27.11.2014 Views

Parc Exflora , Antibes (Jardins de France, décembre 2006)

Parc Exflora , Antibes (Jardins de France, décembre 2006)

Parc Exflora , Antibes (Jardins de France, décembre 2006)

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Art <strong>de</strong>s jardins<br />

Jeux <strong>de</strong> lumière<br />

au parc <strong>Exflora</strong> à <strong>Antibes</strong><br />

Texte et photos d’Alain Goudot<br />

Quelques effets ont été obtenus au sein du parc, mais<br />

bien d’autres pourraient l’être encore si l’on tenait<br />

compte <strong>de</strong>s intentions exprimées. Les jardins montreraient<br />

alors tout ce jeu magnifique et constamment renouvelé<br />

<strong>de</strong> la lumière sur les formes et les couleurs.<br />

Le terrain retenu pour ce jardin était assez<br />

peu favorable à sa création : marécageux,<br />

en bas du vallon du Madé et<br />

proche <strong>de</strong> son embouchure, avec un courant<br />

d’air froid <strong>de</strong>scendant continuellement<br />

vers la mer, et son inondation plusieurs semaines<br />

<strong>de</strong> l’année. Quelques cannes <strong>de</strong><br />

Provence, un groupe <strong>de</strong> peupliers plus que<br />

centenaires et proches <strong>de</strong> leur fin, constituaient<br />

l’essentiel <strong>de</strong> la végétation. J’ai proposé<br />

<strong>de</strong> rehausser le terrain <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux à<br />

trois mètres avec les déblais provenant <strong>de</strong>s<br />

chantiers <strong>de</strong> construction, et <strong>de</strong> le recouvrir<br />

avec la terre végétale récupérée sur le site.<br />

Le maître d’ouvrage souhaitait un parc <strong>de</strong><br />

bonne qualité, et tenir un budget définitif<br />

mais convenable, sans autres exigences.<br />

La conception du parc par le paysagiste Alain Goudot s’articulait autour <strong>de</strong> jeux d’ombres et <strong>de</strong> lumières. Un regret cependant pour lui :<br />

il n’a pas pu suivre et assurer l’évolution <strong>de</strong>s végétaux au cours <strong>de</strong>s premières années, constatant la perte <strong>de</strong> certaines notions fortes.<br />

16 • JARDINS DE FRANCE • DÉCEMBRE <strong>2006</strong>


Le parc <strong>Exflora</strong>, inauguré en 1994, s’étend sur 5 ha, à la limite <strong>de</strong> Golfe Juan et d’<strong>Antibes</strong>. Le mail d’accès mène à une terrasse-belvédère, d’où<br />

le visiteur a une vision d’ensemble. Il est ensuite invité à une promena<strong>de</strong> thématique, illustrant les gran<strong>de</strong>s traditions <strong>de</strong> l’art <strong>de</strong>s jardins au sein<br />

du bassin méditerranéen.<br />

Le terrain était donc nu, les contraintes réduites,<br />

et une gran<strong>de</strong> liberté m’était donnée.<br />

C’est une chance rare. J’ai pu choisir<br />

le thème et tenter <strong>de</strong>s expériences végétales<br />

sur ce terrain reconstitué, enfin, gui<strong>de</strong>r<br />

le chantier à ma guise.<br />

Un projet transformé<br />

par le temps<br />

Cet espace est composé <strong>de</strong> quelques réminiscences<br />

<strong>de</strong> promena<strong>de</strong>s au sein <strong>de</strong> jardins<br />

méditerranéens divers. C’était ma formation<br />

<strong>de</strong> paysagiste. Avec <strong>de</strong>s gui<strong>de</strong>s,<br />

j’allai dans les jardins, j’en rapportai <strong>de</strong>s<br />

aquarelles pour en conserver quelques moments.<br />

La peinture et les jardins font bon<br />

ménage, et s’il m’est arrivé <strong>de</strong> présenter<br />

<strong>de</strong>s projets avec <strong>de</strong>s aquarelles, l’étu<strong>de</strong> et<br />

la composition n’en sont pas moins affaires<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>ssin exclusivement.<br />

En Occi<strong>de</strong>nt, ce sont les lunettes <strong>de</strong> Utens,<br />

commandées par les Médicis, qui éclairent<br />

la composition <strong>de</strong>s jardins. Ensuite, ce<br />

furent les peintres flamands qui révélèrent<br />

le paysage, et ce seront les peintres impressionnistes<br />

qui montreront l’importance<br />

<strong>de</strong> la lumière et <strong>de</strong> ses effets sur les transformations<br />

continuelles <strong>de</strong> la nature. Ils<br />

nous ont appris que l’ombre révèle la lumière.<br />

La composition d’un jardin est une<br />

sorte <strong>de</strong> mise en scène <strong>de</strong> la lumière sur<br />

<strong>de</strong>s sujets choisis, au bénéfice du promeneur,<br />

qui en appréciera les changements<br />

perpétuels avec le temps, l’heure,<br />

les saisons et les années.<br />

Mais le jardin est vivant, il se transforme<br />

sans cesse avec le développement <strong>de</strong> la<br />

végétation, et le travail du paysagiste ne<br />

cesse pas à la fin du chantier. Il doit gui<strong>de</strong>r<br />

et contrôler pendant plusieurs années la<br />

DÉCEMBRE <strong>2006</strong> • JARDINS DE FRANCE • 17


croissance <strong>de</strong>s végétaux pour assurer la<br />

réussite <strong>de</strong> son ouvrage. Pour <strong>Exflora</strong>, il<br />

ne m’a pas été permis <strong>de</strong> poursuivre l’intervention<br />

après la remise du parc à la collectivité.<br />

Aussi, me paraît-il utile <strong>de</strong> montrer<br />

l’importance essentielle <strong>de</strong> la lumière<br />

dans le jardin, et le rôle majeur <strong>de</strong> la<br />

maintenance, en particulier celle <strong>de</strong>s<br />

premières années pour achever la mise<br />

en forme du projet.<br />

Une mise en scène<br />

<strong>de</strong> la lumière<br />

Le terrain était assez peu favorable à la création d’un parc <strong>de</strong> cette importance. Mais Alain<br />

Goudot a pu conduire les transformations nécessaires, et tenter <strong>de</strong>s expériences végétales sur<br />

ce terrain reconstitué.<br />

La lumière joue le rôle principal dans ce<br />

spectacle permanent, car elle transforme<br />

la perception. Les compositions végétales<br />

prennent leur valeur sous la diversité <strong>de</strong><br />

l’éclairage <strong>de</strong>s saisons ou <strong>de</strong>s heures du<br />

jour. À l’ombre, les couleurs chantent,<br />

l’ombre favorise la contemplation, la méditation.<br />

Ainsi le parcours est conçu pour<br />

traverser <strong>de</strong>s espaces ouverts, <strong>de</strong>s espaces<br />

fermés, pour apprécier les moments <strong>de</strong><br />

l’ombre après ceux <strong>de</strong> la lumière.<br />

Alain Goudot et son œuvre<br />

Alain Goudot a effectué <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s d’architecte à l’École <strong>de</strong>s Beaux-Arts, puis <strong>de</strong>vint pensionnaire à la Casa Velasquez <strong>de</strong><br />

Madrid. Il a ouvert en 1976 un atelier du paysage à <strong>Antibes</strong>, qui l’amène <strong>de</strong>puis à intervenir au sein <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s propriétés <strong>de</strong><br />

la Côte d’Azur comme créateur ou rénovateur <strong>de</strong> parcs et jardins.<br />

La peinture, dont il est familier <strong>de</strong>puis son enfance, a toujours accompagné ses travaux. Il est aujourd’hui résolument aquarelliste,<br />

et son œuvre picturale a fait l’objet <strong>de</strong> plusieurs expositions. Alain Goudot a publié une dizaine d’ouvrages, notamment <strong>Jardins</strong><br />

sur la Riviera puis Paris - <strong>Jardins</strong> inattendus, enfin participé à l’illustration <strong>de</strong> divers recueils, notamment Sur l’eau, récit <strong>de</strong> Guy<br />

<strong>de</strong> Maupassant consacré à la Riviera <strong>de</strong> la fin du XIX e siècle – tous trois aux éditions Equinoxe – ouvrages où se conjoignent ses<br />

options <strong>de</strong> peintre <strong>de</strong> paysage et <strong>de</strong> concepteur <strong>de</strong> jardins.<br />

Alain Goudot est notamment l’auteur d’un site féerique sur la Riviera, le parc public <strong>Exflora</strong> à <strong>Antibes</strong>, qui fut conçu dans le cadre<br />

d’une opération d’urbanisme imposant au promoteur la réalisation d’une sphère d’espaces verts.<br />

La remise <strong>de</strong> ces jardins aux bons soins <strong>de</strong> l’autorité locale n’apparut pas <strong>de</strong>voir rencontrer grand enthousiasme <strong>de</strong> sa part. Les<br />

moyens accordés pour l’entretien y sont <strong>de</strong>s plus mo<strong>de</strong>stes, et la gestion du développement <strong>de</strong>s végétaux sur le site est à peu près<br />

nulle ! Cette situation est d’autant plus regrettable qu’il s’agit d’une création sans équivalent au sein <strong>de</strong>s parcs et jardins <strong>de</strong> la<br />

Côte d’Azur.<br />

Le travail paysager repose sur l’anticipation d’un état <strong>de</strong> maturité du site, où, seulement à cet acmé, toutes les composantes <strong>de</strong><br />

l’art <strong>de</strong>s jardins sont à leur place. Dans une contribution qu’il a bien voulu accepter <strong>de</strong> communiquer à <strong>Jardins</strong> <strong>de</strong> <strong>France</strong>, Alain<br />

Goudot traite dans cette perspective <strong>de</strong> l’analyse très fine qui doit être effectuée sur les jeux <strong>de</strong> l’ombre et <strong>de</strong> la lumière. Nous<br />

l’en remercions bien vivement.<br />

Norbert Parguel (section Art <strong>de</strong>s <strong>Jardins</strong>)<br />

18 • JARDINS DE FRANCE • DÉCEMBRE <strong>2006</strong>


Les accès principaux du jardin sont marqués<br />

par <strong>de</strong>s passages d’ombres et <strong>de</strong> lumières.<br />

Provenant <strong>de</strong> la RN7, un premier accès<br />

s’ouvre sur un mail planté <strong>de</strong> tilleuls très<br />

écartés qui <strong>de</strong>vraient former une voûte<br />

complète à l’âge adulte. Si les “tailleurs<br />

d’arbres” le comprennent, on obtiendra un<br />

espace ombragé et reposant, comparable<br />

aux jeux <strong>de</strong> boules traditionnels en Provence.<br />

Le <strong>de</strong>uxième accès, après les grands escaliers<br />

placés dans l’axe du mail principal,<br />

s’effectue à partir d’une placette reconstituée,<br />

comportant une fontaine<br />

moussue au centre et quatre platanes à<br />

chaque coin du carré. L’ombre <strong>de</strong> ces arbres<br />

est ajourée et légère l’été, enfin lumineuse<br />

en hiver lorsque les feuilles sont<br />

tombées et que seul le <strong>de</strong>ssin <strong>de</strong>s branches<br />

s’imprime sur le sol.<br />

Le troisième accès est constitué d’une voûte<br />

métallique couverte d’une vigne. Les ombres<br />

d’été font <strong>de</strong>s taches <strong>de</strong> lumière sur le<br />

visage quand on passe <strong>de</strong>ssous, et les lumières<br />

hivernales projettent les rayures<br />

d’ombre <strong>de</strong> la voûte sur le sol.<br />

Ce sont <strong>de</strong>s plantes persistantes qui ont été<br />

plantées là pour donner l’effet d’une paroi<br />

sombre. Une fenêtre y avait été ménagée à<br />

hauteur <strong>de</strong> l’œil, pour donner une lumière et<br />

une vue dans l’axe principal du jardin jusqu’à<br />

la mer. Cette disposition n’a pas été<br />

respectée par les “tailleurs <strong>de</strong> végétaux”, et<br />

la fenêtre a disparu… Les plantes côté jardin,<br />

exposées au soleil, au départ diverses<br />

et très colorées, sont maintenant uniformes.<br />

Au sein du grand paysage, l’on observe<br />

cet effet dans les Pyrénées : orientée au<br />

nord, la face française est assez abrupte,<br />

et toujours à l’ombre ; vue par beau temps<br />

<strong>de</strong>puis la région du sud-ouest, c’est un mur<br />

noir qui paraît infranchissable.<br />

La roseraie et la gran<strong>de</strong> clôture<br />

La gran<strong>de</strong> pergola ornée d’une roseraie,<br />

longeant l’accès à la mer sur plus <strong>de</strong> 300<br />

mètres, était pourvue en tête <strong>de</strong>s colonnes<br />

<strong>de</strong> rosiers rampants, <strong>de</strong>stinés à couvrir la<br />

résille métallique et ainsi à porter une<br />

ombre permanente sur un mur <strong>de</strong> soutènement<br />

en béton qui n’avait aucun intérêt à<br />

rester en pleine lumière. Les premiers rosiers<br />

n’ont pas tenu et n’ont pas été remplacés,<br />

et le mur malgré sa teinte sombre est tout<br />

décoloré. La discrétion espérée n’est pas<br />

obtenue, ni toutes les nuances <strong>de</strong> blancs,<br />

<strong>de</strong> roses, <strong>de</strong> rouges, d’orange, <strong>de</strong> pourpres<br />

et <strong>de</strong> jaunes, sous l’ombrage <strong>de</strong> cette<br />

pergola.<br />

Le parc se trouve à l’entrée <strong>de</strong> la ville, le<br />

long <strong>de</strong> la célèbre RN7. Pour marquer cet<br />

accès et fermer le site, il fut prévu <strong>de</strong> disposer<br />

une longue haie <strong>de</strong> telle manière<br />

qu’elle incite les usagers à pénétrer dans la<br />

cité. Cette clôture est constituée d’une<br />

sorte <strong>de</strong> cage d’un mètre d’épaisseur, <strong>de</strong>stinée<br />

à recevoir une série <strong>de</strong> plantes <strong>de</strong> formes<br />

et <strong>de</strong> couleurs diverses. Une face <strong>de</strong><br />

cette haie, côté ville, est exposée au<br />

nord et, par conséquent, toujours à l’ombre.<br />

Alain Goudot est aquarelliste et l’auteur d’une dizaine d’ouvrages, dans lesquels se joignent ses<br />

options <strong>de</strong> peintre <strong>de</strong> paysage et <strong>de</strong> concepteur <strong>de</strong> jardins.<br />

DÉCEMBRE <strong>2006</strong> • JARDINS DE FRANCE • 19


Présentation du site <strong>Exflora</strong><br />

Ce parc <strong>de</strong> cinq hectares est situé entre la RN 7 et la mer, à la jonction <strong>de</strong>s agglomérations <strong>de</strong> Golfe Juan et d’<strong>Antibes</strong>. Il fut<br />

inauguré en 1994.<br />

L’accès s’effectue par un mail monumental aménagé au sein <strong>de</strong>s immeubles rési<strong>de</strong>ntiels et agrémenté <strong>de</strong> bassins et fontaines. Il<br />

mène à une terrasse-belvédère offrant une vision d’ensemble du parc. Le visiteur est dès lors invité à une promena<strong>de</strong> thématique<br />

illustrant les gran<strong>de</strong>s traditions <strong>de</strong> l’art <strong>de</strong>s jardins au sein du bassin méditerranéen.<br />

Une immense pergola qui supportait initialement toutes les variétés <strong>de</strong> la rose d’<strong>Antibes</strong> longe le parc au nord, alors que la limite<br />

sud est portée par une voie romaine reconstituée – dalles <strong>de</strong> pierre posées en opus romanum <strong>de</strong> 3,11m – conduisant à un<br />

nouvel espace <strong>de</strong> distribution <strong>de</strong>s accès extérieurs.<br />

Un circuit d’eau, incluant bassins, casca<strong>de</strong>, puis un étang artificiel avec son îlot, mène à un théâtre <strong>de</strong> verdure toscan en gradins<br />

très doux, avec une colonna<strong>de</strong> en fond <strong>de</strong> scène. Au-<strong>de</strong>là, le visiteur est sollicité soit par un nouveau belvédère ouvrant sur<br />

la mer et les îles <strong>de</strong> Lérins, soit par un labyrinthe constitué d’arbustes taillés à la manière <strong>de</strong>s jardins provençaux.<br />

Un nouvel axe <strong>de</strong> circulation conduit, à travers une orangeraie, vers un ensemble <strong>de</strong> compositions persanes. Des canaux d’irrigation<br />

en terre cuite quadrillent l’espace et établissent une liaison transversale entre un patio mauresque et un kiosque aux tuiles<br />

vernissées en bleu Majorelle (le terme “kiosque” est d’origine persane).<br />

L’on approche ensuite d’une roton<strong>de</strong> circonscrite par <strong>de</strong>s cyprès taillés en arca<strong>de</strong>. Le motif forme un hommage à Ferdinand Bac,<br />

le grand rénovateur <strong>de</strong>s jardins méditerranéens. Joignant l’acte à l’œuvre <strong>de</strong> mémoire, le paysagiste a d’ailleurs réalisé sur le<br />

côté un mail <strong>de</strong> tilleuls introduisant à un vieux puits qui se trouvait là, que l’on a conservé et mis en valeur.<br />

L’itinéraire offert nous ramène ensuite à la sensibilité romaine : atrium, péristyle et jardin pompéien rythment le fil <strong>de</strong> la découverte.<br />

Norbert Parguel (section Art <strong>de</strong>s <strong>Jardins</strong>)<br />

La gran<strong>de</strong> pergola est ornée d’une roseraie, longeant l’accès à la mer sur plus <strong>de</strong> 300 mètres.<br />

20 • JARDINS DE FRANCE • DÉCEMBRE <strong>2006</strong>


La roton<strong>de</strong> <strong>de</strong> Ferdinand Bac<br />

La clôture ron<strong>de</strong> <strong>de</strong> cet espace est faite <strong>de</strong> cyprès <strong>de</strong> Provence plantés serrés ; ils étaient censés constituer un mur vert foncé. À l’intérieur,<br />

<strong>de</strong>s fenêtres formées d’arceaux accompagnés <strong>de</strong> cyprès courbés, s’ouvrent sur <strong>de</strong>s vues diverses du jardin.<br />

Cette enceinte <strong>de</strong>vait porter une ombre constante sur la moitié <strong>de</strong> la roton<strong>de</strong>, et une série <strong>de</strong> catalpas plantés en rond autour <strong>de</strong> la fontaine,<br />

<strong>de</strong>vait compléter cet ombrage. Seules les fenêtres attiraient le regard vers l’extérieur. Or les cyprès sont taillés isolément, et les<br />

catalpas <strong>de</strong> telle façon qu’ils doivent refaire leur feuillage chaque année, si bien que l’effet recherché n’a jamais été obtenu.<br />

Les jardins mauresques<br />

Dans la tradition mauresque, ces jardins sont<br />

clos. Pour donner cette impression, le “rhyad”<br />

par exemple était entouré d’une haie <strong>de</strong> lauriers<br />

sauces pour monter facilement à trois<br />

mètres <strong>de</strong> haut, et donner ainsi l’impression<br />

d’être dans la cour d’une maison, d’un patio,<br />

avec toujours ses endroits d’ombres et <strong>de</strong><br />

lumières. Cette haie n’a jamais dépassé un<br />

mètre <strong>de</strong> hauteur, et ce jardin secret, dallé<br />

avec une fontaine sans clôture et comportant<br />

<strong>de</strong>s vues ouvertes sur les terrains du voisinage,<br />

paraît quelque peu incongru. Or une ceinture<br />

<strong>de</strong> hauts murs et un petit courant d’eau, dans un<br />

espace comme celui-ci, apportent une fraîcheur<br />

en été et invitent à y séjourner.<br />

De même pour l’”arsat”, dont la clôture constituée<br />

d’une haie <strong>de</strong> cyprès taillée assez basse,<br />

laisse passer la vue vers l’extérieur et lui enlève<br />

toute intimité.<br />

La casca<strong>de</strong> <strong>de</strong> brume<br />

et l’oliveraie<br />

Un espace libre existe sous le belvédère du<br />

mail qui domine le parc. Depuis ce mail, une<br />

casca<strong>de</strong> diffusée par <strong>de</strong>s asperseurs engendrait<br />

une brume à travers laquelle on pouvait<br />

voir le jardin à travers <strong>de</strong>s couleurs irisées et<br />

<strong>de</strong>s formes aléatoires. Ces appareils d’arrosage<br />

n’ont pas été entretenus, et la casca<strong>de</strong><br />

n’aura duré qu’une saison…<br />

Dans l’oliveraie, l’ombre frémissante <strong>de</strong>s oliviers<br />

avec ses taches <strong>de</strong> lumière qui passent à<br />

travers le feuillage, est propice aux intersaisons.<br />

Cette ombre n’est pas fraîche, elle est<br />

plutôt lumineuse et très confortable. L’une <strong>de</strong>s<br />

dispositions <strong>de</strong>s oliveraies d’exploitation est<br />

ici respectée : l’espacement <strong>de</strong>s plantations<br />

leur permet <strong>de</strong> recevoir le soleil sans se porter<br />

d’ombre l’une sur l’autre.<br />

La promena<strong>de</strong> sous les oliviers est une promena<strong>de</strong><br />

surtout ensoleillée, avec quelque<br />

repos si nécessaire. <br />

Roses d’hiver à la Villa Maria Serena <strong>de</strong> Menton, aquarelle d’Alain Goudot (<strong>Jardins</strong> <strong>de</strong> la<br />

Riviera mentonnaise aux rives du lac <strong>de</strong> Côme, éditions Demaistre, mai 2005).<br />

DÉCEMBRE <strong>2006</strong> • JARDINS DE FRANCE • 21

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!