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Les espèces marines animales et végétales dans le bassin Artois ...

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Le terme « invasive » est utilisé <strong>dans</strong> <strong>le</strong> cas où une espèce<br />

introduite prolifère <strong>dans</strong> <strong>le</strong> milieu, perturbe <strong>le</strong> fonctionnement des<br />

écosystèmes, entraîne la disparition d’autres espèces <strong>et</strong> présente en<br />

général un impact économique sérieux. Ces espèces invasives sont<br />

caractérisées par une grande amplitude écologique, une large aire de<br />

répartition géographique, une grande tolérance vis-à-vis des facteurs<br />

environnementaux limitant pour <strong>le</strong>s espèces indigènes, un taux de<br />

reproduction é<strong>le</strong>vé <strong>et</strong> une efficacité de l’exploitation des ressources<br />

trophiques. Par exemp<strong>le</strong> la crépidu<strong>le</strong>, Crepidula fornicata, doit <strong>le</strong><br />

succès de son implantation au manque de prédateurs <strong>et</strong> à son cyc<strong>le</strong> de<br />

vie original. C<strong>et</strong>te espèce est hermaphrodite protandre : <strong>le</strong>s individus<br />

naissent mâ<strong>le</strong>s <strong>et</strong> changent de sexe en vieillissant. Son mode de vie en<br />

colonies d’individus superposés de tail<strong>le</strong> de plus en plus p<strong>et</strong>ite, donc<br />

avec des animaux de sexe différents sur la même colonie rend <strong>le</strong>ur<br />

reproduction terrib<strong>le</strong>ment efficace.<br />

Le terme « d’espèce cryptogénique » peut être rencontré, pour<br />

qualifier une espèce introduite. Il s'agit d'une espèce dont l’origine est<br />

inconnue comme <strong>le</strong> mollusque bivalve Teredo navalis.<br />

La règ<strong>le</strong> de Williamson<br />

Williamson (1996) a élaboré une règ<strong>le</strong>, dite des 3 x 10,<br />

perm<strong>et</strong>tant d’estimer la proportion d’espèces importées <strong>dans</strong> un<br />

territoire <strong>et</strong> susceptib<strong>le</strong>s de devenir invasives :<br />

Figure 3 : Règ<strong>le</strong> des 3×10. D’après Williamson, 1996.<br />

D’après c<strong>et</strong> auteur, 10% des espèces introduites réussissent à<br />

s’instal<strong>le</strong>r ; parmi el<strong>le</strong>s, seu<strong>le</strong>s 10% sont capab<strong>le</strong>s de coloniser de<br />

nouveaux milieux <strong>et</strong> de s’y établir définitivement <strong>et</strong> enfin, parmi ces<br />

dernières, 10% seraient susceptib<strong>le</strong>s de provoquer des dégâts<br />

écologiques <strong>et</strong> économiques. El<strong>le</strong> peut être applicab<strong>le</strong> pour <strong>le</strong>s<br />

écosystèmes aquatiques <strong>et</strong> terrestres.<br />

<strong>Les</strong> différents vecteurs d’introduction<br />

<strong>Les</strong> modes d’introduction des espèces <strong>marines</strong> sont très variés :<br />

La navigation<br />

C’est l’un des principaux vecteurs d’introductions involontaires.<br />

Cela comprend <strong>le</strong>s salissures <strong>marines</strong> (appelées aussi « fouling » <strong>et</strong><br />

« clinging ») sur <strong>le</strong>s coques, l’eau <strong>et</strong> <strong>le</strong> sédiment contenu <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s<br />

ballasts. On estime que plusieurs millions d’espèces sont<br />

transportées autour du monde par <strong>le</strong>s navires chaque jour. <strong>Les</strong><br />

introductions par ce vecteur sont en augmentation depuis <strong>le</strong> début<br />

des années 1950 (Gollasch & Leppäkoski, 1999). Cela peut s’expliquer<br />

par une augmentation des activités maritimes (accroissement du<br />

nombre de bateaux <strong>et</strong> des échanges maritimes) alliée à l’amélioration<br />

technologique qui rend <strong>le</strong>s navires plus rapides, qui augmente la<br />

possibilité de survie des organismes à l’issue du transport.<br />

L’augmentation du nombre de bateaux venant <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s ports cause<br />

de multip<strong>le</strong>s introductions, ce qui augmente la probabilité de<br />

l’établissement d’une espèce non indigène. L’augmentation du<br />

commerce par bateau, entraîne éga<strong>le</strong>ment la construction de<br />

nouveaux ports offrant des sites d’introduction supplémentaires.<br />

<strong>Les</strong> eaux de ballast<br />

Il est quasiment certain que <strong>le</strong> crabe chinois, Eriocheir sinensis (cf.<br />

p 71), est arrivé de Chine à l’état de larves ou de juvéni<strong>le</strong>s <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s<br />

eaux de ballast de navires. <strong>Les</strong> larves du couteau américain, Ensis<br />

directus, sont arrivées en Europe du Nord de la même façon.<br />

Une étude réalisée sur <strong>le</strong>s eaux de ballast par Gollasch en 1996<br />

montre que plus de 60% des 404 espèces rencontrées étaient non<br />

indigènes des eaux al<strong>le</strong>mandes de la mer du Nord <strong>et</strong> de la mer<br />

Baltique.<br />

La quantité d’organismes marins transportée <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s eaux de<br />

ballast semb<strong>le</strong> augmenter. La multiplication des blooms<br />

phytoplanctoniques <strong>dans</strong> <strong>le</strong> monde entier pourrait en être la<br />

conséquence directe.<br />

<strong>Les</strong> sédiments <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s réservoirs des ballasts<br />

<strong>Les</strong> sédiments pré<strong>le</strong>vés avec l’eau de ballast constituent une<br />

source d’introduction d’espèces. La quantité de sédiment transportée<br />

par <strong>le</strong>s navires peut être très importante <strong>et</strong> suffisante pour perm<strong>et</strong>tre<br />

la survie des espèces de l’endofaune, des formes enkystées d’espèces<br />

pélagiques <strong>et</strong> des spores de macroalgues en dormance.<br />

<strong>Les</strong> salissures <strong>marines</strong> des coques (fouling, clinging)<br />

<strong>Les</strong> coques des navires sont aussi d’excel<strong>le</strong>nts vecteurs<br />

d’introduction d’espèces. <strong>Les</strong> espèces transportées peuvent être<br />

sessi<strong>le</strong>s (fixées), on par<strong>le</strong> alors de « fouling » ou bien vagi<strong>le</strong>s<br />

(mobi<strong>le</strong>s), on par<strong>le</strong> alors de « clinging ». Le cirripède Elminius<br />

modestus (cf. p 50) a sans doute été introduit lors de la seconde<br />

guerre mondia<strong>le</strong> de c<strong>et</strong>te façon, tout comme l’annélide Ficopomatus<br />

enigmaticus (cf.p 38).<br />

L’aquaculture<br />

L’aquaculture est un vecteur d’introduction important :<br />

• L’introduction volontaire par échanges entre <strong>bassin</strong>s<br />

conchylico<strong>le</strong>s à l’échel<strong>le</strong> mondia<strong>le</strong> : l’huître japonaise<br />

Crassostrea gigas a été introduite en France à partir de 1966<br />

pour compenser la baisse de productivité de l’huître portugaise<br />

C. angulata, puis pour la remplacer quand c<strong>et</strong>te dernière a été<br />

décimée par l’iridiovirus. De même, Mercenaria mercenaria (cf.<br />

p 97) a été volontairement introduite à la fin du 19 ème sièc<strong>le</strong> en<br />

Br<strong>et</strong>agne <strong>et</strong> en Vendée. Maintenant, el<strong>le</strong> fait l’obj<strong>et</strong> d’une<br />

pêche saisonnière intensive mais contrôlée.<br />

• L'introduction accidentel<strong>le</strong> d'espèces accompagnatrices tel<strong>le</strong>s<br />

que des épibiontes / endobiontes, des parasites ou encore des<br />

vecteurs de certaines maladies. Le gastéropode Crepidula<br />

fornicata a été introduit depuis la côte atlantique des Etats-<br />

Unis avec l’huître Crassostrea virginica. De nombreuses algues<br />

comme Sargassum muticum, Undaria pinnatifida (cf. p 18 &<br />

19)… ont été introduites de la même façon.<br />

L’aquariologie<br />

Ce vecteur est très important ; <strong>le</strong> cas de l’algue verte Cau<strong>le</strong>rpa<br />

taxifolia en Méditerranée l’illustre très bien. C<strong>et</strong>te espèce fut<br />

relâchée accidentel<strong>le</strong>ment à l’état de spores par l’aquarium de<br />

Monaco où el<strong>le</strong> était cultivée. Repérée en 1984 en face du Musée<br />

Océanographique de Monaco, el<strong>le</strong> occupait à l’époque 1 m². En 2004,<br />

el<strong>le</strong> occupait 5 000 ha, <strong>le</strong> long des côtes de la France, de l’Italie, de la<br />

Croatie, de l’Espagne, des Baléares <strong>et</strong> de la Tunisie jusqu’à 100 m de<br />

profondeur. De façon inexpliquée, el<strong>le</strong> a disparue sur 80% des<br />

surfaces qu’el<strong>le</strong> colonisait. El<strong>le</strong> est aujourd’hui en forte regression. De<br />

nombreuses espèces de poissons se sont répandues éga<strong>le</strong>ment de<br />

c<strong>et</strong>te façon.<br />

Autres vecteurs d’introduction possib<strong>le</strong>s<br />

On peut éga<strong>le</strong>ment citer d’autres formes d’introduction :<br />

• Le percement de canaux : par exemp<strong>le</strong> <strong>le</strong> Canal de Suez par<br />

Ferdinand de <strong>Les</strong>seps qui a mis en communication la mer<br />

Rouge <strong>et</strong> la Méditerranée depuis 1869 est responsab<strong>le</strong> de<br />

l’invasion biologique marine la plus massive à l’échel<strong>le</strong><br />

mondia<strong>le</strong>. On désigne sous <strong>le</strong> nom d’ «espèces <strong>le</strong>ssepsiennes»<br />

<strong>le</strong>s espèces venant de la mer Rouge. C’est <strong>le</strong> cas de la grande<br />

crev<strong>et</strong>te, Marsupenaeus japonicus.<br />

• L’usage d’organismes comme appât : l’exemp<strong>le</strong> de Mya arenaria<br />

(cf. p 98) utilisée par <strong>le</strong>s Vikings. L’algue Fucus spiralis qui sert à<br />

embal<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s appâts fût introduite <strong>dans</strong> l’étang de Gruissan <strong>dans</strong><br />

l’Aude.<br />

• La recherche scientifique par des évasions accidentel<strong>le</strong>s ou des<br />

relâchements volontaires après expérimentation : l’algue rouge<br />

Mastocarpus stellatus a ainsi été introduite en Al<strong>le</strong>magne à la<br />

fin des années 70 par un chercheur pour <strong>le</strong>s besoins de ses<br />

recherches.<br />

• Des organismes restant <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s fil<strong>et</strong>s de pêche ou de pièges.<br />

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