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qualifier l’activité didactique qui, comme tel<strong>le</strong> est raisonnée et consciente, que propose<br />

Blanchard Lavil<strong>le</strong> (2001) je proposerai d’interroger ce qui se passe dans cette éco<strong>le</strong> sous <strong>le</strong><br />

terme de « col<strong>le</strong>ctif didactique ». Les objets didactiques, <strong>le</strong>s temps didactiques, <strong>le</strong>s milieux<br />

didactiques, en résumé <strong>le</strong>s choix didactiques seraient pensés en référence au col<strong>le</strong>ctif, ou<br />

pour <strong>le</strong> dire autrement, il y aurait un projet didactique dans la manière de penser <strong>le</strong> rapport<br />

individu/col<strong>le</strong>ctif. Certes il n’est pas question de dire que <strong>le</strong>s rô<strong>le</strong>s d’élève ou d’enseignant<br />

sont interchangeab<strong>le</strong>s, mais de désigner un autre rapport entre appropriation-transmission du<br />

savoir et probab<strong>le</strong>ment de suggérer l’idée que « <strong>le</strong> cas particulier » n’implique pas forcément<br />

une « réponse particulière » au sens où cela signifierait « prise en charge particulière » ou<br />

« mise à part pour une prise en charge ».<br />

Dans la passation individuel<strong>le</strong> autour d’une tâche de symétrie l’élève apparaissait muet,<br />

inhibé, il ne s’emparait pas des propositions d’aide faites (ni de la proposition matériel<strong>le</strong><br />

d’utiliser une baguette pour matérialiser l’axe, ni des suggestions – verba<strong>le</strong>s ou en actes –<br />

de positions des morceaux de bois pour constituer une figure, ni des questions l’invitant à<br />

comprendre ses erreurs). Il y avait comme une barrière entre ce qu’il faisait et l’aide qu’il<br />

aurait pu recevoir, entre son savoir et <strong>le</strong> savoir de l’autre, barrière installée dans différentes<br />

tâches et consolidée, si l’on peut dire, au fil des années. Dans la classe, via <strong>le</strong>s recherches<br />

mathématiques, il est l’auteur du problème (« défi ») qu’il se pose, il décide de la façon dont<br />

il en fait part aux autres. La classe (maître et élèves) n’est pas d’abord dans une position<br />

de l’aider mais de s’emparer de son problème et se mettre en recherche. Il n’existe plus à<br />

proprement par<strong>le</strong>r de position de demande ni de position d’aide. De plus, ce renversement<br />

continue à se modu<strong>le</strong>r à travers différentes situations, puisque l’élève est tour à tour celui<br />

qui propose <strong>le</strong> « défi » et celui qui intervient dans <strong>le</strong> « défi » des autres. A ce titre cette<br />

situation, engendrant un nouveau rapport au savoir, par l’intermédiaire de nouvel<strong>le</strong>s formes<br />

d’enseignement et d’apprentissage, mérite <strong>le</strong> nom de « col<strong>le</strong>ctif didactique ».<br />

8. Éléments de conclusion<br />

Cette analyse de ce qui se dérou<strong>le</strong> dans la classe de mathématiques de façon répétée<br />

(tout l’enseignement de mathématiques est conçu sur ce mode) et de façon longitudina<strong>le</strong><br />

au long du cursus primaire (<strong>le</strong> Directeur de l’éco<strong>le</strong> insiste sur <strong>le</strong> fait que cette éco<strong>le</strong> a cette<br />

particularité par rapport à d’autres éco<strong>le</strong>s Freinet en France) permet alors de revoir d’une<br />

autre manière lien entre élèves en grande difficultés et rapport à l’apprentissage, ou pour <strong>le</strong><br />

dire autrement lien entre psychologie, pédagogie et didactique. Plusieurs éléments viennent<br />

confirmer la pertinence de cette notion de « col<strong>le</strong>ctif didactique » pour désigner ce qui se<br />

passe dans cette éco<strong>le</strong>. Ils seront brièvement évoqués ici.<br />

J’ai pu opposer en termes quantitatifs la façon dont <strong>le</strong>s enseignants de cette éco<strong>le</strong> et <strong>le</strong>s<br />

enseignants d’une autre éco<strong>le</strong> en milieu similaire parlaient des rapports entre élève et action<br />

de l’enseignant ou pédagogie. Soit l’élève X entraîne une action de l’enseignant (« on ne<br />

peut <strong>le</strong> laisser sans surveillance ») On dénombre 32 occurrences de ce type de lien dans<br />

l’autre éco<strong>le</strong>, contre 8 dans cette éco<strong>le</strong>. Soit la pédagogie mise en place a un effet sur cet<br />

élève (« il s’est bien emparé du texte libre »). Là <strong>le</strong> rapport est plus qu’inversé puisqu’on<br />

dénombre 18 remarques dans ce sens dans l’autre éco<strong>le</strong> et 75 dans cette éco<strong>le</strong> Freinet.<br />

Ce que <strong>le</strong> discours traduit, c’est la force de choix didactiques faits col<strong>le</strong>ctivement par <strong>le</strong>s<br />

enseignants, qui s’opposent au fait que l’action de l’enseignant se sente dépendante des<br />

attitudes de chaque élève. (Jovenet, 2005)<br />

Des entretiens menés avec des élèves arrivés en cours de scolarité primaire à l’éco<strong>le</strong> Freinet<br />

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<strong>IUFM</strong> Nord-Pas de Calais

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