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PROGRAMME #1 - Les Subsistances

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13<br />

INTERVIEW<br />

Quel chemin entre “(Not) a love song” et “<strong>Les</strong> Inconsolés” ?<br />

Je crois que “(Not) a love song” est une réponse pour me défaire des<br />

“Inconsolés” qui était une expérience artistique et psychique très marquante.<br />

J’étais tellement meurtri par la non-réception de ce travail par les<br />

professionnels, qu’il m’a fallu entreprendre un travail de deuil. Il y a eu des<br />

choses nouvelles pour moi dans “<strong>Les</strong> Inconsolés” et un engagement très fort.<br />

Elle est de loin ma pièce la plus personnelle et la plus autobiographique. Tout ça<br />

était partagé profondément par les protagonistes, et on a réussi à aller sur des<br />

terrains un peu difficiles, sombres, pas forcément ceux où on avait envie d’aller<br />

les uns et les autres dans le travail. “(Not) a love song” a mis ensuite longtemps<br />

à voir le jour. Il y a eu beaucoup de changements entre le projet et ce que c’est<br />

devenu. Au départ, je voulais me saisir de la figure de deux comédiennes qui<br />

avaient eu leurs heures de gloire. Que se passe-t-il après ? Plus rien, plus de<br />

coup de fil, plus d’engagement et plus que des images d’archives pour vous faire<br />

vivre. Le modèle était pour moi la grande Gloria Swanson dans “Sunset<br />

Boulevard” (de Billy Wilder - 1950). Au fil du temps le projet a changé, là c’est<br />

un peu plus léger, mais j’aimerais vraiment travailler un jour avec de très vieilles<br />

artistes comme je le pensais au départ.<br />

L’univers du cinéma est très présent, c’est une fascination personnelle ?<br />

Il y a deux gros star systèmes dans le monde artistique, le rock et le cinéma.<br />

Je me sens plus proche du cinéma. Par exemple, je voulais travailler sur les<br />

images de “<strong>Les</strong> Larmes amères de Petra von Kant” de Fassbinder, mais la<br />

construction du spectacle s’est faite par rapport aux chansons. Lors de ma<br />

première rencontre avec l’équipe, nous avons travaillé à partir d’une sélection<br />

d’une trentaine de morceaux et au deuxième rendez-vous pour qu’il y ait<br />

quelques substances, matières, nous avons visionné quelques séances de cinéclub<br />

pour voir des stars et leurs postures. Nous avons donc travaillé sur deux<br />

grandes figures cathartiques : Dietrich et la Callas. Elles jouent avec une totale<br />

économie de moyens à l’écran ou à la scène. Dans de nombreux films, la Callas<br />

ne bouge pas, chante un air de Mozart habillée dans des sublimes robes Saint<br />

Laurent noires avec juste une petite broche sur le haut. Elle ne bouge<br />

absolument pas, puis soudain, elle touche sa broche et relâche son bras… C’est<br />

sublime. C’est totalement volcanique. Cela rejoint mes grandes obsessions<br />

minimalistes, “<strong>Les</strong>s is more”. Je me suis permis plein de choses, d’ailleurs plus<br />

dans le “more” que dans le “less”, avec par exemple des morceaux de danse jazz.<br />

Dans ce spectacle, il y a une jouissance du mouvement, une joie…<br />

<strong>Les</strong> trois chanteurs ont des tessitures très différentes. Lorsque Miguel chante<br />

“Pleurez mes yeux” j’ai des frissons, et cette pure jouissance je ne me l’étais<br />

jamais permise sur le plateau. Avec la voix, il y a un rapport au plaisir qui est très<br />

particulier, plus évident qu’avec les mouvements.<br />

Comment s’est construit votre travail ?<br />

Tout s’est construit autour de la musique et des chansons. Le gros du travail<br />

pour moi était d’adapter les originaux, les faire changer de registre musical, de<br />

modifier certaines versions. Par exemple, Lou Reed est chanté façon Fado, et ça<br />

on l’a trouvé tout de suite. Mais la question a été de choisir : créer un super<br />

récital, sans mise en scène, et ça me contentait, ou faire quelque chose du vide<br />

entre les chansons et tisser des liens entre elles. En fait une dramaturgie s’est<br />

écrite selon les paroles des chansons. Je voulais plein de clins d’œil entre les<br />

chansons, entre leurs références ou leurs contenus, que l’on n’écoute pas<br />

forcément. Au résultat, les sous-titrages en anglais et en français donnent un<br />

sens très différent au contenu des chansons. Côté univers scénographique, je<br />

savais que je voulais un décor entre l’appartement en huis-clos de Petra von Kant<br />

et le studio de tournage de télévision. L’installation est réussie, très plastique,<br />

et pour les fringues je ne pouvais pas les habiller en H&M. On évite l’écueil du<br />

défilé de mode, mais chaque tenue a un rapport avec ce qui se raconte dans la<br />

chanson ou dans la pièce.<br />

Il y a une dimension nostalgique dans ce spectacle pourtant, un côté<br />

paradis chic perdu ?<br />

Je crois qu’il y a quelque chose dans le droit fil des “Inconsolés”. Par exemple,<br />

toutes les références musicales sont les chansons que j’écoutais lorsque j’étais<br />

ado, ou jeune adulte. En même temps, je voulais une sorte de mélange<br />

intemporel. Pour moi c’est important de m’attacher aux paroles : “La balade de<br />

la dépendance sexuelle” ou le “Je ne t’aime pas” de Kurt Weill sont des clins<br />

d’œil. Mais “Good Boy” était un titre de chanson aussi, et j’ai utilisé une chanson<br />

de PIL (Public Image Limited) pour mon premier spectacle. A l’époque c’était<br />

totalement incongru, on utilisait alors Steeve Reich ou de la musique<br />

contemporaine. Depuis toujours j’adore la chanson, elle permet de dire de<br />

manière primaire des choses fondamentales. C’est mon côté fleur bleue et je me<br />

permets de le mettre sur scène pour la première fois.<br />

PARCOURS<br />

De “Good Boy” (1998) aux “Inconsolés” (2005), la question de genre a traversé<br />

chacune des pièces d'Alain Buffard. L'insistance de ces enjeux le confronte à<br />

des interrogations qui sont à la fois formelles et politiques et auxquelles il<br />

préfère se mesurer plutôt que d'en anticiper les réponses. En 2005, avec<br />

“<strong>Les</strong> Inconsolés” (créée aux <strong>Subsistances</strong>), il a reçu le Grand Prix Danse du<br />

Syndicat Professionnel de la Critique. www.alainbuffard.eu<br />

Miguel Gutierrez, performeur, danseur, chanteur, musicien, vit à Brooklyn.<br />

Interprète de nombreux chorégraphes (John Jasperse, Deborah Hay...), il dirige le<br />

groupe Michel Gutierrez and the Powerful People.<br />

Vera Mantero, chorégraphe portugaise, se consacre aujourd’hui au travail de la<br />

voix.<br />

Vincent Ségal, ouvert aux courants musicaux les plus variés, oriente son travail<br />

vers la musique contemporaine et les musiques extra-européennes mais aussi le<br />

jazz ou le hip-hop.<br />

Claudia Triozzi, chorégraphe, interprète italienne, explore aussi le travail de la<br />

voix, écrit des textes ou chansons, expose son travail à travers des vidéos ou<br />

installations.<br />

DATES<br />

20.21.22 NOV 07<br />

À 19H30 /<br />

23.24 NOV 07 À 21H<br />

DURÉE / 1H20<br />

TARIFS<br />

101 / 81/ 61<br />

PASS’ 2 SPECTACLES 161 / 131<br />

PASS’ 3 SPECTACLES 211 / 151<br />

RENDEZ-VOUS PUBLICS /<br />

Babel : 21 nov 07 à l'issue de la représentation

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