French POWW 2008.indd - UN Women

French POWW 2008.indd - UN Women French POWW 2008.indd - UN Women

26.11.2014 Views

publics, aux possibilités économiques, à la justice et à l’aide internationale pour le développement et la sécurité. Sachant que les différents groupes de femmes ont des défis distincts à relever pour obtenir le respect de leurs droits, Le progrès des femmes à travers le monde 2008/2009 examine comment les femmes, même les plus exclues, renforcent leurs capacités à identifier les manques en matière de redevabilité et à exiger qu’il y soit remédié. Pour un système de redevabilité opérant : autorisation, évaluation et mesures correctives La redevabilité est un élément central de la politique démocratique et de la bonne gouvernance, comme il est exposé en détail dans l’encadré 1A. Dans les régimes démocratiques, les mécanismes de redevabilité entrent en jeu pour veiller à ce que les décideurs respectent les règles, normes et objectifs dont il a été convenu publiquement. Ils opèrent selon deux processus : • Les détenteurs du pouvoir « rendent compte » de l’emploi qu’ils ont fait de la confiance placée en eux par le public et des deniers de l’État; • Des mesures correctives sont appliquées, selon qu’il est nécessaire, par un processus de recours qui peut consister, par exemple, à ne pas réélire les politiciens ou à lancer une enquête judiciaire 1 . La redevabilité, en d’autres termes, comprend une évaluation de l’adéquation de la performance et l’application de mesures correctives ou l’octroi de compensations en cas de non performance. La redevabilité, dans une optique genrée, exige que les décisions des acteurs publics puissent être évaluées de manière égale par les femmes et les hommes. Encore faut-il déterminer de quoi les acteurs publics doivent être tenus responsables ? Cela dépend de ce qu’ils sont autorisés à faire. Les femmes peuvent participer aux élections, aux activités des partis politiques, aux audits publics et aux processus judiciaires, sans viser à évaluer l’impact des décisions publiques sur les droits ENCADRÉ 1A La bonne gouvernance – Définition sensible aux sexospécificités Il est reconnu que la bonne gouvernance est essentielle pour la réduction de la pauvreté et le respect des droits de la personne, ainsi que pour la prévention des confl its, la croissance et la protection de l’environnement. Les défi nitions de la gouvernance vont d’une vue restreinte portant sur la bonne gestion de l’économie à une vue plus large englobant la libéralisation politique et la prise en compte des problèmes de l’inégalité sociale i . Au sens large du terme, la bonne gouvernance implique une gouvernance démocratique, à savoir un ordre du jour axé sur la participation, le respect des droits fondamentaux et la justice sociale ii . Les femmes devraient bénéfi cier autant que les hommes des réformes de la gouvernance visant la réduction de la corruption et l’élargissement des possibilités de participation au processus décisionnel des entités publiques. Mais il n’existe pas d’exemple de réforme de la gouvernance sexospécifi quement neutre. Si les réformes ne traitent pas des relations sociales qui limitent la capacité des femmes à participer aux décisions publiques, elles risquent de reproduire les présupposés et les préjugés sexistes et les modèles d’exclusion dans la gestion des affaires publiques. Les systèmes de redevabilité qui sont opérants pour les femmes comportent deux éléments essentiels : • Inclusion des femmes dans les processus de contrôle Les entités chargées de la redevabilité sensible aux sexospécifi cités doivent veiller à ce que les décideurs rendent compte de leurs actes aux femmes qui sont les plus touchées par leurs décisions. Il faut donc que les femmes aient le droit de demander des explications et des justifi cations, qu’elles participent à part entière aux débats publics, aux processus de délégation de pouvoirs et aux évaluations des prestations. • Appui des droits fondamentaux des femmes Les détenteurs du pouvoir doivent rendre des comptes sur ce qu’ils font pour assurer un plus grand respect des droits des femmes. Leurs prestations doivent être évaluées par rapport à ce critère essentiel. Parmi les normes relatives au devoir de diligence et à la probité des responsables de l’intérêt du public doivent fi gurer aussi des règles visant à l’égalité des sexes détenteurs en tant qu’objectif de l’action des instances publiques. 2 LE PROGRÈS DES FEMMES À TRAVERS LE MONDE 2008/2009

des femmes. Les systèmes de redevabilité genrée exigent donc non seulement la participation des femmes mais aussi une réforme institutionnelle qui fasse de l’égalité des sexes l’une des normes par rapport auxquelles la performance des décideurs est évaluée. L’autorisation — l’attribution d’un mandat à des représentants ou à des fournisseurs de services — est accordée selon divers mécanismes. Parmi ceux-ci figurent des systèmes permettant de débattre des intérêts en cause et de les formuler en tant qu’ordre du jour public, puis de les soumettre à un scrutin public, soit, en bref, ce que l’on appelle le processus politique. Les représentants élus autorisent ensuite les institutions telles que la police, les services de santé, les commissions d’éducation, les services d’entretien du réseau routier ou d’assainissement à s’acquitter de ces mandats. Les responsables de la mise en œuvre des politiques doivent, à leur tour, rendre compte des résultats aux décideurs élus. Leur performance fait également l’objet d’examens par le biais d’un système de rapports transmis par la voie hiérarchique au sein de l’administration publique. Si la performance est jugée insuffisante ou pire, les fournisseurs de service peuvent être sanctionnés, ou devraient l’être, par l’administration, les sanctions pouvant aller jusqu’au licenciement 2 . La figure 1.1 illustre les éléments fondamentaux de ce cycle d’autorisation, d’évaluation et de mesures correctives. La réponse à la question « Qui est responsable envers les femmes ? » dépend de ceux et celles qui la posent et du forum où elle est posée. Les processus d’examen des performances et d’application de mesures correctives peuvent être verticaux ou horizontaux (figure 1.2). Le cycle électoral, par exemple, est un système de redevabilité vertical, qui permet aux électeurs de demander périodiquement des explications aux politiciens élus 3 . Les systèmes horizontaux, en revanche, comportent l’intervention de diverses institutions de l’État qui se surveillent mutuellement pour remédier aux abus de pouvoir. C’est ainsi que les institutions judiciaires examinent la constitutionnalité des décisions de l’exécutif, que les audits publics vérifient la probité dans les dépenses publiques et que les médiateurs ou les commissions des droits de l’homme recueillent les plaintes des citoyens et mènent des enquêtes. L’un des paradoxes des relations de redevabilité est qu’elles confèrent à des acteurs moins puissants, les administrés, le pouvoir de demander à des acteurs plus puissants qu’ils répondent de leurs actes. C’est là en fait FIGURE 1.1 Mandats politiques Public Le cycle Autorisation, évaluation, correction Voix Processus électoral, lobbying, non-réélection Source : D’après Banque mondiale (2003) FIGURE 1.2 Décideurs politiques Services Systèmes d'information, examens de la direction, sanctions Processus d’autorisation Instructions Dimensions verticales et horizontales de la redevabilité Élections Systèmes de rapport de l’administration publique Audits publics Public REDEVABILITÉ VERTICALE REDEVABILITÉ HORIZONTALE Pouvoir exécutif Pouvoir législatif Directives et ressources Fournisseurs Types de processus de redevabilité Engagement des médias et de la société civile Cour suprême de justice Chapitre 1 : Qui est responsable envers les femmes ? 3

des femmes. Les systèmes de redevabilité<br />

genrée exigent donc non seulement la participation<br />

des femmes mais aussi une réforme<br />

institutionnelle qui fasse de l’égalité des sexes<br />

l’une des normes par rapport auxquelles la<br />

performance des décideurs est évaluée.<br />

L’autorisation — l’attribution d’un mandat à<br />

des représentants ou à des fournisseurs de<br />

services — est accordée selon divers mécanismes.<br />

Parmi ceux-ci figurent des systèmes<br />

permettant de débattre des intérêts en cause et<br />

de les formuler en tant qu’ordre du jour public,<br />

puis de les soumettre à un scrutin public, soit,<br />

en bref, ce que l’on appelle le processus politique.<br />

Les représentants élus autorisent ensuite<br />

les institutions telles que la police, les services<br />

de santé, les commissions d’éducation, les<br />

services d’entretien du réseau routier ou d’assainissement<br />

à s’acquitter de ces mandats. Les<br />

responsables de la mise en œuvre des politiques<br />

doivent, à leur tour, rendre compte des<br />

résultats aux décideurs élus. Leur performance<br />

fait également l’objet d’examens par le biais<br />

d’un système de rapports transmis par la voie<br />

hiérarchique au sein de l’administration publique.<br />

Si la performance est jugée insuffisante ou<br />

pire, les fournisseurs de service peuvent être<br />

sanctionnés, ou devraient l’être, par l’administration,<br />

les sanctions pouvant aller jusqu’au<br />

licenciement 2 . La figure 1.1 illustre les éléments<br />

fondamentaux de ce cycle d’autorisation,<br />

d’évaluation et de mesures correctives.<br />

La réponse à la question « Qui est responsable<br />

envers les femmes ? » dépend de ceux<br />

et celles qui la posent et du forum où elle est<br />

posée. Les processus d’examen des performances<br />

et d’application de mesures correctives<br />

peuvent être verticaux ou horizontaux<br />

(figure 1.2). Le cycle électoral, par exemple, est<br />

un système de redevabilité vertical, qui permet<br />

aux électeurs de demander périodiquement des<br />

explications aux politiciens élus 3 . Les systèmes<br />

horizontaux, en revanche, comportent l’intervention<br />

de diverses institutions de l’État qui<br />

se surveillent mutuellement pour remédier aux<br />

abus de pouvoir. C’est ainsi que les institutions<br />

judiciaires examinent la constitutionnalité des<br />

décisions de l’exécutif, que les audits publics<br />

vérifient la probité dans les dépenses publiques<br />

et que les médiateurs ou les commissions<br />

des droits de l’homme recueillent les plaintes<br />

des citoyens et mènent des enquêtes.<br />

L’un des paradoxes des relations de redevabilité<br />

est qu’elles confèrent à des acteurs<br />

moins puissants, les administrés, le pouvoir<br />

de demander à des acteurs plus puissants<br />

qu’ils répondent de leurs actes. C’est là en fait<br />

FIGURE<br />

1.1<br />

Mandats<br />

politiques<br />

Public<br />

Le cycle Autorisation, évaluation, correction<br />

Voix<br />

Processus électoral,<br />

lobbying, non-réélection<br />

Source : D’après Banque mondiale (2003)<br />

FIGURE<br />

1.2<br />

Décideurs<br />

politiques<br />

Services<br />

Systèmes d'information,<br />

examens de la direction, sanctions<br />

Processus d’autorisation<br />

Instructions<br />

Dimensions verticales et horizontales de la<br />

redevabilité<br />

Élections<br />

Systèmes de rapport de<br />

l’administration publique<br />

Audits<br />

publics<br />

Public<br />

REDEVABILITÉ VERTICALE<br />

REDEVABILITÉ HORIZONTALE<br />

Pouvoir<br />

exécutif<br />

Pouvoir<br />

législatif<br />

Directives et<br />

ressources<br />

Fournisseurs<br />

Types de processus de<br />

redevabilité<br />

Engagement des<br />

médias et de la<br />

société civile<br />

Cour suprême<br />

de justice<br />

Chapitre 1 : Qui est responsable envers les femmes ? 3

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!