COMMERCE INFORMEL Une proportion très importante <strong>de</strong> la population travaille dans le secteur dit informel : d’après l’INEGI, 13 millions <strong>de</strong> personnes au Mexique. Mais l’organisation et la régulation <strong>de</strong> ce commerce est complexe, majoritairement aux mains <strong>de</strong>s “lea<strong>de</strong>rs” d’associations <strong>de</strong> commerçants, dans l’espace public comme au sein <strong>de</strong>s marchés. InfoRMEL : ILLÉGAL ? Le commerce <strong>de</strong> rue et commerce informel est un phénomène très important. Selon l’INEGI, cela concernerait 100.000 personnes dans la seule municipalité <strong>de</strong> Puebla. Il existe une politique municipale <strong>de</strong> régularisation du commerce informel : le “Secretaria <strong>de</strong> Gobernacion” délivre <strong>de</strong>s permis à ceux qui le souhaitent, remplissant certaines conditions. Seule le centre et la zone <strong>de</strong> monuments(1) est exclue, y étant interdit tout commerce <strong>de</strong> rue. Ces permis se délivrent assez facilement et le prix <strong>de</strong> location <strong>de</strong> l’emplacement dans l’espace public n’est pas très élevé, aux alentours <strong>de</strong> 100 pesos (2). Il existe plusieurs niveaux <strong>de</strong> « légalité » : du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> la municipalité, les «ambulantes», n’ayant pas <strong>de</strong> permis officiel, n’ont aucun statut légal. En revanche ils louent <strong>de</strong>s emplacements dans l’espace public à <strong>de</strong>s associations locales (on peut citer <strong>de</strong>s associations fortes comme la «28 <strong>de</strong> Octubre», la «10 <strong>de</strong> abril», la «AAA»). L’organisation <strong>de</strong> l’occupation <strong>de</strong>s «ambulantes» est donc officielle (ils paient une taxe mensuelle pour y <strong>de</strong>meurer, et on même sûrement un justificatif). Pour les associations, on peut donc parler d’organisations mafieuses, qui louent un espace public qui ne leur appartient pas. Ces organisations officieuses disposent d’un contrôle presque total : dans les marchés privés, mais aussi dans la rue et dans les «tianguis» (3). La municipalité ne dispose pas <strong>de</strong> données sur certains marchés : c’est le cas du marché Hidalgo, pour lequel l’association du «28 <strong>de</strong> Octubre» refuse <strong>de</strong> donner <strong>de</strong>s informations comme <strong>de</strong> laisser le personnel <strong>de</strong> la municipalité élaborer ces données (4). <strong>Les</strong> associations <strong>de</strong> commerçants ont un poids politique fort et les autorités municipales sont contraintes à dialoguer avec celles-ci et à tolérer un commerce informel qu’elles ne maîtrisent donc pas, et qui est officiellement illégal. Une politique répressive engendrerait <strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong> résistance importants. Dans certains cas (dans le centre surtout) on expulse les occupants « illégaux » qui ont pourtant payé leur emplacement (opérations <strong>de</strong> <strong>de</strong>salojamiento). Dans d’autres, il est impossible pour les autorités d’intervenir : les ambulantes, en plus grand nombre, résistent et affrontent parfois la police. Dans le centre en particulier c’est donc une lutte permanente entre les lea<strong>de</strong>rs d’associations <strong>de</strong> commerçants et les autorités en place qui cherchent à soigner l’image du la zone <strong>de</strong> monuments : « le centre historique a acquis une nouvelle valeur symbolique : la mise en scène idéale <strong>de</strong> l’efficacité politique »(5). Sur les 100.000 commerçants recensés par l’INEGI, seuls 1.500 auraient un permis délivré par la municipalité, et 14.766 (6) autres enregistrés par les associations <strong>de</strong> commerçants. <strong>Les</strong> chiffres montrent à quel point le commerce informel est peu régulé par la municipalité, et aussi à quel point les “lea<strong>de</strong>rs” ont la main <strong>de</strong>ssus : les 80.000 manquants, pour la plupart, ne sont pas indépendants sinon associés à <strong>de</strong>s associations <strong>de</strong> commerçants qui ne communiquent pas avec les autorités. CoMMENT PRENDRE EN COMPTE LE COMMERCE DE RUE ? Il existe une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> importante et insatisfaite d’emplacements légaux dans l’espace public réservés au commerce informel, ce qui est particulièrement visible dans le centre-ville, ou le commerce informel (théoriquement illégal) est largement toléré. C’est aussi la manque d’offre qui augmente le pouvoir <strong>de</strong>s “lea<strong>de</strong>rs”. Il y a là en enjeu. Quels lieux pourrait-on exploiter pour organiser le commerce informel ? Dans <strong>de</strong>s rues piétonnes ? Dans les jardins ou les places publiques ? En réquisitionnant et expropriant <strong>de</strong>s espaces en friche stratégiquement localisés ? En bref comment prendre en compte et accompagner le commerce <strong>de</strong> rue ? 1 Voire chapitre II “Zone Centrale”. 2 Selon le Secretaria <strong>de</strong> Gobernacion. 3 <strong>Les</strong> Tianguis sont <strong>de</strong>s marchés à l’air libre dans l’espace public. Ils sont issus d’une tradition longue qui remonte à l’époque pré-hispanique. 4 Rapport détaillé <strong>de</strong>s marchés, Secretaria <strong>de</strong> Desarollo Economico, Turismo y Competividad. 5 Antonine Ribardière et Bernard Tallet, Atlas Mégalopoles, Mexico, éditions Autrement, 2011. 6 Chiffres donnés par le Secretaria <strong>de</strong> Gobernacion. 50
figure 1 Plan <strong>de</strong> loocalisation <strong>de</strong>s industries (principalement textiles) le long <strong>de</strong>s principaux cours d’eau autour <strong>de</strong> la ville. Réalisé à partir <strong>de</strong> la carte <strong>de</strong> 1962 fournie par 51