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No 134, février-mars - Ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport ...

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Vie pédagogique <strong>134</strong>, février-<strong>mars</strong><br />

2005<br />

TABLEAU DES FINALITÉS À TRAVERS L’HISTOIRE<br />

PÉRIODES ET FINALITÉS<br />

Époque contemporaine<br />

Siècle <strong>de</strong>s lumières<br />

Renaissance<br />

Moyen Âge<br />

Antiquité<br />

DOMINANTES<br />

Développer l’autonomie, l’esprit<br />

critique ainsi que les compétences<br />

professionnelles <strong>et</strong> culturelles.<br />

Former à juger par soi-même en se<br />

basant sur la raison.<br />

Faire <strong>de</strong> chaque indivi<strong>du</strong> un être<br />

profondément humain.<br />

Former religieusement en vue <strong>du</strong> salut<br />

<strong>de</strong> chaque indivi<strong>du</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’établissement<br />

<strong>du</strong> règne <strong>de</strong> Dieu sur la terre.<br />

Préparer l’élite qui doit diriger<br />

<strong>et</strong> former chaque indivi<strong>du</strong> selon<br />

les besoins <strong>de</strong> la société.<br />

l’indivi<strong>du</strong> dans la société, si évi<strong>de</strong>nte<br />

qu’elle puisse paraître à première<br />

vue, n’est pas non plus<br />

exempte <strong>de</strong> confusion. Le rapport<br />

indivi<strong>du</strong> <strong>et</strong> société n’est pas quelque<br />

chose <strong>de</strong> simple. De nos jours<br />

encore, la question se pose <strong>de</strong><br />

savoir à qui il faut donner la priorité.<br />

Des analogies utilisées pour<br />

décrire la société entr<strong>et</strong>iennent la<br />

confusion qui existe sur ce suj<strong>et</strong>.<br />

L’une <strong>de</strong> ces analogies consiste à<br />

comparer la société à une maison<br />

dont les indivi<strong>du</strong>s seraient les éléments<br />

qui, mis ensemble, constituent<br />

l’édifice. La comparaison<br />

semble à première vue juste. La<br />

société n’existe pas sans les indivi<strong>du</strong>s,<br />

tout comme la maison ne<br />

peut pas être sans les matériaux qui<br />

entrent dans sa fabrication. Toutefois,<br />

c<strong>et</strong>te analogie comporte un<br />

problème, soit celui <strong>de</strong> la finalité,<br />

<strong>de</strong> la priorité. Dans le cas <strong>de</strong> la maison,<br />

les matériaux interviennent en<br />

vue <strong>de</strong> construire celle-ci. L’élément<br />

le plus important, ce qui est visé<br />

finalement, n’est pas les matériaux,<br />

mais la maison même. Il y a lieu <strong>de</strong><br />

se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si, dans la société,<br />

le social est plus important que les<br />

personnes qui le constituent. La<br />

question reste posée <strong>et</strong> <strong>de</strong>meure<br />

inhérente au problème <strong>de</strong>s finalités<br />

<strong>de</strong> l’é<strong>du</strong>cation.<br />

La culture générale <strong>et</strong> la<br />

formation professionnelle<br />

L’é<strong>du</strong>cation voulait se limiter dans<br />

le passé à la diffusion d’une culture<br />

désintéressée. Plus artistique que<br />

littéraire <strong>et</strong> plus sportive qu’intellectuelle,<br />

elle restait chez les Athéniens<br />

orientée vers la vie noble <strong>et</strong><br />

ses loisirs. Son idéal consistait à<br />

m<strong>et</strong>tre au premier plan l’élément<br />

éthique, c’est-à-dire la vertu au sens<br />

strictement moral <strong>du</strong> terme. C<strong>et</strong>te<br />

é<strong>du</strong>cation complètement détournée<br />

<strong>de</strong>s préoccupations utilitaires n’était<br />

pas assumée par l’école. C<strong>et</strong>te<br />

<strong>de</strong>rnière n’existait d’ailleurs pas<br />

dans les premiers temps.<br />

Même une fois créée, l’école restera<br />

longtemps méprisée à cause <strong>du</strong><br />

fait que le maître était payé pour<br />

son service <strong>et</strong> restait cantonné dans<br />

un rôle technique d’instruction <strong>et</strong><br />

non pas d’é<strong>du</strong>cation 15 . Une telle<br />

attitu<strong>de</strong> correspondait à la vieille<br />

idée selon laquelle la connaissance<br />

appliquée était moins valable que la<br />

connaissance théorique. C<strong>et</strong>te idée<br />

était naturelle dans une société où<br />

les travaux manuels étaient effectués<br />

par <strong>de</strong>s esclaves <strong>et</strong> <strong>de</strong>s serfs, <strong>et</strong><br />

ce, d’autant plus que ces travaux<br />

étaient exécutés suivant <strong>de</strong>s modèles<br />

imposés par la coutume plutôt que<br />

par l’intelligence. La connaissance<br />

était alors i<strong>de</strong>ntifiée à la théorie<br />

Photo : Denis Garon<br />

pure. Et seuls les enfants <strong>de</strong> la<br />

classe <strong>de</strong>s nobles <strong>et</strong> <strong>de</strong>s dirigeants<br />

pouvaient y avoir accès. Le système<br />

é<strong>du</strong>catif a donc été organisé à c<strong>et</strong>te<br />

époque en fonction <strong>de</strong>s aspirations<br />

d’un milieu noble <strong>et</strong> riche qui n’avait<br />

aucun besoin d’équiper techniquement<br />

sa jeunesse. L’é<strong>du</strong>cation qu’il<br />

dispensait était plutôt marquée par<br />

la très gran<strong>de</strong> importance accordée<br />

à la culture.<br />

De nos jours<br />

La finalité <strong>de</strong> l’é<strong>du</strong>cation inclut<br />

l’acquisition d’une formation professionnelle<br />

aussi hautement qualifiée<br />

que possible. L’organisation <strong>de</strong><br />

l’enseignement dans tous les pays<br />

comporte <strong>de</strong>s sections professionnelles<br />

ou techniques <strong>et</strong> d’autres qui<br />

ne le sont pas. Cependant, ces <strong>de</strong>rnières<br />

peuvent difficilement se déclarer<br />

purement culturelles. Toute<br />

formation est objectivement utile<br />

dans la mesure où elle tend à réaliser<br />

une fin ou une série <strong>de</strong> fins échelonnées<br />

dans le temps 16 .<br />

À notre époque, où il est question<br />

<strong>de</strong> « profil » pour un emploi comprenant<br />

certaines caractéristiques<br />

que doivent présenter les candidats<br />

à un poste, il serait insensé <strong>de</strong> prôner<br />

une é<strong>du</strong>cation désintéressée.<br />

Partout, l’é<strong>du</strong>cation a pour but<br />

aujourd’hui la transmission d’un<br />

savoir <strong>et</strong> d’un savoir-faire. Elle prépare<br />

à l’intégration dans le mon<strong>de</strong><br />

professionnel. Olivier Reboul 17<br />

souligne toutefois que l’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

l’é<strong>du</strong>cation est moins <strong>de</strong> donner<br />

une information qu’une formation,<br />

<strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en valeur les sciences<br />

que l’esprit scientifique. En eff<strong>et</strong>,<br />

poursuit-il, un système qui sacrifierait<br />

le développement <strong>de</strong> l’imagination,<br />

le raffinement <strong>du</strong> goût <strong>et</strong><br />

l’approfondissement <strong>de</strong> l’intuition<br />

intellectuelle limiterait aussi proportionnellement<br />

l’utilisation <strong>de</strong> ce<br />

qui serait appris. L’é<strong>du</strong>cation prépare<br />

donc les élèves au mon<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>main en leur donnant une culture<br />

générale <strong>et</strong> <strong>de</strong>s connaissances suffisantes<br />

pour qu’ils puissent jouer un<br />

rôle actif dans la société.<br />

En réponse à la question posée<br />

La réponse à la question posée au<br />

début <strong>du</strong> présent texte ne peut pas<br />

se résumer en une position qui<br />

serait généralisable. Elle sera différente<br />

suivant les personnes <strong>et</strong> les<br />

groupes <strong>de</strong> personnes se trouvant<br />

dans différents contextes. L’histoire<br />

a montré comment le sens <strong>et</strong> les<br />

fonctions assignées à l’é<strong>du</strong>cation<br />

varient d’un auteur à l’autre, d’une<br />

pério<strong>de</strong> à l’autre, d’une société à<br />

l’autre. Cela s’explique par le fait<br />

que le sens <strong>et</strong> la raison d’agir sont<br />

<strong>de</strong>s choix subjectifs qui relèvent <strong>de</strong>s<br />

valeurs.<br />

Les valeurs<br />

Les valeurs, au même titre que les<br />

croyances, les normes <strong>et</strong> les mœurs<br />

sont <strong>de</strong>s éléments non matériels <strong>de</strong><br />

la culture d’une société. Cependant,<br />

les valeurs n’en ont pas moins une<br />

existence réelle 18 . L’observation <strong>de</strong><br />

la vie <strong>de</strong> chaque jour démontre leur<br />

existence. Elles correspon<strong>de</strong>nt à ce<br />

qui est bon <strong>et</strong> à ce qui est beau <strong>et</strong><br />

important dans la con<strong>du</strong>ite <strong>et</strong> les<br />

façons <strong>de</strong> faire. Cela inclut notamment<br />

la façon <strong>de</strong> s’habiller, la<br />

musique que l’on apprécie, ce qui<br />

vaut la peine d’être poursuivi.<br />

Les valeurs sont regroupées en<br />

types. Deux typologies sont particulièrement<br />

connues : celle <strong>de</strong> Max<br />

Scheler 19 <strong>et</strong> celle <strong>de</strong> Louis Lavelle 20 .<br />

Le premier distingue cinq catégories<br />

<strong>de</strong> valeurs. Ces catégories<br />

regroupent, selon lui, l’ensemble<br />

<strong>de</strong>s choses qui peuvent être jugées<br />

importantes <strong>et</strong> qui peuvent servir <strong>de</strong><br />

principes aux actions humaines. Sa<br />

typologie <strong>de</strong>s valeurs est la suivante :<br />

a)le plaisir, qui regroupe les valeurs<br />

qui se rapportent à la jouissance,<br />

à la satisfaction immédiate d’un<br />

besoin ou à la délivrance d’une<br />

douleur;<br />

PÉDAGOGIQUE 47<br />

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