No 134, février-mars - Ministère de l'Ãducation, du Loisir et du Sport ...
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Vie pédagogique <strong>134</strong>, février-<strong>mars</strong><br />
2005<br />
lus, vus <strong>et</strong> enten<strong>du</strong>s<br />
MEIRIEU, PHILIPPE.<br />
FAIRE L’ÉCOLE, FAIRE LA<br />
CLASSE. ESF ÉDITEUR, 2004.<br />
Faire l’école, faire la classe constitue<br />
en fait le second tome <strong>de</strong> La<br />
pédagogie entre le dire <strong>et</strong> le faire,<br />
ouvrage que Meirieu nous a offert<br />
en 1995. Faire l’école, faire la<br />
classe se situe donc dans la continuité<br />
<strong>du</strong> premier tome, tout en se<br />
voulant « plus délibérément un outil<br />
<strong>de</strong> travail, tant pour ceux <strong>et</strong> celles<br />
qui se forment au métier d’enseignant<br />
que pour les praticiens <strong>et</strong><br />
praticiennes qui cherchent à mieux<br />
comprendre les enjeux <strong>de</strong> ce qui se<br />
joue dans leur classe » (p. 14).<br />
C<strong>et</strong> ouvrage se divise en trois parties<br />
dans lesquelles l’auteur propose<br />
<strong>de</strong>s réflexions structurées en courts<br />
chapitres, mais aussi <strong>de</strong>s questions<br />
<strong>et</strong> exercices pour approfondir les<br />
idées avancées : « Ni rapport <strong>de</strong><br />
recherche, ni essai philosophique,<br />
ni compilation d’exercices, il s’agit<br />
d’un “ outil <strong>de</strong> formation ” » (p. 16),<br />
précise l’auteur.<br />
La première partie <strong>de</strong> Faire l’école,<br />
faire la classe est intitulée « L’école :<br />
principes pour une institution »<br />
(p. 17). Les gran<strong>de</strong>s questions <strong>de</strong>s<br />
fon<strong>de</strong>ments <strong>de</strong> l’é<strong>du</strong>cation y sont<br />
abordées : l’école comme service<br />
public, les liens avec la démocratie,<br />
la mission <strong>de</strong> l’école <strong>et</strong> ses valeurs,<br />
la prééminence <strong>de</strong> la compréhension<br />
sur la réussite. Au total,<br />
Meirieu propose quatorze « principes<br />
pour une institution » (p. 17).<br />
La <strong>de</strong>uxième partie <strong>de</strong> l’ouvrage<br />
porte le titre suivant : « Le maître :<br />
tensions pour un métier » (p. 65).<br />
Meirieu y m<strong>et</strong> en évi<strong>de</strong>nce onze tensions<br />
vécues par l’enseignante ou<br />
l’enseignant dans l’exercice <strong>de</strong> son<br />
métier. Il présente les <strong>de</strong>ux pôles <strong>de</strong><br />
chacune <strong>de</strong>s tensions, c’est-à-dire<br />
les exigences contradictoires auxquelles<br />
sont soumis les enseignants<br />
<strong>et</strong> enseignantes, mais aussi le point<br />
milieu <strong>de</strong> la tension, où il est possible<br />
<strong>de</strong> trouver un équilibre : « Face<br />
aux contradictions qu’il rencontre,<br />
l’é<strong>du</strong>cateur a plusieurs possibilités :<br />
1) abandonner l’un <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux termes<br />
<strong>de</strong> manière arbitraire; 2) osciller<br />
<strong>de</strong> l’un à l’autre selon les moments;<br />
3) assumer les contradictions sous<br />
forme d’une tension interne fécon<strong>de</strong><br />
capable <strong>de</strong> contribuer à l’invention<br />
<strong>de</strong> dispositifs perm<strong>et</strong>tant d’intégrer<br />
<strong>et</strong>, si possible, <strong>de</strong> dépasser les <strong>de</strong>ux<br />
pôles » (p. 66). C’est c<strong>et</strong>te troisième<br />
option que Meirieu présente<br />
pour les onze contradictions dont il<br />
est question dans c<strong>et</strong>te partie <strong>du</strong><br />
livre. Par exemple :<br />
•«Entre transmission d’un savoir<br />
figé <strong>et</strong> libre découverte <strong>de</strong> ses<br />
propres connaissances, entre obligation<br />
d’apprendre <strong>et</strong> respect <strong>de</strong><br />
l’intérêt <strong>de</strong> l’élève, faire émerger<br />
les questions <strong>et</strong> r<strong>et</strong>rouver la<br />
genèse <strong>de</strong>s connaissances humaines<br />
» (p. 71);<br />
•«Entre cadre imposé <strong>et</strong> liberté<br />
d’initiative, entre accompagnement<br />
rigoureux <strong>et</strong> émancipation<br />
nécessaire, m<strong>et</strong>tre en place un<br />
processus d’autonomisation en<br />
articulant, sur chaque objectif,<br />
étayage <strong>et</strong> désétayage » (p. 96);<br />
•«Entre planification nécessaire <strong>et</strong><br />
décision impromptue, apprendre<br />
à exercer son jugement pédagogique<br />
<strong>et</strong> à agir avec discernement<br />
» (p. 118).<br />
La troisième <strong>et</strong> <strong>de</strong>rnière partie<br />
s’intitule « La classe : repères pour<br />
une pratique » (p. 147). Comme<br />
l’indique son titre, c<strong>et</strong>te brève partie<br />
veut fournir aux enseignantes <strong>et</strong><br />
enseignants <strong>de</strong>s balises pour mieux<br />
atteindre les finalités qu’ils se<br />
donnent. Chaque repère est formulé<br />
comme un principe que Meirieu<br />
explique d’abord en justifiant pourquoi<br />
ce repère <strong>de</strong>vrait être considéré<br />
par les enseignantes <strong>et</strong><br />
enseignants <strong>et</strong> ensuite comment le<br />
m<strong>et</strong>tre en œuvre. À la fin <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te<br />
partie, l’auteur fournit en annexe,<br />
pour chacun <strong>de</strong>s vingt repères dont<br />
il a traité, <strong>de</strong>s « questions pour<br />
ai<strong>de</strong>r à l’observation, à l’analyse <strong>et</strong> à<br />
la régulation <strong>de</strong> la classe » (p. 181).<br />
C<strong>et</strong> ouvrage, moitié texte <strong>de</strong> réflexion<br />
<strong>et</strong> moitié gui<strong>de</strong> pratique, comporte<br />
certainement comme points forts<br />
l’intérêt <strong>de</strong>s questions soulevées <strong>et</strong><br />
sa structure intéressante, formée <strong>de</strong><br />
courts chapitres pouvant être traités<br />
soit les uns à la suite <strong>de</strong>s autres, soit<br />
indépendamment. Les références <strong>et</strong><br />
les lectures suggérées sont multiples<br />
mais données <strong>de</strong> sorte à<br />
ne jamais alourdir la lecture. Des<br />
exemples ponctuent <strong>et</strong> illustrent <strong>de</strong>s<br />
réflexions qui peuvent ai<strong>de</strong>r tout<br />
spécialiste ou toute personneressource<br />
<strong>du</strong> domaine <strong>de</strong> l’é<strong>du</strong>cation<br />
à réfléchir sur les fon<strong>de</strong>ments<br />
<strong>de</strong> sa pratique <strong>et</strong> les moyens d’atteindre<br />
les buts qu’il se fixe. Comme<br />
le dit Meirieu en intro<strong>du</strong>ction, « au<strong>de</strong>là<br />
d’un outil, ce livre est peut-être<br />
bien, finalement, un “ roman <strong>de</strong> formation<br />
”. Sans héros certes, mais<br />
avec une intrigue. Sans personnages,<br />
mais bourré <strong>de</strong> dialogues.<br />
Sans décors, mais avec une foule<br />
d’anecdotes. Sans batailles ni <strong>du</strong>els,<br />
mais avec <strong>de</strong>s tensions <strong>et</strong> <strong>de</strong>s conflits<br />
à chaque pas. Sans trop d’acci<strong>de</strong>nts<br />
<strong>de</strong> parcours, mais avec une<br />
foule <strong>de</strong> bifurcations possibles. Sans<br />
histoire d’amour. Quoi que… »<br />
(p. 16).<br />
Marie-France <strong>No</strong>ël<br />
DUPONT, POL. FAIRE DES<br />
ENSEIGNANTS, BRUXELLES,<br />
ÉDITIONS DE BOECK, 2002, 144 P.<br />
(COLLECTION PRATIQUES<br />
PÉDAGOGIQUES)<br />
Fort d’une soli<strong>de</strong> expérience en formation<br />
<strong>de</strong>s maîtres, Pol Dupont<br />
nous propose ici un ouvrage facile<br />
d’accès, qui nous perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> faire le<br />
tour <strong>de</strong>s nouvelles aptitu<strong>de</strong>s que<br />
l’on exige <strong>de</strong>s enseignants dans le<br />
contexte actuel <strong>de</strong> la crise que traverse<br />
l’école.<br />
Ce livre <strong>de</strong> la collection « Pratiques<br />
pédagogiques », qui s’adresse aux<br />
formateurs, aux conseillers pédagogiques<br />
<strong>et</strong> aux enseignants en<br />
démarche, est écrit dans un langage<br />
clair <strong>et</strong> imagé qui perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> cerner<br />
le message <strong>de</strong> façon simple <strong>et</strong><br />
rapi<strong>de</strong>. En eff<strong>et</strong>, la lecture est aisée,<br />
le texte étant ponctué <strong>de</strong> métaphores,<br />
<strong>de</strong> citations, d’aphorismes<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> jeux <strong>de</strong> mots colligés ça <strong>et</strong> là<br />
(ex. : apprenti-sage/appren-tissage).<br />
Il est illustré <strong>de</strong> nombreux encadrés<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> tableaux qui perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong>s<br />
synthèses utiles. M. Dupont a relevé<br />
le défi <strong>de</strong> nous parler <strong>de</strong> la complexité<br />
<strong>du</strong> travail <strong>de</strong> l’enseignant<br />
<strong>de</strong> façon simple <strong>et</strong> accessible, en<br />
répertoriant un nombre impressionnant<br />
d’informations <strong>et</strong> <strong>de</strong> références<br />
toutes plus intéressantes les<br />
unes que les autres, pour m<strong>et</strong>tre à<br />
jour nos connaissances sur les<br />
champs <strong>du</strong> savoir à explorer.<br />
Bien que le modèle dont il est question<br />
soit celui <strong>du</strong> système é<strong>du</strong>catif<br />
belge, les adaptations se font naturellement<br />
<strong>et</strong> cadrent très bien avec<br />
les interrogations que le chantier <strong>de</strong><br />
la réforme québécoise suscite.<br />
Chaque chapitre porte un titre incitatif<br />
: « Matière à pensées », « Matière<br />
à pratiques », <strong>et</strong>c.<br />
Le style direct <strong>de</strong> l’auteur nous<br />
oblige - <strong>et</strong> c’est là sa force - à<br />
nous situer comme pédagogue<br />
en nous incitant à l’action, qu’elle<br />
soit cognitive ou non…<br />
L’auteur nous propose également<br />
quelques « Utopies pour (re)construire<br />
l’école » qui sont fort éloquentes<br />
<strong>et</strong> inspirantes, pour nous<br />
perm<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> constater à quel point<br />
les réalités d’un côté ou <strong>de</strong> l’autre<br />
<strong>de</strong> l’Atlantique se rejoignent. Si<br />
le titre Faire <strong>de</strong>s enseignants peut<br />
laisser planer une impression<br />
« manufacturière » <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction<br />
<strong>de</strong> masse qui banaliserait la noblesse<br />
<strong>de</strong> la fonction enseignante, il<br />
réfère avant tout à la facture pragmatique<br />
<strong>de</strong> c<strong>et</strong> ouvrage, dont la lecture<br />
peut être très enrichissante en<br />
ces temps <strong>de</strong> changement.<br />
Camille Marchand<br />
PÉDAGOGIQUE 57