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FRACCIONAMIENTOS
Les fraccionamientos sont de grands
complexes résidentiels fermés : mode
de production massif d’une ville et d’un
habitat sécurisés, c’est aussi une des
causes principales de l’étalement et de
la fragmentation de la ville.
L’origine du mot fraccionamiento est liée à l’action de «fractionner», de
diviser un grand terrain en de multiples parcelles pour lotir. Les terrains
des grands propriétaires terriens,«haciendas» et «ranchos», sont ainsi
divisés par des promoteurs pour lotir (1). Selon cette définition, les
premières «colonias»(2) construites à partir des années 1940 sont des
fraccionamientos.
Mais le terme évoque usuellement les grandes opérations de lotissement
et les complexes résidentiels fermés par des murs et des grilles, avec un
garde à l’entrée : c’est aujourd’hui le mode de production majoritaire des
fraccionamientos.
Ces opérations de lotissement sont menées par des groupes immobiliers
très puissants économiquement qui dirigent l’offre : «Grupo Proyecta»,
«Sadasi», «Ara» ou encore «Geo».
L’offre de fraccionamientos correspond à des aspirations résidentielles
privilégiant l’automobile, la maison individuelle, un habitat “proche de
la nature” et surtout à l’abri des inconvénients de la ville traditionnelle :
pollution de l’air, confort acoustique, insalubrité, et en particulier l’insécurité.
Les fraccionamientos sont donc construits à l’écart, loin du centre, et
sont une des premières composantes d’un étalement urbain incontrôlé et
désordonné (3).
Ce sont des “mondes à part” repliés sur eux-mêmes qui dénient l’espace
public, avec lequel ils entretiennent un rapport qui se limite à la voirie et
au mur d’enceinte. De part leur taille, ce sont des coupures d’envergure
dans le tissu urbain qui fractionnent le territoire à large échelle.
Cette fabrication d’un tissu enclos et d’une ville fractionnée est fortement
lié au le thème de la sécurité. Les autres modes de production de la
ville témoignent au contraire d’un
rapport riche à l’espace public: la
ville historique et les barrios, les
premiers fraccionamientos des
colonias construites à partir des
années 1940 (qui ne sont pas fermés),
les quartiers autoconstruits,
et même les «Unidades habitacionales»,
qui ne sont eux non-plus
pas totalement encloses.
Enfin les fraccionamientos sont
la matérialisation à large échelle
d’une fragmentation sociale forte,
chaque opération étant destinée
dans un lieu donné à une classe
sociale en particulier, selon
différents “standings”: les fraccionamientos
de “haut standing”
hébergent les populations les
plus riches dans de grandes villas
luxueuses à l’américaine (à l’image
de “La Vista” à Cholula (4)), tandis
qu’à l’opposé les fraccionamientos
de l’INFONAVIT proposent une version
populaire de la sécurisation
de l’habitat à l’échelle urbaine (5).
Comment rendre perméable un
tissu fermé et enclos ? Comment
tirer parti d’autres modèles de production
de la ville qui présentent,
à l’opposé, des caractéristiques
riches dans le rapport à l’espace
public ?
1 Voire «Mécanismes de
l’étalement» dans le même
chapitre.
2 Le terme de «colonia»
désigne à l’origine les
colonisations de terrains
agricoles au XIXe siècle
par les migrants européens.
Ces terrains ont
ensuite été divisés et lotis.
Par extension, il s’agit des
terrains colonisés, qu’il
s’agisse d’opérations de
promotion immobilière
(de fraccionamientos) ou
d’urbanisation informelle.
Le terme se rapproche
donc de la notion de
«nouveau quartier» avec
une acceptation plus
large que le terme de
fraccionamiento.
3 Voire «Mécanismes de
marché» dans le même
chapitre
4 Voire «Réserve territoriale
d’Angelopolis» (page
précédente)
5 Voire «Logement social
et accession sociale» dans
le même chapitre
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