PROGRAMME #1 - Les Subsistances
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INTERVIEW<br />
Quel chemin entre “(Not) a love song” et “<strong>Les</strong> Inconsolés” ?<br />
Je crois que “(Not) a love song” est une réponse pour me défaire des<br />
“Inconsolés” qui était une expérience artistique et psychique très marquante.<br />
J’étais tellement meurtri par la non-réception de ce travail par les<br />
professionnels, qu’il m’a fallu entreprendre un travail de deuil. Il y a eu des<br />
choses nouvelles pour moi dans “<strong>Les</strong> Inconsolés” et un engagement très fort.<br />
Elle est de loin ma pièce la plus personnelle et la plus autobiographique. Tout ça<br />
était partagé profondément par les protagonistes, et on a réussi à aller sur des<br />
terrains un peu difficiles, sombres, pas forcément ceux où on avait envie d’aller<br />
les uns et les autres dans le travail. “(Not) a love song” a mis ensuite longtemps<br />
à voir le jour. Il y a eu beaucoup de changements entre le projet et ce que c’est<br />
devenu. Au départ, je voulais me saisir de la figure de deux comédiennes qui<br />
avaient eu leurs heures de gloire. Que se passe-t-il après ? Plus rien, plus de<br />
coup de fil, plus d’engagement et plus que des images d’archives pour vous faire<br />
vivre. Le modèle était pour moi la grande Gloria Swanson dans “Sunset<br />
Boulevard” (de Billy Wilder - 1950). Au fil du temps le projet a changé, là c’est<br />
un peu plus léger, mais j’aimerais vraiment travailler un jour avec de très vieilles<br />
artistes comme je le pensais au départ.<br />
L’univers du cinéma est très présent, c’est une fascination personnelle ?<br />
Il y a deux gros star systèmes dans le monde artistique, le rock et le cinéma.<br />
Je me sens plus proche du cinéma. Par exemple, je voulais travailler sur les<br />
images de “<strong>Les</strong> Larmes amères de Petra von Kant” de Fassbinder, mais la<br />
construction du spectacle s’est faite par rapport aux chansons. Lors de ma<br />
première rencontre avec l’équipe, nous avons travaillé à partir d’une sélection<br />
d’une trentaine de morceaux et au deuxième rendez-vous pour qu’il y ait<br />
quelques substances, matières, nous avons visionné quelques séances de cinéclub<br />
pour voir des stars et leurs postures. Nous avons donc travaillé sur deux<br />
grandes figures cathartiques : Dietrich et la Callas. Elles jouent avec une totale<br />
économie de moyens à l’écran ou à la scène. Dans de nombreux films, la Callas<br />
ne bouge pas, chante un air de Mozart habillée dans des sublimes robes Saint<br />
Laurent noires avec juste une petite broche sur le haut. Elle ne bouge<br />
absolument pas, puis soudain, elle touche sa broche et relâche son bras… C’est<br />
sublime. C’est totalement volcanique. Cela rejoint mes grandes obsessions<br />
minimalistes, “<strong>Les</strong>s is more”. Je me suis permis plein de choses, d’ailleurs plus<br />
dans le “more” que dans le “less”, avec par exemple des morceaux de danse jazz.<br />
Dans ce spectacle, il y a une jouissance du mouvement, une joie…<br />
<strong>Les</strong> trois chanteurs ont des tessitures très différentes. Lorsque Miguel chante<br />
“Pleurez mes yeux” j’ai des frissons, et cette pure jouissance je ne me l’étais<br />
jamais permise sur le plateau. Avec la voix, il y a un rapport au plaisir qui est très<br />
particulier, plus évident qu’avec les mouvements.<br />
Comment s’est construit votre travail ?<br />
Tout s’est construit autour de la musique et des chansons. Le gros du travail<br />
pour moi était d’adapter les originaux, les faire changer de registre musical, de<br />
modifier certaines versions. Par exemple, Lou Reed est chanté façon Fado, et ça<br />
on l’a trouvé tout de suite. Mais la question a été de choisir : créer un super<br />
récital, sans mise en scène, et ça me contentait, ou faire quelque chose du vide<br />
entre les chansons et tisser des liens entre elles. En fait une dramaturgie s’est<br />
écrite selon les paroles des chansons. Je voulais plein de clins d’œil entre les<br />
chansons, entre leurs références ou leurs contenus, que l’on n’écoute pas<br />
forcément. Au résultat, les sous-titrages en anglais et en français donnent un<br />
sens très différent au contenu des chansons. Côté univers scénographique, je<br />
savais que je voulais un décor entre l’appartement en huis-clos de Petra von Kant<br />
et le studio de tournage de télévision. L’installation est réussie, très plastique,<br />
et pour les fringues je ne pouvais pas les habiller en H&M. On évite l’écueil du<br />
défilé de mode, mais chaque tenue a un rapport avec ce qui se raconte dans la<br />
chanson ou dans la pièce.<br />
Il y a une dimension nostalgique dans ce spectacle pourtant, un côté<br />
paradis chic perdu ?<br />
Je crois qu’il y a quelque chose dans le droit fil des “Inconsolés”. Par exemple,<br />
toutes les références musicales sont les chansons que j’écoutais lorsque j’étais<br />
ado, ou jeune adulte. En même temps, je voulais une sorte de mélange<br />
intemporel. Pour moi c’est important de m’attacher aux paroles : “La balade de<br />
la dépendance sexuelle” ou le “Je ne t’aime pas” de Kurt Weill sont des clins<br />
d’œil. Mais “Good Boy” était un titre de chanson aussi, et j’ai utilisé une chanson<br />
de PIL (Public Image Limited) pour mon premier spectacle. A l’époque c’était<br />
totalement incongru, on utilisait alors Steeve Reich ou de la musique<br />
contemporaine. Depuis toujours j’adore la chanson, elle permet de dire de<br />
manière primaire des choses fondamentales. C’est mon côté fleur bleue et je me<br />
permets de le mettre sur scène pour la première fois.<br />
PARCOURS<br />
De “Good Boy” (1998) aux “Inconsolés” (2005), la question de genre a traversé<br />
chacune des pièces d'Alain Buffard. L'insistance de ces enjeux le confronte à<br />
des interrogations qui sont à la fois formelles et politiques et auxquelles il<br />
préfère se mesurer plutôt que d'en anticiper les réponses. En 2005, avec<br />
“<strong>Les</strong> Inconsolés” (créée aux <strong>Subsistances</strong>), il a reçu le Grand Prix Danse du<br />
Syndicat Professionnel de la Critique. www.alainbuffard.eu<br />
Miguel Gutierrez, performeur, danseur, chanteur, musicien, vit à Brooklyn.<br />
Interprète de nombreux chorégraphes (John Jasperse, Deborah Hay...), il dirige le<br />
groupe Michel Gutierrez and the Powerful People.<br />
Vera Mantero, chorégraphe portugaise, se consacre aujourd’hui au travail de la<br />
voix.<br />
Vincent Ségal, ouvert aux courants musicaux les plus variés, oriente son travail<br />
vers la musique contemporaine et les musiques extra-européennes mais aussi le<br />
jazz ou le hip-hop.<br />
Claudia Triozzi, chorégraphe, interprète italienne, explore aussi le travail de la<br />
voix, écrit des textes ou chansons, expose son travail à travers des vidéos ou<br />
installations.<br />
DATES<br />
20.21.22 NOV 07<br />
À 19H30 /<br />
23.24 NOV 07 À 21H<br />
DURÉE / 1H20<br />
TARIFS<br />
101 / 81/ 61<br />
PASS’ 2 SPECTACLES 161 / 131<br />
PASS’ 3 SPECTACLES 211 / 151<br />
RENDEZ-VOUS PUBLICS /<br />
Babel : 21 nov 07 à l'issue de la représentation