No 134, février-mars - Ministère de l'Ãducation, du Loisir et du Sport ...
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CITOYENNETÉ<br />
Aux côtés d’un pédagogue d’exception : Jacques Tardif<br />
Lorsque j’étais en <strong>de</strong>rnière<br />
année <strong>de</strong> baccalauréat, à<br />
l’occasion <strong>de</strong> lectures obligatoires<br />
dans un <strong>de</strong> mes cours, j’ai<br />
découvert les titres suivants : Intégrer<br />
les nouvelles technologies <strong>de</strong><br />
l’information. Quel cadre pédagogique?<br />
<strong>et</strong> Pour un enseignement<br />
stratégique : l’apport <strong>de</strong> la psychologie<br />
cognitive, <strong>de</strong>ux ouvrages<br />
fort connus <strong>de</strong> Jacques Tardif, professeur<br />
à l’Université <strong>de</strong> Sherbrooke.<br />
Je ne savais pas à l’époque que ce<br />
La coopération <strong>et</strong> la citoyenn<strong>et</strong>é<br />
par Guy Lusignan<br />
Apprendre à vivre en société,<br />
respecter les autres <strong>et</strong> s’initier<br />
à la démocratie sont <strong>de</strong>s<br />
attitu<strong>de</strong>s auxquelles l’école accor<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> l’importance. Elle contribue aussi<br />
à les développer intentionnellement<br />
chez les élèves. En eff<strong>et</strong>, dans le<br />
Programme <strong>de</strong> formation <strong>de</strong> l’école<br />
québécoise, une attention particulière<br />
est accordée, au primaire, à c<strong>et</strong><br />
aspect <strong>du</strong> développement <strong>de</strong> l’élève.<br />
Jumelé à la compétence transversale<br />
coopérer, le domaine général<br />
<strong>de</strong> formation Vivre-ensemble <strong>et</strong><br />
citoyenn<strong>et</strong>é sert <strong>de</strong> point d’ancrage<br />
à la planification d’activités qui<br />
ai<strong>de</strong>ront l’élève à développer ses<br />
habil<strong>et</strong>és <strong>de</strong> coopération <strong>et</strong> ses habil<strong>et</strong>és<br />
sociales. Ainsi, tout au long <strong>du</strong><br />
primaire, il pourra comprendre le<br />
sens <strong>de</strong> l’entrai<strong>de</strong>, développer sa<br />
capacité à respecter les autres <strong>et</strong><br />
apprendre à fonctionner <strong>de</strong> façon<br />
démocratique. La coopération fait<br />
donc l’obj<strong>et</strong> d’un apprentissage à<br />
long terme. Et cela ne va pas <strong>de</strong> soi.<br />
C’est par l’intermédiaire <strong>de</strong> nombreuses<br />
activités <strong>et</strong> <strong>de</strong> situations<br />
diversifiées que c<strong>et</strong>te compétence<br />
se développe. Comme dans tout<br />
apprentissage scolaire, les élèves<br />
doivent être accompagnés par l’enseignant<br />
sur qui repose la responsabilité<br />
<strong>du</strong> développement <strong>de</strong> leurs<br />
habil<strong>et</strong>és relationnelles. « Ce que<br />
l’on a appris, c’est que les attitu<strong>de</strong>s<br />
penseur québécois était <strong>de</strong> renommée<br />
internationale, qu’il avait collaboré<br />
à la réforme <strong>de</strong> différents<br />
programmes universitaires, que ses<br />
idées avaient influencé le nouveau<br />
Programme <strong>de</strong> formation <strong>de</strong> l’école<br />
québécoise <strong>et</strong>, surtout, que j’aurais<br />
sous peu la chance <strong>de</strong> le côtoyer.<br />
En eff<strong>et</strong>, quel n’a pas été mon<br />
plaisir d’apprendre, quand je me<br />
suis inscrite au <strong>de</strong>uxième cycle en<br />
sciences <strong>de</strong> l’é<strong>du</strong>cation, que je<br />
partageais avec le professeur Tardif<br />
coopératives, cela s’enseigne. Ce<br />
n’est pas inné... On doit initier les<br />
élèves aux techniques <strong>de</strong> coopération<br />
», affirme Micheline Sanche.<br />
Dans le présent article, on verra<br />
les raisons pour lesquelles une<br />
psychoé<strong>du</strong>catrice, une orthopédagogue<br />
<strong>et</strong> cinq enseignantes 1 <strong>de</strong><br />
l’école Chanoine-Joseph-Théôr<strong>et</strong>, à<br />
Ver<strong>du</strong>n, <strong>de</strong> la Commission scolaire<br />
Marguerite-Bourgeoys, conscientes<br />
<strong>de</strong> c<strong>et</strong> aspect important <strong>de</strong> leur tâche,<br />
ont entrepris <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en œuvre au<br />
cours <strong>de</strong> l’année 2003-2004 l’apprentissage<br />
coopératif dans leur<br />
classe <strong>du</strong> primaire. On examinera<br />
aussi les conclusions qu’elles ont<br />
tirées <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te expérience.<br />
Une formation sur la coopération<br />
Pour réaliser leur proj<strong>et</strong>, les personnes<br />
rencontrées ont voulu être<br />
aidées dans leur démarche. C’est<br />
pour c<strong>et</strong>te raison qu’elles se sont<br />
engagées dans un programme universitaire<br />
<strong>de</strong> <strong>de</strong>uxième cycle. Elles<br />
ont choisi ce type <strong>de</strong> formation<br />
parce qu’elles sont convaincues <strong>de</strong><br />
l’importance d’avoir l’avis <strong>de</strong> collègues<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> spécialistes sur leurs<br />
pratiques. Pour elles, l’échange est<br />
l’un <strong>de</strong>s aspects <strong>de</strong> leur engagement<br />
dans la coopération. Ce programme<br />
<strong>de</strong> formation leur perm<strong>et</strong> d’établir<br />
une synergie entre le savoir « terrain<br />
» <strong>et</strong> le savoir « savant », comme<br />
le souligne si bien Roxane Dubuc :<br />
Photo : Denis Garon<br />
un intérêt pour la pédagogie universitaire<br />
<strong>et</strong> que j’aurais ainsi l’occasion<br />
<strong>de</strong> travailler aux côtés <strong>de</strong> ce<br />
grand penseur, au sein <strong>du</strong> Groupe<br />
<strong>de</strong> recherche sur l’enseignement<br />
supérieur.<br />
Voilà donc maintenant près <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />
ans que j’ai rencontré Jacques<br />
Tardif, <strong>et</strong> mon admiration pour ce<br />
professeur n’a pas diminué. Ce penseur<br />
qui a marqué le domaine <strong>de</strong> la<br />
pédagogie au Québec démontre <strong>du</strong><br />
respect <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’écoute, même à l’égard<br />
d’une jeune étudiante… Voilà sans<br />
doute la marque d’un grand pédagogue.<br />
Marie-France <strong>No</strong>ël<br />
Références bibliographiques<br />
TARDIF, J., avec la collaboration <strong>de</strong> A.<br />
PRESSEAU. Intégrer les nouvelles technologies<br />
<strong>de</strong> l’information. Quel cadre pédagogique?,<br />
Paris, Éd. sociales françaises,<br />
1998.<br />
TARDIF, J. Pour un enseignement stratégique<br />
: l’apport <strong>de</strong> la psychologie cognitive,<br />
Montréal, Éd. Logiques, 1992.<br />
DE GAUCHE À DROITE : MARIE-LOUISE DEMERS, MICHELINE SANCHE,<br />
CAROLINE LUSSIER, LYNDA CHARRETTE, CAROLINE LAFRAMBOISE,<br />
ROXANE DUBUC ET FRANCE GRATTON<br />
« Maintenant, comme c’est une formation,<br />
même si je fais <strong>de</strong>s erreurs,<br />
j’ai le temps <strong>de</strong> les corriger. J’ai un<br />
échange avec le professeur, il y a<br />
un suivi <strong>et</strong> je peux m’adapter, compléter<br />
ce que j’ai fait <strong>et</strong> aller plus<br />
loin. » D’autres raisons motivaient<br />
ces enseignantes. Le programme <strong>du</strong><br />
primaire suppose une plus gran<strong>de</strong><br />
participation <strong>de</strong>s élèves dans leur<br />
apprentissage, ce qui amène bien<br />
souvent les enseignants à modifier<br />
leurs pratiques concernant certains<br />
aspects <strong>du</strong> programme. Par exemple,<br />
l’une <strong>de</strong>s participantes voulait avoir<br />
plus d’outils pour travailler le développement<br />
<strong>de</strong> la compétence transversale<br />
coopérer. Caroline Laframboise<br />
désirait enrichir son enseignement :<br />
«L’apprentissage coopératif rend<br />
l’apprentissage plus motivant, notre<br />
enseignement est plus différencié. »<br />
Comme orthopédagogue, Micheline<br />
Sanche avait d’autres préoccupa-<br />
tions. Elle affirme <strong>de</strong> façon catégorique<br />
qu’il n’est plus possible <strong>de</strong><br />
continuer comme avant, à cause<br />
<strong>de</strong>s nouvelles exigences :<br />
Avec la réforme, il n’y a plus <strong>de</strong><br />
classe spéciale, plus <strong>de</strong> redoublement.<br />
Il faut s’occuper <strong>de</strong>s élèves<br />
en difficulté. Si nous voulons<br />
qu’ils se sentent à l’aise dans la<br />
classe, nous <strong>de</strong>vons modifier nos<br />
approches. Un élève en difficulté<br />
ne peut pas se sentir à l’aise dans<br />
une classe où il se sent jugé par<br />
ses notes, où il est sans cesse<br />
placé <strong>de</strong>vant les meilleurs... Avec<br />
la coopération, il y a moyen que<br />
les élèves se sentent utiles. Il est<br />
possible <strong>de</strong> changer les statuts,<br />
car un élève qui était mal vu par<br />
les autres peut arriver, grâce à la<br />
coopération, à modifier ce statutlà.<br />
Il peut prendre confiance en<br />
lui. Il faut revoir nos approches.<br />
VIE 32 Vie pédagogique <strong>134</strong>, février-<strong>mars</strong><br />
2005