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No 134, février-mars - Ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport ...

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l’enseignante <strong>de</strong> « classe unique »<br />

<strong>de</strong> son p<strong>et</strong>it village, en France, qui<br />

accueillait vingt élèves <strong>de</strong> 3 à<br />

12 ans. C<strong>et</strong>te pédagogue l’émerveillait,<br />

car elle était capable « d’enseigner<br />

à tous ». Catherine s’est<br />

PAULE COULOMBE<br />

ÉCOLE LES PETITS-CASTORS<br />

COMMISSION SCOLAIRE<br />

MARIE-VICTORIN<br />

d’abord appliquée à l’imiter dans<br />

ses jeux d’enfant. Puis, dès sa première<br />

année d’enseignement, elle a<br />

élaboré une approche par ateliers<br />

qui tenait compte <strong>de</strong>s centres d’intérêt,<br />

<strong>de</strong>s besoins, <strong>de</strong>s forces <strong>et</strong> <strong>de</strong>s<br />

limites <strong>de</strong> chaque élève. Elle pratiquait<br />

ainsi une sorte <strong>de</strong> différenciation<br />

pédagogique avant l’heure.<br />

La première réelle influence perçue<br />

par Caroline Jodoin, enseignante au<br />

troisième cycle <strong>du</strong> primaire à<br />

l’école Anne-Hébert, <strong>de</strong> la Commission<br />

scolaire <strong>de</strong> Montréal, lui vient<br />

<strong>de</strong> sa famille : « Avec un père, une<br />

mère, une grand-mère, un grandpère<br />

<strong>et</strong> un conjoint qui enseignent<br />

ou ont enseigné, ce n’est pas cliché<br />

<strong>de</strong> dire que je baigne dans l’é<strong>du</strong>cation<br />

<strong>de</strong>puis l’enfance! » Parce<br />

qu’elle estime avoir beaucoup reçu,<br />

Caroline a choisi <strong>de</strong> travailler pendant<br />

plusieurs années en adaptation<br />

scolaire, <strong>et</strong> elle rejoint ainsi l’intervention<br />

<strong>de</strong> Gin<strong>et</strong>te, qui se dit portée<br />

à croire que « l’on enseigne peutêtre<br />

avec la <strong>de</strong>tte qu’on a ».<br />

De l’adversité…<br />

Monique Darvau, enseignante en<br />

cinquième année à l’école La Source,<br />

<strong>de</strong> la Commission scolaire <strong>de</strong> la<br />

Riveraine, Marie-Andrée Charlebois,<br />

enseignante en quatrième année à<br />

l’école Maisonneuve, <strong>de</strong> la CSDM,<br />

Vianney Gravel, directeur <strong>de</strong> l’école<br />

Photo : Denis Garon<br />

Pierre-<strong>de</strong>-Lestage, <strong>de</strong> la Commission<br />

scolaire <strong>de</strong>s Samares <strong>et</strong><br />

Reinel<strong>de</strong> Landry ont un cheminement<br />

qui présente une certaine<br />

parenté, comme si l’épreuve <strong>de</strong><br />

l’adversité les avait con<strong>du</strong>its par <strong>de</strong>s<br />

chemins détournés à la sérénité <strong>du</strong><br />

choix d’enseigner.<br />

Monique a toujours manifesté un<br />

grand amour <strong>de</strong>s enfants <strong>et</strong> elle<br />

reconnaît que les personnes qui lui<br />

ont enseigné <strong>de</strong> la première à la<br />

quatrième année l’ont certainement<br />

marquée. Dès l’âge <strong>de</strong> 9 ans, elle a<br />

voulu faire ce métier. Au moment<br />

d’entrer au secondaire, Monique ne<br />

pouvait être admise au cours scientifique,<br />

préalable à l’école normale<br />

<strong>de</strong> l’époque, parce qu’elle n’avait<br />

pas les notes requises. Le verdict<br />

«Tu ne peux pas être enseignante,<br />

on ne peut rien faire pour toi »<br />

a sonné le réveil <strong>de</strong> sa débrouillardise<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> sa détermination.<br />

À force <strong>de</strong> volonté, Monique a fait<br />

<strong>de</strong>s démarches <strong>et</strong> obtenu une<br />

admission conditionnelle. Après<br />

avoir satisfait aux standards requis,<br />

elle a pu réaliser <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> ses plus<br />

grands rêves : enseigner <strong>et</strong> aller en<br />

Afrique.<br />

CLAUDE DAVIAU<br />

SERVICES ÉDUCATIFS<br />

COMMISSION SCOLAIRE<br />

DE MONTRÉAL<br />

Photo : Denis Garon<br />

sible pour lui au collégial; le second<br />

facteur, ce sont les moments <strong>de</strong><br />

bonheur ressentis comme scout,<br />

moniteur ou chef <strong>de</strong> camp d’été,<br />

lorsqu’il s’agissait d’établir une<br />

relation personnelle avec les gens,<br />

<strong>de</strong> les écouter <strong>et</strong> <strong>de</strong> les comprendre.<br />

Vianney établit un lien entre c<strong>et</strong>te<br />

prise <strong>de</strong> conscience <strong>de</strong> ses habil<strong>et</strong>és<br />

<strong>et</strong> son orientation vers la gestion<br />

<strong>de</strong>s ressources humaines quelques<br />

années plus tard :<br />

L’impression <strong>de</strong> rej<strong>et</strong> que l’on<br />

ressent lorsqu’on ne répond pas<br />

aux règles a eu <strong>de</strong>s r<strong>et</strong>ombées<br />

CATHERINE LE GALLO<br />

ÉCOLE SAINT-JEAN-DE-BRÉBEUF<br />

COMMISSION SCOLAIRE<br />

DE MONTRÉAL<br />

À la valorisation…<br />

Bien que sa mère <strong>et</strong> sa tante aient<br />

été enseignantes, Vianney Gravel ne<br />

croit pas que cela a été réellement<br />

déterminant pour lui. Ce sont plutôt<br />

<strong>de</strong>ux événements précis qui ont<br />

mo<strong>du</strong>lé son choix : un échec en<br />

mathématique, au secondaire, a<br />

fait en sorte que seul l’accès aux<br />

sciences humaines <strong>de</strong>venait possur<br />

mon comportement <strong>et</strong> a coloré<br />

mes valeurs; j’ai développé<br />

une certaine adresse à contrer<br />

les embûches qui freinent les<br />

jeunes <strong>et</strong> les a<strong>du</strong>ltes dans leur<br />

développement, <strong>et</strong> j’ai mis toute<br />

mon énergie à démontrer à ma<br />

famille par mon choix professionnel<br />

que, même si on n’est<br />

pas performant à l’école dans<br />

certaines matières, il est possible<br />

<strong>de</strong> s’épanouir, d’être utile aux<br />

autres <strong>et</strong> <strong>de</strong> réussir sa vie.<br />

Pour Marie-Andrée, aller à l’école a<br />

toujours été très ar<strong>du</strong> parce qu’elle<br />

avait <strong>de</strong> la difficulté à se concentrer,<br />

probablement à cause d’un problème<br />

visuel non dépisté. Bien que<br />

l’école primaire n’ait pas été pour<br />

elle un lieu d’épanouissement, elle<br />

est quand même parvenue au choix<br />

d’enseigner par rebondissements<br />

successifs : « Ma mémoire est émotive<br />

: les gens qui m’ont marquée<br />

sont ceux qui ont eu confiance<br />

en moi, ceux que j’ai regardés<br />

Photo : Denis Garon<br />

Vie pédagogique <strong>134</strong>, février-<strong>mars</strong><br />

2005<br />

enseigner <strong>et</strong> qui avaient <strong>de</strong>s attitu<strong>de</strong>s<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong>s comportements que<br />

j’aimais. »<br />

Marie-Andrée est reconnaissante<br />

envers une religieuse qui, à la mort<br />

<strong>de</strong> sa mère, l’a accompagnée dans<br />

les efforts à faire pour reprendre les<br />

matières échouées <strong>et</strong> l’a guidée<br />

dans ses réflexions concernant son<br />

avenir. Après avoir quitté le cours<br />

classique <strong>et</strong> fréquenté l’école normale,<br />

elle découvre l’univers <strong>de</strong>s<br />

enfants lors <strong>de</strong> son premier stage.<br />

La valorisation personnelle lui est<br />

d’abord venue d’un oncle très soutenant;<br />

le sentiment <strong>de</strong> fierté professionnelle<br />

s’est développé au sein <strong>du</strong><br />

milieu scolaire protestant, où <strong>de</strong>s<br />

parents d’élèves verbalisaient la<br />

chance qu’avaient leurs enfants <strong>de</strong><br />

fréquenter sa classe. Forte <strong>de</strong> ces<br />

encouragements, Marie-Andrée, qui<br />

se définissait comme « une bonne<br />

<strong>de</strong>rnière <strong>de</strong> classe », a trouvé l’assurance<br />

<strong>et</strong> la détermination nécessaire<br />

pour quitter son emploi <strong>et</strong><br />

r<strong>et</strong>ourner parfaire sa formation.<br />

Un choix éclairé<br />

Originaire <strong>de</strong> la Gaspésie <strong>et</strong> troisième<br />

enfant d’une famille nombreuse,<br />

Reinel<strong>de</strong> a été marquée dès<br />

l’âge <strong>de</strong> 5 ans par un refus d’être<br />

admise à l’école : « Il n’y a pas <strong>de</strong><br />

place pour elle », a laissé tomber le<br />

commissaire d’école venu à la maison<br />

rencontrer ses parents la veille<br />

<strong>de</strong> la rentrée scolaire. « Cela a été<br />

une offense incroyable à ma vie<br />

d’enfant, <strong>et</strong> je n’ai pas <strong>de</strong> mots pour<br />

décrire ce que cela m’a fait. » À la<br />

suite <strong>de</strong> c<strong>et</strong> événement, Reinel<strong>de</strong><br />

CAROLINE JODOIN<br />

ÉCOLE ANNE-HÉBERT<br />

COMMISSION SCOLAIRE<br />

DE MONTRÉAL<br />

PÉDAGOGIQUE 41<br />

Photo : Denis Garon<br />

DOSSIER

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