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Télécharger le tome 2 - IUFM

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d’abord un seul triang<strong>le</strong>, prend la baguette de lui-même, commente assez faci<strong>le</strong>ment ce qu’il<br />

fait même si on ne comprend pas bien ce qu’il veut dire. En revanche, on remarque qu’à<br />

la première tâche, non étudiée ici, il change ses réponses selon <strong>le</strong>s questions posées, et<br />

que dans l’interaction il manifeste une certaine inquiétude, une attente. Je dirais même qu’il<br />

paraît essentiel<strong>le</strong>ment s’ajuster à ce qu’il pense attendu.<br />

Pour généraliser ce qui ressort de la gril<strong>le</strong> pour ces trois enfants, on pourrait dire qu’il semb<strong>le</strong><br />

très diffici<strong>le</strong> pour eux d’entrer dans cette tâche, et surtout dans la relation à « l’enseignante »<br />

qui propose la tâche. Ils s’avèrent incapab<strong>le</strong>s d’expliquer, encore moins de justifier la<br />

position de la baguette (bonne ou mauvaise), ni son utilité, et donc de formaliser une règ<strong>le</strong><br />

de construction de <strong>le</strong>urs figures.<br />

5. Confrontation de théories pour « penser » l’inhibition scolaire<br />

Arrêtons-nous sur <strong>le</strong>s caractéristiques re<strong>le</strong>vées. El<strong>le</strong>s rejoignent ce qui est décrit<br />

abondamment dans la « littérature autour de l’éco<strong>le</strong> », des problèmes scolaires, des<br />

difficultés d’apprentissage, ou encore des difficultés relationnel<strong>le</strong>s des élèves. Mazet<br />

(1988) intervenant en tant que psychiatre au colloque « Penser-Apprendre » réunissant<br />

cliniciens et cognitivistes autour de ce thème, décrivait ainsi cette situation : « C’est une<br />

constatation à la fois bana<strong>le</strong> et fréquente, mais en même temps très pertinente, aussi bien<br />

des enseignants que des parents, que la confiance en soi est une nécessité pour la réussite<br />

des apprentissages scolaires (…) ne disent-ils pas très souvent d’un enfant en échec<br />

scolaire : ‘Il n’a pas confiance en lui’ ». Il précisait encore : « Il suffit que l’enfant soit peu<br />

sûr de lui-même ou anxieux pour que ce sentiment d’impuissance <strong>le</strong> déborde, l’entraîne à<br />

démissionner rapidement, voire <strong>le</strong> déprime, par exemp<strong>le</strong> avec deux attitudes possib<strong>le</strong>s visà-vis<br />

de la scolarité : s’enfermer dans la dépendance et refuser de travail<strong>le</strong>r seul, ou bien à<br />

l’opposé refuser toute aide, ce qui dans <strong>le</strong>s deux cas a bien des chances d’augmenter <strong>le</strong>s<br />

risques de l’échec dans l’apprentissage. »<br />

Dans <strong>le</strong> cas présent des trois enfants qui nous intéressent on pourrait dire que ces enfants<br />

semb<strong>le</strong>nt avoir peur, ils n’osent pas, ne sont pas créatifs, l’erreur <strong>le</strong>s paralyse, ils semb<strong>le</strong>nt<br />

ne pas pouvoir agir sur <strong>le</strong>ur présent et encore moins se projeter dans l’avenir.<br />

Continuant cette réf<strong>le</strong>xion, Mazet évoque l’environnement familial : « <strong>le</strong> premier type de facteur<br />

est représenté par des difficultés, voire des perturbations importantes, de l’investissement<br />

parental, maternel notamment de cet enfant. Il est en effet tout à fait évident que l’image de<br />

soi est très liée au regard que l’entourage porte sur l’enfant ». C’est évidemment l’argument<br />

<strong>le</strong> plus répandu. D’ail<strong>le</strong>urs quand je demande à l’enseignant s’il sait « des choses sur eux<br />

au point de vue familial », il relève un certain nombre de faits de nature à alimenter cette<br />

corrélation. Tous ces éléments font bien ressortir que la difficulté d’entrer en communication<br />

avec l’autre est diffici<strong>le</strong>, qu’il y a une espèce de fossé entre l’éco<strong>le</strong> et <strong>le</strong> monde familial : la<br />

« distance » en même temps qu’une forme de « dépendance » vis-à-vis de ceux qui savent<br />

et ont un pouvoir…sur élèves et famil<strong>le</strong>s, sont installées.<br />

S’interrogeant sur ces échecs scolaires, A. Cordié (1993) en propose une analyse en<br />

termes psychanalytiques. Comparer l’inhibition intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong> à l’anorexie, montre qu’il y<br />

a « arrêt, refus inconscient d’apprendre, d’entrer dans un nouveau système d’acquisition<br />

des connaissances ». Il ne s’agit pas pour el<strong>le</strong> d’évacuer toute dimension socia<strong>le</strong> à ce<br />

phénomène de refus scolaire. L’échec est vécu comme une exclusion de la réussite socia<strong>le</strong>.<br />

Toutefois en redonnant une place au sujet el<strong>le</strong> montre <strong>le</strong> lien entre individu et société : « ce<br />

<strong>IUFM</strong> Nord-Pas de Calais<br />

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