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No 134, février-mars - Ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport ...

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acteurs dans le domaine <strong>de</strong> l’é<strong>du</strong>cation<br />

peuvent difficilement se comprendre<br />

s’ils ne s’enten<strong>de</strong>nt pas sur<br />

ce qui est important, ce que l’on<br />

considère comme l’obj<strong>et</strong> ultime <strong>de</strong><br />

l’action é<strong>du</strong>cative. Il a été prouvé<br />

qu’il est nécessaire d’un point <strong>de</strong><br />

vue pédagogique <strong>de</strong> bien connaître<br />

ce que l’on poursuit ou ce que l’on<br />

doit poursuivre dans la pratique<br />

<strong>de</strong> l’é<strong>du</strong>cation. La connaissance <strong>de</strong><br />

l’utilité, <strong>du</strong> but ou <strong>de</strong>s objectifs visés<br />

a un eff<strong>et</strong> sur la qualité <strong>de</strong>s résultats<br />

obtenus par les élèves. Par exemple,<br />

la connaissance d’un but <strong>et</strong> d’objectifs<br />

bien définis a une influence<br />

positive sur les apprenants <strong>et</strong>, en<br />

l’absence <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te connaissance,<br />

ceux-ci éprouvent plus <strong>de</strong> difficultés<br />

à tirer parti <strong>de</strong> l’enseignement qui<br />

leur est prodigué. Mager affirme<br />

avoir estimé, à partir d’une étu<strong>de</strong><br />

sur un groupe d’ingénieurs qui<br />

suivaient une formation spécialisée,<br />

un gain <strong>de</strong> temps <strong>de</strong> 65 p. 100 réalisé<br />

par le groupe informé <strong>de</strong>s<br />

objectifs à atteindre pour arriver au<br />

même résultat final <strong>de</strong> formation<br />

que les autres 7 . Un enseignement<br />

réussi sera donc un enseignement<br />

avec <strong>de</strong>s objectifs bien déterminés.<br />

La qualité <strong>de</strong>s apprentissages dépendra<br />

en gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> la qualité<br />

<strong>de</strong> ces objectifs, notamment leur<br />

pertinence <strong>et</strong> leur clarté.<br />

La détermination <strong>de</strong> l’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

l’é<strong>du</strong>cation facilite le choix <strong>de</strong>s<br />

métho<strong>de</strong>s pédagogiques. Par cellesci,<br />

nous entendons les démarches<br />

comprenant les activités, les techniques<br />

<strong>et</strong> les moyens pédagogiques<br />

que l’enseignant va utiliser pour<br />

perm<strong>et</strong>tre aux élèves d’atteindre les<br />

objectifs visés. L’enseignant organisera<br />

donc les situations d’apprentissage<br />

en choisissant, dans l’éventail<br />

<strong>de</strong> techniques <strong>et</strong> <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s dont<br />

il dispose, celles qui serviront au<br />

mieux ses objectifs d’enseignement<br />

8 . Ces moyens vont <strong>de</strong> la transmission<br />

magistrale <strong>de</strong> savoir à<br />

l’invention à partir <strong>de</strong> l’expérience<br />

indivi<strong>du</strong>elle ou collective, en passant<br />

par l’enseignement programmé, le<br />

questionnement, les discussions, la<br />

découverte par l’observation indivi<strong>du</strong>elle<br />

ou collective ou la résolution<br />

<strong>de</strong> problèmes, par exemple. À vrai<br />

Photo : Denis Garon<br />

Vie pédagogique <strong>134</strong>, février-<strong>mars</strong><br />

2005<br />

dire, il s’agit <strong>de</strong> savoir ce qui est<br />

important <strong>et</strong> qui vaut la peine d’être<br />

appris, ce qui mérite d’être poursuivi,<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> trouver les moyens<br />

appropriés pour l’atteindre.<br />

L’idée d’é<strong>du</strong>cation<br />

Pour bien saisir l’importance <strong>de</strong><br />

l’enjeu <strong>de</strong> la connaissance <strong>de</strong> l’utilité<br />

<strong>de</strong> l’é<strong>du</strong>cation, il faut se faire<br />

une idée claire <strong>de</strong> ce qu’est l’é<strong>du</strong>cation.<br />

On constate pourtant une certaine<br />

confusion à c<strong>et</strong> égard. Une<br />

enquête informelle que nous avons<br />

menée auprès d’étudiants en salle<br />

<strong>de</strong> classe révèle que leur idée à ce<br />

suj<strong>et</strong> est parfois contradictoire. En<br />

eff<strong>et</strong>, nous avons constaté au cours<br />

<strong>de</strong> c<strong>et</strong>te enquête que l’idée <strong>de</strong> l’é<strong>du</strong>cation<br />

varie selon les indivi<strong>du</strong>s.<br />

Pour certains, l’é<strong>du</strong>cation est perçue<br />

<strong>du</strong> point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> son but : intégration<br />

sociale, développement <strong>de</strong> la<br />

personne, assimilation d’une culture.<br />

D’autres la perçoivent <strong>du</strong> point<br />

<strong>de</strong> vue <strong>de</strong> ses métho<strong>de</strong>s : elle est<br />

alors action <strong>et</strong> accompagnement.<br />

Pour certains étudiants, elle signifie<br />

ou représente <strong>de</strong>s connaissances,<br />

<strong>de</strong>s savoirs, <strong>de</strong>s habil<strong>et</strong>és, au sens<br />

où l’on dit <strong>de</strong> quelqu’un qu’il a une<br />

bonne é<strong>du</strong>cation. Pour d’autres,<br />

l’é<strong>du</strong>cation correspond à <strong>de</strong>s façons<br />

<strong>de</strong> faire apprendre, <strong>de</strong>s processus<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s. La découverte<br />

<strong>de</strong> ces différences au fil <strong>de</strong> notre<br />

enquête a d’ailleurs suscité un<br />

certain désarroi chez plusieurs<br />

étudiants.<br />

Par ailleurs, la confusion est entr<strong>et</strong>enue<br />

par la diversité <strong>de</strong>s définitions<br />

qui sont données <strong>de</strong> l’é<strong>du</strong>cation.<br />

Celles-ci abon<strong>de</strong>nt <strong>et</strong> se contredisent<br />

en m<strong>et</strong>tant l’accent sur un<br />

aspect important que d’autres considèrent<br />

comme négligeable 9 . L’une<br />

<strong>de</strong>s définitions les plus utilisées<br />

provient <strong>du</strong> sociologue Émile<br />

Durkheim : « L’é<strong>du</strong>cation est l’action<br />

exercée par les générations a<strong>du</strong>ltes<br />

sur celles qui ne sont pas encore<br />

mûres pour la vie sociale. Elle a<br />

pour obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> susciter <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

développer chez l’enfant un certain<br />

nombre d’états physiques, intellectuels<br />

<strong>et</strong> moraux que réclament<br />

<strong>de</strong> lui <strong>et</strong> la société politique dans<br />

son ensemble <strong>et</strong> le milieu spécial<br />

auquel il est particulièrement <strong>de</strong>stiné<br />

10 .» C<strong>et</strong>te définition semble<br />

attribuer à l’é<strong>du</strong>cation la fonction<br />

d’intégrer les indivi<strong>du</strong>s dans la<br />

société. Elle paraît également indiquer<br />

la façon dont c<strong>et</strong>te fonction<br />

doit se réaliser, soit par l’action <strong>de</strong>s<br />

générations a<strong>du</strong>ltes sur celles qui<br />

ne sont pas encore mûres pour la<br />

vie sociale. Toutefois, contrairement<br />

à c<strong>et</strong>te définition, on peut se<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si l’é<strong>du</strong>cation ne peut<br />

pas avoir pour proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> transformer<br />

la société. Si l’on vit dans<br />

une société belliqueuse, ne peut-on<br />

pas assigner pour tâche à l’é<strong>du</strong>cation<br />

<strong>de</strong> préparer une génération au<br />

cœur plus pacifique? Si la société<br />

est injuste, l’é<strong>du</strong>cation ne doit-elle<br />

pas avoir pour fonction <strong>de</strong> la rendre<br />

plus équitable, plus conviviale?<br />

John Stuart Mill, quant à lui, donne<br />

une définition tout à fait différente<br />

<strong>de</strong> celle <strong>de</strong> Durkheim. Pour Mill,<br />

l’é<strong>du</strong>cation « comprend tout ce que<br />

nous faisons par nous-même <strong>et</strong> tout<br />

ce que les autres font pour nous<br />

dans le but <strong>de</strong> nous rapprocher <strong>de</strong><br />

la perfection <strong>de</strong> notre nature 11 ». La<br />

définition <strong>de</strong> Mill comporte, comme<br />

celle <strong>de</strong> Durkheim, un but <strong>et</strong> un<br />

moyen pour atteindre ce but. Elles<br />

sont différentes sur le type <strong>de</strong> but<br />

que doit poursuivre l’é<strong>du</strong>cation <strong>et</strong><br />

sur le type <strong>de</strong> moyen à utiliser pour<br />

y arriver.<br />

Ainsi, la diversité <strong>de</strong>s conceptions<br />

<strong>de</strong> l’é<strong>du</strong>cation nous incite à penser<br />

que les acteurs en matière d’é<strong>du</strong>cation<br />

n’ont pas la même idée <strong>de</strong><br />

l’utilité <strong>de</strong> l’é<strong>du</strong>cation ni <strong>de</strong>s moyens<br />

par lesquels elle doit se réaliser.<br />

Pour certains, l’é<strong>du</strong>cation doit servir<br />

à transm<strong>et</strong>tre <strong>de</strong>s connaissances<br />

<strong>et</strong> à favoriser l’intégration au marché<br />

<strong>du</strong> travail. Pour d’autres, elle<br />

doit se préoccuper d’ai<strong>de</strong>r les<br />

élèves à se développer. C<strong>et</strong>te confusion<br />

quant à l’idée même <strong>de</strong> l’é<strong>du</strong>cation<br />

constitue une difficulté<br />

majeure liée à sa réalisation, <strong>et</strong> ce,<br />

aux divers ordres d’enseignement.<br />

Ainsi, les enseignants perçoivent<br />

souvent mal leur rôle. En eff<strong>et</strong>,<br />

comment peut-on être efficace <strong>du</strong><br />

point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> l’é<strong>du</strong>cation si l’on<br />

n’est pas convaincu <strong>de</strong> l’utilité <strong>de</strong><br />

l’action que l’on entreprend, si l’on<br />

ne sait pas à quoi elle doit servir? La<br />

connaissance <strong>de</strong>s finalités assignées<br />

à l’é<strong>du</strong>cation au cours <strong>de</strong> l’histoire<br />

peut nous éclairer dans ce sens.<br />

Les finalités à travers l’histoire<br />

La priorité à la société<br />

Dans les temps antiques, la priorité<br />

était accordée à la société sur<br />

les indivi<strong>du</strong>s. Aristote prônait que<br />

l’é<strong>du</strong>cation <strong>de</strong>vait créer les conditions<br />

nécessaires à la constitution <strong>et</strong><br />

à la stabilité <strong>de</strong> la société pour que<br />

c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>rnière assure le bonheur<br />

<strong>de</strong>s citoyens. C’était alors par l’é<strong>du</strong>cation<br />

que se formait la communauté.<br />

Cependant, l’é<strong>du</strong>cation ne<br />

créait pas seulement la société, la<br />

communauté qui constituait la cité,<br />

mais elle lui assurait également la<br />

stabilité. On cherchait à c<strong>et</strong>te<br />

époque-là à inculquer aux jeunes le<br />

respect <strong>de</strong> l’État <strong>et</strong> <strong>de</strong> la famille,<br />

le culte <strong>de</strong>s ancêtres, l’obéissance<br />

formelle à la tradition, pour les<br />

amener à se conformer au mon<strong>de</strong><br />

dans lequel ils vivaient. L’originalité,<br />

l’initiative, la liberté n’étaient pas<br />

recherchées. L’é<strong>du</strong>cation dans la<br />

cité grecque <strong>de</strong> Sparte, par exemple,<br />

avait pour but <strong>de</strong> former <strong>de</strong>s soldats,<br />

forts <strong>et</strong> braves, <strong>de</strong>s personnes<br />

<strong>de</strong> caractère aimant par-<strong>de</strong>ssus tout<br />

leur patrie. La formation militaire<br />

<strong>du</strong>rait jusqu’à 30 ans. Chose curieuse,<br />

la discrimination sexuelle ne<br />

se manifestait pas dans ce domaine.<br />

Les filles recevaient la même é<strong>du</strong>cation<br />

guerrière que les garçons. Elles<br />

apprenaient la lutte <strong>et</strong> le lancement<br />

<strong>du</strong> javelot. Elles étaient é<strong>du</strong>quées<br />

pour être robustes <strong>et</strong> avoir <strong>de</strong>s filles<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong>s fils sains <strong>et</strong> forts <strong>et</strong> pour<br />

préférer la patrie à leur mari <strong>et</strong> à<br />

leurs enfants 12 .<br />

PÉDAGOGIQUE 45<br />

DOSSIER

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