Parc Exflora , Antibes (Jardins de France, décembre 2006)
Parc Exflora , Antibes (Jardins de France, décembre 2006)
Parc Exflora , Antibes (Jardins de France, décembre 2006)
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Art <strong>de</strong>s jardins<br />
Jeux <strong>de</strong> lumière<br />
au parc <strong>Exflora</strong> à <strong>Antibes</strong><br />
Texte et photos d’Alain Goudot<br />
Quelques effets ont été obtenus au sein du parc, mais<br />
bien d’autres pourraient l’être encore si l’on tenait<br />
compte <strong>de</strong>s intentions exprimées. Les jardins montreraient<br />
alors tout ce jeu magnifique et constamment renouvelé<br />
<strong>de</strong> la lumière sur les formes et les couleurs.<br />
Le terrain retenu pour ce jardin était assez<br />
peu favorable à sa création : marécageux,<br />
en bas du vallon du Madé et<br />
proche <strong>de</strong> son embouchure, avec un courant<br />
d’air froid <strong>de</strong>scendant continuellement<br />
vers la mer, et son inondation plusieurs semaines<br />
<strong>de</strong> l’année. Quelques cannes <strong>de</strong><br />
Provence, un groupe <strong>de</strong> peupliers plus que<br />
centenaires et proches <strong>de</strong> leur fin, constituaient<br />
l’essentiel <strong>de</strong> la végétation. J’ai proposé<br />
<strong>de</strong> rehausser le terrain <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux à<br />
trois mètres avec les déblais provenant <strong>de</strong>s<br />
chantiers <strong>de</strong> construction, et <strong>de</strong> le recouvrir<br />
avec la terre végétale récupérée sur le site.<br />
Le maître d’ouvrage souhaitait un parc <strong>de</strong><br />
bonne qualité, et tenir un budget définitif<br />
mais convenable, sans autres exigences.<br />
La conception du parc par le paysagiste Alain Goudot s’articulait autour <strong>de</strong> jeux d’ombres et <strong>de</strong> lumières. Un regret cependant pour lui :<br />
il n’a pas pu suivre et assurer l’évolution <strong>de</strong>s végétaux au cours <strong>de</strong>s premières années, constatant la perte <strong>de</strong> certaines notions fortes.<br />
16 • JARDINS DE FRANCE • DÉCEMBRE <strong>2006</strong>
Le parc <strong>Exflora</strong>, inauguré en 1994, s’étend sur 5 ha, à la limite <strong>de</strong> Golfe Juan et d’<strong>Antibes</strong>. Le mail d’accès mène à une terrasse-belvédère, d’où<br />
le visiteur a une vision d’ensemble. Il est ensuite invité à une promena<strong>de</strong> thématique, illustrant les gran<strong>de</strong>s traditions <strong>de</strong> l’art <strong>de</strong>s jardins au sein<br />
du bassin méditerranéen.<br />
Le terrain était donc nu, les contraintes réduites,<br />
et une gran<strong>de</strong> liberté m’était donnée.<br />
C’est une chance rare. J’ai pu choisir<br />
le thème et tenter <strong>de</strong>s expériences végétales<br />
sur ce terrain reconstitué, enfin, gui<strong>de</strong>r<br />
le chantier à ma guise.<br />
Un projet transformé<br />
par le temps<br />
Cet espace est composé <strong>de</strong> quelques réminiscences<br />
<strong>de</strong> promena<strong>de</strong>s au sein <strong>de</strong> jardins<br />
méditerranéens divers. C’était ma formation<br />
<strong>de</strong> paysagiste. Avec <strong>de</strong>s gui<strong>de</strong>s,<br />
j’allai dans les jardins, j’en rapportai <strong>de</strong>s<br />
aquarelles pour en conserver quelques moments.<br />
La peinture et les jardins font bon<br />
ménage, et s’il m’est arrivé <strong>de</strong> présenter<br />
<strong>de</strong>s projets avec <strong>de</strong>s aquarelles, l’étu<strong>de</strong> et<br />
la composition n’en sont pas moins affaires<br />
<strong>de</strong> <strong>de</strong>ssin exclusivement.<br />
En Occi<strong>de</strong>nt, ce sont les lunettes <strong>de</strong> Utens,<br />
commandées par les Médicis, qui éclairent<br />
la composition <strong>de</strong>s jardins. Ensuite, ce<br />
furent les peintres flamands qui révélèrent<br />
le paysage, et ce seront les peintres impressionnistes<br />
qui montreront l’importance<br />
<strong>de</strong> la lumière et <strong>de</strong> ses effets sur les transformations<br />
continuelles <strong>de</strong> la nature. Ils<br />
nous ont appris que l’ombre révèle la lumière.<br />
La composition d’un jardin est une<br />
sorte <strong>de</strong> mise en scène <strong>de</strong> la lumière sur<br />
<strong>de</strong>s sujets choisis, au bénéfice du promeneur,<br />
qui en appréciera les changements<br />
perpétuels avec le temps, l’heure,<br />
les saisons et les années.<br />
Mais le jardin est vivant, il se transforme<br />
sans cesse avec le développement <strong>de</strong> la<br />
végétation, et le travail du paysagiste ne<br />
cesse pas à la fin du chantier. Il doit gui<strong>de</strong>r<br />
et contrôler pendant plusieurs années la<br />
DÉCEMBRE <strong>2006</strong> • JARDINS DE FRANCE • 17
croissance <strong>de</strong>s végétaux pour assurer la<br />
réussite <strong>de</strong> son ouvrage. Pour <strong>Exflora</strong>, il<br />
ne m’a pas été permis <strong>de</strong> poursuivre l’intervention<br />
après la remise du parc à la collectivité.<br />
Aussi, me paraît-il utile <strong>de</strong> montrer<br />
l’importance essentielle <strong>de</strong> la lumière<br />
dans le jardin, et le rôle majeur <strong>de</strong> la<br />
maintenance, en particulier celle <strong>de</strong>s<br />
premières années pour achever la mise<br />
en forme du projet.<br />
Une mise en scène<br />
<strong>de</strong> la lumière<br />
Le terrain était assez peu favorable à la création d’un parc <strong>de</strong> cette importance. Mais Alain<br />
Goudot a pu conduire les transformations nécessaires, et tenter <strong>de</strong>s expériences végétales sur<br />
ce terrain reconstitué.<br />
La lumière joue le rôle principal dans ce<br />
spectacle permanent, car elle transforme<br />
la perception. Les compositions végétales<br />
prennent leur valeur sous la diversité <strong>de</strong><br />
l’éclairage <strong>de</strong>s saisons ou <strong>de</strong>s heures du<br />
jour. À l’ombre, les couleurs chantent,<br />
l’ombre favorise la contemplation, la méditation.<br />
Ainsi le parcours est conçu pour<br />
traverser <strong>de</strong>s espaces ouverts, <strong>de</strong>s espaces<br />
fermés, pour apprécier les moments <strong>de</strong><br />
l’ombre après ceux <strong>de</strong> la lumière.<br />
Alain Goudot et son œuvre<br />
Alain Goudot a effectué <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s d’architecte à l’École <strong>de</strong>s Beaux-Arts, puis <strong>de</strong>vint pensionnaire à la Casa Velasquez <strong>de</strong><br />
Madrid. Il a ouvert en 1976 un atelier du paysage à <strong>Antibes</strong>, qui l’amène <strong>de</strong>puis à intervenir au sein <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s propriétés <strong>de</strong><br />
la Côte d’Azur comme créateur ou rénovateur <strong>de</strong> parcs et jardins.<br />
La peinture, dont il est familier <strong>de</strong>puis son enfance, a toujours accompagné ses travaux. Il est aujourd’hui résolument aquarelliste,<br />
et son œuvre picturale a fait l’objet <strong>de</strong> plusieurs expositions. Alain Goudot a publié une dizaine d’ouvrages, notamment <strong>Jardins</strong><br />
sur la Riviera puis Paris - <strong>Jardins</strong> inattendus, enfin participé à l’illustration <strong>de</strong> divers recueils, notamment Sur l’eau, récit <strong>de</strong> Guy<br />
<strong>de</strong> Maupassant consacré à la Riviera <strong>de</strong> la fin du XIX e siècle – tous trois aux éditions Equinoxe – ouvrages où se conjoignent ses<br />
options <strong>de</strong> peintre <strong>de</strong> paysage et <strong>de</strong> concepteur <strong>de</strong> jardins.<br />
Alain Goudot est notamment l’auteur d’un site féerique sur la Riviera, le parc public <strong>Exflora</strong> à <strong>Antibes</strong>, qui fut conçu dans le cadre<br />
d’une opération d’urbanisme imposant au promoteur la réalisation d’une sphère d’espaces verts.<br />
La remise <strong>de</strong> ces jardins aux bons soins <strong>de</strong> l’autorité locale n’apparut pas <strong>de</strong>voir rencontrer grand enthousiasme <strong>de</strong> sa part. Les<br />
moyens accordés pour l’entretien y sont <strong>de</strong>s plus mo<strong>de</strong>stes, et la gestion du développement <strong>de</strong>s végétaux sur le site est à peu près<br />
nulle ! Cette situation est d’autant plus regrettable qu’il s’agit d’une création sans équivalent au sein <strong>de</strong>s parcs et jardins <strong>de</strong> la<br />
Côte d’Azur.<br />
Le travail paysager repose sur l’anticipation d’un état <strong>de</strong> maturité du site, où, seulement à cet acmé, toutes les composantes <strong>de</strong><br />
l’art <strong>de</strong>s jardins sont à leur place. Dans une contribution qu’il a bien voulu accepter <strong>de</strong> communiquer à <strong>Jardins</strong> <strong>de</strong> <strong>France</strong>, Alain<br />
Goudot traite dans cette perspective <strong>de</strong> l’analyse très fine qui doit être effectuée sur les jeux <strong>de</strong> l’ombre et <strong>de</strong> la lumière. Nous<br />
l’en remercions bien vivement.<br />
Norbert Parguel (section Art <strong>de</strong>s <strong>Jardins</strong>)<br />
18 • JARDINS DE FRANCE • DÉCEMBRE <strong>2006</strong>
Les accès principaux du jardin sont marqués<br />
par <strong>de</strong>s passages d’ombres et <strong>de</strong> lumières.<br />
Provenant <strong>de</strong> la RN7, un premier accès<br />
s’ouvre sur un mail planté <strong>de</strong> tilleuls très<br />
écartés qui <strong>de</strong>vraient former une voûte<br />
complète à l’âge adulte. Si les “tailleurs<br />
d’arbres” le comprennent, on obtiendra un<br />
espace ombragé et reposant, comparable<br />
aux jeux <strong>de</strong> boules traditionnels en Provence.<br />
Le <strong>de</strong>uxième accès, après les grands escaliers<br />
placés dans l’axe du mail principal,<br />
s’effectue à partir d’une placette reconstituée,<br />
comportant une fontaine<br />
moussue au centre et quatre platanes à<br />
chaque coin du carré. L’ombre <strong>de</strong> ces arbres<br />
est ajourée et légère l’été, enfin lumineuse<br />
en hiver lorsque les feuilles sont<br />
tombées et que seul le <strong>de</strong>ssin <strong>de</strong>s branches<br />
s’imprime sur le sol.<br />
Le troisième accès est constitué d’une voûte<br />
métallique couverte d’une vigne. Les ombres<br />
d’été font <strong>de</strong>s taches <strong>de</strong> lumière sur le<br />
visage quand on passe <strong>de</strong>ssous, et les lumières<br />
hivernales projettent les rayures<br />
d’ombre <strong>de</strong> la voûte sur le sol.<br />
Ce sont <strong>de</strong>s plantes persistantes qui ont été<br />
plantées là pour donner l’effet d’une paroi<br />
sombre. Une fenêtre y avait été ménagée à<br />
hauteur <strong>de</strong> l’œil, pour donner une lumière et<br />
une vue dans l’axe principal du jardin jusqu’à<br />
la mer. Cette disposition n’a pas été<br />
respectée par les “tailleurs <strong>de</strong> végétaux”, et<br />
la fenêtre a disparu… Les plantes côté jardin,<br />
exposées au soleil, au départ diverses<br />
et très colorées, sont maintenant uniformes.<br />
Au sein du grand paysage, l’on observe<br />
cet effet dans les Pyrénées : orientée au<br />
nord, la face française est assez abrupte,<br />
et toujours à l’ombre ; vue par beau temps<br />
<strong>de</strong>puis la région du sud-ouest, c’est un mur<br />
noir qui paraît infranchissable.<br />
La roseraie et la gran<strong>de</strong> clôture<br />
La gran<strong>de</strong> pergola ornée d’une roseraie,<br />
longeant l’accès à la mer sur plus <strong>de</strong> 300<br />
mètres, était pourvue en tête <strong>de</strong>s colonnes<br />
<strong>de</strong> rosiers rampants, <strong>de</strong>stinés à couvrir la<br />
résille métallique et ainsi à porter une<br />
ombre permanente sur un mur <strong>de</strong> soutènement<br />
en béton qui n’avait aucun intérêt à<br />
rester en pleine lumière. Les premiers rosiers<br />
n’ont pas tenu et n’ont pas été remplacés,<br />
et le mur malgré sa teinte sombre est tout<br />
décoloré. La discrétion espérée n’est pas<br />
obtenue, ni toutes les nuances <strong>de</strong> blancs,<br />
<strong>de</strong> roses, <strong>de</strong> rouges, d’orange, <strong>de</strong> pourpres<br />
et <strong>de</strong> jaunes, sous l’ombrage <strong>de</strong> cette<br />
pergola.<br />
Le parc se trouve à l’entrée <strong>de</strong> la ville, le<br />
long <strong>de</strong> la célèbre RN7. Pour marquer cet<br />
accès et fermer le site, il fut prévu <strong>de</strong> disposer<br />
une longue haie <strong>de</strong> telle manière<br />
qu’elle incite les usagers à pénétrer dans la<br />
cité. Cette clôture est constituée d’une<br />
sorte <strong>de</strong> cage d’un mètre d’épaisseur, <strong>de</strong>stinée<br />
à recevoir une série <strong>de</strong> plantes <strong>de</strong> formes<br />
et <strong>de</strong> couleurs diverses. Une face <strong>de</strong><br />
cette haie, côté ville, est exposée au<br />
nord et, par conséquent, toujours à l’ombre.<br />
Alain Goudot est aquarelliste et l’auteur d’une dizaine d’ouvrages, dans lesquels se joignent ses<br />
options <strong>de</strong> peintre <strong>de</strong> paysage et <strong>de</strong> concepteur <strong>de</strong> jardins.<br />
DÉCEMBRE <strong>2006</strong> • JARDINS DE FRANCE • 19
Présentation du site <strong>Exflora</strong><br />
Ce parc <strong>de</strong> cinq hectares est situé entre la RN 7 et la mer, à la jonction <strong>de</strong>s agglomérations <strong>de</strong> Golfe Juan et d’<strong>Antibes</strong>. Il fut<br />
inauguré en 1994.<br />
L’accès s’effectue par un mail monumental aménagé au sein <strong>de</strong>s immeubles rési<strong>de</strong>ntiels et agrémenté <strong>de</strong> bassins et fontaines. Il<br />
mène à une terrasse-belvédère offrant une vision d’ensemble du parc. Le visiteur est dès lors invité à une promena<strong>de</strong> thématique<br />
illustrant les gran<strong>de</strong>s traditions <strong>de</strong> l’art <strong>de</strong>s jardins au sein du bassin méditerranéen.<br />
Une immense pergola qui supportait initialement toutes les variétés <strong>de</strong> la rose d’<strong>Antibes</strong> longe le parc au nord, alors que la limite<br />
sud est portée par une voie romaine reconstituée – dalles <strong>de</strong> pierre posées en opus romanum <strong>de</strong> 3,11m – conduisant à un<br />
nouvel espace <strong>de</strong> distribution <strong>de</strong>s accès extérieurs.<br />
Un circuit d’eau, incluant bassins, casca<strong>de</strong>, puis un étang artificiel avec son îlot, mène à un théâtre <strong>de</strong> verdure toscan en gradins<br />
très doux, avec une colonna<strong>de</strong> en fond <strong>de</strong> scène. Au-<strong>de</strong>là, le visiteur est sollicité soit par un nouveau belvédère ouvrant sur<br />
la mer et les îles <strong>de</strong> Lérins, soit par un labyrinthe constitué d’arbustes taillés à la manière <strong>de</strong>s jardins provençaux.<br />
Un nouvel axe <strong>de</strong> circulation conduit, à travers une orangeraie, vers un ensemble <strong>de</strong> compositions persanes. Des canaux d’irrigation<br />
en terre cuite quadrillent l’espace et établissent une liaison transversale entre un patio mauresque et un kiosque aux tuiles<br />
vernissées en bleu Majorelle (le terme “kiosque” est d’origine persane).<br />
L’on approche ensuite d’une roton<strong>de</strong> circonscrite par <strong>de</strong>s cyprès taillés en arca<strong>de</strong>. Le motif forme un hommage à Ferdinand Bac,<br />
le grand rénovateur <strong>de</strong>s jardins méditerranéens. Joignant l’acte à l’œuvre <strong>de</strong> mémoire, le paysagiste a d’ailleurs réalisé sur le<br />
côté un mail <strong>de</strong> tilleuls introduisant à un vieux puits qui se trouvait là, que l’on a conservé et mis en valeur.<br />
L’itinéraire offert nous ramène ensuite à la sensibilité romaine : atrium, péristyle et jardin pompéien rythment le fil <strong>de</strong> la découverte.<br />
Norbert Parguel (section Art <strong>de</strong>s <strong>Jardins</strong>)<br />
La gran<strong>de</strong> pergola est ornée d’une roseraie, longeant l’accès à la mer sur plus <strong>de</strong> 300 mètres.<br />
20 • JARDINS DE FRANCE • DÉCEMBRE <strong>2006</strong>
La roton<strong>de</strong> <strong>de</strong> Ferdinand Bac<br />
La clôture ron<strong>de</strong> <strong>de</strong> cet espace est faite <strong>de</strong> cyprès <strong>de</strong> Provence plantés serrés ; ils étaient censés constituer un mur vert foncé. À l’intérieur,<br />
<strong>de</strong>s fenêtres formées d’arceaux accompagnés <strong>de</strong> cyprès courbés, s’ouvrent sur <strong>de</strong>s vues diverses du jardin.<br />
Cette enceinte <strong>de</strong>vait porter une ombre constante sur la moitié <strong>de</strong> la roton<strong>de</strong>, et une série <strong>de</strong> catalpas plantés en rond autour <strong>de</strong> la fontaine,<br />
<strong>de</strong>vait compléter cet ombrage. Seules les fenêtres attiraient le regard vers l’extérieur. Or les cyprès sont taillés isolément, et les<br />
catalpas <strong>de</strong> telle façon qu’ils doivent refaire leur feuillage chaque année, si bien que l’effet recherché n’a jamais été obtenu.<br />
Les jardins mauresques<br />
Dans la tradition mauresque, ces jardins sont<br />
clos. Pour donner cette impression, le “rhyad”<br />
par exemple était entouré d’une haie <strong>de</strong> lauriers<br />
sauces pour monter facilement à trois<br />
mètres <strong>de</strong> haut, et donner ainsi l’impression<br />
d’être dans la cour d’une maison, d’un patio,<br />
avec toujours ses endroits d’ombres et <strong>de</strong><br />
lumières. Cette haie n’a jamais dépassé un<br />
mètre <strong>de</strong> hauteur, et ce jardin secret, dallé<br />
avec une fontaine sans clôture et comportant<br />
<strong>de</strong>s vues ouvertes sur les terrains du voisinage,<br />
paraît quelque peu incongru. Or une ceinture<br />
<strong>de</strong> hauts murs et un petit courant d’eau, dans un<br />
espace comme celui-ci, apportent une fraîcheur<br />
en été et invitent à y séjourner.<br />
De même pour l’”arsat”, dont la clôture constituée<br />
d’une haie <strong>de</strong> cyprès taillée assez basse,<br />
laisse passer la vue vers l’extérieur et lui enlève<br />
toute intimité.<br />
La casca<strong>de</strong> <strong>de</strong> brume<br />
et l’oliveraie<br />
Un espace libre existe sous le belvédère du<br />
mail qui domine le parc. Depuis ce mail, une<br />
casca<strong>de</strong> diffusée par <strong>de</strong>s asperseurs engendrait<br />
une brume à travers laquelle on pouvait<br />
voir le jardin à travers <strong>de</strong>s couleurs irisées et<br />
<strong>de</strong>s formes aléatoires. Ces appareils d’arrosage<br />
n’ont pas été entretenus, et la casca<strong>de</strong><br />
n’aura duré qu’une saison…<br />
Dans l’oliveraie, l’ombre frémissante <strong>de</strong>s oliviers<br />
avec ses taches <strong>de</strong> lumière qui passent à<br />
travers le feuillage, est propice aux intersaisons.<br />
Cette ombre n’est pas fraîche, elle est<br />
plutôt lumineuse et très confortable. L’une <strong>de</strong>s<br />
dispositions <strong>de</strong>s oliveraies d’exploitation est<br />
ici respectée : l’espacement <strong>de</strong>s plantations<br />
leur permet <strong>de</strong> recevoir le soleil sans se porter<br />
d’ombre l’une sur l’autre.<br />
La promena<strong>de</strong> sous les oliviers est une promena<strong>de</strong><br />
surtout ensoleillée, avec quelque<br />
repos si nécessaire. <br />
Roses d’hiver à la Villa Maria Serena <strong>de</strong> Menton, aquarelle d’Alain Goudot (<strong>Jardins</strong> <strong>de</strong> la<br />
Riviera mentonnaise aux rives du lac <strong>de</strong> Côme, éditions Demaistre, mai 2005).<br />
DÉCEMBRE <strong>2006</strong> • JARDINS DE FRANCE • 21