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les comparaisons (diachroniques et synchroniques), la durée et le croisement des théories
et des méthodes. Nous en exposerons les hypothèses sous-jacentes, les implications en
termes de prises de décisions mais aussi les difficultés. Au terme souvent d’un long chemin
semé d’embûches, cette démarche permet de faire émerger des effets du M.T.P., effets
différenciés, effets de seuil, effets de plafond (partie 2). Nous prolongerons l’analyse en traitant
de deux questions particulièrement complexes : celle des relations entre apprentissages et
M.T.P. et celle de la transférabilité. C’est finalement en livrant nos interrogations, et parfois
nos doutes, que nous aborderons cette dernière partie (partie 3).
1. Contexte et objectifs de la recherche
1.1. Naissance d’un groupe scolaire « Freinet »
Le groupe scolaire « Freinet » voit le jour en 2001 dans un quartier populaire de la banlieue
lilloise. La nouvelle équipe accède à une maternelle et une école élémentaire dont la réputation
d’alors s’est cristallisée autour des mauvais résultats scolaires et de la violence, entraînant
une fuite de population. Le projet résulte de la convergence de deux grandes logiques :
celle de membres de la régionale de l’I.C.E.M. qui souhaitent pouvoir travailler au sein du
même groupe scolaire pour élaborer et mettre en oeuvre un projet commun de la petite
section au C.M.2 ; celle d’un inspecteur de circonscription (I.E.N.) qui cherche les moyens
de “ remonter ” le groupe et de lutter contre l’échec scolaire. Malgré un contexte institutionnel
apparemment non défavorable aux innovations , le projet doit son aval à la ténacité de
l’I.E.N. et à l’intelligence institutionnelle qu’il déploie (montage d’un solide dossier comprenant
notamment le projet d’école proposé par la nouvelle équipe, les lettres de motivation de ses
membres, une revue de presse réunissant les différents écrits des enseignants volontaires,
dossier s’accompagnant de stratégies de communication en direction de la hiérarchie, de
l’équipe pédagogique alors en place, du maire, des syndicats…).
Cette expérience a pu ainsi être argumentée dans la perspective de la création de pôles
d’excellence en R.E.P. en réponse aux souhaits ministériels. Cette inscription en R.E.P.
constitue par ailleurs un enjeu pour les membres de l’I.C.E.M. qui affirment leur volonté
politique de construction d’une « école populaire et laïque ». Tenant à un affichage qui
permette de les démarquer pédagogiquement des autres écoles, ils se donnent de surcroît
la qualification de « groupe scolaire expérimental » malgré les réticences de l’I.E.N. qui craint
une évolution de l’école vers une « expérimentation vitrine ». On voit là se dessiner le jeu
social de l’innovation, traversé par des stratégies dont les enjeux peuvent être divergents,
enjeux qui se posent ici à fois en termes de reconnaissance et de projet pédagogique, social
et politique : « Amener les enfants, en partant de leurs créations, productions et de leurs
propositions, à un niveau de savoirs et de culture qui devra convenir aux exigences des
programmes de l’école et à notre projet politique et social » constitue ainsi l’un des objectifs
que se donne l’équipe dans le projet du groupe scolaire.
Si l’affichage de la dimension politique ajoute aux difficultés pour obtenir l’aval de l’institution,
un autre obstacle de taille est à surmonter : la constitution de la nouvelle équipe pédagogique
qui, selon les souhaits de l’I.C.E.M., doit rassembler des enseignants volontaires, proposés
I.C.E.M. : Institut Coopératif de l’École Moderne.
Rappelons, pour mémoire, la création du C.N.I.R.S. (Conseil National de l’Innovation pour la Réussite
Scolaire) en octobre 2000, et sa disparition, deux ans plus tard.
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