphone :<br />

1 F- Allo ?<br />

2 S- Salut, c’est S, ça va ?<br />

3 F- Ça va et toi ?<br />

4 S- Bien. T’as travaillé ce matin ?<br />

5 F- Tu rigoles ou quoi ? J’ai dormi !<br />

6 S- Tu m’étonnes ! Bon, ma sœur est là ?<br />

7 F- Ouais, j’te la passe. Ciao.<br />

8 S- Merci. Allez ciao à la prochaine.<br />

a) Relevez tous les indices de contextualisation de ce dialogue qui peuvent vous<br />

aider à reconstruire le contexte de situation.<br />

b) A l’aide <strong>des</strong> informations données en accompagnement et <strong>des</strong> indices de<br />

contextualisation trouvés dans le dialogue, définissez le contexte de situation<br />

de cette interaction (participants, cadre spatio-temporel, objectif)<br />

c) Faites le découpage en séquences de la structure globale de cette interaction.<br />

d) Analysez la séquence d’ouverture et la séquence de clôture : quelles<br />

composantes atten<strong>du</strong>es ou non y trouve-t-on ?<br />

e) Montrez en quoi le contexte de situation explique le déroulement <strong>des</strong> échanges.<br />

• Deux conversations dans la même pizzeria.<br />

Conversation n°1 : le commerçant et le client ne se connaissent pas.<br />

Participants :<br />

A : cliente<br />

B : cliente précédente<br />

Com : le commerçant<br />

D : un livreur<br />

A messieurs dames bon::soir<br />

Com bonsoir/ madame\<br />

B bonsoir:<br />

Com vous (.) vous avez déjà commandé/<br />

A oui oui j’ai appelé (.) il devrait y avoir une::: p’tite<br />

formule: de prête<br />

Com deux/ p’tites formules/<br />

A non/ une seu::le<br />

Com hmmmm une romana et[(inaud.)<br />

[Non/ une:::: mince (.) quatre fromages et::<br />

une simple ((rires))


- 12 -<br />

A < ((en riant)) ah::: oui, excusez-moi> (3) elles sont dans l’<br />

four (.)elles s’ront prêtes dans deux p’tites minutes.<br />

((Com nettoie le plan de travail))<br />

Com vous êtes pas trop pressée/<br />

A oh (.) le match commence dans[::: une demi heure<br />

Com<br />

[ah: rugby/<br />

((le téléphone sonne))<br />

Com excusez-moi<br />

A mais:: je vous en prie\<br />

((Com décroche))<br />

Com magic’pizza bonsoir/<br />

(inaud.)<br />

Com oui/<br />

(inaud.)<br />

Com ah::: ouais ça va: ça bouge un peu quand même ((rires))<br />

(inaud.)<br />

Com une poivron/<br />

(inaud.)<br />

Com j’te livre chez toi/<br />

(inaud.)<br />

Com o::k j’te laisse j’ai <strong>du</strong> boulot\<br />

(inaud.)<br />

Com bye/<br />

((Com raccroche))<br />

Com alo:::rs la quatre fromages: (3) elle est prête\<br />

A (inaud.)<br />

((un livreur entre dans le magasin))<br />

D bonjour/<br />

A bonjour/<br />

D t’as une autre livraison/<br />

Com dans::: cinq minutes<br />

(4)<br />

D (inaud.)<br />

Com je vous la coupe madame/ aïe/ ((Com s’est brûlé))<br />

A <br />

Com Je coupe les deux en huit/<br />

A [oui svp<br />

Com [vous voulez d’ la sauce piquante/<br />

A mer::ci=<br />

Com =servez-vous/<br />

((Com pose les pizzas sur le comptoir))<br />

Com alors:: une p’tite formule (.) donc: onze euros si vous plaît\<br />

A ((A donne l’argent))<br />

Com ((ouvre la caisse)) et voilà un euro/<br />

A ((sourire)) heup/ ((en attrapant la pièce qui lui échappe))<br />

Com merci à vous/ bonne soirée/ bon appétit/<br />

D bon appétit/<br />

A merci/ au r’voir/ messieurs\<br />

Com au r’voir/<br />

Conversation n°2 : le commerçant et les clients se connaissent.<br />

Participants :<br />

A : client<br />

B : cliente


- 13 -<br />

Com : le commerçant<br />

D : le livreur<br />

B ça va sousou/<br />

(2)<br />

A <br />

Com oh::: ça va/ (.) bien/ t’as mis ton gel de toutes les couleurs<br />

encore/<br />

B pfff<br />

A on vient chercher la p’tite formule[euh::::<br />

Com [elle est là elle est là<br />

D [elle est en train de<br />

sortir<br />

A ah:<br />

D c’est laquelle sous’/<br />

Com c’est::: la p’tite::: [romana<br />

B [chèvre<br />

D romana et chèvre/<br />

A (inaud.)<br />

Com ouais sors-les<br />

(3)<br />

B tu pourras m’la couper en huit s’te plaît/<br />

Com ouais::/ ça marche<br />

((le téléphone sonne))<br />

Com magic’pizza bonsoir/<br />

(inaud.)<br />

Com oui/ je vous écoute\<br />

(inaud.)<br />

Com Ok<br />

(inaud.)<br />

Com Vous passez la chercher dans vingt minutes hm::: vers vingt<br />

heures/<br />

(inaud.)<br />

Com C’est parfait à tout à l’heure/<br />

((il raccroche))<br />

A (inaud)<br />

B < ((en riant)) je sais je l’ai vu ><br />

Com tu t’moques de moi ? ((sourire))<br />

A < ((en riant)) j’oserai pas/><br />

Com la deuxième j’te la coupe/<br />

B en::: bon en huit aussi<br />

(57) ((Com travaille, il prépare <strong>des</strong> pizzas. Beaucoup de bruits :<br />

l’eau qui coule, le four, la caisse, les ustensiles, les pots<br />

d’ingrédients…))<br />

Com j’t’encaisse s’te plaît/<br />

B ouais bien sûr (.) onze/ c’est ça/<br />

Com ouais s’te plaît<br />

B dix et:: onze (.) tiens l’appoint (.) c’est rare/<br />

Com ((sourire))<br />

A et ta maman ça va/<br />

Com ouais [ça va<br />

A [elle va bien/<br />

Com ouais[ouais<br />

A [on la voit plus/


- 14 -<br />

Com ben::: elle est chez sa sœur pour quelques jours [elle l’a<br />

aidée à déménager elle est trop/ crevée<br />

A [ah d’accord<br />

Com oh: mais elle rentre bientôt (.) mardi j’crois\<br />

A elle s’ra là pour son loto/<br />

Com ((rires))<br />

(5)<br />

((Com pose les pizzas sur le comptoir))<br />

B bon/=<br />

A =ouais on y va (.) tu lui passeras le bonjour de ma part/<br />

C ça marchouille/<br />

B j’te pique d’la sauce piquante/=<br />

Com =ouais/ [vas-y/<br />

A<br />

[allez bon courage<br />

B (inaud.)<br />

Com <br />

B eh sous’/ on essaie d’se voir dans la s’maine/<br />

Com t’inquiète/<br />

B allez bye:<br />

D au r’voir bonne soirée<br />

a) Points communs : Relevez tous les indices de contextualisation dans ces deux<br />

dialogues qui mettent en évidence les similarités dans le contexte de situation.<br />

b) Différences : Relevez tous les éléments qui montrent comment la variable<br />

« degré de familiarité entre les participants » se manifeste dans ces deux<br />

dialogues et quel impact elle a sur déroulement <strong>des</strong> échanges.<br />

2- Le découpage en unités hiérarchisées<br />

Document 1<br />

a) Les huit extraits ci-<strong>des</strong>sous sont tous <strong>des</strong> exemples d’une séquence récurrente<br />

dans toutes les interactions dans <strong>des</strong> petits commerces. De quelle séquence s’agitil<br />

? Donnez-lui un nom.<br />

b) Repérez les différents échanges que l’on peut trouver à l’intérieur de cette<br />

séquence. Donnez un nom à chacun d’eux.<br />

c) Relevez toutes les formulations différentes de l’acte de langage principal <strong>du</strong><br />

client. Sont-elles interchangeables ou peut-on expliquer les variantes ?<br />

Extrait 1 – Chez la boulangère<br />

B- alors madame donc<br />

Cl- oui euh la même chose<br />

(La boulangère saisit une baguette)<br />

Extrait 2 –Chez la bouchère :<br />

Cl […] je voudrais deux escalopes s'il vous plaît<br />

Bre deux escalopes oui:: épaisses<br />

CL non<br />

Bre pas trop épaisses..comme vous voulez


- 15 -<br />

Extrait 3 – A la boulangerie<br />

2 C- je voudrais un pain aux céréales [s'il vous plaît<br />

3 B- [oui<br />

4 C- et une baguette à l'ancienne<br />

5 B- et une baguette (bruit de sac en papier et de caisse enregistreuse)<br />

Extrait 4 — A la boulangerie<br />

C- […] j'voudrais une baguette de campagne s'il vous plaît<br />

B- baguette de campagne (.) alors j'ai déjà plus d'baguette et ensuite ce sont pas vraiment<br />

<strong>des</strong> baguettes de campagne ce sont <strong>des</strong> baguettes blanches hein c'est pas <strong>du</strong> pain<br />

d'campagne (.) en pain d'campagne j'vais avoir le boulot <strong>du</strong> palais ou l'épeautre plutôt<br />

C- l’é[<br />

B- [ l'épeautre un pain à l'épeautre (5 s)<br />

C- ben j’vais prendre deux baguettes blanches<br />

B- oui enfin elles sont- elles sont quand même faites à l'ancienne c'est-à-dire avec une<br />

farine qui a pas [d'additifs et qui est cuite au feu d’bois<br />

C- [d'accord<br />

B- par contre elles sont au four j'vais aller voir (5 s) Jean-Louis<br />

JL- oui<br />

B- tu peux sortir les baguettes<br />

JL- dans 5 minutes<br />

B- dans 5 minutes (5 s.) (à la cliente) y a cinq petites minutes d'attente j'vais avoir <strong>des</strong><br />

flûtes sinon qui sont faites euh d'la même façon<br />

C- d'la même façon<br />

B- oui oui c'est la même [<br />

C- [c'est pareil que deux baguettes<br />

B- c'est l'équivalent en poids<br />

C- ben j'vais prendre ça alors<br />

Extrait 5 – A la parfumerie<br />

CL […] est-ce que je pourrais voir la teinte s’il en reste de Guer[lain s’il vous plaît<br />

P<br />

[oui<br />

P y a plusieurrs teintes<br />

CL et je me souviens plus ce que j’avais<br />

P et ben on va regarder ensemble là<br />

Extrait 6 – A la boucherie<br />

CL j’vais prendre de la viande hachée<br />

Br trois kilos<br />

CL trois cent grammes (rires)<br />

Extrait 7 – Chez la fleuriste<br />

CL j’aurais voulu <strong>des</strong> roses<br />

FL il fallait venir plus tôt j’ai été dévalisé ce matin<br />

Extrait 8 – A la boucherie<br />

CL: euh: donne-moi... donne-moi un steak s'il te plaît::: (tousse)


- 16 -<br />

Document 2 A la boucherie<br />

a) découpez l’interaction suivante en séquences et en échanges.<br />

b) Quelles séquences vous semblent systématiques de l’interaction dans un petit<br />

commerce?<br />

c) En quoi les éléments <strong>du</strong> contexte expliquent-ils le déroulement particulier de cette<br />

interaction ?<br />

CL: bonjour euh:<br />

BR: bonjour..et alors ?!<br />

CL (à la bouchère qui est dans la petite pièce à côté) : bonjour toi ... qu'est-ce que tu fais<br />

là-bas dans tes saucisses ?<br />

Bre : j’suis en train d'faire <strong>des</strong> andouillettes<br />

CL: t’es en train d’faire tes douillettes<br />

Br: (inaudible)<br />

CL: euh: donne-moi... donne-moi un steak s'il te plaît::: (tousse)<br />

Br: oh<br />

CL: oh<br />

Bre: (inaudible) c’est demain qu'on arrose les vingt ans<br />

CL: c'est demain soir<br />

Bre: ben oui ... j'ai réalisé cette semaine<br />

CL: c'est demain ... ouais<br />

Bre : c'est demain qu'on fait les fous<br />

CL: ouf ... on va encore êt’biens hein..on va prendre un Alacasetzeir avant moi jai<br />

une crè:ve j’t’explique pas::<br />

Br: t’as la voix toute cassée<br />

CL: hein ... ouais..et pi donne-moi euh: deux tranches d'agneau ... euh celle-là<br />

Br: celle-là ?<br />

CL: euh j’en sais rien celle qui est plus longue ... voilà celle-là ... ouais, p'têt` qu'un<br />

p’tit coup de: jaja ça m’faire <strong>du</strong> bien (rires) un p’tit coup d’jaja ça peut faire <strong>du</strong> bien..<br />

Br: (inaudible)<br />

Bre : c'est où<br />

CL: c'est à la salle <strong>des</strong> fêtes de Challin redmande lui mais j’crois qu'c'est là ... i m’semble<br />

qu’c'set à la salle <strong>des</strong> fêtes de Challin<br />

Br: Challin Challin Challin..c'est où<br />

CL: c'est d’lautre côté là-bas c'est dans l'ouest<br />

Br: c’est par euh:::<br />

CL: c’est par où c'est:::<br />

Bre : par Fareins<br />

CL: ouais par là-bas<br />

Bre : par Fareins<br />

CL: [ouais<br />

Br: [voilà<br />

Bre : ben on va avoir l'air de p'tits vieux nous<br />

CL : arrête…ben tant pis ... T’sais, qu'on va p’têt' les enterrer hein faut s’méfier<br />

Br: ouais<br />

CL : plus on est vieux plus on a la forme<br />

Br : (inaudible)<br />

CL : on est ben toujours les derniers rentrés


- 17 -<br />

Br : ça c'est pas un honneur<br />

CLn°2 : bonjour madame<br />

Br : bonjour (32s)<br />

CL: bon allez à demain bonne joumée<br />

Br : à demain<br />

Bre: au revoir<br />

CL : (à la cliente n°2): au revoir madame<br />

Document 3<br />

Distinguez les différentes interventions à l’intérieur de cet échange entre deux collègues de<br />

bureau.<br />

Fr1 tu sais on a tout analysé et en fait [???<br />

Fr2 [oui, oui, oui, oui. J'attendais un mémo<br />

[de John Brown<br />

Fr1 [on a un mémo de John Brown [alors je fais un ticket?<br />

Fr2 [ah on l'a?<br />

Fr1 alors comment je fais? est-ce que c'est une autorisation?<br />

3- La gestion <strong>des</strong> tours de parole<br />

Document 1<br />

Analysez les chevauchements et enchaînements dans les extraits de conversation suivants.<br />

Dans quels cas s’agit-il de vraies interruptions et dans quels cas remplissent-ils au contraire<br />

une fonction interactionnelle et laquelle ?<br />

Extrait 1 :<br />

A la boulangerie.<br />

Boulangère-<br />

Client-<br />

alors une [flûte<br />

[deux deux deux<br />

Extrait 2 :<br />

Visite entre amis. K a apporté chez J et L un gâteau qu’elle a confectionné elle-même.<br />

K mais j'sais pas [pourquoi i s'est- [i s'est CREUSÉ au milieu<br />

L [c't'une merveille [<br />

J [hmmmmmmm<br />

L c't'une merveille de merveille !<br />

Extrait 3 :<br />

A la boulangerie.<br />

C- et vous avez pas <strong>des</strong> baguettes euh normales non vous avez pas<br />

B- ce sont <strong>des</strong> baguettes [normales<br />

JL [c'est <strong>des</strong> baguettes normales<br />

B- c'est <strong>du</strong> pain blanc hein sauf que donc c'est une farine qui [est<br />

C- [ben donnez moi [<strong>des</strong>


- 18 -<br />

B- [qui est<br />

C- [flûtes là parce que là il y a vraiment<br />

B- [pas additionnée <strong>du</strong> tout<br />

C- que la croûte presque<br />

Extrait 4<br />

Entre amis. C, étudiante, est en train de parler d’un travail qu’elle est en train de rédiger.<br />

C- (…) ben ouais moi j’me suis arrêtée vers six heures…pff… j’m’arrête toujours au<br />

moment où j’commence à=<br />

L- =à être bien d’dans<br />

C- ouais (rires)<br />

L- ben c’est typique comme truc… moi aussi hein c’est vach’ment souvent<br />

Extrait 5<br />

Irène :<br />

c’est vrai que c’est facile euh avec <strong>des</strong> Australiens euh c’est vrai que en en<br />

l’espace de dix jours j’ai déjà beaucoup beaucoup de de numéros de téléphone<br />

et je suis… rien qu’avec la première semaine que j’ai passée je suis sortie tous<br />

les soirs donc c’est vrai que de ce côté-là =<br />

Guillaume: = mais c’est facile hein =<br />

Irène: = le contact est [facile]<br />

Guillaume: [vingt ans] un mètre soixante-quinze<br />

Irène: Un mètre [soixante!]<br />

Guillaume: [quatre]- vingt-dix-huit soixante quatre-vingt-dix!<br />

Irène: C’est pas vrai!<br />

Extrait 6<br />

Robert: On peut garder sa culture tout en côtoyant une autre culture je veux dire c’est<br />

[euh]<br />

Elisabeth: [mais] oui =<br />

Robert: = ouais c’est la tolérance =<br />

Elisabeth: = Ah oui [c’est de la tolérance euh c’est]<br />

Robert: [Voilà c’est <strong>des</strong> qualités] on peut vivre ensemble sans problèmes je<br />

pense<br />

Extrait 7<br />

Irène: Je t’assure … c’est pas vrai moi quelqu’un vraiment quelqu’un de bon c’est<br />

vraiment quelqu’un qui a <strong>des</strong> valeurs .. [ça c’est]<br />

Guillaume: [Quelles] valeurs?<br />

Irène: Des valeurs ben .. justement le respect <strong>des</strong> autres [euh]<br />

Guillaume: [Les] valeurs humaines<br />

alors? =<br />

Irène: = Oui tout à fait tout à fait …<br />

Document 2<br />

Cet extrait de corpus met en scène un alcoolique (P) et deux "non alcooliques" (E et AE).


- 19 -<br />

Vous dégagerez avez précision une caractéristique de la "conversation éthylique" en<br />

observant l'alternance et le volume de parole d'une part, les focalisations thématique d'autre<br />

part.<br />

E. J’m’entraîne pour dev’nir alcoolique [#1]<br />

P. / Pour d’venir quoi ?<br />

E. / Alcoolique !<br />

P. Oh c’est pas difficile hein // j’te donne la recette moi / t’achètes un bistrot / t’es<br />

alcoolique au bout d’cinq ans / 1 an/ 1 an et demi t’es plein comme un garde //<br />

tous les jours /// Chaque fois qu’un gonz’ y t’dis “tu veux boire un coup ?” “Ben<br />

OK” // Alors l’aut’ y prend un blanc et toi tu prends un blanc l’aut’ y dis un pastis<br />

tu bois un pastis l’troisième y t’dis un d’mi tu bois un d’mi // à midi t’es d’jà plié<br />

E.ouais ouais mais là c’est pas <strong>du</strong> choix / c’est <strong>du</strong> commerce<br />

P. Et après tu:: / après t’es ( X) toute la<br />

journée/// et tous les soirs tu t’endors // ( XX) // Tu regar<strong>des</strong> un match à la télé {<br />

fait signe de s’endormir } // “c’était bien l’match hier ?” ‘tain impeccable / t’as<br />

rien vu qu’t’étais marié / <strong>des</strong> fois tu dors tout seul avec le chien / dans la niche //<br />

Ca / on est tous plus ou moins alcooliques //<br />

E. y’en a pas beaucoup ici hein ?<br />

P. hein ?<br />

E. Y’en a pas beaucoup<br />

P. Y’en a pas beaucoup ? Ben mon vieux // ah tu connais bien l’quartier hein //<br />

Y’a pas beaucoup d’alcooliques qu’y dis // Ben moi / j’en ai pas vu beaucoup qu’y<br />

buvaient pas // j’en ai pas vu beaucoup qu’étaient pas alcooliques j’veux dire // 9<br />

sur 10<br />

E. AH OUAIS ?<br />

P. Ah j’ai pas dis rond / Alcooliques / c’est différent c’est pas la même chose ///<br />

moi <strong>des</strong> fois j’ai bu <strong>des</strong> canons mais j’suis pas :: tu m’verras pas tituber rien <strong>du</strong><br />

tout //<br />

AE. de toute façon suffit d’boire :: un verre de vin par jour t’es alcoolique<br />

P. oui: NON<br />

AE. Si <strong>du</strong> moment qu’tu peux pas<br />

P. NON pas un verre par jour/ n’éxagère pas non plus // un<br />

verre de vin t’es pas alcoolique / T’es parce que tu peux t’arrêter tout de suite /<br />

UN mec qu’est alcoolique va pas s’arrêter d’boire de l’alcool // comme moi / si<br />

j’ai pas mes deux blancs le matin / mes deux pastis à midi / mes trois bières dans<br />

l’( X ) // J’suis pas bien // j’dépasse pas mes:: une certaine dose / j’ai pas honte de<br />

l’dire // après quand tu dépasses alors là / t’es rond / mais tant qu’j’dépasse pas ma<br />

dose j’suis pas rond / j’suis bien // et et et ça { montre une cigarette }<br />

AE.<br />

Ah mais c’est pareil<br />

P. c’est pareil / si j’ai pas fumé mes vingt clopes par jour // j’vois l’dimanche<br />

matin que j’me lève plus tard que d’habitude / ben j’fume ma première cigarette à<br />

dix heures <strong>du</strong> matin ben :: j’la trouve drôlement bonne/ que la s’maine à six<br />

heures <strong>du</strong> matin j’fume///mais l’dimanche matin j’me réveille/ j’vais pisser un<br />

coup ben comme tout à chacun // j’bois mon café ben putain cherche le bu- les<br />

cigarettes// que la s’maine à six heures je fume// ‘fin à six heures / le temps<br />

qu’j’arrive à six heures trente / parce que chez moi j’fume pas /// j’fume en<br />

arrivant ici // on a tous besoin d’un truc // et j’cause pas d’ tout ceux qu’avalent<br />

heu:: cinquante cachets par jour: // pour la tête / pour les pieds / pour les reins/<br />

pour la vessie / tu les vois v’nir les gonzs’ qui t’demandent <strong>des</strong> verres d’eau //


- 20 -<br />

z’ont <strong>des</strong> cachets plein les poches y savent même pas à quoi ça sert // pour dormir<br />

ou pour :: / y sont drogués aussi // c’est une drogue / le mec qu’a pas son cachet<br />

pour dormir y dors pas / ben c’est une drogue // moi ( XXXX) si y z’ont pas leurs<br />

cachets / ben y dorment pas // qu’est ce que ça veut dire ça ? / moi j’dors bien sans<br />

cachet / qui // non parce qu’ils ont pris la::: l’accoutumance quoi // et en plus c’est<br />

dans leurs têtes après y t’filent placébo / c’est dans leur TÊTE / il faut <strong>des</strong> cachets<br />

// alors y’a qu’en France qu’les pharmacies font pas faillite en France / Y’a qu’la<br />

sécu {tousse} / les pharmacies font pas faillite en France // Ils ont jamais autant<br />

bossé / (XX) / (X) mais ils sont contents les gonzs y z’ont <strong>des</strong> ordonnances<br />

comme ça y sont heureux j’te dis vingt d’plus<br />

E. Bah / les bars c’est pareil si y’a tant d’alcooliques que ça<br />

P. Hein ?<br />

E. Si y a tant d’alcooliques que ça / dans l’quartier ça devrait marcher<br />

P. Ben c’est pas dans l’quartier/ Alcoolique c’est national c’est la France qu’a<br />

l’plus d’alcooliques<br />

E. C’est le sport national en France<br />

P. Et oui Oh::: y’a pas qu’en France<br />

AE.<br />

L’Allemagne aussi y sont bons<br />

P. Y’a pas qu’ça / et l’Angleterre tu<br />

crois qu’ils boivent pas ? // parce qu’ils ont leurs bars fermés à :: les pubs y<br />

ouvrent qu’à cinq heures pis y ferment à huit heures et s’ouvrent pas entre midi et<br />

deux mais y s’soulent la gueule parce que moi j’ai été en vacances hein // j’ai vu<br />

c’qu’ils boivent / ils boivent plus que vous<br />

AE. (X X X X)<br />

P. Et les Hollandais y boivent pas ? Les Hollandais y<br />

boivent pas ? Les Hollandais c’est pas un d’mi qu’ils boivent / c’est/ <strong>des</strong> litres / à<br />

X / J’sais pas si tu connais le lac de X // DES litres / et les gonzesses avec // Alors<br />

un d’mi pour eux c’est { rire} // Et puis z’en boivent pas qu’un dans la soirée hein<br />

? / Ils restent toute la nuit au bar et - / sont tous bourrés / y dégueulent dans les<br />

prés là-bas oh / ben c’est la vérité hein // y’a pas qu’les Français qui boivent /<br />

seulement chez eux / y’a pas d’bonne boisson / c’est pour ça qu’ils boivent pas //<br />

mais y s’soulent la gueule comme nous // et les Russes ils boivent pas / Et Eltsine<br />

il est tout l’temps bourré // ben c’est une légende // Parcequ’ils ont vu une fois un<br />

peu gai // moi j’connais pas un pays où ça boit pas ! // même les NOIRS y<br />

s’soulent la gueule // au Rhum blanc / ça fait 80° / y boivent ça comme toi tu bois<br />

/ tu sais les Nègres / t’sais l’Rhum blanc / V’là/ ca fait 80° leur connerie / boivent<br />

ça comme nous on boit //un p’tit rouge ou un d’mi / c’est bien <strong>des</strong> pionnards aussi<br />

///// Y’a <strong>des</strong> pionn- <strong>des</strong> alcooliques dans tous les pays <strong>du</strong> monde / oh oh<br />

AE. Tiens tu peux m’faire un café s’il te plaît ?<br />

P. Ah ben ça y est maint’nant / un seul ?<br />

AE. Ouais<br />

P. Les hommes politiques y boivent pas ? C’est sûr / ils ont <strong>des</strong> chauffeurs y<br />

peuvent pas s’faire arrêter //<br />

E. Y s’contentent de nous soûler c’est déjà pas si mal<br />

P. C’est comme l’affaire de la princesse là / c’est l’chauffeur qu’étais bourré / au<br />

début l’était bourré et après il était plus bourré / Eh oH // le mec sa (X) il l’avait<br />

pas vu / mais c’est presque sûr // mais après il avait pris <strong>des</strong> cachets / alors un<br />

coup il était rond un coup il avait pris <strong>des</strong> cachets // Eh ils l’ont butté et puis c’est<br />

tout / affaire classée /// j’suis pas un érudit / comme on dit érudiT // ils l’ont<br />

flingué la Diana/ les Anglais y ‘s’en avait plein l’cul // l’ont flingué // le prince sa


- 21 -<br />

mère (X) en plus elle divorce avec le prince et elle va s’mettre avec un Arabe /<br />

qu’est- les autres y pouvaient pas voir le:: hé: alors tu sautes / allez/ à la suivante /<br />

y z’ont jamais r’trouvé d’voiture hein /: y’avais une Fiat y’avait ci / y’vait là<br />

//c’t’affaire maint’nant qu’elle a été tué / maint’nant plus personne en parle hein /<br />

c’est fini / y vont (X) sur son cerceuil allez<br />

E. Encore heureux parce que quand elle est morte : ils nous ont soulé avec<br />

P. Hein ?<br />

E. Quand elle est morte : ils nous ont soulé avec<br />

P. Oh la la ! // (X)<br />

E. Y’en a eu assez hein<br />

{ Deux hommes entrent dans le bistrot. P se tourne vers H1 et H2)<br />

4- Les aspects rituels et routiniers<br />

Document 1 : une séquence de clôture<br />

• Analysez la séquence de clôture suivante tirée de la transcription d’une conversation<br />

authentique entre proches au cours d’une visite (corpus Traverso) :<br />

1- A quelle ligne commence-t-elle ? Sur quels indices vous appuyez-vous pour en<br />

décider ?<br />

2- Repérez toutes les composantes typiques de la séquence de clôture que l’on trouve<br />

dans cet extrait et classez-les par catégories.<br />

3- En vous appuyant sur votre analyse, diriez-vous que cette séquence suit le modèle<br />

« standard » de clôture de visite ou non ? Justifiez votre réponse.<br />

• Analysez les chevauchements : distinguez ceux qui constituent <strong>des</strong> ratés de la conversation<br />

de ceux qui remplissent <strong>des</strong> fonctions interactionnelles et indiquez lesquelles.<br />

La conversation <strong>du</strong>re depuis déjà un certain temps :<br />

A […] non mais là y a un truc déjà l’fait qu’y ait quelque chose qui s’ballade à l’intérieur<br />

c’est pas bon hein<br />

L c’est pas normal hein/<br />

A [c’est pas normal<br />

L [mais j’l’avais donné à un mec hein pour le :: [(.) vérifier c’truc<br />

A [réparer<br />

L et il avait/- j’sais plus c’qu’il a- il avait trouvé un faux contact dans la pile/ (.) j’sais pas<br />

quoi\ il avait dit qu’i- qu’i marchait très bien en fait (.) qu’y avait rien\ il avait pas fait<br />

payer tu vois<br />

L [il avait resserré j’sais plus quoi et i disait qu’ça marchait<br />

A [hm hm<br />

(2.2)<br />

P bon/<br />

L et en fait euh ::<br />

P on y va<br />

A allez (.) ouais (.) c’est vrai qu’on était [en retard ouais<br />

L [oh ben vous avez pas l’air euh : (.) bien ::<br />

A quoi/ (.) bien/


- 22 -<br />

L bien réjoués (.) réjouis=<br />

A =bah : e- elle a les boules euh :<br />

L qu’estce qu’elle a/<br />

L bah elle aime pas partir d’t’manière (.) puis laisser les chats et puis [na na na<br />

P [ouais<br />

(1.8)<br />

L moi p’t’êt euh : j’te demand’rai l’inverse euh : le week-end euh : (1.0) <strong>du</strong> lundi là :<br />

P hm (.) sans problème (1.4) t’façon moi j’pense pas qu’j’boug’rai ce week-end là<br />

(1.7)<br />

L parce qu’autrement j’peux d’mander à J. [hein si<br />

P [non non mais : j’viendrai de tout cœur (rire)<br />

s’tu m’laisses une bouteille de pastis sur la table et un verre (rire)<br />

L y en a une dans l’placard (.) en fait euh ::::<br />

(1.2)<br />

P (chantonne) bon allez<br />

L moi j’vais à Vil. Aujourd’hui<br />

P tu fais <strong>des</strong> bises (.) ouais/ hier j’ai essayé d’appler C. toute l’aprèm toute la journée=<br />

L =elle était à Vil hein<br />

(1.7)<br />

P mais chez elle l’après-midi<br />

L elle est arrivée à Vil (.) au début de l’après-midi (.) parce que j’ai téléphoné à Vil et elle<br />

y était déjà (.) vers deux heures<br />

A (chantonne)<br />

P (chantonne)<br />

P bon/<br />

A allez go<br />

P adieu<br />

L adieu (bises) donc euh : j’remets pas les clés dans la boîte<br />

P non non j’pass’rai lundi<br />

A ciao<br />

L okay (.) ciao et alors euh : bon- bon séjour à la campagne [j’espère qu’il fera beau<br />

A [ouais<br />

P ben ça a l’air<br />

L ‘fin qu’i continuera à faire beau <strong>du</strong> moins<br />

P ça a l’air bien parti<br />

L et qu’ça s’ra (prononcé avec un accent) agréable<br />

A sûrement<br />

P I hope so (1.2) ouais ça s’ra bien au soleil<br />

L moi aussi c’est ça (.) c’pour ça qu’j’veux y aller l’week-end d’après c’pour m’faire<br />

bron- t’sais travailler au soleil euh : dans l’herbe et tout<br />

P salut (rire)<br />

L bon allez ciao<br />

P salut<br />

Document 2 : un exemple de routine conversationnelle<br />

« Vous avez passé un bon week-end ? » vs « Did you have a good week-end ? »


- 23 -<br />

• En supposant que les transcriptions suivantes sont relativement représentatives de la routine<br />

conversationnelle « Vous avez passé un bon week-end ? » entre Français et entre Australiens,<br />

quelles différences remarquez-vous au niveau <strong>des</strong> contenus et <strong>des</strong> attentes ?<br />

• Dans le cas <strong>des</strong> exemples interculturels Français/Australiens, quels ratages ou tensions<br />

notez-vous et qu’est-ce qu’ils révèlent sur les divergences de normes communicationnelles<br />

dans ce contexte ?<br />

- Exemple Australien/Australien<br />

Enten<strong>du</strong> à la radio, entre deux présentateurs (émission <strong>du</strong> lundi matin)<br />

Femme<br />

Homme<br />

Femme<br />

Homme<br />

Femme<br />

Homme<br />

Femme<br />

Did you have a pleasant weekend?<br />

I did. What about you?<br />

I did too.<br />

What did you do?<br />

We went to a birthday dinner on Saturday and a barbecue on Sunday.<br />

Food food food...<br />

Yes, we ate our way through most of the weekend.<br />

Puis ils continuent à présenter les programmes.<br />

- Exemples Français/Français<br />

Transcription 1<br />

Béatrice<br />

Le weekend a été bon?<br />

Noël<br />

Très bon, très bon. Très bon... on a fait <strong>du</strong> train.<br />

Béatrice<br />

Du train?<br />

Noël<br />

Du petit train à vapeur, qui se ballade<br />

[dans les Dandenongs.<br />

Béatrice<br />

[Ah! dans les Dandenongs, oui c'est sympa, ça.<br />

Noël<br />

Une bonne partie de [:] le retour, on s'est retrouvés entre deux wagons, sur le<br />

marche-pied (petit rire).<br />

Béatrice<br />

Tellement y avait de monde?<br />

Noël<br />

Tellement y avait de monde<br />

Béatrice<br />

Mais c'est fou! [le dimanche soir?<br />

Noël [[???]<br />

Béatrice<br />

Parce que c'était dimanche soir?<br />

Noël<br />

Mmm.<br />

Béatrice A l'extérieur, en rappel...<br />

Petit rire<br />

Noël<br />

Oui, oui! Ça ... y a la plate-forme entre les deux wagons on...<br />

Béatrice<br />

Oh ben, Eric (fils de Noël) a dû adorer ça!<br />

Noël<br />

Oui, sauf que... il avait <strong>des</strong> charmilles dans les yeux alors il, il... voit... il<br />

voyait plus!<br />

Béatrice<br />

Ah oui alors là c'est moins bon... [:] Bien bien...<br />

Noël<br />

Et vous ça été bien?<br />

Béatrice<br />

Oui... assez calme... Nous avons été au cinéma hier après-midi,<br />

Noël<br />

Oui Denis (ami de Béatrice) m'a dit.<br />

Béatrice<br />

voir un truc complètement dingue. Mais en fait je crois qu'il faut le voir quand<br />

même. Mais j'irais pas deux fois, hein! [:] On était avec Robert.


- 24 -<br />

Noël<br />

Béatrice<br />

Noël<br />

Béatrice<br />

Noël<br />

Béatrice<br />

Noël<br />

(à Sion qui passe)<br />

Sion<br />

Noël<br />

[Ah oui, Robert me l'a dit.<br />

[Rose avait refusé de venir.<br />

[Robert m'la dit qu'c'était...<br />

[Je crois qu'elle a bien fait... (rire).<br />

Il m'a présenté ça comme une version modifiée de la, de la Grande Bouffe.<br />

Très modifiée!... très modifiée, oui, ... (à mi-voix) complètement dingue.<br />

Sion!<br />

Yeah?<br />

XYZ (nom d'une compagnie), some news? (etc)...<br />

- Transcription n°2 (reconstitution)<br />

Christine<br />

T’as passé un bon weekend?<br />

Marie<br />

M’en parle pas! J’ai fait que <strong>des</strong> bêtises! Encore ce matin, on devait rentrer<br />

de Sorrento, on avait enfermé Mistigri hier soir, et ce matin, j’me lève, j’étais<br />

à moitié endormie, j’ouvre juste la porte pour voir le temps qu’il fait, hop! Il<br />

s’est échappé! On a mis deux heures à le faire revenir. Du coup j’ai raté mon<br />

cours de Chinois ce matin!<br />

Christine<br />

Il savait que vous alliez rentrer à Melbourne.<br />

Marie<br />

Tu penses, bien sûr! Il avait vu les bagages hier soir.<br />

Christine<br />

Et il voulait pas rentrer.<br />

Marie<br />

Bien sûr que non!<br />

Christine<br />

Ah, je te dis, ces chats. Moi le mien, il a rien trouvé de mieux que de venir<br />

miauler sur le bord de la fenêtre à trois heures <strong>du</strong> matin! Il a découvert ça<br />

maintenant!<br />

Marie<br />

Oh, ils sont vraiment coquins... Bon ben, à plus tard<br />

(entre dans son bureau)<br />

- Exemples Français/Australiens<br />

Transcription 1<br />

Béatrice<br />

Did you have a good weekend?<br />

David<br />

Mmm mmm.<br />

Béatrice<br />

Very busy?<br />

David<br />

Er [:] Yeah, it was, yeah, very busy. I think you... I went to that... that lodge!<br />

Béatrice<br />

Ah yeah!<br />

David<br />

And er... I’ll give you the number if you wanted to see it.<br />

Béatrice<br />

Yeah, thank you.<br />

David<br />

'Cause it’s really good.<br />

Béatrice<br />

How was the weather?<br />

David I’ll give you the letter.<br />

(s'adressant à quelqu’un d’autre)<br />

X<br />

Oh, all right.<br />

David<br />

(à Béatrice) Mmm? Oh, it was nice, 'twas a bit cold but er [:] once you get<br />

the fire going [[:]<br />

Béatrice [Ah, it’s cold.<br />

David<br />

and the stove going, it’s beautiful. So... the house isn’t cold at all.<br />

Béatrice<br />

Yeah.<br />

David<br />

It’s good. It’s got a lot going for it. You’d enjoy it.


- 25 -<br />

Béatrice<br />

It’s not very far?<br />

David<br />

It’s an hour and a half...<br />

Béatrice /Quite [all right.<br />

David<br />

[hour and three quarters, if you went at night it’d take an hour and<br />

three quarters, possibly two at most, an hour and three quarters.<br />

Béatrice<br />

Mmm... did you go on Friday night?<br />

David<br />

No. Friends went ahead and got the fire going and the lights on, 'cause if you<br />

get there Friday night and you don’t know what to do, in the dark it’s not<br />

easy.<br />

Béatrice<br />

No, it’s better to go on Saturday.<br />

David<br />

Saturday morning.<br />

Béatrice<br />

Mmm...<br />

David<br />

Mmm...<br />

Béatrice Good [:]<br />

David<br />

Yeah [:]. It’s worth it [:]. Yeah it’s worth it.<br />

Béatrice<br />

Bien bien...<br />

David<br />

If you got there with a few friends, 'cause I think, I think it’s a flat rate for the<br />

weekend.<br />

Béatrice:<br />

Mmm mmm.<br />

David<br />

A hundred and twenty dollars for the weekend.<br />

Béatrice Not expensive.<br />

(mi-voix)<br />

David<br />

No... there was eight of us this weekend, so it was twenty dollars each for the<br />

weekend plus food. It’s not bad [:] I’ll give you the address.<br />

Béatrice<br />

Yeah. Thank you. Pleasure.<br />

David You’d like it. [You’d enjoy it.<br />

Béatrice<br />

[If we have time to go there (petit rire)<br />

David That’s right.<br />

(s’éloignant)<br />

Transcription 2<br />

Lundi matin. Béatrice regarde David (australien mais “se débrouille bien” en français).<br />

Béatrice<br />

Tu as trop bu samedi soir?<br />

David<br />

Oui.<br />

Béatrice A cause <strong>du</strong> mariage de X?<br />

David<br />

Si.<br />

Béatrice<br />

Est-ce que c’était bien?<br />

David<br />

Le mariage?<br />

Béatrice<br />

Oui.<br />

David<br />

Superbe!<br />

Béatrice<br />

Good atmosphere?<br />

David<br />

Mmm mmm, 'twas at the Melbourne Club, au centre ville.<br />

Béatrice<br />

It was a dinner, or...?<br />

David<br />

Er... cent... cent quarante personnes, hein!<br />

Béatrice<br />

Cent quarante personnes?<br />

David<br />

A noce, a reception.<br />

Béatrice<br />

Mmm?


- 26 -<br />

David<br />

Béatrice<br />

David<br />

Béatrice<br />

David<br />

Béatrice<br />

David<br />

Béatrice<br />

David<br />

Béatrice<br />

A reception.<br />

Oui, une grande réception.<br />

Une graan :de réception, ouais! C’était très bien. Et j’ai... une... une boum,<br />

après la réception, hein.<br />

Mmm, sympa!...<br />

[???] Et hier, c’était le Mother’s Day!<br />

Ah oui! La fête <strong>des</strong> mères, c’était hier... C’est pas le même jour en France.<br />

Non?<br />

C’est dans [:] quinze jours ou quelque chose comme ça.<br />

Ah?<br />

Oui.<br />

David<br />

Mais c’est toujours en[en mai<br />

Béatrice [Donc tu as fait deux fêtes, une fête pour le mariage de<br />

X et une fête pour la fête <strong>des</strong> mères.<br />

David<br />

Et j’ai <strong>du</strong> rester chez X hier soir.<br />

[Je suis très fatigué.<br />

Béatrice<br />

[Parce que tu étais too drunk!<br />

David<br />

Très fatigué... Non, c’était très bon.<br />

Béatrice<br />

Sympa...<br />

David<br />

Mmm... et toi, qu’est-ce que tu as fait?<br />

Béatrice<br />

Eh bien, euh... Vendredi nous sommes allés à l’Opéra.<br />

David<br />

Le... Carmen?<br />

Béatrice<br />

Non non, pas Carmen. [:] Lucia de Lameermoor.<br />

David<br />

Lucia de Pavarotti!<br />

Béatrice<br />

Petit rire. Pas avec Pavarotti! Et samedi, nous avons eu une amie à dîner et<br />

nous sommes allés au cinéma.<br />

David<br />

Ah oui?<br />

Béatrice<br />

Voir un film horrible!<br />

David<br />

Quoi?<br />

Béatrice<br />

“Vanishing”.<br />

David<br />

Comment?<br />

Béatrice “Vanishing” [:]<br />

David<br />

Vanishing?<br />

Béatrice<br />

Mmm.<br />

David<br />

C’est américain?<br />

Béatrice<br />

Non, c’est franco-hollandais avec euh…Tiens! Monsieur [Allan.<br />

Allan [???] Béatrice!<br />

Béatrice<br />

How are you?<br />

Allan<br />

Hein?<br />

Béatrice<br />

How was your weekend?<br />

Allan<br />

Great...<br />

Béatrice<br />

The wedding?<br />

Allan A lot of fun [:]<br />

Béatrice<br />

Nice... cocktail? It was a [cocktail, a lunch?<br />

Allan [No. No, it was lunch.<br />

Béatrice<br />

Yeah.<br />

Allan<br />

But it didn’t finish until nine...<br />

Béatrice Great. [David too had a ... had a wedding<br />

Allan [[???]


- 27 -<br />

David<br />

Béatrice<br />

David<br />

Béatrice<br />

David<br />

Béatrice<br />

David<br />

(s’éloigne)<br />

Béatrice<br />

Mmm. It’s been a time for marriages.<br />

[May... May is a good month.<br />

[Anyway. Hein?<br />

May is a good month.<br />

Yeah.<br />

To get married<br />

Bon, à plus tard, hein!<br />

See you!<br />

Transcription 3<br />

Française / Australien (Jack, d'origine irlandaise avait mentionné dans<br />

une conversation précédente qu'il irait au festival annuel de musique<br />

irlandaise à Port Fairy. J'avais indiqué mon intention d'y aller aussi)<br />

Ann<br />

Hello, Jack.<br />

Jack<br />

Hi Christine. Hi Ann. Did you get down to Port Fairy?<br />

Christine<br />

Yes I did!<br />

Jack<br />

[Did you?<br />

Christine<br />

[Did you enjoy it?<br />

Jack<br />

Yeah.<br />

Christine<br />

You did too? I... I didn't see you.<br />

Jack and you ?<br />

Christine<br />

Yes, I did. It wasn't as good ... as good as the Irish one.<br />

Jack<br />

Ah no... I think I told you not to expect as good as...<br />

Christine<br />

[Quite as high<br />

Jack<br />

[Nowhere near...<br />

Christine<br />

and<br />

Jack<br />

Did you have tickets by the way?<br />

Christine<br />

Yes, we did. You didn't?<br />

Jack<br />

Nah...<br />

Christine<br />

And the two Irish groups were a bit disappointing, the two visiting ones...<br />

euh... What are they called... Skylark and Barleycorn ... did you see them?<br />

Jack<br />

Nah.<br />

Christine<br />

You didn't.<br />

Jack<br />

[I was in the pubs where...<br />

Christine<br />

[Ah Ah!<br />

Jack<br />

They were to have just just sessions with musicians, they were pretty good.<br />

Christine<br />

I see. They were good.<br />

Jack<br />

The backroom standard was pretty good, but... at least the weather was O.K..<br />

Christine<br />

Yes the weather was...<br />

Jack<br />

/Was better than over here...<br />

Christine<br />

Yes, we had some... some nice walks. Yes, it was<br />

Jack<br />

/It's nice down there, isn't it?<br />

Christine<br />

Mmm, it's lovely. It's really good. Not, that was... the atmosphere's different<br />

too, it's not as... it's not<br />

Jack<br />

/Totally different.<br />

Christine<br />

It's much more... sedate... and organised. But I mean it was good, it was a<br />

great weekend.<br />

Jack<br />

Mmm.


- 28 -<br />

Christine<br />

But<br />

Jack<br />

/No, it's not the same, it's not the same atmosphere at all.<br />

Christine<br />

No, and it's not like listening to... the Bothy Band, or people like that, I<br />

mean...<br />

Jack<br />

No.<br />

Christine<br />

If you've got them on tape, there's just no [comparison.<br />

Jack [Exactly.<br />

Christine<br />

But I suppose it's only to be expected.<br />

Jack<br />

Yeah. Ah... It's a good break...<br />

Christine<br />

Jack<br />

Christine<br />

Jack<br />

Christine<br />

Jack<br />

Christine<br />

Jack<br />

Christine<br />

Jack<br />

Christine<br />

Jack<br />

Christine<br />

Jack<br />

Christine<br />

Jack<br />

Christine<br />

Jack<br />

Christine<br />

Jack<br />

Christine<br />

Jack<br />

Christine<br />

Jack<br />

Christine<br />

Jack<br />

Christine<br />

Transcription 4<br />

Béatrice<br />

Allan<br />

Béatrice<br />

Allan<br />

Béatrice<br />

Allan<br />

Béatrice<br />

It's a good break and it's fun...<br />

Did you camp?<br />

No, we went to a motel. Do you know that one on the... on the channel?<br />

Mmm...?<br />

It's called... Douglas on the River.<br />

No.<br />

It's on that main, that main road.<br />

Yah.<br />

That's along the river.<br />

Yah yah.<br />

Going towards the beach.<br />

Yah?<br />

Well, it's just along there, and it's good, ... it's ... just a motel.<br />

How much did they charge the night?<br />

Forty.<br />

That's not too bad. Given the weekend that was in.<br />

Yeah.<br />

They could have got away with sixty.<br />

Yeah. I think so. They were... quite reasonable, I think. Yes it was fun. So<br />

what did you do?<br />

I stayed with some friends of mine in Warranambool.<br />

Mmm mmm.<br />

Which I was in and out.<br />

Mmm mmm.<br />

And... (geste de la main montrant qu'il a beaucoup bu)<br />

(rires).<br />

I'd better go... I'll see you.<br />

See you!<br />

How was your week-end?<br />

'Twas good, nice and quiet. In fact, I did nothing. We went to a party last<br />

night, did nothing Friday night, all day Saturday, spent most of the day in bed,<br />

watched telly, Saturday night, nothing yesterday, then we went to a party last<br />

night, which I could have done without. We went to a party lecture.<br />

Did you see the Hitchcock film on Saturday?<br />

Yeah.<br />

It was great?<br />

Yeah, euh...<br />

What was the title of that?


- 29 -<br />

Allan<br />

Rope<br />

Béatrice Rope? [:]<br />

Allan<br />

It was about how two Uni students strangle a friend of theirs, it was a thrill<br />

kill.<br />

Béatrice<br />

Mmm... quite good.<br />

Allan<br />

And then after that was [:] euh, Neil, Neil Gibb or somebody or other, euh,<br />

with Joan Crawford, Do you know Joan Crawford?<br />

Béatrice<br />

Yeah. Did you see it?<br />

Allan<br />

Most of it, yeah.<br />

Béatrice<br />

Allan<br />

Béatrice<br />

Allan<br />

And after that, you feel asleep (elle rit).<br />

I, I went to bed and Jane stayed up and watched the end of that.<br />

Good, it was quiet weekend.<br />

Mmm.<br />

5- La politesse linguistique<br />

Document 1<br />

Identifiez laquelle ou lesquelles (si plusieurs sont combinées) <strong>des</strong> 5 gran<strong>des</strong> stratégies de<br />

politesse est/sont utilisée/s dans chacune <strong>des</strong> situations suivantes et indiquez quels aspects<br />

sont <strong>des</strong>tinés à ménager les faces de l’émetteur et <strong>du</strong> <strong>des</strong>tinataire :<br />

1- « Excusez-moi de vous avoir fait attendre, je suis tombé dans un<br />

embouteillage. »<br />

2- « Fiche-moi la paix !<br />

3- « Chéri ! La poubelle est pleine… »<br />

4- Quelqu’un qui rend visite à un ami au sixième étage sans ascenseur : « Disdonc,<br />

c’est haut, chez toi ! Tu dois être vachement en forme ! »<br />

5- Quelqu’un qui reçoit un cadeau :<br />

« Oh merci ! Comment tu as deviné que j’adore les orchidées ? »<br />

6- « Il faut absolument que ce document parte aujourd’hui »<br />

7- « Si on emmenait un pique-nique ? »<br />

8- « Quelqu’un a fini les chocolats… »<br />

9- Le concierge, à qui on vient de donner <strong>des</strong> étrennes « Oh ! Il fallait pas,<br />

Monsieur Durand… »<br />

10- Vous voulez emprunter de l’argent : « je suis un peu juste ce mois-ci… »


- 30 -<br />

Document 2<br />

Relevez toutes les manifestations de politesse dans l’interaction suivante et expliquez-les dans<br />

les termes de la théorie de la politesse de Brown et Levinson :<br />

1 B- madame …<br />

2 C- une baguette s'il vous plaît<br />

3 B- les baguettes elles sont au four y en a pour cinq p'tites minutes y en a pas pour<br />

longtemps hein i manque un tout p'tit peu d'cuisson simplement<br />

4 C- oui ben j'vais déjà vous la payer<br />

5 B- alors quat'quatre-vingt s'il vous plaît<br />

6 C- deux trois quatre ça doit être ça<br />

7 B- merci (5 sec) si vous voulez vous asseoir deux p'tites minutes<br />

8 C- oui : oh ben c'est bon vous inquiétez pas j’suis restée assise toute la matinée<br />

9 B- (rires) (attente de la baguette : 3 minutes, la boulangère vaque à ses occupations, la<br />

cliente attend patiemment) Jean-Louis c'est bon la baguette ?<br />

10 J.L-ah attends je regarde (il ouvre le four) euh : ouais c'est bon<br />

11 B- alors i m'en faut une s'te plaît<br />

12 J.L-voilà bien chaude (sachet)<br />

13 C- ah ben c'est super<br />

14 B- (à J-L) merci (à C) oui attention d'pas vous brûler<br />

15 C- oui oui allez merci au r'voir<br />

16 C- merci madame au r'voir et excusez-nous pour l'attente<br />

17 C- oh c’est rien au r’voir<br />

6- Parole et gestualité<br />

Document 1<br />

Le Monde<br />

12/05/2002<br />

Raphaëlle Bacqué<br />

Chirac ou la construction d'une image<br />

La campagne présidentielle 2002 a marqué le triomphe de la<br />

communication politique. Chirac a parfait une image bâtie depuis 1988. Le<br />

Pen a soigné les apparences<br />

Pour faire de la politique, il faut avoir une bonne gueule" , dit souvent Jacques<br />

Chirac. Il explique cela sans rire, en professionnel de la politique qui sait que le<br />

charisme d'un homme peut valoir presque autant qu'un parti fort, <strong>des</strong> moyens<br />

financiers substantiels, <strong>des</strong> alliés soli<strong>des</strong>. Il surveille donc de très près son<br />

apparence. Seuls les grands acteurs savent ce que cela suppose de travail<br />

minutieux et de contrôle de soi. Et Chirac est sans doute l'un de ceux qui s'y sont<br />

le mieux appliqués.<br />

En dix ans, il a d'abord transformé sa gestuelle. Il a pris soin de ne plus battre<br />

frénétiquement <strong>du</strong> pied sous la table. Il a appris à poser les mains à plat, de<br />

chaque côté de son dossier. Il sait paraître attentif à ses interlocuteurs, relancer<br />

la discussion d'un détail, en notant avec sérieux un mot sur une fiche. Quand il


- 31 -<br />

marche sous l'œil <strong>des</strong> caméras, il garde une main dans la poche de son pantalon,<br />

pour la décontraction de l'allure. Il a été si longtemps catalogué parmi les<br />

"agités", si souvent critiqué pour son abord brutal -"c'est une école, je le sais, de<br />

parler comme on tape à la machine", jugeait avec ironie François Mitterrand -<br />

qu'il faut souligner l'ampleur de l'effort fourni pour paraître apaisé. Mais ce<br />

travail sur son apparence était une question de survie politique. Il lui a permis de<br />

quitter l'enveloppe inquiétante <strong>du</strong> Chirac "excité", "inconséquent", "survolté"<br />

dont il a longtemps été affublé, pour celle de responsable rassurant et proche<br />

<strong>des</strong> gens, qui a fini par faire sa fortune électorale.<br />

Claude Chirac n'est évidemment pas pour rien dans cette reconstruction de<br />

l'image de son père. C'est elle qui a convaincu Chirac de s'atteler à cette tâche.<br />

C'est elle qui a établi les qualités à exploiter et les défauts à gommer. Les rivaux<br />

de Jacques Chirac ont pu moquer cette obsession de la communication. Ils ont<br />

bien dû reconnaître son efficacité.<br />

Le physique de Chirac a cependant été la première pierre sur laquelle édifier une<br />

image. L'homme est grand, il porte beau. Pendant <strong>des</strong> années, sa résistance et<br />

son énergie ont été son plus formidable outil de campagne. Restait à transformer<br />

cet atout en "force tranquille", cette belle qualité présidentielle que Claude Chirac<br />

a toujours rêvé d'emprunter à François Mitterrand. Les détails vestimentaires ont<br />

donc été soignés. Fin <strong>des</strong> lunettes à grosses montures noires et <strong>des</strong> trois pièces<br />

à fines rayures version grand patron, "trop typique de la vieille droite", a tranché<br />

Claude. Arrivée <strong>des</strong> costumes souples taillés à l'américaine. On aurait tort de<br />

renvoyer cela au rayon <strong>des</strong> accessoires. Aux pires moments qui suivirent la<br />

dissolution, en 1997, le physique de Jacques Chirac est resté son seul allié. Dans<br />

les enquêtes qualitatives réalisées par l'Elysée, le panel <strong>des</strong> Français interrogés<br />

avaient beau dire : "Il a trahi ses électeurs", "Il a fait perdre son camp", "Mais<br />

pourquoi a-t-il voulu dissoudre ?", un élément positif est toujours ressorti : "Il<br />

présente bien, tout de même" et, même lorsqu'il paraissait devenu politiquement<br />

impuissant : "Il est grand."<br />

Jamais, d'ailleurs, les conseillers <strong>du</strong> président n'ont négligé cet aspect-là. Très<br />

vite, ils ont compris que l'âge de Jacques Chirac - 69 ans en 2002 - pourrait être<br />

un handicap, quand, un peu partout en Europe, les dirigeants ont moins de 50<br />

ans. Chirac s'est donc appliqué à lutter contre les effets <strong>du</strong> vieillissement.<br />

Teinture subtile <strong>des</strong> cheveux, UV pour paraître constamment hâlé, parka et<br />

écharpe pour rajeunir l'allure. Chirac n'a eu qu'à s'en féliciter. Lorsque, le 10<br />

mars 2002, la presse a rapporté que Lionel Jospin jugeait le chef de l'Etat<br />

"vieilli", "usé", "fatigué", les conseillers de l'Elysée ont aussitôt constaté, dans les<br />

sondages et parmi les supporteurs <strong>du</strong> président, que ce n'était pas tout à fait<br />

conforme à la perception <strong>des</strong> Français.<br />

Mais ce travail sur son physique est presque la seule "actualisation" d'une<br />

entreprise de communication amorcée quinze années auparavant. Car c'est au<br />

lendemain de sa défaite de 1988 que Jacques Chirac a intégré qu'il lui faudrait se<br />

construire très professionnellement une image de président s'il voulait avoir une<br />

chance de le devenir vraiment. François Mitterrand, qui paraît alors en maîtriser<br />

tous les secrets, l'a sévèrement battu. Il dispose <strong>des</strong> moyens financiers de<br />

l'Elysée et d'une formidable équipe de communicants où dominent les figures<br />

étonnantes de Gérard Colé et Jacques Pilhan. A la télévision, il paraît crever<br />

l'écran. A plus de 70 ans, il semble plus "moderne" que son rival RPR. Face à lui,<br />

Chirac a parfois l'air d'un enfant.<br />

Sa fille Claude, alors âgée de 25 ans, vient d'entrer discrètement dans son<br />

cabinet, à l'Hôtel de Ville de Paris. Elle s'est longtemps cherchée mais, après<br />

quelques mois de stages auprès <strong>du</strong> publicitaire Jean-Michel Goudard (l'un <strong>des</strong>


- 32 -<br />

fondateurs d'Euro-RSCG), elle paraît avoir trouvé sa voie. En 1984, Goudard l'a<br />

emmenée assister à la convention républicaine qui donne sa seconde investiture<br />

à Ronald Reagan. Elle y a rencontré deux hommes, Roger Ailes et Jon Kraushar,<br />

les deux conseillers en communication qui ont fait Nixon et conseillent l'ancien<br />

acteur devenu président <strong>des</strong> Etats-Unis. A partir de 1988, alors qu'ils travaillent<br />

avec George Bush père, Jacques Chirac décide de se payer leurs services.<br />

Régulièrement, pendant près de cinq ans, Chirac part donc en Concorde, en<br />

compagnie de sa fille et d'un garde <strong>du</strong> corps, les rencontrer discrètement, à New<br />

York.<br />

Il ne s'agit pas seulement, pour lui, de maîtriser les techniques de l'interview<br />

télévisée, qu'il déteste -"Je n'ai jamais pu parler à une lentille", s'excuse-t-il alors<br />

souvent -, mais de bâtir une stratégie de communication plus globale. "Les<br />

gagnants sont ceux qui rassemblent <strong>des</strong> informations sur le terrain, observent,<br />

questionnent et pratiquent toutes sortes de recherches", affirment Ailes et<br />

Kraushar dans leur livre You are the message (Ed. DoubleDay. 1989). Claude<br />

Chirac va donc imaginer une manière de faire campagne avant la campagne.<br />

Car, a-t-elle bien compris, "une image ne se façonne pas en trois mois sur le<br />

terrain".<br />

Une fois toutes les trois semaines, l'équipe de la Mairie de Paris organise donc<br />

pour Jacques Chirac une visite en province. La visite <strong>du</strong>re deux jours, avec une<br />

nuit sur place. Chirac rencontre, au cours de "séances de travail", <strong>des</strong> chefs<br />

d'entreprise, <strong>des</strong> présidents d'association, <strong>des</strong> travailleurs sociaux, bref <strong>des</strong><br />

"agents d'influence", qui seront autant de témoins de l'attention que Jacques<br />

Chirac porte aux Français. Les militants RPR sont priés de ne le voir que<br />

discrètement, en fin d'après-midi. Enfin, on soigne tout particulièrement la<br />

presse régionale.<br />

Une fois devenu président, Jacques Chirac a à peine sophistiqué sa manière de<br />

faire. Claude a tout de même fait acheter un prompteur, <strong>du</strong> même modèle que<br />

celui qu'utilisait Ronald Reagan, qui permet enfin à son père de sortir<br />

physiquement de ses discours sur lesquels il gardait les yeux braqués. Il a aussi<br />

poursuivi ses voyages en province, dans le même but : prouver que le pouvoir,<br />

même suprême, n'isole pas et s'imprégner de cet air <strong>du</strong> temps si important<br />

lorsqu'on veut communiquer. Cela ne le sauvera pas toujours <strong>des</strong> erreurs de<br />

jugement politiques. En 1997, il décide ainsi de la dissolution sur la seule foi de<br />

quelques sondages <strong>des</strong> renseignements généraux quand un regard attentif sur<br />

les mouvements de protestation aurait pu le convaincre de l'aspect hasardeux de<br />

l'entreprise. Mais cela lui a permis de se maintenir à flot. Même lorsque la<br />

cohabitation lui enlevait tous ses pouvoirs. Même lorsque les scandales politicofinanciers<br />

menaçaient d'écorner son image.<br />

Jamais, d'ailleurs, Jacques Chirac n'a per<strong>du</strong> le seul vrai capital engrangé pendant<br />

toutes ces années de travail sur lui-même : sa popularité. C'est cette image<br />

d'homme "sympathique" et "proche <strong>des</strong> gens" qui lui a permis de se maintenir.<br />

C'est à partir d'elle qu'il a repris pied, face à un Lionel Jospin qui possédait les<br />

qualités et les défauts inverses aux siens : le sérieux et l'intégrité politique, mais<br />

une certaine rigidité. Cela n'a pas forcément étoffé son bilan politique. Mais cela<br />

a assurément permis de rendre possible sa réélection.<br />

Bibliographie<br />

La photographie <strong>du</strong> président, de Viviane Esders, éd. Hazan, 212 p., 200 ill., 40<br />

€, 2002.<br />

Chirac, le démon <strong>du</strong> pouvoir, de Raphaëlle Bacqué, éd. Albin Michel, 302 p.,<br />

18,90 €, 2002


- 33 -<br />

Présidentielles, les surprises de l'histoire 1965-1995, d'Olivier Duhamel et Jean-<br />

Noël Jeanneney, Le Seuil, 19 €, 2002. Ce livre est issu <strong>du</strong> documentaire <strong>du</strong><br />

même titre, réalisé par Virginie Linhart, diffusé sur France 2 le 4 février.<br />

Télévision, politique et élections, étude dirigée par Roland Cayrol et Arnaud<br />

Mercier, les dossiers de l'audiovisuel-INA, 10,60 €, 2002.<br />

Le Conseiller <strong>du</strong> Prince, de Gérard Colé, éd. MichelLafon, 1999.<br />

Le Vertige <strong>des</strong> urnes, de Jacques Séguéla, Flammarion, 2000.<br />

La Parole de Dieu,de Jacques Séguéla, éd. Albin Michel, 1995.<br />

L'écriture médiatique, entretien avec Jacques Pilhan, revue Le Débat, n°<br />

87.Novembre-décembre 1995.<br />

L'Œil naïf, de Régis Debray, éd. <strong>du</strong> Seuil. 1994.<br />

Haute fidélité, pouvoir et télévision 1935-1994, de Jérôme Bourdon, Le Seuil,<br />

1994.<br />

Histoire de la télévision sous de Gaulle, de Jérôme Bourdon, Anthropos-INA,<br />

1990.<br />

La politique à l'affiche, affiches électorales et publicité politique, 1965-1986, de<br />

Jean-Marc Benoit, Philippe Benoit et Jean-Marc Lech. Préface de René Rémond,<br />

éd. <strong>du</strong> May, 1986.<br />

Politique-sé<strong>du</strong>ction, de Thierry Saussez, éd. Lattès. 1986.<br />

Splendeurs et misères de la politique, de Michel Bongrand, éd. Larousse. 1986


- 34 -<br />

Document 2<br />

LE SOURIRE<br />

Comparaison Français/Américains<br />

Extrait de : « Culture Shock ! France » - S. Taylor (1990)<br />

« The smile : if you are American, this is going to be your single biggest non-verbal<br />

miscommunication when in France. The tendancy of Americans is to smile all the time, to<br />

appear friendly and reasonable. The French do not trust a smile. If they can see no apparent<br />

reason for it, it smacks of hypocrisy, a very unpleasant thing to a French person. English and<br />

Asian readers will understand this reticence about smiling quite easily.<br />

I am a Californian. I smile automatically. I look better when I smile and I feel better. But in<br />

France I constantly remind myself to wipe that smile off my face as I walk down the street<br />

just happy to be in Paris. It gives the wrong message. It makes people nervous, if I do. Am I<br />

an idiot, they wonder ? Am I laughing at their expense ?<br />

While I love France and I love being there, I know that a constant smile on my face will not<br />

convey my appreciation. Don’t get me wrong — you can smile a lot when in France. But not<br />

until you break that public shield and get involved with someone specific for a specific<br />

reason.<br />

You don’t smile at a stranger on the street and say « hello » just to be friendly. […]<br />

This is not to say the French do not smile or that smiles aren’t important. The French love to<br />

smile, and do so very quicly, as soon as a reason to do so has been established. »<br />

Extrait de : « Les Français aussi ont un accent » - J-B Nadeau (2002)<br />

Extrait <strong>du</strong> chapitre « La France, mode d’emploi ». J-B Nadeau est un journaliste Québécois.<br />

« 1- Ne souriez que si on vous le demande. En France, quelqu’un qui sourit sans raison au<br />

premier abord est une pute, un hypocrite, un idiot, un colporteur ou un Américain, ce qui n’est<br />

guère mieux. »<br />

Extraits de : « French or Foe ? » - Polly Platt (1994)<br />

« Philippe Labro, a well known French journalist and television figure, had a hard time<br />

learning the local rules <strong>du</strong>ring a summer worrkshop at the University of Virginia. In his book<br />

l’Etudiant Etranger, he tells of being summoned before the Student Council and reprimanded<br />

for not saying « Hi » as he passed by other students on campus. Summoned a second time, he<br />

said plaintively, « What’s the trouble now ? I always say « Hi » when I run into people —<br />

strangers ! — crossing the campus ! » « Yes » sais the Chairman, « but you don’t smile when<br />

you say it. »<br />

« For strangers to smile at each other in Paris, there has to be some kind of incident involving<br />

them both, and not just stumbling into smeone’s stare.Smiles usually come up if you<br />

bumpinto each other by mistake (…) The key is that the face changes. »


- 35 -<br />

« ‘Smile ! Look cheerful when you go out in public !’ says the American mother to her<br />

toddler. So we grow up into automatic smilers. Our politicians have to be able to grin. Our<br />

Presidents usually have the crowning grin of all – except Nixon. And look what happened to<br />

him. Roosevelt, Truman, Eisenhower, Kennedy, Certer, Reagan, Bush and Clinton – great<br />

grinners all.<br />

Not French politicians. François Mitterand won two presidential elections looking remote and<br />

grim. Talk about a mine d’enterrement ! When I came across a news photo of him grining – in<br />

Texas, sitting next to President Bush at the theatre – I showed it to a seminar of French<br />

managers going to the U.S and, for a gag, asked them who it was. They didn’t recognize<br />

him. »<br />

« ‘You Americans have banalized the smile’ he (a young French diplomat) says. ‘Americans<br />

smile all the time, always the same. For us there must be a reason. There is a different smile<br />

for a friend, for a joke, for a child, for love. For good luck – and for bad luck. And in<br />

between, no smiles.’<br />

He pauses a moment. ‘When I am intro<strong>du</strong>ced to another man, if he smiles, then I think he is<br />

one of three things : he is making fun of me, he is hypocritical or he’s very stupid.’ Then he<br />

adds, ‘if it’s a woman I’m meeting for the first time and she smiles at me, there’s a fourth<br />

possibility – she wants to flirt.’ »<br />

« I mentioned the smile factor to the group of French managers being relocated to the U.S. I<br />

added that they really must make an effort to smile on meeting people over there. Their faces<br />

took on expressions of utmost gloom.<br />

‘That is impossible’ said Marc Toussaint, a handsome 45-Tear-old engineer who was going to<br />

head a General Motors plant in Ohio. ‘I cannot do that’.<br />

‘Why not ? I asked. You laugh at my jokes here, you have a wonderful smile.’<br />

‘But that is different. To smile at someone I do not know, when I am intro<strong>du</strong>ced, that would<br />

be…’ he hesitated. ‘That would be what ?’ I encouraged him. ‘Ah, that would be<br />

hypocritical.’ »<br />

« Nicolas Bussière, the young boss of Desgrandchamps, a printing plant in Paris, came back<br />

from two years in America full of smiles for his staff and workers. He soon heard that they<br />

were concerned for his mental health, pointing to their temples a spiraling forefinger. ‘They<br />

thought I’d gone nuts over there’ he said. ‘So I had to stop.’ »<br />

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